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04/08/2013

Qu’est-ce qui fait monter le FN ?

Qu’est-ce qui fait monter le FN ?

fnuf.jpgMême s’il est désolant qu’un parti europhobe comme le FN soit extrêmement haut dans les enquêtes d’opinion, on ne saurait plus nier la réalité d’un vote de plus en plus significatif en sa faveur. Un sondage pour les élections européennes le place même à 18% des voix, ce qui est considérable pour ce type d’élection. Rappelons qu’en 2009, alors qu’il avait pourtant digéré la scission du MNR et remonté déjà la pente par rapport à son effondrement à 4,3% aux législatives, le FN ne fit que 6,34% des voix. En clair, avec 18% des voix, il progresserait en cinq ans de 185%. Mais un sondage IFOP de fin mai le place même à 21%, et à 20% en juin selon l’institut CSA. C’est dire qu’il faut s’attendre pour juin 2014 à un résultat très élevé pour ce parti. De plus, il conserverait en points voire dépasserait le score de Marine Le Pen aux présidentielles de 2012. Comment expliquer une telle progression dans l’opinion publique de ce parti ?

Le PS, allié de fait du FN

On se souviendra que François Mitterrand avait joué la carte du FN pour diviser la droite. Ce jeu machiavélien avait consisté d’abord à encourager les media à inviter l’outsider Le Pen puis à introduire une part de proportionnelle en 1986, offrant au FN un groupe parlementaire pendant deux ans. On sait en outre que l’anti-racisme que le PS mettra en avant était destiné en partie à empêcher toute fusion des droites, fusion qui aurait anéanti tout l’intérêt de la manœuvre.

Mais aujourd’hui, alors que le FN a éliminé le PS d’un second tour dans plusieurs législatives partielles, il est bien évident que cette stratégie a été abandonnée. Désormais, le PS cherche par tous les moyens à faire baisser le FN mais il s’y prend si mal qu’il fait son jeu. Et les résultats du gouvernement sont, en matière d’immigration et d’insécurité, si désastreux, par une sorte d’effet « Taubira », malgré les formules choc du ministre de l’intérieur, qu’il ne peut en être autrement.

L’UMP est divisée en deux lignes quasi incompatibles, entre les européistes timides lorgnant sur le centre de François Fillon, et une droite populiste et davantage eurosceptique autour de Jean-François Copé. Une ligne européiste et populiste à la fois pourrait réussir. C’était la ligne de Nicolas Sarkozy, mais cette synthèse a explosé. Elle n’est donc pas en mesure d’empêcher la fuite d’électeurs populaires vers le FN.

Mais c’est pourtant bien le PS qui est le principal responsable de ce vent d’europhobie qui souffle sur notre pays et profite au Front. Alors que l’UMP met en avant une « histoire de la nation européenne », écrite par le député européen Philippe Juvin, le gouvernement PS a vis-à-vis de l’Europe une attitude contradictoire et souvent hostile. François Hollande ne parle d’ailleurs quasiment jamais d’une manière positive de l’Europe, ayant prétendu pendant sa campagne que la France seule pourrait la réorienter dans le sens de la croissance. Quant à Jean-Luc Mélenchon, qui tape beaucoup sur l’UE, sans remettre en cause pour autant l’€uro, et en soutenant d’une manière caricaturale l’immigration, il favorise là encore le FN en orientant l’électorat populaire qui lui reste vers des thématiques eurosceptiques, le FN ayant acquis une légitimité sur ces questions, d’où le positionnement très ambigu vis-à-vis de lui d’un Dupont-Aignan.

Qu’oppose le PS au FN de Marine Le Pen ? Il tente à nouveau la vieille ficelle complètement usée de l’antiracisme et de l’antifascisme, de l’indignation exacerbée pour tel ou tel propos relativement anodin d’un des dirigeants de ce parti. On reprochera à Marine Le Pen d’avoir comparé l’occupation des rues par la prière musulmane à l’occupation allemande, alors qu’on reprochait a contrario à son père d’avoir sous-estimé la nocivité de la seconde. Cette attitude ne paie pas. Ce n’est pas en dissolvant quelques partis extrémistes, en les reliant plus ou moins implicitement au FN, ou en arrêtant un norvégien radical, qui avait appelé à voter pour Marine Le Pen en 2012, qu’il arrivera à le faire baisser.

