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14/07/2019

La France et la Lettonie (1ère partie)

Latvia.jpgQuand les souverainistes et autres chauvino-mondialistes font face au poids de la réalité anthropologique et historique.

Possession des chevaliers prussiens de l’ordre de Livonie entre le XIIIème et le XVIème siècle, sous la couronne suédoise à partir de 1655, puis livrée à l’Empire Russe par le Traité de Nystad, pour être indépendante en novembre 1918 puis aliénée de nouveau sous le joug des Soviétiques en 1944 malgré une résistance acharnée jusqu’en 1953 et étant enfin libre et indépendante en 1991 et intégrée par la suite à l’Union Européenne en avril 2004, la Lettonie a démontré à travers son histoire sa pugnacité à résister et à rester elle-même sans jamais renier son caractère indubitablement européen et sa volonté de participer à l’idée européenne.

Depuis l’éclosion des partis ouvertement europhobes et chauvino-mondialistes tels que l’Union Populaire Républicaine avec son président François Asselineau, la montée de la démagogie et de la moquerie envers ce pays vu comme inexistant par beaucoup de français s’est fortement développée notamment dans la bouche de leurs sectateurs. La dérision exprimée par ces personnes envers la Lettonie a pour but de décrédibiliser la parenté de fait entre tous les Européens, unis par de multiples caractéristiques communes, ainsi que d'accréditer la thèse absurde exprimée par François Asselineau selon laquell les « Français sont bien plus proches des Tunisiens, des Marocains et des Maliens que des Lettons ». Dans cet article je m’efforcerais de présenter le fait que la Lettonie et la France ont bon nombre de points communs dans de multiples domaines permettant de déceler une parenté commune certaine ainsi que des codes civilisationnels incontestablement communs entre ces deux patries et les deux peuples qui la représentent et y vivent, afin d’un jour pouvoir habiter dans notre maison commune : l’Europe.

La Langue

Tout d’abord abordons le domaine de la linguistique, au premier abord; beaucoup diraient que la langue lettonne et française n’ont rien avoir entre elles et qu’aucun philologue sérieux n'a étudié ou comparé ces deux langues dans le but d’y déceler une parenté, au moins des similitudes. C'est pourtant une réponse bien naïve, en effet, car la langue lettone ainsi que la langue française sont d’abord par l’origine toutes deux des langues indo-européennes, ce qui veut dire qu’elles viennent d’une même langue commune a l’origine –le proto-indo-européen- et que les langues reposant sur cette origine ont des éléments lexicologiques, morphologiques et syntaxiques fortement semblables, ce qui est le cas pour le français et le letton bien que ces langues se trouvent ensuite dans des sous-branches, romane pour le français, balto-slave pour le letton. Ces deux langues utilisent aussi toutes deux le même alphabet qu’est l’alphabet latin, la base grammaticale est aussi la même car les deux langues sont bâties avec des phrases construites à partir de la relation sujet-verbe-objet mise à part le fait que la langue lettone ne comporte pas d’article; il en est de même pour les noms et les genres ainsi que pour la conjugaison malgré le fait qu’il y en ait que trois pour le letton. Enfin, les deux langues se développent dans les deux pays respectifs, en effet, le français est parlé par 20 800 lettons en 2010 et l’Union Européenne s’est engagée récemment au développement de l’apprentissage des langues baltiques en Europe de l’Ouest.

La Religion

Des racines jusqu’aux branches, une parenté et des similarités certaines s'expriment. La religion est un marqueur fondamental dans la reconnaissance d’une parenté commune et de caractéristiques sociologiques et religieuses semblables entre la Lettonie et la France pour exposer aux peu éclairés la réalité de la concordance -malgré des différences- du même socle anthropologique religieux commun. D’abord à l’origine par la religion cosmogonique indo-européenne qui est un moyen à l’époque des Indo-européens indivis d’expliquer la formation de l’univers et du monde. On remarque aors de fortes similitudes, par la suite, dans les moyens de pratiquer ce culte -essentiellement debout- ainsi que dans l’explication de la création entre les balto-nordiques et les gréco-romains, les balto-nordiques pensant comme les grecs notamment qu’au commencement n'existait qu'un abîme béant, le Ginnungagap rappelant le chaos primordial grec de la théogonie d’Hésiode.

Cette corrélation de l’explication de la création du monde entre les Européens eut par la suite la conséquence de faire apparaitre des cultes divers plus évolués mais semblables que sont les paganismes d’Europe. On ne peut réellement dire qu’il y a un paganisme proprement français, car les paganismes d’Europe se classent en familles selon les régions d’Europe, et donc sur le territoire actuel que nous appelons français il y eut - malgré la résurgence du paganisme dans ce pays - des paganismes. Malgré cela nous pouvons citer les nombreux rapprochements entre le paganisme celtique –paganisme gaulois majoritairement- et le paganisme letton de part déjà la mythologie notamment avec les dieux de la mythologie lituanienne Dievas dieu du ciel, du tonnerre et dieu suprême ainsi que Saulè déesse du soleil et des morts que l’on peut rapprocher des dieux de la mythologie gauloise Taranis et Belenos qui s’attribuent alors respectivement les fonctions des dieux lettons précédents, ainsi que de Lug pour la fonction de dieu suprême.

Mais ce n’est pas tout, en outre nous pouvons cité aussi Auseklis déesse de la beauté et de l’amour très utilisée dans le folklore letton et qui est semblable à la déesse Belisama, représentant la beauté, l’amour et la force féminine. Pērkons, dieu plus largement balte du tonnerre est à rapprocher aussi du Taranis gaulois. La déesse de la fertilité et de la chance qu’est Laima ainsi que le dieu Jumis accompagnée par Kārta et Dēkla peuvent être associés à Sucellos, dieu de l’agriculture et de la fertilité, connu pour être le dieu au maillet et au tonnelet. Nous ne nous attarderons pas sur l’application du schéma trifonctionnel de Georges Dumézil (1898-1986), père de la mythologie comparée, que l’on peut faire par rapport à la triade gauloise Toutatis-Taranis-Sucellos sans oublier Lug ainsi que la triade lettone Dievas-Pērkons-Jumis. Je ne m’attarderais pas non plus sur la conception de la vie après la mort ainsi que sur la place des démons dans la mythologie lettone, ceux-ci pouvant faire l’objet d’un article entier.

Cette similarité dans la pratique des cultes et de la désignation du divin continue avec l’apparition et le développement du christianisme dans les deux sociétés bien que plus tardif chez les baltes (aux environs du XIIIème siècle). Cependant l’église chrétienne majoritaire diffère, avec d’une part très majoritairement et sensiblement, l’église catholique pour la France en raison de sa proximité avec l’Eglise de Rome et la christianisation progressive, et s’accélérant après le sacre de Charlemagne en 800, bien que commencée à partir du IIème siècle notamment avec le prêcheur Irenaeus (Irénée) alors archiduc de Lugdunum, actuelle ville de Lyon. D’autres part la Lettonie connait les trois églises au sein de son pays mais avec une forte influence et place pour l’église luthérienne malgré le fait que la christianisation du territoire letton et plus généralement des territoires baltes fut faite antérieurement par l’église catholique. En effet, l’église luthérienne compte pour environ 40% des croyants malgré l’augmentation de l’athéisme –du fait de la période soviétique- et des migrations religieuses en direction de l’église orthodoxe de plus en plus nombreuses. La christianisation bien que construite de différentes façons et forgée par deux églises différentes est bien présente dans les deux pays en faisant partie intégrante de la culture et de la formation des deux sociétés.

Pour finir concernant la partie religieuse, je parlerais de la place de la laïcité dans les deux sociétés qui de manière surprenante connait une place similaire malgré des différences ainsi que le fait que les deux pays possèdent l’esprit et applique le principe du Concordat. En effet, concernant la laïcité, la France et la Lettonie l’applique toute les deux, pour la France avec la loi de 1905 ainsi qu’avec la constitutionnalisation du principe même de laïcité depuis 1946 garantissant la séparation de l’église et de l’état, la neutralité de l’état en matière religieuse, la non-rémunération par l’argent public du corps sacerdotal, la liberté d’exercer toute religion et entre autre ne pas en montrer les signes sur la voie publique. La France applique donc une laïcité stricte qui est aujourd’hui singulière de par sa radicalité.

La Lettonie elle, avec la constitution de 1922, proclame depuis une révision intervenue en 1991 la liberté religieuse et précise que l’État est séparé de l’Église. La loi sur les organisations religieuses de 1995 (modifiée en 1998 et 2002) stipule que l’État ne privilégie aucune religion et garantit la liberté religieuse pour les confessions principales. Ni la constitution, ni cette loi ne font référence au concept de religion « traditionnelle ». Cependant, nous pouvons noter quelques exceptions avec notre laïcisme français : d’abord le fait que l’Église catholique bénéficie d’un statut particulier qui résulte d’un accord conclu en 2000 (et ratifié en 2002) et de lois spéciales prises pour son application comprenant toutes sortes de privilèges sur les autres confessions, ensuite la possibilité d’un financement public des religions comprenant des subventions accordées pour la rénovation des lieux de culte; enfin la législation fiscale prévoit des exemptions (impôt sur les biens immobiliers, impôt sur les sociétés, TVA, droits de douane) pour les religions enregistrées. Les deux pays ont aussi sur leur sol un régime concordataire appliqué à certains territoires, l’Alsace et la Moselle pour la France du fait de la loi du 18 Germinal an X qui n’a pas été supprimée du fait que les deux territoires appartenaient ensuite à l’Allemagne en 1870. En Lettonie certaines municipalités appliquent un régime concordataire avec rémunération du personnel des sept religions reconnues par l’état ainsi que l’enseignement de la théologie dans les écoles encadrées par ces municipalités.

Vincent K. (Le Parti des Européens)

11/06/2019

Un Etat, plusieurs langues ?

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PIE.pngPuisque le Parti des Européens propose à l’Europe, la solution d’un Etat unitaire, il n’en reste pas moins complexe d’aborder toutes les questions qui s’y poseraient en conséquence. Comme la question de la langue. Si les États-nations sont basés majoritairement sur une même langue, une langue « nationale », il n’en reste pas moins qu’il existe des contre-exemples d’États-nations reconnaissant officiellement plusieurs langues à la fois, ne constituant donc pas des « langues nationales » mais des langues dédiées à des communautés distinctes.

En Europe notamment, on trouve comme contre-exemples des États comme la Suisse, la Belgique, la Bosnie-Herzégovine, la Russie, l’Irlande et encore Malte. On pourrait même aller plus loin en évoquant d’autres territoires, non reconnus comme États, mais « pays » (au sens large) et où pourtant y sont parlées plusieurs langues. Comme les divers territoires britanniques (Écosse, Pays de Galles, île de Man, de Guernesey, Jersey, Gibraltar), la Catalogne, l’Alsace, le Pays de Bade, la Wallonie ou encore la Silésie.

En effet, prenons 3 cas : Malte, Belgique, Russie. A Malte, on y parle la langue locale, reconnue comme « nationale », le maltais (langue chamito-sémitique). Et l’anglais, langue du dernier occupant. En Belgique, cas très particulier, on n’y parle pas plus le belge (dialecte celtique) depuis l’Antiquité ce qui fait qu’il n’y a pas de « langue nationale », au sens où la langue rassemble les gens de même naissance. Il y a trois langues officielles, toutes issues des anciennes puissances frontalières ayant occupé le territoire (Royaume de France, Provinces-Unies, Saint-Empire-Romain-Germanique).

En Russie et dans de nombreux territoires (oblasts, kraïs), on y parle la langue « nationale », le russe (langue slave). Plus d’autres langues propres aux régions autonomes (pour ne citer qu’un exemple, l’ingouche pour l’Ingouchie), tirant des souches non indo-européennes, qu’elles soient caucasiennes (adyguéen, kabarde, ingouche, tchétchène), altaïques (bouriate, kalmouk, bachkir, iakoute, tatar, touvain, khakasse, tchouvache, altaïen), ouraliennes (komi, mari, oudmourte) ou finno-ougriens (vote, vepse). Seule la langue ossète, composante du groupe iranien est parlée en Ossétie du Nord, région rattachée à la Fédération.

Pour revenir au thème principal, oui il est possible d’avoir plusieurs langues officielles, car il ne s’agit que de cela, dans un Etat. Pour la « cohésion nationale » est-ce que cela remet en cause les principes de l’Etat-nation, du bien commun et d’entente d’une même société ? Non. Le problème de la Suisse et de la Belgique n’est pas la répartition entre trois communautés européennes. Le problème de la Russie, État disparate sur le plan ethnolinguistique, est plutôt lié aux valeurs qui y sont véhiculées notamment par des gens comme le tchétchène Ramzan Kadyrov.

Alors quelle(s) langue(s) officielle(s) pour l’Europe de demain? Certains germanophobes vous répondront l’allemand. Certains anglophobes vous répondront l’anglais. Le latin était un choix de proposition de Gérard Dussouy, en y faisant mention dans son ouvrage « Fonder un Etat européen » parut en 2013, « langue de la civilisation européenne par excellence […] longtemps pratiquée par toutes les populations éduquées d’Europe » (voir l’interview de Thomas Ferrier le 2 juin 2013). L’ « europaiom » (proto-indo-européen modernisé) est une des pistes d’ouverture à étudier. Le Parti des Européens a un avis sur cela : les langues les plus parlées par les Européens devront être reconnues et praticables sur l’ensemble du territoire (sans être un chiffre conséquent ni exhaustif) : 7. Soit l’anglais, le français, l’allemand, l’espagnol, l’italien, le russe et le polonais, soit deux langues germaniques, trois langues romanes, deux langues slaves. Plus les langues régionales, propres aux régions (le dialecte navarrais, badois, mannois, vénitien, etc…).

