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01/05/2016

« Habebamus papam ». Bergoglio contre l’Europe.

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image4.jpgL’Europe est victime d’une grave crise migratoire. Des milliers de migrants, syriens ou non syriens, parfois chrétiens mais bien plus souvent musulmans, se massent chaque jour à nos portes afin de gagner nos rives pour y bénéficier de tous les droits de nos concitoyens, sans qu’on exige d’eux l’accomplissement des mêmes devoirs.

Nous serions en devoir de leur refuser l’entrée, parce que nos ancêtres ne se sont pas battus pour que notre continent cède à une mauvaise conscience attisée par des faussaires moraux. On peut d’ailleurs constater que les pays arabo-musulmans se gardent bien d’accueillir chez eux ces migrants pourtant de même origine qu’eux. Les pétromonarchies du Golfe, qu’on présente abusivement comme des alliés, s’y refusent et les migrants eux-mêmes savent qu’il vaut mieux éviter de tester leurs frontières.

L’Europe paie d’ailleurs l’alignement de sa politique sur celle des États-Unis, avec parfois un zèle troublant, comme cet entêtement du gouvernement français à faire tomber Bachar-El-Assad à tout prix, permettant au cancer « Daesh » de naître.

Dans un tel contexte, les provocations répétées du « pape » François, alors que les opinions publiques européennes expriment une légitime inquiétude et alors que les États semblent moralement désarmés pour faire respecter les frontières de notre continent, sont inacceptables.

Il est normal de déplorer que des gens quittent leur pays parfois au péril de leur vie, même si c’est souvent pour de mauvaises raisons, et si les « réfugiés » sont souvent en fait des migrants économiques profitant de l’occasion pour s’installer dans une Europe bien trop généreuse à leur endroit. Il est également parfaitement légitime de porter assistance à des naufragés, car c’est un devoir moral élémentaire.

Mais ce n’est acceptable que si on associe ces actions de mesures d’une grande fermeté, en indiquant explicitement aux migrants que ce voyage aller sera suivi immédiatement d’un voyage retour. Ainsi l’argent dépensé pour payer les passeurs sera perdu, et les risques pris auront été bien inutiles.

Le pape devrait appeler ces migrants à demeurer chez eux et à se battre sur leur propre sol, comme le font ces courageux combattants kurdes, contre la barbarie islamique qui les menace, si c’est bien elle qu’ils prétendent fuir. Car on peut parfois en douter. Il devrait inviter l’Europe à avoir le courage de savoir dire « non » et ne pas détourner les règles de l’hospitalité en des règles d’assistanat.

La véritable hospitalité, c’est celle des Phéaciens envers Ulysse. Après lui avoir porté assistance, après qu’il fait naufrage, les Phéaciens armèrent un bateau et permirent au héros de retrouver Ithaque, son île natale. Aujourd’hui, elle consiste à pacifier la situation sur place, comme la Russie y a contribué, et à permettre à ces migrants de retourner chez eux. Elle ne consiste pas à leur donner chez nous des droits pour lesquels nos ancêtres se sont battus.

C’est là qu’il faut comprendre que le « pape » François sort de la réserve propre à sa charge pour empiéter sur un terrain politique pour lequel il n’est pas légitime. Il donne des leçons de morale et en vérité de culpabilisation aux Européens, les incitant au laxisme migratoire et donc à la lâcheté identitaire. Ce faisant, il ne rend service à personne.

Son action d’accueillir à Rome même plusieurs familles de migrants, par ailleurs tous musulmans, est symboliquement un appel d’air parfaitement nocif. Il va encourager d’autres personnes à prendre des risques insensés et en même temps exacerber les Européens qui en ont assez de subir des flux indésirables alors qu’ils ne sont en rien responsables des causes.

Il agit ainsi en militant de la « théologie de la libération », ce christiano-marxisme qui domine une partie de l’Amérique du Sud d’où le pape est originaire, oubliant par ailleurs qu’il est lui-même de souche européenne. Au lieu d’agir au service de l’Europe et des Européens en encourageant ces derniers à la résistance, comme Nicolas V apportant son soutien à Constantinople en 1453, il veut nous désarmer. C’est irresponsable.

Depuis Constantin, en Europe, le compromis entre le pouvoir politique et L’Église a reposé sur une assistance mutuelle. Le pape actuel rompt cet équilibre pour prôner une forme d’évangélisme post-colonial pleurnichard. Et pour ce faire, il est prêt à trahir une Europe en danger de mort pour la simple et bonne raison que sa religion y est affaiblie, sans se demander pourquoi. De la religion on demande assistance et non leçon de morale, appui et non culpabilisation. Le pape se croit au Ier siècle de l’empire romain alors que nous sommes dans la situation du Vème siècle, celui des invasions barbares.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

06/03/2016

Elections slovaques : à droite toute !

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nationalisme,euroscepticisme,Slovaquie,migrants,islamOn s’attendait à une victoire de Robert Fico, premier ministre sortant du SMER, parti social-démocrate aux accents nationalistes et anti-migrants. Elle a été au rendez-vous certes mais apparaît davantage comme une victoire à la Pyrrhus. Avec 28.3% des voix, le SMER perd 16 points, ce qui peut s’apparenter à une sérieuse déconvenue, et n’obtient que 49 sièges, loin des 75 sièges requis pour former une majorité. Au moins Robert Fico peut se satisfaire de l’absence d’un grand parti d’opposition.

Les grands gagnants sont les différentes formations de droite nationale dont la division ne fut désastreuse pour aucune. Le Parti National Slovaque (SNS), qui avait été écarté du parlement en 2012 avec 4.6% des voix (< 5%, synonyme d’élimination), renaît littéralement sous la conduite de son nouveau dirigeant Andrej Danko et obtient 8.7% des voix et 15 sièges. L’éviction du Le Pen slovaque, Ian Slota, en 2013, est pour beaucoup dans ce résultat. C’est certes un score inférieur à celui que les sondages pouvaient lui faire espérer. Mais la concurrence fut forte. Ainsi, le LSNS (« Parti du peuple – Notre pays ») de Marian Kotleba, considéré parfois comme néo-fasciste, obtient 8% des voix (contre 1.6% en 2012) et 14 députés. A ces deux partis classique, il faut ajouter le mouvement Sme Rodina (« Nous sommes une famille » du populiste Boris Kollar, qui pendant toute sa campagne a tapé sur les migrants musulmans. Il obtient 6.6% des voix et 11 sièges.

La droite eurosceptique et libérale incarnée par le mouvement Sloboda a Solidarita (« Liberté et solidarité ») s’impose comme deuxième parti du pays avec 12.1% des voix (contre 5.9% en 2012) et 21 sièges. Les autres formations de droite s’en sortent honorablement, à savoir le nouveau venu SIET (5.6% et 11 sièges) et le mouvement OL’ANO (11% des voix et 19 sièges, +2.4 points). Seul les chrétiens démocrates (KDH) échouent de peu et sont éliminés, avec 4.9% des voix (-4 points). Enfin, le Mouvement des Hongrois (SMK/MKP) avec 4% des voix reste à peu près au même niveau qu’en 2012 (-0.26).

Avec une droite nationale réunie à 23.4% des voix, on peut dire que l’opinion publique slovaque s’est radicalisée suite à la crise des migrants. Il s’agissait pour les Slovaques de mettre la barre suffisamment à droite pour donner à Robert Fico des arguments solides pour résister aux pressions de l’Union Européenne. C’est désormais le cas. Même si ce dernier est malgré tout fragilisé et va probablement devoir s’allier avec ces formations ou en tout cas avec une partie d’entre elles. 

Ces résultats vont encourager ceux qui pensent que soutenir au pouvoir une ligne dure aboutit à décomplexer la population et à ouvrir la porte à des formations beaucoup plus radicales. Le cas hongrois l’indique aussi avec un Jobbik qui est souvent en deuxième position derrière le mouvement de Viktor Orban et ce au détriment de la sociale-démocratie. En revanche, en Tchéquie, depuis l’époque des années 90 où le parti des Républicains inquiétait l’opinion occidentale, aucun mouvement nationaliste n’a émergé, mais la droite tchèque est assez à droite pour l’empêcher.

Le groupe de Visegrad commence désormais à se singulariser par cette montée d’un courant nationaliste et donc potentiellement ou ouvertement eurosceptique, qui est en réalité motivée par une inquiétude croissante des populations face à l’immigration non-européenne et/ou musulmane qui touche l’Europe occidentale. Boris Kollar a notamment fait campagne sur le fait que Bratislava n’ait pas à connaître la situation de Cologne et de Paris. En France, on préfère fermer les yeux, comme ce politologue de BFM-TV expliquant ce matin que la France était le pays d’Europe ayant le moins d’immigrés, ce qui va contre tout sens commun, puisque ne prenant pas en compte les flux antérieurs.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

29/06/2013

Analyse des résultats complets et définitifs des élections albanaises

 
482_2.jpgAlors que le site officiel de la commission électorale reste bloqué à 99,55% du dépouillement, le journal Shqipteria nous donne le tableau complet des résultats au niveau national sur l’ensemble des bureaux de vote (5508).

Le Parti Socialiste d’Edi Rama est le premier parti du pays avec 41,5% des voix (+ 0,6), obtenant 66 députés (+1) mais il progresse très peu. Ce n’est donc pas sur ses seules forces que la coalition qu’il dirige, l’Alliance pour une Albanie Européenne, mais grâce aux résultats de ses alliés. La LSI (Socialistes pour l’Intégration), formation modeste, triomphe avec 10,5% des voix (+5,6) et 16 députés (+12). Elle est le véritable vainqueur du scrutin et, en ayant choisi le camp de Rama, elle lui permet de devenir premier ministre. N’ayant que 66 sièges sur 140, même en comptant les deux sièges obtenus par le Parti Chrétien Démocrate (0,5% et 1 siège) et le mouvement Bashkimi (0,8%, 1 sièges), le PS est contraint de faire d’importantes concessions à son partenaire principal. Les autres listes associées connaissent en revanche un résultat plus modeste, le PDS tombant à 0,7% des voix, le PSDA (sociaux-démocrates) à 0,6% (-1,2), l’Alliance Populaire à 0,5% (+0,5), le Parti socialiste et vert 91 à 0,4%.