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23/09/2012

Entre euroscepticisme et eurofuturisme…

sondage,IFOP,Le Figaro,euroscepticisme,européisme,opinion,Union Européenne,euroAlors que 76% des membres du conseil fédéral d’ « Europe » Ecologie – Les Verts ont voté contre le traité budgétaire européen promu par François Hollande et Angela Merkel, au grand dam d’un Cohn-Bendit qui en profite pour prendre ses distances avec ce mouvement, le thème européen n’apparaît décidément plus comme un élément fédérateur.

Un sondage IFOP, commandé par Le Figaro et consacré à la question européenne, de septembre 2012, matérialise ce désaveu dont l’idée européenne semble souffrir de la part du peuple français.

En premier lieu, le sentiment d’européanité, qui est ainsi confondu avec celui d’appartenance à l’Union Européenne, est au plus bas, puisque 7% seulement des personnes interrogées se considèrent comme européennes avant tout, et 9% de plus se considèrent comme européens parmi d’autres référents identitaires. Néanmoins, le fait d’être membre de l’UE reste intéressant pour 49% des français, contre 27% qui pensent le contraire. Cela ne signifie pas que pour autant l’UE reste crédible puisque sa gestion de la crise économique ne convient qu’à 24% des sondés, contre 76% qui l’estiment peu ou pas efficace. L’€, principal élément tangible de la construction européenne, n’est plus un atout que pour 23% des gens, 45% estimant au contraire qu’elle est un élément de handicap. Il l’est selon la majorité des sondés en matière de compétitivité de l’économie française (négatif pour 61% d’entre eux), de chômage (63%) et surtout en matière de niveau des prix, ce vieux mythe eurosceptique, l’€uro étant négatif à 89%. Néanmoins, aussi négatif soit l’€uro à leurs yeux, ils ne sont que 35% pour penser qu’il faudrait revenir au franc (l’expression adaptée aurait dû être de « retrouver une monnaie nationale ») contre 65% qui estiment le contraire. L’€-phobie reste néanmoins à un niveau assez haut, même s’il est inférieur à septembre 2011 et plus encore à mai 2010, mais elle n’a pas progressé d’une manière déterminante pour autant.

Le manque de solidarité européenne s’exprime nettement lorsque le cas grec est évoqué, l’idée d’une exclusion d’Athènes si elle ne parvient pas à réduire sa dette et son déficit, étant soutenue par 65% des personnes interrogées.

Enfin, en interrogeant les seules personnes en âge de voter en 1992, lors du référendum sur le traité de Maastricht, le non aurait été de 64% (contre 49% dans la réalité) et le oui aurait été largement dominé avec seulement 36% des voix (contre 51% dans la réalité). Ce résultat témoigne que parmi les partisans de l’Europe politique en 1992, beaucoup sont désabusés et regrettent l’introduction de l’€uro, même si les partisans d’un retour au franc demeurent minoritaires.

Toutefois, même si ces résultats ne sont pas encourageants, les citoyens ne sont néanmoins pas nécessairement cohérents. Le fédéralisme européen séduit encore 40% des sondés, contre 60% qui souhaitent au contraire moins d’intégration européenne. C’est le score le plus bas pour cette question, mais cela reste une option crédible. L’idée d’une politique économique et budgétaire unique n’est pas repoussée, même si elle est minoritaire. Et on peut même parler d’ « eurofuturisme » pour 44% des français, qui estiment probable la mise en place d’un état européen unique, tel que le prône par exemple le PSUNE. Et c’est même le cas pour 46% des sympathisants du Front National, alors que 40% de ceux du Front de Gauche partagent leur avis.

Quant à la question de l’appartenance de la Turquie à l’Union Européenne, le rejet des citoyens n’a jamais été aussi fort. 84% des personnes interrogées sont opposées à l’adhésion turque. La politique intérieure turque, avec la réislamisation de plus en plus évidente de la rue turque, mais aussi avec l’autoritarisme accru de Recep Erdogan, rentre sans doute en ligne de compte. Mais c’est au moins une bonne nouvelle car toute initiative du gouvernement « socialiste » en faveur de cette option ne peut qu’être refroidie par cette opinion si hostile. Néanmoins 37% des sympathisants du Front de Gauche restent favorables à cette adhésion, sans doute et on le verra dans d’autres sondages, parce qu’il a en son sein le plus grand nombre d’islamotropes.

