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16/09/2012

Elections parlementaires néerlandaises : le souverainisme ne paie pas !

élections parlementaires néerlandaises,Geert Wilders,VVD,PvdA,PVV,Le Pen,Dupont-AignanLe 12 septembre 2012, les électeurs néerlandais votaient pour les élections législatives et régionales dans un contexte européen de crise économique, de rigueur budgétaire et de déstabilisation de la monnaie unique. Il y a un mois, les sondages annonçaient un succès de la gauche radicale, le Parti Socialiste, qui devait être le principal parti du pays et un léger recul de la formation populiste de Geert Wilders, le PVV (« Parti de la Liberté ») en faveur du premier. Les deux formations avaient axé leur programme sur l’euroscepticisme et le refus de la rigueur, mais Wilders avait choisi d’adopter une ligne intégralement souverainiste, défendant à la fois l’abandon de l’euro et la sécession de l’Union Européenne.

Au contraire de ces prévisions, les électeurs néerlandais ont préféré « jouer la sécurité » en apportant leur soutien aux deux partis classique de gauche et de droite, à savoir les travaillistes (PvdA) et les libéraux (VVD), progressant chacun d’environ un peu plus de 5%. Les libéraux, avec 26,5% des voix (+6,1%) et 41 sièges, redeviennent le premier parti du pays, alors que les travaillistes, avec 24,7% des voix (+5,1%) et 39 sièges distancent davantage la gauche dure. Incapables cependant par leurs propres forces de créer un gouvernement de rassemblement, VVD et PvdA sont contraints de mettre en place une grande coalition, chargée d’appliquer un programme de redressement des finances publiques par la diminution des dépenses de l’Etat, un programme que l’on sait impopulaire mais qui a le mérite de la crédibilité économique.

Les socialistes (SP) avec 9,6% des voix (-0,2%) et 15 sièges ne connaissent pas le succès escompté et reculent même légèrement. C’est la même chose pour le PVV de Wilders, qui s’effondre avec 10,1% des voix et 15 sièges parlementaires seulement (-5,3%, - 9 députés). Le dernier grand vaincu est le CDA (chrétiens-démocrates), qui n’obtient que 8,5% des voix (-5,1%) et paye le vote utile en faveur du VVD.

Le mouvement D66 (démocrates), le seul parti ouvertement pro-européen, progresse légèrement avec 7,9% des voix (+1%) malgré le vote utile. C’est plutôt dans un tel contexte un succès pour cette petite formation.

A droite, les mouvements chrétiens autres que le CDA résistent plutôt bien. La ChristenUnie avec 3,1% des voix (-0,1%) et le SGP protestant avec 2,1% des voix (+0,4%) maintiennent leur représentation. 50PLUS, parti de défense des retraités, et formation nouvelle, avec 1,9% des voix, émerge de manière modérée et aux dépens du PVV de Wilders.

Les écologistes de « gauche » (GroenLinks) s’effondrent avec seulement 2,3% des voix contre 6,7% en 2010. Ils payent eux aussi le vote utile mais cette fois en faveur du PvdA. En revanche, le parti de défense des animaux (PvdD) avec 1,9% des voix (+0,6%), qui bénéficie d’un électorat motivé, conserve sa petite audience.

Ces élections infirment l’idée que les souverainistes, de « gauche » ou de droite, devraient nécessairement profiter de la crise politique due aux troubles économiques de la zone euro (et hors zone euro). Les électeurs ont préféré apporter un soutien plus net aux formations politiques classiques, et rassurantes, dans une campagne dans laquelle les thèmes des problèmes sociaux et de l’Europe ont dominé au détriment des problématiques identitaires qui avaient été le cœur du succès de Wilders en 2010. Ce dernier, comme cela a été reconnu par la plupart des politologues, a payé le prix d’une campagne où l’islamisation et l’allogénisation n’ont quasiment pas été évoqués par le candidat populiste, thèmes qui pourtant avaient été la clé de son crédit aux yeux de nombreux électeurs. Cela démontre bien qu’à droite, ce sont les questions d’identité nationale, et je dirais même d’identité ethno-civilisationnelle, qui représentent les préoccupations principales de ces électeurs. En revanche, l’europhobie ne paie pas.

