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28/05/2012

Sauvons l’Hellade ou Thermopylae 2012.

mercury.jpgLa Grèce doit-elle se retrouver seule et démunie face à cet empire menaçant qui est la finance internationale, face à une agression économique dont les Etats-Unis d’Amérique sont, par le biais des agences internationales, c’est-à-dire américaines, de notation, qui font depuis des mois la pluie et le beau temps, le chef d’orchestre, afin de fragiliser l’Europe toute entière en s’en prenant à ses maillons les plus faibles (Irlande, Grèce et Portugal) ? L’Union Européenne doit-elle s’attendre à connaître le sort de la petite bien que courageuse Islande ? La question dépasse et de loin le seul € puisque le Royaume-Uni a annoncé il y a quelques jours qu’il était à nouveau en récession. La crise des dettes souveraines, qui se résume en fait aux dettes contractées par les Etats européens auprès de puissances extra-européennes, Chine en tête, est cependant en train de déstabiliser l’économie de la zone € et par extension de l’Europe toute entière. L’ancien président Boris Tadic paye ainsi un bilan économique désastreux, qui n’a pas pu être compensé par la promesse d’une adhésion future à l’Union Européenne, au profit de son éternel adversaire, le post-nationaliste Tomislav Nikolic. Et de même, tous les gouvernements sortants sont les uns après les autres sanctionnés. La défaite de Nicolas Sarkozy en France, les sondages médiocres en faveur des conservateurs britanniques ou la coalition CDU/CSU/FDP outre-rhin, l’illustrent remarquablement.

De nombreux dirigeants, dont le nouveau président François Hollande, ont dû reconnaître que des plans d’exclusion de la Grèce de la zone euro étaient à l’étude. Cette perspective, contraire d’ailleurs aux traités communautaires en exercice qui ne prévoient pas de retrait forcé de cette zone, déclencherait de toute évidence un effet domino, le Portugal et l’Espagne étant alors immédiatement attaqués à leur tour. L’euro n’y survivrait pas et probablement ce semblant d’Europe politique en gestation qu’on appelle Union Européenne. Les souverainistes, ennemis de toute Europe politique, pourraient se réjouir d’une telle perspective, même si le coût humain pour les européens serait terrible, ce qui prouve bien qu’aux yeux des souverainistes, le sort de leur peuple n’est pas important par rapport à leurs lubies nationalitaires, meilleures alliées des USA. Un véritable européen, attaché à défendre les intérêts de son peuple, même celui opposé à l’origine à la mise en place de l’€ en l’absence d’Europe politique, devrait naturellement prendre la défense de l’euro contre cette agression dissimulée contre les Européens.

Les véritables européistes que nous sommes, à rebours des égoïsmes nationaux stériles, mais aussi des délires mondialistes dont Mme Lagarde nous a donnés ce week-end quelques exemples, ne peuvent que prendre la défense de la Grèce, et telle l’alliance antique entre Sparte et Athènes contre les appétits du grand roi, exprimer leur solidarité de combat à l’égard de ces Européens que le serpent financier veut prendre à la gorge. Bien sûr, les dirigeants grecs, PASOK ou ND, ont menti aussi bien à leur peuple qu’à leurs partenaires européens, même si ces derniers le savaient pertinemment et ont laissé faire, mais ce n’est pas une raison pour que les Grecs subissent une régression sociale dans tous les domaines comme aujourd’hui. Certes l’aide venant des autres Européens doit être conditionnée à des réformes structurelles en profondeur, mais par une mise en place progressive, équitable et humaine. Et on voit bien que l’Etat grec en est incapable.

Il faudrait donc clairement le mettre sous tutelle, mettant fin à sa souveraineté nationale, sans pour autant remettre en cause les principes de la démocratie. Il n’y a qu’une seule possibilité de le faire, c’est que rapidement se crée un Etat européen, mettant la dette vis-à-vis des pays extra-européens en commun afin de la renégocier au plus haut niveau et un principe de convergence en matière de dépenses publiques. Il serait par exemple interdit d’embaucher de nouveaux fonctionnaires, exit alors le projet d’Hollande de recruter 60.000 enseignants supplémentaires, de financer l’immigration clandestine par des aides sociales, et de mettre fin à différentes situations d’assistanat abusif, particulièrement intolérable en période de crise. Dans le cas grec, il n’est pas normal, et sur ce point Jean-Luc Mélenchon a raison, que les armateurs grecs et l’église orthodoxe ne contribuent pas de manière significative à renflouer les caisses de l’Etat, plutôt que ne faire porter les efforts que sur l’homme du peuple (uomo qualunque en italien), au prix d’insupportables sacrifices.

