16/10/2017
Défense et illustration du drapeau européen.
En 1987, l’alsacien Arsène Heitz, membre de l’équipe de création du drapeau européen, affirmait avoir été inspiré par la couronne mariale. C’est possible. Mais ce n’est pas la seule inspiration qui a abouti à ce résultat. L’organisation Pan Europe prônait un drapeau bleu avec un cercle jaune en son centre et une croix rouge en son sein, unissant le soleil d’Apollon et la croix des croisés.
Le bleu est la couleur de l’Europe, par ses aspirations célestes et par les mers qui l’entourent. C’est la couleur du firmament, c’est la couleur de Zeus venu sur terre conquérir le cœur d’Europe. Les douze étoiles en cercle représentent la concorde entre les douze « dii consentes » olympiens du lectisterne de 217 avant J.C (dédicace romaine aux dieux pour conjurer la menace représentée par Hannibal), six dieux et six déesses à parité, également cités par le poète latin Ennius.
C’est aussi le nombre de travaux héroïques accomplis par Héraclès, et il est certain que l’effort pour unir l’Europe est digne de Prométhée et d’Héraclès réunis. Le nombre 12, qui résulte de 3*4, de la trinité indo-européenne, puis chrétienne, et des quatre éléments, est un symbole de perfection cosmique. Le cercle représente le disque solaire aussi bien que l’harmonie, qui est dans la mythologie grecque fille d’Arès et d’Aphrodite. Cela rappelle la couronne d’Astrée, la déesse de la justice (et des étoiles), qui régnait sur terre du temps de l’âge d’or aux côtés de Cronos/Saturne.
Jean-Luc Mélenchon s’indigne que le drapeau européen soit arboré à l’assemblée nationale. Il déclare : « C’est la république française, pas la vierge Marie ». Et s’insurge de devoir être « obligé de supporter ça ». Il oublie que les révolutionnaires de 1789 voulaient étendre leur révolution à toute l’Europe, avant le virage chauvin de Valmy (1792) et la terreur.
Il propose que ce drapeau soit remplacé par le drapeau de l’ONU, symbole du mondialisme par excellence. On songera à Asselineau en campagne présidentielle aux côtés du drapeau français et du drapeau onusien. Marine Le Pen avait exigé sur le plateau de TF1 que le drapeau européen soit retiré et avait annoncé, élue présidente, qu’elle le ferait retirer de tous les bâtiments publics.
Mélenchon a donc proposé de faire retirer ce drapeau, et Macron s’y est clairement opposé. Dupont-Aignan rappela que le statut du drapeau européen était mentionné dans le traité que les Français avaient refusé par référendum en 2005. Je doute pourtant qu’un seul électeur ait voté non pour cette raison. Enfin Louis Aliot a soutenu mollement cette proposition en indiquant que « nous sommes dans l’assemblée nationale, c’est normal qu’il n’y ait que le drapeau français ». Le repositionnement pro-européen du FN à 180° de la position antérieure et que Marine Le Pen a officialisé dans son discours de Carpentras, a encore du mal à rentrer dans les esprits.
D’un point de vue juridique et institutionnel, il est indiscutable que la présence du drapeau européen à l’assemblée nationale pose question. Mais il rappelle l’engagement européen des dirigeants et parlementaires français mais aussi le caractère européen du peuple français. C’est un symbole fort, exactement comme la statue de Minerve/Athéna sise devant l’assemblée. Qu’une déesse païenne, symbole même de la religion native européenne, s’y trouve, devrait indigner ce laïcard de gauche.
Le drapeau européen n’a pas à être associé mentalement à la politique des actuels dirigeants de l’Union Européenne, qui sont choisis par les chefs d’état et de gouvernement, qui plus est. Sinon, il faudrait refuser de la même façon le drapeau français sous prétexte qu’il a été instrumentalisé par des gens dont on condamne la politique.
Ce drapeau est innocent de l’exploitation qu’en font des dirigeants incapables par ailleurs de le brandir et encore moins de mourir en son nom. C’est à nous, les vrais européens de sang et d’âme de le reprendre à ceux qui ne sont pas dignes de le brandir. Le drapeau européen bleu aux douze étoiles doit devenir le symbole de la résistance de l’Europe au mondialisme. Au lieu d’y voir le symbole de l’oppression globaliste sur l’Europe, voyons-y le symbole de la liberté demain retrouvée, dans l’unité politique et la réconciliation morale du continent. J’ai rappelé que ce drapeau était lui aussi porteur de la longue mémoire européenne.
Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)
11:55 Publié dans Analyses, Institutions européennes, Religion | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : drapeau européen, mélenchon, le pen, heitz, européisme, identité |
24/08/2016
L’impuissance présidentielle en France.
Dans un article d’avril 2016, nous avions dénoncé l’obsession présidentielle en France, cette « mère des batailles » qui excite les passions avec un président sortant profondément rejeté, mais qui n’a pas encore officiellement annoncé se représenter, désormais 13 candidats de droite prêts à s’affronter dans des primaires, et dont fait partie le président précédent, la candidate du FN créditée dans les sondages de 26% à 28% des voix environ, garantie a priori d’être qualifiée pour le second tour, et une quarantaine de candidats déclarés, surtout de gauche. De plus, les mêmes candidats de 2012 seront à peu près tous candidats en 2017 sauf surprise, ce qui montre le peu de renouvellement de la classe politique en France.
S’il y a autant de candidats pour la place suprême, on supposera deux choses, à savoir que la place est bonne, et de cela on ne doute pas quand on observe l’actuel président, mais aussi qu’on y dispose d’un réel pouvoir d’action, d’une capacité de changer les choses. C’est ce que Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan notamment expliquent, faisant de cette élection un enjeu majeur. Voilà le mythe auquel j’entends ici m’attaquer.
Prenons comme hypothèse par exemple Marine Le Pen, puisqu’elle fait partie des candidats déterminés le plus à changer les choses et qu’elle est en mesure d’être au moins au second tour. Supposons donc que, par un faisceau de convergences favorables, la présidente du FN soit élue présidente, face à un président sortant usé ou à un candidat de droite très démonétisé. Elue, pourrait-elle alors changer les choses et appliquer son programme ?
Il lui faudrait d’abord gagner les élections législatives suivantes un mois après. Un candidat de droite ou de gauche bénéficiera de « l’effet président » mais Marine Le Pen, élue on l’imagine dans un contexte d’extrême-tension, n’en disposerait pas forcément, et surtout son appareil politique ne serait sans doute pas prêt à gouverner. Il y aurait donc sans doute un groupe présidentiel de taille correcte mais incapable de gouverner seul. Il faudrait donc établir une coalition avec la droite, en acceptant l’idée que cette dernière y soit prête et n’exige pas d’être à sa tête.
