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27/11/2011

Immortals - retour sur l'Olympe

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Avertissement à ceux qui n’ont pas encore été voir ce film, film que je vous recommande. Cet article dévoile des éléments clé de l’intrigue.

immortals1.jpgTarsem Singh, producteur indien, ce qui a pu influencer sa vision des olympiens, assisté des réalisateurs de 300, nous propose Immortals, en salle en France depuis le 23 novembre, un nouveau péplum en 3D utilisant les dernières technologies en matière d’effets spéciaux. Le scénario, écrit par deux helléno-américains, Charles et Vlas Parlapanides, est centré sur une Grèce de légende, au XIIIème siècle avant notre ère, à une époque proche de celle retenue par Petersen dans son Troy. A la différence du second, qui tentait de reconstituer une Grèce mycénienne crédible en guerre contre une Troie anatolienne, le film ne cherche pas le réalisme. L’Athènes classique, se retrouve ainsi propulsée sept siècles auparavant, et se voit ainsi située à côté d’un mont Tartare, et y apparaît plus brillante que l’historique.

Dans ce cadre mythologique dans lequel, à la différence de Troy et de 300, les dieux interviennent concrètement, le héros Thésée, réduit à son mythe le plus élémentaire, le combat contre le Minotaure, ce dernier étant incarné par un guerrier à masque taurin, est choisi par Zeus, qui l’a entraîné à son insu, grimé sous les traits d’un vieillard joué par John Hurt, pour s’opposer à un roi crétois dominateur et castrateur, au sens strict, incarné par le remarquable Mickey Rourke, jouant le personnage d’Hypérion (et qui est assimilable à Minos).

Comme dans Clash of the Titans, Zeus a interdit au nom d’une règle obscure aux dieux d’intervenir en faveur des humains, alors même que l’ennemi de Thésée envisage de libérer les Titans, en se servant de l’arc d’Héraclès, pour se venger de dieux inactifs face à son drame personnel. La vision de la religion est d’ailleurs très moderne, même si transposée aux dieux hellènes, opposant une forme d’athéisme d’état à une religiosité populaire méprisée. Pour les dirigeants, les dieux ne sont que des allégories poétiques, alors qu’ils sont authentiques pour les simples mortels. Ceux-ci font le choix de ne pas apparaître aux yeux des mortels, et ne comptant que sur la foi des mortels en eux-mêmes. Pourtant, il ne s’agit pas dieux distants, car ils ont le souci des hommes, mais de dieux contraints à l’impuissance.

Cette règle, toutefois, et malgré les menaces de Zeus de la faire appliquer en condamnant à mort ceux qui y dérogeraient, ce qui est étrange pour des dieux immortels, est contournée par Poséidon, Athéna et Arès. Il est assez surprenant que de tous les dieux, c’est Arès, le dieu de la guerre, très décrié dans la tradition grecque et dans la tradition mythographique moderne, qui prenne ses responsabilités, muni d’un marteau de guerre qui l’assimile ainsi au Thor nordique, en écrasant le crâne des adversaires d’un Thésée enchaîné. Il le paiera de sa vie, car en effet, dans cette fresque mythologique, les dieux apparaissent mortels, mais on comprendra à la fin qu’ils ne le sont que d’apparence.

Au final, les Titans, sortes d’anti-dieux à la peau bleue et lépreuse, se limitant à de sauvages grognements, sont libérés et obligent les dieux à combattre et à mourir pour en préserver l’humanité. Seul Zeus parvient à survivre, alors que ses frères, ses fils et ses filles meurent à ses côtés. Il emporte le corps de sa préférée, Athéna, sur l’Olympe, sans oublier de sauver Thésée, qui accède en récompense de ses actes à l’immortalité. En effet, le principe de l’immortalité de l’âme est explicitement affirmé, et le ciel se conquiert.

La dernière scène du film, vision du futur qui apparaît au jeune Acamas, fils de Thésée, explicite cette réalité, à savoir que le combat des dieux contre les titans, du cosmos contre le chaos, est éternel, et que les héros immortels combattent à côté d’eux pour protéger l’univers. Cette scène, qui rappelle le crépuscule des puissances (Ragnarök) de la mythologie germano-scandinave, évoque le principe cyclique d’éternité du monde. Certains commentateurs ont voulu voir l’affirmation de principes chrétiens, mais le film présente au contraire, même involontairement, même selon une lecture moderne des religions anciennes, une vision assez juste de l’antique paganisme.

immortals,les immortels,zeus,arès,thésée,tarsem singh,freida pinto,thomas ferrierDans un style classique et épuré, où le statuaire grec est globalement respecté, même s’il est quelque peu « brekerisé », Tarsem Singh présente une population grecque essentiellement européenne, même si pour des raisons bien connues, il a été contraint d’introduire un petit pourcentage d’acteurs afro-américains dans son casting, mais toujours dans des rôles très secondaires. On imagine les pressions qui peuvent exister outre-atlantique pour imposer un casting cosmopolite, ce qui aboutit à choisir un afro-américain pour jouer le dieu scandinave Heimdall dans Thor ou une afro-américaine pour jouer l’iranienne Roxane dans le médiocre Alexander d’Oliver Stone. Singh semble se venger lorsqu’il aborde la question de la représentation des dieux. Ceux-ci portent des armures lorsqu’ils combattent et des tenues beaucoup plus légères dans les autres cas. Il a insisté de manière évidente sur le caractère nordique des dieux, même si Zeus reste d’un brun classique et a une barbe légère, conformément à la tradition et au statuaire antiques. Le choix d’une actrice indienne, Freida Pinto, pour jouer la prophétesse Phèdre et qu’il unit au héros Thésée, jouée par Henry Cavill, est surprenant mais semble réussi. Cette union symbolique de l’Occident indo-européen d’avec l’Orient indo-européen est une heureuse trouvaille.

Si Tarsem Singh a été plus prudent que Zach Snyder dans 300, afin d’éviter de bien embarrassantes critiques malgré son origine, il a tenté de réduire la « diversité » à son minimum syndical. La vision qu’il donne des dieux de l’Olympe en est d’ailleurs l’antidote. Appréciable également est le début du film où les oracles parlent a priori en grec (moderne).

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

Brèves européennes… (8)

ishtarheracampanalouvre.jpgUNION EUROPEENNE

Pour tous les défenseurs d’un internet libre, outil d’information peu onéreux et non soumis au diktat de la « (non-)pensée unique », cette nouvelle réconforte. Elle apporte surtout un démenti absolu aux souverainistes qui prétendent que « la nation protège », alors que la liberté d’expression sur internet est menacée par ces mêmes états. Ce n’est pas l’Union Européenne qui a inventé « Hadopi » mais l’Etat français lui-même, sur une proposition de son président, Nicolas Sarkozy. A ceux qui prônent censure et filtres, la Cour Européenne de Justice a opposé un démenti catégorique. Sa décision va dans le sens des intérêts des fournisseurs d’accès, l’obligation qui leur est faite dans certains pays membres de l’Union Européenne de restreindre les accès aux utilisateurs pour empêcher les téléchargements illicites étant considérée comme anormale. La Cour réaffirme ainsi le principe de liberté d’accès à l’information.

Suite à cette décision, les états nationaux devront mettre leur législation en conformité et supprimer les lois qui iraient en sens contraire. La loi « Hadopi » étant en contradiction flagrante, elle devra être amendée et en grande partie vidée de sa substance. Il est vrai que cette décision manifeste une fois de plus la supériorité, dans les domaines prévus par les traités, du droit communautaire sur le droit national, mais pour une fois, elle va dans le bon sens. Ainsi, la problématique n’est pas d’opposer l’Union Européenne aux états-nations, en présentant l’une ou les autres comme des défenseurs du peuple, mais de montrer qu’en la matière tout manichéisme est absurde. Non, l’état-nation n’est pas spécialement le garant de nos libertés, la question d’internet le démontre aisément.

ITALIE

La chute du gouvernement Berlusconi, pour des raisons essentiellement économiques, a ouvert une boîte de Pandore particulièrement dangereuse pour l’Italie. Alors que celle-ci subit depuis des mois un afflux de migrants clandestins, notamment à Lampedusa, le nouveau gouvernement veut de fait encourager ce flux en modifiant son code de la nationalité. Le gouvernement technique de Mario Draghi, mondialiste autrefois au service du groupe Goldman Sachs, souhaite en effet, selon les vœux du président communiste italien Giorgio Napolitano et sous la pression du Vatican, alliés pour la circonstance, mais aussi avec le soutien de l’ex-post-fasciste Gianfranco Fini, introduire le « droit du sol » à côté du « droit du sang » en Italie. Rappelons qu’avant 2000, Allemagne, Italie et Grèce pratiquaient le ius sanguinis et devaient recourir à des procédures de naturalisation dans les autres cas. Ces garde-fous permettaient à ces pays d’envoyer un signal aux populations migrantes, leur faisant comprendre que leur citoyenneté n’était pas un droit et qu’ils ne souhaitaient pas devenir des pays d’immigration.

La fausse « gauche » en Allemagne, en 2000, incarnée par le gouvernement « social-démocrate » et « écologiste » de Gerhard Schröder, avait déjà introduit le ius soli pour faire de nombreux jeunes turcs des citoyens allemands. En 2010, la fausse « gauche » de Georghios Papandreou, a à son tour introduit ce même code dans son droit, trahissant le principe fondateur de la démocratie hellénique, établi par Périclès il y a 2500 ans. Rappelons qu’en 451 avant J.C, Périclès, qui allait devenir le principal responsable politique d’Athènes, avait mis en place un code de la citoyenneté très rigoureux puisque, pour devenir citoyen athénien, il fallait avoir ses deux parents athéniens. Depuis cette malheureuse décision, Athènes est confrontée à un flux migratoire important et à des émeutes régulières entre mouvements grecs d’auto-défense et « sans-papiers ». Les candidats de l’Aube Dorée (« Hrisi Afgi »), mouvement extrémiste de droite, ont même obtenu plus de 5% des voix aux dernières élections municipales de la capitale grecque, preuve de l’exaspération de nombreux athéniens face à ce phénomène. Tout cela avait lieu avant que la crise accable le pays ; les citoyens grecs, désormais désemparés et appauvris, en ont assez.

La chute du gouvernement de « gauche » du technocrate Romano Prodi en 2008, gouvernement qui souhaitait mettre en place une mesure analogue, a préservé pendant plusieurs années les Italiens d’une telle folie. Lorsqu’on constate aux Etats-Unis les conséquences délétères de ce « droit du sol » et que le « modèle » français, comme le « modèle » britannique, a été incapable d’empêcher des émeutes, il serait en effet proprement irrationnel de vouloir les imiter. Et c’est pourtant ce que souhaitent l’ex-communiste Napolitano et l’ex-fasciste Fini, acclamés par les mouvements « altermondialistes » et par les associations catholiques. Berlusconi, soutenu par la Ligue du Nord, avait toujours su s’y opposer. Maintenant qu’il n’est plus en place, le nouveau gouvernement est tenté de céder et d’appliquer cette mesure démagogique. Pour Napolitano, « refuser la nationalité (…) pour les enfants nés en Italie de parents immigrés (…) est une absurdité ». Bien au contraire, c’est mettre en place une telle mesure, dont on a vu le résultat piteux en France, qui est absurde. La droite italienne aura-t’elle suffisamment de fierté pour savoir s’y opposer ? Rappelons que la droite républicaine française avait souhaité dans son programme de 1986 mettre fin au « droit du sol », proposition que certains ténors de la Droite Populaire souhaitent remettre bien tardivement en avant, confrontés à la montée menaçante d’un populisme souverainiste incarné par Marine Le Pen.

BULGARIE

L’impasse populiste apparaît dans sa quintessence dans le cas bulgare. Le « Le Pen » bulgare en la personne de Volen Siderov a connu un score très médiocre, aux alentours de 3,5%, aux dernières élections présidentielles, alors qu’aux précédentes il avait été au second tour. En cours de divorce, lié selon la presse à sa relation avec une jeune députée de sa formation, il vient de mettre à la porte un de ses députés européens en la personne de Dimitar Stoyanov. La cause ? Ce dernier a mis en cause son président et la gestion des dernières élections par le parti. Il aurait dû pourtant savoir que dans ces partis, le chef a toujours raison. Ataka va donc connaître le sort du Parti de la Grande Roumanie (PRM) de Vadim Tudor, tombé à 3% des voix alors qu’il avait été également présent au second tour d’une élection présidentielle. Le populisme est une impasse politique dans tous les pays du continent européen, et il l’est bien sûr en France. Ses candidats ne sont pas crédibles et profitent simplement du désarroi des citoyens face à la mondialisation et aux maux ravageurs qui l’accompagnent. En prenant l’Union Européenne ou l’€uro comme boucs émissaires, ils détournent la légitime colère des citoyens vers des voies sans issue où leur vote se perd.

FRANCE

Et un de plus ! Après que Jean-Pierre Chevènement ait annoncé sa candidature, c’est le tour du centriste Hervé Morin. La multiplication des candidatures aux élections présidentielles légitime une élection qui ne le mérite pas et où tout est joué d’avance, à savoir que le futur président sera PS ou UMP. Nicolas Sarkozy, à peine élu président, a pu constater à quel point son rôle était en vérité mineur. La marge de manœuvre en ce début de XXIème siècle d’un président de la république française est nulle. Il n’est là que pour appliquer les mesures économiques dictées par le patronat, par les banques, par la finance internationale en général et ses agences de notation en particulier. Issu de la fausse « gauche » ou de la vraie droite, le président est contraint de mener la même politique économique, la « gauche » ayant abandonné son combat contre le capitalisme au profit d’une vision libérale/libertaire de la société, prônant la régularisation des clandestins, la légalisation des drogues prétendument « douces », l’adhésion turque à l’Union Européenne, le vote des étrangers extra-communautaires aux élections locales, l’arrêt programmé du nucléaire civil et le mariage homosexuel. Quand on ne peut pas s’opposer au libéralisme économique, on applique le libéralisme politique qui est son associé naturel. La « gauche » et la droite libérale se renforcent l’une et l’autre sur le dos des travailleurs européens.

A ce jeu de dupes, les pseudo-socialistes du Front de Gauche et les pseudo-nationalistes du Front National manifestent une ire très artificielle. N’ayant aucune chance de se substituer aux deux partis préalablement cités, par leur candidature, Mélenchon et Le Pen (Marine) renforcent le système qu’ils prétendent combattre. Les « petits » candidats donnent aux électeurs l’illusion d’une véritable pluralité de choix. Il y a le camp souverainiste, qui tape sur l’Union Européenne en épargnant de fait le gouvernement (Dupont-Aignan, Chevènement, [Carl] Lang, Nihous). Il y a le camp gauchiste (LO, NPA) qui dénonce le libéralisme tout en partageant avec lui les mêmes postulats sociétaux, ou les pseudo-écologistes d’ »Europe »-« Ecologie ». Eva Joly a la phobie du nucléaire comme Marine Le Pen a la phobie de l’Europe. Mais ce sont deux ennemis fantasmés et qui au contraire assurent l’un l’indépendance énergétique du pays et l’autre l’indépendance politique (potentielle) et la puissance économique du continent. Ensuite, il y a les candidats centristes, qui incarnent la technocratie bruxelloise et l’oligarchie financière (Bayrou, Morin), et surtout naviguent sans ligne politique directrice. Il ne faudrait pas oublier les candidatures symboliques sans le moindre sens (Boutin, Lepage) ou encore les candidats communautaristes (Lozès du « CRAN »).

