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03/11/2019

Etude des systèmes nationaux subsidiaires: le cas de la Russie.

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Russie.pngConcentrons-nous enfin sur le cas de la Russie.

Cas intéressant comme nous l’avons dit puisque tant sur le plan ethnique qu’institutionnel et historique, la Russie ou « Fédération de Russie » est le plus vaste espace territorial au monde.

La Russie post-soviétique, celle qui existe depuis bientôt près de trente ans, a dû composer pour son équilibre avec un système fédéral.

Avec des « Etats », entités gouvernementales (républiques autonomes), qui représentent leur propre peuple. Des ethno-états donc, unis dans un État.

D’autres parts, des États qui tiennent une légitimité historique et politique en Russie, dénommés oblasts.

Et d’autres, plus récents, russes sur le plan ethnoculturel, dénommés kraïs.

Tout d’abord, pour les États historico-culturels, nous avons outre la Moscovie (qui servit de base comme siège du pouvoir central unitaire russe, de Ivan IV à aujourd’hui), le Novgorod, autrefois célèbre république aristocratique médiévale (1136/1478) qu'a construit le célèbre prince (862/879) païen Riourik, fondateur de la dynastie des Riourikides.

Notons aussi les principautés de Riazan (1097/1521), Vladimir-Souzdal (1168/1389), Iaroslavl (1218/1463), Tver (1247/1485) ou encore la République aristocratique de Pskov (XIIIe/XVIe), où chacune d’entre elles ont retrouvé leur entité dans la Russie contemporaine, sous forme d’oblasts, depuis 1935 (pour Tver), 1936 (pour Novgorod et Iaroslavl), 1937 (pour Riazan) et 1944 (pour Pskov et Vladimir).

Donc les États historiques sont nommés aujourd’hui « oblasts ».

Pour leur accorder un statut particulier, les « ethno-états », on utilise le concept de république autonome.

Comme il serait long d’énumérer tous les ethno-Etats autochtones de Russie, il en sera énuméré une petite partie seulement pour en faire comprendre l’idée générale.

Parmi les ethno-états mongols, il y a la Bouriatie (république autonome depuis 1932), qui représente les Bouriates et la Kalmoukie (république autonome depuis 1957), représentant les Kalmouks.

Parmi les ethno-états turciques, il y a le Tatarstan (république autonome depuis 1920), représentant les Tatars, le Daghestan (depuis 1921), qui représente les Daghestanais et la Bachkirie (depuis 1919, 100 ans donc), pour les Bachkirs.

Parmi les ethno-états caucasiens, il y a l’Ingouchie (république autonome depuis 1992) pour les Ingouches et l’Adyguée (ou Tcherkessie, république autonome depuis 1922) qui représente les Tcherkesses.

Pour la particularité ouralienne, il y a l’Oudmourtie (depuis 1920) représentant les Oudmourtes.

Pour aller plus loin, la Nénétsie par exemple n’est pas une république autonome mais un « district autonome » (depuis 1929), représentant les Nénets, peuple autochtone ouralien, rattachée à l’oblast d’Arkhangelsk.

Deux autres régions frontalières historiquement ont été divisées et rattachées directement à la Russie, comme l’Ossétie du Nord (depuis 1924 et qui ne doit pas être confondue avec l’autre partie où l’Ossétie du Sud avait fait sécession de la Géorgie en 1992), qui représente les Ossètes, peuple indo-iranien (donc indo-européen), ainsi que la Carélie, a cheval avec la Finlande où la partie orientale est russe (depuis 1956) et qui représente les Caréliens, peuple ouralien (finno-ougrien).

Mais également il y a des États qui sont la fusion (superficielle) de deux entités différentes présentes dans le Caucase.

Comme la Kabardino-Balkarie (république autonome depuis 1936), regroupant les Kabardes (caucasiens) et les Balkars (turciques).

Et comme la Karatchaïévo-Tcherkessie (république autonome depuis 1957), regroupant les Karatchaïs (turciques) et Tcherkesses/Adyguéens (caucasiens).

Malgré cette disparité pluriethnique, ces « États dans l’État » sont affiliés à l’État russe, où outre la langue subsidiaire, la langue unitaire et officielle, le russe donc, est imposée, et d’autre part au « président fédéral », affilié au parti gouvernemental « Russie Unie » depuis 2000.