Et la voici alors déjà bloquée à peine élue et incapable de changer radicalement les choses comme elle s’y était engagée. Supposons donc une deuxième hypothèse, et cela commence à faire beaucoup, à savoir que par un étrange concours de circonstance le FN soit majoritaire à l’assemblée ou dispose en tout cas d’une forte minorité. On peut alors imaginer une coalition de droite guidée par le FN, même si aucune coalition de cette nature n’a encore existé autour de la droite nationale depuis 1945.
Présidente à la tête d’une majorité de coalition, dont la stabilité resterait alors à démontrer, car les élus de droite pourraient « claquer la porte » face à toute proposition un peu courageuse sur des thématiques identitaires par exemple, elle serait donc en mesure de changer radicalement de politique ? Et bien, même dans ce cas, non.
Le Sénat en France a été créé pour empêcher toute alternative politique trop radicale. Son mode de scrutin, indirect et par le biais d’un renouvellement d’un tiers tous les trois ans, rend les possibilités pour un parti comme le FN, mais tout autant pour le Front de gauche d’ailleurs, d’y être majoritaire illusoires. Or sans le soutien du Sénat, aucune réforme constitutionnelle ne peut être engagée. En effet, selon l’article 89 de la constitution française, le président propose un texte aux deux assemblées, qui ont un pouvoir égal, et qui doivent le voter de manière identique. Ce n’est qu’après cette procédure que le président peut convoquer un référendum ou le congrès.
En termes clairs, le Sénat bloquerait concrètement tout parti déterminé à changer radicalement de politique. Et à ce blocage, il faut ajouter l’attitude du conseil constitutionnel. Ce dernier, depuis son coup d’état juridique de 1973, a gagné un pouvoir important. Si la réforme constitutionnelle contrevient aux principes fondamentaux, il pourrait donner un avis défavorable et censurer la dite réforme. Serait-il ainsi possible de le contourner, comme le faisait De Gaulle à son époque ? C’est peu probable en ayant une des deux chambres à dos.
Les Etats européens modernes, pour se prémunir contre toute « révolution par les urnes », et en souvenir de l’arrivée au pouvoir par ce biais d’un dictateur d’origine autrichienne, ont blindé leur constitution. La loi fondamentale allemande de 1949 par exemple a un pouvoir considérable et pourrait interdire tout parti qui aurait dans son programme une rupture radical d’avec ce cadre juridique. Et le mode de scrutin choisi au Royaume-Uni (majoritaire à un tour) ou en France (majoritaire à deux tours) est également un frein considérable.
Les candidats aux élections présidentielles, tous camps confondus, font des promesses aux électeurs dont ils n’ont aucune garantie de pouvoir les réaliser, à supposer que cela soit leur intention. La gauche et la droite ont au moins la possibilité de disposer d’une majorité à l’assemblée et éventuellement au sénat. Cela a permis au gouvernement PS de faire passer un certain nombre de lois, dont le « mariage pour tous », mais souvent grâce à l’appui de centristes. La droite de même pourrait engager certaines politiques plus ou moins courageuses, mais pas trop courageuses quand même pour ne pas perdre l’appui du centre.
Si le centre revendiqué, le Mouvement Démocrate de Bayrou par exemple, est assez faible, le centre-droit et le centre-gauche sont très forts et pèsent dans les politiques publiques. C’est eux qui empêchent toute vraie réforme. Même si Sarkozy par exemple muscle son discours devant les journaux télévisés, qu’est-ce qui prouve que s’il est élu il pourra le réaliser. En 2007 il a déchanté en découvrant le pouvoir réel d’un président. Il est même tombé de haut.
Un président français peut-il changer les choses en bien ? Je ne le crois pas. Cet enjeu électoral qu’on nous présente comme la « mère des batailles » ne déterminera pas notre avenir, même si un président catastrophique peut avoir un très mauvais impact sur le moral de ses concitoyens. Ce n’est donc pas totalement sans importance mais il ne faut pas en attendre un quelconque salut.
Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)
00:11 Publié dans Analyses, Elections en Europe, Présidentielles 2022 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : constitution, président de la république, impuissance, sarkozy, le pen, hollande |
21/02/2016
L’obsession présidentielle, une maladie française.
A un an et demi environ des élections présidentielles de 2017, les grandes écuries se mettent en ordre de bataille pour choisir le candidat qui portera leurs couleurs lors de la confrontation suprême au titre de guignol de cinq années. Nous sommes là en pleine mythologie, celle du président Superman ou désormais de la présidente Supergirl, doté(e) de pouvoirs surnaturels permettant de changer le plomb en or, de transformer 3 à 5 millions de chômeurs en travailleurs pouvant partir à la retraite à 60 ans.
L’appel de la présidence est irrésistible, même s’il n’y aura qu’un seul élu, et qu’on sait a priori qui ne le sera pas. Il faut en être. C’est la Super-party de 2017. Le précieux sésame c’est 500 élus grattant leur signature sur un bout de papier envoyé au Conseil Constitutionnel. Bien sûr, aucun président ne changera quoi que ce soit, même doté d’une majorité silencieuse à sa botte. Les enjeux dépassant largement le cadre national, s’illusionner sur des solutions apportées selon un mauvais référentiel dans un mauvais cadre n’est pas responsable.
Marine Le Pen a dit oui. L’appel était trop fort. Et puis qui lui contesterait en interne le titre de candidate en chef ? Certes Robert Ménard a voulu lui faire comprendre qu’il fallait abandonner les clés de la boutique pour apparaître comme la candidate du rassemblement, détachée de toute allégeance trop politicienne. Mais, pas folle la guêpe. A peine battue, elle trouverait la porte de la boutique fermée et désormais gérée par le coucou/gourou en chef, Florian Philippot. Donc elle restera présidente du FN comme son père avant elle. Les autres élections n’avaient aucune importance.
Jean-Luc Mélenchon immédiatement a annoncé officiellement sa candidature même si sa relation avec le PCF est très tendue. Il veut être dans le club des candidats, même s’il sait qu’il n’a aucune chance d’obtenir le précieux trône de fer rouillé. Par une sorte de réaction pavlovienne, Marine Le Pen ayant annoncé être candidate sur TF1, il ne pouvait pas s’empêcher d’y répondre.
