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01/01/2011

L'avenir de l'€uro, 2ème partie

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Quelles sont les motivations réelles des détracteurs de l’Euro.

Compte tenu de ce qui vient d’être dit, on comprend mal qu’un dirigeant politique français puisse chercher à nous séduire en nous faisant miroiter le retour au Franc comme solution à nos problèmes. Essayons, malgré tout, de chercher des explications. Nous allons voir que l’Euro, qui n’est absolument jamais en cause dans nos difficultés, est simplement pris comme bouc émissaire. Si l’idée a du succès, c’est bien parce qu’elle rencontre un écho dans l’opinion. Alors lequel est-il ?

D’abord il y a un fait indéniable. Nos difficultés sont liées à la mondialisation, une mondialisation sauvage à laquelle nous ne nous sommes pas préparés et qui ne peut viser, in fine, qu’à une sorte d’uniformisation tirant vers le bas ceux qui sont aujourd’hui les mieux placés. Il est également vrai que l’Union européenne est l’intermédiaire de cette mondialisation. Cependant il faut tout de suite ajouter ceci. Un état comme la France, s’il était seul face au reste du monde, ne pourrait que subir la mondialisation. Il ne pourrait pas s’isoler dans ses frontières, fermant la porte au transit, fermant ses ports aux marchandises, sauf à finir étouffé, perdant ses capitaux et ses cerveaux. Il ne pourrait pas non plus peser sur les règles de l’OMC. Nous serions, au mieux, dans la situation que nous connaissons avec l’Union. Ce que l’on peut reprocher justement à l’Europe, c’est de ne pas faire mieux que des états isolés alors qu’elle le pourrait si les citoyens de ses états membres voulaient bien bâtir une République unitaire comme celle qui est voulue par le PSUNE.

Le rejet confus de la mondialisation est reporté d’abord sur l’Europe, assimilée à tort à l’actuelle Union, puis à l’Euro, qui en est le seul symbole visible, tant la convergence entre pays européens est lente à se mettre en place, quand la divergence ne se creuse pas. Tout cela est tellement facile. N’est-il pas vrai Monsieur Mélenchon, depuis que vous avez jeté aux orties vos convictions européennes pour plaire à un hypothétique électorat, Madame Le Pen, qui avez trouvé une manière bien commode de vous démarquer d’un concurrent interne, Monsieur Dupont-Aignan, qui ne savez rien trouver d’autre à dire ?

Ensuite il y a un élément tout à fait irrationnel, mais très important. C’est un mélange de nostalgie, comme chez ceux qui à l’instar de Madame Garaud ne savent que parler de la grandeur de la France, et de patriotisme tiers-mondiste, comme chez ceux qui veulent rapprocher sentimentalement la France de ses anciennes colonies, qui résument la dernière guerre à la libération de la France par l’Afrique, qui ressuscitent une arrogance allemande supposée, qui ne jurent que par Chavez, qui se gargarisent de mondialisme alternatif etc. Cela fait beaucoup de monde : des gaullistes qui se prétendent historiques, de faux socialistes qui jettent aux haillons nos traditions et notre culture, des gens de la nouvelle gauche, des écologistes peu soucieux d’environnement … jusqu’à la nouvelle extrême droite de Madame Le Pen.

Il y a sans doute encore quelques raisons de la défiance envers l’Euro. C’est la mauvaise humeur des Français. Une mauvaise humeur qui a tout un tas de causes, mais qu'on n’arrive pas à éliminer. Notamment parce que les règles du politiquement correct interdisent de la diagnostiquer ouvertement.

Aujourd’hui il reste ainsi interdit de faire le bilan d’une immigration incontrôlée, qui réussit le paradoxe d’avoir été d’abord imposée par les grands patrons pour être ensuite sacralisée par ceux qui se prétendent de gauche. On ne peut pas la contester ; alors on s’attaque à la mondialisation en général, donc à l’Union européenne qui la défend au nom de l’idéologie du libre échange, puis à l’Euro qui en est le symbole. Qu’a-t-on retenu, par exemple, de l’affaire des Roms ? Que c’est l’Europe, par l’intermédiaire d’une commissaire zélée, qui se permet de donner des leçons à la France. Alors que notre pays avait bel et bien signé des conventions le ligotant sans y être contraint.

Mélenchon, en bon conformiste de gauche, ne peut pas se plaindre de l’immigration, il la chérit tout au contraire. Aussi s’attaque-t-il avec véhémence à l’Europe et à l’Euro. De son côté Dupont-Aignan, pour ne pas être confondu avec le Front national, fait comme lui. Cependant Marine Le Pen elle-même, peut-être bercée par l’illusion d’échapper à la diabolisation, met aussi l’accent sur la sortie de l’Euro.