Ce sondage n’illustre pas seulement un clivage entre eurosceptiques et européistes, mais divise les familles politiques et même les genres. Ainsi, les hommes sont les plus favorables à l’Europe politique. 10% se sentent d’abord européens, 54% estiment que l’appartenance à l’UE est intéressante, 31% que l’€ est un atout, 40% auraient voté oui à Maastricht (contre 33% des femmes), 47% souhaiteraient une Europe plus intégrée (mais seulement 33% des femmes) et ils sont même 54% à croire à un état européen unique pour l’avenir.
Le sentiment d’européanité est le plus fort au MODEM et à Europe-Ecologie, en revanche il est inexistant au FN, preuve que la propagande europhobe de Marine Le Pen en a écarté les éléments pro-européens (Nouvelle Droite et autres), et faible au Front de Gauche (4%). En revanche, le Front de Gauche reste moins défavorable à l’UE (47% sont pour) alors que le FN y est très hostile (21% seulement des sympathisants FN considèrent l’UE d’une manière favorable).

Concernant le « retour au Franc », 37% des partisans du Front de Gauche le souhaitent, ce qui est à peine plus élevé que la moyenne, alors que 78% des partisans du FN y sont favorables. L’€uro est d’ailleurs un point de clivage entre l’UMP (20% d’anti-€) et le FN (80% d’anti-€).

Alors que les sympathisants FN semblent les plus opposés à l’UE, ils souhaitent pourtant l’exclusion de la Grèce de la zone €uro, à laquelle ils disent ne pas croire, à 81% et même à 85% si on ne compte que les électeurs FN. Le Front de Gauche est en revanche solidaire des Grecs à 54%.

Parmi ceux qui souhaitent une intégration européenne accrue, 15% des partisans du FN et 28% des partisans du FG s’y montrent favorables, ce qui monte que même au sein d’une mouvance europhobe, comme le FN, il reste malgré tout des partisans de l’idée européenne. 55% des partisans de l’UMP comme du PS sont également favorables à cette intégration. Enfin, parmi les 44% des français pronostiquant un état européen unique à terme, on retrouve ce pourcentage aussi bien à gauche qu’à droite, au Front de Gauche comme au Front National, mais c’est une idée surtout masculine.

La tradition politologique classique a toujours considéré l’électorat féminin comme davantage conservateur, et c’est pourquoi la République n’a instauré le vote des femmes qu’en 1946, ce qui est très tardif. Elle avait craint un temps que les femmes favorisent la victoire des monarchistes ou des cléricaux. Force est de constater que ce sondage IFOP renforce cette idée, même si demeure un socle solide de citoyennes favorables à l’Europe politique. Toutefois, l’exclusion de la Grèce si nécessaire est soutenue majoritairement par des hommes (à 69%), les femmes étant légèrement plus modérées (62%), et surtout par ceux pour qui l’esprit de solidarité aurait dû être le plus fort, ouvriers (72%), employés (69%) et professions intermédiaires (70%).

Un autre sondage IFOP pour Atlantico, consacré à la question du vote des étrangers aux élections locales est également intéressant à analyser. Rappelons que les citoyens des états membres de l’Union Européenne disposent déjà du droit de vote aux élections municipales et européennes en France. 61% des français s’opposent à l’attribution de ce vote aux étrangers « non européens », l’expression « non européens » pouvant d’ailleurs être comprise par certains sondés comme un synonyme d’« allogènes ». 41% sont même farouchement opposés à cette idée. Ils n’étaient que 45% en décembre 2011 à le refuser. De quoi faire réfléchir le PS alors que plus de soixante-dix de ses députés poussent le gouvernement à instaurer ce droit de vote.

Sur cette question, hommes et femmes sont à égalité dans leur refus d’un tel vote, le clivage étant essentiellement entre la gauche et la droite. 72% des électeurs de gauche souhaitent une telle innovation mais seulement 31% y sont très favorables. En revanche, 89% des électeurs de droite refusent cet élargissement du droit de vote, dont 89% des électeurs UMP et 92% des électeurs FN. Enfin, le MD de Bayrou est favorable au droit de vote des étrangers extra-communautaires à 53%, alors qu’une telle mesure, mettant citoyens de l’UE et étrangers hors UE à égalité est fondamentalement la négation de l’idée européenne. Autre clivage, l’âge. 45% des moins de 35 ans sont pour le vote des étrangers contre 37% des plus de 35 ans. Cela illustre aussi la montée en puissance du vote d’origine immigrée. Gauchistes et écologistes sont en pointe dans ce combat (à 76%), le PS étant légèrement plus prudent (71%), mais les plus acharnés sont clairement les Verts (41% de très favorable).