Eugène Guyenne (Le Parti des Européens)

10/06/2019

La question des minorités ethniques européennes en Europe

Z.jpgAfin d’éviter tout malentendu, cet article n’aura pas pour but de réveiller une quelconque velléité de domination d’une communauté ethnolinguistique envers une autre. Mais au contraire, d'essayer d’aborder une problématique devenue (heureusement) marginale au niveau européen, quoique encore présente dans certaines régions (Balkans, Caucase), à travers l’histoire contemporaine (suivant le schéma universitaire post-1789), ce qu’il en est aujourd’hui et les possibilités pour demain.

Pour faire un petit rappel historique, la problématique des « nationalités », des minorités ethniques en Europe remonte au milieu du XIXe siècle et plus précisément sous l’empire austro-hongrois, où la double couronne rassemblait à l’intérieur des Germains (Allemands, Autrichiens), des Slaves (Tchèques, Slovaques, Slovènes, Polonais, Ukrainiens, Serbes, Croates), des Latins (Italiens, Roumains) et des Magyars (Hongrois). Avec une multiplicité de différences religieuses : chrétiennes (à l’écrasante majorité, un peu moins de 95% : catholiques, protestants, orthodoxes), juive et musulmane (1,3%).

Après les révolutions en 1848, deux courants se sont développés tels que le panslavisme et l’austro-slavisme. Le premier courant visait à l’unification politique des différents territoires slaves. Le second courant visait au contraire au rattachement politique des Slaves sous la double-couronne. On peut aussi mentionner e cas de l’empire russe, où la couronne tsariste rassemblait des Slaves (Russes, Ukrainiens, Biélorusses, Polonais), des Finno-Ougriens (Finnois, Estoniens), des Latins (Moldaves), des Turcs (Tatars, Kirghizes dont Kazakhs, Turkmènes, Ouzbeks) et des Caucasiens (Géorgiens, Arméniens, Ingouches, Tchétchènes, Tcherkesses). Avec une multiplicité de différences religieuses là aussi : chrétiennes (majoritairement : orthodoxes, catholiques, uniates et protestants) et musulmanes. Ces minorités ethniques vont perdurer au cours du XXe siècle, malgré la révolution russe de 1917 et la recomposition territoriale en Europe centrale et orientale après la Grande Guerre. Puisque la Russie ou Grande-Russie, calquée sur un système impérial socialement marxiste, sera constituée d’une multitude de républiques socialistes : le Tatarstan en 1920 (pour les Tatars), la Kabardino-Balkarie en 1936 (pour les Kabardes), l’Adyguée en 1922 (pour les Adyguéens), l’Arménie en 1920 (pour les Arméniens), la Géorgie en 1921 (pour les Géorgiens), l’Ukraine en 1919 (pour les Ukrainiens).

La recomposition territoriale en Europe centrale et orientale, via les traités de paix, avait prévu la dissolution de l’empire austro-hongrois et du retour à une petite-Autriche et une petite-Hongrie. Pour ce qui est de l’Europe centrale, la Tchécoslovaquie émerge sous la forme de la Première République en 1918, incluant des territoires exclusivement slaves (tchèques, slovaques, ruthène subcarpathique jusqu’en 1945). D’abord unitaire puis fédérale, la Tchécoslovaquie va ensuite perdre la Ruthénie subcarpathique qui sera rattachée en 1945 à la RSS d’Ukraine. Après le coup de Prague (1948), elle va devenir centraliste, totalitaire, socialement communiste via le parti unique au pouvoir, avant de mourir lors de la "révolution de velours" (entre le 16 novembre et 29 décembre 1989) dont Vaclav Havel fut l’un des plus célèbres partisans, provoquant ainsi petit à petit la scission entre Tchèques et Slovaques, avant d’être définitive en 1993.

Pour ce qui est des Balkans, la Yougoslavie émerge via le « Royaume des Serbes, Croates et Slovènes » après un front commun en 1912 mené par la Ligue Balkanique (comprenant la Grèce, la Serbie, le Monténégro) contre l’Empire ottoman, la même année où l’Albanie prend son indépendance. Cette première Yougoslavie comprenait donc les royaumes serbe, monténégrin, croate et les régions de langue serbo-croate de Voïvodine (majoritairement orthodoxe, avec des minorités allemandes, magyares ou encore roumaines), de Bosnie-Herzégovine (avec des religions orthodoxe, musulmane et catholique) et de Slovénie (de langue slovène et de religion catholique). Après les défaites de l’Italie fasciste et de la Croatie oustachi, la Yougoslavie devient un régime dictatorial de type socialiste, que Tito, après une rupture avec l’URSS de Staline à la fin des années 1940, va diriger de 1953 à 1980.

A sa mort, c’est Slobodan Milosevic, deuxième homme du KPJ (Parti Communiste Yougoslave), qui après avoir organisé des révolutions en Voïvodine et au Monténégro, va décider de supprimer le statut d’autonomie du Kosovo en 1989, réveillant le nationalisme albanais où Ibrahim Rugova va faire de cette région une république par une déclaration constitutionnelle. Réveillant ainsi le début du conflit contemporain où l’Histoire montre que ce territoire n’était qu’une succession d’occupations politiques serbes et turques et entre populations serbes et albanaises (dont la première population était illyrienne, ancêtre des Albanais, occupation serbe entre le XIIe et XIVe siècle puis entre 1912 et 1939, occupation ottomane entre le XIVe et XIXe siècle) qui s’étaient pourtant battus ensemble en 1389 (car les Albanais, minoritaires encore à l’époque, étaient catholiques ou orthodoxes).

Sous la République socialiste d’Albanie, Enver Hoxha va interdire la pratique religieuse en 1967 et « désislamiser » le pays. Alors aujourd’hui qu’en est-il de ces minorités ethniques européennes ? En Russie, les minorités turciques, mongoles et caucasiennes bénéficient d’un statut à part de « république autonome », tout en étant intégrées à la Fédération. Et les présidents de ces territoires appartiennent majoritairement au parti du gouvernement « Russie Unie ». C’est le cas de Murat Kumpilov en Adyguée, de Alexey Tsydenov en Bouriatie, de Vladimir Vassiliev au Daghestan, de Vladimir Volkov en Mordovie, de Rustam Minnikhanov au Tatarstan ou encore de Ramzan Kadyrov en Tchétchénie.

Globalement, les Balkans connaissent une nouvelle prospérité. Malgré le conflit serbo-kosovar évidemment, qui a vu récemment une nouvelle modification territoriale. Comme le changement de nom pour la Macédoine slave, devenue « Macédoine du Nord » pour être différenciée de la Macédoine hellénique. Malgré la chute de la Yougoslavie, il existe toujours des minorités ethniques. Représentées par des partis politiques. En Serbie, avec des minorités albanaise et hongroise représentées respectivement par la Coalition albanaise de la vallée de Presevo et la Coalition hongroise. En Grèce, avec une minorité macédonienne par le Vinozhito. En Roumanie, il y a une minorité hongroise, représentée par le Parti Populaire Hongrois de Transylvanie. En Italie, il y a des minorités germaniques et slovènes, représentées respectivement par le Süd-tyroler Freiheit et le Slovenska Skunopost. Et en Autriche, avec une minorité slovène via l’Entna Lista.

Si comme on l’a dit, les conflits ethniques sur l’ensemble du territoire européen se sont globalement apaisés, et il faut s’en réjouir, ces minorités n’ont pas trop leur mot à dire dans les Etats dans lesquels ils sont (puisque la seule langue reconnue en Serbie est le serbe, l’Autriche, l’allemand, le grec en Grèce, le roumain en Roumanie, etc…). Demain, la République européenne ne reconnaîtra plus les Etats-nations actuels existants. Puisqu’ils sont jacobins pour la plupart et divisent l’Europe. Seul un modèle d’Etat européen unitaire et décentralisé pourra régler une bonne fois pour toutes cette question. Il y a déjà cette erreur française consistant à de confondre « nationalité » et « citoyenneté ». Lié à l'idée de "naissance", "nation" et "nationalité" doivent s'interpréter comme des notions d'ascendance commune partagée.

Un basque n'a pas forcément la même "nationalité" qu'un occitan et pourtant tous deux ont factuellement la "citoyenneté" française. Il n’y aura donc pas plusieurs nations au sein de l'Europe-Nation, puisque la "nation" n’a pas seulement un sens de "natif". C’est un préalable mais ça ne fait pas tout : car ils doivent aussi témoigner d'une conscience d'appartenir à une même communauté. Après cet examen de conscience, cela se traduira par une révolution (qui sera démocratique), puis par l'établissement d'un État en finalité où ceux-ci ne forment plus qu'un politiquement. Il y a des nationalités aujourd’hui mais ça n'en fait pas des nations ! Les exemples sous la Double-Couronne et la couronne tsariste ont été démontrés. Aujourd'hui, les minorités ethniques slovènes en Italie et Autriche, sont-elles pour autant une "nation" ? Des nationalités éparpillées auprès de leur Maison-Mère ! L'Europe a vocation a être une Nation, puisque réunissant au préalable des Européens de même souche civilisationnelle. Nous sommes encore au stade encore de la prise de conscience commune. Les minorités garderont leur "nationalité" mais qui ne sera pas juridique. En revanche ils seront de nationalité ("citoyenneté") européenne, celle-ci définit uniquement sur le principe d'ascendance.

Eugène Guyenne (Le Parti des Européens)

16/09/2018

Les christianismes d’Europe.

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Eglises.jpgDans cet article, je ne m’attarderai non pas à l’essence du Christianisme, ni des subtilités doctrinales qui existent en son sein dans ses différentes branches, mais plutôt sur l’évocation des christianismes qui sont nés en Europe sous un angle historique et dont la plupart n’ont pas dépassé les limites méditerranéennes, caucasiennes ou encore atlantiques.

Si l’on connaît le premier christianisme, celui de Rome, donc le catholicisme, le christianisme dans son sens propre a vu émergé d’autres courants où finalement du point de vue de Rome, tout courant qui n’était pas fidèle à elle, était considérée comme une hérésie.

Il y avait l’arianisme (et non aryanisme), doctrine d’Arius, ayant existé au bas-empire, considérée comme hérésie en 325 par le premier concile de Nicée. On a bien sûr le catharisme, qui a existé entre le Xème et le XIVème siècle, notamment dans le Midi de la France, avec des vestiges actuels tels que le château de Montségur dans l’Ariège, bastion cathare par excellence. Existent aussi l’Église vaudoise, de Vaudès (1140-1271), riche marchand de Lyon, qui naît en Italie à la fin du XIIe siècle ou encore le hussitisme, doctrine de Jan Hus (1369-1415), théologien tchèque.

On a aussi un autre important courant du christianisme, qui est le protestantisme, qui, celui-ci, naît en Europe. Son précurseur, Martin Luther, fonde les débuts doctrinaux en 1517 avec ses 95 thèses, où l’on peut même parler de luthérianisme, qui s’est développé essentiellement en Europe, dans les régions germaniques (Allemagne, pays baltes, Scandinavie). Également dans le protestantisme, existe le calvinisme, qui vient d’un autre grand théologien protestant français, Jean Calvin, au cours du XVIe siècle. A ce courant, existe une composante supplémentaire, le puritanisme, qui est propre au monde anglo-américain donc pas intégralement européen, et fortement exposé par la figure d’Oliver Cromwell ou des célèbres quakers. On a enfin un autre courant anglais, plus ancien, qu’est l’anglicanisme, issu du schisme avec Rome en 1534. Celui-ci existe dans les pays anglophones, dont les anciennes colonies britanniques.

Dans l’orthodoxie, il n’y a pas vraiment de courant, mais plutôt des orthodoxies chrétiennes nationales. Où l’écriture et l’orthodoxie serbe par exemple diffèrent de l’écriture et de l’orthodoxie russe ou grecque, prenant son essence dans l’empire byzantin, où en 610 le grec y devient la langue officielle. L’Orthodoxie rime souvent avec la culture slave et l’écriture cyrillique, de Cyrille (827-869), où avec son frère Méthode (évêque de Sirmium, en Serbie actuelle) ils ont évangélisé les peuples slaves d'Europe centrale. Et le schisme (rupture) religieux entre Rome et Byzance a eu lieu en 1054, lors duquel le patriarche de Constantinople et les légats du pape s’excommunient réciproquement. Ce schisme va continuer en 1182 par le massacre de la population de Constantinople par les Latins et la rupture politique entre les deux parties de l’Europe, a lieu en 1204, par le sac de Constantinople lors de la quatrième croisade.

Le gallicanisme, voit une émergence en plusieurs temps avant de chuter. Son origine date du conflit entre le roi de France Philippe le Bel et le pape Boniface VIII. En 1438 sous Charles VII où l’évènement de la Pragmatique Sanction de Bourges limite les prérogatives du pape et affirme la supériorité des décisions des conciles de Bâle et de Constance sur celles de Vatican. En 1682 par Bossuet (évêque de Meaux) écrit les Quatre articles gallicans de 1682, signés par l'assemblée des évêques de France, permettant ainsi au gallicanisme de durer dans le clergé français. Puis en 1801, Bonaparte négocie le Concordat de 1801 avec le pape Pie VII, qui met fin à l’Église gallicane. Le jansénisme, doctrine de Jansénius (Cornelius Jansen) dans son texte "L’Augustinius", développé au XVIIe et au XVIIIe siècle, essentiellement en France, est de son côté en rupture avec le pouvoir royal dès Louis XIV. Je pourrais aussi évoquer les différents ordres monastiques mais je préfère en rester là, sur l’évocation de différents courants chrétiens qui ont principalement émergé en Europe.

Eugène GUYENNE (LPE)

19:07 Publié dans Histoire, Religion | Lien permanent | Commentaires (5) |

09/09/2018

Paganisme et christianisme populaire, remparts de la civilisation européenne.

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pendentif-argent-croix-celtique.jpgLe Parti des Européens souffre d’un malentendu quant à ses positions sur les questions de religion, donnant parfois l’impression aux euro-chrétiens qu’il s’oppose à eux.