Néanmoins, si le contexte économique devait s’aggraver, malgré les mesures prises au niveau de l’Union Européenne, en l’absence d’autre opposition que les mouvements souverainistes, cette bonne nouvelle de leur insuccès n’est pas forcément rassurante. On constate bien en deux ans une grande variabilité des réactions des électeurs, cette instabilité pouvant très bien demain se faire en faveur de ceux qui aujourd’hui ont mordu la poussière. De plus, le PVV de Wilders va nécessairement réorienter son action vers ses thèmes de prédilection.

Ces élections sont néanmoins une leçon intéressante pour les partis populistes et eurosceptiques français, le Front de Gauche et le Front National. En effet, si Jean-Luc Mélenchon axe davantage son discours sur la critique sociale et économique du programme du nouveau président socialiste, Marine Le Pen développe désormais un programme ultra-souverainiste à la Wilders, tapant systématiquement sur l’€ et sur l’UE, au détriment de la critique de l’immigration extra-européenne qui a fait le succès passé du FN. Alors qu’elle a fait le ménage des éléments les plus nationalistes, mais aussi identitaires, demeurés au sein de son parti, elle a ouvert la porte à différents représentants de la ligne souverainiste, et notamment le créateur même du terme, Paul-Marie Couteaux. Avec l’arrivée de l’étatiste et ex-chevènementiste Florian Philippot au premier rang du nouveau FN, avec le choix d’une illustre inconnue, Tamou « Charlotte » Soula, d’origine algérienne et proche par ailleurs du souverainiste UMP Henri Guaino, comme directrice de cabinet de la présidente du FN, Marine Le Pen prend le pari d’un effondrement de l’euro.

Or, après les émeutes d’Amiens, les révolutions islamiques dans le monde arabe, les manifestations islamiques suite à la diffusion sur internet d’un film très hostile à l’islam et à son fondateur Muhammad, l’électorat FN attendrait que le parti qu’il soutient soit plus présent sur ces thèmes. Celui-ci les néglige parce qu’il s’efforce à tout prix de donner l’image d’un parti profondément anti-raciste. Aux présidentielles, Marine Le Pen a pu néanmoins faire un bon score, 17,9% des voix, mais avant tout parce qu’au dernier moment, suite aux dérives immigrationnistes de Mélenchon, elle a pu rectifier le tir.

Si Nicolas Dupont-Aignan, qui a obtenu moins de 2% des voix aux présidentielles de 2012 (1,79% précisément), prône aujourd’hui un rapprochement de sa formation avec le FN, sous réserve par cette dernière de « couper le cordon avec l’obsession identitaire » ou encore d’ « abandonner sa logique identitaire », c'est-à-dire de mettre fin à son fonds de commerce, même si elle le délaisse actuellement. Dupont-Aignan, comme tous les souverainistes, est désormais contraint de chercher un espace entre l’UMP et le FN, mais cet espace est d’environ 2,5% des voix au maximum, score classique d’un MNR ou d’un MPF jadis. Et à la différence de Villiers, il n’a pas réussi à faire la différence aux élections européennes de 2009 (1,77%). Si la ligne souverainiste de Marine Le Pen continue de dominer les thèmes de son parti, Dupont-Aignan finira comme satellite du néo-FN, mais son apport électoral sera faible par rapport à une hémorragie électorale d’un électorat qui dénonce l’immigration extra-européenne et n’a jamais voté FN que pour envoyer un signal de colère aux partis de gouvernement.

Thomas FERRIER (PSUNE)

18/12/2011

De l’europhobie actuelle...

