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12/02/2017

L’Union Européenne, un bouc émissaire un peu trop facile.

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migrants.jpgA chaque fois qu’une politique européenne réussit, chaque gouvernement national s’attribue tout le mérite. En revanche dès qu’une politique nationale se révèle un échec, ou rencontre de très grandes difficultés alors l’Union Européenne est la seule responsable et bien sûr coupable. Que cela soit l’attitude des gouvernements nationaux au pouvoir est parfaitement logique. Ils fuient leurs responsabilités à chaque fois que c’est possible. Que les partis d’opposition, et notamment ceux de droite nationale, qui font désormais du souverainisme le cœur de leur message, agissent de la même façon, est étrange.

Au lieu en effet d’accuser les dirigeants nationaux de mettre en œuvre des politiques nocives pour les peuples, ils les exonèrent d’une certaine manière en accusant la « toute puissante Union Européenne » de leur dicter des politiques auxquelles sinon ils s’opposeraient. Ces souverainistes fétichisent ainsi l’Etat national qui par définition à leurs yeux ne peut pas faire d’erreur. Avec eux, l’Union Européenne, qui a certes souvent tort ces dernières années, est toujours en faute, quoi qu’elle fasse ou ne fasse pas d’ailleurs. Elle est accusée de tout et son contraire. On lui reproche son ultra-libéralisme et sa soumission aux dogmes du libre-échange mais elle serait la nouvelle URSS. On l’accuse d’être permissive face aux flux migratoires, mais dans le même temps d’être raciste, en voulant distinguer les Européens et ceux qui ne le sont pas.

Prenons l’exemple de l’immigration, thème qui est à la base du vote populaire croissant dont les partis de droite nationale bénéficient puisque le reste de la classe politique nationale et « européenne » leur laisse ce thème en monopole. Est-ce que l’Union Européenne en est responsable par le biais de l’espace Schengen, dont le Royaume-Uni n’a jamais fait partie, ce que les défenseurs du « brexit » oublient généralement de dire ?

Schengen définit l’absence de frontières à l’intérieur de son espace mais laisse aux Etats limitrophes de l’espace extérieur à l’UE (Grèce, Espagne, Italie notamment) la responsabilité de leur protection. Or il est un fait que ces pays sont dirigés par des gouvernements très permissifs en ce domaine et qui souhaitent simplement que le migrant ne fasse que transiter par leur territoire jusqu’à arriver dans des pays plus laxistes en matière d’accès aux aides sociales, comme la France ou la Belgique, et plus récemment l’Allemagne.

L’Union Européenne est-elle donc responsable d’un appel d’air migratoire ? Notons d’abord que c’est Angela Merkel qui, de son propre chef et sans en informer ses partenaires ou les dirigeants de l’UE, a décidé d’ouvrir ses frontières aux migrants prétendument venus de Syrie, bien que beaucoup viennent de partout sauf de Syrie. C’est donc une dirigeante nationale qui, de manière souveraine, a décidé de cette politique d’un nombre croissant d’Allemands lui reproche. Mais il en a toujours été ainsi.

C’est en effet dans le pays le plus europhobe d’Europe, le Royaume-Uni, dont le vote en faveur d’un « brexit », prôné depuis des années par tous les grands quotidiens britanniques, qui n’ont cessé d’accuser l’UE de tous les maux, illustre le peu de popularité dont jouit l’Union Européenne, à tort ou à raison, dans ce pays, que l’immigration post-coloniale a commencé, de par la volonté de la gauche travailliste, le Labour. Déjà dans les années 50, des émeutes « ethniques » ont commencé à éclater et ceux qui s’en sont émus, à l’instar du conservateur Enoch Powell, ont très vite été diabolisés.

En France, dès la Libération, le patronat, dans une alliance surprenante avec les communistes, a commencé à prôner une immigration post-coloniale pour « reconstruire la pays ». De Gaulle, avant sa démission en 1946, prônait au contraire une immigration strictement européenne.  De même, c’est en 1963 que le gouvernement allemand a signé un accord avec la Turquie pour faire venir des centaines de milliers de travailleurs turcs en Allemagne, à une époque où régnait à Berlin le principe du « droit du sang » jusqu’à ce que Schröder en 2000 y ajoute un droit du sol.

Ce sont donc bien les Etats « nationaux » qui sont responsables de cette politique migratoire, ayant amorcé le processus et créé les pompes aspirantes qui n’ont désormais jamais cessé de fonctionner. Notons aussi que les pays d’Europe non membres de l’UE sont confrontés au même phénomène, et le cas de la Norvège est emblématique, ce qui démontre bien que l’UE n’en est pas spécialement responsable, même si elle ne fait rien, et structurellement ne peut rien faire, contre.

L’Union Européenne est une « Europe des Etats » (cf. Jean-Paul Jacqué) donc elle est à l’image des Etats qui la composent et qui sont liés entre eux par des traités. Elle n’est donc aucunement une entité politique et n’est représentée en tant que telle ni à l’ONU ni à l’OTAN. Même si le traité prétendument « constitutionnel » de 2005 avait été voté, elle serait restée la même organisation.

Qui dirige l’Union Européenne ? Trois structures principales peuvent être évoquées. Il y a le Conseil Européen, composé des chefs d’état et de gouvernement des 28. Il y a ensuite le Conseil de l’Union Européenne qui réunit tous les ministres des 28 en chargé d’un domaine précis, par exemple l’agriculture. Ces deux organisations sont donc supranationales certes, mais surtout composées des élus des nations. Il y a enfin la Commission Européenne, dont le président est choisi par consensus par les chefs d’état et de gouvernement, qui choisissent aussi les commissaires, chaque commissaire représentant un état membre. C’est ainsi que François Hollande a imposé Pierre Moscovici à Bruxelles.

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Certes le parlement européen dispose désormais de la possibilité de rejeter le président de la commission européenne proposé par les Etats et de refuser également les commissaires. Il n’a jamais vraiment utilisé ce droit de veto sauf pour barrer la route à un commissaire italien potentiel qui avait tenu des propos hostiles à l'homosexualité, Rocco Buttiglione. Si c’était un vrai parlement, c’est-à-dire composé de députés courageux, et non de recalés des élections nationales, dédommagés par leur parti en les envoyant à Strasbourg toucher des émoluments intéressants, ou des députés anti-européens incapables d’être élus aux élections législatives en raison d’un mode de scrutin défavorable, il rejetterait par principe le candidat des Etats. Il ne l’est pas mais pourrait le devenir.

