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12/02/2017

L’Union Européenne, un bouc émissaire un peu trop facile.

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migrants.jpgA chaque fois qu’une politique européenne réussit, chaque gouvernement national s’attribue tout le mérite. En revanche dès qu’une politique nationale se révèle un échec, ou rencontre de très grandes difficultés alors l’Union Européenne est la seule responsable et bien sûr coupable. Que cela soit l’attitude des gouvernements nationaux au pouvoir est parfaitement logique. Ils fuient leurs responsabilités à chaque fois que c’est possible. Que les partis d’opposition, et notamment ceux de droite nationale, qui font désormais du souverainisme le cœur de leur message, agissent de la même façon, est étrange.

Au lieu en effet d’accuser les dirigeants nationaux de mettre en œuvre des politiques nocives pour les peuples, ils les exonèrent d’une certaine manière en accusant la « toute puissante Union Européenne » de leur dicter des politiques auxquelles sinon ils s’opposeraient. Ces souverainistes fétichisent ainsi l’Etat national qui par définition à leurs yeux ne peut pas faire d’erreur. Avec eux, l’Union Européenne, qui a certes souvent tort ces dernières années, est toujours en faute, quoi qu’elle fasse ou ne fasse pas d’ailleurs. Elle est accusée de tout et son contraire. On lui reproche son ultra-libéralisme et sa soumission aux dogmes du libre-échange mais elle serait la nouvelle URSS. On l’accuse d’être permissive face aux flux migratoires, mais dans le même temps d’être raciste, en voulant distinguer les Européens et ceux qui ne le sont pas.

Prenons l’exemple de l’immigration, thème qui est à la base du vote populaire croissant dont les partis de droite nationale bénéficient puisque le reste de la classe politique nationale et « européenne » leur laisse ce thème en monopole. Est-ce que l’Union Européenne en est responsable par le biais de l’espace Schengen, dont le Royaume-Uni n’a jamais fait partie, ce que les défenseurs du « brexit » oublient généralement de dire ?

Schengen définit l’absence de frontières à l’intérieur de son espace mais laisse aux Etats limitrophes de l’espace extérieur à l’UE (Grèce, Espagne, Italie notamment) la responsabilité de leur protection. Or il est un fait que ces pays sont dirigés par des gouvernements très permissifs en ce domaine et qui souhaitent simplement que le migrant ne fasse que transiter par leur territoire jusqu’à arriver dans des pays plus laxistes en matière d’accès aux aides sociales, comme la France ou la Belgique, et plus récemment l’Allemagne.

L’Union Européenne est-elle donc responsable d’un appel d’air migratoire ? Notons d’abord que c’est Angela Merkel qui, de son propre chef et sans en informer ses partenaires ou les dirigeants de l’UE, a décidé d’ouvrir ses frontières aux migrants prétendument venus de Syrie, bien que beaucoup viennent de partout sauf de Syrie. C’est donc une dirigeante nationale qui, de manière souveraine, a décidé de cette politique d’un nombre croissant d’Allemands lui reproche. Mais il en a toujours été ainsi.

C’est en effet dans le pays le plus europhobe d’Europe, le Royaume-Uni, dont le vote en faveur d’un « brexit », prôné depuis des années par tous les grands quotidiens britanniques, qui n’ont cessé d’accuser l’UE de tous les maux, illustre le peu de popularité dont jouit l’Union Européenne, à tort ou à raison, dans ce pays, que l’immigration post-coloniale a commencé, de par la volonté de la gauche travailliste, le Labour. Déjà dans les années 50, des émeutes « ethniques » ont commencé à éclater et ceux qui s’en sont émus, à l’instar du conservateur Enoch Powell, ont très vite été diabolisés.

En France, dès la Libération, le patronat, dans une alliance surprenante avec les communistes, a commencé à prôner une immigration post-coloniale pour « reconstruire la pays ». De Gaulle, avant sa démission en 1946, prônait au contraire une immigration strictement européenne.  De même, c’est en 1963 que le gouvernement allemand a signé un accord avec la Turquie pour faire venir des centaines de milliers de travailleurs turcs en Allemagne, à une époque où régnait à Berlin le principe du « droit du sang » jusqu’à ce que Schröder en 2000 y ajoute un droit du sol.

Ce sont donc bien les Etats « nationaux » qui sont responsables de cette politique migratoire, ayant amorcé le processus et créé les pompes aspirantes qui n’ont désormais jamais cessé de fonctionner. Notons aussi que les pays d’Europe non membres de l’UE sont confrontés au même phénomène, et le cas de la Norvège est emblématique, ce qui démontre bien que l’UE n’en est pas spécialement responsable, même si elle ne fait rien, et structurellement ne peut rien faire, contre.