UE.JPGLa crise européenne des dettes souveraines, relevons d’ailleurs ce terme de dettes souveraines, a réveillé les crispations europhobes d’une partie de la classe politique et médiatique française. Cette europhobie transcende par ailleurs les différents partis politiques à l’exception notable de l’UMP, soutenant la défense de la zone euro par le président de la république et la chancelière allemande. Celle-ci a d’ailleurs fort à faire pour maîtriser les europhobes de son camp, une partie de la FDP (libéraux) notamment et la CSU bavaroise. Au Royaume-Uni, une majorité de britanniques, excitée par le veto de Cameron au nouveau traité, souhaitent un référendum sur l’appartenance même à l’Union Européenne. Le libéral-démocrate Clegg a bien du mal à faire entendre une autre musique, tout en veillant à ne pas mettre en danger la coalition actuelle. Son parti est désormais crédité de seulement 14% dans les sondages, attestant d’une démobilisation de son électorat au profit des conservateurs ou des travaillistes. Menacé à sa droite par l’aile la plus eurosceptique des Tories et par la pression de UKip, David Cameron a pris le risque de mettre le Royaume-Uni aux portes de l’Union. Comme l’enjeu européen n’a jamais pu être convenablement expliqué au peuple britannique, alors que les Ecossais sont en revanche très favorables à la construction européenne, il se braque et se fait berner par la mélodie nostalgique d’une « UK First ». Or les intérêts de la City ne sont pas du tout ceux du peuple britannique.

Deux manifestations politiques de l’europhobie émergent. La première est d’ordre politique, à savoir une opposition radicale, obsessionnelle même, vis-à-vis de l’Union Européenne. En 2007, cette ligne était représentée par le candidat du Parti des Travailleurs, Gérard Schivardi prônant le départ de la France hors de l’UE. Aujourd’hui, en 2011, elle est représentée par le souverainiste François Asselineau de l’UPR (Union Populaire Républicaine), désormais candidat aux élections présidentielles sur une ligne 100% anti-européenne. En version douce, le rejet de l’UE s’exprime par la volonté de revenir aux monnaies nationales, sans remettre officiellement en cause la construction européenne dans sa globalité. C’est la ligne choisie par Marine Le Pen et par Nicolas Dupont-Aignan. Un « argument » avancé est de s’opposer à une ligne prétendument fédéraliste du gouvernement français.

Une autre europhobie, qu’on retrouve étrangement à « gauche », c’est de nier la parenté profonde entre les européens, au nom d’options implicitement néo-colonialistes ou simplement d’une méconnaissance du sujet. Arnaud Montebourg, tenant de la démondialisation, s’est ainsi laissé aller à des propos germanophobes comparant Merkel à Bismarck et dénonçant une Allemagne à nouveau nationaliste. Le PS, qui prône le vote des étrangers extra-communautaires aux élections locales, les mettant ainsi sur le même plan que les citoyens de l’UE, choisit ainsi de nier les spécificités européennes et préfère de fait une France mondialiste à une France européenne. Ainsi Jack Dion, dans Marianne en date du 3 décembre, partisan de cette mesure, déclare ainsi dans un article intitulé « un Marocain vaut bien un Tchèque », au nom de quoi un immigré algérien ou marocain n’aurait-il pas les mêmes droits qu’un Letton ou un Tchèque. Mais c’est la négation même de la construction européenne, qui présuppose que les Européens ont entre eux un destin commun, une vocation à s’unir.

Nicolas Sarkozy, et Henri Guaino a tenu à le rappeler aujourd’hui, se place concrètement dans une définition inter-étatique de l’Europe, et rejette de fait, tout comme son homologue allemand, tout pas décisif en vue d’une Europe fédérale. C’est d’ailleurs l’une des raisons principales de l’échec des différents sommets dits « de la dernière chance ». Sa défense de l’euro s’inscrit ainsi dans la stricte défense des intérêts nationaux. François Hollande de la même manière voit le problème d’un point de vue francocentré. Il est donc bien clair que nous avons affaire en l’occurrence à des euro-réalistes mais certainement pas à des fédéralistes. Il est donc particulièrement aberrant de lire les déclarations de Marine Le Pen à propos de ses deux adversaires principaux. Hollande est ainsi qualifié d’ « extrémiste du fédéralisme européen », souhaitant « remplacer le super-européisme [de Sarkozy] par l’ultra-européisme ». De la même façon, Marine Le Pen est en croisade contre « l’empire européiste », adepte qu’elle est d’une France seule. Malgré son hostilité permanente à l’Europe, il est des souverainistes comme Laurent de Boissieu qui la trouve encore trop pro-européenne. Sous prétexte qu’elle a affirmé que malgré son hostilité à l’Union Européenne « l’Europe est une civilisation » et affirmé que « nous sommes des européens », il n’en fallait pas plus pour qu’elle soit accusée de racialisme. En termes clairs, s’affirmer en tant qu’européen renverrait aux pages les plus sombres de notre histoire.