Eugène Guyenne (Le Parti des Européens)

Etude des systèmes nationaux subsidiaires: le cas de la Suisse.

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Passons maintenant au cas de l’équilibre subsidiarité/unité qu'a trouvé un autre État européen, modèle aux yeux de beaucoup, la Suisse.

La Suisse est l’Etat européen idéal tant sur le plan démocratique qu’institutionnel (subsidiaire).

Et il y a une part de vérité tant la « diversité » indo-européenne existe à travers ses régions historiques (Romandie, Alémanie, Suisse italienne) qui ont déterminé la place de ses langues officielles sur l’ensemble du territoire et par l’histoire commune, où les différentes expressions de celle-ci dans les cantons n'ont pas été un facteur de division et où chacun, à partir de 1291, a pu rejoindre librement la Confédération, souvent suite aux « guerres d’indépendance » que la Suisse a menées, et aussi à travers les évènements du XIXe siècle (révolutions de 1789, 1848) et ce malgré le différent religieux et culturel.

L’Histoire de la Suisse est intimement liée à l’histoire de ses cantons.

L’Histoire « nationale » jacobine est alors quasi inexistante si ce n’est lors de la période napoléonienne, ce qui était contextuel, propre aux peuples européens tentant de ne faire qu'un, avec l’influence de la Révolution française de 1789, mêlant aspirations nationales et libérales (démocratiques) inspirant le courant du romantisme.

Pour le côté historique, il est quelque peu anachronique de parler de « Suisse » avant 1291 (date de l’unification de 3 cantons qui avaient fait sécession de l’Alémanie, dont on peut considérer en ce sens sur le même plan que la Suisse est à l’Alémanie ce que l’Autriche est à la Bavière) puisque vivaient divers peuples, que ce soit soit les Rhètes (habitant la région romaine de Rhétie dont une partie se situait dans l’actuel canton des Grisons), les Burgondes et les Alamans (qui étaient venus au Ve siècle).

Et après la mort de Charlemagne, le Traité de Verdun (843) a divisé l’Europe occidentale en trois parties dont la Suisse faisait partie de la Francie médiane (Lotharingie), propriété de Lothaire Ier.

En 1291, les cantons de Schwyz, Uri et Unterwald font sécession de l’Alémanie pour s’unir et créer une confédération et réitèrent ensuite leur unité (en 1315) par le Pacte de Brunnen après la bataille gagnée à Morgarten (contre le duché autrichien).

En 1332, la Confédération connait son premier élargissement, à cinq cantons de plus dont quatre germaniques (Lucerne, Zurich, Glaris, Zoug) et un « latin » (Berne).

En parallèle, la Confédération (de 1450 à 1799) vit l’existence d’un État à part, composé de trois ligues (Ligue Grise, Ligue des Dix-Juridictions, Ligue de la Maison-Dieu).

La bataille gagnée à Grandson (1476) contre le duché bourguignon permit d’autres élargissements et les cantons de Fribourg et Soleure (1481) et Schaffhouse (1501) se joindront eux aussi à la Confédération.

La première division, « guerre civile » intervenait lors des Guerres de Kappel (1529/1531) entre les cantons catholiques et les cantons protestants.

La deuxième division arrivera au moment de l’époque napoléonienne, avec une éphémère « république nationale » helvétique (1798/1803) où d’autres cantons se joindront pour reformer la Confédération après l’Acte de Méditation, avec des territoires germaniques (Argovie, Saint-Gall, Thurgovie), romanche (Vaud), italophone (le Tessin) et un diversifié (le canton des Grisons).

A la veille du Congrès de Vienne, d’autres territoires francophones se joindront come Genève, Neuchâtel et le Valais.

Puis à la veille de la « contagion révolutionnaire », contre les volontés jacobines de la Confédération, les cantons catholiques conservateurs (Lucerne, Fribourg, Valais, Uri, Schwytz, Unterwald, Zoug) vont créer la ligue (sécessionniste) du Sonderbund (1845/1847), allant même engager une guerre qu’ils perdront.