Néanmoins, l’alliance ASE obtient en score cumulé 57,7% des voix, ce qui constitue une large victoire et surtout incontestable. Elle progresse de 12,3% et de 18 sièges, avec 84 sièges en tout, soit quatorze de plus que la majorité absolue au parlement.

Le Parti Démocrate de Sali Berisha est le grand perdant du jour, même si sa coalition « Aleanca per Punesim, Mireqenie e Integrim » obtient 39,4% des voix. Le PD n’obtient en effet que 30,6% des voix, soit 9,4 points de moins qu’en 2009 et 49 députés (contre 68 précédemment). C’est davantage la chute du PD qui explique à lui seul ce résultat désastreux qu’un désaveu de ses alliés. Le Parti pour les Droits, l’Intégration et l’Unité (PDIU) obtient 2,6% des voix (+1,7) et 4 sièges (+3). Le Parti Républicain (PRS) obtient 3% des voix (+0,9) et 3 sièges (+2). Le Parti « Démochrétien » obtient enfin 0,8% (-0,1) tout comme le Balli Kombëtar qui se contentera de 0,3% (-0,1). Les autres formations de la coalition demeurent marginales.

Les listes indépendantes sont quant à elles écrasées par ce duel fratricide, le FRM (Mouvement démocratique) n’obtient que 1,7% des voix, et 0 siège puisqu’il ne fait pas partie d’une coalition. Le système albanais ressemble en effet au système italien en ce sens que la barre à franchir est beaucoup plus haute lorsque l’on est seul qu’accompagné. L’Alliance Rouge et Noire (Aleance Kuq e Zi ou AK) a échoué également, avec 0,6% des voix seulement. Cette formation nationaliste, créditée en début d’année de plus de 12% des voix dans les sondages, n’a cessé de s’effondrer. Le vote utile aura fait le reste, en plus de la méfiance de beaucoup d’albanais pour leurs voisins kosovars, y voyant peut-être un frein à leur propre intégration à l’Union Européenne. Celle-ci a été plébiscitée et le parti le plus pro-européen (mais pas au sens d’un européisme authentique, bien sûr) a triomphé. Enfin, la Ligue pour les Droits et le Progrès (LDP) n’obtient que 0,1% des voix.

Edi Rama sera donc premier ministre et Sali Berisha retournera dans l’opposition. A 68 ans, sa carrière n’est pas nécessairement terminée, mais il aura fort à faire pour retrouver le crédit lui permettant à nouveau de s’imposer dans quatre ans. Quant à Rama, il aura une mission difficile, s’opposer à la corruption qui gangrène l’Albanie et crédibiliser la demande d’adhésion du pays à l’UE, par des réformes structurelles profondes.

On notera enfin que l’Albanie, pays prétendument musulman, n’a vu la candidature d’aucune liste se revendiquant de l’islam, alors que plusieurs listes démocrates-chrétiennes étaient présentes en revanche, dans les deux camps. Les courants classiques d’Europe occidentale sont pleinement représentés, y compris un « Front National » (Balli Kombëtar) intégré à la droite classique. Quant au nationalisme albanais à vocation expansionniste, il est largement désavoué. L’idée d’unification de l’Albanie et du Kosovo a été nettement rejetée. On comprend bien que l’objectif numéro 1 de l’Albanie, ce n’est ni l’islam ni le nationalisme, mais bien l’Europe. En revanche, un processus d’adhésion trop lent en faveur d’une Union Européenne trop faible pourrait changer la donne défavorablement. Pour cela, l’UE doit devenir réellement une Europe politique et surtout une Europe identitaire, décidée à se faire respecter par les USA, mais aussi affirmant clairement ses valeurs les plus fondamentales, les plus ancestrales aussi, en rejetant définitivement la candidature turque.

L’Albanie a vocation à rejoindre l’Union Européenne, mais pas la Turquie. L’Albanie est globalement désislamisée quand la Turquie se réislamise sous la conduite de l’AKP d’Erdogan. L’Albanie est européenne, la Turquie ne l’est pas. Les électeurs albanais l’ont une fois de plus démontré avec beaucoup de maturité.
 
LBTF

16/06/2013

Les dieux de Shem

Baal_main.gifErnest Renan avait popularisé l’idée que le désert était naturellement porteur de monothéisme, et au XIXème siècle, il était courant à gauche de distinguer le polythéisme indo-européen du monothéisme sémitique, dans une opposition simpliste et au final factice. De la même façon, chez les chrétiens et les musulmans, on retrouve le mythe d’un « monothéisme originel », le passage au polythéisme s’apparentant à une déchéance en tombant dans l’idolâtrie (« veau d’or »). Abraham n’apparaît donc pas comme l’inventeur du monothéisme mais comme le restaurateur d’une tradition ancestrale perdue.
 
Or, avant même qu’il n’existe des cananéens et des assyriens, des arabes et des phéniciens, il existait un peuple préhistorique que par convention on a appelé « proto-sémitique » et dont la langue est mère des langues sémitiques anciennes (akkadien, assyrien, cananéen, araméen, phénicien) et modernes (hébreu, arabe). Ce peuple possédait une culture bien spécifique, avec un roi-prêtre (proto-sémitique *m’lku) et un panthéon possédant une dizaine de grandes divinités, masculines comme féminines. Il semble bien que ce soient les peuples ouest-sémitiques qui soient demeurés les plus fidèles à cette religion ancienne, alors que les Akkadiens ont très vite fusionné leur mythologie avec celle des Sumériens. Ainsi, le dieu sumérien du ciel An (devenu Anu en akkadien) était-il aussi appelé Ilu, de même que Bel Hadad était alors apparenté au sumérien Ishkur. Et la déesse Ishtar devint l’homologue de la sumérienne Inanna, déesse de l’amour, de la guerre et des enfers. Les Iluhim ou fils d’El et les Announaki sumériens ou fils d’An fusionnèrent assez naturellement.
 
Le dieu suprême du panthéon proto-sémitique était *Ilu, à la tête des *Iluhim (ou dieux) et des *Ilatim (ou déesses). Il était symbolisé par un taureau céleste et son nom pouvait signifier à l’origine « celui qui est en haut », donc le ciel souverain. Comme le *Dyeus indo-européen, *Ilu était un dieu assez distant qu’on l’on craignait davantage qu’on en attendait une assistance concrète. Néanmoins, l’El phénicien, l’Allah des Arabes païens ou encore El Elyon « le très-haut », dieu de l’acropole de Jérusalem, étaient fort honorés.
 
C’est son fils, le dieu de l’orage, *Adadu, généralement surnommé *Balu, « seigneur », qui bénéficiait de plus grands honneurs. A la différence de son divin géniteur, il était beaucoup plus proche des hommes puisque, dans un environnement semi-désertique, il était le seul à apporter la pluie bienfaitrice. Il était en conséquence également le dieu de la fertilité, capable de vaincre la mort, personnifié en Canaan par le dieu Môt. Il fut appelé Adonis par les Grecs, alors qu’il associait davantage les fonctions de Zeus et d’Arès, mais aussi de Dionysos.
 
Ces deux dieux disposaient d’une ou plusieurs épouses attitrées. *Ilu était l’époux de la déesse *Atiratu, elle-même surnommée *Ilatu, parèdre du dieu du ciel. On la retrouve sous les traits de l’Asherah cananéenne mais aussi de l’Allat arabe, même si les textes musulmans la présentent comme « fille d’Allah » et non comme l’épouse qu’elle était. Elle était la mère des autres dieux, mais n’avait visiblement pas le rôle d’une déesse chtonienne.
 
Quant à *Adadu, il possédait deux épouses aux rôles bien différents, mais qui n’étaient peut-être en définitive qu’une seule. Il était l’époux de la déesse de l’amour et de la fertilité, *Attartu (cananéenne Ashtoreth, akkadienne Ishtar, arabe al-Uzza), qui était également appelée *Balatu (« épouse de Baal »), mais aussi de la déesse vierge guerrière *Anatu, qui rappelle par certains traits l’Athéna des Grecs.
 
Le rôle principal de ce dieu de l’orage était, comme dans la mythologie indo-européenne, de combattre le dragon des eaux, sorte de monstre gigantesque entourant la terre de ses anneaux. Chez les cananéens, son nom était Lotan, qui a donné le Léviathan, mais son nom originel n’a pu être reconstitué.
 
ashtoreth.gifLes autres divinités importantes représentaient les astres et phénomènes célestes. Le soleil était vraisemblablement une divinité féminine, ce qui peut surprendre dans un premier temps, si on songe au dieu du soleil Shamash en Akkad et à l’idée que le soleil dans un environnement semi-désertique serait nécessairement un symbole de puissance. *Shamshu a en effet eu des héritières de sexe féminin, comme la déesse arabe Shams. Le caractère masculin de son incarnation akkadienne tient certainement à une influence sumérienne, Utu étant le dieu sumérien du soleil et le juge des hommes. Et de même, *Warihu était le dieu de la lune, que l’on retrouve sous les traits du Yarih cananéen, et qui correspond au dieu assyro-babylonien Sîn. *Warihu, en tant que dieu guerrier, et *Shamshu étaient visiblement un couple divin, au même titre qu’*Ilu et *Ilatu et que *Balu et *Balatu.
 
Ils avaient comme frère ou comme enfant le dieu de l’aurore, *Sharu. Contrairement à la mythologie indo-européenne, chez les Proto-sémites, l’Aurore était une divinité masculine. Il était le père de deux dieux jumeaux correspondant à l’étoile du matin et à l’étoile du soir, à savoir la planète Venus. En Canaan, les fils de Shahar étaient Helel, assimilé par les Latins puis par les Chrétiens à Lucifer, et Shelim. En revanche, chez les Grecs, Eosphoros et Hesperos étaient fils de la déesse Aphrodite, incarnation de l’aurore indo-européenne.
 
Enfin, il est possible que le peuple proto-sémitique ait eu au sein de son panthéon un dieu de la mer comparable au dieu cananéen et phénicien Yam, mais ce n’est pas certain. Il est absent dans la mythologie arabe comme dans la mythologie babylonienne. Et le dieu *Kottaru était probablement le dieu de la forge et du feu des anciens Sémites, de même que le dieu *Reshpu était vraisemblablement le dieu médecin.
 