Dans le même temps, Nicolas Dupont-Aignan, dont les propos sont rapportés par un article du Monde de ce jour, relayés par Pierre Jaxel-Truer, dénonce un « pétainisme ambiant » avant de prôner l’émergence d’un « droite nationale et sociale». Il se présente par ailleurs comme la synthèse d’Arnaud Montebourg et de Marine Le Pen, tout comme cette dernière se réclame du dirigeant socialiste lorsqu’elle prône à son tour la démondialisation, donc unissant elle aussi le « national » et le « social » dans une synthèse qui n’a rien d’originale.

Enfin, François Bayrou, dans son tropisme présidentiel, ne se réclame plus du tout de l’Europe. Le voilà qui, comme un communiste du début des années 80, prône le « achetez français ». On pourrait lui faire remarquer que dans beaucoup de domaines, il est difficile d’acheter français, qu’en outre beaucoup d’entreprises dites françaises réunissent des capitaux et des actionnaires du monde entier. Nicolas Sarkozy a repris au vol cette remarque mais en la nuançant en « acheter ce qui est produit en France ». Personne n’a eu l’idée, malheureusement, de leur opposer un « achetons européen ». Les sondages favorables à Marine Le Pen, certains la plaçant à 20% des voix, attisent les déclarations eurosceptiques de toutes natures, même chez ceux qu’on croyait être pro-européens et qui désormais cachent à peine leur europhobie.

Or cette dialectique est profondément malhonnête et une politique de cette nature ne permettrait nullement de résoudre les problèmes dont souffrent désormais de nombreux compatriotes européens, en Grèce, en Irlande, en Espagne en Italie, au Portugal mais aussi en France, au Royaume-Uni et aussi, on l’oublie trop souvent, en Allemagne. Ce n’est pas un problème de fédéralisme européen mais bien de son absence. On constate d’ailleurs amèrement que Sarkozy et Merkel ne sont pas les responsables politiques adaptés à la situation.

Il est vrai que le libéralisme économique affiché par les institutions européennes contribue grandement à l’image délétère dont jouit l’Union Européenne au sein de l’électorat le plus populaire. Certains libéraux pourraient toutefois à juste titre dénoncer les blocages étatistes excessifs, l’imposition abusive dont sont victimes les citoyens européens. J’aurais tendance à penser que nous sommes à la fois confrontés aux mauvais aspects conjugués du libéralisme et de l’étatisme.

Le mythe de la monnaie salvatrice a encore la vie dure alors que l’€ n’a jamais été présenté comme une panacée. Certes, la démarche allemande d’une BCE indépendante et de la lutte contre l’inflation, n’est pas adaptée et il est évident que la Banque Centrale devrait prendre ses responsabilités en la matière. La situation ne doit donc pas être si désespérée pour que nos dirigeants puissent perdre leur temps en palabres au lieu d’agir. Face au libéralisme outrancier et au souverainisme exacerbé, il y a place pour un socialisme européen responsable. Mais ce n’est ni le PS ni la SPD, pas plus que le Labour d’ailleurs, qui peuvent en être les moteurs, en raison de leur dérive libertaire associée à leur ralliement de fait au mondialisme économique. Face à la droite nationaliste, qui n’hésite plus à se prétendre « socialiste », mais qui enferme les européens dans des cellules nationales improductives, au lieu de les protéger, face à la « gauche » mondialiste et à la droite impuissante, la synthèse d’un sain européisme et d’un socialisme moderne est plus que jamais nécessaire. Si on veut éviter des synthèses « sociales-nationales » qui ne feront qu’accentuer le déclin dramatique de l’Europe, il faut leur opposer un euro-socialisme de renaissance.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