En conclusion, ces sondages montrent que si l’opinion majoritaire est plutôt dans le camp des eurosceptiques à court terme, cela ne va pas jusqu’à remettre en cause majoritairement la monnaie unique et cela n’implique pas véritablement un refus d’une Europe politique pour l’avenir, en tout cas un refus définitif. Même au sein de la formation la plus europhobe, on constate qu’entre 15 et 20% de ses partisans ne sont pas opposés à l’idée européenne, même si le sentiment d’européanité semble pourtant absent.

Si l’Union Européenne telle qu’elle est actuellement gouvernée déplaît et nuit fondamentalement à l’idée européenne, l’idée qu’une autre Europe est possible, et même l’idée qu’une autre Europe verra nécessairement le jour, avec un état européen unitaire à la tête du continent. L’esprit prométhéen des Européens n’est pas encore mort. En revanche, les français sont déterminés, et de plus en plus, à préserver leur identité, en disant non à la Turquie et non au vote des « étrangers non-européens » et c’est plutôt rassurant. Il reste à leur faire comprendre que c’est dans une Europe politique forte que cette identité sera la mieux préservée et que l’Etat français est leur principal adversaire en vérité, alors que les eurosceptiques leur font croire qu’il est leur protecteur. Confondre un bourreau avec un protecteur, voilà le mensonge naïf que Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen en tête voudraient nous faire avaler.

Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)

09/04/2012

Marine Le Pen vs Jean-Luc Mélenchon (acte II scène 2)

Et le succès de Jean-Luc Mélenchon...

Mélenchon.jpgDans le même temps, et même si le passage d’électeurs de l’un à l’autre reste mineur, Jean-Luc Mélenchon est passé dans certains sondages en position de troisième homme, avec des pointes à 15 ou 16% d’intentions de vote, dépassant désormais Marine Le Pen. Il assèche le marais de l’extrême-gauche et des Verts, Joly étant même tombée à 1.5% des voix dans un sondage récent, tout en prenant des électeurs au PS et au FN. Il est clair que c’est notamment le cas de l’électorat ouvrier. Il y a deux mois, Marine Le Pen obtenait plus de 42% des voix au sein de cet électorat, alors qu’elle est désormais à environ 25%. Dans le même temps, Jean-Luc Mélenchon, qui était marginal parmi les ouvriers, représente désormais dans certains sondages le premier candidat ouvrier.

Comment cet électorat, souvent anti-immigration d’ailleurs, en vient-il à se tourner vers un candidat fanatiquement pro-immigration ? Parce que cette thématique a été abandonnée par Marine Le Pen, ce que son père a déploré à juste titre d’un point de vue tactique, et qu’en conséquence l’électorat populaire fait passer le vote social avant le volet « national ». Or sur le terrain de la défense du peuple, des acquis sociaux, de l’imagerie révolutionnaire et « national-communiste », et ce malgré un discours libertaire, Jean-Luc Mélenchon est plus crédible que Marine Le Pen. Il bénéficie en outre des réseaux communistes, qui restent efficaces. Enfin, il a surtout pris la dimension d’un tribun populaire, provocateur, outrancier et donc nécessairement populiste. En incarnant le vote protestataire auquel le FN renonce par sa politique de « dédiabolisation » extrême, il commence à en récolter les fruits. Avant, pour « emmerder le système », on votait Le Pen. Aujourd’hui, on vote Mélenchon.