Pourtant, le programme du parti explicite clairement la défense des religions d’Europe dans leurs espaces enracinés, à savoir non seulement l’euro-paganisme sous ses différentes « chapelles » mais aussi les trois christianismes (catholicisme, réforme et églises orthodoxes nationales), le judaïsme en raison de l’ancienneté de sa présence historique en Europe, comparable au parsisme en Inde, et l’islam enraciné qu’on retrouve dans les Balkans, dans le Caucase et dans certaines républiques autonomes de Russie (comme le Tatarstan). C’est la notion d’enracinement sur la longue durée qui est ici essentielle.

L’analyse historique des origines proche-orientales du christianisme, tant sur le plan historique (Ramsay Mac Mullen, Thomas Römer…) que philosophique (Friedrich Nietzsche, Jean Soler, Michel Onfray…), ne saurait se confondre avec une démarche politique.

La réalité sombre de la christianisation, à partir du règne de Constantin, loin du conte pour enfants d’une conversion spontanée et heureuse des Européens, doit être acceptée comme le fait historique indiscutable qu’il est. Le christianisme était l’une des religions orientales qui s’est développée au bas-empire, comme le mithraïsme et le manichéisme, et Constantin fut un Açoka qui a réussi (le roi indien Açoka échoua à imposer le bouddhisme aux Indiens).

Constantin y trouva son intérêt, considérant l’adhésion au monothéisme comme une manière de renforcer l’autocratisme et tous les rois « barbares » qui l’imiteront agiront dans le même sens. « Un seul Dieu, un seul roi ». La disparition de la démocratie scandinave à l’époque viking au profit de la monarchie est concomitante de l’adoption du christianisme. Les résistances furent nombreuses et ce pendant des siècles. Ainsi trois siècles après la conversion de Vladimir, des prêtres païens animent encore la révolte à proximité de Kiev. Et cinq siècles après la loi de Théodose de 392 interdisant le culte des dieux, suivi en 394 de l’interdiction des Jeux Olympiques, la Laconie autour de Sparte était encore majoritairement païenne.

Le pape Grégoire Ier autour de l’an 600, confronté aux résistances des Européens païens, décida d’une politique audacieuse, qui a été de récupérer les lieux de culte et les divinités locales des païens, de les christianiser en offrant aux populations des substituts acceptables. C’est ainsi que des saints imaginaires succédèrent aux dieux, que les fêtes païennes devinrent les fêtes chrétiennes, et que des pans entiers de la tradition indo-européenne furent sauvés par une église qui trois siècles avant ne rêvait que de la faire disparaître.

C’est ce que l’on nomme le pagano-christianisme ou la double foi (en russe : двоеверие) et qui a été la religion de l’Europe chrétienne médiévale. C’est ce christianisme populaire et laïc, s’opposant aux dogmes du clergé, qui constitue encore la religiosité de l’Europe contemporaine, avec ses baptêmes et ses mariages à l’église. Il est bien différent des « valeurs devenues folles » fustigées par G. K. Chesterton et en revanche encensées par le pape François et par un clergé fondamentalement athée et qui ne prône plus d’un vague globalisme moral. C’est le christianisme du bon sens de l’Européen moyen, qui refuse l’implantation de migrants, comme en Pologne et en Hongrie. C’est le christianisme de Salvini ou d’Orban face au pape. C’est le christianisme modeste et sans excès de Vladimir Poutine. C’est moins le cas de Jaroslaw Kaczynski, qui paraît trop bigot.

Le christianisme populaire n’est pas en effet la bigoterie sectaire, mais une religiosité tolérante et la manifestation de la fidélité à ses ancêtres, à ses parents. Un tel christianisme ne s’oppose pas à la renaissance païenne mais l’accompagne même avec bienveillance.

Car la révélation de ce début du XXIème siècle en Europe, c’est le retour du paganisme ou euro-paganisme (pour le distinguer des polythéismes non-européens), et notamment en Europe scandinave et en Europe centrale et orientale. Il n’est pas tant une réaction au christianisme clérical qu’une affirmation identitaire d’une religiosité plus nationale, plus enracinée encore, mais aussi plus proche de la nature. La « vraie religion de l’Europe » n’entend pas reprendre sa place ancienne en imitant la religion qui s’est substituée à elle. Elle ne rêve pas d’une revanche ni d’un nouveau Julien. Peut-être espère-t-elle en revanche un Numa Pompilius pour l’organiser et lui donner les moyens de son culte.

En effet, sous la forme d'asatru dans les pays germano-scandinaves, de la rodnoverie « foi native » dans les pays slaves, en Ukraine comme en Russie pourtant contextuellement opposées, et sous divers noms partout sur le continent (suomenusko en Finlande, hellenismos en Grèce, Ősmagyar vallás en Hongrie, religio romana en Italie, draiocht « druidisme » en Irlande, romuva en Lituanie, hetanosyun en Arménie), l’euro-paganisme est à nouveau présent en 2018. Beaucoup d'euro-chrétiens l'acceptent volontiers et sont loin de s'en offusquer, à la différence du Vatican qui s'en inquiète.

Il ne faut pas opposer euro-paganisme et euro-christianisme ou « christianisme populaire européen », mais les associer pour susciter le renouveau spirituel qui fait défaut à l’Europe et pour en faire les instruments de la résistance au globalisme, un globalisme soutenu par l’actuel Vatican comme paradoxalement par ses pires adversaires. Le bon sens de l’Européen, chrétien comme païen, sera la réponse appropriée pour en triompher.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

02/08/2018

Invoquons Mars, père des Européens !

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Mars, père des Européens.

Ares (bust).jpgIl est le dieu latin de la guerre, et si son nom de Mars est connu de tous, il était également appelé Mamers et surtout Mavors, directement issu de son nom indo-européen originel *Maworts (génitif *Mawertos), désignant le dieu de l’orage et de la guerre, correspondant au dieu letton Martins et aux divinités indiennes de l’orage, les Maruts, qui font partie du cortège d’Indra. Sous d’autres noms indo-européens, Mars correspond au Thor scandinave ou au Perun slave, et bien sûr à l’Arès grec.

C’est le dieu du « printemps sacré » (uer sacrum), lorsque toute la jeunesse d’une tribu est envoyée fonder une nouvelle cité guidée par un animal sacré associée au dieu. Les Mamertins furent guidés par le dieu en personne sous sa forme physique, comme leur nom l’indique. Les Eques furent guidés par un cheval envoyé par Mars, tandis que les Taurins avaient été guidés par un taureau, les Hirpins pas un loup, les Picéniens par un pivert, et toute la nation italique, le nom originel étant Vitalia, le pays des (troupeaux de) veaux, est en réalité associée au dieu Mars.

Parmi tous les peuples et au sein des peuples latins, la cité de Rome est des plus éminentes. La tradition attribue sa fondation à deux jumeaux, Romulus et Rémus, fils de Mars et de la vestale Rhea Silvia, elle-même fille de Numitor, le roi d’Albe, et que son oncle Amulius avait fait enfermer. Les jumeaux furent protégés par un pivert et une louve envoyés par leur père. Et un couple de bergers les adopta, ignorant leur origine divine et royale. C’est ainsi que Mars fut qualifié de « père des Romains ».

Lorsque Romulus et ses hommes enlevèrent les filles sabines, les mariages furent bénis par Venus Cloacina, épouse de Mars. C’est ainsi que Rutilius Namatianus, douze siècles plus tard, dira des Romains qu’ils associent les qualités réunies de Mars et de Venus, mère d’Enée par ailleurs. C’est sous la forme d’un nuage d’orage que Mars enlèvera par la suite son fils Romulus, devenu alors le dieu Quirinus, et l’emmènera sur l’Olympe.

Père des Romains, il s’assura toujours d’intervenir aux côtés des légions face au danger et plusieurs soldats à plusieurs époques témoigneront de la présence à leur côté d’une figure puissante galvanisant leur élan guerrier. Il est vrai que les Grecs aussi chantaient le péan afin qu’Arès soit parmi eux. Protecteur de César, qui dédaigna malgré tout ses avertissements, comme lorsque le dieu fit tinter ses lances dans la Regia la veille de son assassinat, il veilla auprès d’Octavien et d’Antoine afin que le dictateur soit vengé. C’est Mars Vengeur (Ultor) qui porta la colère des légions contre Brutus et Cassius. C’était aussi Mars Vengeur qui avait incité Brutus l’ancien à chasser les rois étrusques, Brutus qui avait dédié le poignard de Lucrèce au dieu puis offert un champ à celui-ci, le Champ de Mars (Campus Martius).

A la tête des armées de la république, il était Mars Gradivus, qui parcourt le champ de bataille afin d’occire les ennemis de la cité. Et en temps de paix, il devenait Mars Quirinus, « rassembleur du peuple », et à l’occasion protecteur du blé contre la rouille, agissant en guerrier même sur le champ du paysan latin.

Par la guerre, il amenait la paix. On l’honorait comme Mars Pacifer, lorsqu’il apportait la paix, et comme Mars Pacator, quand il revenait vainqueur de la bataille. Bien avant le dieu du soleil (Sol Invictus), Mars était dit Invictus, c’est-à-dire invaincu et invincible. Il était souvent simplement vainqueur, Mars Victor, aux côtés d’une Venus Victrix l’accompagnant tout comme Nerio, Bellone et Minerve au combat.

Au sein de la légion, Mars était devant et harcelait l’ennemi, il était Propugnator. Les cris de colère des Gaulois invoquant leur dieu champion, Camulos, lui répondaient. Et lorsque la légion était triomphante, et que l’empire s’étendait, il était honoré comme dieu Propagator. C’est ainsi que les valeurs de la Rome italique s’étendaient jusque dans les provinces orientales, sans grand succès ceci dit dans ce dernier cas.
L’empereur Maxence, face à Constantin qui se tournait vers un dieu étranger, honora à son tour Mars Propagator et donna même à son propre fils le prénom de Romulus. Il reconstruit quatre-vingt temples à Rome comme l’empereur Auguste en son temps s’en était vanté dans ses Res Gestae. Et Julien lui-même voulut sacrifier à Mars avant sa guerre contre les Perses. Mais le dieu ayant envoyé des signes contraires, tout comme César avant lui, Julien négligea son message et trouva la mort au combat, transpercé d’une lance revendiquée par le parti chrétien.

Mais Mars était là en témoin silencieux lorsque l’armée européenne d’Arbogast fut écrasée par l’armée chrétienne de l’empereur Théodose. Il ne sauva pas Rome car il avait promis douze siècles, et pas un de plus, à Romulus, comme les douze vautours que ce dernier avait vus dans le ciel.

Et aujourd’hui, alors que l’Europe est menacée comme jamais elle ne l’a été de toute son histoire, et que son existence même est en question, il est temps d’invoquer la puissance de celui qui ne fut pas seulement le père des Romains mais qui est aussi celui de tous les Européens, amis de la bravoure comme les qualifiait Hippocrate il y a 2.500 ans, de tous ces *Āryōs ancestraux dont Arès porte le nom.

Mars, uigila !

16/02/2018

Vladimir et la conversion de la Russie.

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Vladimir,Viking,rodnoverie,paganisme,PerunUn film russe dédié à la figure du fondateur de la Rus chrétienne, Vladimir dit « le soleil rouge », est sorti récemment sous le titre français « Viking. La naissance d’une nation ». La vision qui est présentée de Vladimir s’inscrit pleinement dans la vision poutinienne de la nouvelle Russie, et il faut songer qu’un représentant du patriarcat de Moscou a récemment dénoncé avec des mots très véhéments les mouvements néo-païens russes qui sont en plein essor.

Dans ce film, essentiellement consacré à la période païenne de Vladimir mais qui se conclut par sa conversion et celle de son peuple unanime, il y a clairement deux temps, celui des ténèbres et celui de la lumière.

Pendant sa période païenne, Vladimir se montre aussi cruel que ses frères et compagnons d’armes. Il s’appuie même sur des vikings, en réalité des varègues suédois, pour asseoir son assise. On voit furtivement un de ses compagnons porter un marteau de Thor autour du cou.

Lorsqu’il entre dans Kiev, il fait démanteler les piliers cultuels représentant les dieux de son prédécesseur, épisode a priori inventé puisque les dieux sont les mêmes pour tous, et fait installer se dieux, ce qui en revanche est conforme aux chroniques. On reconnaît le pilier cultuel représentant le dieu Perun avec ses moustaches argentées à l’intérieur du sanctuaire (slave khram). A aucun moment, les noms des dieux ne sont révélés dans le film, pas même Perun. Ce sont des dieux « sans nom ». Aucun acte de piété du païen Vladimir n’apparaît.

Les prêtres, qui dans la mythologie slave sont les volhvy, équivalent des druides, généralement barbus et habillés de blancs, et connus pour leur sagesse, sont représentés dans le film quasiment nus, le crâne rasé, avec des peintures sur le corps, et incapables de prononcer autre chose que d’énigmatiques mantras. Lors de la fête de Jarilo, les païens dansent comme sous l’effet de produits, et se recouvrent le visage de sang, à l’instar de la fiancée de Vladimir. L’image qui est donc celle du paganisme est clairement caricaturale et en contradiction avec les faits historiques.

En revanche, quand les païens se convertissent au christianisme, vers la fin du film, ils sont tous habillés de blancs, le sourire sur le visage, toute cruauté antérieure ayant disparu. C’est bien évidemment le contraire de la réalité, puisque le paganisme résista pendant deux siècles, de nombreuses révoltes ayant lieu jusqu’en 1227, qui fut la dernière tentative de restauration païenne.

Vladimir Poutine s’identifie naturellement à ce même Vladimir, qui a fait de la Rus de Kiev, ancêtre de la Russie (et de l’Ukraine), un pays chrétien par simple réalisme politique, comme Clovis un demi-millénaire avant lui. S’il n’a pas choisi le catholicisme, c’est sans doute parce que le roi des Polanes, Mieszko, avait fait ce choix. Il s’agissait donc de s’en démarquer. Il est sûr aussi que Vladimir fut impressionné par le décorum des églises byzantines.