Politiquement, dans les plus hautes instances institutionnelles, la Suisse, dispose :

De conseillers fédéraux (de l’ordre de 7), d’un président de la Confédération (élu par l’Assemblée fédérale, composée du Conseil national et du Conseil des États, mandaté pour 1 an), d’un vice-président et d’un chancelier.

Eugène GUYENNE (Le Parti des Européens)

Etude des systèmes nationaux subsidiaires: le cas de la Belgique.

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Si durant l’Antiquité, la notion de « belge » renvoyait à une partie des gaulois, il aura fallu attendre l’époque contemporaine seulement (1830) pour disposer d'une entité subsidiaire (et indépendante) belge, reflet de son identité (or qu’est-ce que l’identité belge ? », la question se pose éternellement).

Face à ce genre de problématique, elle a depuis 1980 adopté un modèle subsidiaire « fédéral », en institutionnalisant 3 régions : la région de Bruxelles-Capitale, la région wallonne et la région flamande.

Si les principales questions sont réglées à Bruxelles, chacun possède son lot de pouvoir.

Avec un « gouvernement régional » (gouvernement wallon, gouvernement flamand) qui est le siège du pouvoir exécutif de leur région, composé de 8 ministres (sauf à Bruxelles-Capitale : 4 ministres dont 2 francophones et 2 néerlandophones) et d’un « ministre-président » pour chacun, avec un Parlement unicaméral, où Liesbeth Homans (N-VA, Flandre), Jean-Claude Marcourt (PS, Wallonie) et Rachid Madrane (PS, Bruxelles-Capitale) en sont respectivement les présidents.

Étant donné qu’il existe aussi une communauté germanophone, elle possède aussi une existence politique là où elle est, en Wallonie, avec un « Gouvernement de la Communauté germanophone de Belgique », élu par le « Parlement de la Communauté germanophone de Belgique », présidé actuellement par le socialiste Karl-Heinz Lambertz.

Et grâce à la Constitution belge (article 139) il est possible à cette dernière d’exercer politiquement certaines compétences régionales en Wallonie (comme dans le patrimoine, l’emploi et la tutelle sur les communes, fonds des communes, mais pas pour l’emploi des langues dans l’administration).

Ce qu’elle a pu mettre en œuvre déjà à trois reprises.

Cette approche institutionnelle de la subsidiarité correspond beaucoup plus à la réalité historico-politique et humaine de la Belgique, tant les identités (culturelles, linguistiques, religieuses) y sont fortes.

Eugène GUYENNE (Le Parti des Européens)

07/10/2018

Européisme et fédéralisme.

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européisme,fédéralisme,LR,RN,DLFCes derniers jours, Guillaume Larrivé, dans les colonnes du Figaro, a invité à se méfier du « piège européiste » d’Emmanuel Macron, puis Nadine Morano à sa suite, sur les ondes de BFM, s’est opposée à la demande de « toujours plus de fédéralisme ».

Les termes d’européisme et de fédéralisme sont évités par une droite, modérée ou non, dont on dit qu’elle est timide sur la question européenne. Mais ils sont également évités par ceux qui se présentent, à tort comme on le verra, comme les plus ardents partisans de l’Europe.

Or être qualifiés d’européistes ne devrait pas gêner ceux qui, dans leur discours récent au moins, défendent l’Europe. A savoir tous les partis, y compris le Rassemblement national. Quant à ceux qui devraient à juste titre être qualifiés de fédéralistes, nous verrons qu’ils ne seraient pas forcément si éloignés des aspirations de quelques euro-réalistes.

D’abord la ligne préconisée par Emmanuel Macron, comme bien d’autres à gauche et au centre, n’est ni européiste, ni fédéraliste. Que signifierait en effet, pour l’Europe, un statut d’état fédéral ?

Ce serait d’abord un état unifié. Mais seuls les peuples disposent de la légitimité pour demander un état les regroupant. Autrement dit il conviendrait de parler de peuple européen, de nation européenne. On n’en est pas très loin quand on pense au triple héritage, païen, chrétien et humaniste. C’est celui que défendait Valéry Giscard d’Estaing, récemment rejoint par Nicolas Sarkozy qui ajoutait les racines juives.

Ensuite un état fédéral serait un état décentralisé, laissant beaucoup d’initiative à des régions ou états tout court. Ces derniers sont cependant subsidiaires de l’état fédéral.