Espérer de l’Union Européenne qu’elle mette en place la politique que les gouvernements nationaux exigent est en l’état illusoire. Elle n’est qu’une courroie de transmission. Contrairement à ce que prétendent les souverainistes, l’UE ne commande à personne. Elle obéit au contraire aux injonctions des gouvernements. C’est dans le rapport de force entre Etats que tout se joue. Il est sûr qu’Angela Merkel a aujourd’hui du poids mais celui-ci s’exprime en dehors de l’UE.

Or si les Etats sont les principaux responsables des politiques que les citoyens refusent, à quoi servirait donc de quitter l’Union Européenne ? A quoi cela servirait-il de suivre la ligne d’un Royaume-Uni qui ne résoudra aucun de ses problèmes de fond par son « brexit » ? En quoi l’euro est-il responsable du déficit français qui est essentiellement lié à l’effondrement de son modèle social, grevé par le coût immense d’une immigration post-coloniale qui pèse de plus en plus sur son économie, sur sa politique de sécurité, et génère structurellement un chômage de masse ?

Si la France et l’Allemagne sont dans la situation actuelle, ce n’est pas de la faute de l’Union Européenne, qui n’en est pas coupable même si elle n’est en aucune manière salvatrice non plus, c’est d’abord de la responsabilité de leur gouvernement respectif. Or peut-on « sortir de son Etat national » ? Car selon cette logique, c’est ce qu’il faudrait donc faire. Si le pouvoir réel était à Bruxelles, les media ne donneraient pas autant d’importance aux élections présidentielles en France ou législatives en Allemagne en 2017. Or les dirigeants des partis nationaux n’aspirent pas à devenir président de l’Union Européenne ou président de la commission, mais chancelier allemand ou président français. C’est donc que pour eux le véritable pouvoir est bel et bien resté au niveau national.

Et si l’Union Européenne demain pouvait au contraire servir de point de bascule pour renverser les politiques des gouvernements « nationaux » ? Et si elle était le bélier qui permettait de renverser le système dont elle est elle-même le fruit ? Cela voudrait dire qu’il faudrait s’emparer de l’Union Européenne, grâce aux élections européennes qui sont la seule porte d’entrée existante, de jouer ainsi Strasbourg contre Bruxelles, et en réalité contre Paris et contre Berlin. Au lieu de sortir de l’Union Européenne, ce qui ne résoudra aucun problème, en prendre le contrôle et la retourner contre ceux qui en furent les promoteurs serait beaucoup plus sage. Car les périls dont tous les Européens souffrent nécessitent une grande politique qui ne sera vraiment efficace qu’au niveau européen, du fait qu’une Europe unie sera capable de tenir tête aux USA et au monde entier, surtout si elle cultive en outre une forte amitié avec la Russie.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

29/01/2017

Du christianisme et de la défense identitaire de l’Europe. (2ème partie)

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christianisme,europe,paganisme,identité,immigrationLaurent Dandrieu, dans son ouvrage précédemment cité, explique son désarroi face à une Eglise qui renonce à défendre l’Europe. Cette phrase de son prologue est terrible : « Et pour que l’on ne puisse pas dire que le jour où les Européens auront voulu sauver leur continent du suicide, ils aient trouvé sur le chemin un obstacle insurmontable : l’Église catholique. » Venant d’un chrétien européen, soucieux de défendre son identité, le propos est explicite. Il s’agit pour lui de sauver l’Église malgré elle d’une dérive humanitariste. Là où il se trompe sans doute ou parce qu’il n’ose pas l’écrire, c’est qu’il ne s’agirait pas d’un obstacle insurmontable.

Car si demain les Européens se réveillent et décident enfin de sauver leur continent à la dérive, alors rien ne les arrêtera et certainement pas l’Église. Face à un peuple résolu, elle courbera sans doute l’échine comme à chaque fois qu’elle s’est retrouvée face à une puissance redoutable en face d’elle. Mais pour autant cela ne l’exonérerait pas de ses responsabilités dans la situation actuelle à laquelle nous souhaitons mettre fin. Avoir servi l’Anti-Europe avec zèle ne pourrait rester impuni. Jadis elle avait été sauvée de Garibaldi par les troupes de Napoléon III. Jadis elle avait su triompher du prince humaniste Frédéric II (Hohenstaufen). Et Mussolini lui-même, antichrétien forcené et nietzschéen dans sa jeunesse, avait pérennisé son État par les accords du Latran en 1929. Qui sera là pour la protéger cette fois ?

Quelle peut alors être la réponse identitaire des Européens face à cette église qui non seulement ne se met pas à leurs côtés mais se place face à eux, contre eux même ? Il n’y a que deux réponses possibles, un christianisme de résistance ou un paganisme de combat. Les deux options sont complémentaires et pourraient alors constituer cette alliance européenne « entre le glaive de Mars et la croix du Christ ». Mais cette alliance ne peut exister que si un compromis essentiel entre les deux camps est alors signé.

Première option. Face à l’Église, les chrétiens européens font désertion et lui opposent une Église de résistance, suffisamment forte pour faire céder le Vatican à terme, en lui imposant sa ligne. Cela voudrait dire élire un autre pape dissident, comme cela a pu arriver au moyen-âge, qui nommerait des évêques dissidents, avec ses églises dissidentes. Il s’agirait donc d’une scission mais qui, à la différence de celle de Lefebvre, ne serait motivée que par la volonté explicite de défendre l’Europe. Elle rejetterait donc la lecture humanitariste des évangiles au profit de la tradition pagano-chrétienne, du christianisme européen constantinien. Certains catholiques déjà passent au christianisme orthodoxe, tellement les positions actuelles de l’Église catholique les dégoûtent. Il s’agirait de faire à l’échelle de l’Europe occidentale l’équivalent d’un gallicanisme à l’échelle de la France, un euro-christianisme de rupture avec l’universalisme dominant actuel.

Le point faible du pagano-christianisme, c’est qu’il perd sa magie dès qu’il est révélé. Le paysan médiéval pouvait être pagano-chrétien, car il se pensait ainsi bon chrétien. Il répétait les rites antiques et les prières aux dieux grimés en saints de substitution. Il voyait la terre-mère derrière les traits de Marie mais d’une manière inconsciente. Or aujourd’hui nous connaissons ce pagano-christianisme, et on pourrait presque l’appeler un paganisme christianisé. Nous savons donc que notre bon vieux paganisme a été recouvert à partir de l'empereur Constantin d’un vernis chrétien. Peut-on sciemment y revenir une fois qu’on le sait ?