Mais la religion slave et donc russe n’était aucunement une religion de moindre valeur. Elle avait été influencée par la religion scandinave alors florissante, surtout par sa version suédoise, les Suédois étant de tous les Scandinaves ceux qui résistèrent le plus au christianisme, à l’instar du roi Blotsven d’Uppsala. Le paradoxe fut que les prêtres orthodoxes réussirent à apporter en Russie les dieux de l’Olympe eux-mêmes, comme Дий (Zeus) et Арей (Arès).

En outre, la transition entre dieux païens et saints orthodoxes fut assez douce et longue. Saint Basile cache mal le dieu Volos, équivalent de l’Hermès grec et comme lui dieu des troupeaux, et Saint Elie monté sur son char rappelle volontairement le dieu Perun. Tout comme Saint-Michel en Gaule cache parfois assez mal le dieu celte Belenos. La double foi pagano-chrétienne (двоеверие) qui caractérise l’Europe « chrétienne » et la Russie pas moins, tout comme la Grèce byzantine (songeons au culte de Sainte Dimitra à Eleusis, haut lieu du culte de la déesse Déméter), a été le résultat d’une christianisation sous contrainte et qui n’a été en conséquence que superficielle. Vladimir a imposé à ses guerriers, qui avaient prêté serment, tout comme Clovis, sa conversion politique. Cet acte lui ouvrit les portes de l’Europe chrétienne, tout comme les autres rois slaves et scandinaves. Seuls les Lituaniens résisteront encore plusieurs siècles avant de céder à leur tour, excédés par les attaques permanentes des croisés chrétiens destinées à leur faire abandonner les dieux de leurs pères.

Ce renouveau des fois natives d’Europe, qu’on appelle « paganismes », et qui caractérise tout le continent, de l’Islande à la Russie, de l’Espagne à l’Arménie, de la Grèce à la Suède, aura lieu. Nul ne pourra l’entraver. C’est la réponse spirituelle que de plus en plus d’Européens ont trouvée dans cette sombre époque où l’avenir de notre civilisation semble menacé comme jamais dans son histoire. Le peuple russe n’a pas à craindre ses dieux. Le peuple gaulois n’a pas à les craindre non plus.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

30/07/2017

La religion des Hellènes.

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Que dire de plus de la religion qui a inspiré tant de génies européens, la Grèce étant par bien des aspects la matrice de l’Europe entière, dont elle tire son nom. Les statues d’Alcamène, de Scopas, de Praxitèle, le Parthénon aussi bien que les Jeux Olympiques, tous n’ont dû leur existence qu’à cette religion.

Le dieu suprême et sans égal est Zeus, le *dyeus indo-européen renforcé des pouvoirs d’un dieu de l’orage sans doute sous l’influence crétoise. A l’origine, il a pour épouse ou parèdre la terre-mère, qui est Gê Mêtêr ou Déméter, cette dernière portant bien d’autres noms comme Héra, « la déesse de la belle saison » ou Dionê, « celle de Zeus », et aux temps mycéniens *Diwiya (forme féminine de Zeus). Déméter était surnommée Europê en Béotie, ce qui nous rappelle qu’avant de désigner une princesse phénicienne ou crétoise, l’Europe désignait la terre-mère par excellence et notre continent en particulier.

Ce sont les poètes qui enrichiront ce panthéon de générations antérieures de figures divines, qui recoupent exactement les fonctions des dieux olympiens. Les titans Hypérion et Phébé ne sont qu’une variation d’Hélios et de Séléné, puis d’Apollon et d’Artémis. Prométhée est Héphaïstos, Japet est Arès. Le triplement du dieu céleste, entre Ouranos, Cronos et Zeus est sans doute lié à la mythologie hourrite. Le nom même d’Ouranos (sanscrit Varuna) a sans doute désigné Zeus aux temps archaïques.

Les fils et filles de Zeus composent ce panthéon, et toutes se retrouvent dès l’époque mycénienne. Il y a ainsi Arès, dieu de la guerre, qui à l’époque ancienne était au premier plan. Même s’il a conservé sa place parmi les douze olympiens, Arès a perdu de sa superbe, sauf chez les Spartiates. Il est possible que sa déchéance ait suivi la chute des palais mycéniens.

Il a surtout été concurrencé dans son rôle par d’autres figures divines, comme Athéna, protectrice des acropoles, comme Héraclès, qui accomplit une série d’exploits associés généralement au dieu orageux (Thor par exemple) et qui devaient initialement être attribués à Arès. Un vieux mythe narre également la capture d’Arès par les géants Aloades et sa libération par Hermès. Cela rappelle la déchéance d’Indra en Inde, pris d’effroi face au démon Vritra, et qui ne retrouva ses forces que par l’intervention du dieu du feu Agni. Enfin, lors des premiers jeux olympiques de la période mythique, avant leur recréation par Héraclès en 776 avant J.C selon la tradition, le dieu Apollon triompha ainsi d’Arès à la boxe et d’Hermès à la course de vitesse.

La déesse de l’aurore est présente sous différentes hypostases dans le panthéon grec. Si Eôs (« Aurore ») a un rôle mineur sous sa forme authentique, sous les traits d’Athéna et d’Aphrodite, son rôle est immense. Athéna, en tant que fille de Zeus, incarne la dimension guerrière et intellectuelle de l’Aurore, tandis qu’Aphrodite est l’Aurore sortie des eaux, qui annonce le printemps et réveille l’amour. Son nom est à rapprocher des Apsaras indiennes, nymphes célestes sorties des eaux et qui peuplent le paradis d’Indra. Le rapprochement avec la déesse ouest-sémitique Ashtoreth est fortuit. Si l’Aphrodite Ourania d’Hésiode s’inspire de cette déesse, il existe chez Homère une autre Aphrodite, fille de Zeus et de Dioné.

L’Aurore était à l’origine l’épouse d’Arès et d’ailleurs Athéna et Aphrodite sont parfois qualifiées d’Areia (« d’Arès »). La déesse Eôs elle-même est connue comme l’une des amantes d’Arès, suscitant la jalousie d’Aphrodite.

Héphaïstos est le dieu du feu et de la forge. Son rôle est très limité même si à l’origine il représentait le feu en général. Hestia est une timide déesse du foyer, limitée à son rôle originel, tout comme la Vesta romaine.

Zeus aura de nombreuses autres liaisons, aboutissant à la naissance de nouveaux dieux et de héros, comme Hermès (fils de Maia), le messager des dieux, Apollon et Artémis (enfants de Léto) et les Dioscures (enfants de Léda). Il faut notre rue Léto était une ancienne déesse de la nuit, comme Nyx, et son nom est identique à celui de la déesse indienne de la nuit Ratri. Léda de son côté était une déesse du désir, son équivalente indienne de même étymologie étant Rati. On la retrouve aussi sous les traits de la déesse slave Lada, épouse de Svarog. Léda était aussi la mère d’Hélène dont le nom signifierait « vengeance divine », tout comme les Erinyes, ce qui expliquerait son rôle essentiel dans le déclanchement de la guerre de Troie. Enfin, le nom d’Artémis rappelle celui de l’ours (*arktos) et désigne la déesse de la chasse. On retrouve son équivalente celte sous les traits de la déesse Artio.

Les frères de Zeus, avec qui il a partagé le monde entre ciel, terre et enfers, sont Poséidon et Hadès. Poséidon n’est pas « l’époux de la terre » selon une étymologie populaire mais « le maître des eaux », ce qui en fera ensuite naturellement le dieu de la mer. Hadès signifie « l’invisible » selon une étymologie proposée par les Grecs anciens eux-mêmes. Son nom véritable est devenu tabou, mais il est probable que la forme poétique Aidoneus ait été son théonyme originel.

Le personnage de Minôs, roi de Crète et qui deviendra juge infernal, fait indiscutablement penser à *Manus, le premier homme selon la mythologie indo-européenne (Manu en Inde, Mannus chez les Germains). Il était peut-être le premier dieu infernal aux temps de la Grèce mycénienne. Cerbère qui garde la porte des Enfers est l’héritier direct du chien infernal indo-européen (sanscrit Sarvaras, scandinave Garmr).

Hermès et Pan désignaient à l’origine la même divinité, préposée à l’élevage mais aussi conducteur des morts, dieu messager et dieu guide. Pan est le *Pauson indo-européen (sanscrit Pushan, lituanien Puskaitis, latin Faunus), que les Celtes appelleront Cernunnos et les Slaves Volos. Hermès, dont le nom fait penser au dieu messager scandinave Hermod, ne devait à l’origine qu’être un aspect spécifique de Pan. Tout comme le dieu Terminus à Rome, Hermès était associé aux frontières, voies et limites de propriété.

La religion des Grecs anciens, depuis l’époque mycénienne jusqu’à nos jours, n’a jamais cessé d’inspirer le génie européen. Le christianisme n’a jamais pu effacer de nos mémoires ces grandes figures, qui survécurent au moyen-âge (lire pour s’en convaincre « La survivance des dieux antiques » de Jean Seznec) et inspirèrent la Renaissance. Il suffit de songer aux œuvres de Rabelais, de Ronsard ou des poètes du Parnasse pour constater que l’antique foi, réfugiée dans les arts et la poésie, a survécu. Et de nos jours des Grecs entendent la rétablir, l’Olympe entendant à nouveau des chants en faveur de ses hôtes après des siècles de silence.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

29/07/2017

La religion des Latins.

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Religio Romana,romanitas,Jupiter,Mars,latinsLa religion indigène des peuples italiques, du nom de Vitalie, le pays des troupeaux de veaux (latin vitulus), avant toute influence grecque (directe ou par le biais des Étrusques), se compose de grandes figures divines d’origine indo-européenne, l’Italie étant avec la Lituanie un véritable conservatoire de cette tradition ancestrale.

Le dieu suprême est Dius Pater, que les Romains appelleront par la suite Jupiter (Iuppiter, du vocatif [d]-iu), qui est le « ciel de jour père », l’homologue du grec Zeus Patêr et de l’indien Dyaus Pitar. Jupiter Latiaris était le dieu protecteur de l’ensemble du Latium, tandis que le sanctuaire de Jupiter Feretrius accueillait les dépouilles des ennemis vaincus. Selon la tradition, néanmoins, une divinité était plus ancienne encore que Jupiter, à savoir le dieu Janus, dieu des commencements et des fins, dieu qui ouvre et ferme les portes du ciel, qui sera ensuite repris par les chrétiens sous la forme de Saint Pierre, qui ouvre et ferme les portes du paradis. Janus était une sorte de démiurge et il fut même repris par les Etrusques sous le nom d’Ani. Le Jupiter originel était dieu du ciel mais probablement pas le dieu de l’orage, une fonction (Jupiter Tonans) qu’il se verra ensuite attribuée sous l’influence du Zeus grec et du Tinia étrusque.

Le dieu Mars (de l’indo-européen *Maworts, dieu de l’orage) était en effet le dieu de l’orage, et pas seulement de la guerre, avant que le modèle de l’Arès grec (et du Laran étrusque) ne le contamine. Dans les mythes, ce rôle ancestral transparaît encore. C’est ainsi que lors d’un orage Mars enlèvera son fils Romulus pour en faire un dieu. Mars est le dieu fondateur de Rome, par le biais de ses enfants, les jumeaux divins Romulus et Rémus, enfants qu’il aura de la déesse Ilia, qui deviendra ensuite la vestale Silvia dans le mythe romain classique. Il est accompagné des déesses Nerio et Bellone (« divinité de la guerre ») sur le champ de bataille et semble avoir eu pour épouse Minerve, avant qu’elle ne devienne la version latine de la vierge Athéna, hypostase de l’Aurore guerrière, connue aussi sous les noms d’Aurora et de Mater Matuta (« la mère des matins »). Minerve et Venus sont d’ailleurs deux aspects de l’Aurore, comme Athéna et Aphrodite l’étaient aussi en Grèce.

La déesse Venus, dont le nom signifie « désir » (sanscrit vanas), incarne la dimension amoureuse de la déesse de l’aurore, même si les Romains la doteront aussi de fonctions guerrières. Il est tout à fait possible qu’elle ait été l’épouse de Mars, dans la tradition latine originelle, indépendamment du mythe grec des amours d’Arès et d’Aphrodite. C’est Venus Cloacina (« purificatrice ») qui selon le mythe légitimera le mariage des premiers Romains avec les filles des Sabins. En 416 de notre ère, le poète Rutilius Namatianus dira d’ailleurs de Rome qu’elle a « pour auteurs (…) Venus et Mars, la mère d’Enée et le père de Romulus ».

La déesse Flora, dont le culte était bien supérieur à celui de la Chloris grecque, de même origine indo-européenne, représentait quant à elle les aspects les plus licencieux de la déesse de l’amour. La fête des Floralies était connue pour la légèreté des mœurs de certains Romains à cette occasion.

Avant que les Grecs n’apportent leurs divinités, Apollon, Esculape et Hercule n’étant que des divinités importées en Italie, le dieu Neptune n’était que le dieu des eaux en général et pas spécialement le dieu de la mer, et le dieu Vulcain était non seulement un dieu forgeron mais le dieu du feu dans toutes ses dimensions. La déesse Vesta, analogue à l’Hestia grecque, était à peine représentée.

Jupiter lui-même avait comme épouse Tellus, la déesse de la terre, dont Junon incarnait l’aspect printanier (la « belle saison »). Tellus étant ensuite associée à Gaia, les Latins firent de Cérès, divinité agraire mineure, l’équivalente de Déméter.

Le dieu des morts était Orcus, qui a donné en français les mots « orc » et « ogre », qui désignait à la fois le monde infernal et le dieu qui en avait la garde. Sous l’influence de l’Hadès grec, il devint « le riche », Pluton en grec et Dis Pater (diues pater, le "père riche") en latin. Liber Pater devint Dionysos, Saturne (dieu solaire proche du Savitar indien) devint Cronos, Ops (déesse des céréales) devint Rhéa. La déesse Perséphone, épouse d’Hadès, fut latinisée en Proserpine. Le dieu étrusque Voltumna devint Vertumnus, dieu du printemps et compagnon de Pomone, déesse des arbres fruitiers.