Par la suite, les peuples sémitiques, une fois qu’ils ont quitté leur foyer d’origine, qui était probablement la corne est de l’Afrique ou le sud-ouest de l’Arabie (actuel Yemen), ont enrichi leur panthéon de divinités variées, et notamment divers Baalim préposés à telle ou telle mission.  Les formes « Baal » et « El » ont même pu devenir les surnoms du dieu du soleil chez les Phéniciens, comme Baal Shamin, « seigneur des cieux » ou El Gabal, finissant sous Aurélien par acquérir les traits d’un Sol Invictus.
 
Et de la même façon, certains peuples ont eu tendance à développer le culte d’un dieu ethnarque, un dieu spécifique à chacun. C’est ainsi que des divinités comme l’akkadien Marduk ou l’assyrien Assur ont pris les traits d’un dieu orageux, de la même façon que le Kemosh amoréen et que le Yahweh judéen. Dans ce dernier cas, la fusion est totale entre la dimension céleste d’El, d’où la récupération du culte d’El Elyon à Jérusalem, et la dimension guerrière et orageuse d’un Baal Hadad (Sabaoth). La monothéisation d’El aboutira en revanche chez les Arabes au Allah islamique, cet ancien dieu du ciel, époux d’Allat et père de Quzah [Baal] et de al-Uzza [Ashtoreth], devenu dieu unique.
 
Dans la tradition judéenne, Yahweh n’était pas à l’origine un dieu unique, mais un dieu protecteur du seul peuple d’Israël. Dans un environnement où les peuples voisins ont grosso modo les mêmes dieux, il devint important de se distinguer en religion. Les Phéniciens restèrent des polythéistes, y compris dans leur succursale carthaginoise, jusqu’à la christianisation de l’empire romain. Les dieux sémitiques continuèrent en outre d’être honorés dans ce sanctuaire qu’était Harran, en Syrie, jusqu’au XIème siècle.
 
Les polythéismes sémitiques sont enfin réapparus à l’époque moderne aussi bien au sein du courant sioniste (le mouvement « cananéen ») que des communautés juives d’Amérique (« judéo-paganisme »), et dans une moindre mesure chez certains intellectuels arabes (« wathanisme »).

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

02/12/2012

Qui/que sont les dieux ?

paganisme,christianisme,islam,polythéisme,liberté,science,zeus,cosmosLes fondements du « paganisme », c'est-à-dire d’une vision multiple du divin (« polythée »), reposent sur la croyance en l’existence d’êtres supérieurs, de forme humanoïde, qu’on appelle « dieux ». Mais que sont donc ces dieux et quel lien ont-ils avec les êtres humains ?

A la différence du monothéisme qui postule l’existence d’un dieu démiurge, hors du monde, manœuvrant les hommes comme de simples pions sur l’échiquier cosmique, les dieux « païens » s’inscrivent strictement à l’intérieur de ce cadre qu’est le cosmos. Que l’univers naisse d’un œuf cosmique, du sacrifice d’un homme primordial, cela n’a pas d’importance. Il est un fait que si démiurge il y a eu, il était antérieur à l’univers. C’est « Chaos » personnifié qu’on retrouve dans la mythologie grecque, c’est sans doute Janus, le dieu des commencements et des fins dans la mythologie romaine. Mais désormais, au sein du cosmos, son rôle est désormais nul, s’il n’est pas mort en le faisant naître. Cela ne signifie pas que les forces de destruction, et d’involution, cherchant à ramener le monde à avant son existence, n’existent pas. Sa personnification classique est celle d’un serpent ou d’un dragon que combat le dieu de l’orage.

Les dieux sont les piliers de l’univers, ce qu’il faut comprendre dans l’expression indo-européenne *ansus, pour désigner une divinité, les garants de l’ordre. Ils incarnent les forces à l’œuvre au sein du monde pour protéger celui-ci de la destruction.

Ces forces du cosmos, et de la nature, sont en relation avec les différents éléments, à savoir en premier lieu les astres (soleil, lune, terre, étoiles, planètes), les phénomènes atmosphériques (ciel de jour, nuit, aurore, crépuscule, orage, arc en ciel) et les éléments (vent, eau, feu), et enfin les animaux et les végétaux. Si l’évolution des mentalités, et le progrès technique, enrichissent ces dieux primordiaux de fonctions nouvelles, en relation avec les activités humaines (guerre, industrie, science, économie, agriculture) ou même les concepts (amour, intelligence théorique, intelligence pratique) et les innovations (musique, sculpture, écriture), il ne s’agit que de variations sur un même thème.

Ainsi, le dieu de l’orage, du tonnerre et de l’éclair, s’est-il vu enrichi de fonctions supplémentaires, comme le fait de patronner la guerre, de protéger les combattants, de donner la victoire à ceux qui le méritent, et jusqu’à assurer la paix aux frontières. De même, la déesse de l’aurore est-elle devenue déesse de l’intelligence pratique mais aussi de l’amour, du tissage, du mariage et de la famille. La déesse de la terre est devenue déesse de l’agriculture. Le dieu de l’eau est devenu le dieu des lacs et des rivières, puis le dieu de la mer et des océans, et enfin le dieu des marins. Le dieu des bêtes sauvages est devenu le guide des troupeaux, puis le dieu des chemins, le dieu des chemins de l’esprit (science) et même le dieu du commerce. Enfin le dieu du soleil, astre de vie, est devenu le dieu de la justice, car il voit tout, le dieu des arts et de la beauté, le dieu de la médecine car les anciens connaissaient les propriétés bénéfiques des rayons solaires, et le dieu garant des contrats et des serments.

Si le rôle des dieux s’est accru avec le temps, leurs pouvoirs n’ont en rien été diminués, bien au contraire. Ils président même les institutions politiques des tribus, des cités puis des états, et jusqu’aux confréries professionnelles. En Grèce classique, Arès est le dieu des soldats, Aphrodite la déesse des hétaïres, Hermès le dieu des marchands, et des voleurs, Déméter la déesse des paysans, Zeus le dieu des responsables politiques, Héphaistos le dieu des forgerons et des ouvriers, Athéna la déesse des tisseuses mais aussi celle des savants et des sages.

Il y a donc différents niveaux de lecture de ce que les (anciennes) divinités peuvent représenter. Si le cœur historique et fondamentale d’un dieu est son lien avec une force de la nature spécifique, comme Silvanus protège les forêts, comme Pomona protège les arbres fruitiers, comme Vesuna préside à la production de biens, avec un animal emblématique (le loup pour Mars à Rome, l’ours pour Artémis, l’aigle pour Zeus, le cerf pour Cernunnos, le corbeau pour Apollon, la chouette pour Athéna), il est aussi un acteur de la vie publique, un acteur de la vie économique, de la vie sociale, de la vie culturelle. Le temple exalte le génie des architectes, et des mathématiciens. La nécessité d’une statue cultuelle excite l’imagination et la talent des sculpteurs. La religion inspire aussi le poète.

Les œuvres de Phidias, d’Alcamène, de Scopas, de Praxitèle nous rappellent à quel point l’ancienne religion a suscité la création d’œuvres d’art inestimables. La poésie d’Homère, d’Hésiode, de Pindare, de Virgile, en sont d’autres exemples, comme l’est la philosophie d’Héraclite, de Platon ou d’Aristote. La Renaissance a remis au goût du jour ces arts majeurs, sublimés par la musique, de même que le romantisme, qui au souffle gréco-romain y ajoutera le souffle hyperboréen. Lorsque Ronsard pense à l’amour, la figure d’Aphrodite lui apparaît immédiatement. Lorsque David s’apprête à peindre, il a à l’esprit les mânes de Romulus et de ses hommes face aux Sabins, les Horaces se préparant au combat, Brutus l’ancien levant le glaive vengeur en hommage à Lucrèce outragée.

Les dieux « païens » encouragent les hommes à être meilleurs, à user de leur intelligence, à faire preuve de courage. L’homme a été forgé doué de raison, animé par le doute, qui fonde la science. Son rapport avec les dieux est celui que l’on peut avoir avec un ami puissant et bien disposé à son égard, mais qui peut se fâcher et cesser d’apporter son appui, ou même aider celui qui aura été davantage méritant. Le Dieu monothéiste exige en revanche la soumission absolue à son égard, le rejet de la raison si celle-ci s’oppose à sa volonté, le renoncement à tout ce qui fait un être humain, et même à sa liberté. Les Grecs anciens pouvaient honorer un Zeus qualifié de Eleutherios, « libérateur » mais jamais le Dieu chrétien n’a reçu une telle épithète. Là où le Dieu des païens souhaite que l’homme accomplisse son destin, le Dieu monothéiste veut l’entraver. Si l’homme s’avise de vouloir manger de la pomme de l’immortalité, de l’éternelle jeunesse et de la sagesse suprême, il est puni et mis plus bas que terre. Héraclès au contraire terrasse le gardien du jardin des Hespérides, consomme ses pommes, et accède ainsi, après sa mort dans la souffrance sur le bûcher du Mont Oeta, à l’éternité.

Ce que Nietzsche appelle le surhomme, décrit comme un fil tendu entre l’homme et le dieu, entre l’inhumain et le surhumain, et pour qui à l’époque moderne l’incarnation idéale était Napoléon Ier, les anciens l’appelaient herôs en grec, divus (« divin ») en latin. Le bon empereur était fait divus par le Sénat, mais en revanche le mauvais empereur était maudit, son nom même était effacé, il subissait la damnatio memoriae.

Le dieu païen pouvait ainsi être qualifié de philos, « ami », ou même de comes, « compagnon ». Le jeune Constantin avait ainsi Sol Invictus Comes à ses côtés, tout comme le shah iranien avait Mithra. Et dans certaines traditions, comme dans le zoroastrisme, les héros avaient un rôle bien plus décisif pour l’avenir de l’univers que les dieux eux-mêmes. De même, Wagner ne lie-t-il pas le crépuscule des dieux à la mort de Siegfried ?