Evidemment Nicolas Dupont-Aignan est candidat, de même que François Asselineau, même si ce dernier aura sans doute du mal à obtenir les si fameuses 500 signatures. Mais le souverainiste a naturellement la présidentielle dans la peau puisqu’il croit que l’Etat français est la solution alors qu’il est en fait une partie du problème.
On attend la candidature de Cécile Duflot en remplacement d’Eva Joly. On sait qu’elle aussi subit l’attraction irrésistible de la présidentielle de 2017. François Hollande sent aussi qu’elle en est victime. Il cherche donc à la neutraliser par exemple en proposant un poste de ministre à Emmanuelle Cosse que cette opposante prétendue à la politique gouvernementale s’est empressée… d’accepter.
François Hollande et Nicolas Sarkozy évidemment veulent être présidents. Le premier veut continuer à bénéficier des ors du pouvoir. Il est bien loin d’avoir des convictions mais ce poste ne nécessite pas d’en avoir. De Gaulle avait certes une haute idée de la France mais Hollande est conforme à son personnage d’ancien premier secrétaire du PS. Il est heureux dans son rôle de président, même s’il est aussi bas dans les sondages qu’il est possible de l’être.
Nicolas Sarkozy a certes été déçu de son premier mandat. Il avait à l’époque une vision plus élevée de la présidence française. Mais il y a trouvé en revanche un gîte confortable. Même s’il a été battu en 2012, il veut sa revanche. Pour défendre un projet et des convictions ? N’exagérons pas.
Enfin François Bayrou, le si silencieux Bayrou, qui s’est fait oublier depuis 2012 et son pathétique soutien au « héros de la révolution » Hollande, faute qui ne lui sera peut-être pas pardonnée, va bien sûr resurgir des profondeurs de l’oubli. Candidat à la présidentielle, à défaut d’être président, est son métier préféré. Sorti du tombeau du centrisme où il a été congelé cinq ans, il revient. Soyons en assurés.
Nous sommes donc dans la « configuration idéale » pour inviter les électeurs à l’abstention maximale. Nous nous retrouverons à un détail, ou plutôt à un Duflot près, dans la situation de 2012, avec les mêmes candidats. La différence est qu’on annonce Marine Le Pen au second tour et peut-être même en tête. La seconde place est donc précieuse puisqu’elle amènera à la victoire. Il sera bien temps de réactiver l’antifascisme incantatoire le jour venu pour balayer les chances de la première dauphine. Et dans cette affaire, qui sont les perdants ? Les Français bien sûr.
Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)
18:27 Publié dans Editoriaux, Mes coups de gueule, Présidentielles 2022 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le pen, bayrou, sarkozy, hollande, duflot, mélenchon |
14/12/2012
Le Pen, une histoire française, par Péan et Cohen
22:35 Publié dans Analyses, Anti-mythes | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : le pen, cohen, péan, thomas ferrier |
16/09/2012
Elections parlementaires néerlandaises : le souverainisme ne paie pas !
Le 12 septembre 2012, les électeurs néerlandais votaient pour les élections législatives et régionales dans un contexte européen de crise économique, de rigueur budgétaire et de déstabilisation de la monnaie unique. Il y a un mois, les sondages annonçaient un succès de la gauche radicale, le Parti Socialiste, qui devait être le principal parti du pays et un léger recul de la formation populiste de Geert Wilders, le PVV (« Parti de la Liberté ») en faveur du premier. Les deux formations avaient axé leur programme sur l’euroscepticisme et le refus de la rigueur, mais Wilders avait choisi d’adopter une ligne intégralement souverainiste, défendant à la fois l’abandon de l’euro et la sécession de l’Union Européenne.
Au contraire de ces prévisions, les électeurs néerlandais ont préféré « jouer la sécurité » en apportant leur soutien aux deux partis classique de gauche et de droite, à savoir les travaillistes (PvdA) et les libéraux (VVD), progressant chacun d’environ un peu plus de 5%. Les libéraux, avec 26,5% des voix (+6,1%) et 41 sièges, redeviennent le premier parti du pays, alors que les travaillistes, avec 24,7% des voix (+5,1%) et 39 sièges distancent davantage la gauche dure. Incapables cependant par leurs propres forces de créer un gouvernement de rassemblement, VVD et PvdA sont contraints de mettre en place une grande coalition, chargée d’appliquer un programme de redressement des finances publiques par la diminution des dépenses de l’Etat, un programme que l’on sait impopulaire mais qui a le mérite de la crédibilité économique.
Les socialistes (SP) avec 9,6% des voix (-0,2%) et 15 sièges ne connaissent pas le succès escompté et reculent même légèrement. C’est la même chose pour le PVV de Wilders, qui s’effondre avec 10,1% des voix et 15 sièges parlementaires seulement (-5,3%, - 9 députés). Le dernier grand vaincu est le CDA (chrétiens-démocrates), qui n’obtient que 8,5% des voix (-5,1%) et paye le vote utile en faveur du VVD.
Le mouvement D66 (démocrates), le seul parti ouvertement pro-européen, progresse légèrement avec 7,9% des voix (+1%) malgré le vote utile. C’est plutôt dans un tel contexte un succès pour cette petite formation.
A droite, les mouvements chrétiens autres que le CDA résistent plutôt bien. La ChristenUnie avec 3,1% des voix (-0,1%) et le SGP protestant avec 2,1% des voix (+0,4%) maintiennent leur représentation. 50PLUS, parti de défense des retraités, et formation nouvelle, avec 1,9% des voix, émerge de manière modérée et aux dépens du PVV de Wilders.
Les écologistes de « gauche » (GroenLinks) s’effondrent avec seulement 2,3% des voix contre 6,7% en 2010. Ils payent eux aussi le vote utile mais cette fois en faveur du PvdA. En revanche, le parti de défense des animaux (PvdD) avec 1,9% des voix (+0,6%), qui bénéficie d’un électorat motivé, conserve sa petite audience.
Ces élections infirment l’idée que les souverainistes, de « gauche » ou de droite, devraient nécessairement profiter de la crise politique due aux troubles économiques de la zone euro (et hors zone euro). Les électeurs ont préféré apporter un soutien plus net aux formations politiques classiques, et rassurantes, dans une campagne dans laquelle les thèmes des problèmes sociaux et de l’Europe ont dominé au détriment des problématiques identitaires qui avaient été le cœur du succès de Wilders en 2010. Ce dernier, comme cela a été reconnu par la plupart des politologues, a payé le prix d’une campagne où l’islamisation et l’allogénisation n’ont quasiment pas été évoqués par le candidat populiste, thèmes qui pourtant avaient été la clé de son crédit aux yeux de nombreux électeurs. Cela démontre bien qu’à droite, ce sont les questions d’identité nationale, et je dirais même d’identité ethno-civilisationnelle, qui représentent les préoccupations principales de ces électeurs. En revanche, l’europhobie ne paie pas.
