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03/03/2013

Leur « Union Européenne » (partie I)

union européenne,barroso,schulz,europhobie,faux nez,bouc émissaire,mondialisme,psune,thomas ferrierAprès avoir consacré plusieurs articles à dénoncer la nocivité absolue et les divers mensonges des europhobes, eurosceptiques, populistes  et autres souverainistes, il paraît indispensable de distinguer l’UE telle qu’elle est pensée et voulue par les mondialistes, c’est leur « Union Européenne », mais c’est surtout la seule à exister actuellement, et notre Union Européenne, celle des pères fondateurs mais surtout celle des européistes authentiques d’aujourd’hui. Il y a l’UE telle qu’elle est, impuissante et corrompue, et l’UE telle qu’elle aurait dû être, telle qu’elle devrait être et telle qu’elle devra être. Ce dernier point fera l’objet d’une seconde partie.

Une Europe contrôlée par les Etats.

Certains dénoncent dans l’UE une Europe fédérale en gestation. Elle est en réalité une Europe des Etats, Etats qui acceptent de mutualiser certaines politiques, surtout impopulaires, d’essence libérale, ne remettant pas en cause les principes fondamentaux de leur souveraineté. Depuis l’échec de la CED en 1954, seule tentative sérieuse de bâtir un embryon d’Europe politique, les éléments clé que sont la police, la justice et l’armée mais aussi la diplomatie et la gestion du budget, relèvent du pouvoir exclusif des Etats. Si les directives communautaires sont supérieures aux lois nationales, ce n’est que conformément à des traités signés entre Etats souverains et dans le cadre très restreint des attributions de l’actuelle UE.

L’Union Européenne elle-même est composée de quatre institutions principales, dont deux seulement sont (bien) connus des citoyens européens. Il y a en premier lieu deux conseils des représentants des chefs d’état et de gouvernement, et des ministres de chaque domaine spécifique, à savoir le Conseil Européen et le Conseil de l’Union Européenne. Il y a ensuite la Commission, qui siège à Bruxelles, et est composée de 27 représentants des gouvernements nationaux. Elle est dirigée par un président non élu qui est choisi par consensus par les chefs d’état et de gouvernement des Etats membres. Gustavo Barroso, formé aux Etats-Unis, ancien gauchiste reconverti en apôtre du libéralisme outrancier, est l’actuel président et a entamé il y a trois ans son second mandat. Très impopulaire, mais particulièrement silencieux depuis la crise, il n’a jamais eu à se confronter à ses « administrés ».

Un parlement européen croupion.

La dernière institution est le parlement européen. Il n’est pas élu à l’échelle de l’UE mais est composé de députés élus dans chaque pays d’Europe, et dont le nombre par pays a été décidé lors du traité de Nice. Chaque pays choisit dans sa « circonscription » le mode de scrutin de ces élus, même si les instances communautaires préconisent un scrutin à la proportionnelle. S’il existe de manière publicitaire des partis « européens », il s’agit en fait d’alliances entre partis nationaux de même sensibilité. Le PPE et le PSE (devenu ASDE), qui constituent les deux groupes parlementaires principaux au parlement de Strasbourg, ne sont pas de vrais partis mais regroupent les partis conservateurs d’une part et les partis sociaux-démocrates de l’autre. Si la « gauche » et la droite s’opposent lors des scrutins nationaux (par exemple, UMP contre PS en France, PDL contre PD en Italie, CDU contre SPD en Allemagne), ce n’est pas le cas au sein du parlement. Au contraire, ils se partagent les meilleures places, et notamment celle de président du parlement européen.

En effet, alors que le mandat de président est prévu pour durer cinq ans, PPE et ASDE se le partagent 2 ans ½ chacun. C’était de 2009 à 2012 le conservateur polonais Jerzy Busek et c’est désormais le social-démocrate allemand Martin Schulz. Il n’existe pas en effet de majorité parlementaire, comme dans les parlements nationaux, proposant une politique spécifique. La raison en est que le parlement européen n’a pas le pouvoir de proposer des lois et s’apparente donc à une chambre d’enregistrement. Par ailleurs, les parlementaires sont tenus par leur parti politique « national », qui impose une discipline de parti, et non par leur groupe. Quand David Cameron l’a exigé, tous les élus du PPE issus du parti des Tories ont claqué la porte du groupe pour en fonder un nouveau.