Lorsque Wolfgang Schaüble propose l’élection d’un président européen au suffrage universel, proposition qui était celle de François Bayrou lors des élections présidentielles, nous lui rétorquerons qu’un président sans pouvoir, même élu au suffrage universel, n’est qu’un pantin, et qu’il faut bâtir une véritable Europe politique, qui ne se limitera pas à un président, mais qui aura l’ensemble des pouvoirs et des caractéristiques d’un Etat souverain. Cela veut dire assemblée européenne, cela veut dire armée européenne, cela veut dire budget européen. Et c’est ainsi que nous sauverons la Grèce et que nous sauverons l’Europe.

Au cœur de ce désastre, et de ce drame humain, les déclarations récentes de Mme Lagarde ont mis de l’huile sur le feu, alors que les Grecs vont voter à nouveau le 17 juin. Et pourtant, Mélenchon et Tsirpas n’ont aucune raison de la critiquer, puisqu’elle n’a fait qu’énoncer à haute voix l’idéologie mondialiste. Et selon cette dernière, indéniablement, le sort des enfants grecs est meilleur que celui des enfants nigériens. Ce n’est donc pas Christine Lagarde qu’il faut critiquer, car elle sert un système dont elle n’est qu’une des représentantes, mais c’est sa fonction qu’il faut dénoncer, et c’est l’organisation qui l’emploie. Or Jean-Luc Mélenchon n’est-il pas un alter-mondialiste, c’est-à-dire un mondialiste, donc un partisan d’organisations internationales sans légitimité démocratique ? Et ne préfère-t-il pas le travailleur immigré clandestin à un ouvrier français et/ou européen qui aurait le tort de critiquer l’immigration ? Quant à François Bayrou, sa réaction est parfaitement légitime et adaptée à la situation, à savoir que ce n’est pas acceptable de s’attaquer à un peuple tout entier, première victime après tout de ses gouvernements. Et de toute façon, Christine Lagarde aurait dû faire passer les intérêts de l’Europe et des Européens avant toute chose. Un européiste authentique n’aurait de toute façon jamais accepté de faire partie d’une organisation europhobe par sa nature même.

Tout cela démontre qu’en définitive le salut de l’Europe passe notamment par la remise en question de l’existence même d’organisations comme le FMI. D’ailleurs, dans la crise grecque, il n’était pas acceptable que le FMI s’en mêle, le problème devant être traité et réglé entre européens. En revanche, quand la Russie manifeste son inquiétude, elle est dans son rôle, car elle exprime sa solidarité européenne naturelle. Il faudrait d’ailleurs l’associer aux travaux en vue de sauver l’euro et de remédier au drame hellène, alors qu’en revanche aucune leçon ne devrait être admise de la part du voisin atlantique qui, en matière de déficit public, est en situation bien plus problématique que la notre, mais qui bénéficie d’un poids diplomatique sans commune mesure d’avec celui d’une Europe apolitique divisée en 27 états souverains.

Bien sûr, Christine Lagarde a fait preuve en la matière d’incompétence, car son propos était inutilement vexatoire et qui plus est perturbant à quinze jours d’une élection législative cruciale en Grèce, et aussi de déloyauté vis-à-vis d’une Europe à laquelle elle doit tout, son corps et son âme, et aussi sa fonction actuelle. Elle préfère défendre l’idéologie mondialiste, dont sa fonction au FMI est le symbole, que sa patrie. Et c’est en ce sens et en ce sens seulement qu’elle devrait démissionner. Parce qu’un européen doit être au service de l’Europe et d’elle seule, et ne faire preuve d’aucune allégeance envers un « machin ».

Sauver la Grèce, et l’Europe avec elle, ce n’est certes pas mentir aux citoyens grecs en leur promettant des lendemains qui chantent, le beurre et l’argent du beurre, comme le fait Alexis Tsirpas en Grèce (Syriza), l’€ sans la rigueur, mais écouter leur souffrance et leur apporter de vraies solutions. Ce n’est possible que si l’Europe politique, l’Europe souveraine, voie enfin le jour, même si elle doit s’établir sur la disparition totale des souverainetés nationales et l’ostracisme de toute la classe politique « européenne » actuelle. Et par ailleurs, il est possible en Europe de réduire les dépenses budgétaires sans que cela ne porte préjudice au portefeuille des citoyens. Or les Etats dépensent l’argent public au service d’intérêts qui ne sont pas les nôtres. On demande aux Grecs de rembourser jusqu’au dernier euro, mais on annule les dettes colossales des pays africains et on vend des pans entiers de notre économie à la Chine ou au Qatar, ou on finance l’état palestinien à perte. L’argent des travailleurs européens ? Pour les Européens !