Certes certaines divinités correspondaient parfaitement en raison de leur même origine indo-européenne, comme Cupidon et Erôs, comme Juventas (la jeunesse) et Hébé, comme Lucina (déesse des accouchements) et Ilithye. Mais souvent la comparaison était forcée. D’autres furent sans doute créées de toutes pièces, comme Mercure pour correspondre à Hermès.

Il y avait enfin la cohorte de dieux mineurs, comme le dieu Vaticanus, en charge des premiers cris du nouveau-né, ou comme le dieu Robigus, protecteur du blé contre la rouille. D’autres divinités italiques furent aussi adoptées par les Latins, comme Mefitis, déesse des émanations toxiques.

Les divinités astrales, Sol Indiges (le soleil « indigène ») et Luna bénéficiaient aussi d’un culte latin intense, avant qu’Apollon et qu’Artémis ne ternissent leur éclat. Diane, déesse des clairières, devint même déesse romaine de la chasse.

Enfin survécurent des divinités latines inclassables, comme Dea Dia, qui était sans doute la terre-mère en tant que parèdre de Jupiter, et qui n’aurait pu alors correspondre en Grèce qu’à la déesse mycénienne Diwiya, qui n’avait pas survécu aux âges obscurs, ou encore Silvanus, dieu des forêts, et Salacia, déesse des eaux salées, qui étrangement ne fut pas assimilée à l’Amphitrite grecque. En revanche, Faunus, qui était le Pan latin, fut bien sûr relié naturellement au fils d’Hermès, mais il n’était pas seulement le dieu de l’élevage mais aussi, tout comme le Cernunnos gaulois, dieu des animaux sauvages. Son culte résista donc partiellement à l’hellénisation.

Alors que les Latins et en tout cas les Romains possédaient leur paire de jumeaux divins, Romulus et Remus, la légende de la louve faisant de ces derniers des héros, certes fils de Mars mais pas dieux eux-mêmes, amena les Romains à chercher d’autres jumeaux divins. Ainsi les Dioscures Castor et Pollux furent-ils attirés à Rome et bénéficièrent d’un temple dédié.

La Religio Romana cherche désormais dans une Italie en plein doute identitaire, au sein d’une Europe qui doute elle-même, à ranimer l’antique foi italique, en héritant aussi de la Renaissance et du Romantisme. Le R de romanitas aura encore un avenir, même sur les terres du Vatican, ancien sanctuaire païen. Et Santa Minerva, la sainte du Panthéon devenu église, alors reprendra son casque et sa lance.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

26/07/2017

La religion des Géorgiens.

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1024px-Borjgali.pngLes Kartvéliens ou Géorgiens sont un des peuples d’Europe parmi les plus anciens, antérieurs même aux Indo-Européens, et ne peuvent être alors comparés qu’aux Basques. Leur religion native est mal connue, et d’ailleurs il n’existe à ma connaissance aucun mouvement (néo-)païen en Géorgie se proposant d’en ranimer la flamme, à la différence de l’Abkhazie, de l’Ossétie et de l’Arménie, voisins dans lesquels de tels mouvements suscitent un certain engouement.

La religion géorgienne a connu au moins trois phases de développement. La première a consisté en l’émergence de divinités incarnant les forces de la nature et les phénomènes célestes. La seconde a abouti à la mise en place de divinités cosmiques majeures, qui se sont partiellement substituées aux premières. La troisième enfin témoigne de l’influence du zoroastrisme iranien sur le peuple géorgien.

A l’origine, le monde repose sur un couple divin formé du ciel-père Mamatsa (« ciel-père ») et de la terre-mère Dedamista (dont le nom signifie « terre » en géorgien moderne mais qui signifiait terre-mère). Il est à noter que chez les Géorgiens, par une étrange inversion, « mama » signifie « le père » et « deda » signifie « la mère ». Ce couple divin précède la création du royaume des dieux, le Zeskneli ou « monde d’en haut », formé de leurs fils et filles.

Les divinités primordiales qui résultent de leur union sont donc la déesse du soleil Mzekala ou Mze (« le soleil »), le dieu de la lune Mtvare, la déesse de l’aurore Gantiadi (ou Aisi), le dieu du vent Kari et le dieu du feu Ttetskhli. Il existait également une déesse de la chasse et des animaux sauvages, la déesse Dali, qui rappelle la Diane romaine, et un dieu de l’orage et de la guerre, réalisant des actes héroïques, le dieu Kopala. Le monde des morts semble ne pas avoir disposé d’une divinité spécifique. Les dieux Gatsi et Gaïmi, souvent associés, et dont on ne connaît pas les fonctions, ont pu former une paire de jumeaux divins, comme dans les religions indo-européennes voisines.

Parmi les mythes fondateurs se trouve l’enlèvement de la triple déesse Kamar/Lamar/Tamar représentant le feu divin, qui fut enlevée par le titan Amirani pour que celui-ci apporte le feu aux hommes, ce qui rappelle fortement le mythe grec de Prométhée, que la tradition associe au Caucase.

Le roi ibère Pharnavaz (IVème siècle avant J.C) a par la suite réorganisé le panthéon géorgien, en introduisant un dieu suprême du nom de Ghmerti, dieu céleste dont le nom servira aussi à former les termes de dieu (ghmerti) et de déesse (kalghmerti). A la même époque, le dieu lunaire adopte le surnom de Tetri Giorgi (« le blanc Georges) et acquiert une dimension guerrière supplémentaire ainsi que l’image d’un dieu cavalier. Le culte du héros Kopala est également renforcé et devient un dieu des armées.

Enfin, l’influence iranienne dès son règne se fera sentir. Ghmerti sera ainsi appelé du nom d’Armazi, dieu du ciel, et qui n’est autre que le dieu iranien Ahura Mazda (Ohrmazd en moyen-perse). Le dieu solaire Mirsa, qui n’est autre que Mithra, verra son culte croître fortement au détriment de la déesse géorgienne du soleil. Et la déesse Nino ou Anahid, qui n’est autre que la déesse iranienne Anahita, prendra les fonctions de déesse de l’amour et de la fertilité. Il faut noter qu’une sainte Nino sera associée dans la tradition géorgienne à la christianisation du pays à partir du moment où le roi Mirian, dont le nom vient d’ailleurs de Mithra, choisira de renoncer à la religion nationale de ses ancêtres. Le dieu guerrier Verethragna, qu’on retrouve sous les traits de Vahakn en Arménie, ultime avatar du dieu indo-iranien Indra, ne sera pas en revanche adopté, Kopala conservant des fonctions de même ordre.

Au milieu du IVème siècle, officiellement en 337 de notre ère, l’adoption du christianisme s’accompagnera de la destruction des temples et des statues cultuelles. La tradition païenne géorgienne survivra néanmoins dans le folklore et le nom des grandes divinités subsistera, notamment au sein des populations montagnardes de Svanétie.

Il est par ailleurs remarquable de constater l’importance, tout comme chez les Basques, de divinités féminines de premier plan, du moins dans la religion la plus ancienne. Les divinités masculines verront leur rôle se renforcer au fur et à mesure de l’évolution du pays et de son contact avec les Indo-Européens (Arméniens, Iraniens et Grecs notamment). La religion géorgienne finale sera marquée par le culte du feu et l’influence des mages zoroastriens, les grandes figures religieuses de la Perse s’imposant sans néanmoins faire disparaître les dieux locaux. Le choix du christianisme a pu s’expliquer par la volonté de s’émanciper de l’Iran voisin dont l’influence religieuse était de plus en pesante. La même chose peut être dite concernant la christianisation de l’Arménie et de l’Albanie du Caucase.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

19/03/2017

L’Europe sous le bouclier d’Achille. L’Institut Iliade réuni à Paris.

Europe,Institut Iliade,Dominique Venner,Jean-Yves Le Gallou,Philippe ConradLa 3ème édition  du colloque annuel de l’Institut Iliade, école de formation identitaire fondée à l’initiative notamment de Jean-Yves Le Gallou, Philippe Conrad et Bernard Lugan, afin d’honorer les Mânes de Dominique Venner suite à son sacrifice volontaire destiné à éveiller la conscience européenne assoupie, s’est réunie ce samedi 18 mars, mois du dieu guerrier. Cette année était placée sous l’angle de la transmission de l’héritage européen et du respect de la tradition.

« Transmettre ou disparaître ». Renaître ou mourir. 1500 personnes sont venues écouter une dizaine d’orateurs évoquer chacun une dimension de ce combat culturel pour une Europe qui ne veut pas s’éteindre malgré la hargne de ses ennemis, intérieurs et extérieurs, en vue de sa fin. L’éducation était au cœur de cette journée, autour de cette païdeia ancestrale qu’évoquera avec talent Christopher Gérard.

Ils sont aussi venus s’abreuver de savoir aux nombreux stands présents à l’extérieur de la salle principale, découvrant ou redécouvrant l’art européen, des revues de qualité, et un ouvrage inédit, en avant-première, « Le chant des alouettes », une anthologie des grands poètes français et européens, notamment des Parnassiens, proposée par Thibaud Cassel, préfacée par Christopher Gérard, aux éditions Pierre-Guillaume de Roux, en collaboration avec l’Institut Iliade. Ceux qui n’ont pas fait le déplacement ne pourront se procurer l’ouvrage dans les bonnes librairies que début mai.

L’ouverture assurée par Philippe Conrad, maître de cérémonie de cette messe européenne au nom de la tradition éternelle, insista sur la nécessité de transmettre l’héritage européen aux jeunes générations, d’en faire le socle du relèvement futur d’un continent en perdition, sur la « reconquête de notre mémoire commune », « retrouver le fil nécessaire vers nos sources pérennes ». A l’issue de onze interventions, dont deux tables rondes, l’Européen présent a pu découvrir les égarements de l’école dite « républicaine » et assister à la mise à bas du mythe de la prétendue assimilation « républicaine » .

Sous la tutelle de Christopher Gérard, il aura redécouvert la sagesse antique d’une éducation exigeante où chaque enfant grec pouvait citer Homère dès l’âge de six ans. Il aura appris avec Fabien Niezgoda que ce savoir survécut aux temps obscurs et irrigua l’âme de l’Europe médiévale. Et avec Jean-François Chemain, il apprit que l’éducation nationale devait se placer au service de l’éducation antique, que l’Europe de demain donc serait l’Athènes du XXIème siècle. Patrick Péhèle, en présence des Antigones, valorisa la femme européenne dans son rôle fondamental de transmission du savoir aux jeunes générations. Philippe Cristèle proposa de relire l’entreprise sous un angle nouveau, comme une société humaine modèle, en rejetant la caricature marxiste qui prévaut trop souvent en France.

Cet héritage européen, qui est aussi musical comme le précisa avec brio Jean-François Gautier, est intimement lié à l’enseignement de l’histoire. Philippe Conrad opposa ainsi le récit national au roman national, à la connotation implicitement péjorative. Et Lionel Rondouin de nous proposer un nouveau récit civilisationnel européen, valorisant nos périodes de gloire et nos figures majeures, mais aussi évoquant nos défaites, comme celle de Tsushima en 1905 où le Japon impérial triompha de notre sœur russe en usant des armes que les Européens eux-mêmes avaient construites, et d’un savoir que les ingénieurs allemands notamment avaient transmis aux Japonais. A ce sujet d’ailleurs, j’invite le lecteur à découvrir un ouvrage de  l’euro-député (PPE) Philippe Juvin qui avait sorti en novembre 2014 « Notre histoire. Les cent dates qui ont fait la nation européenne », ouvrage salutaire.

En Atropos coupant le fil du colloque, Jean-Yves Le Gallou annonça le retour du soleil sur la vieille Europe, cette force de régénération qui permettra de vaincre les ténèbres. Prophète du redressement d’Europê, il annonça ainsi qu’au dernier homme succédera « le temps de l’homme européen » qui ainsi « reviendra ». Nous survivrons. Parce que nous transmettrons. Et aussi parce que nous vaincrons. Dans la réconciliation entre ceux qu’un peu d’histoire divisa mais que beaucoup d’histoire unira, les Européens. Le film diffusé à l’occasion de ce colloque montra ainsi des Européens et des Européennes en marche au sein d’une forêt d’hiver, chacun avec au bras le drapeau d’une nation de notre continent, un ukrainien aux côtés d’un russe, rappelant aussi les meurtrissures entre gens d’une même souche par des conflits entre nous qui devront désormais cesser.

Autour du feu protecteur, tous réunis, en un cercle comme les douze étoiles sur le drapeau de l’Europe, tous de rire, de chanter, de se parler. La famille européenne ainsi réunie, c’est ainsi que le soleil, invincible et éveillé, s’imposa. Car cet esprit (européen) renaîtra et ce sera le jour de la résurrection (de l’homme européen).

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

10/02/2017

Gallia ou Francia : le vrai nom de la France.

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Me plongeant dans un dictionnaire vieil-islandais/anglais (« A concise dictionary of old icelandic » par Geir T. Zoëga), je tombais sur l’expression suivante : Valir, habitants de la France (autres que les Francs) et plus loin Valland, France. En revanche je trouvais à Frakkar, les Francs, et rien à Frakkland, le nom de la France en islandais contemporain. Nous sommes au XIème siècle et pour les Islandais, notre pays est Valland, c’est-à-dire la Gaule tout simplement, et les Gaulois (Valir) s’opposent encore aux Francs (Frakkar).

Pourquoi est-ce intéressant ? Cela démontre indubitablement, tout comme l’illustre en grec moderne le fait que notre pays soit encore appelé Γαλλία (Gallia), que la légende d’une France née toute armée du baptême de Clovis ne tient pas. Et que l’opposition évoquée par Sieyès en 1789 entre peuple gaulois et noblesse franque, toute artificielle soit-elle à cette époque, remonte à une longue histoire. Il n’y a alors pas de roi de France mais un roi des Francs.