Le Bloc Identitaire, désormais rallié à un positionnement européiste assumé, et le Mouvement Ecologiste Indépendant, incarné par le classique Waechter, seront très certainement les absents de ce jeu électoral « truqué ». Les autres candidats feront de la figuration, permettant de donner l’illusion à encore de trop nombreux électeurs qu’il y a quelque chose à attendre des présidentielles 2012. Voulez-vous être pris en traître par la fausse « gauche » ou par la vraie droite ? 100% des votants, c’est 100% de perdants, 100% de cocus. Est-ce que vous préférez la politique économique mondialiste appliquée par la « gauche » ou par la droite, alors que c’est à peu de choses près la même ? Au premier tour, on vote blanc. Au second tour, on vote blanc. Et aux élections européennes, on vote européen, on soutient le PSUNE !

21/11/2011

Brèves européennes... (7)

Rajoy-300x207.jpgGRECE

Une grande coalition a vu le jour autour du nouveau premier ministre Lucas Papademos. Elle inclut même deux représentants du mouvement nationaliste Laos (« peuple » ou « alarme orthodoxe populaire ») dont le fondateur de l’ancien Front Hellénique, à l’époque proche du Front National, Makis Voridis. L’information n’a pas semble-t-il suscité de réaction outragée de la part de la presse nationale française, à la différence des réactions de 2000 sur l’entrée de ministres du FPÖ au sein du gouvernement autrichien, suite aux 27% des voix obtenus par Jörg Haider aux élections législatives. Il est vrai que le contexte est différent, que la crise grecque est inquiétante et que les chancelleries européennes n’ont pas voulu accabler le nouveau gouvernement, à peine en place.

Il faut également convenir que le Laos a pris ses responsabilités dans un contexte calamiteux pour le pays, mettant en sourdine les aspects les plus contestés de son programme concernant notamment l’immigration, même s’il maintient son souhait d’une restauration stricte du ius sanguinis, remis en question par le gouvernement Papandreou, et alors que la population grecque, appauvrie, comprend de plus en plus mal qu’on aide les migrants. A la différence du FN français, qui souhaite que la France quitte la zone euro, les Grecs, y compris les nationalistes, souhaitent au contraire que leur pays conserve l’euro, ce dernier limitant pour le moment la crise et obligeant les autres membres de la zone euro à manifester leur solidarité. Si la Grèce n’a aucun intérêt à renoncer à l’euro, la France et l’Allemagne n’ont pas intérêt non plus à réintroduire une monnaie nationale dans un tel contexte.

ESPAGNE

Les résultats attendus des élections parlementaires se sont confirmés ce dimanche. A 99% des suffrages dépouillés, le Parti Populaire de Rajoy s’impose comme prévu avec une large avance, les électeurs ayant voulu donné une large majorité au (futur) gouvernement pour que ce dernier puisse mettre en place les réformes indispensables, concrètement une politique de rigueur comme dans les autres pays européens, afin de rassurer les agences internationales de notation. Avec 44,6% des voix et 186 députés, soit dix de plus que la majorité absolue, le PP triomphe et revient au pouvoir après deux mandats du socialiste Zapatero, qui s’éclipse discrètement, et ce malgré la mise en avant de l’ancien premier ministre socialiste Gonzales par son parti ces dernières semaines. Avec 28,7% des voix environ, le PSOE connaît quant à lui une sévère mais prévisible déconvenue. Il est désormais réduit à seulement 110 députés.

Le mouvement catalan de centre-droit Convergencia i Unio (CiU), avec 4,3% des voix, obtient 16 sièges, ce qui complète la victoire globale de la droite parlementaire. Avec un peu moins de 7% et 11 sièges, Izquierda Unida (« gauche unie ») multiplie par deux son score, témoignant ainsi d’une vigoureuse protestation d’une partie des électeurs contre le libéralisme économique, sanctionnant dans les urnes les égarements de la finance. Enfin, l’Union du Progrès et de la Démocratie (centre-gauche anti-régionaliste) avec 4,7% des voix et 5 sièges connaît un résultat plus qu’honorable.

Les régionalistes (autres que CiU) s’en sortent plutôt bien. Les basques obtiennent 12 sièges, dont sept pour le parti nationaliste basque de gauche Amaiur et cinq pour le PNV (« parti nationaliste basque »), alors que le Bloc Nationaliste Galicien obtient 0,69% des voix et 2 sièges, de même que la Coalition des Canaries (0,55% et 2 sièges). Enfin, un siège revient à un candidat nationaliste catalan de Esquerra Republicana. De petites listes (Forum des Citoyens [0,41%, 1 siège], Vers/Bloc Inititiave [0,51%, 1 siège], Genoa Bai [0,17%, 1 siège]) obtiennent quelques sièges. Avec 0,31%, le Parti Andalou échoue de peu à faire son entrée au parlement.

La droite nationaliste espagnole connaît quant à elle une déconvenue supplémentaire, limitée par les 0,24% (score national) de Plataforma per Catalunya, présent uniquement en Catalogne (1,73%). Le MSR avait appelé à voter blanc, et semble avoir été entendu, puisque España 2000 n’obtient que 0,03% des voix, la Phalange (FE-JONS) 0,01% des voix et Democracia Nacional 0%.

14/11/2011

Changer d’Europe pour sauver l’Europe

crise des dettes souveraines,zone euro,crise de l'euro,république européenne,fédéralisme,européanité,Thomas FERRIER,PSUNELa crise des dettes souveraines, dont le nom nous rappelle que ce sont bien les états nationaux souverains de l’Union Européenne, et non une Europe fédérale en gestation, qui en sont les responsables, est en train de miner plus de soixante ans de construction européenne. Les premières victimes en sont les Européens eux-mêmes, et tout particulièrement le peuple grec. Les victimes les plus médiatisées en revanche sont les chefs d’état et de gouvernement.

Il y a d’abord eu le suicide politique du premier ministre slovaque, sacrifiant son gouvernement afin de faire voter le nouveau plan destiné à stabiliser la situation, en introduisant un fond européen de sécurité financière (FESF) pour réguler la dette grecque. Il y a ensuite eu le coup de folie du premier ministre Georghios Papandreou, annonçant à la surprise générale, y compris d’une partie de ses ministres, un référendum en janvier au sujet du plan franco-allemand. Papandreou a au final été contraint de démissionner pour être remplacé par Lucas Papademos dans le cadre d’un gouvernement technique d’unité nationale ouvert aux communistes et aux nationalistes du LAOS. Enfin, l’Italie a subi une pression considérable de la part des investisseurs internationaux poussant Berlusconi, qui avait résisté à tous les scandales liés à sa vie personnelle, à démissionner samedi 12 novembre au soir. C’est là encore un technocrate italien, ancien membre de la Commission de Bruxelles, Mario Monti, qui est devenu premier ministre à la tête d’un gouvernement resserré, violemment critiqué dès son investiture par la Ligue du Nord. Enfin, dès le début de la crise, le social-démocrate espagnol Zapatero avait jeté l’éponge et annoncé des élections anticipées qui devraient, sauf surprise, être remportées par le Parti Populaire, largement en tête dans les sondages.

La crise économique de la zone euro a amené les souverainistes et nationalistes à faire entendre leur voix europhobe et/ou eurosceptique, sauf en Grèce où même l’extrême-droite s’est rallié à l’euro et a remercié la France et l’Allemagne pour leur aide. Wilders a à plusieurs reprises répété son souhait de voir la Grèce abandonner l’euro. En France, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, mais la première d’une manière systématique et parfois particulièrement pathétique, prônent l’abandon de l’euro par la France, le présentant de toutes façons comme inéluctable. C’est un faux calcul, puisque c’est seulement en Allemagne que la déception concernant l’€ est importante, les allemands ayant le sentiment de payer pour sauver des pays plus laxistes, alors que c’est en fait leur intérêt profond. Selon un sondage BVA du 3 novembre, 77% des français sont désormais favorables à l’€. Ils ont compris que leur situation sociale et financière dépendait de la survie de la monnaie unique, sa chute annonçant la ruine des petits épargnants, une nouvelle envolée du chômage, déjà fort, et de la précarité. Il ne faut pas aimer son pays ni son peuple pour se réjouir de la crise actuelle de l’€.

Selon une information qui m’a été transmise de source bien informée, l’illusion souverainiste va jusqu’à ce que certains conseillers politiques FN prônent une politique de réarmement pour faire face à une Allemagne à nouveau belliciste après la fin de la monnaie unique. Ces nationalistes et/ou souverainistes entendent répondre à la crise de 2011 par les moyens de 1911. Je ne peux croire qu’une telle ligne puisse réellement convaincre 20% ou plus de nos concitoyens, malgré le malheur qui afflige de nombreux français et européens.

La chute de l’Union Soviétique a démontré l’erreur du marxisme appliqué, les Russes ayant pris une punition économique terrible dans les années 90, les amenant à tomber dans les bras de Poutine, qui a remis la Russie sur les bons rails au prix d’évidentes restrictions aux libertés politiques. Mais tant que le bloc de l’est existait, les régimes libéraux se mâtinaient de social-démocratie afin de ne pas faire le jeu des communistes, et modéraient leur libéralisme de fait. Après l’effondrement de l’URSS, les garde-fous ont sauté, et le libéralisme mondialisé, qu’on appelle « mondialisme », a montré son vrai visage et est tout aussi utopiste et catastrophique que son vieil ennemi défunt. Contre la folie néo-communiste, c'est-à-dire gauchiste, incarnée remarquablement par ces idiots utiles que sont les « indignés », contre la folie néo-libérale, c'est-à-dire mondialiste, qui est en train d’enfoncer l’Europe dans la rigueur et la pauvreté, en cédant à une spéculation débridée et incontrôlable qui ne fait qu’enrichir la Chine, contre la folie nationaliste, qui ne propose que de diviser l’Europe et préparer de nouveaux conflits sur notre continent, la réponse politique doit être à la fois vraiment européiste et vraiment socialiste.

crise des dettes souveraines,zone euro,crise de l'euro,république européenne,fédéralisme,européanité,Thomas FERRIER,PSUNEC’était une ineptie de faire la monnaie unique sans avoir fait de gouvernement européen unitaire, sans que la Banque Centrale soit contrôlée par les électeurs, par le biais des élections de leurs représentants. C’est encore une erreur de faire confiance aux gouvernements des états, qui depuis des décennies ont mis en place une politique suicidaire dans tous les domaines, ouvrant larges les vannes de l’immigration non-européenne et du libertarisme moral, sans tenter de combattre le chômage ou de relancer la natalité indigène. Ils ont toujours échoué, ils sont responsables de la situation actuelle, et il faudrait les maintenir en place, se contentant de prendre la fausse « gauche », la gauche du Système, à la place de la droite, ou inversement ? La force des souverainistes et/ou nationalistes est justement là. Ce que le FN ou DLR appellent l’UMPS, qui n’est qu’une version française d’un CDU-SPD ultra-rhénan, c’est ceux qui nous gouvernent en mettant en place la même politique économique et sociale à quelques différences majeures près tout de même sur d’autres plans (sur l’adhésion turque, sur le droit du sol/droit du sang, sur le mariage homosexuel, sur le vote des étrangers aux élections locales…).

En 2012, Sarkozy ou Hollande sera contraint de maintenir une politique de rigueur qui sera en défaveur du service public, qui contribuera à délabrer l’état de nos rues, qui économisera sur tout, sauf ce sur quoi on pourrait faire des économies décisives. Je songe par exemple à l’indépendance de Mayotte et à l’auto-détermination des autres DOM. Je rappelle d’ailleurs que si la France métropolitaine doit se serrer la ceinture, les DOM eux n’auront qu’une baisse infime des aides économiques de l’Etat dont ils bénéficient. Il est vrai qu’eux n’hésitent pas à descendre dans la rue, comme on le constate depuis des semaines, dans un tabou médiatique complet, par exemple à Mayotte. Les aides aux clandestins continueront (AME…), malgré les protestations de la « Droite populaire », de même que les aides européennes à l’adhésion turque, dont ces mêmes députés réclament l’arrêt immédiat. Enfin, en Allemagne, l’arrêt injustifié, sous la pression des pseudo-écologistes « Grünen », et dont les « Verts » français souhaitent l’équivalent chez nous, du nucléaire civil, est d’un coût exorbitant. Cet arrêt, il faudrait que le gouvernement allemand l’annule, car c’est une erreur monumentale.

crise des dettes souveraines,zone euro,crise de l'euro,république européenne,fédéralisme,européanité,Thomas FERRIER,PSUNE

Faire de l’€ la monnaie nationale de l’Europe, monnaie qu’on pourrait élargir à la Russie en prenant au mot la proposition des dirigeants russes, qui soutiennent l’€, de les y associer, monnaie pilotée par une banque centrale européenne au fonctionnement démocratique, contrôlée et orientée par un gouvernement unitaire européen élu, serait la première mesure indispensable. Elle implique de réellement bâtir une Europe politique, fédérale et/ou unitaire, comme le propose le PSUNE. Mettre en place un protectionnisme économique aux frontières de la Grande Europe serait également une mesure particulièrement salvatrice. De la même façon, l’arrêt unilatéral des pourparlers d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne montrerait que les responsables politiques écoutent leur peuple, à défaut de solliciter leur avis par des referenda. Sur ce point, Sarkozy aurait tout intérêt à faire aujourd’hui ce qu’il n’a pas eu le courage de faire depuis quatre ans.

En mutualisant la dette des états nationaux au niveau européen, et en mettant en place une Europe politique nouvelle fondée sur une table rase juridique, on pourrait renégocier à la forte baisse voire même annuler complètement cette dette artificielle, en tout cas les 40% de cette dette liés à des états étrangers (une autre partie de la dette étant entre européens). Et s’il faut que l’Etat (européen alors) soit économe des deniers publics, ce qui est normal, de nombreuses mesures destinées à réduire le coût d’aides sociales abusives mais surtout d’une politique migratoire suicidaire, permettraient d’y parvenir sans faire peser une politique de rigueur supplémentaire sur les travailleurs européens et tout en permettant à l’état de continuer à remplir pleinement ses missions régaliennes. On pourrait commencer en attendant par la mise en place d’euro-bonds garantis par la BCE.

Cette réorientation en profondeur de la politique de l’Union Européenne, impliquant une extension de l’UE aux frontières du continent, donc avec la Russie mais sans la Turquie, et une modification dans le sens d’une démocratie européenne assumée des institutions existantes, avec la dissolution de la commission et des deux conseils au profit d’un parlement européen auto-proclamé assemblée européenne constituante bâtissant de nouvelles institutions, c’est ce à quoi le PSUNE appelle de ses vœux. Nous espérons être lus et écoutés d’un certain nombre de dirigeants européens afin qu’ils nous aident en ce sens à bâtir à partir de l’UE une nouvelle Europe politique, la République Européenne, garante des intérêts du peuple européen, de la nation européenne. Cette république ne pourra pas être autre chose que sociale et vraiment européenne. Elle sortira les Européens du piège fatal du mondialisme dans lequel nos dirigeants nous ont enfermés.

Plus que jamais, en cette période de crise dramatique de l’Europe, alors que la construction européenne actuelle a montré ses insuffisances et prouvé ses égarements de fond, pour empêcher demain une vague de nationalisme europhobe risquant de ruiner encore davantage notre continent meurtri, il faut accorder votre confiance aux européistes socialistes, « euro-socialistes », attachées à l’identité authentique de l’Europe et soucieux de remédier vraiment aux souffrances de notre peuple, les meilleurs défenseurs des ouvriers européens, des paysans européens, des chômeurs européens et des classes moyennes européennes. Aidez le PSUNE à avoir les moyens de ses ambitions, aidez le à émerger. Par votre action, par vos dons, vous pouvez nous porter assistance.