L’Europe politique devient de plus en plus urgente. Elle ne naîtra pas avec un Hollande ou une Merkel aux affaires. Et ce n’est pas la croissance artificielle par la consommation, relancée par de nouveaux déficits, ni la rigueur extrême prônée par la chancelière allemande, qui nous sortiront du gouffre.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

06/11/2011

Lettre ouverte à Eric Zemmour

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logo4c.pngCe 5 novembre, sur la chaîne I-télé, un nouveau « ça se dispute » oppose Eric Zemmour et Nicolas Domenach sur la façon dont l’Europe a traité « le peuple Grec ».

Au moins Zemmour est-il cohérent. Il ne croit pas à la notion de peuple européen. Il faut lui concéder que la construction européenne s’est faite, dès le départ, contre « les peuples » ; ces derniers étaient suspectés, non sans quelque raison, de vouloir se faire la guerre. La construction se fait toujours contre « les peuples ». D’ailleurs on présente l’échec éventuel du processus comme un risque de guerre. Pourtant, comme il l’affirme, ce n’est pas ce processus qui a apporté la paix. C’est la lassitude des vieilles nations, l’hégémonie américaine et bien d’autres raisons. Quand Charles De Gaulle a été accueilli par les Allemands, c’était bien une réconciliation des peuples.

Domenach campe sur une position qui se prétend plus européenne. En réalité, si l’on creuse un peu, on s’aperçoit qu’il se contente de manifester son politiquement correct hypocrite, en cette circonstance comme dans d’autres. Il comprend les Grecs qui voulaient un référendum et reconnait qu’on les aurait mal traités. Il en conclut qu’il faut davantage associer « les peuples » aux affaires européennes. Le point de départ est donc celui de Zemmour : il y a « des peuples ». Cependant il ne veut pas dire qu’il est pour les élites contre les peuples. Ou alors il assimile un peu vite au « peuple » un ensemble de manifestants, comme ceux qui ont défilé contre la réforme des retraites. Il peut donc faire l’hypothèse absurde que ceux qui détestent les peuples peuvent s’accorder avec ces mêmes peuples.

Pour le PSUNE, les choses sont claires. En Europe il y a un « peuple ». On n’a pas à consulter une région à part pour décider de l’avenir de la République européenne.

ERIC-ZEMMOUR.jpgMaintenant la question se pose de savoir de qui le PSUNE est le moins éloigné. La réponse est paradoxale : c’est de Zemmour. Car Zemmour est eurosceptique quand Domenach est europhobe. D’ailleurs lorsque Zemmour nous parle de notre culture, de nos mœurs, ses références sont européennes. Quand il explique que l’islam, tout respectable qu’il soit, n’est pas compatible avec notre culture démocratique, quand il cite Voltaire, et c’est au Voltaire européen qu’il pense. Les références de Domenach sont au contraire mondialistes, universelles. Parfois même d’esprit colonialiste, suprématiste ; il ne doute pas que l’islam se pliera à nos coutumes. Dans ces conditions, pourquoi Zemmour, qui pense culturellement en Européen, ne raisonne-t-il politiquement en Européen ? On a envie de lui dire : nous sommes tous Allemands, tous Grecs, voire tous Juifs européens. Ce discours heurterait certainement les mondialistes. Heurterait-il Zemmour ?

Il est vrai qu’à la sortie de la guerre, pour donner un exemple parmi d’autres, la germanophilie n’était pas très à la mode en France. On a souvent parlé de réconciliation, mais, en même temps, les élites et les médias ont beaucoup fait pour aiguiser les rivalités entre Européens. Le discours impérialiste français, la nostalgie de l’époque coloniale, ne sont pas l’apanage de l’extrême-droite. Il y a une responsabilité insoupçonnée des dirigeants de tous les pays du continent dans la persistance de ce scepticisme envers l’idée de nation européenne.

Peut-être Zemmour est-il simplement trop prudent. Peut-être se sent-il redevable envers une France qui l’a sorti d’un monde qui ne lui convenait pas. Sans doute s’est-il senti d’abord Français pour construire sa liberté. En quoi cela l’empêche-t-il de se sentir aujourd’hui Européen ? La France à laquelle il pense, celle qui est sortie du monde latino-celto-germanique, des invasions barbares, des lumières et des Etats généraux, n’a jamais été qu’une Europe en réduction, et ce n’est malheureusement plus celle d’aujourd’hui. S’il veut la retrouver, il ne peut le faire qu’avec l’Europe.
En attendant, il devrait avoir conscience qu’il fait le jeu du politiquement correct, des ennemis du peuple, quel que soit ce peuple. En entretenant l’idée que « les peuples européens » ne pourront rien construire ensemble parce qu’ils ne pourront pas se fondre en un seul peuple, comme leur nature devrait au contraire les y conduire, il apporte une pierre aux technocrates mondialistes.