Il n’y avait pas d’athées dans l’antiquité « païenne », même si Lucien de Samosate se moque des bigots, même si Evhémère présente les dieux comme des rois et des héros devenus « divins » par leurs actions. Les savants évoquaient les dieux comme un objet de recherche comme un autre. Ils étaient même des « objets philosophiques ». Les dieux d’un paysan du Latium étaient pourtant les mêmes que ceux d’un grand philosophe athénien. Celtes, Romains, Grecs, Germains et Slaves ne s’affrontaient pas au nom de dieux différents. Les Varègues suédois et les Slaves, qui formeront unis la Rus’ de Kiev, considéraient leurs dieux comme identiques sous d’autres noms, ainsi Thor et Perun, Odin et Volos, Balder et Dazbog. A Torsberg, « colline de Thor », au Danemark, on a même retrouvé un bouclier dédié au Mars romain, comme si les deux divinités n’en formaient qu’une.

L’antique religion fut ainsi au service de la science, de la liberté, de la prospérité économique, du courage des combattants, de l’honneur des hommes et des femmes. Elle ne constituait pas un frein au développement mais l’accompagnait avec bienveillance et l’encourageait même. Lorsque le christianisme, puis l’islam, se sont abattus sur le monde « païen », la science recula, le doute céda la place à la foi aveugle, la liberté sombra face à un esclavage d’une nature nouvelle, non plus l’asservissement du seul corps mais aussi celui de l’âme. Même si tout ne fut pas ténèbres, même si la lumière perçait grâce à la ténacité de penseurs, de savants, de chefs et d’aventuriers, même si en plein Occident chrétien et à Byzance des écoles philosophiques de haute tenue existaient, c’était une Europe bridée, une Europe ralentie dans sa marche vers le progrès par le fanatisme. La Renaissance fut le coup le plus dur, et le plus salutaire, porté à cette civilisation obscurcie. Elle n’était que le début d’une remise en cause complète d’une tutelle devenue à nouveau insupportable. C’est ainsi que certains penseurs en vinrent à se souvenir avec émotion de l’époque où on honorait des dieux multiples, de cette époque de liberté où science et religion s’accordaient au service de l’humanité.

Lorsque l’homme accomplit son rôle au sein de la nature qui l’a vu naître, lorsqu’il se place au service de la raison et de l’ordre en toutes choses, lorsqu’il cherche à comprendre le vivant et les lois de l’univers, lorsqu’il fait preuve de raison et de modestie, de mesure et d’amour de la vérité, son être résonne avec le monde. C’est le principe platonicien remis à l’honneur par Léonard de Vinci de l’homme microcosme, reflet à petite échelle de l’harmonie cosmique. C’est ainsi qu’il est au sens strict un écologiste, un défenseur de son environnement, et œuvre aux côtés des dieux à la préservation de ce monde qui est nôtre, de cette richesse et de cette diversité.

Le « paganisme » a su unir science et conscience, progrès technique et respect de la nature. Les religions modernes, même celles dont l’extrémisme a été durablement émoussé par la liberté scientifique, n’ont pas ces vertus. L’athéisme moderne est hémiplégique, il n’a fait que la moitié du trajet. Se détourner du Dieu qui opprime amène à se tourner vers ce Dieu qui libère et non à nier le caractère sacré de la nature. L’Europe retrouvera la maîtrise de son destin lorsqu’elle ira au bout de cette révolution mentale qui lui est si nécessaire, car « l’homme de l’avenir sera celui qui a la mémoire la plus longue » (Nietzsche).

Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)

07/10/2012

De la laïcité en politique...

flamines.jpgLe débat sur la laïcité est redevenu d’actualité depuis que Marine Le Pen s’en est emparé, ce qui lui est contesté notamment par la gauche. Lorsque « Marine » déclare que « nos valeurs républicaines sont issues de notre culture chrétienne », alors même qu’elle peut déclarer par ailleurs que la laïcité est une neutralité vis-à-vis des religions, exigeants des français de confession juive qu’ils renoncent à porter la kippa pour qu’elle puisse faire interdire le voile islamique, on lui reproche de « déguiser sa xénophobie en défense de la laïcité » (Renaud Dely). En liant laïcité et christianisme, Marine Le Pen défend implicitement le christianisme face à l’islam en s’appuyant sur la « République ».

En réalité, la laïcité n’est pas et n’a jamais été un traitement neutre et équitable entre toutes les religions. Ce n’est pas un hasard si Maurice Allard, député socialiste, et l’un des partisans les plus durs de la loi de 1905 sur l’Eglise et l’Etat, ne cachait pas son apologie implicite du paganisme issu de la tradition indo-européenne et rendait hommage à l’empereur Julien. La laïcité est la défense du peuple contre les clercs, mais surtout la défense des valeurs populaires contre les dogmes religieux. Le « laos » est en grec « le peuple », et la laïcité est stricto sensu « la chose du peuple », comme la république d’ailleurs (« res publica »).

La laïcité est donc la défense de la religion populaire, qui en Europe est un mélange de paganisme et de christianisme (fonds païen, forme chrétienne), une « double foi » (une dvoeverie en russe, terme désignant la synthèse de ces deux spiritualités). Il s’agit ni plus ni moins que d’affirmer les valeurs traditionnelles européennes, dans lesquelles la femme est considérée comme l’égale de l’homme (depuis Pénélope attendant le retour de son époux à Ithaque), dans lesquelles la nudité n’insulte pas la divinité, dans lesquelles les plaisirs de la vie ne sont pas diabolisés, dans lesquelles le sexe n’est pas synonyme d’impureté et dans lesquelles représenter la divinité n’est pas un blasphème mais un acte de piété.

En liant la laïcité au christianisme, Marine Le Pen se trompe complètement dans le sens qu’on peut accorder à cette notion positive. Mais elle se trompe encore davantage en reprenant le sens courant donné à ce terme par la fausse « gauche ». L’Etat n’a pas à être neutre et à traiter équitablement toutes les religions. L’Etat a comme mission de défendre le peuple, les valeurs et les conceptions du peuple.

Ce n’est pas à une laïcité chrétienne, augustinienne (« rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu »), qu’il faut faire référence, pas plus qu’à une « laïcité » égalitariste moderne, mais bien à la laïcité européenne dans son authenticité, la laïcité antique, gréco-romaine. A Rome, les Juifs pouvaient porter la kippa et pratiquer la circoncision, par dérogation de la loi générale, afin de respecter les coutumes ancestrales de ce peuple, à partir du moment où celui-ci ne cherchait pas les imposer aux Romains. En revanche, ceux qui s’opposaient à la loi commune au nom des principes de leur religion, et qui ne pouvaient se prévaloir d’une clause d’exception, étaient condamnés.

Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)

22/09/2012

Provocations...

 
peter eisner,psune,laïcité,islam,charlie hebdo,marine le penLa publication par Charlie Hebdo de caricatures touchant à l’Islam a suscité, en France, beaucoup de réactions de la part de nos élites. Certaines intelligentes, comme celle de Christophe Barbier, interrogé dans l’émission C’est Dans l’Air, et d’autres hypocrites, comme celle d’Olivier Mazerolle débattant avec Ruth Elkrief.

La première erreur généralement commise est de penser que cette publication était adressée aux musulmans. Un représentant du journal s’est même trompé en disant qu’il voulait attaquer les intégristes. En réalité, c’est la population française dans son ensemble, sa classe politique et médiatique en particulier, qui en était le destinataire. Charlie Hebdo, que je n’ai jamais lu ni feuilleté car je n’ai aucune raison de l’apprécier, a fait pour une fois œuvre utile. Il a posé, sans le savoir, la question suivante aux Français : tenez-vous réellement aux principes fondamentaux qui font notre civilisation et nos modes de vie ? Ou alors êtes-vous prêts à toutes les compromissions ?

Là au moins, Christophe Barbier a été clair. Nous devons être intransigeants sur le liberté d’expression, même si cela nous fait prendre des risques. Notre liberté vaut bien de les prendre. Il a répondu « oui » à la question.

De son côté, Olivier Mazerolle, parmi beaucoup d’autres mais peut-être plus que d’autres, a répondu « non » en essayant de nous faire prendre ce « non » pour un « oui ». Selon lui, l’hebdomadaire n’aurait pas dû publier : c’était irresponsable. En revanche il faudrait, toujours selon lui, se montrer très ferme sur le respect de nos règles, refusant, par exemple, la pression sur les médecins hommes amenés à examiner des femmes. Il est vrai que nos dirigeants ne sont pas très clairs sur les sujets de ce genre. On a interdit la burqa dans l’espace public, mais on ne fait pas de zèle pour l’empêcher. On n’a rien fait contre l’abattage hallal généralisé. On ne parle plus des horaires séparés dans les piscines. On a accepté des exceptions dans les sports etc. Cependant Mazerolle croit-il nous duper en nous laissant imaginer que la fermeté qu’il préconise sera plus facile à installer que la liberté d’expression ? Mettons-nous à la place du musulman qui veut respecter les préceptes religieux qu’on lui a appris. Il n’est pas obligé de lire Charlie Hebdo ; de plus les insultes contre sa religion ne sont pas de son fait. En revanche, s’il permet qu’un homme examine sa femme, c’est lui qui commet l’offense. N’est-ce pas plus douloureux pour lui ?

En fait, tout est lié. Le respect de la place de la femme dans la société et la liberté d’expression ne sont pas séparables. Si l’on capitule sur l’un, on capitulera sur l’autre.

Marine Le Pen a lancé un autre pavé dans la mare, en proposant d’interdire les signes religieux dans la rue. La classe politique a réagi négativement dans sa quasi totalité. En revanche, comme un sondage de BFM semble le montrer, les Français y seraient favorables. Elle ajoute ceci : il faut interdire le voile, donc aussi la kippa. Elle fait ainsi œuvre utile en lançant le débat, même si elle n’a pas étudié sérieusement la question et y apporte une réponse inadaptée.

La seconde erreur généralement, qu'elle commet par ailleurs, est de placer sur le même pied les religions juive et musulmane. Cette erreur dérive d’une autre, celle qui consiste à interpréter la laïcité sous un angle exclusivement universaliste : soit une laïcité de combat qui s’oppose à toutes les religions, soit une laïcité d’empathie qui est ouverte à toutes, celle qui est choisie aujourd’hui par les anciens laïcards.