Aidez-nous à faire l’Europe politique démocratique que vous souhaitez en vérité !

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

Mythe n°8 : l’ « invasion indo-européenne »

2.jpgA l’occasion de la sortie de l’ouvrage, au demeurant excellent, de Georges Sokoloff, spécialiste de l’histoire russe, « Nos ancêtres les nomades. L’épopée indo-européenne », chez Fayard, je me propose ici d’évoquer un mythe que reprend l’auteur à propos de l’origine steppique supposée des Indo-Européens, selon la théorie dite « des Kourganes ».

Rappelons en premier lieu les données dont nous disposons. Après l’époque des intuitions selon lesquelles les langues d’Europe, de la Perse et de l’Inde, étaient apparentées, idée pressentie par l’humaniste italien Filippo Sassetti au XVIème siècle, ce qui devait devenir la théorie « scythique » défendue notamment par Leibniz, le XIXème siècle s’ouvre sur des certitudes. Tant dans le domaine linguistique (Franz Bopp après l’anglais William Jones et le français Anquetil-Duperron) que dans le domaine religieux (Max Müller après Friedrich Schlegel), de nombreux auteurs prouvent une parenté linguistique entre la plupart des langues européennes, les langues iraniennes et celles du nord de l’Inde dites langues « indo-aryennes », auxquelles au XXème siècle on pourra ajouter les langues anatoliennes (hittite, louvite…).

Cette parenté témoigne de l’existence d’une langue-mère préhistorique, dont nous n’avons a priori aucune trace écrite, à moins que l’écriture de Vinca n’en soit une des rares expressions, qui a été baptisée par les linguistes proto-indo-européen. De nombreux travaux scientifiques ont permis de reconstituer une grande partie de ce vocabulaire commun, même s’il y a débat sur tel ou tel mot ou verbe, ce qui nous donne de précieux renseignements quant à la géographie de ce peuple ancestral, quant à sa religion, quant à son mode de vie. A partir de ces données, certains archéologues ont tenté de déterminer le foyer originel de ce peuple indo-européen.

Certains, comme l’archéologue allemand Gustav Kossinna, ont imaginé un foyer germano-scandinave, une théorie qui a connu des dérives calamiteuses au cours du XXème siècle, et qui a ensuite été réactivée par Jean Haudry. D’autres ont imaginé un foyer steppique ukrainien, ce qui est la thèse de la lituanienne Marija Gimbutas, du français Bernard Sergent, du franco-ukrainien Yaroslav Lebedynsky, spécialiste des nomades iranophones, thèse que reprend lui aussi le russophile Sokoloff. Certains historiens albanais ont même imaginé, par un nationalisme autant excessif que dévoyé, que c’était de leur pays que provenaient les Indo-européens.

Dans le domaine de la mythologie comparée, Max Müller a ouvert le bal en se basant sur la reconstruction linguistique du nom des anciennes divinités indo-européennes. Georges Dumézil choisit une autre méthode comparatiste, structuraliste, en renonçant au cours des années trente, à la méthode comparatiste classique (« Varuna-Ouranos », « brahmane-flamine », « Mars-Marut »), qui fut fructueuse mais incomplète. C’est Dumézil qui mettra en exergue les trois fonctions indo-européennes (souveraineté, guerre et production), synthétisée dans la vieille triade romaine Jupiter-Mars-Quirinus.

Alors que les travaux indo-européanistes avaient été repris par les saint-simoniens, premiers socialistes, et par toute une tradition de gauche en général, présentant les Indo-européens comme des sortes de républicains romains, soldats-paysans d’une société plutôt égalitaire, inventeurs d’une forme archaïque de démocratie, ils sont par la suite réutilisés par une partie de la droite nationaliste, notamment en Allemagne, les présentant au contraire comme une aristocratie guerrière, nordique ou non, partie de l’Europe de l’Est et conquérant la vieille Europe à partir du Vème millénaire avant notre ère. Cette hypothèse, dans un sens inversé, fut exploitée par Gimbutas pour opposer une artificielle Europe méditerranéenne proto-féministe à des conquérants indo-européens violemment patriarcaux tout aussi artificiels. L’idée, inspirée de Bachofen, est que les Européens préhistoriques honoraient des divinités féminines, chtoniennes et lunaires, alors que les conquérants indo-européens honoraient des divinités masculines, ouraniennes et solaires.

Revenons donc à la source même de ces travaux, la linguistique. Et Sokoloff est ainsi contraint de reconnaître que certaines données ne cadrent pas avec l’hypothèse dont il se fait le relai, même s’il n’ose pas aller au bout du raisonnement. Présenter ainsi les Indo-européens comme un peuple nomade d’éleveurs paraît insolite et nous verrons qu’il n’en est rien.

Le vocabulaire indo-européen commun permet de retrouver un grand nombre de termes liés à l’agriculture, comme le champ, *agros, ou le soc, *wogwhnis, ainsi que le nom de la plupart des animaux fermiers, notamment le bœuf, *gwous, et le porc qui dispose même de deux termes pour le décrire, *sus et *porkos, ainsi que la volaille, *awis. Si le mouton est bien présent, *owis, rien ne permet d’affirmer qu’il était un animal spécialement respecté, au contraire de son ennemi traditionnel, le loup (*wlkwos), qui jouit au contraire d’une image très positive, ce qui ne devrait pas être le cas si les Indo-Européens avaient été essentiellement des éleveurs. En outre, ils connaissaient la plupart des arbres et des animaux sauvages peuplant les forêts de l’Europe occidentale, septentrionale et centrale. Les PIE connaissaient aussi a priori le lion, *singhos, qu’on sait avoir peuplé notre continent avant sa disparition définitive à l’époque de l’empire romain.

Pour résumer, ils connaissaient tous les animaux des forêts, comme le cerf (*elnos), l’ours (*arktos), le sanglier (*eperos), la loutre (*utros), le renard (*loupekos), le castor (*bhebhrus), mais aussi les animaux marins, comme le dauphin (*gwelbhos) et le requin (*skwalos), et disposaient de bateaux (*naus). La maison (*domos) existe, tout comme le village (*woikos), la citadelle (*pelis) et même la ville (*wastu), vocabulaire incompatible avec l’idée d’un peuple nomade. Les institutions indo-européennes qu’on peut reconstituer sont le roi, *regs, garant du droit et sorte de président de l’assemblée, et l’assemblée elle-même, *sebhos, composée des citoyens libres (*keiwos). Il existait des prêtres (*bhlagmen) dont on ne sait pas s’il s’agissait d’une caste sacerdotale comme les druides celtes ou de citoyens disposant d’une charge religieuse comme dans l’ancienne Rome.

charsoleil3716.jpgEn matière de religion, l’hypothèse de Gimbutas ne tient pas. Si les PIE possèdent en effet des divinités célestes importantes, à l’instar du dieu du ciel (*dyeus), du dieu de l’orage (*maworts ou *perkwunos) et du dieu du soleil (*sawel), ils possèdent également des divinités féminines de premier plan, comme la déesse de l’aurore (*ausos) et plus encore comme la déesse de la terre (*dhghom). Or l’existence d’une terre-mère était selon Gimbutas la caractéristique des populations proto-européennes et non-indo-européennes, ce qui est erroné. En fait, les Indo-Européens avaient les divinités classiques des peuples polythéistes, à savoir les forces de la nature incarnées et divinisées, et aussi quelques divinités conceptuelles (« le foyer », « les chemins »… etc). Le dieu cornu, que certains mythologues avaient considéré comme non-indo-européen, préhistorique, est lui-même une divinité d’origine indo-européenne, *kernunos (de l’indo-européen *kernu, « corne ») n’étant qu’un aspect d’un dieu des chemins et de la connaissance, *pauson (équivalent de l’Hermès grec, bien que son nom se retrouve dans celui du dieu Pan, fils du précédent).

L’homme indo-européen était donc à la fois citoyen, soldat et paysan, assurant ainsi les trois fonctions indo-européennes mises en exergue par Dumézil, mais qui n’étaient probablement pas séparées. Il vivait dans des villes ou des villages, comme les Européens modernes. Il maîtrisait l’agriculture et l’élevage en ferme des animaux domestiques, même si certains étaient bergers (*poimen). Il connaissait la roue et l’utilisation du cheval (*ekwos), dont la domestication est probablement ancienne, et du chien (*kwon). Enfin, il était également marin et/ou pêcheur à l’occasion. En revanche, on ignore s’il connaissait déjà le chat, même si on reconstitue péniblement un *katos, dont le nom pourrait ceci dit avoir été emprunté aux Egyptiens de très bonne heure.

Son foyer originel n’était donc pas spécialement l’Europe septentrionale, tout nom du renne par exemple étant inconnu, et encore moins l’Europe orientale, la région des steppes étant exclue pour les nombreuses raisons linguistiques évoquées. En outre, une école archéologique menée par l’italien Mario Alinei tend à démontrer qu’il n’y a eu aucune rupture civilisationnelle en Europe, invalidant l’idée d’invasion « indo-européenne », selon l’hypothèse de la continuité paléolithique européenne, qui est séduisante malgré certaines faiblesses, car on ignore comment le proto-indo-européen a pu demeurer intact pendant plusieurs millénaires sur une grande partie de notre continent et comment de nouveaux termes, désignant des découvertes technologiques, ont pu enrichir ce même vocabulaire.

Il faut donc admettre que, au contraire de cette théorie faisant des Indo-Européens de nomades de l’est de l’Europe envahissant le reste du continent en plusieurs vagues, et imposant leur langue, théorie qui a servi hier à justifier tous les extrémismes et aujourd’hui à rejeter l’héritage indo-européen pour les mêmes raisons, les Indo-Européens ont inventé la démocratie, la république (à la romaine) et une forme archaïque de socialisme. Ainsi les vieux Romains de la république, les Athéniens du temps de Périclès, les sociétés paysannes balto-slaves, les islandais du Xème siècle de notre ère, sont certainement restés les plus proches du modèle ancestral indo-européen que j’ai décrit. Les présenter comme une aristocratie guerrière venue de l’étranger ne tient donc plus.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

De la liberté d’expression face aux religions: Castelluci et Charlie Hebdo

 
zeus-lrg.jpgLa pièce Sur le concept du visage du fils de Dieu de l’italien Romeo Castelluci déchaîne depuis plusieurs semaines les passions, à Paris et désormais en province. Le reproche principal qui lui est fait par la branche la plus traditionnaliste du catholicisme français est que de l’encre, supposée représenter des matières fécales, serait jetée sur la représentation du visage de Jésus-Christ. Je n’ai pas assisté à cette pièce et n’y assisterai pas, car je n’ai que du mépris pour ce que l’on nous présente comme de l’ « art moderne » et je n’y aurais même pas prêté attention, tant le thème est faussement contestataire et inintéressant, si la presse n’avait pas évoqué l’action de militants nationaux-catholiques destinés à l’interdire.

La liberté d’expression est une valeur fondamentale de la civilisation européenne, et la préserver devrait transcender les divergences idéologiques entre gens partageant la même ascendance et la même culture. Je ne vois pas en quoi l’œuvre de Castelluci devrait être qualifiée de « blasphématoire », pour reprendre l’expression employée par un monarchiste catholique. En Europe, il n’y a pas lieu que l’expression « blasphème » soit employée. Si une pièce de théâtre représentait des enfants en train d’envoyer de la boue sur une représentation de Jupiter, le païen que je suis n’y mettrait évidemment pas les pieds mais soutiendrait quand même leur liberté de s’exprimer ainsi. Car, et je songe ici à la réaction intelligente d’un musulman interrogé sur France 2 à propos de la une de Charlie Hebdo, qui affirmait que « Dieu est assez puissant pour se faire respecter », ce n’est pas aux hommes de déterminer ce que devrai(en)t penser leur ou leurs dieu(x).

Les manifestations où l’on voit de jeunes européens en train de psalmodier des prières à genoux m’ont choqué. Même si je leur reconnais tout autant la liberté de penser ainsi et de manifester leur ire, mais en respectant la liberté d’autrui, celle des artistes et des spectateurs, ce qu’ils n’ont pas fait, je trouve leur attitude incompatible avec les valeurs ancestrales des Européens. Le principe même de prier à genoux, ce qui s’appelle la proskynèse, symbole oriental d’asservissement, et condamné comme tel par les soldats d’Alexandre lorsque celui-ci voulut leur imposer sans succès, n’a rien à voir avec l’européanité. Il n’est alors pas étonnant que ces jeunes catholiques aient été rejoints par des musulmans radicaux.

Car ce n’est pas parce que le christianisme n’a plus les moyens dont il disposait au XVIIIème siècle pour faire taire les dissidents, qu’il a perdu toute volonté de continuer à restreindre dans la mesure de ses moyens la liberté de critiquer qu’ont les citoyens. Si l’Eglise le pouvait, elle ferait interdire Voltaire et Nietzsche, et un courant spécifique de droite, une « nouvelle », serait emprisonné. Le film Agora a ainsi été interdit de diffusion au moment de sa sortie en Italie sous pression papale, sous prétexte qu’il montrait les chrétiens de l’antiquité tels qu’ils étaient, car les persécutions dont les païens ont été les victimes, et les nombreuses destructions d’œuvres antiques, sont… des faits historiques. Je pense aussi à cette campagne de certains milieux catholiques contre la Hell Fest, où chaque année se réunissent plusieurs milliers de jeunes afin d’écouter les meilleurs groupes metal, et aussi malheureusement des groupes contestables ou bêtement provocateurs.

De la même façon, je n’aime pas l’idéologie développée par Charlie Hebdo et en conséquence je n’ai jamais acheté ce journal. La destruction de leurs locaux par ce qui est probablement une attaque issue de milieux musulmans radicaux demeure pourtant totalement inacceptable et démontre que les autorités ont été bien trop laxistes, et on se souvient que Charlie s’en prend régulièrement aux forces de l’ordre ou conteste toute mesure de reconduite à la frontière de clandestins entrés illégalement dans notre pays. Les journalistes de Charlie voient désormais ce que cela engendre, même s’ils ne veulent pas le reconnaître. Certains veulent empêcher qu’on puisse critiquer la figure fondatrice de l’islam, comme d’autres veulent conserver immaculé le visage de leur messie.

Face à cette même intolérance, qui consiste à refuser à autrui d’avoir un avis libre sur tous les sujets, nous devons défendre la liberté de ceux qui ne veulent pas qu’on leur impose quoi penser. Même si Castelluci et Charlie Hebdo me sont au mieux indifférents, pour ne pas dire qu’ils m’insupportent, c’est face à l’intolérance des deux monothéismes, à la fois prosélytes et sectaires, qu’il faut prendre leur défense. Et d’opposer le visage marmoréen de Minerve, déesse de la sagesse, à ceux qui veulent asservir notre raison.

Ils se plaignent de ne pas être respectés quant à leur religion, alors qu’ils ont le droit de la pratiquer, et des lieux de cultes pour cela, ce dont nous, européens de foi indigène, ne disposons pas. En quoi sont-ils concernés par une pièce de théâtre qu’ils n’iront jamais voir ou par la une d’un journal qu’ils n’achèteront pas ?