Ce n’est qu’ultérieurement, après Hugues Capet et sans doute pas avant Philippe Auguste que la notion de roi de France émerge réellement, dans la rivalité du capétien avec le « britannique » Richard Cœur de Lion qui était au moins aussi français que son adversaire. C’est ensuite l’unification linguistique du territoire suite aux annexions, mariages et victoires des Capétiens, la guerre de cent ans qui rompt l’unité linguistique entre aristocraties française et anglaise, et crée ainsi un sentiment national, puis au décret de Villers-Cotterêts. Progressivement, mais surtout au XVIIIème et XIXème siècles, et avec l’école publique, les patois vont s’effacer et la révolution française, par jacobinisme, allant beaucoup plus loin que l’ancienne monarchie, s’attaquera même aux langues régionales non affiliées au francien (le français d’oïl) dont le francilien servait de koinê, à savoir les parlers occitans, le breton ou le basque.

Il ne faut pas enseigner un « roman national » c’est-à-dire une légende comprenant de nombreuses approximations et même de pures inventions, mais enseigner la patiente construction nationale de la France au sein d’un processus commun de construction des nations d’Europe voisines, montrer ce qui relie et distingue les Européens entre eux et ainsi permettre à l’Europe de rentrer dans le XXIème siècle armée du sentiment de parenté et d’unité des peuples européens et ainsi capable de vaincre tous les maux qui la menacent. Il ne s’agit pas d’enseigner un « roman européen » en lieu et place d’un « roman national », mais la vérité européenne. La France est une nation celte (« gauloise ») à la langue latine et au nom germanique. Elle est une Europe en miniature. Et son histoire peut aider l’Europe à bâtir la sienne.

29/01/2017

Du christianisme et de la défense identitaire de l’Europe. (2ème partie)

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christianisme,europe,paganisme,identité,immigrationLaurent Dandrieu, dans son ouvrage précédemment cité, explique son désarroi face à une Eglise qui renonce à défendre l’Europe. Cette phrase de son prologue est terrible : « Et pour que l’on ne puisse pas dire que le jour où les Européens auront voulu sauver leur continent du suicide, ils aient trouvé sur le chemin un obstacle insurmontable : l’Église catholique. » Venant d’un chrétien européen, soucieux de défendre son identité, le propos est explicite. Il s’agit pour lui de sauver l’Église malgré elle d’une dérive humanitariste. Là où il se trompe sans doute ou parce qu’il n’ose pas l’écrire, c’est qu’il ne s’agirait pas d’un obstacle insurmontable.

Car si demain les Européens se réveillent et décident enfin de sauver leur continent à la dérive, alors rien ne les arrêtera et certainement pas l’Église. Face à un peuple résolu, elle courbera sans doute l’échine comme à chaque fois qu’elle s’est retrouvée face à une puissance redoutable en face d’elle. Mais pour autant cela ne l’exonérerait pas de ses responsabilités dans la situation actuelle à laquelle nous souhaitons mettre fin. Avoir servi l’Anti-Europe avec zèle ne pourrait rester impuni. Jadis elle avait été sauvée de Garibaldi par les troupes de Napoléon III. Jadis elle avait su triompher du prince humaniste Frédéric II (Hohenstaufen). Et Mussolini lui-même, antichrétien forcené et nietzschéen dans sa jeunesse, avait pérennisé son État par les accords du Latran en 1929. Qui sera là pour la protéger cette fois ?

Quelle peut alors être la réponse identitaire des Européens face à cette église qui non seulement ne se met pas à leurs côtés mais se place face à eux, contre eux même ? Il n’y a que deux réponses possibles, un christianisme de résistance ou un paganisme de combat. Les deux options sont complémentaires et pourraient alors constituer cette alliance européenne « entre le glaive de Mars et la croix du Christ ». Mais cette alliance ne peut exister que si un compromis essentiel entre les deux camps est alors signé.

Première option. Face à l’Église, les chrétiens européens font désertion et lui opposent une Église de résistance, suffisamment forte pour faire céder le Vatican à terme, en lui imposant sa ligne. Cela voudrait dire élire un autre pape dissident, comme cela a pu arriver au moyen-âge, qui nommerait des évêques dissidents, avec ses églises dissidentes. Il s’agirait donc d’une scission mais qui, à la différence de celle de Lefebvre, ne serait motivée que par la volonté explicite de défendre l’Europe. Elle rejetterait donc la lecture humanitariste des évangiles au profit de la tradition pagano-chrétienne, du christianisme européen constantinien. Certains catholiques déjà passent au christianisme orthodoxe, tellement les positions actuelles de l’Église catholique les dégoûtent. Il s’agirait de faire à l’échelle de l’Europe occidentale l’équivalent d’un gallicanisme à l’échelle de la France, un euro-christianisme de rupture avec l’universalisme dominant actuel.

Le point faible du pagano-christianisme, c’est qu’il perd sa magie dès qu’il est révélé. Le paysan médiéval pouvait être pagano-chrétien, car il se pensait ainsi bon chrétien. Il répétait les rites antiques et les prières aux dieux grimés en saints de substitution. Il voyait la terre-mère derrière les traits de Marie mais d’une manière inconsciente. Or aujourd’hui nous connaissons ce pagano-christianisme, et on pourrait presque l’appeler un paganisme christianisé. Nous savons donc que notre bon vieux paganisme a été recouvert à partir de l'empereur Constantin d’un vernis chrétien. Peut-on sciemment y revenir une fois qu’on le sait ?

Seconde option, la rupture. A partir de la Renaissance notamment, certains penseurs ont théorisé le retour au paganisme européen, ce dernier étant de mieux en mieux connu par deux siècles d’études historiques à son propos, jusqu’à en découvrir la matrice indo-européenne avec notamment Georges Dumézil. Des organisations païennes émergent ainsi dans toute l’Europe, se revendiquant des traditions locales, que ce soit du druidisme (Draoicht), du paganisme germano-scandinave (Asatru), du paganisme slave (Rodnoverie), du paganisme grec (Hellenismos) ou de la religion romaine (Religio Romana). L’Eglise est bien consciente d’ailleurs que la réponse identitaire des Européens pourrait être la résurrection de l’antique paganisme. Au bord du tombeau, comme l’avait annoncé Nietzsche, l’Europe se ressaisira et se relèvera dans un sursaut salvateur. Je suspecte les actuelles autorités catholiques de comprendre qu’un tel mouvement peut arriver, va arriver, et qu’il s’agit de s’en prémunir en sacrifiant l’Europe, prévoyant déjà son avenir en Afrique, en Amérique méridionale et en Asie. Cela voudrait dire que par peur du paganisme, le Vatican s’allierait implicitement avec d’autres forces et ferait ainsi les yeux de Chimène au second monothéisme universel dont la présence en Europe ne cesse d’inquiéter.

Qu’on choisisse le retour au paganisme (indo-)européen ou qu’on choisisse le retour au christianisme européen constantinien est affaire de choix personnel, de conviction et même de croyance. Dans les deux cas, la même volonté de protéger l’identité de l’Europe et des Européens est présente, même si elle se manifeste autrement. Mais ces deux choix doivent être complémentaires. Le païen européen moderne doit traiter le chrétien européen en frère et réciproquement. Le premier ne doit pas voir dans le second un « oriental en religion » et le second ne doit pas voir dans le premier un « suppôt de Satan ». L’intolérance chrétienne vis-à-vis du paganisme doit donc cesser, et cessera ainsi en retour le mépris païen vis-à-vis du christianisme européen.

Le seul obstacle que je vois à cette nécessaire réconciliation identitaire, euro-chrétienne et euro-païenne, qui existe déjà de fait en Russie, est la soumission aux injonctions du pape d’encore bien trop d’Européens, et aussi le manque de sérieux de trop nombreuses organisations païennes actuellement, à qui il manque l’équivalent d’un souverain pontife pour coordonner leurs actions.

Autre obstacle enfin, et non des moindres. La vérité historique. Beaucoup d’Européens catholiques, surtout parmi les plus identitaires, ont du mal à accepter que la christianisation de l’Europe n’ait pas été le roman mensonger qui leur a été vendu. Elle n’a été ni rapide ni pacifique. Elle a duré des siècles et à chaque fois a été matérialisée par des lois liberticides et des persécutions contre les Européens indigènes souhaitant conserver leur foi polythée. Pour quelqu’un comme moi, qui a étudié très précisément les conditions de l’émergence du christianisme dans l’empire romain et les conditions réelles de son succès, voilà quelque chose dont je n’accepte pas le déni.

Ces obstacles devront être surmontés. Tous les Européens ont vocation à combattre unis par un même drapeau identitaire, celui de l’Europe, et alors chrétiens et païens européens seront côte à côte, avec aussi les européens musulmans des Balkans et du Caucase et tous les européens israélites aussi attachés à leur patrie européenne qu’à leur patrie proche-orientale.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

Du christianisme et de la défense identitaire de l’Europe. (1ère partie)

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christianisme,identité,vatican,maurras,pape françoisDeux ouvrages à la ligne opposée, « Identitaire, le mauvais génie du christianisme » d’Erwan Le Morhedec (Les éditions Cerf) et « Eglise et immigration, le grand malaise » de Laurent Dandrieu, ont relancé le débat sur la compatibilité ou l’incompatibilité entre le combat identitaire et l’affirmation chrétienne, et notamment catholique.

Le premier refuse toute affirmation identitaire englobant le christianisme dans sa réflexion, refusant toute alliance entre « le marteau de Thor et la croix » pour le citer. Son christianisme est celui de l’antiquité pré-constantinienne lorsque la nouvelle religion était à peine sortie de sa matrice proche-orientale. C’est le discours de Saül de Tarse sur l’ouverture à l’Autre et la conversion des gentils. Le second au contraire veut réaffirmer l’identité européenne associée au christianisme, mais se rend parfaitement compte que ce qu’il propose est à l’opposé de l’idéologie promue par le pape et la plupart des évêques et prêtres depuis Vatican II.

Indiscutablement, le christianisme qui s’identifie à l’Europe n’est pas celui de l’antiquité, puisqu’il faudra attendre Constantin pour que le christianisme s’implante réellement en Europe, sachant qu’en 313, date supposée de sa conversion suite à sa victoire du Pont Milvius (sur Maxence), il n’y avait qu’1% de chrétiens parmi la population de l’Europe romaine. Le christianisme représentait une forte minorité en Cappadoce et surtout à Antioche, Alexandrie et Carthage, chez les anciens ennemis de Rome qui n’avaient été vaincus qu’en apparence et reprenaient ainsi leur revanche.

Or le christianisme de Constantin n’est pas celui des premiers chrétiens fait de pardon aux offenses, de martyrat et d’attente messianique de la parousie, une « fin des temps » qui devait être imminente. C’est un « christianisme solaire », expression qui insupporte Erwan Le Morhedec, à savoir la fusion du dieu païen du soleil, Apollon (pour simplifier), et de Jésus, prêtant à ce dernier des traits nordiques qu’on retrouve sur le Christ d’Amiens par exemple. Une représentation au Latran montre ainsi Jésus en train de conduire le char du soleil. Pour faire accepter aux païens le christianisme, Constantin paganise ce dernier, le confondant avec l’Un de Plotin, avec le Soleil Invincible (Sol Invictus) et/ou avec Jupiter en personne. Il attribue à Jésus les fêtes du soleil, équinoxe de printemps (« Pâques ») et solstice d’hiver (« Noël), et le dimanche, jour du soleil (soldi).

Même si ce christianisme solaire amène au fur et à mesure à la persécution massive des Européens païens jusqu’à la conversion totale du continent, qui ne sera accomplie qu’en 1386 après J.C, lorsque le roi lituanien Jogaila (Jagellon) adoptera le catholicisme, c’est la religion qui a reforgé l’Europe après l’abandon forcé de son paganisme national, qui est resté néanmoins vivant dans le cœur de tous les hommes de lettres et de tous les artistes. Le « christianisme des catacombes » n’est pas celui des Européens, qui est au contraire celui de la Reconquista (en Espagne puis dans les Balkans) et des croisades. Ce christianisme que prône le pape François n’est pas le nôtre.

Or le christianisme constantinien, qui a survécu dans l’Europe orthodoxe, a été abandonné en deux phases par l’Europe catholique. En effet, le protestantisme qui est un retour aux évangiles, a justement reproché à l’Eglise d’être encore bien trop païenne. Il faut lire la haine de Luther contre Rome pour se rendre compte de ce qui est visé. Pour contrer la Réforme, par le biais du concile de Trente, l’Eglise décide alors d’engager une « nouvelle évangélisation » de l’Europe restée catholique. Elle consiste à dépaganiser le catholicisme, à mettre fin à ce pagano-christianisme médiéval qu’on nomme en russe la « double foi » (dvoeverie).

La conséquence immédiate et imprévue de cette dépaganisation a été une déchristianisation, notamment en France. Coupée des racines païennes sur lesquelles le christianisme de Constantin s’était apposée comme un vernis sur un ongle, le catholicisme dépérissait et cela a été le cas jusqu’à aujourd’hui. Dans ce conflit, le protestantisme a donc vaincu, même là où on pensait qu’il avait échoué. Le protestantisme s’est même emparé du Vatican. Seule l’Europe orthodoxe, plus païenne de fait, y a échappé pour le moment.

Que dit désormais le pape François, qui est censé incarner la ligne officielle de l’Eglise ? Qu’il faut accueillir les migrants, même musulmans, et il a montré l’exemple. Qu’il faut même les défendre davantage que les chrétiens d’orient qui eux sont des victimes privilégiées de l’islamisme. Qu’il faut que les Européens ne cherchent surtout pas un « sauveur qui nous rende notre identité », un tel sauveur étant naturellement assimilé par le pape à Hitler. Qu’il faut dialoguer et non se protéger avec des murs. Ce discours masochiste qui consisterait pour l’Europe, au nom de son christianisme, à se dépouiller, à s’humilier, est odieux.