Néanmoins, si le contexte économique devait s’aggraver, malgré les mesures prises au niveau de l’Union Européenne, en l’absence d’autre opposition que les mouvements souverainistes, cette bonne nouvelle de leur insuccès n’est pas forcément rassurante. On constate bien en deux ans une grande variabilité des réactions des électeurs, cette instabilité pouvant très bien demain se faire en faveur de ceux qui aujourd’hui ont mordu la poussière. De plus, le PVV de Wilders va nécessairement réorienter son action vers ses thèmes de prédilection.
Ces élections sont néanmoins une leçon intéressante pour les partis populistes et eurosceptiques français, le Front de Gauche et le Front National. En effet, si Jean-Luc Mélenchon axe davantage son discours sur la critique sociale et économique du programme du nouveau président socialiste, Marine Le Pen développe désormais un programme ultra-souverainiste à la Wilders, tapant systématiquement sur l’€ et sur l’UE, au détriment de la critique de l’immigration extra-européenne qui a fait le succès passé du FN. Alors qu’elle a fait le ménage des éléments les plus nationalistes, mais aussi identitaires, demeurés au sein de son parti, elle a ouvert la porte à différents représentants de la ligne souverainiste, et notamment le créateur même du terme, Paul-Marie Couteaux. Avec l’arrivée de l’étatiste et ex-chevènementiste Florian Philippot au premier rang du nouveau FN, avec le choix d’une illustre inconnue, Tamou « Charlotte » Soula, d’origine algérienne et proche par ailleurs du souverainiste UMP Henri Guaino, comme directrice de cabinet de la présidente du FN, Marine Le Pen prend le pari d’un effondrement de l’euro.
Or, après les émeutes d’Amiens, les révolutions islamiques dans le monde arabe, les manifestations islamiques suite à la diffusion sur internet d’un film très hostile à l’islam et à son fondateur Muhammad, l’électorat FN attendrait que le parti qu’il soutient soit plus présent sur ces thèmes. Celui-ci les néglige parce qu’il s’efforce à tout prix de donner l’image d’un parti profondément anti-raciste. Aux présidentielles, Marine Le Pen a pu néanmoins faire un bon score, 17,9% des voix, mais avant tout parce qu’au dernier moment, suite aux dérives immigrationnistes de Mélenchon, elle a pu rectifier le tir.
Si Nicolas Dupont-Aignan, qui a obtenu moins de 2% des voix aux présidentielles de 2012 (1,79% précisément), prône aujourd’hui un rapprochement de sa formation avec le FN, sous réserve par cette dernière de « couper le cordon avec l’obsession identitaire » ou encore d’ « abandonner sa logique identitaire », c'est-à-dire de mettre fin à son fonds de commerce, même si elle le délaisse actuellement. Dupont-Aignan, comme tous les souverainistes, est désormais contraint de chercher un espace entre l’UMP et le FN, mais cet espace est d’environ 2,5% des voix au maximum, score classique d’un MNR ou d’un MPF jadis. Et à la différence de Villiers, il n’a pas réussi à faire la différence aux élections européennes de 2009 (1,77%). Si la ligne souverainiste de Marine Le Pen continue de dominer les thèmes de son parti, Dupont-Aignan finira comme satellite du néo-FN, mais son apport électoral sera faible par rapport à une hémorragie électorale d’un électorat qui dénonce l’immigration extra-européenne et n’a jamais voté FN que pour envoyer un signal de colère aux partis de gouvernement.
13:14 Publié dans Analyses, Elections en Europe, Présidentielles 2022 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : élections parlementaires néerlandaises, geert wilders, vvd, pvda, pvv, le pen, dupont-aignan |
13/03/2012
Bilan provisoire de la campagne présidentielle française au 13 mars 2012
Ce 16 mars, nous devrions connaître la liste officielle et définitive des candidats aux élections présidentielles d’avril 2012. Marine Le Pen a annoncé ce mardi qu’elle avait enfin obtenu le précieux sésame, à savoir les 500 parrainages d’élus, mettant fin ainsi à un suspense qui durait depuis plusieurs semaines sur l’éventualité de son absence de la compétition. Philippe Poutou les aurait également, et Nicolas Dupont-Aignan assure « à 99,9% » qu’il aura les parrainages nécessaires avant cette date fatidique. Les seules inconnues sont de savoir si Dominique de Villepin et Corinne Lepage disposeront des signatures requises et à temps. Leur absence ne bouleverserait toutefois pas l’échiquier politique.
Certaines tendances commencent à apparaître à la lecture des différents sondages que publient les instituts statistiques. En premier lieu, Nicolas Sarkozy, notamment suite à son discours de Villepinte, remonte la pente, puisqu’il est crédité aujourd’hui selon IFOP de 28,5% des voix, alors que son adversaire « socialiste », François Hollande, est désormais dépassé, avec seulement 27% des intentions de vote.
Marine Le Pen voit son potentiel électoral s’effriter en faveur du président sortant. Entre le 12 janvier 2012 et le 13 mars 2012, elle est ainsi passée de 21,5% (résultat maximal) à 16% des voix, selon cet institut qui procède à un sondage quotidien. Ce tassement, que constatent les autres instituts, semble donner raison aux conseillers droitiers de Nicolas Sarkozy, à savoir Patrick Buisson et Guillaume Peltier. Buisson dans Le Monde daté du 14 mars annonce qu’au final François Hollande sera battu plus nettement que Ségolène Royal. Cela paraît néanmoins difficile à croire, même si la victoire du « socialiste » semble moins nette (54,5% contre 46,5%) qu’il y a quelques semaines. Le « hold-up » de 2007 semble néanmoins en passe de se réaliser à nouveau, Marine Le Pen, visiblement éprouvée par une campagne démarrée très tôt, ayant du mal à retrouver un nouveau souffle. Même si elle a durci le ton sur la question migratoire, son europhobie plus générale, que ne partage pas le président, ne la rend pas crédible. Par ailleurs, son entêtement à apparaître comme la plus anti-raciste des candidates de la droite rend son discours confus vis-à-vis de son électorat naturel, pour qui cette subtilité de langage ne correspond pas aux attentes qu’il exprime. Elle a été notamment silencieuse sur la question de Mayotte, qui est pourtant un moyen efficace de critiquer Nicolas Sarkozy.