Ayant écouté sur le site Enquête & Débat de Jean Robin des extraits d’une émission de radio animée par un certain Lesquen à propos de la pièce de Castelluci, j’ai été très surpris et choqué par le ton du chroniqueur. Il s’en prenait à une femme catholique, membre de l’association Riposte Laïque, qui avait osé trouver des qualités à cette œuvre théâtrale, en usant de mots d’une dureté extrême. Lesquen est le principal animateur d’un club néo-droitier qui, à la différence du GRECE d’Alain de Benoist, ce dernier étant promoteur d’une forme de renouveau païen, du moins dans les années soixante-dix, semble avoir adopté visiblement une ligne beaucoup plus réactionnaire.

castelluci,charlie hebdo,intégrisme,christianisme,islam,traditionnalisme,renouveau français,civitasEn conclusion, entre la dérive libertaire, faisant dans la provocation stérile et médiocre, et la réaction cléricale, on doit choisir la liberté face au dogme, la fidélité aux valeurs européennes avant les choix spirituels individuels ou collectifs. Dans une Europe régénérée, ressourcée dans son identité profonde, qui est essentiellement demeurée préchrétienne d’ailleurs, la pièce de Castelluci ne trouverait pas son public. De toute façon, la plus grande provocation à l’encontre du christianisme a déjà été réalisée par un citoyen romain anonyme au cours du IIIème siècle, représentant sur un célèbre graffiti un homme à tête d’âne crucifié. En outre, ces attaques de milieux traditionnalistes contre la pièce l’ont fait connaître et lui ont fait une bien inutile publicité. Mais cela leur a permis de se faire connaître politiquement, ce qui était en vérité leur objectif. Ne soyons pas dupes des intérêts cachés des uns et des autres. Et limitons nous à soutenir la liberté d’expression pour tous et pour toutes !

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

06/11/2011

La Turquie néo-islamiste et l’Europe

800px-Flag_of_Turkey_svg.pngLa question turque a failli à deux reprises être réglée pour les Européens. En 1913, lors d’une des guerres balkaniques, l’empire ottoman avait quasiment perdu toutes ses positions en Thrace. La coalition des Serbes, Bulgares et Grecs, avec une aide occidentale et russe, était parvenue aux portes d’Istambul, qui s’apprêtait à redevenir Byzance. Mais nous étions entrés dans l’ère des nationalismes, et l’avidité bulgare causa la perte de tous. Au lieu de maintenir l’unité des alliés jusqu’à la victoire, l’anticipant par aveuglement nationaliste, la Bulgarie rompt l’alliance sacrée, permettant par ce sursis à l’armée ottomane de se restructurer et de contrer l’offensive, conservant ainsi la Thrace avec Andrinople (devenue Edirne) et Constantinople.

En 1920, alors que l’empire ottoman a perdu la première guerre mondiale face aux alliés, le traité de Sèvres impose à la Turquie des règles très contraignantes. Si elle conserve la rive européenne d’Istambul, qui sera toutefois placée sous mandat international, elle perd le reste de la Thrace ainsi que la région autour de Smyrne, qui appartiendra à la Grèce. La Cilicie devait être contrôlée par l’Italie, l’Arménie devait récupérer une partie de l’Anatolie orientale, enfin le peuple kurde aurait son état. Dépecée, la Turquie devait donc servir de zone tampon entre l’Europe et l’Asie musulmane.

C’est face à cette mort programmée décidée par des puissances européennes usées et ruinées par quatre ans de guerre, que Mustapha Kemal leva son glaive pour reprendre ce qu’il estimait appartenir à son peuple. Il mit fin violemment à la présence multimillénaire des Grecs en Anatolie, les deux pays procédant à des échanges de population après l’échec militaire des Grecs. L’Europe laissa faire. Elle avait bien d’autres soucis, entre le péril bolchevik naissant à l’est du continent et l’effondrement économique de l’ouest. En pleine reconstruction, démoralisée, elle resta impuissante face au sort des Grecs. Kemal, devenu Atatürk, avait rejoint le panthéon des grands hommes de l’histoire. Ce sauveur laïc, qui méprisait profondément l’islam ottoman, qu’il osa qualifier de « doctrine immorale », et qui mourut à cause de son amour du sang de Bacchus, voulut forger une nouvelle Turquie, moderne, occidentale. Dans un ultime défi à l’islam, il proclama ainsi cette phrase célèbre, « Adieu l’Orient ».

Kemal fit de l’antique Ancyre sa capitale Ankara. Elle était proche de l’ancienne cité d’Hattousa, capitale de l’empire hittite de souche indo-européenne. Kemal affirma que le peuple turc était européen, héritier de la matrice commune aux autres peuples du continent. C’est à cette Turquie là que le général De Gaulle pensait en 1963 quand il évoqua l’idée d’adhésion du pays à la CEE. Si Inönu, après la mort précoce du héros en 1938, sut dans un continent en guerre, maintenir une neutralité bienveillante, l’héritage de Kemal n’allait pas vraiment lui survivre.

Aujourd’hui, Erdogan a vaincu Atatürk. Et c’est le plus grand enseignement de ces dernières années. Désormais, alors que l’adhésion du pays à l’Union Européenne, selon le processus entamé en 2005, semble au point mort, ce qui ne chagrine pas outre mesure le premier ministre autoritaire, la presse européenne commence à ouvrir les yeux sur la réalité de la nouvelle Turquie de Gül, d’Erdogan et de Davutoglu. Même si le PS français et la SPD allemande, traditionnellement turcophiles, voulaient ranimer le processus ralenti par Merkel et Sarkozy, elles auraient du mal à expliquer l’adhésion d’un pays qui opprime la presse, arrête les journalistes sous de faux prétextes et des militaires en évoquant un énigmatique complot contre le gouvernement.

La journaliste Martine Gozlan (Marianne), dans un excellent ouvrage qui vient de sortir intitulé « L’imposture turque », démonte le nouveau régime et prouve la réislamisation en cours. Kurdes opprimés, Alevis persécutés, femmes voilées, opposants inquiétés, la Turquie d’Erdogan est au final bien moins démocratique que la Russie de Poutine. Et surtout elle n’hésite plus à menacer l’Union Européenne et ses membres. Davutoglu s’en est ainsi pris aux pays européens, les accusant de soutenir la rébellion kurde. L’AKP a également dénoncé les recherches de ressources énergétiques de la Chypre grecque, menaçant l’UE de gel des relations diplomatiques si Chypre accédait l’an prochain à la présidence de l’Union Européenne, comme elle doit le faire conformément aux traités. Enfin l’AKP s’en prend à Israël, expulsant son ambassadeur et cessant toute collaboration stratégique.

Erdogan souhaite désormais avoir de son côté la rue arabe, et devient le modèle des islamistes (Frères Musulmans en Egypte, CNT en Libye, Ennahda en Tunisie) prétendument « modérés ». Une vague néo-ottomane s’abat sur le Moyen-Orient et sur l’Afrique du nord. Face à cette vague, contre laquelle seule la Syrie de Bachar El Assad, avec des moyens violents qui choquent à juste titre les Européens, s’oppose, et d’ailleurs Erdogan a menacé la Syrie de représailles, ce qui est significatif, semble déferler. L’Europe qui rêvait d’une démocratie arabe, déchante. Elle en subit de nombreux flux migratoires en retour, vengeance d’outre-tombe de Kadhafi. Le représentant de la Russie à l’OTAN Dmitri Rogozine l’a dit, le choix est entre des dictateurs et les islamistes. En s’opposant aux premiers, l’UE a fait donc le choix des seconds.

Face à cette réislamisation qui désole les vrais amis de la Turquie, les turcs des élites (beyaz Türkler ou « turcs blancs »), et que déplore avec justesse Martine Gozlan, nous européens devons montrer les crocs. Le Monde section géopolitique du 6 novembre 2011, fait le point sur les limites du modèle turc, dénonçant les graves atteintes aux droits de l’homme en cours. Andrea Perrone dans la revue italienne Rinascita datée du 21 septembre 2011 explique que désormais la Turquie s’éloigne explicitement de l’Europe, envisageant une domination sur la Méditerranée orientale. Dans Le Monde du 4 novembre, Frédéric Lemaître a évoqué quant à lui une Allemagne célébrant « ses travailleurs invités turcs ». Une fois de plus, invité à Berlin, Recep Erdogan a multiplié les attaques contre l’Allemagne, refusant l’intégration proposée aux immigrés turcs, qu’il avait même qualifiée de « crime contre l’humanité ». On se demande pourquoi Merkel s’entête à inviter ce sinistre individu. En réalité, la CDU a tort, à la différence d’Edmund Stoiber (CSU) et de ceux qui perpétuent sa ligne, de tomber dans le piège de l’intégration. Elle s’était opposée à Schröder en 2000 lorsque celui-ci a souhaité introduire le droit du sol en Allemagne. Elle a aujourd’hui cédé, comme le RPR l’a fait à la suite du PS après 1988.

Face à une Turquie qui se réislamise, face à un gouvernement turc qui devient arrogant et agressif, qui cache à peine sa haine de l’Europe et d’Israël, face à un premier ministre qui tombe dans les bras du pantin de Khameneï, le triste Ahmadenijad, bourreau de la révolution verte de Téhéran, l’Europe doit se ressaisir. Elle doit apporter un soutien sans faille à Chypre, exigeant l’évacuation de l’île par la Turquie. Elle doit dénoncer sans relâche les arrestations de journalistes, de militaires, d’opposants. Nous ne devons pas rester passifs devant un second Iran en gestation. Si la Turquie renonce à l’européanisation mise en place par Atatürk, si elle affirme « Adieu l’occident », nous devons en prendre acte et réagir en conséquence.

La première réaction, et elle coûterait peu cher au président Sarkozy, et renforcerait sa crédibilité désormais très altérée, serait de mettre fin de manière unilatérale aux pourparlers d’adhésion, de manière à engendrer un salutaire électrochoc en Turquie même. La seconde réaction, celle de la chancelière Merkel, serait de revenir à la ligne de la CDU d’avant 2000 quant à la question turque en Allemagne. La troisième réaction serait de tendre la main à la Russie de manière décidée, et ainsi de rompre avec l’américanotropisme de certains de nos dirigeants.

Et alors que la Grèce va économiquement au plus mal, disons le haut et fort. Souvenons-nous de Missologghi. Souvenons-nous de Lord Byron ! Ne faisons aucune concession à Erdogan, qui nous remercie dès que nous cédons par des remarques acides. Ce n’est pas seulement l’intérêt des Européens, c’est aussi celui des Turcs, mais 50% des électeurs turcs ne l’ont pas encore compris.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

Lettre ouverte à Eric Zemmour

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logo4c.pngCe 5 novembre, sur la chaîne I-télé, un nouveau « ça se dispute » oppose Eric Zemmour et Nicolas Domenach sur la façon dont l’Europe a traité « le peuple Grec ».

Au moins Zemmour est-il cohérent. Il ne croit pas à la notion de peuple européen. Il faut lui concéder que la construction européenne s’est faite, dès le départ, contre « les peuples » ; ces derniers étaient suspectés, non sans quelque raison, de vouloir se faire la guerre. La construction se fait toujours contre « les peuples ». D’ailleurs on présente l’échec éventuel du processus comme un risque de guerre. Pourtant, comme il l’affirme, ce n’est pas ce processus qui a apporté la paix. C’est la lassitude des vieilles nations, l’hégémonie américaine et bien d’autres raisons. Quand Charles De Gaulle a été accueilli par les Allemands, c’était bien une réconciliation des peuples.

Domenach campe sur une position qui se prétend plus européenne. En réalité, si l’on creuse un peu, on s’aperçoit qu’il se contente de manifester son politiquement correct hypocrite, en cette circonstance comme dans d’autres. Il comprend les Grecs qui voulaient un référendum et reconnait qu’on les aurait mal traités. Il en conclut qu’il faut davantage associer « les peuples » aux affaires européennes. Le point de départ est donc celui de Zemmour : il y a « des peuples ». Cependant il ne veut pas dire qu’il est pour les élites contre les peuples. Ou alors il assimile un peu vite au « peuple » un ensemble de manifestants, comme ceux qui ont défilé contre la réforme des retraites. Il peut donc faire l’hypothèse absurde que ceux qui détestent les peuples peuvent s’accorder avec ces mêmes peuples.

Pour le PSUNE, les choses sont claires. En Europe il y a un « peuple ». On n’a pas à consulter une région à part pour décider de l’avenir de la République européenne.

ERIC-ZEMMOUR.jpgMaintenant la question se pose de savoir de qui le PSUNE est le moins éloigné. La réponse est paradoxale : c’est de Zemmour. Car Zemmour est eurosceptique quand Domenach est europhobe. D’ailleurs lorsque Zemmour nous parle de notre culture, de nos mœurs, ses références sont européennes. Quand il explique que l’islam, tout respectable qu’il soit, n’est pas compatible avec notre culture démocratique, quand il cite Voltaire, et c’est au Voltaire européen qu’il pense. Les références de Domenach sont au contraire mondialistes, universelles. Parfois même d’esprit colonialiste, suprématiste ; il ne doute pas que l’islam se pliera à nos coutumes. Dans ces conditions, pourquoi Zemmour, qui pense culturellement en Européen, ne raisonne-t-il politiquement en Européen ? On a envie de lui dire : nous sommes tous Allemands, tous Grecs, voire tous Juifs européens. Ce discours heurterait certainement les mondialistes. Heurterait-il Zemmour ?

Il est vrai qu’à la sortie de la guerre, pour donner un exemple parmi d’autres, la germanophilie n’était pas très à la mode en France. On a souvent parlé de réconciliation, mais, en même temps, les élites et les médias ont beaucoup fait pour aiguiser les rivalités entre Européens. Le discours impérialiste français, la nostalgie de l’époque coloniale, ne sont pas l’apanage de l’extrême-droite. Il y a une responsabilité insoupçonnée des dirigeants de tous les pays du continent dans la persistance de ce scepticisme envers l’idée de nation européenne.

Peut-être Zemmour est-il simplement trop prudent. Peut-être se sent-il redevable envers une France qui l’a sorti d’un monde qui ne lui convenait pas. Sans doute s’est-il senti d’abord Français pour construire sa liberté. En quoi cela l’empêche-t-il de se sentir aujourd’hui Européen ? La France à laquelle il pense, celle qui est sortie du monde latino-celto-germanique, des invasions barbares, des lumières et des Etats généraux, n’a jamais été qu’une Europe en réduction, et ce n’est malheureusement plus celle d’aujourd’hui. S’il veut la retrouver, il ne peut le faire qu’avec l’Europe.
En attendant, il devrait avoir conscience qu’il fait le jeu du politiquement correct, des ennemis du peuple, quel que soit ce peuple. En entretenant l’idée que « les peuples européens » ne pourront rien construire ensemble parce qu’ils ne pourront pas se fondre en un seul peuple, comme leur nature devrait au contraire les y conduire, il apporte une pierre aux technocrates mondialistes.

Peter Eisner (PSUNE)

01/11/2011

Démocratie « nationale » et crise de la zone euro

Grèce,referendum,Papandreou,PASOK,nucléaire,zone euro,FESF,Thomas Ferrier,PSUNELe premier ministre grec Georgios Papandreou a annoncé à la stupéfaction du président français et de la chancelière allemande, alors qu’un accord sur la dette grecque avait été obtenu de justesse entre les membres de la zone euro, que l’ex-premier ministre slovaque avait dû sacrifier son gouvernement, qu’il allait organiser un référendum pour obtenir l’accord des citoyens grecs, référendum qui aurait lieu dans plusieurs mois. Conséquence, la bourse de Paris perd près de 6%, celle d’Athènes près de 7%, et l’ensemble des bourses européennes chute. Outre l’irresponsabilité du premier ministre, pour des raisons de basse politique, sur une question urgente, cette crise confirme l’impossibilité de maintenir la démocratie dans le cadre national historique. Les problèmes européens ne peuvent se résoudre qu’au niveau européen. Or l’absence d’un gouvernement européen, d’un état européen, se fait douloureusement sentir dans ces temps difficiles.