Les affiches de campagne du Front de Gauche et du Front National illustrent remarquablement cet état de fait. Nathalie Pingeot, responsable du FNJ, était outrée qu’un politologue explique que les jeunes votaient d’autant plus FN qu’ils étaient socialement ou intellectuellement limités. Ce politologue, à savoir Sylvain Crépon, faisait remarquer qu’il ne se basait que sur des données statistiques et s’étonnait que le FN ne soit pas fier de représenter le peuple, y compris dans ses couches les plus populaires. C’est en effet un motif de fierté que de prendre la défense des démunis, ce que Jean-Luc Mélenchon sait parfaitement faire. Les affiches de Marine Le Pen, avec le choix du bleu droitier, sont insipides, avec des slogans sans saveur et à la limite du bon français. « La révolution bleu marine » ne signifie pas grand-chose et rappelle la « révolution bleue » de l’ultra-libéral Claude Reichman. « Oui, la France », présentée comme une réponse à une question qui n’est pas posée, n’est pas un slogan compréhensible ni accrocheur. Il témoigne juste de l’obsession nationalitaire de Marine Le Pen, expliquant son europhobie mais aussi ses clins d’œil appuyés aux communautés issues de l’immigration francophone. Son comité de soutien, tel qu’apparu médiatiquement, mettait d’ailleurs en avant notamment des franco-ivoiriens et des franco-camerounais, alors même qu’elle avait précédemment prôné la fin de la double nationalité. Le choix d’un comité de soutien très divers ne pouvait que déstabiliser son électorat qui n’attend pas cela du FN. En privilégiant l’appartenance administrative à la France au détriment de l’appartenance historique, elle déboussole son électorat.

En revanche, avec son slogan « Prenez le pouvoir », le doigt inquisiteur, le regard dur, Jean-Luc Mélenchon incarne un courant anticapitaliste sans concession. Il se place véritablement dans une démarche révolutionnaire, quoi qu’on pense par ailleurs du personnage, de ses idées, et de son évident ralliement du second tour au candidat Hollande, ralliement certes qui sera âprement négocié. Alors qu’Eva Joly représente l’écologie punitive, selon le bon mot de Frédéric Nihous, Mélenchon, qui a annexé son programme, ne passe pas pour tel.

Le programme de Mélenchon est à vrai dire parfaitement démagogique et odieux à plus d’un titre. Mais ce n’est pas son discours qui attire à lui les électeurs, à part une minorité d’extrémistes de « gauche », d’éco-sectaires et d’anarcho-libertariens. C’est son style, et ne dit-on pas que le style, c’est l’homme. Il est insupportable, il a l’insulte facile, et c’est ce côté « Marchais » qui plaît. C’est donc fondamentalement une image qu’il vend et une idéologie de façade, celle du méchant rouge. Mais les communistes, du temps de Marchais, étaient opposés à l’immigration ou aux revendications homosexuelles. Mélenchon, lui, a repris les revendications communautaires du PS (pro-immigrés, pro-gays), le programme écologique des Verts, et la radicalité anticapitaliste des trotskystes. Et y a ajouté un côté plébéien et provocateur qui séduit la frange la plus protestataire de l’électorat FN.

Il y a d’ailleurs de fait une alliance tacite entre Mélenchon et Sarkozy, à la fois contre Hollande et contre Marine Le Pen. Ces derniers ont aussi fait une alliance de revers, puisque « Marine » épargne totalement le PS, ne tape que sur Sarkozy, et accessoirement sur Mélenchon, et souhaite clairement la défaite du candidat de droite. Mais cette stratégie déplaît à beaucoup de ses électeurs, qui craignent une victoire du PS, et notamment à ses électeurs les plus « droitiers », c'est-à-dire les plus anti-immigration. Si le bilan de Sarkozy en la matière ne saurait les séduire, bien au contraire, le président sortant apparaît comme un moindre mal. Et lui a de réelles possibilités d’être (ré)élu. Par ailleurs, la chute dans les sondages du FN peut engendrer un effet domino en sa défaveur. A partir du moment où la possibilité d’un FN au second tour est exclue, et que Mélenchon lui-même peut la devancer, son électorat peut davantage être sensible aux arguments de Sarkozy qui affirme, à raison, que le vote FN ne peut plus servir qu’à favoriser le PS de Hollande.

Rappelons d’ailleurs à ce titre le programme du PS, qui ne peut que glacer de sang l’électorat « FN » et de la droite de l’UMP, à savoir le vote des étrangers extra-communautaires aux élections municipales, le mariage gay avec adoption, le soutien à l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, et bien sûr les évidentes régularisations de clandestins que le PS s’empressera de réaliser, sans parler de la question des hausses d’impôts ou encore de celle de la légalisation des drogues douces. Si Jean-Luc Mélenchon a réussi à servir d’aiguillon pour le PS, Marine Le Pen, par sa critique systématique de l’UMP, ne peut plus jouer le même rôle.

Ainsi, Jean-Luc Mélenchon a parfaitement réussi dans sa stratégie opportuniste, piochant ici et là des éléments de programme des autres formations, alors que Marine Le Pen a fait de l’€ et de l’UE un point de fixation, parce qu’elle est certainement plus sincère, et que son europhobie est un postulat de principe, une conviction profonde autant qu’idiote. Or son électorat ne souhaite pas d’une dévaluation, qui ruinerait les petits épargnants, et comprend bien que l’€ est protecteur et que sa disparition serait tout sauf une bénédiction, d’où l’attachement des Grecs par exemple à cette monnaie. Mélenchon aussi, au départ, voulait jouer cette carte de l’europhobie, qu’il partage fondamentalement avec elle, mais a compris très vite que ce serait une impasse, et affirme maintenant que l’euro est notre monnaie. De la même façon, Dupont-Aignan, dont le cœur du projet est fanatiquement souverainiste, ne décolle pas. Ce n’est pas une ligne porteuse, et certainement pas dans ce contexte économique.

Bien sûr, Mélenchon est un attrape-gogos, tout comme l’est d’ailleurs « Marine », et incarne une incapacité française à sortir d’une forme de communisme mental, le fétichisme du drapeau rouge du premier ayant en face celui du drapeau tricolore. Deux fronts populistes et démagogiques s’affrontent, le dindon de la face étant l’électeur qui y perd son vote. Mais à ce jeu, Mélenchon semble plus fort. Seul le Le Pen des années 1988 et 1995 aurait été en mesure de l’affronter. Mais on ne devient pas tribun par l’ascendance.

Thomas FERRIER (PSUNE)

08/01/2012

Des élections présidentielles (bilan de début d’année)

AGMA_Jetons_vote.jpgLa multiplication des candidatures a engendré un phénomène naturel de lassitude de la part des édiles susceptibles d’apporter leur parrainage aux candidats aux élections présidentielles. Même s’il ne faut pas être dupe des annonces alarmistes de Marine Le Pen, il est évident que le risque pour beaucoup de candidats marginaux de ne pas être en mesure de se présenter est réel. La colère de Christine Boutin, qui aura beaucoup de mal à obtenir les 500 signatures nécessaires, annonçant une « bombe atomique » et laissant entendre qu’elle serait prête à se rallier à François Bayrou, qui a fait savoir qu’il n’en voulait pas, n’est pas feinte.

Un autre problème est que le vote utile va être extrêmement fort cette année, même si on peut aussi s’attendre à une participation en nette baisse. Le jeu politique est désormais à quatre ; il était encore à trois au mois de novembre 2011, chacun dans son espace privilégié et étouffant toute concurrence. François Hollande réduit l’extrême-gauche à une marginalité totale, bénéficiant en outre du retrait d’Olivier Besancenot. Joly s’effondre dans les sondages (3%) et Mélenchon recule légèrement. François Bayrou est passé de 6% à 12% des intentions de vote en seulement deux mois, asséchant le potentiel électoral de Morin, Villepin, Lepage ou encore Boutin. Marine Le Pen maintient Dupont-Aignan à 0,5%, Nihous en dessous même de ce seuil, obtient le soutien du mouvement Nissa Rebela, rattaché à la mouvance identitaire, et ne risque pas d’avoir un concurrent à sa droite, Carl Lang étant absent des sondages et incapable de toute évidence d’obtenir le nombre de parrainages requis. Nicolas Sarkozy a quant à lui réussi à éviter les candidatures à droite, limitant la nocivité de la candidature de Dominique de Villepin, bloquant celle de Christine Boutin, et ayant convaincu Borloo de renoncer à être candidat.

A l’issue de 2012, il est probable que plusieurs formations politiques succombent, comme le NPA dont le candidat Poutou devrait atteindre péniblement 0,5% des voix, s’il obtient les signatures pour se présenter, ou encore comme Debout la République (DLR), le Mouvement des Citoyens (MDC) et le Parti Chrétien Démocrate (PCD). Lutte Ouvrière retombera à la marginalité extrême, mais comme il s’agit d’un objet politique non identifié, ce mouvement ne disparaîtra pas et sa candidate, Nathalie Arthaud, qui obtiendra très certainement ses parrainages, sera présente en 2017.

Dans un tel contexte, se porter candidat à l’élection présidentielle relève du suicide politique. Europe-Ecologie va regretter amèrement de ne pas avoir apporté son soutien dès le premier tour à François Hollande, car l’accord signé avec les Verts par le candidat socialiste sera caduque si les écologistes font un score dérisoire. Leur intérêt serait d’ailleurs de retirer rapidement leur candidate du jeu, Eva Joly n’étant manifestement pas la personne adéquate pour permettre une percée électorale de leur mouvement. Chevènement n’ira pas au bout, sa candidature étant un moyen de pression sur le PS. Jean-Luc Mélenchon, qui a le mérite de proposer une ligne plus cohérente, devrait résister davantage à l’effet de vote utile en faveur d’Hollande, mais dépassera péniblement les 5%.

La barre de qualification du second tour paraît haute, aux alentours de 25%. Même si François Bayrou réalisait 18% des voix, en prenant de manière égale à la gauche et à la droite, Hollande serait aux alentours de 25% et Nicolas Sarkozy aux alentours de 23%. Marine Le Pen, créditée par IFOP d’un score compris entre 19% et 20%, même si ce score est peut-être sous-estimé, ne devrait donc pas pouvoir se qualifier, à moins d’une poussée de Bayrou telle qu’on se retrouverait dans un cas de figure inédit, un second tour sans PS et UMP opposant le MD (Mouvement démocrate) de Bayrou au FN de Marine Le Pen. Ce cas extrême paraît toutefois peu probable, à moins que la colère des Français, qui s’exprime davantage dans l’abstention, explose. En tout cas, Bayrou, qui n’a rien de sérieux à proposer, pourrait à nouveau réaliser une certaine percée, alors que le FN devrait dépasser ses scores antérieurs et probablement la barre des 20%. Autant dire que les petits candidats seront laminés comme jamais ils l’ont été aux élections présidentielles. Gare au score à la Cheminade pour plusieurs d’entre eux.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

05/09/2010

Eurobaromètre 2010 : l’Union Européenne en berne

logo-eurobarometre_fr.jpgAu mois d’août sont sortis les résultats du dernier sondage Eurobaromètre sur l’état de l’Union. La première question, désormais classique, posée aux citoyens européens choisis parmi un panel représentatif, est de savoir si ces derniers pensent que l’adhésion de leur pays à l’Union Européenne avait été une bonne ou une mauvaise chose ou éventuellement ni l’une ni l’autre. A cette question, 49% des personnes interrogées estiment qu’elle a été une bonne chose, ce qui est un score assez faible, mais conforme aux résultats enregistrés depuis une dizaine d’années. C’est en 1990, à la suite de la réunification allemande que les résultats ont été les plus positifs avec 72% d’avis positifs contre seulement 7% d’avis négatifs. En 2010, ils sont en revanche 18% à émettre des avis hostiles, alors que l’année dernière ils étaient 53% d’ « euro-optimistes » contre 15% d’eurosceptiques. Mais c’était avant la crise de l’euro et avant l’effondrement de l’économie grecque.

Cette crise de confiance de l’Union Européenne n’est pas propre aux pays membres puisque, jeune prétendante à l’adhésion, l’Islande connaît depuis quelques mois un désenchantement très fort. Fin juillet 2010, ils étaient 60% des Islandais à désormais regretter leur demande d’adhésion et si un référendum avait lieu, l’Islande ne rejoindrait pas l’UE. Moins d’un tiers des Suisses voteraient favorablement à une adhésion, en raison notamment des craintes d’un affaiblissement démocratique du pays, lorsque l’on sait que, suite au référendum suisse sur les minarets, les institutions communautaires ont désavoué les choix souverains de ce peuple. A savoir si, malgré tout, son pays avait été plutôt bénéficiaire de l’adhésion, ils sont 53% à estimer que oui contre 35% à estimer le contraire. Il fallait remonter à l’automne 2005 pour trouver un résultat aussi médiocre.

De manière plus détaillée, on constate que le recul du soutien à l’UE est particulièrement net dans un certain nombre de pays, et notamment l’Allemagne où le sentiment positif perd 10 points, de même qu’il en perd 11 en Slovénie, 13 à Chypre et jusqu’à 17 points en Grèce, le peuple hellénique n’ayant pas apprécié le peu de solidarité européenne dont il a pu bénéficier, alors qu’en sens contraire le peuple allemand n’a pas aimé devoir aider les grecs. Le sentiment positif augmente toutefois dans un certain nombre de pays, essentiellement parmi les nouveaux entrants de 2004. A la question du bénéfice obtenu par le statut de membre de l’UE, là encore le positif régresse fortement en Allemagne et en Grèce mais aussi au Portugal.

A la lecture de ces résultats, on se rend bien compte que l’Union Européenne n’a actuellement pas la cote mais, contrairement à ce qu’affirment les souverainistes, cela ne signifie pas que les citoyens aient davantage confiance en leurs institutions nationales. En effet, 42% des citoyens de l’UE ont confiance dans l’UE (contre 48% à l’automne 2009), 47% n’ayant en revanche aucune confiance en cette dernière (contre 40%). Mais ils sont 66% à ne pas avoir confiance dans leur gouvernement national, et 62% dans leur parlement national. En clair, si le parlement européen inspire moins confiance qu’auparavant aux citoyens, les institutions nationales sont totalement désavouées. Que ce soit la fausse « gauche » ou la vraie droite, l’une alternant avec l’autre par défaut, les citoyens de l’UE ne sont pas dupes. Un « sortons les » européen aurait même tout son sens.

Concernant la confiance générale dans l’Union Européenne, les pays les plus optimistes demeurent ceux d’Europe médiane (68% de confiance en Estonie, 65% en Slovaquie, 56% en Roumanie, 54% en Hongrie… etc.) et certains pays d’Europe occidentale, comme la Belgique bien sûr (61%), comme les plutôt souverainistes Danemark (61% aussi) et Pays-Bas (53%). En revanche, dans les six pays fondateurs, à l’exception de la Belgique, les résultats sont plutôt mauvais voire très mauvais. En effet, seulement 42% des Italiens, 39% des français et 37% des allemands ont confiance dans l’UE. Au Royaume-Uni, ils ne sont plus que 20% (68% n’ayant pas confiance).

La crise de confiance est donc installée au cœur même de l’Europe occidentale, chez les grands pays du continent, comme la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et le Royaume-Uni. Dans les autres pays, la confiance baisse nettement. L’Europe est en crise, à tous points de vue, et l’UE ne semble pas apparaître aux citoyens comme le remède à cette crise. A vrai dire, les citoyens ne voient aucun remède. Il n’est pas étonnant alors que le vote populiste et/ou nationaliste soit fort.

Lorsque l’on constate que l’UE est de plus en plus rejetée, mais que les Etats (gouvernement + parlement) le sont encore davantage, on comprend qu’il existe la possibilité d’une voie européenne capable de renverser les gouvernements nationaux et de réorienter l’UE dans un sens démocratique et strictement européen. La solution ne sera pas nationale, elle sera européenne !

LBTF

02/03/2010

Non au voile en Europe !

Selon un sondage du Financial Times réalisé dans sept pays, ce sont les Français qui sont le plus favorables à l’interdiction du voile intégral, à 70%. Sur les sept pays dans lesquels les habitants ont été interrogés par le Financial Times, ce sont les Français qui se sont déclarés les plus favorables à l’interdiction du voile islamique intégral dans certains lieux publics. Selon le sondage publié mardi 2 mars par le quotidien britannique, ils sont 70% à soutenir son interdiction.

Dans les autres pays européens concernés par cette étude, les personnes interrogées se sont également prononcées majoritairement pour une législation allant dans ce sens, mais à un degré moindre qu’en France : 65% des Espagnols, 63% des Italiens, 57% des Britanniques et 50% des Allemands veulent l'interdiction du port du voile. En revanche, la mesure ne convainc ni les Américains, qui sont seulement 33% à soutenir un tel texte, ni les Chinois, qui sont moins de 30%.

Source (Nouvel Obs)

Sondage IPSOS Italia

En ce qui concerne la sécurité, 80% se disent tranquilles, surtout dans le Nord–Est, ce qui explique le succès de la Ligue. Ceux qui ne se sentent pas en sécurité sont au Sud, mais ne représentent que 20%. Les scandales ne sont, pour le moment, pas déterminants dans les intentions de vote. Le PdL perd un point (de 38,1 à 37,2 %) mais le PD ne gagne que 0,3 % (à 29,8 %) ; léger progrès de la Ligue (10,5 à 10,8 %) et recul de l’UdC (de 6 à 5,7 %) ; légère baisse de l’IdV (de 7,2 à 7,0 %), signe que les batailles sur la justice ne rapportent pas de voix, à ce stade. Source: Marco Galluzzo, Corriere della Sera.