L’Union Européenne est une « Europe des Etats » (cf. Jean-Paul Jacqué) donc elle est à l’image des Etats qui la composent et qui sont liés entre eux par des traités. Elle n’est donc aucunement une entité politique et n’est représentée en tant que telle ni à l’ONU ni à l’OTAN. Même si le traité prétendument « constitutionnel » de 2005 avait été voté, elle serait restée la même organisation.

Qui dirige l’Union Européenne ? Trois structures principales peuvent être évoquées. Il y a le Conseil Européen, composé des chefs d’état et de gouvernement des 28. Il y a ensuite le Conseil de l’Union Européenne qui réunit tous les ministres des 28 en chargé d’un domaine précis, par exemple l’agriculture. Ces deux organisations sont donc supranationales certes, mais surtout composées des élus des nations. Il y a enfin la Commission Européenne, dont le président est choisi par consensus par les chefs d’état et de gouvernement, qui choisissent aussi les commissaires, chaque commissaire représentant un état membre. C’est ainsi que François Hollande a imposé Pierre Moscovici à Bruxelles.

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Certes le parlement européen dispose désormais de la possibilité de rejeter le président de la commission européenne proposé par les Etats et de refuser également les commissaires. Il n’a jamais vraiment utilisé ce droit de veto sauf pour barrer la route à un commissaire italien potentiel qui avait tenu des propos hostiles à l'homosexualité, Rocco Buttiglione. Si c’était un vrai parlement, c’est-à-dire composé de députés courageux, et non de recalés des élections nationales, dédommagés par leur parti en les envoyant à Strasbourg toucher des émoluments intéressants, ou des députés anti-européens incapables d’être élus aux élections législatives en raison d’un mode de scrutin défavorable, il rejetterait par principe le candidat des Etats. Il ne l’est pas mais pourrait le devenir.

Espérer de l’Union Européenne qu’elle mette en place la politique que les gouvernements nationaux exigent est en l’état illusoire. Elle n’est qu’une courroie de transmission. Contrairement à ce que prétendent les souverainistes, l’UE ne commande à personne. Elle obéit au contraire aux injonctions des gouvernements. C’est dans le rapport de force entre Etats que tout se joue. Il est sûr qu’Angela Merkel a aujourd’hui du poids mais celui-ci s’exprime en dehors de l’UE.

Or si les Etats sont les principaux responsables des politiques que les citoyens refusent, à quoi servirait donc de quitter l’Union Européenne ? A quoi cela servirait-il de suivre la ligne d’un Royaume-Uni qui ne résoudra aucun de ses problèmes de fond par son « brexit » ? En quoi l’euro est-il responsable du déficit français qui est essentiellement lié à l’effondrement de son modèle social, grevé par le coût immense d’une immigration post-coloniale qui pèse de plus en plus sur son économie, sur sa politique de sécurité, et génère structurellement un chômage de masse ?

Si la France et l’Allemagne sont dans la situation actuelle, ce n’est pas de la faute de l’Union Européenne, qui n’en est pas coupable même si elle n’est en aucune manière salvatrice non plus, c’est d’abord de la responsabilité de leur gouvernement respectif. Or peut-on « sortir de son Etat national » ? Car selon cette logique, c’est ce qu’il faudrait donc faire. Si le pouvoir réel était à Bruxelles, les media ne donneraient pas autant d’importance aux élections présidentielles en France ou législatives en Allemagne en 2017. Or les dirigeants des partis nationaux n’aspirent pas à devenir président de l’Union Européenne ou président de la commission, mais chancelier allemand ou président français. C’est donc que pour eux le véritable pouvoir est bel et bien resté au niveau national.

Et si l’Union Européenne demain pouvait au contraire servir de point de bascule pour renverser les politiques des gouvernements « nationaux » ? Et si elle était le bélier qui permettait de renverser le système dont elle est elle-même le fruit ? Cela voudrait dire qu’il faudrait s’emparer de l’Union Européenne, grâce aux élections européennes qui sont la seule porte d’entrée existante, de jouer ainsi Strasbourg contre Bruxelles, et en réalité contre Paris et contre Berlin. Au lieu de sortir de l’Union Européenne, ce qui ne résoudra aucun problème, en prendre le contrôle et la retourner contre ceux qui en furent les promoteurs serait beaucoup plus sage. Car les périls dont tous les Européens souffrent nécessitent une grande politique qui ne sera vraiment efficace qu’au niveau européen, du fait qu’une Europe unie sera capable de tenir tête aux USA et au monde entier, surtout si elle cultive en outre une forte amitié avec la Russie.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

03/03/2013

Leur « Union Européenne » (partie I)

union européenne,barroso,schulz,europhobie,faux nez,bouc émissaire,mondialisme,psune,thomas ferrierAprès avoir consacré plusieurs articles à dénoncer la nocivité absolue et les divers mensonges des europhobes, eurosceptiques, populistes  et autres souverainistes, il paraît indispensable de distinguer l’UE telle qu’elle est pensée et voulue par les mondialistes, c’est leur « Union Européenne », mais c’est surtout la seule à exister actuellement, et notre Union Européenne, celle des pères fondateurs mais surtout celle des européistes authentiques d’aujourd’hui. Il y a l’UE telle qu’elle est, impuissante et corrompue, et l’UE telle qu’elle aurait dû être, telle qu’elle devrait être et telle qu’elle devra être. Ce dernier point fera l’objet d’une seconde partie.