Tout comme la plupart des partis politiques, surtout de gauche, comme la plupart des syndicats et des loges maçonniques, le discours des Eglises est anti-européen. L’association chrétienne Caritas agit systématiquement en faveur des migrants, alors que les sans-logis européens sont largement ignorés. L’Européen indigène n’est vu que comme un coupable qui doit expier. Il lui est interdit de s’affirmer fier de ce qu’il est, de la grande civilisation dont il est issu. Il doit demander pardon. Non seulement le protestantisme s’est imposé au niveau du dogme, mais l’égalitarisme marxiste est venu en renfort.

Depuis longtemps, l’Eglise a toujours su céder devant les forts et mépriser les faibles. Alors qu’elle a pactisé avec le fascisme et le national-socialisme, par peur du communisme mais aussi par peur du fascisme européen en général, qui était déterminé à terme sans doute à lui régler son compte, elle a condamné l’Action Française de Maurras en 1926, qui était fort peu dangereuse et bien loin du pouvoir en France, une AF qui défendait la tradition catholique contre le retour aux évangiles, définis comme un « venin ». Maurras condamnait d’ailleurs notamment le protestantisme au nom de la tradition latine et du pagano-christianisme.

Nous constatons donc que, contrairement à la tradition chrétienne européenne, qui naît avec Constantin et commence sa marche vers le tombeau à partir de la Renaissance, sous les coups du protestantisme et aussi du retour de l’antiquité païenne dans les esprits, le christianisme contemporain, sauf l’orthodoxie, a décidé de renier l’Europe à laquelle il doit tout pour non seulement accepter la disparition de l’Europe mais pour soutenir ce processus. Cette trahison de l’Eglise pose la question de l’attitude que la résistance identitaire européenne doit adopter à son égard. Nous analyserons ce point dans une seconde partie.

29/10/2016

Zeus et Europe, une hiérogamie cachée et l'annonce d'un destin européen

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95620996.pngZeus est qualifié d’Eurôpos, c'est-à-dire « au large regard », chez Homère. En sanscrit, dans le Rig-Veda, le dieu suprême Varuna est décrit comme Urucaksas, forme parallèle de sens exactement identique. De longue date, non sans raison, Varuna et le grec ont été comparés, l’un et l’autre venant alors de la forme originelle indo-européenne *Werunos, au sens de « dieu de l’espace » (c'est-à-dire le dieu vaste). En Inde comme en Grèce, ce surnom du dieu céleste *Dyeus est devenu une divinité en tant que telle.

Les Grecs, sous l’influence probable de la théogonie hourrite ou hatti, influence indirecte due vraisemblablement aux Hittites, ont multiplié les divinités jouant le même rôle. On peut ainsi souligner qu’Hypérion, Hélios et Apollon sont redondants, de même que Phébé, Séléné et Artémis (sans oublier Hécate). C’est aussi le cas du dieu suprême qui est ainsi divisé en trois dieux séparés que sont Ouranos, Cronos et Zeus. En réalité, tout porte à croire que Zeus est le seul et unique dieu du ciel, malgré Hésiode, et qu’Ouranos n’a jamais été à l’origine qu’une simple épiclèse de Zeus. De même, Varuna a sans doute été un des aspects de Dyaus Pitar, avant de se substituer à lui, et de ne plus laisser à son nom d’origine qu’un rôle très effacé dans la mythologie védique.

Ce Zeus Eurôpos, ce « Dyaus Urucaksas », a selon la tradition grecque de nombreuses épouses. Or une déesse est qualifiée d’Eurôpê à Lébadée en Béotie et à Sicyone dans le Péloponnèse. Ce nom d’Eurôpê, dont le rattachement à une racine phénicienne ‘rb est purement idéologique, et ne tient pas une seconde d’un point de vue étymologique, est nécessairement la forme féminine d’Eurôpos. Or ce n’est pas n’importe quelle déesse qui est ainsi qualifiée, elle et uniquement elle, de ce nom d’Eurôpê, indépendamment de la princesse phénicienne, crétoise ou thrace qu’on appelle ainsi, et qui n’est alors qu’une vulgaire hypostase. C’est Dêmêtêr, mot à mot la « Terre-mère », version en mode olympien de Gaia (ou Gê) et peut-être déesse d’origine illyrienne, même si non nom apparaît vraisemblablement dès l’époque mycénienne.

Il existe en effet en Albanie moderne une déesse de la terre, qui est qualifiée de Dhé Motë, ce qui veut dire la « tante Terre » car le sens de motë, qui désignait bien sûr la mère, a pris ensuite le sens de tante. De même, le nom albanais originel de la tante, nënë, a pris celui de la mère. Cela donne aussi une déesse Votrë Nënë, déesse du foyer analogue à la déesse latine Vesta et à la grecque.

Le nom de Dêmêtêr, qu’il soit purement grec ou illyrien, a le sens explicite de « Terre-mère » et remonte aux temps indo-européens indivis, où elle portait alors le nom de *Đγom (Dhghom) *Mater. Ce n’était pas alors n’importe quelle divinité mais sous le nom de *Diwni [celle de *Dyeus], elle était ni plus ni moins l’épouse officielle du dit *Dyeus (le « Zeus » indo-européen). L’union du ciel et de la terre, de Zeus Patêr et de Dêô (Δηώ) Matêr donc, remonte ainsi à une époque antérieure même aux Grecs mycéniens.

Il est donc logique qu’à un Zeus Eurôpôs soit unie une Dêmêtêr Eurôpê, l’un et l’autre étant des divinités « au large regard », l’un englobant l’ensemble du ciel et la seconde l’ensemble de la terre, à une époque où celle-ci était encore considérée comme large et plate, d’où ses deux noms divins en sanscrit, à savoir Pŗthivi (« la plate »), c'est-à-dire Plataia en grec et Litavis en gaulois, et Urvi (« la large »).

L’union de Zeus sous la forme d’un taureau avec Europe est donc une hiérogamie, une union sacrée entre le ciel et la terre, union féconde donnant naissance à trois enfants, Minos, Eaque et Rhadamanthe, chacun incarnant l’une des trois fonctions analysées par Georges Dumézil. La tradition grecque évoque d’autres unions de même nature, ainsi celle de Poséidon en cheval avec Dêmêtêr en jument, cette déesse ayant cherché à lui échapper en prenant la forme de cet animal. Dans le cas d’Europe, on devine qu’elle aura elle-même pris la forme d’une vache.

Le nom d’Europe qui désigne le continent qui porte son nom indique qu’elle est la Terre par excellence, mère nourricière du peuple grec vivant sur un continent béni par Zeus lui-même. Lui donner une origine phénicienne, à part pour des raisons poétiques bien étranges, est donc un contre-sens auquel même certains mythographes antiques se firent prendre.

Et que son premier fils se soit nommé Minôs, là encore, ne doit rien au hasard. Bien loin d’être en vérité un ancien roi de Crète, il était surtout un juge infernal et le plus important. Or Minôs n’est en réalité que le premier homme, celui que les Indiens appellent Manu, d’où les fameuses lois qui lui sont attribuées, et les Germains Manus. L’idée que le premier homme devienne à sa mort le roi des Enfers n’est pas nouvelle. Le dieu infernal Yama et son épouse Yami ayant été par exemple le premier couple mortel. Minôs est le « Manus » des Grecs, bien avant qu’Hésiode invente Deucalion. Et s’il juge les hommes au royaume d’Hadès, la seule raison en est qu’il est celui qui a établi les anciennes lois.

Ainsi l’Europe est-elle non seulement la Terre par excellence, l’épouse de Zeus en personne, dont Héra n’est qu’un aspect, celui de la « belle saison » et de la « nouvelle année » (sens de son nom latin Junon), mais elle est la mère des hommes, la matrice de la lignée des éphémères, ou du moins d’une partie d’entre eux.

Europa est ainsi la mère de Gallia et de Germania, de Britannia et d’Italia, d’Hispania et d’Hellas et désormais mère aussi de nouvelles nations comme la Polonia, la Suecia et la Ruthenia (Russie), depuis les fjords de Thulé jusqu’à Prométhée sur sa montagne, depuis la Lusitania jusqu’aux steppes profondes de Sarmatia.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

30/05/2016

Retour sur l’affaire « Black M à Verdun ». Ce qu’elle révèle

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ossuairenecropole.jpgLes cérémonies d’hommage franco-allemand aux combattants de Verdun, qui se tenaient ce dimanche, nous laissent un goût amer. La course de jeunes gens organisée parmi les croix du cimetière a heurté de nombreux Français, de même que les chorégraphies inappropriées que l'on a fait exécuter à ces jeunes. Enfin, les discours politiques de François Hollande et d’Angela Merkel étaient hors sujet, dans un contexte où le silence était plus significatif que des mots et où toute récupération politicienne ne pouvait que blesser.

Face à cette jeunesse européenne, française et allemande, on se demande bien quel sens aurait pu avoir la prestation du rappeur Black M si elle n’avait pas été annulée sous la pression de la droite (au sens large), après l'alerte donnée par plusieurs organisations identitaires et blogs alternatifs.
 
Revenons d'abord sur les faits, en regardant du côté de la gauche. Au départ, l’idée est clairement venue d’en haut. Beaucoup ne connaissaient simplement pas Black M et à peine davantage le groupe « Sexion d’Assaut » dont il était membre et qui a lancé sa carrière. Et en premier lieu le maire socialiste de Verdun, Samuel Hazard. Une fois que le pouvoir s’est vu contester son choix, incapable de le défendre face à une colère croissante, pas plus qu'il ne sait réprimer les actions violentes d’une certaine extrême-gauche, il n'a rien trouvé d'autre que de se défausser sur le pauvre maire de Verdun. Et c’est ce dernier qui a dû prendre la responsabilité d’annuler la prestation de Black M, alors même que le président et plusieurs ministres l’assuraient publiquement de leur soutien pour le cas où il le maintiendrait. Samuel Hazard a donc dû assumer seul la suppression d’un concert qu’il n’avait pas sollicité.

Du côté des opposants, plusieurs à-côtés de cette pathétique affaire sont à relever. C'est la réaction de minorités politiques agissantes, bien relayées par les nouveaux réseaux d’information, qui a fait bouger l’aile droite des Républicains et obligé le FN à se manifester. Ce dernier a tenu tardivement un discours tiède, cherchant à récupérer à son profit l’image de lanceur d’alerte. Dans un entretien au magazine Charles il y a près d'un an, Marion Le Pen avait d’ailleurs déclaré apprécier le rap et notamment la musique de Black M. Et Marine Le Pen a fini par expliquer récemment que son opposition à ce concert n’était due qu’aux paroles choquantes tenues par ce dernier dans plusieurs chansons. Le fait que le pouvoir ait choisi, pour commémorer Verdun, un « rappeur de banlieue » issu de l'immigration post-coloniale, n’était donc pas un problème à ses yeux.

C'est le moment d'en venir à la question essentielle. Dans le contexte de la commémoration de Verdun, quel sens l'invitation de Black M pouvait-elle avoir ? Comment interpréter ce qu'on a perçu comme une occasion, pour le président et pour le parti socialiste, d'afficher le symbole d’une « France » multiculturelle,  peuple « mondial » parmi d'autres, répondant par une fin de non-recevoir aux nombreuses alertes électorales dont témoigne le vote FN ? Et comment interpréter l'initiative de certains media qui ont cherché à tout prix à démontrer qu’un ancêtre de Black M s’était battu pour la France ? Peu importent les paroles de certaines des chansons; peu importe le genre musical auquel on peut le rattacher. Dans les deux cas, il s'agissait de l'évocation de la France coloniale.

Or tout cela était fort mal venu. Alors que la France a choisi en 1960 d'opérer ce qu'on a annoncé comme la « décolonisation », on semble tout faire pour démontrer qu'on a conservé la nostalgie de nos colonies. Alors que Charles de Gaulle nous a réconciliés avec nos voisins allemands, que François Mitterrand a su inviter dignement Helmut Kohl dans un contexte semblable, on ressuscite une France arrogante, parce que forte de son empire ultramarin, face à un ennemi européen qui n'en était pas doté.

En réalité, la bataille de Verdun symbolise une Europe suicidaire, opposant des peuples frères. C’est ce qu’il faut en retenir. Ce fut un drame continental, une meurtrissure européenne. C’est donc entre Européens que nous devons soigner cette blessure.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

04/03/2016

La Russie, nation d’Europe et non d'Eurasie

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eurasisme,Europe,Russie,Douguine,USAMa position n’a pas changé d’un iota. La Russie est une nation d’Europe. Or je constate depuis longtemps que deux camps s’opposent à ce sujet, pour des raisons parfois opposées mais paradoxalement souvent identiques, niant à la Russie sa pleine et entière européanité. En Russie même, on oppose traditionnellement les occidentalistes (западники) et les slavophiles (славянофилы), les premiers considérant la Russie comme européenne et même comme « occidentale » et les seconds envisageant la Russie comme une civilisation en tant que telle, autour de la notion de « monde slave ». Ce second courant a désormais pris dans les faits le nom d’eurasisme et a notamment Alexandre Douguine pour chef de file.

Ce dernier semble avoir mal assimilé l’opposition « Europe vs Occident » de la Nouvelle Droite française dont il tenta d’être le représentant en Russie, l’amenant à adopter des positions très ambigües concernant l’islam. On a souvent prêté à Douguine une influence déterminante sur Vladimir Poutine mais ce dernier n’a joué des thèmes eurasistes que pour provoquer une Europe dont il a espéré le soutien pendant longtemps et dont il désespère de la voir se soumettre sans pudeur aux USA en adoptant par ailleurs une politique migratoire et morale absolument suicidaire. Douguine également a apporté un soutien sans mesure aux sécessionnistes du Donbass, ce qui est aussi erroné selon moi que d’apporter un soutien aux supplétifs nationalistes ukrainiens de Soros, car tout ce qui divise l’Europe, et donc l’Ukraine, sert les intérêts géo-stratégiques américains.