Jean-Luc Mélenchon fait quant à lui une campagne très dure à gauche. Il est désormais crédité de 10% d’intentions de vote par plusieurs instituts de sondage. Cela s’explique essentiellement par les maladresses d’Eva Joly, qui s’est mise à dos beaucoup d’électeurs, et par l’assèchement de l’extrême-gauche. Arthaud (LO) est à 0.5% d’intentions de votes, et Poutou (NPA) est régulièrement à 0%. Ainsi, Mélenchon est-il parvenu à rassembler sur son nom toute l’extrême-gauche. Eva Joly quant à elle sombre, incapable de dépasser les 2.5% et commence à être lâchée par son propre camp. Noël Mamère a ainsi récemment exprimé son souhait de voir cette candidate se retirer au profit du candidat du PS. En se maintenant jusqu’au bout, et en réalisant un piètre résultat, Joly met en danger l’accord électoral Europe Ecologie/Parti socialiste pour les législatives. Toutefois, Cécile Duflot maintient sa confiance dans la candidate franco-norvégienne à l’accent si particulier.
François Bayrou, qui alterne des positions européistes, comme l’élection du président européen au suffrage universel direct, et des positions francocentrées, comme un protectionnisme national, qui est analogue à celui prôné par Marine Le Pen, pouvait profiter d’un affaiblissement de Nicolas Sarkozy pour apparaître comme le seul capable d’empêcher François Hollande d’accéder à l’Elysée. Le sursaut de l’UMP rend sa stratégie difficile à crédibiliser. Il est crédité dans ce sondage de 13% des voix, ce qui est un signal encourageant mais insuffisant. Villepin est à 1% et Dupont-Aignan oscille entre 0.5 et 1%. Son propos selon lequel il pourrait prendre Marine Le Pen comme premier ministre, même s’il a tenté par la suite de préciser son propos en l’élargissant à Chevènement et Montebourg, pourrait amener ses électeurs à lui préférer Marine Le Pen, seule en mesure, bien que cela apparaisse de plus en plus comme hors de portée, d’être au second tour. La candidature de Corinne Lepage, dont on peine à déterminer le sens, est limitée quant à elle à un 0.5% honorifique, mais il n’est pas sûr qu’elle puisse être présente dans cette compétition.
2012 apparaît donc comme la manifestation du retour en force du clivage UMP/PS, le FN apparaissant comme un outsider à la peine, après un démarrage en fanfare. Les faiblesses de la candidate Le Pen apparaissent au fur et à mesure de ses prestations télévisées, dans un contexte où Sarkozy durcit le ton. La volonté de « dédiabolisation » de cette candidate, à peine entamée par quelques provocations de son père, n’a pas que des effets positifs, surtout lorsque celle-ci se fait non seulement sur la forme mais aussi sur le fond. Sarkozy, remarquablement aiguillé par ses conseillers, semble en passe, du moins pour le premier tour, de contenir la poussée nationaliste et peut-être au final de l’endiguer. Marine Le Pen est attendue au tournant par son électorat, et si elle retrouvait le score paternel de 15% des voix, qui reste un bon résultat sur le principe, elle aurait du mal à s’en relever et le paierait aux législatives. Quant à Mélenchon, le PCF peut-être satisfait, n’en déplaise au courageux André Gérin, de son choix qui pour le moment semble payant, à la différence des Verts, qui semblent perdre tout crédit.
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
15:51 Publié dans Analyses, Editoriaux, Présidentielles 2022 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : thomas ferrier, psune, présidentielles 2012, sarkozy, hollande, mélenchon, le pen, 16 mars 2012, parrainages |
11/12/2011
Présidentielles 2012: une multitude de candidats
Il n’y a rien de mieux pour créer des enjeux artificiels qu’une élection présidentielle française. A l’origine, création du général De Gaulle pour lui-même, et surtout pour se libérer de la tutelle de l’assemblée et du sénat, héritiers de la quatrième république, cette élection a changé de sens avec l’instauration du quinquennat, créant un régime présidentiel. Cette simple constatation attise les appétits des dirigeants des nombreuses structures politiques, grands partis mais aussi petites formations spécifiques. En fait, avec l’élection de Nicolas Sarkozy, beaucoup d’électeurs ont compris que les annonces présidentielles n’avaient aucune prise sur le réel.
Avec la mondialisation économique, avec les traités et conventions internationaux, avec les règles de l’Union Européenne, avec un droit constitutionnel devenu de plus en plus démophobe, et dont le conseil constitutionnel est désormais un gardien sourcilleux, ce qu’il n’était pas du temps de De Gaulle, enfin avec le poids de plus en plus important des media et des lobbies communautaires, le pouvoir réel d’un président de la république française est nul. C’est ce que Sarkozy a pu constater, et on le voit déçu par une fonction dont il attendait beaucoup mais qui ne correspond pas du tout à l’image qu’il avait pu en avoir.
Légitimer une élection en s’y présentant alors qu’on sait que le véritable pouvoir n’en provient plus, c’est mentir au peuple, c’est lui faire croire qu’on peut lui proposer des solutions pour résoudre ses problèmes alors qu’on sait pertinemment ne pas pouvoir, une fois élu, les mettre en œuvre. Sarkozy a suscité beaucoup d’espoir et le rejet dont il est l’objet est à la hauteur de ces espoirs déçus. Mais ses adversaires auraient ils pu faire mieux ? Le PS, qui n’a pas moins démissionné que l’UMP face à la réalité du pouvoir, sait au moins détourner l’attention vers des mesures démagogiques destinées à une petite partie de la population. Il a renoncé au socialisme au profit du libéralisme économique mais donne l’illusion d’être encore une formation « progressiste » en cédant à la mode sociétale gauchiste qui plaît tant à une partie de la bourgeoisie.
Désormais, la liste des candidats aux élections présidentielles ne cesse de s’accroître. Si Borloo a jeté l’éponge, c’est aussi le cas du candidat du Bloc Identitaire qui a avec raison renoncé, son objectif étant de faire connaître sa formation politique et non de réellement se présenter. La « gauche » est pour le moment la plus raisonnable, avec deux candidats de l’extrême-gauche (Arthaud et Poutou), inconnus du grand public à la différence de leurs prédécesseurs (Laguiller et Besancenot), qui arriveront réunis, péniblement, à 1% des voix, un candidat rassemblant les communistes et l’aile la plus à gauche du PS (Jean-Luc Mélenchon), une candidate écologiste de « gauche » (Eva Joly) et le candidat du PS (François Hollande). A cette liste se rajoute le souverainiste de « gauche » Jean-Pierre Chevènement. Ces six candidats de gauche, mais dont on peut penser qu’ils ne seront que cinq réellement candidats, car l’annonce de Chevènement apparaît pour le moment comme un moyen de pression sur Hollande, s’opposent à de nombreux candidats de droite.