Peter Eisner (PSUNE)

01/01/2011

L'avenir de l'€uro, 1ère partie

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Au moment où tout le monde politique ou presque semble attaquer l’Euro et où certains prédisent son explosion, il est utile d’examiner de façon aussi sereine que possible l’avenir de cette monnaie.

La fin de l’Euro a été envisagée par beaucoup d’économistes et toujours décrite comme une catastrophe. Le précédent de l’Argentine qui a rompu le lien de sa monnaie avec le peso et le dollar, pour connaître une chute brutale du PIB et une envolée du chômage et de l’inflation, leur a servi de modèle. Nous n’allons pas reprendre leurs calculs, souvent bien trop précis, pour nous concentrer sur les ressorts économiques et sur les motivations politiques.

Pourquoi la France ne peut-elle pas quitter la zone Euro.

D’abord quel reproche fait-on à l’Euro ? Principalement de ne pas être soumis au contrôle du politique. Il est vrai que si l’Euro était la monnaie nationale d’une Europe politique, celle de la République européenne que le PSUNE veut promouvoir, l’Euro serait au service de la politique plutôt que d’en être un régulateur indépendant. Evidemment aucun des détracteurs de l’Euro n’a envisagé cette option. Aussi resterons-nous dans le cadre de l’actuelle Union. Même dans cette hypothèse, à y regarder de plus près, la critique n’a pas de réel fondement.

D’abord la monnaie européenne n’est pas si indépendante qu’elle le prétend ou que les Allemands le souhaiteraient peut-être. En effet la valorisation de l’Euro est fortement dépendante de la confiance qui est accordée aux politiques des Etats de la zone, dans une sorte de moyenne. Ainsi le fort endettement de certains pays fait-il contrepoids à l’orthodoxie budgétaire allemande. D’ailleurs les économistes ont prévu que des bruits persistants d’abandon de l’Euro pourraient faire tomber cette monnaie à 0,85 dollars, une part des conséquences catastrophiques apparaissant avant même cet abandon.

Finalement tout se passe un peu comme si l’Euro était soumis à une orientation indécise du genre de celle dont la France sait donner des exemples. C’est une monnaie molle pour une politique molle. Ce n’est pas le fer de lance d’une République européenne agressive. Mais cela ne nous change pas beaucoup du Franc français. Avec, malgré tout, un immense avantage. L’Euro hérite, d’un côté, de la crédibilité du Deutsche Mark et, de l’autre depuis la crise, d’une valorisation raisonnable qui ne pénalise pas les exportations tout en limitant le coût de l’énergie importée.

Ensuite que pourrait faire la France d’une monnaie nationale, si elle devait quitter demain la zone Euro ? Mener une politique monétaire indépendante au bénéfice de notre industrie et de nos emplois ? Malheureusement il faut comprendre que ce qui était encore possible il y a quelques décennies ne l’est plus aujourd’hui. Il n’existe en effet plus d’industrie française orientée vers l’exportation. Nous construisons encore des avions, mais en coopération européenne, et des voitures, sachant cependant que les automobiles des groupes français sont, de plus en plus, construites en Europe centrale ou au Japon, que l’acier et bien des accessoires viennent d’ailleurs. Ce ne sont pas quelques TGV, pour la vente desquels France et Allemagne s’entredéchirent, ni quelques navires, pour la construction desquels on importe la main d’œuvre, qui feront oublier la disparition de la petite industrie mécanique et surtout de toute l’électronique.

Par conséquent il ne servirait à rien de dévaluer. Sauf à diviser par cinq ou dix la valeur de notre monnaie, nous ne serions pas compétitifs par un simple effet mécanique. C’est le savoir-faire qui procure la compétitivité à l’exportation. Or, contrairement à l’Allemagne, La France a presque complètement perdu le sien.