Le projet européen actuel n’est pas du tout sur cette voie. Il consiste au contraire en une superstructure subsidiaire par rapport aux états la composant, laquelle fait fi de leur parenté de civilisation. Comme elle n’a pas de légitimité, elle n’a pas non plus la puissance pour défendre les Européens vis-à-vis de l’extérieur, sur des sujets comme le commerce, comme les migrations, comme le terrorisme ou les menaces militaires, par exemple. Pour prendre de l’importance, elle s’immisce alors dans le fonctionnement interne des états. Instance sans âme, elle s’appuie pour cela sur les valeurs mondialistes inventées par un club de notables coupés du peuple. En demandant à cette seule fin un transfert à son profit de la souveraineté démocratiquement fondée des états, cette souveraineté finit par être une illusion.

Ceux qui prétendent être partisans de l’Europe ne demandent pas un changement de paradigme. Ils demandent une accélération de la prétendue construction européenne dans le prolongement de ce qu’elle est devenue, autrement dit une dissolution de l’Europe dans un monde de type néo-féodal.

Nicolas Dupont-Aignan a trouvé une bonne image avec le syndic de copropriété. Tout se passe comme si le syndic s’occupait exclusivement de la vie des résidents chez eux, contrôlant leurs habitudes, faisant supprimer les portes palières et exigeant l’accueil de n’importe qui.

Ainsi Manuel Macron est-il un faux européiste et un faux fédéraliste. Mais, suite à un tel dévoiement des idées d’européisme et de fédéralisme, l’on comprend pourquoi ces termes sont honnis par les plus lucides et seulement balbutiés par les falsificateurs. C’est aussi la raison pour laquelle les vrais partisans de l’Europe devront plutôt parler d’une Europe unifiée et décentralisée, annonçant clairement leurs objectifs.

Parallèlement les souverainistes, comme ceux du Rassemblement national ou de Debout la France, sont de faux réalistes. S’ils critiquent à juste titre l’intrusion des instances de l’Union dans le mode de vie des citoyens européens jusque dans ses moindres détails, ils ne proposent rien de sérieux pour leur protection. Marine Le Pen a tenu un discours où l’on retrouvait quelques éléments de langage nouveaux, mais elle est vite revenue à ses habitudes europhobes.

Ces faux réalistes, en fermant la porte aux actions collectives nécessaires à la survie de l’idée européenne, ouvrent la porte aux faux européistes et faux mondialistes. Finalement les uns et les autres ne sont pas de vrais adversaires. Quand les uns n’ont pas la légitimité, les autres n’ont pas les moyens.

D’ailleurs, lorsque Angela Merkel traite directement avec l’Algérie pour y renvoyer des migrants indésirables chez elle, ou qu’elle tente de négocier avec Donald Trump une brèche dans le protectionnisme américain, elle joue une carte souverainiste avec la bénédiction des faux européistes, faux fédéralistes. Comme la Pologne quand elle achète une base américaine.

Voyons, maintenant, quelles seraient les conséquences du choix d’un statut d’état unifié et décentralisé pour l’Europe.

D’abord le fait de fonder l’état européen selon un principe national implique de s’attarder sur l’identité européenne, sur un patrimoine commun, sur le besoin de s’inscrire dans un destin commun. C’est à l’échelle du continent l’équivalent de ce que veulent les pays du groupe de Visegrad ou l’Autriche, quels que puisent être d’éventuels errements dans leur gouvernance. Et c’est ce que veulent majoritairement les citoyens de pays dont les dirigeants sont mondialistes. Par rapport aux euro-réalistes qui veulent s’appuyer sur l’idée de nation, ce serait seulement un changement d’échelle.

Il reste que cette identité européenne recouvre des identités plus spécifiques que les citoyens des anciennes nations ne veulent pas perdre, pour ce qui est des nations méritant encore ce nom, ou veulent retrouver, pour ce qui est des autres. C’est là que la décentralisation entre en jeu. L’organisation en régions devrait être constitutionnelle. Il s’agit bien sûr d’une constitution de l’état unifié, installée en même temps que seront abolies les constitutions antérieures des actuels états membres. Cependant les modifications ultérieures devront être soumises à un accord réparti sur l’ensemble des anciens états.