On s’attendait au renoncement de Dominique de Villepin et celui-ci se porte finalement candidat aujourd’hui, tout comme François Bayrou, dont la candidature était prévisible, et même Hervé Morin entend se présenter, sans oublier l’écologiste du centre Corinne Lepage. La droite conservatrice et/ou souverainiste propose elle aussi plusieurs candidats – Nicolas Stoquer pour le RPF, François Asselineau pour l’UPR (qui souhaite que la France quitte l’Union Européenne), Nicolas Dupont-Aignan pour DLR, Christine Boutin pour le PCD (chrétien-démocrate) et Frédéric Nihous pour CPNT (chasseurs). Nicolas Sarkozy est donc confronté à une multiplicité de candidatures gênantes, même si leur nocivité est limitée par leur extrême marginalité politique, à l’exception de Bayrou, dont le plus récent sondage annonce un score, sans doute très surévalué, de 13%. Enfin, l’extrême-droite présentera deux candidats, à savoir Marine Le Pen pour le FN et Carl Lang pour l’UDN (« Union de la droite nationale », coalition nationaliste hétéroclite fondée sur un commun rejet de la personne de Marine Le Pen).
La règle mise en place par Valéry Giscard d’Estaing exigeant pour un candidat aux élections présidentielles de réunir 500 signatures/parrainages d’élus a ainsi tout son sens. En effet, être candidat devient une mode, alors même que l’on n’a rien à dire, une façon d’exister alors qu’on est ignoré tout le reste du temps. Ce n’est pas respectueux des électeurs, ce n’est pas non plus respectueux des institutions. Qui plus est l’élection est jouée d’avance, entre deux ou trois candidats, le candidat du FN servant à faire élire son adversaire s’il parvient au second tour. Les chances de Bayrou toutefois paraissent minces et il est peu probable même qu’il réalise un aussi bon score qu’en 2007. En outre, ces élections présidentielles mettent en avant le principe fort peu républicain de l’homme providentiel, ce qui amène certains candidats à se présenter avec une grande régularité tous les cinq ans. Jean-Marie Le Pen a ainsi été candidat à cinq reprises (six si on compte son échec à obtenir les 500 signatures en 1981) et Arlette Laguiller à six reprises. Ce sera enfin la quatrième candidature de François Bayrou.
Je tiens à le préciser, mais vous l'avez deviné, je ne serai pas candidat aux élections présidentielles. Je laisse à d'autres le soin de s'y ridiculiser, en la présence la grande majorité des candidats que je viens brièvement de présenter. Ma position pour le premier tour des élections présidentielles sera donc, je l'annonce dès maintenant, le vote blanc. Quant au second tour, nous verrons bien qui aura présenté le programme le moins nocif des deux finalistes, car nous n'attendons du résultat de ces élections aucune bonne nouvelle.
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
23:05 Publié dans Analyses, Communiqués, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sarkozy, hollande, le pen, villepin, morin, bayrou, poutou, lang, chevènement, boutin, lepage, arthaud, mélenchon, joly, dupont-aignan, asselineau, stoquer |
04/12/2011
Ils jettent le masque !
On savait toute la classe politique française europhobe, certains partis l’étant malgré tout moins que d’autres. Les récents développements de la crise de l’Euro ont eu le mérite de clarifier les positions de chacun.
La réponse à la crise que tentent de proposer Angela Merkel et Nicolas Sarkozy est bien expliquée par l’économiste Marc Fiorentino. Si ces dirigeants sont suivis dans leurs pays respectifs, on s’orienterait vers une petite zone Euro dure à six pays, ceux qui disposent encore du triple A. Des pays comme l’Italie et l’Espagne s’y rattacheront, s’ils parviennent à surmonter leurs difficultés, ce qu’ils essaieront certainement de faire. L’alternative, qui n’en est pas vraiment une, serait de quitter l’Euro. Ce qui pourrait aussi menacer la France.
Le compromis présenté par les dirigeants français et allemand repose sur deux contraintes. D’une part celle, avancée par la France, de mutualiser autant qu’il est possible les moyens de défense entre pays européens. D’autre celle, imposée par l’Allemagne, d’éviter que des mesures de protection se traduisent par la reproduction des erreurs du passé, par un laxisme laissant filer la dette. Autrement dit, les Allemands ne veulent en aucun cas donner de prime aux mauvais élèves ; il est facile de les comprendre.
Il faut parler de la proposition de Merkel et Sarkozy avec beaucoup de prudence. Les prochaines élections en France lui laissent peu de chances. Cela dit, si elle était vraiment mise en place, elle ne serait pas si monstrueuse. On remplacerait la gouvernance technocratique de Bruxelles par des accords intergouvernementaux contraignants.
Evidemment cela n’aurait de comparable avec la solution préconisée par le PSUNE, ni sur le plan du contrôle démocratique par une assemblée nationale élue directement par les citoyens --- comme serait celle de la République européenne --- ni sur le plan de l’efficacité --- car le compromis cité ignore provisoirement deux grands pays, sans y ajouter qu’il se prive de l’apport de la Russie. Mais ce ne serait pas moins démocratique que le cadre de l’actuelle Union, surtout du côté allemand où le Bundestag conserve le contrôle des événements.
Il est inutile de se voiler le visage. La proposition consiste à créer un club piloté par l’Allemagne. Que l’on constate des réactions germanophobes n’est pas très étonnant a priori. Cependant, si l’on creuse un peu, on s’aperçoit que la réaction à la proposition mentionnée ne fait que révéler une germanophobie, qui est en réalité une europhobie, dont l’origine est beaucoup plus profonde.
La réaction la plus significative a été celle de Jean-Marie Le Guen, qui, comme on le sait, a comparé la journée de Nicolas Sarkozy face à Angela Merkel et Mario Monti à « Daladier à Munich », qui a même persisté et signé. Or Le Guen n’est pas un socialiste extrémiste. C’est toujours un soutien de Dominique Strauss-Kahn.
Si comparer Madame Merkel à Hitler a soulevé l’indignation, pour être qualifié de « dérapage », on n’a pas analysé, pour autant, la saillie de Monsieur Le Guen. Car l’image du nazisme et de l’holocauste n’y a pas sa place. Comment faut-il voir les rapports entre la France et l’Allemagne aujourd’hui ?