Prenons le recul de l’âge du départ à la retraite. Qu’a-t-on retenu chez ceux qui s’y sont opposés ? Que la mesure avait été prise pour deux raisons principales : parce qu’il fallait donner un signe positif aux agences américaines de notation et parce qu’il fallait faire comme nos voisins européens. On retrouve ainsi à la fois la mondialisation et l’Europe. C’est donc, une fois de plus, la faute de l’Euro, bien évidemment. Très naturellement, Madame Le Pen et Monsieur Mélenchon sont sur la même ligne.

On a ainsi réussi l’exploit de faire manifester des jeunes alors que la mesure était justement faite pour eux. Il est vrai que ces jeunes étaient les enfants d’enseignants et de syndicalistes. Ils n’étaient pas représentatifs d’une jeunesse française qui n’est pas la leur et qu’on n’a pas beaucoup vu dans l’affaire des retraites.

Ainsi attaque-t-on l’Euro pour attaquer les instances de l’Union et, par delà, la mondialisation. On oublie deux évidences. Les pays isolés ne peuvent rien face à la crise. l’Europe pourrait mais, telle qu’elle est organisée aujourd’hui et telle que les nations qui la composent lui ont donné vocation, elle ne veut pas. C’est cela qu’il faut changer, en suivant la ligne initiée par le PSUNE. En attendant, la mauvaise foi a encore de beaux jours devant elle en politique.

Peter Eisner (PSUNE/LBTF) 

L'avenir de l'€uro, 1ère partie

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Au moment où tout le monde politique ou presque semble attaquer l’Euro et où certains prédisent son explosion, il est utile d’examiner de façon aussi sereine que possible l’avenir de cette monnaie.

La fin de l’Euro a été envisagée par beaucoup d’économistes et toujours décrite comme une catastrophe. Le précédent de l’Argentine qui a rompu le lien de sa monnaie avec le peso et le dollar, pour connaître une chute brutale du PIB et une envolée du chômage et de l’inflation, leur a servi de modèle. Nous n’allons pas reprendre leurs calculs, souvent bien trop précis, pour nous concentrer sur les ressorts économiques et sur les motivations politiques.

Pourquoi la France ne peut-elle pas quitter la zone Euro.

D’abord quel reproche fait-on à l’Euro ? Principalement de ne pas être soumis au contrôle du politique. Il est vrai que si l’Euro était la monnaie nationale d’une Europe politique, celle de la République européenne que le PSUNE veut promouvoir, l’Euro serait au service de la politique plutôt que d’en être un régulateur indépendant. Evidemment aucun des détracteurs de l’Euro n’a envisagé cette option. Aussi resterons-nous dans le cadre de l’actuelle Union. Même dans cette hypothèse, à y regarder de plus près, la critique n’a pas de réel fondement.

D’abord la monnaie européenne n’est pas si indépendante qu’elle le prétend ou que les Allemands le souhaiteraient peut-être. En effet la valorisation de l’Euro est fortement dépendante de la confiance qui est accordée aux politiques des Etats de la zone, dans une sorte de moyenne. Ainsi le fort endettement de certains pays fait-il contrepoids à l’orthodoxie budgétaire allemande. D’ailleurs les économistes ont prévu que des bruits persistants d’abandon de l’Euro pourraient faire tomber cette monnaie à 0,85 dollars, une part des conséquences catastrophiques apparaissant avant même cet abandon.

Finalement tout se passe un peu comme si l’Euro était soumis à une orientation indécise du genre de celle dont la France sait donner des exemples. C’est une monnaie molle pour une politique molle. Ce n’est pas le fer de lance d’une République européenne agressive. Mais cela ne nous change pas beaucoup du Franc français. Avec, malgré tout, un immense avantage. L’Euro hérite, d’un côté, de la crédibilité du Deutsche Mark et, de l’autre depuis la crise, d’une valorisation raisonnable qui ne pénalise pas les exportations tout en limitant le coût de l’énergie importée.

Ensuite que pourrait faire la France d’une monnaie nationale, si elle devait quitter demain la zone Euro ? Mener une politique monétaire indépendante au bénéfice de notre industrie et de nos emplois ? Malheureusement il faut comprendre que ce qui était encore possible il y a quelques décennies ne l’est plus aujourd’hui. Il n’existe en effet plus d’industrie française orientée vers l’exportation. Nous construisons encore des avions, mais en coopération européenne, et des voitures, sachant cependant que les automobiles des groupes français sont, de plus en plus, construites en Europe centrale ou au Japon, que l’acier et bien des accessoires viennent d’ailleurs. Ce ne sont pas quelques TGV, pour la vente desquels France et Allemagne s’entredéchirent, ni quelques navires, pour la construction desquels on importe la main d’œuvre, qui feront oublier la disparition de la petite industrie mécanique et surtout de toute l’électronique.

Par conséquent il ne servirait à rien de dévaluer. Sauf à diviser par cinq ou dix la valeur de notre monnaie, nous ne serions pas compétitifs par un simple effet mécanique. C’est le savoir-faire qui procure la compétitivité à l’exportation. Or, contrairement à l’Allemagne, La France a presque complètement perdu le sien.