Le premier ministre a toutefois été désavoué par une partie du PASOK, le parti socialiste grec dont il est membre, par toute la droite et même par les nationalistes du LAOS, étrangement devenus europhiles. Sur son blog, Jean Quatremer annonce la démission de Papandreou pour dans les prochains jours, ce qui mettra probablement fin à cette proposition. Des élections législatives anticipées, que la droite devrait gagner selon les sondages, mais qui devraient aussi, probablement, se traduire par une progression des communistes et des nationalistes, paraissent inévitables.

Un référendum sur des questions économiques qui nous dépassent, et dépassent les Grecs, n’a aucun sens. En particulier lors d’une période de grave tension déchaînant les passions. Le résultat serait incompréhensible. D’abord, le non est prévisible, déstabilisant alors toute l’Union Européenne. Ensuite, il est sans signification. Une partie importante du non témoignera d’un rejet du gouvernement actuel. La participation en outre sera probablement très faible. Enfin, des gens désespérés ne sont pas en mesure d’apporter une réponse sensée à une question qui ne se prête simplement pas à un référendum.

On constate donc que les initiatives « souveraines » de certains états sont inconsidérées et désastreuses. La démocratie n’a jamais signifié cela. Quand Papandreou, au mépris de ses partenaires européens, de son propre chef, annonce un référendum qui n’a simplement aucun sens, déstabilisant davantage encore une économie européenne inquiète qui n’en avait pas besoin, il défend la « souveraineté nationale », au risque de ruiner le pays. Quand Merkel, pour céder au lobby pseudo-écologiste et à une opinion allemande à qui on ment sur ces questions, décide d’abandonner l’énergie nucléaire, elle défend la « souveraineté nationale ».

Sur cette question, les gens honnêtes savent qu’il n’y a pas d’énergies alternatives, que les prétendues énergies renouvelables sont inefficaces et coûteuses, en particulier les éoliennes et le solaire individuel. Prétendre le contraire, c’est mentir aux citoyens. En outre, les pseudo-écologistes attirent notre attention sur le réchauffement planétaire, pour une fois à juste titre. Mais reconstruire des centrales à charbon ou à lignite comme le veut le gouvernement Merkel, suite à l’abandon du nucléaire, c’est bon pour lutter contre le réchauffement climatique ? Le CO2 dans l’atmosphère, c’est bon pour l’environnement ? Il faudrait savoir. Soit le réchauffement climatique est une vraie menace, et alors il faut fermer toutes les centrales à charbon, abandonner le pétrole, et faire le tout électrique en construisant davantage de centrales nucléaires et surtout celles de quatrième génération. Soit le réchauffement climatique n’est pas un danger, mais bien sûr que c’est un danger !, et puis l’énergie à bon marché permettant l’indépendance énergétique de l’Europe, ce n’est pas important, mais bien sûr que c’est important ! Mensonge des « Verts », faux écologistes, mais vrais gauchistes sectaires et irrationnels, mensonge du gouvernement Merkel, mensonge des partis de coordination belges qui proposent la même chose, mensonge encore de la « gauche » suisse. Le drame de Fukushima, alors que nous ne connaissons pas vraiment la situation là bas, sert de justification pavlovienne à une folie.

Ainsi, la démocratie « nationale » désormais, que ce soit en Allemagne, en France ou en Grèce, n’a plus aucun sens. Les citoyens sont désinformés, manipulés par les faiseurs d’opinion, et les gouvernements nationaux ne sont simplement plus capables de dire la vérité aux citoyens, de mettre en avant les vrais enjeux, et de reconnaître qu’ils n’ont plus qu’un pouvoir de nuisance. Nuisance envers l’Europe entière, mais aussi nuisance envers leurs propres citoyens.

Seule une démocratie européenne, où les enjeux seront évoqués à l’échelle du continent, a désormais du sens. Mais pour qu’il y ait une démocratie européenne, il faut un état européen, il faut des enjeux électoraux réels, il faut un gouvernement européen élu et démocratiquement légitime. On ne sauvera pas l’€, on ne sauvera pas l’économie européenne, on ne s’opposera pas aux flux migratoires de masse, on ne résorbera pas le chômage, en raisonnant à l’échelle des anciennes nations. Face au mondialisme, l’Europe doit se présenter unie, elle doit même être une. Les diviseurs de l’Europe n’aiment simplement pas les européens et se moquent de leur avenir, de notre avenir.

On ne sauvera pas la zone euro en demandant leur avis aux Grecs mais en demandant leur avis à tous les européens. On ne sauvera pas l’indépendance énergétique de l’Europe en demandent leur avis aux Allemands mais en demandant leur avis à tous les européens. Au niveau européen, les mensonges des gouvernements et des lobbies s’effondreront.

Il convient donc pour sauver l’Europe et les Européens de bâtir vraiment l’état-nation Europe mais sur la mise à bas, la table rase juridique complète, des traités et des constitutions des états. De l’intérieur, rebâtissons l’Union Européenne en la fondant sur des principes solides et sur une vraie légitimité populaire. Le problème de l’Europe, ce sont les états nationaux. La solution pour l’Europe, c’est l’état national-européen.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

31/10/2011

Brèves européennes... (6)

imagesCA4BY01L.jpgIRLANDE

La victoire inattendue et sans appel de Michael Higgins avec un peu moins de 40% des voix en tant que premier choix, selon le complexe système irlandais, surprend dans un pays dans lequel le Parti Travailliste avait toujours été une formation d’appoint et jamais de premier plan. Avec 28% des voix, le dynamique candidat Gallagher, est battu avec les honneurs, sa défaite s’expliquant essentiellement par le fait qu’il a été associé au Fianna Gail, ancien parti au pouvoir, sévèrement battu aux élections législatives de cette année, victime de la crise économique, comme son homologue islandais. Le Fine Gael, le centre-gauche traditionnel, avec seulement 6% des voix, a été totalement étouffé par la candidature travailliste. Ce virage à gauche de l’opinion irlandaise témoigne de la situation de détresse de ce peuple fier. Pourtant, les Grecs, avec le gouvernement « socialiste » de Papandreou, pourraient leur en raconter de belles sur la gestion calamiteuse de la fausse « gauche », pas moins mondialiste que son opposition de droite.

Preuve de la radicalisation de l’opinion en Europe face à l’inertie des pouvoirs publics, le candidat de la gauche nationaliste, issu de l’IRA, Martin McGuiness, obtient quasiment 14% des voix. Cette montée en puissance du « nationalisme » (europhobe) et du « socialisme » (enfin, ce que les électeurs supposent être « socialiste ») est inquiétante pour l’avenir.

UNION EUROPEENNE

Malgré les effets de manche du président Sarkozy et de sa compère sur le bateau UE, confrontés à un iceberg monétaire, l’UE n’est pas sauvée par ce fond de sauvegarde (FESF) et l’inévitable annulation de la moitié de la dette grecque déplaît profondément aux populations. Elles ont tort car il fallait sauver la Grèce pour enrayer tout effet de domino qui aurait fini par nous toucher tous. Cette solidarité avec un peuple européen, qui aurait dû être naturelle, s’est faite dans l’urgence et sous la contrainte. Il y a eu un considérable déficit démocratique en la matière. Et surtout les spéculateurs, qui sont les principaux coupables, et aussi ceux qui se sont enrichis sur le dos des Européens, s’en sortent impunis. Les gouvernements de l’UE ne veulent toujours pas entendre parler de protectionnisme économique européen, et pire, sont prêts à accepter l’aide très intéressée de la Chine, au lieu de tendre la main à une Russie qui a immédiatement, et spontanément, apporté son soutien à l’€ et proposé son assistance.

La conséquence de ce manque d’explications, de cette impunité de ceux qui s’enrichissent sur l’appauvrissement des Européens, c’est le rejet parfaitement naturel et légitime par de plus en plus d’européens du Système en place qui, incapable d’assurer notre sécurité, de maîtriser (et d’inverser) les flux migratoires, nous avait promis la paix et la prospérité, et a fourni la première, au prix d’un libertarisme destructeur dans tous les domaines et d’un avilissement des Européens devant le veau d’or, devenant ainsi des vitelloni face aux peuples du sud aux appétits aiguisés par la souffrance, et a perdu la seconde.

Et pourtant, bien sûr, notre avenir dépend d’une Europe politique qui devrait être vraiment européenne et vraiment unitaire, et l’€ est une première brique de cet édifice à bâtir. Il convient donc de la préserver.

Or l’europhobie monte. Les derniers sondages annoncent une droite nationale autrichienne à plus de 32% des voix (FPÖ + BZÖ) et un parti des Vrais Finlandais à presque 22% des voix, en faisant le premier parti. Les troubles au Kosovo persistent de manière navrante, et la Serbie est impuissante, prise en tenaille entre sa vocation à rejoindre l’UE et son souhait de défendre les siens. Alors qu’un attentat mineur commis par un musulman « serbe » a éclaté à Sarajevo, rappelant que certaines plaies ne sont pas refermées. Enfin, près de 49% des britanniques seraient prêts à quitter l’UE, la droite conservatrice et eurosceptique attaquant Cameron et mettant en péril sa coalition. Déjà le premier ministre slovaque a dû rendre son tablier, première victime d’une UE défaillante et d’un € en sursis.

Et pourtant, au lieu de médire, alors même qu’ils se sentent européens et aspirent à passer leurs vieux jours dans les campagnes françaises, encore relativement épargnés par certains maux insupportables propres à nos grandes villes, les britanniques devraient plutôt voter contre la soumission aux USA de leur(s) gouvernement(s). La vraie liberté, elle n’est pas vis-à-vis de l’UE, alors qu’il y a toujours eu un estimable courant européaniste outre-manche, mais vis-à-vis de cette colonie rebelle devenue métropole de son ancienne métropole. La City de Londres n’apporte pas au peuple anglais la prospérité, bien qu’enrichissant une minorité mondialiste composée de gens venus de partout sur le globe.

Les britanniques ont chassé Cromwell mais ce tyran là, qui n’est même pas républicain, les asservit bien davantage encore. Il est temps de mettre le capitalisme au pas et d’instaurer un socialisme nouveau, résolument européen, réaliste mais déterminé. Sauvons l’€, sauvons l’Europe politique, refusons la nostalgie maladive d’un temps passé idéalisé où régnaient les « souverainetés nationales », mais refusons d’un même élan le mondialisme.

L’URSS s’est effondrée parce que son modèle économique niait les aspirations matérielles de l’homme. Le libéralisme mondialisé s’effondre parce que son modèle économique nie les aspirations spirituelles de l’homme. Aujourd’hui, le capitalisme a montré ses limites. Le marxisme mort, il n’avait plus aucun opposant et s’est laissé aller à ses bas instincts. Au prix d’une rentabilité illusoire à court terme, nos dirigeants ont acheté la paix civile et le silence des populations, mais maintenant arrive la facture et elle est corsée, en plus d’être fondamentalement artificielle.

Nos gouvernants nous ont menti, nous ont trahis. Que ce soit la vraie droite ou la fausse « gauche ». L’erreur pourtant serait de tomber dans le piège des démagogues, de l’extrême-« gauche » (Mélenchon) à l’extrême-droite (Le Pen), qui ne proposent rien d’autre que le retour en arrière. Illusoire certes mais qui plus est idiot. Car ce ne serait que revenir à une situation antérieure qui a engendré de fait celle que nous connaissons. Le monde a changé et on ne retrouvera pas tout ce qui a été perdu. Mais on retrouvera en revanche les fondamentaux.

Une Europe politique unitaire, économiquement régénérée et libérée d’une dette injustifiée, restaurée dans son européanité et dans sa natalité indigène, fera honneur à nos ancêtres et rendra heureux nos enfants. Œuvrons pour bâtir une nouvelle Europe, qui soit en même temps l’Europe de l’enracinement, une Europe de la justice sociale et de la liberté de l’esprit, une Europe où le pouvoir sera rendu au peuple et où les oligarques seront déchus.

Prenons cette crise comme l’illustration des balbutiements d’un Système en fin de vie. Réjouissons nous en revanche qu’une fois de plus, mais pour combien de temps, l’€ soit sauvée. Acceptons vraiment que l’€ soit la « monnaie nationale de l’Europe », soyons même prêts à admettre dans la zone euro la Russie. L’Europe reste encore à bâtir, mais nous ne l’aurons jamais réalisée si nous continuons d’avoir des tièdes, des mous et des veaux à la tête de nos états.

Il convient d’hériter de l’Union Européenne et non de la détruire. Mais l’Union Européenne de demain sera bien différente de celle d’aujourd’hui, si les vrais européens, de cœur et d’âme, parviennent à triompher de tous les périls.

Pour l’Europe et les Européens, œuvrons contre le mondialisme et le nationalisme, deux impasses suicidaires. Mais pour cela, l’Européen doit redevenir lui-même et cesser d’être un agneau qu’on amène à l’abattoir pour (re)devenir un loup féroce.

Le fondateur de la République !

N03Brutus-u-Lucretia.jpg250 ans environ après la fondation de Rome par Romulus, le roi mythique et fils du dieu Mars en personne, Rome vit sous la tutelle d’un souverain étranger, un prince du nom de Tarquin, Tarchon en étrusque, dont le nom rappelle une ancienne divinité hittite de l’orage, Tahrun[tas], étayant l’hypothèse d’une origine anatolienne du peuple étrusque et base peut-être du mythe des origines troyennes de Rome.

Contrairement à son ancêtre Tarquin l’ancien, qui avait conservé dans le cœur des Romains une image plutôt positive et avait su se faire accepter, ce Tarquin se montre irrespectueux des institutions anciennes de la cité, et la tradition le qualifie de tyran. Il est qualifié tout particulièrement de l’adjectif superbus, qu’il convient de traduire dans son sens strictement latin, « orgueilleux ». La superbia latine correspond très exactement à l’hybris grecque, « la démesure » consistant à se prendre pour un dieu. La religion grecque estimait qu’il n’y avait pas de plus grande impiété, et même les héros n’étaient pas à l’abri d’une sanction divine, à l’instar de Bellérophon qui voulait rejoindre l’Olympe, monté sur le cheval Pégase, ou encore d’Icare qui voulait aller aussi haut que le soleil. La déesse Némésis, la « vengeance divine », se chargeait d’exécuter la sentence contre les fautifs, si ce n’était pas Zeus en personne, foudroyant le mortel imprudent.

Lucius Junius Brutus, frère de la belle Lucrèce, serait donc l’instrument de la colère des dieux. Rappelons les faits qui mirent le feu aux poudres et amenèrent les romains à fonder la première république de l’histoire, à la même époque à peu près où les structures de la démocratie athénienne voyaient le jour. Lucrèce, épouse fidèle et digne, contre-modèle féminin de Tarpeia, est violée par Sextus, fils du roi Tarquin, en l’absence de ce dernier parti guerroyer. Souillée, bien que contrainte, Lucrèce met fin à ses jours en se poignardant.