D’abord l’Allemagne n’a surtout pas intérêt à affaiblir la France, pas plus d’ailleurs que ses autres voisins européens. L’Union et l’Euro ont été une formidable chance pour elle et elle a tout avantage à ce que cela dure. Par ailleurs, ce n’est pas parce qu’elle lutte sérieusement contre ses déficits, qu’elle gère mieux des services publics moins dispendieux, qu’elle écrase moins ses entreprises sous la fiscalité, qu’elle utilise mieux la formation en alternance, qu’elle possède des syndicats défendant réellement les travailleurs, que les socialistes y ont été plus intelligents, qu’elle est moins laxiste en matière d’immigration, qu’en conséquence son taux de chômage est beaucoup plus bas … qu’elle ne connaît pas de problèmes. Son endettement est considérable et ne tient que parce que sa parole a plus de valeur que celle de ses voisins. Elle s’appuie aussi sur de nombreux travailleurs pauvres.
Et elle est aussi capable de n’importe quoi. Renoncer à l’énergie nucléaire pour ressortir le charbon et accroître sa dépendance vis-à-vis du gaz russe est peut-être le tournant qui amorce son déclin. D’ailleurs on ne comprend pas comment les Grünen et nos Verts, qui se prétendent écologistes et mondialistes, ont pu y pousser. L’Allemagne va accroître ses émissions de carbone, contribuant au réchauffement climatique. Elle sacrifie les pays du sud au confort de ses propres habitants, ce qui nous renvoie à une forme de suprématisme colonialiste. En même temps, elle ferait mieux, pour assurer la sécurité de ses habitants d’aider les pays nucléarisés à risque, comme ceux de l’Europe de l’Est, à sécuriser leurs centrales ; voire d’aider l’Italie, qui est sur une zone sismique ; voire d’accepter d’augmenter le nombre de centrales sur son sol ; en tout cas, pour son approvisionnement en énergie, d’aider la France à conserver son parc nucléaire.
Ensuite, comme l’a dit Fiorentino, la France ne cherche pas à se calquer sur l’Allemagne, mais sur le meilleur élève de la classe. Ou tout au moins sur le moins mauvais pour le moment. Et puis, est-il si mauvais d’accepter des leçons des autres. Longtemps la Tchécoslovaquie a été une annexe économique de l’Allemagne. Aujourd’hui les voitures Audi de prestige utilisent des moteurs construits en Tchéquie.
Dans cette affaire, il faut comprendre que ce qui est bon pour l’Allemagne est bon pour l’Europe et inversement. Que, de la même façon, ce qui est bon pour la France est bon pour l’Europe et inversement. Les économies du continent sont tellement interdépendantes que les intérêts des uns et des autres se confondent.
Ainsi la germanophobie actuelle n’est-elle que l’expression d’une europhobie archaïque et fondamentale. Il n’est pas étonnant de la trouver chez Marine Le Pen, dont la formation garde la nostalgie de l’empire colonial. Il n’est pas étonnant de la trouver chez Arnaud Montebourg, qui se vante de racines africaines. La réticence du PS tout entier, et de son candidat François Hollande, à soutenir, sur le principe, l’initiative de Merkel et Sarkozy prouve que cette formation est sur la même ligne que les précédents et que le … FN. La surprise viendrait de Jean-Luc Mélenchon, qui incite pour une fois à la prudence. Peut-être est-il moins europhobe dans son cœur qu’il le laisse croire.
Cette fin de semaine, le sujet a été débattu entre Eric Zemmour et Nicolas Domenach. Le premier assume le patrimoine européen et peut-être son destin, mais il ne sait pas voir les Européens comme un peuple ; cela étant, cet eurosceptique a la critique modérée sur les derniers événements. Le second a l’Europe en permanence dans la bouche, mais il n’en assume ni le patrimoine ni le destin ; sa critique est celle d’un mondialiste, ou d’un franco-mondialiste puisqu’il voudrait qu’on commence par régler les problèmes du monde à partir de la France. Il aurait fallu un troisième interlocuteur, qui puisse dire : oui à la souveraineté populaire, oui à la démocratie, oui à la monnaie nationale, sachant que peuple, démos, nation sont pour nous synonymes d’Europe.
Peter Eisner (LBTF/PSUNE)
14:28 Publié dans Analyses, Communiqués, Editoriaux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europhobie, montebourg, mélenchon, merkel, le pen, sarkozy |
01/01/2011
L'avenir de l'€uro, 2ème partie
Quelles sont les motivations réelles des détracteurs de l’Euro.
Compte tenu de ce qui vient d’être dit, on comprend mal qu’un dirigeant politique français puisse chercher à nous séduire en nous faisant miroiter le retour au Franc comme solution à nos problèmes. Essayons, malgré tout, de chercher des explications. Nous allons voir que l’Euro, qui n’est absolument jamais en cause dans nos difficultés, est simplement pris comme bouc émissaire. Si l’idée a du succès, c’est bien parce qu’elle rencontre un écho dans l’opinion. Alors lequel est-il ?
D’abord il y a un fait indéniable. Nos difficultés sont liées à la mondialisation, une mondialisation sauvage à laquelle nous ne nous sommes pas préparés et qui ne peut viser, in fine, qu’à une sorte d’uniformisation tirant vers le bas ceux qui sont aujourd’hui les mieux placés. Il est également vrai que l’Union européenne est l’intermédiaire de cette mondialisation. Cependant il faut tout de suite ajouter ceci. Un état comme la France, s’il était seul face au reste du monde, ne pourrait que subir la mondialisation. Il ne pourrait pas s’isoler dans ses frontières, fermant la porte au transit, fermant ses ports aux marchandises, sauf à finir étouffé, perdant ses capitaux et ses cerveaux. Il ne pourrait pas non plus peser sur les règles de l’OMC. Nous serions, au mieux, dans la situation que nous connaissons avec l’Union. Ce que l’on peut reprocher justement à l’Europe, c’est de ne pas faire mieux que des états isolés alors qu’elle le pourrait si les citoyens de ses états membres voulaient bien bâtir une République unitaire comme celle qui est voulue par le PSUNE.
Le rejet confus de la mondialisation est reporté d’abord sur l’Europe, assimilée à tort à l’actuelle Union, puis à l’Euro, qui en est le seul symbole visible, tant la convergence entre pays européens est lente à se mettre en place, quand la divergence ne se creuse pas. Tout cela est tellement facile. N’est-il pas vrai Monsieur Mélenchon, depuis que vous avez jeté aux orties vos convictions européennes pour plaire à un hypothétique électorat, Madame Le Pen, qui avez trouvé une manière bien commode de vous démarquer d’un concurrent interne, Monsieur Dupont-Aignan, qui ne savez rien trouver d’autre à dire ?