La vision américaine de la Russie est celle d’un pays non-européen qu’il convient de repousser en Asie. C’était aussi la vision nazie qui niait au peuple russe son européanité/aryanité jusqu’en 1944 où, la défaite s’annonçant, elle changea radicalement de position en soutenant l’armée Vlassov. C’est la doctrine Brzezinski que les dirigeants polonais et lituaniens notamment suivent aveuglément, agissant en idiots utiles d’une puissance qui soumet l’Europe à son diktat. La vision eurasiste est aussi celle d’un pays bipolaire, d’une civilisation russe en tant que telle, qui serait à la fois européenne et asiatique. Cette vision est celle de ce que je pourrais appeler un « souverainisme russe » qui, tournant le dos à l’Europe, s’oriente vers l’Asie, exactement comme le souverainisme français tend à s’orienter vers l’Afrique.

L’histoire véritable du peuple russe est pourtant tout à fait étrangère à ces conceptions. Le premier peuplement n’est pas slave mais iranophone nomade. L’Ukraine et le sud de la Russie ont été en effet peuplés de haute antiquité par les Proto-Iraniens dont les nomades Cimmériens, Scythes puis Sarmates furent les héritiers et survivances, alors que d’autres Iraniens (futurs Mèdes et Perses) envahirent l’ancienne Elam pour fonder l’Iran moderne. Ces Scythes et Sarmates n’étaient donc pas des Asiatiques mais bien des Européens au sens strict, tout comme leurs descendants du Caucase, les Ossètes ou Alains, mieux connus en Europe occidentale pour avoir envahi la Gaule et l’Hispanie.

Le second peuplement de l’actuelle Russie (d’Europe) fut celui des Slaves, partis du bassin du Pripet en Belarus actuels, et qui peuplèrent non seulement l’Ukraine et la Russie actuelles mais aussi une partie d’Europe Centrale (les Polanes fondèrent ainsi la Pologne tandis que les Serbes envahissaient l’empire byzantin). Ces Slaves formèrent l’essentiel du peuplement russe, influencé au nord par des peuples finno-ougriens, eux aussi européens. A ce peuplement de départ, il faut ajouter plusieurs autres peuples venus d’Europe, notamment les Goths puis les Varègues (Suédois).

C’est par la rencontre entre les Slaves de l’Est (futurs Russes, Ukrainiens et Biélorusses) et les Varègues (Vikings de l’Est, surtout de souche suédoise) que naquit la Rus’ de Kiev, un des grands empires du moyen-âge. La Rus’ (Русь) de Kiev reposait donc sur un système mixte, avec apports germaniques et influences occidentales précoces. Il suffit de songer au mot « roi » en russe qui provient soit du germanique *kuningaz (князь), soit du nom franc Karl/Carolus (король). Sa religion était issue du paganisme slave, mâtiné d’éléments scandinaves, autour notamment du culte de Perun/Thor et de celui de Volos/Odhinn. La mythologie slave en effet est clairement indo-européenne donc européenne, analogue à celle des Baltes, des Germains et des Celtes. De même, les Slaves possédaient l’équivalent des druides celtes, avec leurs « mages (волхвы).

Jusqu’aux invasions mongoles du XIIIème siècle, l’histoire de la Russie ne diffère pas du reste de l’Europe. Les « Russiens » choisirent l’orthodoxie grecque plutôt que le catholicisme latin pour des raisons d’opportunité et de géographie, l’un et l’autre étant par ailleurs européens. Soumise à un joug tatar et musulman de plus de deux siècles, la Russie n’en conservera que quelques termes. Prétendre que cela aurait fait de la Russie un pays eurasiatique serait comme d’affirmer que l’Espagne est eurafricaine. Quant au « despotisme oriental » qu’on prête aux tsars, c’est de toute évidence une exagération occidentale. Même si la Russie a été coupée des évolutions du reste de l’Europe, ses structures comme le servage l’ayant maintenu dans un relatif archaïsme, cela n’en fait pas moins un pays européen. Elle a su rattraper une bonne partie du retard et le communisme l’a maintenu dans un conservatisme sociétal plutôt bénéfique à une époque où le reste de l’Europe semble atteint de sénilité précoce.

La Russie n’est pas occidentale, et d’ailleurs l’Occident même n’existe pas vraiment, car on confond sous ce terme l’Europe et ses (anciennes) colonies de peuplement, émancipées au XIXème siècle pour la plupart. Mais elle n’est pas non plus asiatique. Il ne faudrait pas se tromper en considérant son expansion territoriale en Asie à partir d’Ivan IV en 1588, et notamment sa conquête de la Sibérie, comme ayant changé la nature du peuple russe. Lorsque la Russie s’empare de la Sibérie, c’est au nom de la civilisation européenne, c’est une extension de l’Europe qui s’impose en Asie. Les peuples non-européens de Russie, que ce soit en Russie d’Europe (au sud-est) ou en Russie-Sibérie, ne sont pas des russes, mais des peuples soumis à la Russie. Ils ne changent donc pas la nature de la Russie, tout comme les DOM-TOM ne font pas de la France un pays africain, océanien ou méso-américain.

Occidentalistes et slavophiles s’opposaient donc stérilement. Cette opposition factice rappelle celle entre Renan et Fichte, alors que la conception française de la nation n’était pas moins ethnique en vérité que celle de son voisin germanique. Car la Russie est européenne aussi parce qu’elle est slave et dans cet hiver identitaire elle est même désormais plus européenne que la France. Elle aura certainement un rôle important à jouer dans le relèvement civilisationnel de l’Europe que nous appelons de nos vœux. Il faut également espérer que Poutine restera insensible aux sirènes eurasistes. La marginalisation récente de Douguine laisse penser qu'il n'est pas dupe.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

14/02/2016

La tribu des *Aryōs. Nos ancêtres indo-européens.

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IE.gifA l’origine des Européens, il y avait un peuple préhistorique. Il n’a laissé aucune trace tangible, aucune écriture aisément reconnaissable, à part quelques symboles solaires abandonnés sur quelques pierres, depuis l’Irlande jusqu’à la Russie. Les linguistes du XIXème siècle, qui en ont découvert l’existence en comparant entre elles les langues de l’Europe moderne avec celles de plusieurs peuples d’Asie, ont appelé ce peuple les Indo-Européens car leurs héritiers ont peuplé un espace allant de l’Europe entière jusqu’à l’Iran et au nord de l’Inde.

Max Müller, père de la mythologie comparée, tout comme Friedrich Schlegel, pensa avoir retrouvé le nom de ce peuple en se basant sur celui que se donnaient Perses et Indiens. Les premiers se nommaient Airya, et le nom même d’Iran désignait leur pays (farsi Erenvaj), et les seconds Arya. Ce terme signifiait « noble ». Pensant le retrouvant chez les Irlandais où on retrouvait le terme de Aire, Müller et plusieurs autres décidèrent de nommer ce peuple à partir de ce nom ancestral, et les Indo-Européens devinrent les « Aryens ». Ce nom finit par devenir odieux lorsqu’il fut instrumentalisé jusqu’à l’extrême par un régime de sinistre mémoire. Après 1945, le terme de « aryen » devint tabou, réservé à l’usage de nostalgiques du dit régime. Et « Indo-Européens » réapparut. Georges Dumézil, le brillant savant et spécialiste de nos vieilles mythologies d’Europe de l’époque d’avant Constantin, donna à ce dernier terme ses lettres de noblesse.

Mais cela ne nous éclairait pas davantage sur le nom originel, sur l’auto-ethnonyme, pour user d’un terme plus savant, de ce peuple. C’est alors qu’on se rendit compte que la comparaison entre l’Inde et l’Irlande n’était pas si incongrue. Si l’irlandais « aire » et le sanscrit « arya » n’avaient aucun rapport, tel n’était pas le cas de deux figures marquantes de leur mythologie respective. Le dieu indien Aryaman, garant des valeurs « arya », qu’on retrouve aussi sous le nom de l’ange zoroastrien Airyaman (Erman), existait en Irlande. Il s’y nommait Eremon. Et le si mystérieux dieu germanique Irmin était sans doute son homologue. Le lien était fait. Si un dieu *Aryomen avait existé à l’époque indo-européenne indivis, alors c’est que les Indo-Européens se nommaient tout simplement les *Aryōs, leur nom provenant sans doute d’une racine *ar- signifiant « être en forme ». Ils étaient donc les « bien formés », les « bien nés », les « nobles ».

Et c’est ainsi qu’une hypothèse de travail dans l’esprit de quelques brillants cerveaux de l’Europe du XIXème siècle devait se révéler féconde, un siècle et demi après. La tribu des *Aryōs était sortie de la préhistoire d’où elle avait disparu pour retrouver une étonnante place au cœur de l’Europe moderne. Une fois écartés les faussaires qui en avaient fait un si odieux usage, leur nom pouvait réapparaître. Ainsi en a-t’il été de ce peuple ancestral.

Une fois que ces *Aryōs furent redécouverts, la comparaison du vocabulaire commun et de la mythologie entre les langues-filles de leur langue-mère permit de reconstituer leur société, leurs valeurs, leurs coutumes et traditions, leur niveau de technologie, leurs institutions.

Les *Aryōs avaient inventé une forme de proto-démocratie, l’assemblée du peuple *sebhos (voir la Seimas lituanienne) se réunissait régulièrement et décidait des choses de la tribu. Ce n’est donc pas Sparte qui était la plus fidèle à cette tradition mais bien Athènes. C’était l’Ecclesia avant l’Ecclesia. Bien sûr il existait ce qu’on nommera un roi, le *regs, qui était le président élu de cette assemblée, le garant du droit, le prêtre suprême et le chef des armées. Ce *regs n’était pas un monarque oriental, mais une sorte de président. Le traduire par « roi », même si ce terme vient du sien, est une traduction inappropriée. Il existait peut-être un second chef, le *deuks ou « meneur », lui aussi élu. Cette idée aurait été conservée par Rome avec ses deux consuls et par Sparte avec ses deux rois, l’un devant rester à Sparte et l’autre menant son armée.

Le citoyen (*keiwos) participait donc dès le départ à la vie de la tribu, puis de la cité, et était l’égal de son voisin. Il n’existait probablement pas des castes comme en Inde, contrairement à une idée souvent reçue. Le schéma trifonctionnel indo-européen démontré par Dumézil (souveraineté, guerre, production) n’avait pas de transposition réelle. L’existence d’un clergé ou collège sacerdotal de « très sachant » (le sens du mot celtique « druide ») est controversée, même si le prêtre indo-européen ou *bhlagmen (latin flamen, sanscrit brahman) existait bel et bien. Difficile de savoir si cette fonction était sacerdotale comme chez les Celtes et les Slaves, ou élective comme les godar germaniques et les prêtres du Latium et de Grèce.

Ce citoyen était un soldat et un paysan. Il alternait l’épée et la charrue selon les périodes de l’année. Le vieux romain du temps de la république se serait certainement reconnu dans son ancêtre indo-européen. Les Indo-Européens avaient domestiqué le cheval, qui leur donnait l’ascendant au combat, et tous les animaux d’élevage traditionnel. Le porc (*sus) avait notamment un rôle important, et sa possession était un signe de richesse. Des troupeaux de bœufs (*gwous) ou d’ovins (*owis) étaient conduits de pâturage en pâturage par les ancêtres indo-européens des cow-boys, les *poymenês ou « bergers ».

Les *Aryōs étaient probablement installés en cités (*wastu) autour d’une colline où était établie une citadelle (*pelis). Ils n’étaient pas des nomades, encore moins une aristocratie guerrière imposant sa domination à des peuples étrangers. Sans la technologie moderne, sans l’écriture certes, ils ne différaient pourtant guère de nous. Européens avant que le mot même n’existe.

Leur religion était celle d’hommes libres. Les dieux étaient honorés autour de sanctuaires de bois,  avec des « idoles » de bois pour les personnifier et servant d’objet intermédiaire pour les contacter. Tous savaient que les dieux vivaient au ciel (*akmon, un « ciel de pierre ») et pas dans des sculptures. Ils possédaient sans doute des temples de bois (*temenom) réservés aux prêtres. Les figures divines étaient aussi bien masculines que féminines, sans que les unes aient un ascendant sur les autres, à l’exception du ciel-père (*dyeus) et de la terre-mère (*dhghōm), son épouse. Le rapport entre l’homme et le dieu n’était pas celui entre un esclave et son maître, mais entre amis, même si l’un était mortel et l’autre immortel. Les dieux se mêlaient aux mortels et parfois s’unissaient à certains d’entre eux, faisant naître des héros et des protecteurs. Ils n’avaient pas besoin de créer un mot comme « laïcité » car ils l’étaient par nature.

Les *Aryōs se méfiaient en effet de la magie et de toutes les spéculations métaphysiques. Leur bon sens les faisait préférer une religion simple avec de grandes figures divines préposées à des fonctions spécifiques. Il aurait été aberrant d’honorer la déesse de la terre avant d’aller au combat ou le dieu du ciel pendant qu’on ramassait les récoltes. Le rite avait au moins autant d’importance que la foi. Le contrat signé entre les dieux et les hommes devait être renouvelé. Et si les dieux étaient courroucés, comme lorsqu’un protecteur puissant vous fait défaut, il fallait les apaiser en sacrifiant des animaux d’élevage, tout en conservant les bons morceaux pour les hommes. Les dieux devaient se contenter d’humer l’odeur de la viande brûlant sur l’autel du haut de leur royaume céleste. Ils étaient modernes dans une époque qui ne l’était pas. Et c’est ainsi qu’ils purent être à la source de trois grandes civilisations (Europe, Perse, Inde) qui rayonnent encore aujourd’hui. Les mots « démocratie », « république », « laïcité » ou « égalité » leur étaient inconnus. Mais ils les vivaient.

Thomas FERRIER (LBTF, Le Parti des Européens)