Seconde option, la rupture. A partir de la Renaissance notamment, certains penseurs ont théorisé le retour au paganisme européen, ce dernier étant de mieux en mieux connu par deux siècles d’études historiques à son propos, jusqu’à en découvrir la matrice indo-européenne avec notamment Georges Dumézil. Des organisations païennes émergent ainsi dans toute l’Europe, se revendiquant des traditions locales, que ce soit du druidisme (Draoicht), du paganisme germano-scandinave (Asatru), du paganisme slave (Rodnoverie), du paganisme grec (Hellenismos) ou de la religion romaine (Religio Romana). L’Eglise est bien consciente d’ailleurs que la réponse identitaire des Européens pourrait être la résurrection de l’antique paganisme. Au bord du tombeau, comme l’avait annoncé Nietzsche, l’Europe se ressaisira et se relèvera dans un sursaut salvateur. Je suspecte les actuelles autorités catholiques de comprendre qu’un tel mouvement peut arriver, va arriver, et qu’il s’agit de s’en prémunir en sacrifiant l’Europe, prévoyant déjà son avenir en Afrique, en Amérique méridionale et en Asie. Cela voudrait dire que par peur du paganisme, le Vatican s’allierait implicitement avec d’autres forces et ferait ainsi les yeux de Chimène au second monothéisme universel dont la présence en Europe ne cesse d’inquiéter.

Qu’on choisisse le retour au paganisme (indo-)européen ou qu’on choisisse le retour au christianisme européen constantinien est affaire de choix personnel, de conviction et même de croyance. Dans les deux cas, la même volonté de protéger l’identité de l’Europe et des Européens est présente, même si elle se manifeste autrement. Mais ces deux choix doivent être complémentaires. Le païen européen moderne doit traiter le chrétien européen en frère et réciproquement. Le premier ne doit pas voir dans le second un « oriental en religion » et le second ne doit pas voir dans le premier un « suppôt de Satan ». L’intolérance chrétienne vis-à-vis du paganisme doit donc cesser, et cessera ainsi en retour le mépris païen vis-à-vis du christianisme européen.

Le seul obstacle que je vois à cette nécessaire réconciliation identitaire, euro-chrétienne et euro-païenne, qui existe déjà de fait en Russie, est la soumission aux injonctions du pape d’encore bien trop d’Européens, et aussi le manque de sérieux de trop nombreuses organisations païennes actuellement, à qui il manque l’équivalent d’un souverain pontife pour coordonner leurs actions.

Autre obstacle enfin, et non des moindres. La vérité historique. Beaucoup d’Européens catholiques, surtout parmi les plus identitaires, ont du mal à accepter que la christianisation de l’Europe n’ait pas été le roman mensonger qui leur a été vendu. Elle n’a été ni rapide ni pacifique. Elle a duré des siècles et à chaque fois a été matérialisée par des lois liberticides et des persécutions contre les Européens indigènes souhaitant conserver leur foi polythée. Pour quelqu’un comme moi, qui a étudié très précisément les conditions de l’émergence du christianisme dans l’empire romain et les conditions réelles de son succès, voilà quelque chose dont je n’accepte pas le déni.

Ces obstacles devront être surmontés. Tous les Européens ont vocation à combattre unis par un même drapeau identitaire, celui de l’Europe, et alors chrétiens et païens européens seront côte à côte, avec aussi les européens musulmans des Balkans et du Caucase et tous les européens israélites aussi attachés à leur patrie européenne qu’à leur patrie proche-orientale.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

25/06/2016

Un « brexit » qui fait mal

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Brexit.jpgAvec 51.9% des voix, les électeurs britanniques ont finalement choisi de soutenir le brexit, c'est-à-dire d’ouvrir un processus prévu pour durer entre deux et quatre ans et devant aboutir à la sortie du Royaume-Uni de l’actuelle Union Européenne. Contrairement à ce que disent media et responsables politiques nationaux et européens, l’UE reste pour le moment à 28. Elle ne sera 27 que dans plusieurs années et ce sous réserve que le brexit ait réellement lieu. Car il ne suffit pas de voter en sa faveur à un référendum pour que le dit processus aboutisse.

Les causes du succès du brexit.

Elles sont multiples et j’ose même affirmer que tous les électeurs qui ont voté en faveur du brexit ne cherchaient pas nécessairement à ce que leur pays quitte réellement l’Union Européenne. L’électorat est versatile et surtout rarement cohérent. Il peut parfois soutenir en même temps des positions contradictoires.

La principale raison du vote « pro-brexit » est de s’opposer à l’immigration. Le paradoxe est que, en rejetant l’UE, les électeurs envoient un mauvais signal à l’égard des travailleurs européens installés dans leur pays, alors qu’en fait les électeurs visaient les populations aneuropéennes de l’ancien empire colonial installées au Royaume-Uni et contre lesquelles un conservateur comme Enoch Powell s’opposait dans les années 60. Non seulement le « brexit » ne changera rien à la situation migratoire du Royaume-Uni mais il risque même d’aggraver les flux issus du Commonwealth.

Le dernier débat de campagne opposait le maire de Londres, d’origine pakistanaise et de confession musulmane, Sadiq Khan, avec l’ancien maire, anglais de souche, Boris Johnson. Or Khan prônait le maintien dans l’UE alors que Johnson prônait le départ. Il est bien évident que le fait que les partisans les plus acharnés du multiculturalisme et de l’islamotropisme, notamment le Labour, aient soutenu le « remain » a beaucoup fait dans le succès du « brexit ».

Par ailleurs, les actuels dirigeants de l’Union Européenne sont extrêmement impopulaires. La technostructure de Bruxelles insupporte jusqu’aux partisans les plus déterminés d’une Europe politique. Elle n’a aucune légitimité démocratique et ne sert que de bouc émissaire que les dirigeants des Etats utilisent pour s’exonérer de leurs propres responsabilités en période d’élections. Les politiciens comme Juncker, battus dans leur pays ou mis en examen, sont recasés à Bruxelles par leurs équivalents au pouvoir de Paris ou de Berlin. L’Union Européenne ne gagne quasiment jamais les referenda qui la concernent. Songeons au « double non » de la France et des Pays-Bas en 2005, ou du non irlandais au traité de Lisbonne. C’est bien la preuve d’une perte considérable de crédit et d’un rejet croissant qui est plus que légitime objectivement.

Enfin, dernière raison du succès du brexit, le désaveu de David Cameron. Ce dernier, annonçant son départ dans les trois mois, s’est vanté de son bilan, résumé au mariage pour tous, version britannique, et à l’anti-racisme. On notera d’ailleurs sa médiocrité dans la défense du « remain ». Politicien médiocre au final, qui a mis lui-même les clous sur son cercueil politique, il ne sera pas vraiment regretté.

De même, les menaces d’Obama, Soros et autres n’ont pu qu’agacer la fierté britannique et à juste titre. La peur économique, efficace chez les bourgeois, n’a eu aucun effet au sein du prolétariat britannique de souche, qui n’espérant rien, et n’ayant rien à perdre, a osé s’en affranchir. Il s’est au contraire massivement exprimé pour le brexit.

Les conséquences du brexit ?

