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06/11/2011

Lettre ouverte à Eric Zemmour

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logo4c.pngCe 5 novembre, sur la chaîne I-télé, un nouveau « ça se dispute » oppose Eric Zemmour et Nicolas Domenach sur la façon dont l’Europe a traité « le peuple Grec ».

Au moins Zemmour est-il cohérent. Il ne croit pas à la notion de peuple européen. Il faut lui concéder que la construction européenne s’est faite, dès le départ, contre « les peuples » ; ces derniers étaient suspectés, non sans quelque raison, de vouloir se faire la guerre. La construction se fait toujours contre « les peuples ». D’ailleurs on présente l’échec éventuel du processus comme un risque de guerre. Pourtant, comme il l’affirme, ce n’est pas ce processus qui a apporté la paix. C’est la lassitude des vieilles nations, l’hégémonie américaine et bien d’autres raisons. Quand Charles De Gaulle a été accueilli par les Allemands, c’était bien une réconciliation des peuples.

Domenach campe sur une position qui se prétend plus européenne. En réalité, si l’on creuse un peu, on s’aperçoit qu’il se contente de manifester son politiquement correct hypocrite, en cette circonstance comme dans d’autres. Il comprend les Grecs qui voulaient un référendum et reconnait qu’on les aurait mal traités. Il en conclut qu’il faut davantage associer « les peuples » aux affaires européennes. Le point de départ est donc celui de Zemmour : il y a « des peuples ». Cependant il ne veut pas dire qu’il est pour les élites contre les peuples. Ou alors il assimile un peu vite au « peuple » un ensemble de manifestants, comme ceux qui ont défilé contre la réforme des retraites. Il peut donc faire l’hypothèse absurde que ceux qui détestent les peuples peuvent s’accorder avec ces mêmes peuples.

Pour le PSUNE, les choses sont claires. En Europe il y a un « peuple ». On n’a pas à consulter une région à part pour décider de l’avenir de la République européenne.

ERIC-ZEMMOUR.jpgMaintenant la question se pose de savoir de qui le PSUNE est le moins éloigné. La réponse est paradoxale : c’est de Zemmour. Car Zemmour est eurosceptique quand Domenach est europhobe. D’ailleurs lorsque Zemmour nous parle de notre culture, de nos mœurs, ses références sont européennes. Quand il explique que l’islam, tout respectable qu’il soit, n’est pas compatible avec notre culture démocratique, quand il cite Voltaire, et c’est au Voltaire européen qu’il pense. Les références de Domenach sont au contraire mondialistes, universelles. Parfois même d’esprit colonialiste, suprématiste ; il ne doute pas que l’islam se pliera à nos coutumes. Dans ces conditions, pourquoi Zemmour, qui pense culturellement en Européen, ne raisonne-t-il politiquement en Européen ? On a envie de lui dire : nous sommes tous Allemands, tous Grecs, voire tous Juifs européens. Ce discours heurterait certainement les mondialistes. Heurterait-il Zemmour ?

Il est vrai qu’à la sortie de la guerre, pour donner un exemple parmi d’autres, la germanophilie n’était pas très à la mode en France. On a souvent parlé de réconciliation, mais, en même temps, les élites et les médias ont beaucoup fait pour aiguiser les rivalités entre Européens. Le discours impérialiste français, la nostalgie de l’époque coloniale, ne sont pas l’apanage de l’extrême-droite. Il y a une responsabilité insoupçonnée des dirigeants de tous les pays du continent dans la persistance de ce scepticisme envers l’idée de nation européenne.

Peut-être Zemmour est-il simplement trop prudent. Peut-être se sent-il redevable envers une France qui l’a sorti d’un monde qui ne lui convenait pas. Sans doute s’est-il senti d’abord Français pour construire sa liberté. En quoi cela l’empêche-t-il de se sentir aujourd’hui Européen ? La France à laquelle il pense, celle qui est sortie du monde latino-celto-germanique, des invasions barbares, des lumières et des Etats généraux, n’a jamais été qu’une Europe en réduction, et ce n’est malheureusement plus celle d’aujourd’hui. S’il veut la retrouver, il ne peut le faire qu’avec l’Europe.
En attendant, il devrait avoir conscience qu’il fait le jeu du politiquement correct, des ennemis du peuple, quel que soit ce peuple. En entretenant l’idée que « les peuples européens » ne pourront rien construire ensemble parce qu’ils ne pourront pas se fondre en un seul peuple, comme leur nature devrait au contraire les y conduire, il apporte une pierre aux technocrates mondialistes.

Peter Eisner (PSUNE)