11/12/2011

Présidentielles 2012: une multitude de candidats

sarkozy,hollande,le pen,villepin,morin,bayrou,poutou,lang,chevènement,boutin,lepage,arthaud,mélenchon,joly,dupont-aignan,asselineau,stoquerIl n’y a rien de mieux pour créer des enjeux artificiels qu’une élection présidentielle française. A l’origine, création du général De Gaulle pour lui-même, et surtout pour se libérer de la tutelle de l’assemblée et du sénat, héritiers de la quatrième république, cette élection a changé de sens avec l’instauration du quinquennat, créant un régime présidentiel. Cette simple constatation attise les appétits des dirigeants des nombreuses structures politiques, grands partis mais aussi petites formations spécifiques. En fait, avec l’élection de Nicolas Sarkozy, beaucoup d’électeurs ont compris que les annonces présidentielles n’avaient aucune prise sur le réel.

Avec la mondialisation économique, avec les traités et conventions internationaux, avec les règles de l’Union Européenne, avec un droit constitutionnel devenu de plus en plus démophobe, et dont le conseil constitutionnel est désormais un gardien sourcilleux, ce qu’il n’était pas du temps de De Gaulle, enfin avec le poids de plus en plus important des media et des lobbies communautaires, le pouvoir réel d’un président de la république française est nul. C’est ce que Sarkozy a pu constater, et on le voit déçu par une fonction dont il attendait beaucoup mais qui ne correspond pas du tout à l’image qu’il avait pu en avoir.

Légitimer une élection en s’y présentant alors qu’on sait que le véritable pouvoir n’en provient plus, c’est mentir au peuple, c’est lui faire croire qu’on peut lui proposer des solutions pour résoudre ses problèmes alors qu’on sait pertinemment ne pas pouvoir, une fois élu, les mettre en œuvre. Sarkozy a suscité beaucoup d’espoir et le rejet dont il est l’objet est à la hauteur de ces espoirs déçus. Mais ses adversaires auraient ils pu faire mieux ? Le PS, qui n’a pas moins démissionné que l’UMP face à la réalité du pouvoir, sait au moins détourner l’attention vers des mesures démagogiques destinées à une petite partie de la population. Il a renoncé au socialisme au profit du libéralisme économique mais donne l’illusion d’être encore une formation « progressiste » en cédant à la mode sociétale gauchiste qui plaît tant à une partie de la bourgeoisie.

Désormais, la liste des candidats aux élections présidentielles ne cesse de s’accroître. Si Borloo a jeté l’éponge, c’est aussi le cas du candidat du Bloc Identitaire qui a avec raison renoncé, son objectif étant de faire connaître sa formation politique et non de réellement se présenter. La « gauche » est pour le moment la plus raisonnable, avec deux candidats de l’extrême-gauche (Arthaud et Poutou), inconnus du grand public à la différence de leurs prédécesseurs (Laguiller et Besancenot), qui arriveront réunis, péniblement, à 1% des voix, un candidat rassemblant les communistes et l’aile la plus à gauche du PS (Jean-Luc Mélenchon), une candidate écologiste de « gauche » (Eva Joly) et le candidat du PS (François Hollande). A cette liste se rajoute le souverainiste de « gauche » Jean-Pierre Chevènement. Ces six candidats de gauche, mais dont on peut penser qu’ils ne seront que cinq réellement candidats, car l’annonce de Chevènement apparaît pour le moment comme un moyen de pression sur Hollande, s’opposent à de nombreux candidats de droite.

On s’attendait au renoncement de Dominique de Villepin et celui-ci se porte finalement candidat aujourd’hui, tout comme François Bayrou, dont la candidature était prévisible, et même Hervé Morin entend se présenter, sans oublier l’écologiste du centre Corinne Lepage. La droite conservatrice et/ou souverainiste propose elle aussi plusieurs candidats – Nicolas Stoquer pour le RPF, François Asselineau pour l’UPR (qui souhaite que la France quitte l’Union Européenne), Nicolas Dupont-Aignan pour DLR, Christine Boutin pour le PCD (chrétien-démocrate) et Frédéric Nihous pour CPNT (chasseurs). Nicolas Sarkozy est donc confronté à une multiplicité de candidatures gênantes, même si leur nocivité est limitée par leur extrême marginalité politique, à l’exception de Bayrou, dont le plus récent sondage annonce un score, sans doute très surévalué, de 13%. Enfin, l’extrême-droite présentera deux candidats, à savoir Marine Le Pen pour le FN et Carl Lang pour l’UDN (« Union de la droite nationale », coalition nationaliste hétéroclite fondée sur un commun rejet de la personne de Marine Le Pen).