En premier lieu, la première conséquence est une nouvelle crise de l’Union Européenne. On s’étonnera de l’empressement du président français à vouloir accélérer le brexit réel. Après tout, les dirigeants de l’UE ont l’habitude de faire revoter le peuple quand celui-ci s’exprime contre leurs intérêts. Il s’agit pour Hollande et Merkel d’empêcher la contamination qui risque de toucher surtout la Suède et le Danemark. Car il n’est pas sûr en effet qu’un « swexit » ou qu’un « danxit » ne puissent avoir lieu, vu l’état de l’opinion dans ces pays.

Mais il y a ensuite les conséquences plus concrètes pour le Royaume-Uni lui-même et il n’est pas sûr que son choix politique ait été le plus avisé. L’Ecosse va probablement appliquer au Royaume-Uni ce que ce dernier s’apprête à appliquer à l’Union Européenne. Un nouveau référendum sur l’indépendance se profile et cette fois il pourrait bien aboutir. 62% des Ecossais ont ainsi dit non au brexit. De même, le Sinn Fein a très finement réagi en annonçant sa volonté de rattacher l’Irlande du nord à l’Irlande indépendante pour rester dans l’Union Européenne. Là encore le brexit était minoritaire en Ulster. Cette provocation va certainement relancer le conflit nord-irlandais qui était endormi au sein de l’Union Européenne.

Enfin, que dire des conséquences économiques. Elles sont difficiles à prévoir. Le Royaume-Uni n’ayant pas l’euro, la crise devrait être limitée mais les agences internationales de notation, Moody comme Standard & Poor, laissent entendre qu’elles vont dégrader la note du Royaume-Uni en lui retirant son triple A. Le taux d’intérêt de la dette britannique va alors augmenter et surtout la capacité du pays d’emprunter à un taux intéressant va diminuer.

Enfin ceux qui ont mis leurs espoirs dans le brexit vont vite déchanter. Les Britanniques, dont leur pays n’était pas membre de l’espace Schengen, vont se rendre compte que l’immigration va continuer. Ce qui est logique puisqu’elle n’a jamais été liée à des décisions de l’Union Européenne mais aux gouvernements de gauche et de droite du Royaume-Uni depuis un demi-siècle. Le Royaume-Uni est peu impacté par la crise actuelle des migrants. Mais cela va peut-être changer. La France annonce en effet qu’elle ne retiendra plus les clandestins qui s’entassent dans Calais. Le « brexit » non seulement n’arrêtera pas l’immigration mais l’augmentera donc. Mais les Polonais ne viendront plus prendre le travail des Pakistanais.

Evoquons enfin les conséquences politiques. Cameron partira en octobre. Il a été douloureusement désavoué par les électeurs. A la tête d’une majorité fragile, les conservateurs conserveront-ils le pouvoir ? Les élections seront-elles anticipées ? Et UKIP ? Artisan parmi d’autres du brexit, mais marginalisé dans la campagne par Johnson et l’aide droitière des Conservateurs, et n’ayant comme but principal que la sortie de l’UE, comment va-t-il évoluer ? Il est probable que non seulement il n’en sortira pas renforcé mais qu’il va sérieusement reculer. Son rôle s’arrête une fois le brexit sur les rails. Farage va donc connaître une probable victoire à la Pyrrhus.

Le brexit aura-t-il réellement lieu ?

Le processus de « brexit » est officiellement lancé du fait même du résultat de ce référendum, mais il n’est pas pour autant accompli. Cela va prendre plusieurs années et cela va être complexe, car c’est inédit. Même si le Royaume-Uni est hors zone euro et hors Schengen, ses liens avec l’Union Européenne sont forts. Que vont devenir les fonctionnaires britanniques de l’UE ? Les députés ? Les accords de libre-échange ? Les relations diplomatiques ? Qu’est-ce que cela implique pour Euro-tunnel. Les questions sont nombreuses.

Il est tout à fait possible que les pourparlers de « brexit » n’avancent pas plus que les pourparlers d’adhésion de la Turquie à l’UE. Le pourrissement est une stratégie classique. Supposons ainsi que le Labour Party gagne les prochaines élections britanniques, face à un parti conservateur implosant entre anti-UE renforcés par ce résultat et pro-UE. 69% des électeurs du Labour ont voté contre le brexit. Même si le Labour n’annoncera pas l’abandon du processus, il peut être amené à le ralentir considérablement.

En outre, si les conséquences du brexit sont trop douloureuses, l’opinion britannique peut se retourner. On a vu le cas en Islande où l’adhésion à l’UE et même à l’euro était très haute lors de la crise mais a ensuite diminué considérablement lorsque la situation s’est améliorée, au point où le processus d’adhésion a même été arrêté et la demande d’adhésion retirée. Qui peut dire dans deux ans si l’opinion publique britannique sera toujours en faveur du départ ? L’idée qu’un nouveau référendum ait lieu dans un ou deux ans pour arrêter le processus de « brexit » n’est pas absurde. Mais il faudra alors que l’UE se fasse discrète et surtout cesse toutes ses propositions  migratoires délirantes.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

01/05/2016

« Habebamus papam ». Bergoglio contre l’Europe.

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image4.jpgL’Europe est victime d’une grave crise migratoire. Des milliers de migrants, syriens ou non syriens, parfois chrétiens mais bien plus souvent musulmans, se massent chaque jour à nos portes afin de gagner nos rives pour y bénéficier de tous les droits de nos concitoyens, sans qu’on exige d’eux l’accomplissement des mêmes devoirs.

Nous serions en devoir de leur refuser l’entrée, parce que nos ancêtres ne se sont pas battus pour que notre continent cède à une mauvaise conscience attisée par des faussaires moraux. On peut d’ailleurs constater que les pays arabo-musulmans se gardent bien d’accueillir chez eux ces migrants pourtant de même origine qu’eux. Les pétromonarchies du Golfe, qu’on présente abusivement comme des alliés, s’y refusent et les migrants eux-mêmes savent qu’il vaut mieux éviter de tester leurs frontières.

L’Europe paie d’ailleurs l’alignement de sa politique sur celle des États-Unis, avec parfois un zèle troublant, comme cet entêtement du gouvernement français à faire tomber Bachar-El-Assad à tout prix, permettant au cancer « Daesh » de naître.

Dans un tel contexte, les provocations répétées du « pape » François, alors que les opinions publiques européennes expriment une légitime inquiétude et alors que les États semblent moralement désarmés pour faire respecter les frontières de notre continent, sont inacceptables.

Il est normal de déplorer que des gens quittent leur pays parfois au péril de leur vie, même si c’est souvent pour de mauvaises raisons, et si les « réfugiés » sont souvent en fait des migrants économiques profitant de l’occasion pour s’installer dans une Europe bien trop généreuse à leur endroit. Il est également parfaitement légitime de porter assistance à des naufragés, car c’est un devoir moral élémentaire.