On entend partout parler en France de processus de réindustrialisation. Malheureusement il manque à ce pays à la fois les capitaux pour investir et les personnes instruites et qualifiées pour intervenir à chacun des niveaux, pour entreprendre notamment. Là où la France ne peut qu’échouer, une République européenne à la mode du PSUNE, allant de l’Islande à la Russie mais sans la Turquie, pourrait réussir. Bénéficiant d’un vaste marché intérieur et de ressources énergétiques, elle serait en position de force pour imposer une sortie de crise conforme à ses intérêts, pour redéfinir les règles des échanges internationaux à son avantage. Elle pourrait se lancer dans un vaste programme d’instruction et de qualification et développer des industries de pointe.

Cela étant, le décrochement d’un Franc par rapport à l’Euro dont il serait sorti n’aurait pas besoin d’être provoqué. La perte de confiance envers le pays qui aurait commis une telle sottise agira toute seule. D’une part la dette, en Euros ou en dollars, se trouvera gonflée par la dévaluation, d’autre part la perte de la notation par un triple A augmentera le coût du remboursement de ladite dette. Soyons plus clairs. Une dévaluation de 30% transformerait une dette de 100 Euros en une dette de 141 Francs. A supposer que l’on puisse juguler l’inflation, faute de quoi la dévaluation serait gommée, que les salaires et les impôts prennent en Francs l’exacte valeur qu’ils avaient en Euros, il en sera de même du PIB. Le pourcentage de la dette dans le PIB augmentera de 41%. En même temps les taux d’intérêt passeront, par exemple, de 3% à 5%. Le poids du remboursement augmentera alors de 135%.

Les deux effets se cumulant comme on l’a vu et l’inflation ne pouvant être maîtrisée, la France entrera dans une spirale infernale du genre de celle qu’a subie la Grèce. Encore cette dernière continue-t-elle d’être aidée par ses voisins. Il ne restera plus à la France que la perspective de rejoindre les pays du tiers-monde, ce que certains semblent d’ailleurs souhaiter.

Pourquoi l’avenir de l’Euro ne doit-il pas être menacé.

La France n’a donc absolument aucun intérêt à quitter la zone Euro. Elle doit même faire tout son possible pour y rester. Sur ce point Sarkozy a raison ; du moins au niveau de son discours. Cependant cela vaut aussi pour les autres pays de la zone, qu’ils soient, sur le plan budgétaire, parmi les plus ou les moins vertueux. Autrement dit la survie de l’Euro est vitale pour tous.

Nous n’allons pas insister sur le cas des pays qui sont actuellement en difficulté. Tout ce qui a été dit pour la France s’applique à eux bien plus encore. Comment la Grèce rembourserait-elle sa dette avec un Drachme dévalué et les intérêts exorbitants que lui imposeraient les agences de notation ? Au moins, avec l’Euro, ces pays ont-ils pu bénéficier des mesures prises par leurs grands voisins européens pour leur éviter la faillite. Cette solidarité était, bien sûr, très égoïste. Les banques de ces grands pays étaient en effet fort exposées. Aussi la pérennité de l’appartenance à la zone est-elle pratiquement garantie aux pays qui ne prendraient pas, d’eux-mêmes, une décision contraire. On peut juste regretter que les sanctions imposées par l’Union européenne, représentant égoïstement des nations comme aujourd’hui, soient trop lourdes, qu’elles obèrent les chances de redressement avec, au final, un risque pour tous.

Regardons maintenant du côté de la vertueuse Allemagne. Les sondages récents ont montré qu’une majorité de citoyens était aujourd’hui favorable au retour du Mark. Les autorités du pays pourront certainement s’en servir d’argument pour imposer leurs vues à celles de leurs voisins. Mais aucun dirigeant ne prendra le risque de faire partir l’Allemagne de la zone Euro. Madame Merkel a été claire là-dessus. L’effet sur des pays comme la France serait exactement celui que nous avons envisagé précédemment. Or personne n’a intérêt à mettre en difficulté ses clients. Si l’industrie allemande perdait ses clients européens, elle n’y survivrait pas. D’autant plus que l’exportation vers les pays européens se fait dans le cadre d’une concurrence classique. L’exportation vers les pays émergents est de plus en plus accompagnée de transferts de technologie. Elle est donc fragile, en partie illusoire et surtout condamnée à terme, ce qu’on oublie trop souvent.

D’ailleurs la fin de l’Euro affecterait aussi les Etats-Unis et la Chine. Aussi personne n’a vraiment intérêt à attaquer cette monnaie, à l’exception de nihilistes qui prépareraient une crise sans commune mesure avec celle que nous avons connue du fait des égarements de la finance américaine. D’ailleurs ceux, parmi les politiciens français, qui prônent la sortie de l’Euro n’ont aucune chance d’accéder au pouvoir ou savent très bien qu’ils ne tiendront pas leurs promesses s’ils y accèdent.