Cette constitution fédérale laisserait aux régions ou états tout court le contrôle de la vie sociale, de l’éducation et surtout du droit d’installation. Leur identité propre serait alors vraiment pérennisée. Bien davantage qu’en conservant des nations souveraines.

Dans l’image de la copropriété, le syndic exercerait son rôle et seulement son rôle. Ce dernier défendrait son bien vis-à-vis des immeubles voisins et des instances diverses. Mais il ne s’occuperait pas de la vie des résidents, lesquels seront chez eux et abriteront qui ils veulent.

Une telle Europe serait sécurisante, vis-à-vis des craintes manifestées par ceux qu’on appellent les nationalistes. Les Hongrois seraient sûrs de rester hongrois, les Polonais de rester polonais, par exemple. Ainsi aurait-elle un mérite que n’aura jamais le statut d’union entre états souverains que les souverainistes préconisent. En effet ces petits états seront très faciles à soumettre dans des confrontations bilatérales avec un état puissant, comme les États-Unis ou la Chine, voire avec un continent comme l’Afrique. Si bien que ceux qui auront choisi la souveraineté plutôt que l’identité n’auront in fine ni l’identité ni la souveraineté, rejoignant ceux qui veulent détruire l’identité. L’Europe unifiée, au contraire, pourra imposer sa vision des choses au monde entier.

Cela étant, les citoyens des états actuels ne sont peut-être pas prêts à franchir le pas tout de suite. En attendant il convient surtout de préserver l’avenir, en contrant les initiatives de tout ce qu’il y a de mondialiste et de bien-pensant, comme en répondant aux aveuglements nationalistes par des initiatives protectrices. Là les euro-réalistes peuvent apporter leur contribution.

En résumé ce qu’on vient d’exposer porte un nom : c’est l’alliance des visionnaires et des lucides.

Pierre EISNER (Le Parti des Européens)

14/11/2011

Changer d’Europe pour sauver l’Europe

crise des dettes souveraines,zone euro,crise de l'euro,république européenne,fédéralisme,européanité,Thomas FERRIER,PSUNELa crise des dettes souveraines, dont le nom nous rappelle que ce sont bien les états nationaux souverains de l’Union Européenne, et non une Europe fédérale en gestation, qui en sont les responsables, est en train de miner plus de soixante ans de construction européenne. Les premières victimes en sont les Européens eux-mêmes, et tout particulièrement le peuple grec. Les victimes les plus médiatisées en revanche sont les chefs d’état et de gouvernement.

Il y a d’abord eu le suicide politique du premier ministre slovaque, sacrifiant son gouvernement afin de faire voter le nouveau plan destiné à stabiliser la situation, en introduisant un fond européen de sécurité financière (FESF) pour réguler la dette grecque. Il y a ensuite eu le coup de folie du premier ministre Georghios Papandreou, annonçant à la surprise générale, y compris d’une partie de ses ministres, un référendum en janvier au sujet du plan franco-allemand. Papandreou a au final été contraint de démissionner pour être remplacé par Lucas Papademos dans le cadre d’un gouvernement technique d’unité nationale ouvert aux communistes et aux nationalistes du LAOS. Enfin, l’Italie a subi une pression considérable de la part des investisseurs internationaux poussant Berlusconi, qui avait résisté à tous les scandales liés à sa vie personnelle, à démissionner samedi 12 novembre au soir. C’est là encore un technocrate italien, ancien membre de la Commission de Bruxelles, Mario Monti, qui est devenu premier ministre à la tête d’un gouvernement resserré, violemment critiqué dès son investiture par la Ligue du Nord. Enfin, dès le début de la crise, le social-démocrate espagnol Zapatero avait jeté l’éponge et annoncé des élections anticipées qui devraient, sauf surprise, être remportées par le Parti Populaire, largement en tête dans les sondages.