Mais ce n’est acceptable que si on associe ces actions de mesures d’une grande fermeté, en indiquant explicitement aux migrants que ce voyage aller sera suivi immédiatement d’un voyage retour. Ainsi l’argent dépensé pour payer les passeurs sera perdu, et les risques pris auront été bien inutiles.

Le pape devrait appeler ces migrants à demeurer chez eux et à se battre sur leur propre sol, comme le font ces courageux combattants kurdes, contre la barbarie islamique qui les menace, si c’est bien elle qu’ils prétendent fuir. Car on peut parfois en douter. Il devrait inviter l’Europe à avoir le courage de savoir dire « non » et ne pas détourner les règles de l’hospitalité en des règles d’assistanat.

La véritable hospitalité, c’est celle des Phéaciens envers Ulysse. Après lui avoir porté assistance, après qu’il fait naufrage, les Phéaciens armèrent un bateau et permirent au héros de retrouver Ithaque, son île natale. Aujourd’hui, elle consiste à pacifier la situation sur place, comme la Russie y a contribué, et à permettre à ces migrants de retourner chez eux. Elle ne consiste pas à leur donner chez nous des droits pour lesquels nos ancêtres se sont battus.

C’est là qu’il faut comprendre que le « pape » François sort de la réserve propre à sa charge pour empiéter sur un terrain politique pour lequel il n’est pas légitime. Il donne des leçons de morale et en vérité de culpabilisation aux Européens, les incitant au laxisme migratoire et donc à la lâcheté identitaire. Ce faisant, il ne rend service à personne.

Son action d’accueillir à Rome même plusieurs familles de migrants, par ailleurs tous musulmans, est symboliquement un appel d’air parfaitement nocif. Il va encourager d’autres personnes à prendre des risques insensés et en même temps exacerber les Européens qui en ont assez de subir des flux indésirables alors qu’ils ne sont en rien responsables des causes.

Il agit ainsi en militant de la « théologie de la libération », ce christiano-marxisme qui domine une partie de l’Amérique du Sud d’où le pape est originaire, oubliant par ailleurs qu’il est lui-même de souche européenne. Au lieu d’agir au service de l’Europe et des Européens en encourageant ces derniers à la résistance, comme Nicolas V apportant son soutien à Constantinople en 1453, il veut nous désarmer. C’est irresponsable.

Depuis Constantin, en Europe, le compromis entre le pouvoir politique et L’Église a reposé sur une assistance mutuelle. Le pape actuel rompt cet équilibre pour prôner une forme d’évangélisme post-colonial pleurnichard. Et pour ce faire, il est prêt à trahir une Europe en danger de mort pour la simple et bonne raison que sa religion y est affaiblie, sans se demander pourquoi. De la religion on demande assistance et non leçon de morale, appui et non culpabilisation. Le pape se croit au Ier siècle de l’empire romain alors que nous sommes dans la situation du Vème siècle, celui des invasions barbares.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

04/08/2013

Kohl et l'immigration extra-européenne

kohl.jpgAlors que l'ancien chancelier social-démocrate Helmut Schmidt, dans un entretien récent auquel j'ai consacré un article, avait expliqué que si l'assimilation des Européens était aisée, celle des Turcs paraissait beaucoup plus difficile, on apprend que l'ancien chancelier Helmut Kohl, en 1982, n'en pensait pas moins.

Dans un article du journal turc Hürriyet, on apprend ainsi que pour Kohl, "il serait nécessaire dans les quatre prochaines années de diminuer de 50% le nombre de Turcs [en Allemagne]", reconnaissant toutefois qu'il ne lui serait pas possible de "le dire publiquement".

Il explique également que l'Allemagne "n'a jamais eu le moindre problème avec les Portugais et les Italiens (...) parce que ces communautés s'intégrent bien", ajoutant que c'est parce qu' "ils étaient européens". En revanche, Kohl considérait que le nombre de Turcs était bien trop important pour envisager leur assimilation, car "ils proviennent d'une culture tout à fait différente".

Non seulement Helmut Kohl aurait été opposé à l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne, comme Angela Merkel prétend l'être, tout en ne faisant rien pour mettre fin au processus, et était un défenseur du ius sanguinis, comme le candidat CSU Edmund Stoiber, mais il avait ainsi manifesté son refus d'une multiculturalisation de l'Allemagne, processus que Merkel a reconnu comme un échec, mais sans rien faire pour revenir en arrière.

On découvre ainsi que de grands dirigeants européens, pour qui le projet d'Europe unie avait tout son sens, des "pères fondateurs" de l'Europe moderne, comme Valéry Giscard d'Estaing, Helmut Schmidt et désormais Helmut Kohl, ont dénoncé une situation qui n'a cessé d'empirer depuis avec une lucidité sans faille.

Ce qu'il faudrait comprendre, c'est pourquoi ils n'ont rien pu faire lorsqu'ils étaient au pouvoir pour endiguer une involution dont ils savaient qu'elle était calamiteuse.

30/06/2013

L'Europe de Schmidt n'est pas l' "Europe" de Hollande !

20070607g8giscard_0.jpgHelmut Schmidt, ancien chancelier social-démocrate allemand (1974-1982), évoquait à la radio suisse RTS la problématique migratoire ce mercredi 26 juin 2013. Dans ce cadre, Schmidt distingue radicalement l’immigration intra-européenne et l’immigration extra-européenne. Selon lui, « en ce qui concerne l’Italie ou la Grèce, il n’y a pas de problème ». Il ajoute que « la libre circulation à l’intérieur de l’Europe n’est pas dangereuse » et que « le problème n’est pas dû à l’immigration italienne, grecque ou espagnole ».

En revanche, Schmidt considère que « la culture turque est bien plus différente ». C’est d’ailleurs pour cela que Valéry Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt, qui font partie des consolideurs de l’Union Européenne, sont farouchement opposés à l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne. Reprenant des accents qui rappellent les propos de Giscard d’Estaing dans Le Figaro Magazine en 1991, il explique que « le problème de l’immigration en Europe est dû à l’immigration issue de cultures étrangères, notamment marquées par l’islam » et que ce qui est dangereux selon lui, c’est le « mélange avec des cultures étrangères », sous-entendus étrangères à « la communauté de culture en Europe », c'est-à-dire à la civilisation européenne.
 