Le parlement européen en outre a l’étrangeté d’accueillir en son sein les élus les plus europhobes, souvent incapables de se faire élire dans leur propre pays, à l’instar des députés FN et BNP. En ce sens, il bénéficie de modes de scrutin plus démocratiques et donc d’une représentation plus objective des différents courants d’opinion nationaux, mais étant donné qu’il n’a aucun pouvoir, cela n’a aucun impact sur l’opinion publique. Les élus sans groupe apparenté sont inaudibles. Par ailleurs, les partis politiques nationaux ne composent leur liste et n’envoient comme députés que des seconds couteaux ou des candidats incapables d’être élus par le scrutin majoritaire. En France, si un notable de l’UMP ou du PS n’arrive pas à se faire élire à l’Assemblée et au Sénat, ou à se faire nommer au Conseil Economique et Social, il sera mis en position éligible aux élections européennes. C’est ainsi que Rachida Dati s’est retrouvée députée européenne alors qu’elle n’avait aucun intérêt pour les questions communautaires et n’aspirait qu’à retourner à Paris.


Entre des élus des partis du système qui cherchent à se recaser et à toucher un salaire très confortable et des candidats d’extrême-droite qui n’arrivent pas à avoir des élus au parlement national, le parlement européen n’est pas seulement sans pouvoir ; il est sans idées et sans volonté d’indépendance.
Ainsi, les derniers traités permettent-ils aux députés européens de censurer la Commission proposée par les chefs d’état et de refuser le président de la dite Commission. En clair, ils auraient pu en 2009 refuser Barroso. Seule une partie du groupe des Verts européens, sous la conduite de Daniel Cohn-Bendit, a finalement voté non. Les élus PPE et ASDE en revanche ont massivement soutenu Barroso.

Des alibis pseudo-fédéralistes.

La seule véritable innovation de ces dix dernières années est l’introduction de la monnaie unique (€) en 2002. C’est la seule preuve tangible que l’UE existe, et cette monnaie est refusée par certains états membres (Danemark, Suède et Royaume-Uni en tête) et remise en cause par les partis eurosceptiques. Elle est par ailleurs mal défendue par les partis au pouvoir. Ainsi le FDP allemand a-t’il proposé d’exclure l’Italie de la zone €uro, accréditant l’idée qu’une telle politique serait possible et sans danger, ce qu’elle n’est pas.

Pour faire croire aux électeurs que néanmoins l’UE avance et que les nouveaux traités apportent du plus, même si à chaque référendum ces traités incompréhensibles car techniques sont refusés par les électeurs (en 2005 le TCE avait été refusé par la France et les Pays-Bas), on invente des concepts. Ainsi, la mise en place d’un président de l’Union Européenne, bien entendu non élu et choisi pour son inconsistance par les chefs d’état, afin que celui-ci ne s’avise pas de leur faire de l’ombre, et d’une représentante des affaires étrangères de l’UE, a été la principale nouveauté depuis 2009. Le flamand Van Rompuy et la britannique Ashton sont véritablement inexistants. C’est pour cela qu’ils avaient été choisis. Mission remplie. Ils ne laisseront aucune trace dans la mémoire des citoyens européens. En mettant en place des ectoplasmes aux postes clé, les chefs d’état, bien loin des grandes déclarations pro-européennes officielles, et hypocrites, n’entendent pas renoncer au moindre pouvoir.

Aucun chef d’état ne veut bâtir une Europe fédérale et ainsi céder son pouvoir à un tiers européen. Angela Merkel a beau prôner une Europe politique, ce qui ne lui coûte pas cher, elle ne fait rien en ce sens. Elle serait en outre considérablement gênée par la cour fédérale allemande si elle s’y avisait. Au contraire, l’UE sert de bouc émissaire idéal, car d’une part son absence de transparence permet de donner crédit à tous les fantasmes, d’autre part elle n’a aucun véritable pouvoir et encore moins de rétorsion. L’UE en revanche sert de moyen pour libéraliser l’économie, ouvrir les frontières, asservir la diplomatie « européenne » à celle des Etats-Unis. Les chefs d’état lui font faire le sale travail, qu’ils souhaitent mais sans vouloir l’assumer devant leurs électeurs.

Si la France va mal, c’est selon eux la faute de l’Europe. C’est le même raisonnement d’ailleurs qu’une Marine Le Pen accusant l’UE d’être responsable de tout. Cela lui permet de faire oublier son abandon en rase campagne de la problématique migratoire pour se racheter une image à grands coups d’europhobie. Mais ce que font les europhobes, les dirigeants prétendument pro-européens des Etats le font tout autant.

Une Europe des Etats souverains, comme l’est actuellement l’UE, n’est pas une Europe fédérale, ni même la base d’une telle construction. C’est un faux nez, une caricature de construction « européenne ». Alors certes, il y a l’€uro, la première monnaie liée à une BCE indépendante du pouvoir politique, la monnaie nationale d’une nation sans état et sans gouvernement, l’Europe.

Une « Union Européenne » sans pouvoir et confondu avec le Conseil de l’ « Europe ».