La règle mise en place par Valéry Giscard d’Estaing exigeant pour un candidat aux élections présidentielles de réunir 500 signatures/parrainages d’élus a ainsi tout son sens. En effet, être candidat devient une mode, alors même que l’on n’a rien à dire, une façon d’exister alors qu’on est ignoré tout le reste du temps. Ce n’est pas respectueux des électeurs, ce n’est pas non plus respectueux des institutions. Qui plus est l’élection est jouée d’avance, entre deux ou trois candidats, le candidat du FN servant à faire élire son adversaire s’il parvient au second tour. Les chances de Bayrou toutefois paraissent minces et il est peu probable même qu’il réalise un aussi bon score qu’en 2007. En outre, ces élections présidentielles mettent en avant le principe fort peu républicain de l’homme providentiel, ce qui amène certains candidats à se présenter avec une grande régularité tous les cinq ans. Jean-Marie Le Pen a ainsi été candidat à cinq reprises (six si on compte son échec à obtenir les 500 signatures en 1981) et Arlette Laguiller à six reprises. Ce sera enfin la quatrième candidature de François Bayrou.

Je tiens à le préciser, mais vous l'avez deviné, je ne serai pas candidat aux élections présidentielles. Je laisse à d'autres le soin de s'y ridiculiser, en la présence la grande majorité des candidats que je viens brièvement de présenter. Ma position pour le premier tour des élections présidentielles sera donc, je l'annonce dès maintenant, le vote blanc. Quant au second tour, nous verrons bien qui aura présenté le programme le moins nocif des deux finalistes, car nous n'attendons du résultat de ces élections aucune bonne nouvelle.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

01/01/2011

L'avenir de l'€uro, 2ème partie

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Quelles sont les motivations réelles des détracteurs de l’Euro.

Compte tenu de ce qui vient d’être dit, on comprend mal qu’un dirigeant politique français puisse chercher à nous séduire en nous faisant miroiter le retour au Franc comme solution à nos problèmes. Essayons, malgré tout, de chercher des explications. Nous allons voir que l’Euro, qui n’est absolument jamais en cause dans nos difficultés, est simplement pris comme bouc émissaire. Si l’idée a du succès, c’est bien parce qu’elle rencontre un écho dans l’opinion. Alors lequel est-il ?

D’abord il y a un fait indéniable. Nos difficultés sont liées à la mondialisation, une mondialisation sauvage à laquelle nous ne nous sommes pas préparés et qui ne peut viser, in fine, qu’à une sorte d’uniformisation tirant vers le bas ceux qui sont aujourd’hui les mieux placés. Il est également vrai que l’Union européenne est l’intermédiaire de cette mondialisation. Cependant il faut tout de suite ajouter ceci. Un état comme la France, s’il était seul face au reste du monde, ne pourrait que subir la mondialisation. Il ne pourrait pas s’isoler dans ses frontières, fermant la porte au transit, fermant ses ports aux marchandises, sauf à finir étouffé, perdant ses capitaux et ses cerveaux. Il ne pourrait pas non plus peser sur les règles de l’OMC. Nous serions, au mieux, dans la situation que nous connaissons avec l’Union. Ce que l’on peut reprocher justement à l’Europe, c’est de ne pas faire mieux que des états isolés alors qu’elle le pourrait si les citoyens de ses états membres voulaient bien bâtir une République unitaire comme celle qui est voulue par le PSUNE.