On entend partout parler en France de processus de réindustrialisation. Malheureusement il manque à ce pays à la fois les capitaux pour investir et les personnes instruites et qualifiées pour intervenir à chacun des niveaux, pour entreprendre notamment. Là où la France ne peut qu’échouer, une République européenne à la mode du PSUNE, allant de l’Islande à la Russie mais sans la Turquie, pourrait réussir. Bénéficiant d’un vaste marché intérieur et de ressources énergétiques, elle serait en position de force pour imposer une sortie de crise conforme à ses intérêts, pour redéfinir les règles des échanges internationaux à son avantage. Elle pourrait se lancer dans un vaste programme d’instruction et de qualification et développer des industries de pointe.

Cela étant, le décrochement d’un Franc par rapport à l’Euro dont il serait sorti n’aurait pas besoin d’être provoqué. La perte de confiance envers le pays qui aurait commis une telle sottise agira toute seule. D’une part la dette, en Euros ou en dollars, se trouvera gonflée par la dévaluation, d’autre part la perte de la notation par un triple A augmentera le coût du remboursement de ladite dette. Soyons plus clairs. Une dévaluation de 30% transformerait une dette de 100 Euros en une dette de 141 Francs. A supposer que l’on puisse juguler l’inflation, faute de quoi la dévaluation serait gommée, que les salaires et les impôts prennent en Francs l’exacte valeur qu’ils avaient en Euros, il en sera de même du PIB. Le pourcentage de la dette dans le PIB augmentera de 41%. En même temps les taux d’intérêt passeront, par exemple, de 3% à 5%. Le poids du remboursement augmentera alors de 135%.

Les deux effets se cumulant comme on l’a vu et l’inflation ne pouvant être maîtrisée, la France entrera dans une spirale infernale du genre de celle qu’a subie la Grèce. Encore cette dernière continue-t-elle d’être aidée par ses voisins. Il ne restera plus à la France que la perspective de rejoindre les pays du tiers-monde, ce que certains semblent d’ailleurs souhaiter.

Pourquoi l’avenir de l’Euro ne doit-il pas être menacé.

La France n’a donc absolument aucun intérêt à quitter la zone Euro. Elle doit même faire tout son possible pour y rester. Sur ce point Sarkozy a raison ; du moins au niveau de son discours. Cependant cela vaut aussi pour les autres pays de la zone, qu’ils soient, sur le plan budgétaire, parmi les plus ou les moins vertueux. Autrement dit la survie de l’Euro est vitale pour tous.

Nous n’allons pas insister sur le cas des pays qui sont actuellement en difficulté. Tout ce qui a été dit pour la France s’applique à eux bien plus encore. Comment la Grèce rembourserait-elle sa dette avec un Drachme dévalué et les intérêts exorbitants que lui imposeraient les agences de notation ? Au moins, avec l’Euro, ces pays ont-ils pu bénéficier des mesures prises par leurs grands voisins européens pour leur éviter la faillite. Cette solidarité était, bien sûr, très égoïste. Les banques de ces grands pays étaient en effet fort exposées. Aussi la pérennité de l’appartenance à la zone est-elle pratiquement garantie aux pays qui ne prendraient pas, d’eux-mêmes, une décision contraire. On peut juste regretter que les sanctions imposées par l’Union européenne, représentant égoïstement des nations comme aujourd’hui, soient trop lourdes, qu’elles obèrent les chances de redressement avec, au final, un risque pour tous.

Regardons maintenant du côté de la vertueuse Allemagne. Les sondages récents ont montré qu’une majorité de citoyens était aujourd’hui favorable au retour du Mark. Les autorités du pays pourront certainement s’en servir d’argument pour imposer leurs vues à celles de leurs voisins. Mais aucun dirigeant ne prendra le risque de faire partir l’Allemagne de la zone Euro. Madame Merkel a été claire là-dessus. L’effet sur des pays comme la France serait exactement celui que nous avons envisagé précédemment. Or personne n’a intérêt à mettre en difficulté ses clients. Si l’industrie allemande perdait ses clients européens, elle n’y survivrait pas. D’autant plus que l’exportation vers les pays européens se fait dans le cadre d’une concurrence classique. L’exportation vers les pays émergents est de plus en plus accompagnée de transferts de technologie. Elle est donc fragile, en partie illusoire et surtout condamnée à terme, ce qu’on oublie trop souvent.

D’ailleurs la fin de l’Euro affecterait aussi les Etats-Unis et la Chine. Aussi personne n’a vraiment intérêt à attaquer cette monnaie, à l’exception de nihilistes qui prépareraient une crise sans commune mesure avec celle que nous avons connue du fait des égarements de la finance américaine. D’ailleurs ceux, parmi les politiciens français, qui prônent la sortie de l’Euro n’ont aucune chance d’accéder au pouvoir ou savent très bien qu’ils ne tiendront pas leurs promesses s’ils y accèdent.