A la découverte du drame, Brutus s’empare du poignard recouvert de sang avec lequel sa sœur s’est tuée, et levant le poignard vers le ciel, en appelle au dieu Mars, le père des Romains, mais aussi un dieu réputé comme son homologue grec Arès pour sa férocité, afin que ce dernier par son intermédiaire venge son honneur et chasse de Rome les tyrans étrangers. Il s’appuie sur les Comices, l’équivalent de l’assemblée des citoyens, bien davantage que sur le sénat, au sein duquel demeurent des soutiens au souverain déchu. C’est donc bel et bien une révolution populaire afin de rendre à Rome sa liberté mais c’est aussi un choix politique nouveau, en rupture avec la royauté traditionnelle indigène, celle des quatre premiers rois de Rome. Ainsi naît la Res Publica, c'est-à-dire « l’Intérêt Général » incarné, qu’on pourrait traduire en grec par Demokratia, en 509 avant notre ère.

Cette révolution amène les Romains à combattre les Etrusques, alors maîtres du nord de la péninsule italique, que Tarquin ramène avec lui pour reprendre le pouvoir. Cela nous rappelle les royalistes en 1789 partis chercher du secours au sein des monarchies voisines et la tentative avortée de Louis XVI de s’y réfugier. Tarquin ne reverra pas Rome et les Romains sauront conserver leur indépendance les armes à la main. Ses biens seront saisis, et notamment sa propriété foncière, qui sera donnée au peuple romain. Cette dernière deviendra le Champ de Mars (Campus Martius) où se rassemblent les armées citoyennes à l’ouverture de la période militaire, prêtes à conquérir au nom de Rome de nouvelles terres et à soumettre les peuples voisins.

C’est donc au dieu Mars, en remerciement de son secours, et pour avoir permis à Brutus d’accomplir son serment, que ce domaine sera consacré. Mais le blé récolté, frappé d’impureté, sera offert à la divinité du fleuve Tibre et ne sera pas consommé. Le temple de Jupiter sur le Capitole, dont Tarquin avait commencé la réalisation, ne fut pas abandonné mais c’est désormais à un Jupiter Liberator, en plus d’être « très bon et très grand » (optimus et maximus) qu’il sera consacré, correspondant assez bien au Zeus Eleutherios des Grecs.

Comme l’avaient annoncé les augures à Romulus, Rome avait douze siècles devant elle. Deux siècles passés, Rome était libre et prête à conquérir le monde. Elle devrait subir l’humiliation de la victoire gauloise de Brennus, certes vengée immédiatement par Camille, et Hannibal à ses portes, mais au nom de la liberté de ses citoyens, qui avaient cessé d’être des sujets, au nom d’une conception sociale et héroïque de l’homme, tant que ses dieux seraient honorés, Rome rayonnerait. Le poète italien Carducci au début du XXème siècle, se souvenant avec nostalgie de cette Rome virile et païenne, osa déclarer que Rome cessa d’être victorieuse « le jour où un galiléen roux monta les marches du capitole ».

Brutus, dont le nom soulignait son caractère brutal ou son intelligence limitée, portait un nom fondamentalement lié au dieu de la guerre, que la mythologie ne présente pas toujours, comme son cousin du nord Thor, comme un esprit éclairé, à la différence de sa sœur Minerve. Héritier de ce fait du noble lignage de Romulus, son devoir était tout tracé. Il alla même jusqu’à regarder en face deux de ses fils, qui avaient trahi les intérêts de Rome, alors qu’ils étaient exécutés. Symbole du devoir et du dévouement à sa patrie, c’est son image qui dans l’esprit de Brutus le Jeune l’amena à l’irréparable.

Ce qu’il ne savait pas, c’est que César, héros du peuple, et qui n’aspirait probablement pas à se faire roi, se souvenant de cette haine des tyrans que Brutus avait enseignée, était lui-même protégé par Mars. Le dieu, qui avait apporté son soutien à Brutus l’Ancien et aussi à la fin du IIème siècle à Brutus Callaicus, ce en quoi le dieu en avait été remercié par la construction d’un temple en son honneur, avec une magnifique statue réalisée par le sculpteur Scopas, le représentant apaisé, son fils Cupidon jouant avec ses armes à ses pieds, se mit du côté d’Octavien et d’Antoine, vengeant le conquérant de la Gaule.

Beaucoup de nos jours se disent « républicains », en particulier en France, mais ne savent pas pourquoi. Alors qu’ils se rangent au service d’intérêts étrangers et d’une domination tarquinienne, celle du capitalisme international et de la finance mondialisée, et qu’ils trahissent le peuple, ils se revendiquent tout comme le jeune Brutus d’une tradition qu’ils méprisent ou simplement ne comprennent plus. Brutus l’Ancien nous rappelle qu’un vrai républicain soumet tout aux intérêts sacrés de sa patrie. Qui seront les « Bruti » qui libéreront les Européens de tous ces jougs ? Ceux qui établiront la République Européenne, forte et prospère, réconciliant Mars et Mercure sous le patronage d’un nouveau Jupiter Libérateur, l’époux taurin d’Europa.

Aux Tarquins du Système, nous répondrons donc « souvenons nous de Lucius Junius Brutus, qui donna jusqu’à sa vie pour sa patrie ». Nous combattrons jusqu’à ce que l’Europe renaisse, jusqu’à ce que, nouveaux romains, les Européens soient à nouveau maîtres chez eux, souverains de leur sol, gardiens de leur lignage. L’Europe souillée, c’est Lucrèce violée. Lucrèce vengée, c’est l’Europe libérée.

Thomas Ferrier

24/10/2011

Résultats définitifs des élections législatives suisses

Les résultats des élections suisses ont été excessivement tardifs, en raison notamment d'un retard pris dans le dépouillement du canton de Vaud. L'enseignement est que la SVP a limité sa chute, que la scission du BDP qui l'a quittée a réalisé 5.43%, et que les deux réunis atteignent environ 32% des voix.

SVP/CDU (Schweizerische Volkspartei): 26,6% (54 sièges, -8)

SPS (Sozialdemokratische Partei): 18,7% (46 sièges, +3)

FDP (Libéraux): 15,13% (31 sièges, -5)

CVP (Christlichdemokratische Partei): 12,3% (28 sièges, -3)

GPS (Verts): 8,44% (15 sièges, -5)

BDP (Bürgerlich-Demokratische Partei, ex-UDC): 5,43% (9 sièges, +9)

GLP (Libéraux Verts): 5,4% (12 sièges, +9)

Partis évangélistes: EVP 2% (2 sièges), EDU 1,3% (0 siège), CSP (Christlich-Soziale Partei) 0,64% (1 siège)

Extrême-gauche, "Die Linke": 1,2% (0 siège, -1)) ; La Gauche combative: 0,03%

Extrême-droite: MCR (Mouvement Citoyens Romands) 0,4% (1 député), DS (Schweizer Demokraten) 0,2%, Ligue du Tessin 0,79% (2 députés), PNOS (Partei National Orientierter Schweizer) 0,05%, Volksaktion gegen zuviele Ausländer und Asylanten (Action populaire) 0,03%

Pirates/Piratenpartei: 0,48%

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Brèves européennes... (5) - Elections en Suisse et en Bulgarie

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SUISSE

Les élections législatives helvétiques se déroulaient ce dimanche. Les derniers sondages annonçaient une nouvelle percée de l’Union Démocratique du Centre (SVP en allemand, signifiant « Parti populaire suisse »), parti de droite nationaliste et conservatrice, davantage connu hors de Suisse pour ses votations anti-immigration et anti-islam, et dont les figures majeures sont son président, Toni Bronner, son ancien président Christoph Blocher et le sémillant Oskar Freysinger. Avec 29,3%, l’UDC devait dépasser son score de 2007 (28,9%) et espérait atteindre la barre fatidique des 30%. Il n’en fut rien.

Selon les résultats disponibles à 23 :30, et qui ne devraient plus fluctuer, l’UDC/SVP échoue dans son pari. Non seulement, au sénat, Christoph Blocher se classe 3ème sur Zürich, avec un peu moins de 15% des voix, ce qui lui interdit d’espérer être élu, mais le parti régresse, faisant moins bien qu’aux deux élections législatives précédentes, avec seulement 25,3% des voix (- 3,6 points), 55 députés (-7) et 3 sénateurs (-4), même s’il demeure le premier parti du pays. Il est difficile de savoir si cet échec s’explique par la ligne politique choisie, hostilité à l’immigration (européenne et non-européenne) et à l’Union Européenne, ou si le principal responsable est le BDP (« parti bourgeois démocrate »), issu d’une scission de l’UDC et fondé en 2008, qui obtient 5,2% des voix et 9 députés.

Les autres mouvements nationalistes et/ou conservateurs sont écrasés par l’UDC/SVP, puisque les Démocrates Suisses n’obtiennent que 0,2% des voix (-0,4 points) et le MCR (« Mouvement des citoyens romans ») n’obtient que 0,4%. Toutefois ce dernier score cache la réussite de sa branche genevoise, où le Mouvement des Citoyens de Genève obtient 10,1% (+7,6) et fait ainsi rentrer son premier député au parlement. A Genève, l’UDC, avec 15.1% seulement, perd cinq points, qui vont très logiquement au MCG.

Les sociaux-démocrates suisses (SP) avec 17,6% des voix (- 3,6 points) ne bénéficient pas de ce recul de l’UDC, à l’électorat bien différencié. Le FDP (libéraux) échoue également à récupérer cet électorat puisqu’avec 14,7% des voix, il perd trois points. Les chrétiens démocrates du CVP (13%, -1,5 pts) et les Verts/Grüne (8%, -1,6 pts) sont dans la même situation. Tout cela témoigne d’un rejet par l’électorat des partis dominants le système politique suisse, ce qui peut indiquer une inquiétude économique par rapport au problème du franc fort et à la crise économique qui atteint l’Union Européenne voisine.

Les libéraux-verts du GLP, avec 5,2% des voix (+ 3,8 pts) ont su en revanche convaincre davantage d’électeurs qu’en 2007, au détriment de l’autre mouvement écologiste. Les évangélistes de l’EDU (« démocrates ») et de l’EVP (« populaires ») stagnent (1,3%) ou progressent légèrement (3,2%, +0,8 pts), de même que le Parti Social Chrétien (0,6%, +0,2 pts). En revanche, la Ligue du Tessin (Lega), s’effondre avec seulement 0,1% des voix (-0,5), et le parti des Piraten échoue avec moins de 0,1% des voix au niveau national. Enfin, l’extrême-gauche du mouvement « Die Linke » (LIN), avec 2%, progressent de près de 70% (contre 1,3% en 2007), au détriment des sociaux-démocrates.

L’enseignement principal, que retient notamment la presse française, est donc ce recul très significatif de l’UDC, premier et net coup d’arrêt à une progression constante depuis de nombreuses années. Il a souffert notamment de la concurrence du BDP, anciens membres de l’UDC/SVP qui ont fait faux bond en 2007, débauchés par les opposants de Blocher. Si on ajoute au score de l’UDC celui du BDP, deux partis qui étaient réunis en 2007, l’ensemble atteint environ 32% des voix. Si le BDP ne parvenait pas à s’enraciner dans la durée, cet électorat pourrait retourner à la maison-mère. L’UDC/SVP devrait probablement tirer les leçons de ce revers en adoucissant sa ligne générale, ce qui n’est pas nécessairement le message transmis par ses électeurs.

BULGARIE

Autre élection en Europe ce dimanche, les élections présidentielles en Bulgarie. Les élections précédentes avaient surpris l’opinion occidentale par l’accès au second tour de Volen Siderov, sorte de « Le Pen » bulgare, et dirigeant du mouvement nationaliste Ataka, « Attaque ». Alors qu’aux dernières législatives, le parti avait néanmoins obtenu 9,3% des voix, son candidat aux présidentielles échoue, ne capitalisant sur son nom que 3,9% des voix, selon des résultats provisoires, et ce malgré les émeutes anti-roms de ces dernières semaines.

Le grand vainqueur est le candidat de droite, du parti GERB, Rosen Plevleliev, qui avec près de 41% des voix, remporte largement ce premier tour et prend une option importante sur le second. Le Parti Socialiste Bulgare (BSP) d’Ivaïlo Kalfin, avec 28% des voix, réalise un score tout à fait honorable, et rejoint son adversaire au second tour mais avec un sérieux handicap. La candidate indépendante Meglena Kouneva, avec 13% des voix, crée la surprise même si elle échoue au pied du podium. Le démocrate Rusen Hristov, avec 2%, échoue à faire entendre sa voix différente, de même qu’Atanas Semov, représentant d’une droite conservatrice dure, avec 1,9%. Svetoslav Vitkov (1,8%), le nationaliste macédonien de l’IMRO Krasimir Karakatchanov (1,1%) et la démocrate Maria Kapon (0,8%) ferment la marche.

Une des questions cruciales de ce scrutin était de permettre aux citoyens bulgares d’avoir à la tête de leur état un médiateur énergique avec les grands pays de l’Union Européenne, inquiets des retards qu’ont pris pour se moderniser les deux nouveaux membres de l’UE (depuis 2007), Roumanie et Bulgarie. Avec plus de 40% des voix, Plevleliev a obtenu un mandat clair des électeurs du premier tour, qu’il faut concrétiser au second. Siderov a déjà annoncé qu’il refusait d’apporter son soutien au candidat de droite.

16/10/2011

Brèves européennes... (4)

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La candidate sociale-démocrate Helle Thorning-Schmidt (1), désormais premier ministre à l’issue de la victoire électorale de sa coalition de « gauche » du 15 septembre dernier, s’était engagé durant sa campagne à conserver dans toute leur rigueur les lois sur l’immigration votées par la majorité de centre-droit précédente, sous la supervision du Dansk Folkparti (« Parti Populaire Danois »), un parti partagé entre une aile souverainiste et une aile nationale-populiste, exclu du gouvernement mais indispensable pour maintenir la majorité de droite au parlement.

Les lois anti-immigration, visant tout particulièrement les populations extra-européennes, avaient permis de maintenir la droite nationaliste aux alentours d’entre 12 et 14%. Le DFP a ainsi perdu des points aux dernières élections, bien que se maintenant à un peu plus de 12% des voix. Une raison de ce recul était justement l’engagement de la candidate de gauche.

Comme d’habitude, la fausse « gauche » renie ses engagements, profitant de la naïveté d’un électorat souhaitant une bien légitime alternance, mais abusé par une « gauche » qui a abandonné le socialisme, incapable de s’opposer au mondialisme libéral s’il refuse de se penser au niveau européen et s’il refuse de se réconcilier avec les classes populaires, trahies au profit d’un nouvel électorat d’importation. Le nouveau premier ministre, dont le prénom rappelle une déesse germano-scandinave funeste, annonce donc l’abandon de toute une série de mesures destinée à maîtriser les flux migratoires. Elle souhaite notamment « faciliter » les procédures de permis de séjour, de naturalisation et de regroupement familial, ce qui est contraire au souhait d’une majorité de danois, y compris parmi ceux qui ont voté pour elle.

Le journal Le Monde dénonce un Danemark « allé très loin dans le sens du durcissement » en la matière, ce qui est de toute évidence une vue partisane et déconnectée du réel. On a vu notamment en Norvège et en Suède ce qu’il fallait penser de la politique que la sociale-démocratie a mené à ce sujet. Je propose que Mme Thorning-Schmidt se rende dans certains quartiers de Malmö pour comprendre que ce n’est pas au Danemark de s’aligner sur la Suède voisine mais le contraire.