Source radio des propos d'Helmut Schmidt:
RTS+
Analyse:
LBTF

07/08/2012

Chroniques européennes du 7 août 2012

Italie, Allemagne,Europe fédérale,immigration,insécurité,François Hollande,Christine Taubira,adhésion turque,mariage gay

ITALIE

Alors que Mario Monti semble décidé à ne pas se présenter devant les suffrages des électeurs italiens et que Silvio Berlusconi sort à nouveau du bois, aspirant à diriger la campagne de la droite mais sur une ligne plutôt europhobe, l’opinion italienne apparaît bouleversée, même si la « gauche » semble disposer d’un certain avantage.

Selon les différents instituts de sondage (SWG, Data Monitor…) sur la période comprise entre la fin juillet et le début août, le Parti Démocrate est crédité d’entre 24 et 27,9% des voix, ce qui le place largement devant le Peuple de la Liberté (PdL), crédité quant à lui d’entre 17% et 20,3% des voix, subissant une véritable hémorragie électorale. La situation de la droite parlementaire est encore plus dramatique si on songe que son allié traditionnel, la Ligue du Nord, oscille entre 4,5% et 7,6% des voix, avec une moyenne autour de 5%, barre fatidique s’il en est, et est donc durablement fragilisée par sa crise interne et surtout par la perte de crédit de son ancien dirigeant, devenu président d’honneur, et accusé de corruption, le populiste Umberto Bossi, et ce malgré l’élection comme nouveau président de Roberto Maroni.

Cet affaiblissement de la Ligue profite essentiellement à La Destra (« La Droite »), formation nationaliste issue d’une scission d’Alliance Nationale, qui est annoncée à entre 3% et 4,5% des voix, alors qu’en revanche les néo-fascistes de Fiamme Tricolore stagnent à 0,7% des voix environ. En outre, la formation Futuro e Liberta de Gianfranco Fini se situe entre 2,5 et 3,4% des voix, et échoue à représenter une quelconque alternative à la droite « berlusconienne ». De même, les centristes de l’UDC, avec entre 5 et 5,5% des voix, ne réussissent pas à peser, et ce malgré l’affaiblissement considérable du PdL. Enfin, l’Italie des Valeurs de l’ancien juge Di Pietro, associée à la gauche démocratique, avec entre 4,4 et 7% des voix, ne parvient pas à retrouver son plus haut niveau.

Cette situation étrange, avec une droite en pleine récession et une gauche qui ne parvient pas au plus haut niveau, s’explique avant tout par l’apparition d’une formation politique populiste, difficile à classer à gauche ou à droite, à savoir le mouvement « 5 étoiles » du trublion Beppe Grillo, axé sur une ligne radicalement europhobe et notamment sur l’abandon contre tout bon sens de l’€. Grillo a bénéficié en outre des sorties €-phobes d’un Berlusconi voulant faire parler de lui. Si l’ancien président du conseil adopte les mêmes thèses que Grillo, celui-ci devient automatiquement plus crédible. Son mouvement, nouveau et sans niche électorale précise, est crédité d’entre 13,9 et 19,5%. Il s’inscrit dans cette longue tradition italienne d’émergence régulière de mouvements protestataires, à savoir le fascisme première version de 1919, le qualunquisme (mouvement Uomo Qualunque) d’après-guerre ou encore la Ligue du Nord.

L’extrême-gauche quant à elle continue de faire dans la figuration. Sinistra e Liberta (SeL) obtiendrait entre 5,5 et 6,2% des voix, et Refondation Communiste (RC + PDCI) est située aux alentours de 3,5% des voix, alors que le parti des Pirates, avec 1,8% des voix, échouerait à obtenir des députés, à la différence de l’Allemagne, tout en pesant infiniment plus que son homologue français. Enfin, le PSI réapparaît sous sa forme traditionnelle mais est situé entre 0,4 et 2% selon les différents instituts de sondages.

Malgré le succès croissant de la formation de Beppe Grillo, si des élections législatives avaient lieu ce mois-ci, c’est la « gauche » qui l’emporterait, tout en s’alliant avec le « troisième pôle » centriste. En effet, la traditionnelle alliance entre les centristes et la droite ne permettant pas à cette dernière d’accéder au pouvoir, il est très vraisemblable que le centre se tourne vers la « gauche », exactement comme François Bayrou en France a appelé à soutenir le candidat du PS au second tour des élections présidentielles.

Tout comme en France, les conséquences d’une victoire de la « gauche » en Italie seraient à peu près semblables, à savoir mariage homosexuel, régularisation massive des clandestins (mais à ce sujet, Monti semble ne pas attendre la victoire du PD pour y procéder), abandon du droit du sang (ce que prône par exemple un Gianfranco Fini, passé du post-fascisme au néo-centrisme) et laxisme migratoire sous toutes ses formes.

ALLEMAGNE

Malgré une opinion très favorable en faveur de la chancelière allemande Angela Merkel, les élections législatives allemandes, prévues en 2013, paraissent mal engagées, et ce si la situation de l’opinion demeure semblable à celle d’aujourd’hui.

La CDU/CSU reste largement dominante avec 36% des voix environ, mais ce n’est plus le grand parti démocrate chrétien qu’on a connu, et surtout sa composante CSU, de plus en plus eurosceptique, apparaît affaiblie. Cependant, son principal allié, qui avec près de 16% aux dernières élections législatives lui avait offert la chancellerie, le parti libéral (FDP), est considérablement décrédibilisé, avec entre 4 et 5% d’opinions favorables. Il pourrait ainsi être exclu du parlement, empêchant ainsi à une alliance CDU + FDP de se former à nouveau.

La SPD (sociaux-démocrates) reste assez forte, avec entre 27 et 29% d’opinions favorables, mais ne semble pas actuellement en mesure de disputer la première place avec la CDU. En revanche, son allié traditionnel écologique, Die Grünen, est crédité d’environ 13% des voix, et en outre, Die Linke (« La Gauche »), avec laquelle la SPD refuse par principe toute alliance, est en perte de vitesse, annoncé entre 6 et 7% seulement.

En revanche, un nouvel allié potentiel en la personne du « Parti des Pirates » (Piraten Partei) est apparu. Crédité d’entre 7 et 9% des voix, ce parti est quasiment assuré de rentrer au parlement, et il est probable qu’il rejoigne une coalition formée de la SPD et des Verts. Premier parti du pays, la CDU serait pourtant exclu du pouvoir, au profit d’une SPD qui se veut davantage fédéraliste européenne, mais qui est surtout prête à faire le jeu du PS français. Or, dans la situation actuelle, la mutualisation des dettes serait une erreur si préalablement une politique européenne convergente en matière de réduction des déficits n’était pas mise en œuvre. Le PS français souhaite ainsi faire payer aux contribuables allemands son laxisme migratoire débridé et son achat de la paix civile dans les banlieues.