Or la laïcité, prise dans son sens authentique, est ce qui vient du peuple, par opposition à ce que prêchent les clercs. En Europe, la démonstration publique d’un christianisme populaire est laïque ; à l’intérieur du christianisme, les réminiscences de paganisme chez les gens du peuple sont des signes de laïcité. Comme un nombre important de Juifs a partagé la vie des Européens pendant des siècles et contribué à la culture européenne, leur pratique religieuse ne contredit pas la laïcité. Sachant, toutefois, que le port de signes extérieurs est surtout le fait de gens récemment arrivés.
 
L’Islam européen, celui des Albanais par exemple, n’a jamais posé de problèmes, mais il est très minoritaire. C’est au contraire un Islam d’importation, étranger au peuple européen, qui est en cause. Il ne peut pas se prévaloir des excuses que l’on accordera au Judaïsme.

Cette seconde provocation nous ramène à la première. La différence majeure, chez nous, entre le Judaïsme et l’Islam est que le second est prosélyte quand le premier ne l’est pas. Un article de Thomas Ferrier en a fait récemment la démonstraton. Ainsi la notion de « terre d’Islam », qui désigne toute terre sur laquelle un musulman a posé le pied, n’a-t-elle rien en commun avec la « terre d’Abraham ». En fait, la question posée par Charlie Hebdo se résume ainsi : la France, et par extension l’Europe, est-elle terre d’Islam ?
 
Peter Eisner (LBTF/PSUNE)

08/07/2012

De Soler, d’Onfray et de leurs détracteurs. Sur le monothéisme.

moses.jpgJean Soler est un remarquable historien spécialisé dans l’étude des origines du monothéisme. Acteur engagé de la société civile, dans ses deux derniers ouvrages, « La violence monothéiste » et « Qui est Dieu ? », il s’attaque aux trois monothéismes abrahamiques, en insistant sur la violence et l’exclusion qui leur seraient naturellement associées. Sa thèse n’est pas nouvelle et s’inscrit dans la plus pure tradition voltairienne, puis « néo-droitière », mais dans une version mise à jour à la suite des travaux novateurs d’archéologues israéliens (les auteurs de « La Bible dévoilée »). Ce n’est pourtant pas Soler qui crée le scandale mais l’éloge que Michel Onfray a prononcé dans Le Point à propos de son dernier ouvrage, reprenant en les vulgarisant les principales thèses de l’auteur dans son dernier opus.

Onfray nous a habitués à son combat contre l’obscurantisme religieux, lui-même professant un athéisme explicite et revendiqué, ce que nous ne partageons pas avec lui, partisans que nous sommes d’une vision bien au contraire ouvertement polythée. Il n’est pas étonnant que Soler lui ouvre de nouvelles perspectives, lui qui prend modèle sur le philosophe à coups de marteau, le démolisseur des idoles « galiléennes », pour reprendre l’expression de l’empereur Julien.

Depuis plusieurs jours, de nombreux intellectuels, notamment issus de la communauté juive, dénoncent Onfray comme un antisémite. Rien ne permet dans la pensée d’Onfray de le qualifier de tel puisque, très bon connaisseur de Nietzsche, il partage avec lui le refus absolu de l’antisémitisme, considéré comme d’essence chrétienne. Et son choix de privilégier Athènes à Jérusalem ne saurait en aucune manière être considéré comme une démarche d’hostilité mais comme un souci naturel de se relier à une tradition antique issue du génie européen propre.

Jean Soler, dans la conclusion de son pénultième ouvrage, annonce un retour à l’héritage grec, un peu comme Pléthon prédisant que la religion de l’avenir ne différerait guère de la religion grecque antique, déclarant qu’ « ils arriveront à cette conclusion, qu’en abandonnant le modèle gréco-romain pour le modèle judéo-chrétien, l’ère monothéiste aura été, avec ses ombres et ses lumières, ses ombres surtout, une erreur de parcours dans l’histoire de l’humanité ». Mais il ne pousse pas son raisonnement jusqu’au bout, évitant le choix courageux d’un Louis Ménard ou d’un marquis de Sade, celui de retrouver la matrice antique en renouant avec le polythéisme hellénique, avec l’olympisme. Et alors que dans quelques jours auront lieu de nouvelles olympiades, selon le vœu du baron de Coubertin de ramener à la vie ces jeux en l’honneur de Zeus, cela aurait été la cerise sur le gâteau. Car c’est un vœu pieux de croire qu’on pourrait retrouver la liberté de pensée des Grecs si on ne remet pas en cause et de manière absolue la marque que le monothéisme a laissée sur le visage lumineux d’Europê, si on ne renoue pas avec les dieux immortels qu’honoraient les philosophes grecs, au même titre que les simples citoyens.

Et pourtant Soler et Onfray commettent dès le départ une erreur de méthode, à savoir qu’ils se refusent à séparer le judaïsme du christianisme et de l’islam, et qu’ils ne perçoivent pas l’impact de l’universalisme comme vecteur de violence, contestant l’ethnocentrisme qu’ils prêtent aux Juifs, et s’indignant des lois hostiles à la mixité ethnique contenus dans les textes sacrés juifs, mais qu’on retrouve aussi bien dans l’Avesta iranien et dans les Lois de Manu en Inde. En effet, c’est bien l’universalisme, chrétien ou musulman, annoncée aussi à leur manière par Socrate et par l’empire romain, qui est la principale cause de violence, puisque l’autre n’est plus respecté en tant qu’autre mais se voit contraint de cesser de l’être et de se rallier à la nouvelle religion. Le caractère non-prosélyte (au sens moderne) du judaïsme, comme du zoroastrisme et de l’hindouisme, ce dernier étant une religion par ailleurs polythéiste et apparentée à l’hellénisme, change complètement la donne. Et Onfray, en ne renonçant pas à l’universalisme, se montre malgré lui disciple de Paul de Tarse pour qui il n’y a plus « ni juif, ni grec », déclarant ainsi la guerre religieuse tant à l’olympisme qu’au yahvisme.

Il y a eu certes, indéniablement, aux origines du yahvisme, une part de violence et de persécution. Mais c’est se méprendre que de prendre en compte le récit du VIIème siècle avant J.C selon lequel les Hébreux seraient venus d’Egypte et auraient décimé les Cananéens avant de s’installer dans une nouvelle terre promise. En vérité, non seulement nous savons aujourd’hui que ces récits de destruction des cités cananéennes n’ont aucune réalité historique, mais cela témoigne en réalité d’un conflit religieux au sein des Cananéens eux-mêmes.

C’est en effet au sein du peuple cananéen que va naître la scission yahviste, la mise en place d’un culte rendu à un dieu ethnarque reprenant les fonctions d’El Elyon, le dieu suprême du ciel, dieu honoré sur l’acropole de Jérusalem, et de Baal Adad, le maître de l’orage. Le panthéon cananéen était très riche en divinités masculines et féminines, parmi lesquelles des dieux souverains, ceux que je viens d’évoquer, mais aussi de grandes déesses, comme Elat Asherah, épouse d’El puis de Yahweh dans les premiers temps du judaïsme, la guerrière Anat, sœur et amante de Baal, et la merveilleuse Ashtoreth, celle-là même honorée à Babylone sous le nom d’Ishtar, toutes divinités remontant à au moins 6000 avant J.C, du temps où l’on parlait encore le proto-sémitique en Arabie.

Pendant des siècles, chaque souverain alternant philo-paganisme ou yahvisme intransigeant, prêtres de Yahweh et prêtres de Baal s’affronteront afin de convaincre les uns d’adopter la nouvelle religion, les autres de maintenir l’antique tradition. C’est en 620 avant J.C que le roi de Judée, Josias, prend position en faveur des yahvistes, ceux-ci se définissant comme hébreux et réservant désormais le terme tribal « cananéen » aux seuls païens. Lorsque la Bible dénonce les cananéens, elle dénonce uniquement les païens, de même qu’avec la christianisation de l’empire romain le nom ethnique d’ « hellènes » servit à désigner les fidèles des dieux de l’Olympe. Ainsi, le peuple juif n’est autre que le peuple cananéen devenu monothéiste et adepte du seul Yahweh, les autres dieux ayant été abandonnés et jusqu’à l’épouse même de Yahweh. Le mythe de la disparition des Cananéens doit se comprendre comme la conversion accomplie de l’ensemble de ce peuple.

Une fois que les cananéens sont devenus les judéens (yehudim), l’expansion du yahvisme s’arrête totalement, et à cette phase de prosélytisme violent succède une phase d’ethnocentrisme modéré, d’indépendance affirmée, jusqu’à ce que les empires voisins, aux appétits conquérants, s’intéressent à leur terre. Ce sera la domination des Assyriens, des Perses, des royaumes hellénistiques et de Rome. A aucun moment, les Judéens ne déclareront la guerre mais ils subiront ces jougs étrangers, rêvant d’un nouveau David libérateur, certains réussissant comme Judas Macchabée, et d’autres échouant lamentablement comme Simon Bar Koshba.

Si l’empire romain, à la différence d’un empire perse plus complaisant, s’oppose aux judéens, c’est parce que la Judée est une province romaine turbulente et révoltée. Du jour où la rébellion est totalement vaincue, avec la destruction de Jérusalem par Hadrien, cité transformée en une ville païenne, Aelia Capitolina, dédiée à Jupiter Capitolin et Zeus Olympien, le site du temple d’El Elyon puis de Yahweh étant désormais doté d’un temple de Zeus, la judéophobie des autorités romaines cessa rapidement. Les vexations sont supprimées par Antonin le Pieux. Et face au christianisme des Constantinides, païens et juifs combattront ensemble, au point où l’empereur Julien entamera la reconstruction du Temple, se révélant le premier sioniste.

Ainsi, si la phase de conversion des cananéens polythéistes a été de nature violente, comparable à la christianisation de l’Europe ou à l’islamisation du Moyen-Orient, le judaïsme cesse de l’être une fois ce processus accompli. Bien au contraire, au même titre que le paganisme, le judaïsme est persécuté, et notamment par les chrétiens et les musulmans, et ce n’est pas un hasard si le seul havre de paix dans l’Occident médiéval pour les juifs d’Europe a été la Lituanie païenne. Onfray et Soler, tout comme Voltaire, pensent qu’en s’attaquant aux racines juives du christianisme, et de l’islam, ils pourront triompher du monothéisme. Ils se trompent. C’est en renonçant à tout universalisme, en se recentrant sur l’Europe, qu’ils pourront redécouvrir les charmes de l’antiquité.