FRANCE

Ainsi, la campagne interne du parti socialiste, les fameuses « primaires citoyennes », est arrivée à son terme, et c’est François Hollande, avec un peu plus de 56% des voix, qui s’est imposé au second tour face à l’ancien premier secrétaire, en l’occurrence Martine Aubry. Cette victoire, qu’annonçaient avec une marge plus faible les différents instituts de sondage, permet au candidat choisi de rentrer officiellement en campagne face à la droite sortante. Si Arnaud Montebourg a su montrer sa différence, accentuant sa démarche socialiste au nom d’une « démondialisation » qui reste avant tout un élément de communication et non un projet alternatif crédible, recueillant ainsi un soutien significatif (17%), les deux finalistes défendaient un projet très proche. D’ailleurs ils s’étaient engagés à défendre le projet commun « socialiste ». C’est donc davantage deux styles, deux personnalités, qui se sont opposés.

François Hollande s’impose dans de nombreux départements avec un score indiscutable. Dans de nombreux départements du sud et du sud-est, il triomphe largement. Ainsi, là où Arnaud Montebourg avait fait de bons scores, en PACA, Hollande y dépasse les 60%. Dans le fief de Ségolène Royal, Hollande est en moyenne à 65%. Dans son fief corrézien, il réussit même l’exploit d’atteindre 94,3% des voix en sa faveur, alors que Martine Aubry, dans son fief du nord, se contente du score estimable de 68,5%. En fait, Aubry ne gagne que dans le Nord Pas de Calais et surtout à Paris, même si de justesse, en raison dans ce dernier cas de la mobilisation de l’électorat bobo, surtout « écologiste ». Elle est dominée dans tous les autres départements.

Le programme du Parti Socialiste est connu. Incapable de proposer une alternative socialiste dans un cadre national verrouillé et face à un puissant mondialisme libéral, le PS fait dans le libertaire, exactement comme la « gauche » chez ses voisins. Le libéralisme régnant en maître, le PS devant appliquer le même programme social de rigueur budgétaire que l’UMP, il ne peut marquer sa différence qu’en accentuant encore davantage les éléments de décadence civilisationnelle.

Si le PS triomphait aux présidentielles et aux législatives suivantes en 2012, déjà maître du sénat et dominant dans les media, il pourrait appliquer son programme suicidaire. Le PS soutient et continue de soutenir l’adhésion turque à l’Union Européenne, alors que l’autoritaire Recep Erdogan montre de plus en plus son vrai visage, espérant être rejoint en 2013 par une SPD allemande également turcophile. Il prône clairement le vote des non-européens aux élections locales, ce qui est une atteinte au principe même de citoyenneté et aux fondements de la démocratie. Il entend régulariser massivement les clandestins, comme l’a fait Zapatero en Espagne. Et tout comme ce dernier, le PS entend mettre fin au mariage traditionnel européen afin d’instaurer le « mariage homosexuel », ce que même les Romains de l’époque de Juvénal n’avaient pas osé, avec possibilité d’adoption. On suppose que le PS choisira aussi d’autoriser les drogues prétendument « douces ».

Cette démarche purement libertaire, mais en rien socialiste, n’est pas ce que veulent les électeurs, en dépit de sondages contradictoires et/ou orientées, qui souhaitent d’abord une alternance politique, le président Sarkozy ayant considérablement déçu les Français, avec un bilan tout sauf estimable, et alors que le pays a été gouverné dix ans par la droite. Le PS est pourtant l’UMP en pire dans la plupart des domaines.

thomas ferrier,psune,danemark,primaires citoyennes,helle thorning-schmidt,vladimir poutine,françois hollandeIl existe pourtant une alternative socialiste au libéralisme mondialisé qui ne passe pas par la mise en avant de lubies idéologiques portées par divers lobbies marginaux. C’est le socialisme européen. Si nous tapons davantage sur la fausse « gauche » que sur la droite, c’est parce que nous savons que malheureusement, dans la situation actuelle, cette dernière fait simplement moins de dégâts. A un certain niveau, l’UMP ne cache pas son impuissance ni sa médiocrité. Le PS en revanche ment aux électeurs des classes populaires et profite d’une « intoxication idéologique » de la classe moyenne, en particulier celle des grands centres urbains.

Européens, encore un effort pour devenir socialistes, pour devenir vraiment socialistes. Le premier geste sera de démasquer cette fausse « gauche », plus mondialiste que la droite, ce qui relève de l’exploit, de mettre en exergue le fait qu’elle trahit l’Europe ! Depuis trente ans, la « gauche » n’est plus de gauche, et Jaurès ne cesse de là où il est de s’agiter avec colère. Si l’électorat populaire est contraint de voter à droite et même à l’extrême-droite, c’est parce qu’il n’y a plus de gauche pour le défendre. Le PS vit de son image socialiste, tout comme le FN vit de son image « identitaire ». Une image mensongère dans les deux cas.

Si les Européens doivent chasser du pouvoir la droite libérale et conservatrice, alors cela ne doit être que pour mettre en place une gauche authentique, socialiste et européiste. Celle-ci doit être refondée à partir de zéro et nous, les euro-socialistes, entendons contribuer à cette refondation. Les mânes de la tradition socialiste européenne, de Saint-Simon à Jaurès, de Fourier à Owen, de Proudhon à Blanqui, d’Herzen à Hyndman, de Mazzini à Radic, nous y invitent.

RUSSIE

L’avenir de l’Europe dépend-il de la Russie ? C’était ce que pensait Nietzsche, qui rêvait d’une vague russe libératrice sur la « vieille » Europe, nouveaux « barbares » européens ramenant l’Europe à ses vraies valeurs. En vérité, la Russie a autant besoin du reste de l’Europe que nous avons besoin d’elle. Elle a énormément à offrir, un espace géographique riche, une population encore nombreuse, une vitalité culturelle indiscutable. Mais si elle doit rejoindre l’Europe politique, c’est d’abord parce qu’elle est européenne, comme l’affirmait la tsarine Catherine. La Russie dans l’Union Européenne, c’est un facteur de réeuropéanisation dans tous les domaines de cette dernière. C’est nécessairement une UE qui s’émancipe de la tutelle américaine, qui n’a plus rien de libératrice ni de bienveillante. C’est nécessairement une UE qui, ayant atteint la masse critique, n’a plus à subir le mondialisme libéral et peut engager la contre-offensive, protéger son marché intérieur par un vigoureux protectionnisme, se réindustrialiser en profondeur, investir notamment dans les nouvelles technologies et la robotisation. C’est une UE qui n’a plus besoin de l’aval de l’OTAN et de Washington pour veiller à la défense de ses intérêts, protéger les siens dans le monde et se faire à nouveau respecter.

Les derniers évènements en Russie navrent une bonne partie des élites politiques du vieux continent. Elles espéraient que le « plus libéral » Medvedev remplace le « plus autoritaire » Poutine. En fait, Dimitri Medvedev n’est pas le héros occidentaliste que certains espéraient. Et Poutine est beaucoup plus européiste qu’on pourrait le croire, même si son idée d’Union Eurasienne pourrait faire penser le contraire. Seulement la Russie réagit à l’attitude des Européens en face. Si Nicolas Sarkozy a eu raison en Arménie de rappeler la Turquie à son histoire, il a en revanche eu tort de cautionner implicitement le président géorgien qui a provoqué la encore puissante Russie en croyant faire plaisir à ses alliés atlantistes.

La Russie est donc de retour, pour le meilleur ou pour le pire. Il appartient aux autres Européens de lui envoyer le bon message, celui de l’amitié, celui de la fraternité au sein de la commune européanité. La Russie va encore mal. Elle se remet douloureusement du traumatisme de la ruine eltsinienne. Sa démographie est en berne, comme celle de tous ses voisins européens, de tous, y compris de la France, même si les media français confondent sciemment natalité endogène et natalité importée. Le vieillissement ne l’épargne pas. Et des sirènes trompeuses lui conseillent la « guérison » par le suicide migratoire, comme chez nous.

Mais la Russie est fière, la Russie n’oublie pas qu’elle a été le rempart de l’Europe entière contre les assauts de l’Asie avide de nos richesses. C’est elle qui a encaissé les coups des Mongols et qui a combattu sans relâche pour reprendre Constantinople aux Ottomans. C’est elle qui par deux fois a libéré l’Europe d’un tyran qui l’opprimait, en 1815 et en 1945, même si elle-même subissait un autre joug.

Osons proclamer que la Russie a toute sa place dans l’Union Européenne, que son adhésion changerait la nature même de cette union, que celle-ci deviendrait alors vraiment européenne. Alors que l’adhésion turque sonnerait la fin de toute Europe politique, et de toute Europe authentique, l’adhésion russe aurait l’effet exactement inverse.

Si on donne le choix aux russes entre un Occident décadent, masochiste et sous tutelle atlantiste et Poutine président jusqu’en 2024, ils choisiront, et à raison, Vladimir Vladimirovitch. Les commentateurs qui déplorent le retour de l’ancien président et actuel premier ministre, ont-ils mieux à proposer ? Un Sarkozy, une Merkel, un Cameron, un Berlusconi à la sauce russe ? Ou encore un nouvel Eltsine, fossoyeur du peuple russe ? Non merci. Le russe Poutine s’effacera si un européen digne de ce nom se lève et annonce la Grande Europe pour « demain ».

(1) Hel, déesse scandinave de la mort et des enfers.

11/10/2011

Elections polonaises: nouvelle victoire pour Donald Tusk

Region-tusk.jpgLes élections législatives polonaises qui se sont déroulées ce dimanche ont mobilisé relativement peu les électeurs, le taux de participation atteignant péniblement les 49%. Contrairement à son habitude dans ce cas, le PiS n’a pas vu son électorat se précipiter dans les urnes pour le plébisciter. De ce scrutin, dans une Pologne encore relativement épargnée par la crise financière, il y a néanmoins plusieurs enseignements à tirer.

C’est d’abord un succès personnel pour le premier ministre sortant Donald Tusk (PO), qui est conforté dans son rôle et qui a été écouté des électeurs après avoir reconnu avec une certaine franchise qu’il n’avait pu réaliser tout ce sur quoi il s’était engagé. Avec 39.18% des voix, il réalise un score toutefois inférieur à ses 41.51% de 2007, et s’il conserve 206 sièges, il en perd trois. Son adversaire Jaroslaw Kaczynski (PiS) recule également avec 29.89% des voix contre 32.11% il y a quatre ans. Avec 158 sièges, il en perd huit par rapport à la précédente mandature. Son allié traditionnel, le Parti du Peuple Polonais (PSL), avec 8.36% des voix recule de quelques décimales et perd trois sièges avec 28 sièges conservés seulement. En tout, PO (libéraux) et PSL, qui formait la coalition sortante, avec 234 sièges contre 240 en 2007, sont majoritaires mais seulement de quatre sièges.

Le principal perdant est le parti social-démocrate (SLD) qui perd près de cinq points, passant de 13.15% à seulement 8.24% seulement, perdant près de la moitié de ses sièges ; il n’a plus que 27 députés sur 53 au départ. Il est notamment victime d’un parti libertaire, le Ruch Palikota, dirigé par Janusz Palikot, personnage trouble qui a notamment fait campagne sur une ligne anti-cléricale et provocatrice, étant partisan du mariage gay et de la légalisation des drogues douces, et ayant réussi à faire élire dans la nouvelle Sejm le premier député transsexuel. Avec 10.02% des voix et désormais 40 sièges, il est le grand vainqueur de ce scrutin, même si le gouvernement devrait probablement se passer de ses services.

Les deux partis de droite nationale (la Nowa Prawica ou « Nouvelle droite » et Prawica ou « La droite ») font respectivement 1.06 et 0.24% des voix, soit un total de 1.3%, un score comparable aux résultats en 2007 de Samoobrona et de la Ligue des Familles. Samoobrona était finalement présente à ces élections et a atteint le score exceptionnel de 0.07%, contre 1.53% en 2007 (et surtout 11.4% en 2005). La mort de son fondateur, lui-même auparavant décrédibilisé par plusieurs scandales, en plus du départ de nombreux cadres, a fini de solder l’héritage de Lepper. Il faut dire que Samoobrona n’était présent que dans 9 circonscriptions sur 41. Là où il était présent, il oscille entre 0.16% et 0.49%. Autre absent de taille, la Ligue des Familles Polonaises (LPR). Avec 8% en 2005 mais seulement 1.3% en 2007, la LPR a préféré jeter l’éponge et n’a présenté qu’un seul candidat pour le Sénat, Maria Sendecka, qui a obtenu 5.64%. Enfin le néo-fasciste NOP, représenté par sa candidate Anetta Stemler, là aussi pour le sénat, a fait 3.1%.

Plus surprenante a été la candidature de Mateusz Piskorski, issu de la gauche nationaliste et païenne, héritière d’Ian Stachniuk, député de 2005 à 2007 de Samoobrona, et qui a été tête de liste à ces élections pour… le Parti Polonais du Travail (Polska Partia Pracy – Sierpien 80), parti de gauche radicale, avec toutefois certaines colorations nationales. Ce parti a obtenu 0.55% des voix seulement, et le seul Piskorski a fait 0.47% des voix. Piskorski ne fut pas le seul puisque des membres d’une scission de Samoobrona appelée la Samoobrony Patriotyczna, se sont alliés avec le PPP afin d’y ajouter une composante agrarienne.

Au bilan, la gauche traditionnelle est laminée, au profit d’un mouvement libertaire qu’on pourrait comparer à « Europe »-Ecologie en France, la droite conservatrice a résisté et le centre-droit au pouvoir est réélu mais avec une faible majorité. Enfin, la droite nationale (1.37% en ajoutant toutes ses composantes) et la gauche radicale (0.55%) sont marginalisées. Le PiS n’ayant plus d’alliées, il aurait de toute façon été écarté du pouvoir même s’il avait dépassé le PO. La campagne germanophobe (mais aussi europhobe et russophobe), au-delà de la caricature, de Jaroslaw Kaczynski, a mobilisé les électeurs pour donner à Donald Tusk l'avantage. Mais son adversaire vaincu ne désespère pas de prendre sa revanche.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

09/10/2011

Des résultats électoraux du 9 octobre 2011...

En attendant les résultats définitifs aussi bien des primaires socialistes que des élections législatives polonaises qui, toutes, se déroulaient ce dimanche, et avant de vous proposer de plus amples analyses et interprétations, voici les dernières informations disponibles à cette heure.

FRANCE

Les primaires socialistes ont mobilisé un peu moins de deux millions d'électeurs, soit environ 5% de l'ensemble des électeurs, ce qui est un succès relatif de l'initiative du PS. Dans ce cadre, sur 1.9 millions de bulletins dépouillés, les résultats provisoires annoncent François Hollande à 38,9%, Martine Aubry à 30,6%, Arnaud Montebourg à 17,3%, Ségolène Royal à 6,8% et Manuel Valls à 5,7%, le candidat du PRG Jean-Michel Baylet n'obtenant qu'un très faible 0,6%. Le vote utile en faveur des deux principaux candidats a joué pleinement, au détriment notamment de Royal dont le score est beaucoup plus modeste qu'attendu. L'alternative à Hollande et Aubry a été incarnée par Arnaud Montebourg, qui a bénéficié en outre de votes de militants identitaires et/ou d'extrême-droite, même si ceux-ci ont pesé de manière marginale.