Une Europe contrôlée par les Etats.

Certains dénoncent dans l’UE une Europe fédérale en gestation. Elle est en réalité une Europe des Etats, Etats qui acceptent de mutualiser certaines politiques, surtout impopulaires, d’essence libérale, ne remettant pas en cause les principes fondamentaux de leur souveraineté. Depuis l’échec de la CED en 1954, seule tentative sérieuse de bâtir un embryon d’Europe politique, les éléments clé que sont la police, la justice et l’armée mais aussi la diplomatie et la gestion du budget, relèvent du pouvoir exclusif des Etats. Si les directives communautaires sont supérieures aux lois nationales, ce n’est que conformément à des traités signés entre Etats souverains et dans le cadre très restreint des attributions de l’actuelle UE.

L’Union Européenne elle-même est composée de quatre institutions principales, dont deux seulement sont (bien) connus des citoyens européens. Il y a en premier lieu deux conseils des représentants des chefs d’état et de gouvernement, et des ministres de chaque domaine spécifique, à savoir le Conseil Européen et le Conseil de l’Union Européenne. Il y a ensuite la Commission, qui siège à Bruxelles, et est composée de 27 représentants des gouvernements nationaux. Elle est dirigée par un président non élu qui est choisi par consensus par les chefs d’état et de gouvernement des Etats membres. Gustavo Barroso, formé aux Etats-Unis, ancien gauchiste reconverti en apôtre du libéralisme outrancier, est l’actuel président et a entamé il y a trois ans son second mandat. Très impopulaire, mais particulièrement silencieux depuis la crise, il n’a jamais eu à se confronter à ses « administrés ».

Un parlement européen croupion.

La dernière institution est le parlement européen. Il n’est pas élu à l’échelle de l’UE mais est composé de députés élus dans chaque pays d’Europe, et dont le nombre par pays a été décidé lors du traité de Nice. Chaque pays choisit dans sa « circonscription » le mode de scrutin de ces élus, même si les instances communautaires préconisent un scrutin à la proportionnelle. S’il existe de manière publicitaire des partis « européens », il s’agit en fait d’alliances entre partis nationaux de même sensibilité. Le PPE et le PSE (devenu ASDE), qui constituent les deux groupes parlementaires principaux au parlement de Strasbourg, ne sont pas de vrais partis mais regroupent les partis conservateurs d’une part et les partis sociaux-démocrates de l’autre. Si la « gauche » et la droite s’opposent lors des scrutins nationaux (par exemple, UMP contre PS en France, PDL contre PD en Italie, CDU contre SPD en Allemagne), ce n’est pas le cas au sein du parlement. Au contraire, ils se partagent les meilleures places, et notamment celle de président du parlement européen.

En effet, alors que le mandat de président est prévu pour durer cinq ans, PPE et ASDE se le partagent 2 ans ½ chacun. C’était de 2009 à 2012 le conservateur polonais Jerzy Busek et c’est désormais le social-démocrate allemand Martin Schulz. Il n’existe pas en effet de majorité parlementaire, comme dans les parlements nationaux, proposant une politique spécifique. La raison en est que le parlement européen n’a pas le pouvoir de proposer des lois et s’apparente donc à une chambre d’enregistrement. Par ailleurs, les parlementaires sont tenus par leur parti politique « national », qui impose une discipline de parti, et non par leur groupe. Quand David Cameron l’a exigé, tous les élus du PPE issus du parti des Tories ont claqué la porte du groupe pour en fonder un nouveau.

Le parlement européen en outre a l’étrangeté d’accueillir en son sein les élus les plus europhobes, souvent incapables de se faire élire dans leur propre pays, à l’instar des députés FN et BNP. En ce sens, il bénéficie de modes de scrutin plus démocratiques et donc d’une représentation plus objective des différents courants d’opinion nationaux, mais étant donné qu’il n’a aucun pouvoir, cela n’a aucun impact sur l’opinion publique. Les élus sans groupe apparenté sont inaudibles. Par ailleurs, les partis politiques nationaux ne composent leur liste et n’envoient comme députés que des seconds couteaux ou des candidats incapables d’être élus par le scrutin majoritaire. En France, si un notable de l’UMP ou du PS n’arrive pas à se faire élire à l’Assemblée et au Sénat, ou à se faire nommer au Conseil Economique et Social, il sera mis en position éligible aux élections européennes. C’est ainsi que Rachida Dati s’est retrouvée députée européenne alors qu’elle n’avait aucun intérêt pour les questions communautaires et n’aspirait qu’à retourner à Paris.

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