Mais il ne faut pas simplement choisir le camp d’Athènes, mais aussi celui de la Rome de Romulus, de Tara (sanctuaire druidique renommé), d’Uppsala (haut lieu de culte des dieux d’Asgard) et d’Arkona (sanctuaire slave). C’est en (re)devenant païens que cette haine stupide qui a pour nom « antisémitisme » cessera simplement d’exister. Elle était inconnue de nos ancêtres d’avant le christianisme, car ceux-ci ne se sentaient pas en religion des vassaux. Le judaïsme, lorsqu’ils étaient amenés, rarement, à le connaître, leur paraissait sans doute bien étrange, avec son absence de représentation de la divinité, comme Pompée entrant dans le saint des saints s’en étonnera, et les troupes romaines occupant la Judée, dans un contexte difficile, n’étaient pas nécessairement très judéophiles, à l’instar de Ponce Pilate. Il est vrai que, face aux nationalistes judéens, ils jouaient leur vie. Et si Jésus, à supposer qu’il ait réellement existé, a été exécuté par les autorités romaines, c’est parce qu’ils voyaient en lui, par sa revendication de « roi des Juifs » et de descendant de David, revendication qui avait aussi été celle de Judas Macchabée, un nationaliste rebelle, un indépendantiste menaçant la paix romaine dans la région. Ce n’est alors pas un hasard qu’il ait connu le sort des compagnons de Spartacus, ce dernier étant toutefois mort au combat et non sur la croix, contrairement à la légende.

C’est par le retour à ses (anciens) dieux que l’Europe, renouant ainsi avec sa plus longue mémoire, et Israël pourront renforcer leur amitié, malgré un passé douloureux difficile à faire passer. L’occupation romaine de la Judée puis le christianisme nous ont séparés, alors qu’Alexandre, César et Auguste étaient des amis du peuple juif, considérés comme tels, et étaient en même temps de solides polythéistes. Le judaïsme, parce que c’est une religion nationale, celle d’un peuple, n’est pas comparable au christianisme et à l’islam, même si ces derniers se sont appuyés sur le monothéisme israélite pour se bâtir. Les Juifs ne sont pas responsables de ce que leurs prétendus héritiers, qui les ont persécutés par ailleurs, ont pu commettre.

Par ailleurs, un courant idéologique original n’a jamais cessé d’animer le mouvement sioniste, au sein même de la Haganah par exemple, celui des « Cananéens », c'est-à-dire des Judéo-païens. Inspiré par l’œuvre du poète israélien Adyah Gurevitch (1907-1975), ceux-ci souhaitent le retour au polythéisme des anciens Hébreux, du temps où ils étaient encore des Cananéens. Il s’agit du sionisme le plus accompli, puisqu’il vise à un réenracinement total dans la terre de leurs ancêtres, jusqu’à retrouver les dieux des pères de leurs pères. Car, on oublie bien souvent que le judaïsme est l’héritier d’un polythéisme, et que les principales fêtes du calendrier juif remontent à une époque antérieure au yahvisme, même si ces fêtes ont été recouvertes, tout comme les fêtes « païennes » en Europe, d’un voile monothéiste.

La violence monothéiste nécessite une logique universaliste, celle du principe de conversion. Le païen, le kafîr, doit adopter la nouvelle religion ou périr s’il conserve son attachement aux dieux de ses ancêtres. Le christianisme, synthèse d’une dérive universaliste du yahvisme (celle de Paul) et de l’universalisme de l’imperium romanum, et l’islam, ne supportent pas l’altérité en religion. Et cette dimension semble échapper à l’analyse, habituellement brillante, d’Onfray, tout simplement parce que ce dernier n’a pas renoncé à tout universalisme et a du mal à concevoir qu’on puisse sérieusement revenir au polythéisme, tout comme le « païen » Alain de Benoist considère qu’il est « ridicule de croire en Jupiter ». Au cœur de tourments identitaires profonds, et alors que tout laisse à penser que l’Europe approche en ce XXIème siècle d’un abîme dans lequel elle risque d’être précipitée, et qu’Onfray fait tout pour ne pas voir, il suffit de songer à ses engagements politiques à l’extrême-« gauche », la religion européenne de l’avenir ne sera plus le christianisme, qui ne l’aura pas protégée, et ne sera pas non plus l’athéisme dont Onfray espère le succès. Mais le culte de ceux que les super-héros ont remplacé dans l’imaginaire contemporain, le culte des dieux immortels, qu’ils soient descendus de l’Olympe ou d’Asgard.

Thomas FERRIER

14/11/2011

De la liberté d’expression face aux religions: Castelluci et Charlie Hebdo

 
zeus-lrg.jpgLa pièce Sur le concept du visage du fils de Dieu de l’italien Romeo Castelluci déchaîne depuis plusieurs semaines les passions, à Paris et désormais en province. Le reproche principal qui lui est fait par la branche la plus traditionnaliste du catholicisme français est que de l’encre, supposée représenter des matières fécales, serait jetée sur la représentation du visage de Jésus-Christ. Je n’ai pas assisté à cette pièce et n’y assisterai pas, car je n’ai que du mépris pour ce que l’on nous présente comme de l’ « art moderne » et je n’y aurais même pas prêté attention, tant le thème est faussement contestataire et inintéressant, si la presse n’avait pas évoqué l’action de militants nationaux-catholiques destinés à l’interdire.

La liberté d’expression est une valeur fondamentale de la civilisation européenne, et la préserver devrait transcender les divergences idéologiques entre gens partageant la même ascendance et la même culture. Je ne vois pas en quoi l’œuvre de Castelluci devrait être qualifiée de « blasphématoire », pour reprendre l’expression employée par un monarchiste catholique. En Europe, il n’y a pas lieu que l’expression « blasphème » soit employée. Si une pièce de théâtre représentait des enfants en train d’envoyer de la boue sur une représentation de Jupiter, le païen que je suis n’y mettrait évidemment pas les pieds mais soutiendrait quand même leur liberté de s’exprimer ainsi. Car, et je songe ici à la réaction intelligente d’un musulman interrogé sur France 2 à propos de la une de Charlie Hebdo, qui affirmait que « Dieu est assez puissant pour se faire respecter », ce n’est pas aux hommes de déterminer ce que devrai(en)t penser leur ou leurs dieu(x).

Les manifestations où l’on voit de jeunes européens en train de psalmodier des prières à genoux m’ont choqué. Même si je leur reconnais tout autant la liberté de penser ainsi et de manifester leur ire, mais en respectant la liberté d’autrui, celle des artistes et des spectateurs, ce qu’ils n’ont pas fait, je trouve leur attitude incompatible avec les valeurs ancestrales des Européens. Le principe même de prier à genoux, ce qui s’appelle la proskynèse, symbole oriental d’asservissement, et condamné comme tel par les soldats d’Alexandre lorsque celui-ci voulut leur imposer sans succès, n’a rien à voir avec l’européanité. Il n’est alors pas étonnant que ces jeunes catholiques aient été rejoints par des musulmans radicaux.

Car ce n’est pas parce que le christianisme n’a plus les moyens dont il disposait au XVIIIème siècle pour faire taire les dissidents, qu’il a perdu toute volonté de continuer à restreindre dans la mesure de ses moyens la liberté de critiquer qu’ont les citoyens. Si l’Eglise le pouvait, elle ferait interdire Voltaire et Nietzsche, et un courant spécifique de droite, une « nouvelle », serait emprisonné. Le film Agora a ainsi été interdit de diffusion au moment de sa sortie en Italie sous pression papale, sous prétexte qu’il montrait les chrétiens de l’antiquité tels qu’ils étaient, car les persécutions dont les païens ont été les victimes, et les nombreuses destructions d’œuvres antiques, sont… des faits historiques. Je pense aussi à cette campagne de certains milieux catholiques contre la Hell Fest, où chaque année se réunissent plusieurs milliers de jeunes afin d’écouter les meilleurs groupes metal, et aussi malheureusement des groupes contestables ou bêtement provocateurs.

De la même façon, je n’aime pas l’idéologie développée par Charlie Hebdo et en conséquence je n’ai jamais acheté ce journal. La destruction de leurs locaux par ce qui est probablement une attaque issue de milieux musulmans radicaux demeure pourtant totalement inacceptable et démontre que les autorités ont été bien trop laxistes, et on se souvient que Charlie s’en prend régulièrement aux forces de l’ordre ou conteste toute mesure de reconduite à la frontière de clandestins entrés illégalement dans notre pays. Les journalistes de Charlie voient désormais ce que cela engendre, même s’ils ne veulent pas le reconnaître. Certains veulent empêcher qu’on puisse critiquer la figure fondatrice de l’islam, comme d’autres veulent conserver immaculé le visage de leur messie.

Face à cette même intolérance, qui consiste à refuser à autrui d’avoir un avis libre sur tous les sujets, nous devons défendre la liberté de ceux qui ne veulent pas qu’on leur impose quoi penser. Même si Castelluci et Charlie Hebdo me sont au mieux indifférents, pour ne pas dire qu’ils m’insupportent, c’est face à l’intolérance des deux monothéismes, à la fois prosélytes et sectaires, qu’il faut prendre leur défense. Et d’opposer le visage marmoréen de Minerve, déesse de la sagesse, à ceux qui veulent asservir notre raison.

Ils se plaignent de ne pas être respectés quant à leur religion, alors qu’ils ont le droit de la pratiquer, et des lieux de cultes pour cela, ce dont nous, européens de foi indigène, ne disposons pas. En quoi sont-ils concernés par une pièce de théâtre qu’ils n’iront jamais voir ou par la une d’un journal qu’ils n’achèteront pas ?