POLOGNE

Aucun résultat partiel ne nous est encore parvenu à 23:30, ce qui est assez inédit. Les différentes sites d'information polonais indiquent des estimations pour le Parti Libéral (PO) de 39,6%, 30,1% pour le Parti Conservateur (PiS), 10,1% pour le Mouvement Palikot (Ruch Palikot), ce qui est un grand succès pour un parti récent à la ligne essentiellement anti-cléricale, 8,2% pour le mouvement paysan (PSL) et seulement 7,7% pour les sociaux-démocrates polonais (SLD), ce qui est un score extrêmement médiocre et bien inférieur aux sondages les plus défavorables.

L'échec du SLD s'explique très certainement par un vote utile en faveur du RP de Janusz Palikot mais aussi en faveur du parti au pouvoir, de peur d'un succès de son adversaire national-conservateur. Le mouvement de centre-droit PJN a également échoué pour des raisons analogues, avec seulement 2.2% des voix. Enfin, la droite nationaliste et eurosceptique était représentée par trois partis, le Parti de la Nouvelle Droite (NP) et la Droite (avec respectivement 1.1% et 0,2%). Samoobrona, qui n'était présent que dans environ un sixième des circonscriptions, était annoncé autour de 0%, ce qui solde définitivement toutes les ambitions de ce mouvement, qui ne s'en relèvera pas. La LPR (Ligue des Familles Polonaises) a quant à elle totalement disparu, phagocytée par le PiS de Jaroslaw Kaczynski, qui obtient un bon score. Enfin, l'extrême-gauche (PPP) n'obtient que 0,6% des voix.

Selon les estimations, la coalition PO/PSL sortante obtiendrait 239 sièges soit dix de plus que la majorité nécessaire. La sociale-démocratie est laminée, écrasée entre le vote libertaire en faveur de Palikot et le vote utile en faveur des libéraux.

Brèves européennes... (3)

1277196175_euro-russia05_5.jpgPOLOGNE

Ce dimanche 8 octobre, les électeurs polonais décident de leur avenir en votant pour renouveler leur parlement. Deux choix essentiels s’offrent à eux : le PO (Parti Libéral) de l’actuel premier ministre Donald Tusk et le PiS (Parti Conservateur) de Jaroslaw Kaczynski, frère jumeau de l’ancien président décédé. La gauche sociale-démocrate semble à nouveau proposer une candidature de témoignage, alors qu’elle est en outre concurrencée par une liste baroque, anticléricale et libertaire, défendue par un nouveau venu, Janusz Palikot, homme aux deux visages, comme son prénom l’indique, puisqu’il défendait auparavant une ligne politique conservatrice. Tusk a déçu un certain nombre de ses partisans par le peu d’audace de ses réformes, même si son principal adversaire est à lui seul un programme en faveur du PO. En effet, Kaczynski s’est fait récemment connaître pour ses nouvelles diatribes germanophobes, s’attaquant violemment à Angela Merkel, qu’il accuse d’être arrivée au pouvoir par le biais de forces occultes, et de vouloir relancer une politique impérialiste allemande dont la Pologne serait à nouveau victime, tout en maintenant en même temps une ligne russophobe. En outre, il éprouve une vive détestation de l’Union Européenne, même s’il a mis de l’eau dans son vin, renonçant à son hostilité de principe à l’€.

Toutefois, les derniers sondages montrent une quasi égalité entre les deux mouvements, alors que les sociaux-démocrates sont annoncés en dessous de 10% et que la liste Palikot émerge désormais au-dessus de ce seuil. Le PSL (« parti paysan ») est annoncée aux alentours de 9%. Si cette tendance se confirme dans les urnes, Tusk devra probablement s’allier non seulement au PSL mais aussi à au moins l’un des deux partis de gauche. Le bon score attendu du PiS s’explique quant à lui par l’absence de listes nationalistes, car ni la Ligue des Familles Polonaises (LPR) ni Autodéfense (Samoobrona), ce dernier parti ne se remettant pas du suicide de son président-fondateur Andrzej Lepper, ne seront présents.

Selon les résultats attendus en soirée, il est possible que demain la Pologne soit relativement ingouvernable et nécessite la coalition des contraires afin de maintenir le gouvernement en place. Même si le PiS arrivait ce soir en tête des suffrages, il ne bénéficierait d’aucun allié pour forger une majorité parlementaire.

TURQUIE ET UNION EUROPEENNE

Recep Erdogan continue dans ses diatribes envers Israël et envers Chypre. Il a à nouveau rappelé que selon lui Israël, disposant de l’arme nucléaire, représentait une menace pour tout le Proche-Orient. Il continue en outre de menacer Chypre de rétorsions si la partie grecque de l’île exploite à son seul profit les nouveaux gisements sous-marins découverts. Alors que le président français était en visite diplomatique en Arménie, ce dernier en a profité pour tactiquement relancer la question turque en demandant que la Turquie reconnaisse explicitement la politique génocidaire dont les Arméniens d’Anatolie ont été victimes en 1915. Clin d’œil aux électeurs d’origine arménienne, mise en difficulté de la gauche parlementaire, désormais majoritaire au sénat, ou façon de provoquer la Turquie afin de rassurer les électeurs UMP, le coup d’éclat de Nicolas Sarkozy a atteint son but.

En réponse, le ministre des affaires étrangères Ahmet Davutoglu a réagi en demandant à la France de reconnaître le « génocide algérien ». Mais la faute des uns n’atténue en rien la faute des autres, et ce qu’ont subi les Arméniens est de toutes façons sans commune mesure avec la répression colonialiste du mouvement indépendantiste algérien. Ce refus explicite n’est pas surprenant ; il était même prévisible. Mais il permet de montrer le gouvernement turc AKP sous un autre angle. L’AKP continue d’ailleurs de mettre en œuvre la politique néo-ottomane prônée par Davutoglu, en envoyant des entrepreneurs turcs auprès du mouvement de libération libyen. Rappelons que l’Algérie, à laquelle Erdogan a implicitement apporté son soutien, en réponse à l’exigence de reconnaissance de l’arménocide, tout comme l’Egypte et comme la Libye, faisait partie de l’ancien empire ottoman.

La Turquie piétine l’Union Européenne et celle-ci n’ose pas affirmer sa puissance et se faire respecter. Au lieu de rompre les pourparlers d’adhésion, par des biais détournés, certaines institutions bruxelloises associent même la Turquie.

GEORGIE / RUSSIE

Nicolas Sarkozy a tenu également à apporter son soutien au gouvernement géorgien, tout en ménageant Moscou. Qu’il veuille reconnaître la vocation géorgienne à rejoindre l’Union Européenne me paraît une bonne chose, mais ce faisant, il apporte aussi une caution morale au président Saakachvili, qui n’est vraiment pas un modèle de démocrate. Cette maladresse, même si le propos a été beaucoup plus prudent que vis-à-vis de la Turquie, ne va pas dans le sens d’une politique euro-russe qui est pourtant absolument nécessaire. Au contraire, œuvrer à la réconciliation russo-géorgienne, ce qui passe par le départ du président géorgien actuel, reconnaître aussi la légitimité des Abkhazes et Ossètes à disposer d’un état souverain respectant leur identité, et tendre la main à la Russie, voilà au contraire ce qui aurait été une politique utile.

A chaque fois qu’on dit non à la Turquie, il faut dire systématiquement oui à la Russie.

ALLEMAGNE

La CDU redécouvre l’Europe. Après qu’Ursula von der Leyen ait exprimé son soutien à l’idée des Etats-Unis d’Europe dans le cadre d’une politique plus sociale, on découvre Nikolaus Meyer-Landrut, francophile patenté, époux d’une française d’ailleurs. Ce partisan résolu de l’€ mais aussi d’une Europe plus fédérale, proche de Valéry Giscard d’Estaing, semble désormais écouté par Angela Merkel, qui se contraint à une politique plus ouvertement europhile, malgré d’évidentes réticences. Alors que la FDP sombre élection après élection et que le rôle dévolu à la CSU semble s’évaporer, la CDU a besoin de transmettre un nouveau flambeau à une nouvelle génération de responsables chrétiens-démocrates qui sauront dire un grand oui à l’Europe, ce qu’Angela Merkel n’a pas su faire. Toutefois, les élections de 2013 devraient annoncer la victoire d’une coalition SPD/Grünen, sauf si Die Linke réalise un très bon score. Si le PS gagne en 2012 et la SPD en 2013, il y a un danger très fort que la politique d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne soit relancée, ce qui ne serait pas rendre service au projet européen et aux idées (authentiquement) européistes.

25/09/2011

Brèves européennes... (2)

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RUSSIE

Le président Medvedev a renoncé officiellement à briguer un second mandat présidentiel et a apporté un soutien explicite à son premier ministre, Vladimir Poutine, afin que celui-ci soit à nouveau candidat aux élections présidentielles. Plus moderne, moins autoritaire, Medvedev a pu pendant quatre ans mettre en avant ses qualités, qu’il pourra à nouveau utiliser comme futur premier ministre si Poutine est élu, ce dont il est difficile de douter. La Russie continue de payer le traumatisme des années Eltsine, l’opposition se résumant entre les nostalgiques du passé soviétique autour de l’éternel candidat Guennadi Ziouganov, et les libéraux atlantistes, soutenus par les oligarques réfugiés à l’étranger.

Les nationalistes d’opposition, réunis désormais dans la structure unitaire « Les Russes [ethniques] » (Русские), sont surveillés de près par les autorités. D’autres nationalistes, autour du (nouveau) mouvement « Rodina » de Dmitri Rogozine, ou bien du LPDR de Vladimir Jirinovski, sont explicitement ralliés au pouvoir, bien que conservant une indépendance théorique. Rogozine est pressenti par certains journalistes comme l’étendard nationaliste qui étouffera la contestation du régime Poutine sur sa droite. Il pourrait finir ministre des affaires étrangères, ayant démontré ses grandes qualités diplomatiques comme représentant de la Russie à l’OTAN.

Aux yeux des européens de l’ouest, le système russe inquiète. On pourrait sans trop se tromper le qualifier de « démocratie autoritaire ». La Russie ayant souffert de 70 ans de bolchevisme et de dix ans de libéralisme outrancier, et constatant la décadence profonde qui accable les autres pays européens, n’a aucune envie de nous imiter, et on la comprend. Pourtant son avenir est intimement lié au reste du continent, et réciproquement. Nietzsche avait prophétisé qu’au bord du tombeau, l’Europe unie se forgerait et que dans ce cadre la Russie aurait un rôle important à jouer.

Le mandat présidentiel étant passé à six ans, Vladimir Poutine peut demeurer président jusqu’en 2024. A l’instar d’un De Gaulle pour la France, il a réussi à personnifier mieux que personne la fierté russe retrouvée. Il sera donc difficile pour le peuple russe de tourner la page de ce personnage. Avec toutes ses qualités, Medvedev n’a pas pu proposer une alternative crédible à son ancien mentor ; il ne disposait pas des réseaux internes nécessaires pour peser face à la volonté inflexible de Poutine. Mais il continuera en revanche de jouer un rôle de premier plan dans l’appareil gouvernemental russe.

Il existe néanmoins une alternative politique à Poutine, et contre laquelle il n’est même pas sûr qu’il s’opposerait, et elle s’appelle l’européisme. Si l’Europe redevient européenne, et ainsi puissante, la Russie voudra en être.

TURQUIE ET UNION EUROPEENNE (bis)
 
Le gouvernement AKP semble désormais renoncer de plus en plus à la perspective d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne. Il n’est même pas sûr qu’Erdogan la désire encore. Alors que le président turc Gül expliquait dans un journal allemand qu’il prendrait acte du refus d’adhésion si un seul pays de l’UE s’y opposait, l’analyste russe Fedor Loukianov, interrogé par le journal Kommersant, en conclut que « la Turquie renonce au principe régissant sa politique depuis plusieurs années : à savoir à l’aspiration à adhérer à l’Union Européenne ».

Après avoir manifesté son hostilité à Israël, la Turquie réislamisante d’Erdogan menace Chypre, et au-delà l’Union Européenne, de sanctions si l’île grecque exploite les nouveaux gisements de pétrole découverts dans ses eaux. Si, conformément aux règles en vigueur, en juillet 2012, Chypre accède à la présidence de l’UE, la Turquie gèlera ses relations diplomatiques avec elle. Cette démarche est conforme à la stratégie néo-ottomane mise en place par Davutoglu, qui plait tant aux islamistes égyptiens et tunisiens. Erdogan veut incarner le chef de l’islam sunnite, lorsqu’Ahmadenijad aspire à être son équivalent pour l’islam shiite, d’où la politique conciliante entre les deux hommes.

Alors que le message est extrêmement clair, l’Union Européenne semble incapable de réagir pas face à ces provocations. Les européistes authentiques, à la place des dirigeants de l’UE actuelle, sauraient agir et faire respecter notre civilisation.

FRANCE

Le Sénat passe à la fausse « gauche », libérale et libertaire, pour la première fois de l’histoire de la cinquième république. Son rôle est essentiel car il a un pouvoir égal à l’assemblée lorsqu’il s’agit de modifier la constitution, même si en revanche, concernant les autres lois, son avis est essentiellement consultatif. Il est donc avant tout un verrou juridique, chargé d’empêcher toute révolution par les urnes. Cet organisme, par sa nature anti-démocratique, tant dans ce rôle de contrôle juridique que par un mode de scrutin particulièrement archaïque, qu’on opposera ainsi au Bundesrat allemand, devrait disparaître. La « gauche » préfère y remplacer la droite, preuve qu’elle n’est pas démocrate.

En 1958, le général De Gaulle a été appelé au pouvoir par le vote des députés et des sénateurs de la IVème république finissante. Il n’était donc pas en mesure de supprimer le sénat, pour lequel il avait une profonde hostilité. C’est en 1969 d’ailleurs qu’il sera contraint de démissionner suite à son désaveu politique après l’échec de son dernier plébiscite, dont l’objectif était d’affaiblir considérablement les pouvoirs du sénat.

L’existence même du sénat au sein des institutions françaises démontre si besoin est que rien n’est politiquement possible dans le cadre national. Aujourd’hui, majoritairement à « gauche », il sera encore plus destructeur que sous contrôle par la droite. Il avalisera les réformes les plus démagogiques, comme le vote des étrangers extra-communautaires aux élections locales, de l’aveu même d’un haut responsable du Parti Socialiste, et par ailleurs partisan de François Hollande (1).

Tout mouvement authentiquement républicain devrait appeler à la dissolution du sénat, et à la mise en place d’une assemblée des régions élue au suffrage universel direct, et de préférence à la proportionnelle. Nous ne sommes plus en 1871, et le Sénat sous sa forme actuelle est aussi inacceptable d’un point de vue démocratique que l’existence d’une Chambre des Lords chez nos voisins britanniques.

(1) Martine Aubry se réjouit également, suite à cette victoire électorale, de pouvoir mettre en place cette politique, qui ouvertement bafoue les principes de la citoyenneté. Quant à Eva Joly, la candidate "pastèque" d' "Europe"-"Ecologie" (mouvement qui n'est en vérité ni européen ni écologiste), elle déclare ce soir ceci: "parité réelle, proportionnelle aux législatives, droit de vote des étrangers non communautaires...". A l'exception de la proportionnelle, mesure démocratique, les autres propositions sont sectaires. L'idée même de "parité" bafoue le principe de la souveraineté populaire, le peuple étant seul juge de qui il désire pour le représenter, et le troisième point, démagogique et électoraliste, est implicitement communautariste, donc anti-républicain. Le droit de vote doit demeurer l'apanage du citoyen, c'est la base même de la conception démocratique. Ni socialiste, ni démocrate, le PS a trahi Jaurès.