Ensuite il y a un élément tout à fait irrationnel, mais très important. C’est un mélange de nostalgie, comme chez ceux qui à l’instar de Madame Garaud ne savent que parler de la grandeur de la France, et de patriotisme tiers-mondiste, comme chez ceux qui veulent rapprocher sentimentalement la France de ses anciennes colonies, qui résument la dernière guerre à la libération de la France par l’Afrique, qui ressuscitent une arrogance allemande supposée, qui ne jurent que par Chavez, qui se gargarisent de mondialisme alternatif etc. Cela fait beaucoup de monde : des gaullistes qui se prétendent historiques, de faux socialistes qui jettent aux haillons nos traditions et notre culture, des gens de la nouvelle gauche, des écologistes peu soucieux d’environnement … jusqu’à la nouvelle extrême droite de Madame Le Pen.
Il y a sans doute encore quelques raisons de la défiance envers l’Euro. C’est la mauvaise humeur des Français. Une mauvaise humeur qui a tout un tas de causes, mais qu'on n’arrive pas à éliminer. Notamment parce que les règles du politiquement correct interdisent de la diagnostiquer ouvertement.
Aujourd’hui il reste ainsi interdit de faire le bilan d’une immigration incontrôlée, qui réussit le paradoxe d’avoir été d’abord imposée par les grands patrons pour être ensuite sacralisée par ceux qui se prétendent de gauche. On ne peut pas la contester ; alors on s’attaque à la mondialisation en général, donc à l’Union européenne qui la défend au nom de l’idéologie du libre échange, puis à l’Euro qui en est le symbole. Qu’a-t-on retenu, par exemple, de l’affaire des Roms ? Que c’est l’Europe, par l’intermédiaire d’une commissaire zélée, qui se permet de donner des leçons à la France. Alors que notre pays avait bel et bien signé des conventions le ligotant sans y être contraint.
Mélenchon, en bon conformiste de gauche, ne peut pas se plaindre de l’immigration, il la chérit tout au contraire. Aussi s’attaque-t-il avec véhémence à l’Europe et à l’Euro. De son côté Dupont-Aignan, pour ne pas être confondu avec le Front national, fait comme lui. Cependant Marine Le Pen elle-même, peut-être bercée par l’illusion d’échapper à la diabolisation, met aussi l’accent sur la sortie de l’Euro.
Prenons le recul de l’âge du départ à la retraite. Qu’a-t-on retenu chez ceux qui s’y sont opposés ? Que la mesure avait été prise pour deux raisons principales : parce qu’il fallait donner un signe positif aux agences américaines de notation et parce qu’il fallait faire comme nos voisins européens. On retrouve ainsi à la fois la mondialisation et l’Europe. C’est donc, une fois de plus, la faute de l’Euro, bien évidemment. Très naturellement, Madame Le Pen et Monsieur Mélenchon sont sur la même ligne.
On a ainsi réussi l’exploit de faire manifester des jeunes alors que la mesure était justement faite pour eux. Il est vrai que ces jeunes étaient les enfants d’enseignants et de syndicalistes. Ils n’étaient pas représentatifs d’une jeunesse française qui n’est pas la leur et qu’on n’a pas beaucoup vu dans l’affaire des retraites.
Ainsi attaque-t-on l’Euro pour attaquer les instances de l’Union et, par delà, la mondialisation. On oublie deux évidences. Les pays isolés ne peuvent rien face à la crise. l’Europe pourrait mais, telle qu’elle est organisée aujourd’hui et telle que les nations qui la composent lui ont donné vocation, elle ne veut pas. C’est cela qu’il faut changer, en suivant la ligne initiée par le PSUNE. En attendant, la mauvaise foi a encore de beaux jours devant elle en politique.
Peter Eisner (PSUNE/LBTF)
12:49 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : euro, psune, europhobie, crise économique, agences de notation, mélenchon, le pen, dupont-aignan |
14/12/2010
La gauche française sur les traces de Marine Le Pen
Par la gauche nous désignons tout ce qui va du parti de Mélenchon au le PS de l’égalité réelle.
Le FN de Marine Le Pen a pris des options économiques tout à fait radicales : sortir la France de la zone euro pour fonder une nouvelle monnaie nationale et en profiter pour dévaluer cette dernière, tout cela pour retrouver en théorie un peu de compétitivité. Jean-Luc Mélenchon ne dit strictement rien d’autre. Les deux s’entendent pour trouver abominable le modèle allemand. Quant au PS de l’égalité réelle, il ouvre si largement le carnet des dépenses qu’il serait impossible à la France de s’accrocher à l’Allemagne. Comme notre pays est trop grand pour être secouru comme la Grèce, l’Irlande ou le Portugal, la seule issue serait l’éclatement de la zone euro, quelques pays en profitant pour créer une nouvelle monnaie plus solide. Au final ou bien la France retrouverait une monnaie propre ou bien elle ferait partie d’un groupe gérant une sorte de sous-euro.
Les nouvelles options du FN, en tout point catastrophiques mais là n’est pas le débat, sont en cohérence avec une europhobie à base d’antigermanisme. Jean-Luc Mélenchon n’est absolument pas en reste sur ce point. On s’attendait à trouver un PS plus mesuré, puisqu’une partie de ses dirigeants se déclaraient favorables à la construction européenne, il y a peu de temps encore.
La sortie récente de Marine Le Pen sur l’occupation de la rue française par certains musulmans en prière nous ouvre les yeux. En effet on aurait pu s’attendre à voir le PS rebondir sur l’événement pour dénoncer l’hypocrisie du gouvernement et de la droite, lesquels prétendent défendre la laïcité mais ne font rien pour empêcher un étalage religieux en public qui va jusqu’à interdire la rue aux riverains : soit construire des lieux de culte soit interdire les prières en public comme on interdit certaines manifestations laïques, païennes ou chrétiennes. Tout au contraire, le PS, avec Martine Aubry sa présidente, Benoît Hamon, son porte-parole, et Arnaud Montebourg, son jeune loup, a réagi avec une grande violence contre la seule Marine. On notera juste que Ségolène Royal, bien avisée, a préféré prendre ses distances.
16:57 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europhobie, ps, aubry, fn, le pen, hamon, montebourg, occupation, islam |