Ayant écouté sur le site Enquête & Débat de Jean Robin des extraits d’une émission de radio animée par un certain Lesquen à propos de la pièce de Castelluci, j’ai été très surpris et choqué par le ton du chroniqueur. Il s’en prenait à une femme catholique, membre de l’association Riposte Laïque, qui avait osé trouver des qualités à cette œuvre théâtrale, en usant de mots d’une dureté extrême. Lesquen est le principal animateur d’un club néo-droitier qui, à la différence du GRECE d’Alain de Benoist, ce dernier étant promoteur d’une forme de renouveau païen, du moins dans les années soixante-dix, semble avoir adopté visiblement une ligne beaucoup plus réactionnaire.

castelluci,charlie hebdo,intégrisme,christianisme,islam,traditionnalisme,renouveau français,civitasEn conclusion, entre la dérive libertaire, faisant dans la provocation stérile et médiocre, et la réaction cléricale, on doit choisir la liberté face au dogme, la fidélité aux valeurs européennes avant les choix spirituels individuels ou collectifs. Dans une Europe régénérée, ressourcée dans son identité profonde, qui est essentiellement demeurée préchrétienne d’ailleurs, la pièce de Castelluci ne trouverait pas son public. De toute façon, la plus grande provocation à l’encontre du christianisme a déjà été réalisée par un citoyen romain anonyme au cours du IIIème siècle, représentant sur un célèbre graffiti un homme à tête d’âne crucifié. En outre, ces attaques de milieux traditionnalistes contre la pièce l’ont fait connaître et lui ont fait une bien inutile publicité. Mais cela leur a permis de se faire connaître politiquement, ce qui était en vérité leur objectif. Ne soyons pas dupes des intérêts cachés des uns et des autres. Et limitons nous à soutenir la liberté d’expression pour tous et pour toutes !

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

30/03/2011

A propos de Mayotte, du vocabulaire politique et de la laïcité

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the-parthenon.jpgLors de plusieurs soirées thématiques à caractère politique et/ou culturel organisées par Frédéric Taddeï dans le cadre de son émission quotidienne « Ce soir ou jamais », le problème de la laïcité a été abordé. C’est notamment le cas de l’émission de ce soir où le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, est confronté à des personnalités représentant les différentes religions dominantes en France aujourd’hui et s’opposant à la réouverture d’un débat sur la laïcité dans le contexte actuel.

L’accusation principale contre cette mesure gouvernementale repose sur l’idée qu’il y aurait une forme de « stigmatisation », le terme étant régulièrement employé ces dernières semaines, notamment par Nicolas Domenach lorsqu’il débat avec Eric Zemmour, des musulmans de France, victimes d’un néo-conservatisme d’obédience américaine dont le président français serait prétendument le vecteur ou le relai.

Si le gouvernement UMP était si « islamophobe », on pourrait par exemple s’interroger sur la départementalisation de Mayotte, musulmane à 97% , qui n’est pas la conséquence d’un souhait des mahorais mais d’abord la conséquence d’un référendum local, sans demander l’avis de la majorité des citoyens français, avec la promesse d’aides financières majeures en échange d’un oui, un oui à plus de 95% des voix qui rappelle les scores électoraux des dirigeants dans les régimes autoritaires. Les media, très pudiquement, n’osent pas dire la réalité anthropologique, et démographique, de Mayotte, de peur de faire découvrir aux français les caractéristiques dérangeantes de ce territoire africain arbitrairement à mon sens rattaché à un pays européen, en l’occurrence la France.

Ce qui est plutôt ironique, c’est que cette mesure de l’UMP, souhaitée par le président de la république, alors qu’il ne l’avait pas annoncée publiquement lors de sa campagne électorale, et qui n’a été dénoncée par aucun parti politique, même pas par le Front National, particulièrement silencieux sur ce point, n’a pas bénéficié aux candidats de l’UMP sur les cantons de Mayotte. En effet, comme dans les autres départements d’outre-mer, c’est la « gauche » qui s’impose, pour une raison bien évidente, à savoir qu’elle incarne l’assistanat social et également qu’elle est promotrice des politiques en faveur de la diversité, qui ne sont qu’une autre forme d’affirmative action. J’avoue avoir du mal à comprendre cette obsession qu’a la droite parlementaire d’augmenter artificiellement le nombre d’électeurs de « gauche ».

A l’issue d’élections cantonales qui se sont caractérisées par une augmentation significative du vote FN, Nicolas Sarkozy a souhaité lancer un débat sur l’islam, très vite renommé « sur la laïcité », qui suscite des réactions outragées du PS et des autorités religieuses. Le danger pour eux est la « stigmatisation » d’une population. Ce terme n’est pas innocent puisqu’il fait référence explicitement à la religion chrétienne, et tout particulièrement au sort de Jésus à Jérusalem. La victimisation de certaines populations, qui ainsi peut tout excuser, est manifestée par l’usage permanent de cette expression. On retrouve ici l’inversion des valeurs dénoncée à juste titre par Nietzsche, ce parti pris systématique pour le supposé faible, qu’on retrouve dans le christianisme antique, dans le catholicisme d’après Vatican II et aussi dans le gauchisme. Ce misérabilisme s’accompagne d’un profond mépris pour le peuple européen, le seul à ne pas avoir le droit d’être plaint et d’être aidé, cette fameuse « prolophobie » dénoncée récemment par le conseiller Buisson. Ceux qui sont méprisés, ce sont les travailleurs européens, accusés implicitement de soutenir les droites populistes, et eux seuls !

Par réaction à ce discours, Robert Ménard, dans l’émission préalablement évoquée, s’oppose publiquement à la construction de minarets et considère qu’il ne faut pas couvrir la France de mosquées. Il le fait selon la conviction qu’il faut respecter le caractère catholique de la France. D’autres parlent de valeurs judéo-chrétiennes pour signifier la même chose. Si on peut comprendre sa réaction, lui comme ses opposants ont oublié un élément fondamental, à savoir que l’identité religieuse de l’Europe n’est pas réellement le christianisme, mais bel et bien le paganisme. Rappelons que Noël n’est à l’origine que le solstice d’hiver, une fête dédiée au dieu du soleil, que Pâques dans sa version européenne est dédiée à la déesse de l’aurore (à Venus à Rome, à la déesse Ostara chez les Germains), que la Toussaint n’est autre que la Samhain celte en l’honneur des ancêtres morts.

Ainsi, la laïcité n’est pas, contrairement à ce que pense Jean-François Copé, une neutralité religieuse, la recherche d’un consensus ou d’un « mieux-vivre ensemble », et n’est pas vraiment non plus la laïcité anti-cléricale de 1905. Elle est d’abord la volonté qu’en Europe ce soient les valeurs européennes qui dominent, les valeurs européennes traditionnelles auxquelles le christianisme post-constantinien a été contraint de se soumettre. Ce n’est pas par respect du christianisme qu’il faut réactiver une « laïcité de combat » mais par respect de notre folklore, de nos traditions, de notre héritage. Et notre héritage est spirituellement païen. Bien évidemment, aucun représentant de la tradition spirituelle indigène, européenne, n'était invité.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

15/12/2010

Le PS joue Marine contre Nicolas

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48038_une-marine-lepen-interview.jpgDepuis plusieurs mois, sur toutes les chaînes de télévision et de radio, Marine Le Pen est invitée à exposer ses idées au plus grand nombre avec une évidente complaisance des media « de gauche » et notamment du service public. C’était particulièrement évident lors de l’émission « A vous de juger » de jeudi dernier (le 9 décembre 2010) où elle bénéficia de la part d’Arlette Chabot d’une émission faite sur mesure, utile à la veille de la clôture des adhésions au FN avant le congrès du 15 janvier 2011 alors que Marine Le Pen semblait en difficulté face à son concurrent Bruno Gollnisch. On lui a opposé un second couteau de la droite parlementaire en la personne de Rachida Dati, incarnation du bling-bling par excellence, une personnalité de droite exclue du gouvernement et à l’image médiatique en berne.

Le résultat fut au-delà de ses espérances, avec 3.5 millions de personnes devant leur télévision à regarder une émission de propagande en faveur de la nouvelle venue. Dans le journal suisse Le Temps comme dans la presse anglo-saxonne, Marine Le Pen a également une bonne image, son challenger étant totalement ignoré, ce qui lui vaut d’être attaquée en interne comme devant cette promotion à son ralliement idéologique au discours dominant. Il est vrai qu’à l’écouter on ne voit pas trop la différence avec le président de la république, même si elle apparaît plus tranchante dans la forme, à l’exception du domaine économique où on pourrait la confondre avec Olivier Besancenot ou Jean-Luc Mélenchon.

Or cette promotion médiatique paraît tout devoir aux intérêts du Parti Socialiste qui ne peut que souhaiter se retrouver en face d’elle au second tour des élections présidentielles, assurant ainsi sa victoire dans un 21 avril inversé. Mais le succès de l’émission de jeudi a dépassé le cadre de la droite, car Marine Le Pen empiète désormais aussi sur l’électorat de gauche, d’où la panique qui a pris les dirigeants du PS à l’issue d’une émission qui au départ était prévue pour servir leurs intérêts.

Vendredi dernier, lors d’un meeting contextuel de Marine Le Pen devant les adhérents de son mouvement, celle-ci s’est laissé aller à une comparaison hasardeuse entre l’occupation allemande et l’occupation physique le vendredi de certaines rues françaises par des musulmans afin d’y pratiquer leurs rites, comme dans la désormais fameuse rue Myrrha du quartier de la Goutte d’Or (Paris XVIIIème arrondissement). Cette volonté de nazifier des adversaires n’est pas propre à Marine Le Pen, qui l’inaugurait au sein de son parti, mais correspond à une attitude générale de toute la classe politique. Quand la « gauche » dénonce une politique de déportation de la part du gouvernement UMP, quand Eric Besson est comparé à Pierre Laval, elle ne se remet pas en question.

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14/12/2010

La gauche française sur les traces de Marine Le Pen

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parti_socialiste_rose_logo.jpgPar la gauche nous désignons tout ce qui va du parti de Mélenchon au le PS de l’égalité réelle.