Soumise à l’influence permanente des lobbies privés, sous le contrôle permanent des chefs d’état et de gouvernement, à la tête d’un monstre technocratique capable de décider du diamètre moyen de la rondelle de saucisson mais incapable de déterminer les frontières de l’Europe, l’UE est la cible privilégiée des critiques. Lorsque les chefs d’état se mettent d’accord pour encourager l’adhésion de la Turquie, l’UE obtempère et ses représentants font même de la surenchère, à l’instar du finlandais Olli Rehn.

Par ailleurs, l’UE fait concurrence à une autre organisation internationale, invention des Britanniques, à savoir le Conseil de l’Europe, chargé notamment de faire appliquer la charte européenne des droits de l’homme, simple retranscription servile des principes contre-nature de la DUDH de 1948. Sous le nom de « charte des droits fondamentaux », et avec quelques modifications formelles, elle a été intégrée à l’actuelle Union Européenne, même si la Pologne, la Tchéquie et le Royaume-Uni ont exigé une dérogation. Elle encourage les Etats européens à aller dans le sens du conformisme le plus bêlant, notamment le « mariage pour tous » et l’ouverture des frontières à l’immigration. Le Conseil de l’Europe, qui n’est pas une organisation de l’UE mais qui est considérée comme telle par beaucoup de citoyens en ignorant les statuts, est d’essence mondialiste. Il accueille en son sein des pays européens hors UE, comme la Russie et la Suisse, mais aussi des pays extra-européens comme la Turquie et l’Azerbaïdjan.

Le traité de Londres, qui fonde la CEDH, aurait pu être remis en question par n’importe quel état membre du conseil de l’Europe. Il ne l’a jamais été. C’est la CEDH qui condamne la Suisse pour sa votation contre la construction de minarets sur les mosquées. C’est aussi la CEDH, et non l’UE, qui oblige la France à mettre en place une politique des plus laxistes. Or, la vraie audace ne serait pas de vouloir quitter l’UE, lubie idéologique de démagogues professionnels, mais bien de vouloir remettre en cause la CEDH et d’abroger le traité de Londres, mettant ainsi fin à une organisation d’essence mondialiste à l’action particulièrement néfaste.

Une « Union Européenne » contraire aux vœux des pères fondateurs.

L’ « Union Européenne » de Gustavo Barroso n’est pas l’UE des pères fondateurs, qui certes souhaitaient la paix sur le continent, mais qui avaient conscience de la profonde parenté entre les peuples européens et l’intuition des menaces futures sur notre avenir. Elle n’en est même pas la caricature, mais bien l’antithèse.

Si l’UE n’a pas été ce qu’elle aurait dû être, l’antichambre d’une Europe politique, la Communauté Economique Européenne devenant alors une Communauté Politique Européenne, c’est parce que les Etats ont tout fait pour l’empêcher, et les USA aussi. Tant que le bloc communiste représentait une menace, jusqu’en 1989 donc, les chefs d’état acceptaient de faire des efforts dans le sens d’une fédéralisation accrue, et les USA les encourageaient en ce sens afin d’atténuer ce fardeau que constituait pour eux la défense de l’Europe occidentale. Avec la chute de l’Union Soviétique, les USA ont compris que l’UE pouvait devenir à terme une menace pour leur suprématie. Il fallait donc tout faire pour empêcher un projet politique d’émerger.

La prétendue « constitution européenne », qui n’était pas une constitution, mais un nouveau traité sans saveur et sans âme, et qui n’était pas non plus « européenne », malgré le souhait non exaucé de Giscard d’obtenir la mention des valeurs spirituelles des Européens (l’héritage gréco-romain, chrétien et humaniste), ce qui en exclurait implicitement la Turquie, a été rejetée par les électeurs parce qu’elle était bien trop technocratique, et désincarnée, pour convaincre.

Entre des chefs d’état qui veulent garder l’intégralité de leurs prébendes, et prennent l’UE pour un kleenex, un refuge pour politiciens nationaux hasbeen, un alibi ou un bouc émissaire et une diplomatie américaine qui tire les ficelles, invite les Européens à accepter la Turquie en son sein (déclaration d’Obama) et en outre lance une attaque économique contre la Grèce, l’UE n’est pas en mesure d’être la solution aux problèmes des Européens. Elle n’est pas pour autant leur problème numéro 1. Mais elle capitalise la colère des populations, alors que celle-ci devrait en premier lieu s’exercer aux dépens des gouvernements nationaux.

En clair, cinquante ans de construction européenne pour ne pas vraiment bâtir l’Europe unie, voilà ce qu’est l’UE actuelle dans toute sa splendeur. Puisque cette « construction » a échoué, place à la reconstruction, mais en visant plus grand dès le départ cette fois, c'est-à-dire l’Europe comme nation.

Thomas FERRIER (PSUNE)

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