Le rejet confus de la mondialisation est reporté d’abord sur l’Europe, assimilée à tort à l’actuelle Union, puis à l’Euro, qui en est le seul symbole visible, tant la convergence entre pays européens est lente à se mettre en place, quand la divergence ne se creuse pas. Tout cela est tellement facile. N’est-il pas vrai Monsieur Mélenchon, depuis que vous avez jeté aux orties vos convictions européennes pour plaire à un hypothétique électorat, Madame Le Pen, qui avez trouvé une manière bien commode de vous démarquer d’un concurrent interne, Monsieur Dupont-Aignan, qui ne savez rien trouver d’autre à dire ?

Ensuite il y a un élément tout à fait irrationnel, mais très important. C’est un mélange de nostalgie, comme chez ceux qui à l’instar de Madame Garaud ne savent que parler de la grandeur de la France, et de patriotisme tiers-mondiste, comme chez ceux qui veulent rapprocher sentimentalement la France de ses anciennes colonies, qui résument la dernière guerre à la libération de la France par l’Afrique, qui ressuscitent une arrogance allemande supposée, qui ne jurent que par Chavez, qui se gargarisent de mondialisme alternatif etc. Cela fait beaucoup de monde : des gaullistes qui se prétendent historiques, de faux socialistes qui jettent aux haillons nos traditions et notre culture, des gens de la nouvelle gauche, des écologistes peu soucieux d’environnement … jusqu’à la nouvelle extrême droite de Madame Le Pen.

Il y a sans doute encore quelques raisons de la défiance envers l’Euro. C’est la mauvaise humeur des Français. Une mauvaise humeur qui a tout un tas de causes, mais qu'on n’arrive pas à éliminer. Notamment parce que les règles du politiquement correct interdisent de la diagnostiquer ouvertement.

Aujourd’hui il reste ainsi interdit de faire le bilan d’une immigration incontrôlée, qui réussit le paradoxe d’avoir été d’abord imposée par les grands patrons pour être ensuite sacralisée par ceux qui se prétendent de gauche. On ne peut pas la contester ; alors on s’attaque à la mondialisation en général, donc à l’Union européenne qui la défend au nom de l’idéologie du libre échange, puis à l’Euro qui en est le symbole. Qu’a-t-on retenu, par exemple, de l’affaire des Roms ? Que c’est l’Europe, par l’intermédiaire d’une commissaire zélée, qui se permet de donner des leçons à la France. Alors que notre pays avait bel et bien signé des conventions le ligotant sans y être contraint.

Mélenchon, en bon conformiste de gauche, ne peut pas se plaindre de l’immigration, il la chérit tout au contraire. Aussi s’attaque-t-il avec véhémence à l’Europe et à l’Euro. De son côté Dupont-Aignan, pour ne pas être confondu avec le Front national, fait comme lui. Cependant Marine Le Pen elle-même, peut-être bercée par l’illusion d’échapper à la diabolisation, met aussi l’accent sur la sortie de l’Euro.

Prenons le recul de l’âge du départ à la retraite. Qu’a-t-on retenu chez ceux qui s’y sont opposés ? Que la mesure avait été prise pour deux raisons principales : parce qu’il fallait donner un signe positif aux agences américaines de notation et parce qu’il fallait faire comme nos voisins européens. On retrouve ainsi à la fois la mondialisation et l’Europe. C’est donc, une fois de plus, la faute de l’Euro, bien évidemment. Très naturellement, Madame Le Pen et Monsieur Mélenchon sont sur la même ligne.

On a ainsi réussi l’exploit de faire manifester des jeunes alors que la mesure était justement faite pour eux. Il est vrai que ces jeunes étaient les enfants d’enseignants et de syndicalistes. Ils n’étaient pas représentatifs d’une jeunesse française qui n’est pas la leur et qu’on n’a pas beaucoup vu dans l’affaire des retraites.

Ainsi attaque-t-on l’Euro pour attaquer les instances de l’Union et, par delà, la mondialisation. On oublie deux évidences. Les pays isolés ne peuvent rien face à la crise. l’Europe pourrait mais, telle qu’elle est organisée aujourd’hui et telle que les nations qui la composent lui ont donné vocation, elle ne veut pas. C’est cela qu’il faut changer, en suivant la ligne initiée par le PSUNE. En attendant, la mauvaise foi a encore de beaux jours devant elle en politique.

Peter Eisner (PSUNE/LBTF)