La crise économique de la zone euro a amené les souverainistes et nationalistes à faire entendre leur voix europhobe et/ou eurosceptique, sauf en Grèce où même l’extrême-droite s’est rallié à l’euro et a remercié la France et l’Allemagne pour leur aide. Wilders a à plusieurs reprises répété son souhait de voir la Grèce abandonner l’euro. En France, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, mais la première d’une manière systématique et parfois particulièrement pathétique, prônent l’abandon de l’euro par la France, le présentant de toutes façons comme inéluctable. C’est un faux calcul, puisque c’est seulement en Allemagne que la déception concernant l’€ est importante, les allemands ayant le sentiment de payer pour sauver des pays plus laxistes, alors que c’est en fait leur intérêt profond. Selon un sondage BVA du 3 novembre, 77% des français sont désormais favorables à l’€. Ils ont compris que leur situation sociale et financière dépendait de la survie de la monnaie unique, sa chute annonçant la ruine des petits épargnants, une nouvelle envolée du chômage, déjà fort, et de la précarité. Il ne faut pas aimer son pays ni son peuple pour se réjouir de la crise actuelle de l’€.

Selon une information qui m’a été transmise de source bien informée, l’illusion souverainiste va jusqu’à ce que certains conseillers politiques FN prônent une politique de réarmement pour faire face à une Allemagne à nouveau belliciste après la fin de la monnaie unique. Ces nationalistes et/ou souverainistes entendent répondre à la crise de 2011 par les moyens de 1911. Je ne peux croire qu’une telle ligne puisse réellement convaincre 20% ou plus de nos concitoyens, malgré le malheur qui afflige de nombreux français et européens.

La chute de l’Union Soviétique a démontré l’erreur du marxisme appliqué, les Russes ayant pris une punition économique terrible dans les années 90, les amenant à tomber dans les bras de Poutine, qui a remis la Russie sur les bons rails au prix d’évidentes restrictions aux libertés politiques. Mais tant que le bloc de l’est existait, les régimes libéraux se mâtinaient de social-démocratie afin de ne pas faire le jeu des communistes, et modéraient leur libéralisme de fait. Après l’effondrement de l’URSS, les garde-fous ont sauté, et le libéralisme mondialisé, qu’on appelle « mondialisme », a montré son vrai visage et est tout aussi utopiste et catastrophique que son vieil ennemi défunt. Contre la folie néo-communiste, c'est-à-dire gauchiste, incarnée remarquablement par ces idiots utiles que sont les « indignés », contre la folie néo-libérale, c'est-à-dire mondialiste, qui est en train d’enfoncer l’Europe dans la rigueur et la pauvreté, en cédant à une spéculation débridée et incontrôlable qui ne fait qu’enrichir la Chine, contre la folie nationaliste, qui ne propose que de diviser l’Europe et préparer de nouveaux conflits sur notre continent, la réponse politique doit être à la fois vraiment européiste et vraiment socialiste.

crise des dettes souveraines,zone euro,crise de l'euro,république européenne,fédéralisme,européanité,Thomas FERRIER,PSUNEC’était une ineptie de faire la monnaie unique sans avoir fait de gouvernement européen unitaire, sans que la Banque Centrale soit contrôlée par les électeurs, par le biais des élections de leurs représentants. C’est encore une erreur de faire confiance aux gouvernements des états, qui depuis des décennies ont mis en place une politique suicidaire dans tous les domaines, ouvrant larges les vannes de l’immigration non-européenne et du libertarisme moral, sans tenter de combattre le chômage ou de relancer la natalité indigène. Ils ont toujours échoué, ils sont responsables de la situation actuelle, et il faudrait les maintenir en place, se contentant de prendre la fausse « gauche », la gauche du Système, à la place de la droite, ou inversement ? La force des souverainistes et/ou nationalistes est justement là. Ce que le FN ou DLR appellent l’UMPS, qui n’est qu’une version française d’un CDU-SPD ultra-rhénan, c’est ceux qui nous gouvernent en mettant en place la même politique économique et sociale à quelques différences majeures près tout de même sur d’autres plans (sur l’adhésion turque, sur le droit du sol/droit du sang, sur le mariage homosexuel, sur le vote des étrangers aux élections locales…).