Le FN de Marine Le Pen a pris des options économiques tout à fait radicales : sortir la France de la zone euro pour fonder une nouvelle monnaie nationale et en profiter pour dévaluer cette dernière, tout cela pour retrouver en théorie un peu de compétitivité. Jean-Luc Mélenchon ne dit strictement rien d’autre. Les deux s’entendent pour trouver abominable le modèle allemand. Quant au PS de l’égalité réelle, il ouvre si largement le carnet des dépenses qu’il serait impossible à la France de s’accrocher à l’Allemagne. Comme notre pays est trop grand pour être secouru comme la Grèce, l’Irlande ou le Portugal, la seule issue serait l’éclatement de la zone euro, quelques pays en profitant pour créer une nouvelle monnaie plus solide. Au final ou bien la France retrouverait une monnaie propre ou bien elle ferait partie d’un groupe gérant une sorte de sous-euro.

Les nouvelles options du FN, en tout point catastrophiques mais là n’est pas le débat, sont en cohérence avec une europhobie à base d’antigermanisme. Jean-Luc Mélenchon n’est absolument pas en reste sur ce point. On s’attendait à trouver un PS plus mesuré, puisqu’une partie de ses dirigeants se déclaraient favorables à la construction européenne, il y a peu de temps encore.

La sortie récente de Marine Le Pen sur l’occupation de la rue française par certains musulmans en prière nous ouvre les yeux. En effet on aurait pu s’attendre à voir le PS rebondir sur l’événement pour dénoncer l’hypocrisie du gouvernement et de la droite, lesquels prétendent défendre la laïcité mais ne font rien pour empêcher un étalage religieux en public qui va jusqu’à interdire la rue aux riverains : soit construire des lieux de culte soit interdire les prières en public comme on interdit certaines manifestations laïques, païennes ou chrétiennes. Tout au contraire, le PS, avec Martine Aubry sa présidente, Benoît Hamon, son porte-parole, et Arnaud Montebourg, son jeune loup, a réagi avec une grande violence contre la seule Marine. On notera juste que Ségolène Royal, bien avisée, a préféré prendre ses distances.

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23/04/2010

South Park: des images de Mahomet (auto)censurées

Ci-dessus l'épisode complet de South Park concerné.

22/04/2010 22:44 | LOS ANGELES, 22 avr 2010 (AFP) - USA : des images de Mahomet censurées dans la série télévisée "South Park"

La chaîne de télévision Comedy Central a censuré mercredi toutes les références au prophète Mahomet dans un épisode de sa série d'animation "South Park", réputée pour son impertinence, après que ses auteurs eurent reçu des menaces, a-t-on appris auprès de la chaîne.

Un porte-parole de Comedy Central (groupe Viacom, également propriétaire du studio Paramount), a confirmé jeudi à l'AFP que la chaîne avait remplacé par un bip toutes les mentions du nom Mahomet dans la bande-son. [...] Les images du prophète ont quant à elles été couvertes en noir, a constaté l'AFP.

La chaîne n'a pas officiellement confirmé que les changements étaient liés aux déclarations faites en début de semaine par le groupe basé à New York, Revolution Muslim (Revolution Musulmane). Le groupe extrémiste avait déclaré que les créateurs de "South Park" Matt Stone et Trey Parker risquaient de finir comme le cinéaste Theo Van Gogh, assassiné par des extrémistes musulmans à Amsterdam en 2004.

"Nous devons avertir Matt et Trey que ce qu'ils font est idiot et qu'ils vont probablement finir comme Theo Van Gogh en diffusant ce programme", avait déclaré le groupe, tout en démentant vouloir encourager la violence. [...] La réaction de Revolution Muslim faisait suite à la diffusion d'un épisode le 14 avril, dans lequel Mahomet apparaissait dissimulé sous un costume d'ours. Le programme censuré mercredi était le deuxième volet de l'épisode.

04/03/2010

Les fous d'Iran continuent à menacer

AFP, 4 mars 2010 | Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a appelé à l'unité des pays islamiques contre Israël qu'il a qualifié de "tumeur cancéreuse".

"Les gouvernements islamiques doivent défendre l'unité des musulmans et leurs droits, en particulier contre la tumeur cancéreuse Israël et ceux qui soutiennent" l'Etat hébreu, a déclaré le numéro un iranien dans un discours devant les hauts responsables iraniens à l'occasion de l'anniversaire de la naissance du prophète Mahomet. Il a ajouté que "malheureusement l'unité du monde islamique est affectée par les complots américains et britanniques qui veulent créer des divisions entre chiites et sunnites".

Source (Forum)

Pendant ce temps, le deuxième fou iranien, Ahmadenijad, lançait diverses imprécations vengeresses contre Israël en voyage en Syrie. TF

02/03/2010

Non au voile en Europe !

Selon un sondage du Financial Times réalisé dans sept pays, ce sont les Français qui sont le plus favorables à l’interdiction du voile intégral, à 70%. Sur les sept pays dans lesquels les habitants ont été interrogés par le Financial Times, ce sont les Français qui se sont déclarés les plus favorables à l’interdiction du voile islamique intégral dans certains lieux publics. Selon le sondage publié mardi 2 mars par le quotidien britannique, ils sont 70% à soutenir son interdiction.

Dans les autres pays européens concernés par cette étude, les personnes interrogées se sont également prononcées majoritairement pour une législation allant dans ce sens, mais à un degré moindre qu’en France : 65% des Espagnols, 63% des Italiens, 57% des Britanniques et 50% des Allemands veulent l'interdiction du port du voile. En revanche, la mesure ne convainc ni les Américains, qui sont seulement 33% à soutenir un tel texte, ni les Chinois, qui sont moins de 30%.

Source (Nouvel Obs)

28/02/2010

Les islamistes turcs veulent modifier leur constitution

AFP - 28/02/2010 | Le parti au pouvoir en Turquie envisage de présenter d'ici fin mars une révision constitutionnelle au Parlement, a déclaré le premier ministre turc au moment où son pays traverse une crise provoquée par un complot présumé visant son gouvernement en 2003. "Il ne s'agira pas de réviser de fond en comble la Constitution, mais nous envisageons d'amender certains articles", notamment celui sur l'interdiction des partis politiques et le fonctionnement de la justice, a indiqué Recep Tayyip Erdogan, lors d'une conférence de presse.

La Constitution turque, élaborée dans le sillage du coup d’État militaire de 1980, a toujours été contestée. "Nous procéderons rapidement afin d'en discuter avec les partis politiques" représentés à l'Assemblée nationale, a-t-il souligné, précisant que ces amendements s'inscrivaient dans les efforts de la Turquie de s'aligner sur les normes européennes de démocratie.

La Constitution turque a été profondément amendée, notamment entre 2001 et 2004, pour permettre à la Turquie de satisfaire les conditions nécessaires à l’ouverture des négociations avec l’Union européenne.

Une révision constitutionnelle a été l'un des premiers objectifs du gouvernement du parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), après sa large victoire législative de 2007.

Source (Forum du PSUNE)

En clair, il s'agit d'empêcher la cour constitutionnelle d'interdire l'AKP si cette dernière prend des mesures pro-islamistes... TF

21/02/2010

Mythe n°5 : les Albanais sont musulmans et ne sont pas européens - par Thomas Ferrier

dita-e-veres-009.jpgParmi les mythes politiques qui ont la vie dure apparaît naturellement celui de la non-européanité des Albanais, considérés ainsi en raison de l'islamité relative de l'Albanie, d'une occupation ottomane plus longue que dans les autres pays balkaniques, l'Albanie ne devenant indépendante qu'en 1913 soit près d'un siècle après la Grèce et la Serbie, et enfin d'une tenace propagande albanophobe, qu'elle soit le fait de nationalistes italiens hostiles à l'immigration albanaise ou de nationalistes serbes opposés à l'indépendance du Kosovo albanophone. Briser ce mythe c'est avant tout rendre hommage au peuple albanais, libéré depuis un peu moins de vingt ans de la dictature communiste la plus sombre d'Europe. Mais c'est aussi, d'un point de vue eurocentré, insister sur le principe de réconciliation nécessaire entre tous les Européens.

  • 1. Premier sous-mythe: les Albanais et l'islam.

Il est de bon ton de considérer l'Albanie comme un pays musulman sous prétexte que, selon une statistique de 1930, 70% des Albanais seraient musulmans, partagés entre l'islam sunnite et un islam hétérodoxe, le bektashisme. Aujourd'hui, en 2009, les chiffres sont en apparence contradictoire, utilisés selon les intérêts de tel ou tel groupe politique. Ainsi, la CIA estime que 80% des Albanais seraient musulmans, alors qu'en revanche selon le WCE[1] 39% des Albanais seraient musulmans et 35% chrétiens. Enfin, le site Operation World annonce même une dominante chrétienne avec 42% des albanais contre environ 39% de musulmans. Selon enfin le mouvement albanais Vargmal (« chaîne de montagnes »), 75% des Albanais seraient plus ou moins athées ou sans religion définie, indiquant que selon un sondage pour 62% des Albanais la religion n'est pas importante alors que seulement 33% estiment le contraire (et 75% contre 20% chez les 15-24 ans).

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15/02/2010

Mythe n°4 : la Turquie est un pays européen - par Thomas Ferrier

foulard_turquie_120-2.jpgCe mythe est d'une certaine manière l'antithèse du mythe précédent concernant le peuple russe. Michel Rocard et les partisans de l'intégration de la Turquie à l'Union Européenne présentent ce pays comme naturellement européen, mais en mettant l'accent sur des critères essentiellement géographiques ou en reliant l'européanité à l'adoption d'un certain nombre de valeurs comme la démocratie et les droits de l'homme. Ceux-là même qui nient l'européanité de la Russie, ou présentent son intégration comme impossible en raison du poids démographique et de la superficie du territoire, sont parmi les plus ardents partisans de l'adhésion turque, adhésion dont les pourparlers ont commencé au printemps 2005. La raison principale de ce soutien est que la Turquie est membre depuis le début des années 50 de l'OTAN, et l'alibi est que De Gaulle et Adenauer auraient fait une vague promesse aux dirigeants turcs en 1963 de permettre l'accès à la Turquie de la communauté économique européenne.

  • 1. La question géographique.

La Turquie est composée de deux parties, à savoir la Thrace orientale, appelée « Turquie d'Europe », et l'Anatolie (Anadolu), appelée également « Asie mineure » ou « Turquie d'Asie ». La première représente seulement 3% de la superficie du pays et compte un peu moins de 10 millions d'habitants, c'est-à-dire environ 14% de la population turque totale.

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