FRANCE

Alors que les propositions allemandes en faveur d’une fédéralisation accrue de l’Europe sont de plus en plus pressantes, la SPD et la CDU en soutenant fermement l’idée, même si sur des bases différentes, le gouvernement français fait dans l’hexagonalisme le plus obtus. Hollande veut bien que l’Allemagne paie, reprenant à sa manière ce vieux slogan germanophobe des années 20, mais ne veut surtout pas céder le moindre pouce de souveraineté. En effet, dans une Europe fédérale, il est probable qu’Hollande ne pourrait plus mener la politique démagogique qu’il souhaite.

J’avais craint ici même qu’une élection de la « gauche » française n’apporte que des catastrophes. Le premier mois du nouveau président avait paru invalider ma réflexion, celui-ci semblant faire preuve d’une certaine inertie qui n’était pas forcément la pire des politiques. Malheureusement, j’avais eu raison, et le véritable visage du PS a fini par réapparaître.

Sur la Turquie, il est évident que François Hollande semble ménager Erdogan. Il s’était pourtant engagé auprès de la communauté arménienne à faire rapidement voter une nouvelle loi pour sanctionner le négationnisme du génocide dont les Arméniens ont été victimes dans l’empire ottoman en 1915. Même si j’ai expliqué par ailleurs être opposé au principe des lois mémorielles, je suis aussi partisan de tout ce qui peut éloigner la Turquie de l’Europe. Hollande temporise et je ne sais pas ce qu’il a cédé pour obtenir la libération de cette jeune franco-kurde détenue en Turquie. En vérité, je crains qu’avec Hollande, dont le parti est férocement partisan de l’adhésion turque, tout comme la SPD allemande, la cause d’Erdogan soit bien défendue.

Sur la problématique migratoire, le « dur » Manuel Valls est en train d’encourager à nouveau l’immigration, légale comme clandestine, puisqu’il s’attaque déjà à la maigre politique préventive de son prédécesseur Claude Guéant. Alors que le projet de vote des étrangers extra-communautaires aux élections municipales semble en difficulté, car il faudrait le proposer aux électeurs par référendum, et tout le monde en connaît le résultat par avance, la « gauche » préfère donc une politique de régularisation des clandestins et de naturalisation de masse des étrangers. En outre, le garde des sceaux, Christine Taubira, ne cesse de fragiliser un peu plus l’appareil judiciaire. Elle s’oppose par ailleurs à toute politique répressive, et semble ne considérer les délinquants que comme des victimes de l’injustice sociale, ce qui s’applique en particulier aux gens issus de la diversité que la « gauche » voit avant tout comme victimes de discrimination. Les délinquants ont d’ailleurs parfaitement compris le message.

Enfin, le projet de mariage homosexuel est désormais en chantier. Le ministre chargé de le porter annonce son vote pour l’automne 2013. A ce sujet, ce ministre, Dominique Bertinotti, a été explicite, de même que le premier ministre. Il s’agira de permettre aux personnes homosexuelles de se marier, avec tous les droits inhérents, et d’adopter. Mme Kosciusko-Morizet, qui est à la droite ce que le lapin est au renard, vient de se déclarer favorable au mariage, mais pas à l’adoption. Le problème c’est que l’un va avec l’autre. A partir du moment où les couples mariés peuvent adopter, le refuser aux couples mariés homosexuels serait illégal car discriminatoire. C’est donc l’un et l’autre ou bien ni l’un ni l’autre. La droite la plus bête du monde est donc, sur cette question comme sur tant d’autres, en train de ramper devant les idées de son adversaire.

Sabotage du mariage, sabotage de la nationalité, laxisme migratoire et sécuritaire généralisé, refus de la politique allemande de fédéralisation européenne, écrasement par l’impôt des classes moyennes pour financer les banlieues, la « gauche» la plus folle du monde est de retour. Félicitations aux électeurs qui ont rendu tout cela possible.

Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)

01/08/2011

Valéry Giscard d’Estaing: l’Europe et son identité

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digit-images-stories-valery-giscard-d-estaing-2-9bb0e.jpgValéry Giscard d’Estaing a été un président au bilan contrasté et à l’image brouillée. S’il est devenu après sa défaite aux présidentielles de 1981 face à François Mitterrand une des figures les plus marquantes du projet européiste, beaucoup de français se souviennent des affaires (notamment la fameuse affaire Bokassa) et de quelques mesures anecdotiques (en particulier des modifications apportées à la Marseillaise). Le fameux « au revoir » mettant fin à son septennat restera célèbre.

Bien loin de cette imagerie d’Epinal, l’ancien président a pourtant souhaité mettre en place une politique tout à fait différente de celle qu’on a pu imaginer. C’est ainsi que l’historien Patrick Weil, dans plusieurs ouvrages consacrés aux questions d’immigration et de nationalité, évoque des faits méconnus de l’écrasante majorité des Français. Explications.

Le président Giscard d’Estaing, à la fin des années 70, met en place une politique de rapprochement familial. Fervent partisan de l’idée d’Europe unie, qu’il partage avec son ami Helmut Schmidt, authentique socialiste allemand, il lui semblait naturel que les nombreux travailleurs européens, notamment espagnols, portugais et italiens, puissent bénéficier de cette mesure, d'autant plus qu'elle commençait à être prise dans les autres pays d’Europe occidentale. Parallèlement, avec les premiers chocs pétroliers, la crise économique commençait à engendrer une hausse du chômage, rendant inutile l’immigration de travail au sens strict.

Or, à sa grande surprise, Valéry Giscard d’Estaing constate que les travailleurs venus du Maghreb font venir leur famille en France. Lorsqu’il mettait en place sa politique de rapprochement familial, il ne visait en vérité que les travailleurs européens, n’imaginant personne d’autre. Immédiatement, il entend corriger le tir, puisque à l’instar de De Gaulle, il ne met pas du tout sur le même plan l’immigration européenne, laquelle existe depuis le XIXème siècle, et l’immigration non européenne, laquelle est uniquement de travail et pensée comme provisoire. Il tente donc de restreindre la mesure de rapprochement familial aux seuls Européens. Patrick Weil rappelle d’ailleurs qu'en 1946 déjà, le général De Gaulle voulait limiter l’immigration de travail aux seuls Européens mais en avait été empêché suite au refus conjoint non seulement du PCF et de la SFIO mais aussi du patronat. A l'inverse, dans l’esprit d’un grand patron comme Francis Bouygues, le rapprochement familial devait profiter aux travailleurs maghrébins, comme il le déclarait dans un entretien à la télévision.

Le Conseil d’état, consulté, estime la mesure discriminatoire et s’y oppose avec force. Face à ce refus, sachant aussi qu’une partie de la majorité parlementaire était réticente à sa politique, Giscard d’Estaing décide que la seule solution est de mettre fin à l’immigration maghrébine. Patrick Weil indique ainsi que, je cite : « Seule en Europe, sous l’impulsion de Valéry Giscard d’Estaing, elle [la France] tenta d’organiser , entre 1978 et 1980, le retour volontaire, puis forcé, c'est-à-dire le renvoi de la majorité des Nord-Africains, puis particulièrement des Algériens. » (in Patrick WEIL, « La République et sa diversité », page 17). Plus précisément il souhaite organiser le départ de 500.000 maghrébins sur une période de cinq ans, mettant en place une politique d’inversion massive des flux migratoires. Sans soutien de la part de ses partenaires européens, combattu par une partie de sa majorité, aussi bien par les milieux gaullistes que par les démocrates-chrétiens, mais aussi par le PS et l’Eglise, le président doit finalement renoncer. Notons toutefois qu'à la même époque, le dirigeant du PCF, Georges Marchais, demandait l’arrêt de l’immigration.

Ironie de l’histoire, François Mitterrand, qui militait avec les nationalistes dans les années 30 « contre l’invasion métèque » (selon l'inscription qu’il portait sur une pancarte dans une manifestation des Volontaires Nationaux dont il était membre), à peine élu comme le premier président « socialiste » en 1981, annoncera, bien au contraire, que les immigrés étaient « chez eux chez nous ».

Ces faits historiques permettent de mieux comprendre le propos de Valéry Giscard d’Estaing en 1991, lorsqu'il expliquait que « bien que dans cette matière sensible il faille manipuler les mots avec précaution, en raison de la charge émotionnelle ou historique qu’ils portent, ce type de problème actuel auquel nous aurons à faire face se déplace de celui de l’immigration vers celui de l’invasion. » (Le Figaro Magazine, 21 septembre 1991). Il ne souhaitait pas réagir ainsi à la montée du Front National dans les sondages, mais bien exposer son point de vue personnel sur la question. Il ajoutait même qu’il convenait selon lui « de revenir à la conception traditionnelle de l’acquisition de la nationalité française : celle du droit du sang ». Cette proposition a d’ailleurs figuré dans le programme du RPR de Jacques Chirac en 1986.

L’ancien président était conscient des problématiques migratoires, le succès du FN à partir de 1984 étant l’illustration d'un malaise, et il entendait y apporter une réponse résolue, qu'il pensait certainement conforme à l’esprit républicain et aux principes fondamentaux de la démocratie. De fait, son choix politique était exactement celui de Périclès en 451 avant J.C. Personne n’a d’ailleurs dénoncé chez l’ancien président une tentation extrémiste sur la base des discours cités.

Pour finir, les media ont présenté Giscard d’Estaing comme le « père de la constitution européenne », la fameuse constitution rejetée par le peuple français en 2005 avec 56% de vote négatif. Certes, il a fait partie avec bien d’autres personnalités politiques européennes de la « convention » chargée de sa rédaction. Mais, ce faisant, il a très clairement fait entendre sa différence. Ainsi, a-t'il souhaité que la référence aux valeurs chrétiennes soit inscrite dans le texte. Compte tenu de ce qui précède, il convient d'interpréter sa défense du christianisme non pas sur le plan religieux mais sur le plan identitaire, comme une façon de rappeler, à côté des valeurs gréco-romaines et humanistes, que l’Europe avait une spécificité que n’avaient pas les continents voisins. Dans le même esprit, Giscard d’Estaing s’est déclaré explicitement opposé à toute adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, ce pays n’étant pas européen à ses yeux. Son vieux complice Helmut Schmidt affirmait la même chose outre-rhin, au grand dam d’une SPD qui y était en revanche ouvertement favorable.

Partisan résolu de l’Europe unie, défendant un fédéralisme européen pur et dur face aux prérogatives des Etats, Valéry Giscard d’Estaing a ainsi montré qu’il ne concevait pas l’Europe sans son identité européenne spécifique.

24/01/2010

Turquie, c'est NON !

europe_flag_large.jpgAFP via LeFigaro.fr | 24/01/2010 | Mise à jour : 12:26 | Les Européens sont partagés sur le principe d'une adhésion de la Turquie à l'Union européenne, mais une nette majorité se dégage pour le non si la question est posée dans un referendum, selon un sondage effectué dans cinq pays européens et présenté ce week-end à Istanbul. Interrogés sur une adhésion de la Turquie à l'UE, 47 % des sondés s'y montrent favorables, contre 47 % qui ne le sont pas (6% ne se prononcent pas), selon l'étude coordonnée par l'Université autonome de Madrid, l'Université de Grenade (Espagne), et Bogazici University (Istanbul).

En revanche, à la même question posée dans le cadre d'un référendum, 52 % répondent non, contre 41 % de oui et 7 % qui ne répondent pas. Cette contradiction apparente s'explique par le fait que "si vous forcez les gens à se déterminer dans un referendum, ils hésitent à changer les choses, ils penchent pour le statu quo, alors qu'ils ont plus d'audace lorsqu'on leur demande un simple avis, avec des nuances telles que 'êtes-vous favorable' ou 'plutôt favorable'", a expliqué Hakan Yilmaz, professeur à l'Université Bogazici, en présentant samedi soir cette étude à l'IFEA (Institut français d'études anatoliennes, Istanbul).

L'étude a été réalisée dans cinq pays de l'UE - Allemagne, Espagne, France, Pologne et Royaume Uni - un choix représentatif de l'ensemble des pays de l'UE, selon les estimations des responsables du sondage, a expliqué M. Yilmaz. Concernant le referendum, le non l'emporte dans trois pays, France (64,4%), Allemagne (62) et Royaume uni (46,3), et le oui en Pologne (54,1) et en Espagne (53,2).

SOURCE (AFP via leFigaro.fr)

On notera que l'Espagne et la Pologne seraient davantage partisans, mais que c'est dans les pays à la plus forte population musulmane que le non s'impose nettement. TF

23/01/2010

Netanyahu contre l'immigration africaine

janvier.jpg"Les infiltrations clandestines de migrants africains en Israël sont un phénomène dangereux à éradiquer", à déclaré le Premier ministre Netanyahou lors d’une réunion générale du patronat israélien. ”Ils provoquent des dommages culturels, et socio-économiques, et nous entraînent vers le Tiers-monde”, a-t-il ajouté.

SOURCE (GUYSEN NEWS) | Forum du PSUNE

23/12/2009

Jacques Attali et l'avenir de l'Europe

breve-histoire-lavenir-jacques-attali-L-1.jpg"D’ici 2050, c’est plus l’Europe de demain qui ressemblera à l’Afrique d’aujourd’hui plutôt que l’Afrique de demain qui ressemblera à l’Europe d’aujourd’hui"

— Jacques Attali, “Une brève histoire de l’avenir”, Editions Fayard, 2006