En 2012, Sarkozy ou Hollande sera contraint de maintenir une politique de rigueur qui sera en défaveur du service public, qui contribuera à délabrer l’état de nos rues, qui économisera sur tout, sauf ce sur quoi on pourrait faire des économies décisives. Je songe par exemple à l’indépendance de Mayotte et à l’auto-détermination des autres DOM. Je rappelle d’ailleurs que si la France métropolitaine doit se serrer la ceinture, les DOM eux n’auront qu’une baisse infime des aides économiques de l’Etat dont ils bénéficient. Il est vrai qu’eux n’hésitent pas à descendre dans la rue, comme on le constate depuis des semaines, dans un tabou médiatique complet, par exemple à Mayotte. Les aides aux clandestins continueront (AME…), malgré les protestations de la « Droite populaire », de même que les aides européennes à l’adhésion turque, dont ces mêmes députés réclament l’arrêt immédiat. Enfin, en Allemagne, l’arrêt injustifié, sous la pression des pseudo-écologistes « Grünen », et dont les « Verts » français souhaitent l’équivalent chez nous, du nucléaire civil, est d’un coût exorbitant. Cet arrêt, il faudrait que le gouvernement allemand l’annule, car c’est une erreur monumentale.

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Faire de l’€ la monnaie nationale de l’Europe, monnaie qu’on pourrait élargir à la Russie en prenant au mot la proposition des dirigeants russes, qui soutiennent l’€, de les y associer, monnaie pilotée par une banque centrale européenne au fonctionnement démocratique, contrôlée et orientée par un gouvernement unitaire européen élu, serait la première mesure indispensable. Elle implique de réellement bâtir une Europe politique, fédérale et/ou unitaire, comme le propose le PSUNE. Mettre en place un protectionnisme économique aux frontières de la Grande Europe serait également une mesure particulièrement salvatrice. De la même façon, l’arrêt unilatéral des pourparlers d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne montrerait que les responsables politiques écoutent leur peuple, à défaut de solliciter leur avis par des referenda. Sur ce point, Sarkozy aurait tout intérêt à faire aujourd’hui ce qu’il n’a pas eu le courage de faire depuis quatre ans.

En mutualisant la dette des états nationaux au niveau européen, et en mettant en place une Europe politique nouvelle fondée sur une table rase juridique, on pourrait renégocier à la forte baisse voire même annuler complètement cette dette artificielle, en tout cas les 40% de cette dette liés à des états étrangers (une autre partie de la dette étant entre européens). Et s’il faut que l’Etat (européen alors) soit économe des deniers publics, ce qui est normal, de nombreuses mesures destinées à réduire le coût d’aides sociales abusives mais surtout d’une politique migratoire suicidaire, permettraient d’y parvenir sans faire peser une politique de rigueur supplémentaire sur les travailleurs européens et tout en permettant à l’état de continuer à remplir pleinement ses missions régaliennes. On pourrait commencer en attendant par la mise en place d’euro-bonds garantis par la BCE.

Cette réorientation en profondeur de la politique de l’Union Européenne, impliquant une extension de l’UE aux frontières du continent, donc avec la Russie mais sans la Turquie, et une modification dans le sens d’une démocratie européenne assumée des institutions existantes, avec la dissolution de la commission et des deux conseils au profit d’un parlement européen auto-proclamé assemblée européenne constituante bâtissant de nouvelles institutions, c’est ce à quoi le PSUNE appelle de ses vœux. Nous espérons être lus et écoutés d’un certain nombre de dirigeants européens afin qu’ils nous aident en ce sens à bâtir à partir de l’UE une nouvelle Europe politique, la République Européenne, garante des intérêts du peuple européen, de la nation européenne. Cette république ne pourra pas être autre chose que sociale et vraiment européenne. Elle sortira les Européens du piège fatal du mondialisme dans lequel nos dirigeants nous ont enfermés.

Plus que jamais, en cette période de crise dramatique de l’Europe, alors que la construction européenne actuelle a montré ses insuffisances et prouvé ses égarements de fond, pour empêcher demain une vague de nationalisme europhobe risquant de ruiner encore davantage notre continent meurtri, il faut accorder votre confiance aux européistes socialistes, « euro-socialistes », attachées à l’identité authentique de l’Europe et soucieux de remédier vraiment aux souffrances de notre peuple, les meilleurs défenseurs des ouvriers européens, des paysans européens, des chômeurs européens et des classes moyennes européennes. Aidez le PSUNE à avoir les moyens de ses ambitions, aidez le à émerger. Par votre action, par vos dons, vous pouvez nous porter assistance.

Aidez-nous à faire l’Europe politique démocratique que vous souhaitez en vérité !

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE