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21/12/2014

Zemmour exilé

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eric_zemmour_reference.jpegAprès près de dix ans de débats, l’émission « Ca se dispute » où s’opposent Eric Zemmour et Nicolas Domenach s’arrête par décision unilatérale d’I-Télé. Elle fait suite à une campagne de diffamation contre l’un de ses chroniqueurs au motif qu’il aurait dans un entretien au journal italien Corriere della Sera tenu fin octobre des propos choquants où il aurait prétendument prôné la « déportation » de cinq millions de musulmans, des propos intolérables aux yeux d’un comité de journalistes de la chaîne. Différentes associations, en plus de membres du gouvernement et/ou du Parti Socialiste, ont « réclamé sa tête » et l’ont obtenue. Néanmoins, pour le moment, Paris Premiere et RTL maintiennent leur confiance à Eric Zemmour. Les réactions outrées de nombreux citoyens et d’acteurs de premier plan de la politique nationale, surtout de droite, les feront hésiter à se séparer de lui, si telle était leur intention.

C’est Jean-Luc Mélenchon qui en début de semaine a levé ce faux lièvre, par le biais d’une traduction biaisée d’une question d’un journaliste italien à Eric Zemmour à savoir s’il était favorable à « deportare cinque milioni di musulmani francesi », ce qu’il convient de traduire correctement par « expulser cinq millions de musulmans français ». Eric Zemmour a alors répondu que c’était irréaliste, mais qu’en substance l’histoire enseignait que tout peut arriver, selon le principe de l’ « imprévu dans l’histoire ». Zemmour n’est pas un responsable politique mais un analyste. Il ne propose aucune solution aux constats qu’il émet. Il ne préconise rien. On lui reproche donc, au fond, de ne pas s’être indigné bruyamment contre l’idée contenue dans la question par ce journaliste, la vieille accusation absurde du « qui ne dit mot, consent ».

Le latin deportare signifie « exiler ». Dans les langues européennes, cas du français à part, il a pris la signification d’expulser. C’est le sens précis du terme « deportare » en italien comme de « to deport » en anglais, un vocable officiellement utilisé en matière de lutte contre l’immigration clandestine. C’est aussi le sens 1 du terme de « déporter » en français, à savoir « condamner une personne à l’exil ». Mais le sens 2, moderne, est explicitement associé au transfert de gens dans des camps, nazis ou soviétiques. C’est bien en raison de cette connotation tragique que Zemmour est mis en cause.

En outre, le journaliste italien Stefan Montefiori a reconnu avoir modifié pour des raisons journalistiques les termes employés dans sa question posée oralement au journaliste français. Il n’y avait donc aucune raison objective de s’indigner.

Cette indignation sélective, basée sur de fausses informations, n’a pas amené ceux qui en étaient responsables à reconnaître leurs torts et à revenir en arrière de leurs déclarations (hypocritement) outragées, bien au contraire. Cela leur a servi d’alibi pour se débarrasser médiatiquement de l’auteur de propos dérangeant l’idéologie bien pensante et contre lesquels elle se trouve intellectuellement démunie. Si cela n’avait pas été cet entretien, cela aurait été autre chose. Pourtant I-Télé va perdre des plumes en se séparant d’un chroniqueur pugnace, apprécié de nombreux téléspectateurs pour son franc-parler, et qui dopait l’audience de la chaîne. Si I-Télé a consenti à plaire aux « bonnes âmes », des gens qui appellent à la censure d’opinions qui ne leur plaisent pas, précisons le, c’est sous la pression. La chaîne sera certainement d’une manière ou d’une autre dédommagée pour ce sacrifice sur l’autel du conformisme médiatique.

L’affaire « Zemmour » doit servir de leçon. Peu importe les concessions que vous ferez au « politiquement correct », peu importe la pureté de vos opinions, peu importe l’humanité que votre personne dégage, et que tous reconnaissent à Eric Zemmour. Si le Système en place veut vous abattre, au mépris de la démocratie la plus élémentaire, il le fera. Et il s’opposera même à ce que vous puissiez répondre de ce dont on vous accuse. L’émission enregistrée où Olivier Galzi interrogeait Eric Zemmour, a vu sa diffusion déprogrammée. Même cela, on lui refuse. Et Le Figaro précise qu’I-Télé n’a même pas eu la décence d’informer son chroniqueur de l’éviction qu’elle venait de décider, comme s’il avait été bloqué sans sommation d’un forum de discussion.

Ce pourquoi toute révolution politique doit s’accompagner d’une révolution médiatique. Nouveaux paradigmes, nouveaux media !

Thomas FERRIER

06/11/2011

Lettre ouverte à Eric Zemmour

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logo4c.pngCe 5 novembre, sur la chaîne I-télé, un nouveau « ça se dispute » oppose Eric Zemmour et Nicolas Domenach sur la façon dont l’Europe a traité « le peuple Grec ».

Au moins Zemmour est-il cohérent. Il ne croit pas à la notion de peuple européen. Il faut lui concéder que la construction européenne s’est faite, dès le départ, contre « les peuples » ; ces derniers étaient suspectés, non sans quelque raison, de vouloir se faire la guerre. La construction se fait toujours contre « les peuples ». D’ailleurs on présente l’échec éventuel du processus comme un risque de guerre. Pourtant, comme il l’affirme, ce n’est pas ce processus qui a apporté la paix. C’est la lassitude des vieilles nations, l’hégémonie américaine et bien d’autres raisons. Quand Charles De Gaulle a été accueilli par les Allemands, c’était bien une réconciliation des peuples.

Domenach campe sur une position qui se prétend plus européenne. En réalité, si l’on creuse un peu, on s’aperçoit qu’il se contente de manifester son politiquement correct hypocrite, en cette circonstance comme dans d’autres. Il comprend les Grecs qui voulaient un référendum et reconnait qu’on les aurait mal traités. Il en conclut qu’il faut davantage associer « les peuples » aux affaires européennes. Le point de départ est donc celui de Zemmour : il y a « des peuples ». Cependant il ne veut pas dire qu’il est pour les élites contre les peuples. Ou alors il assimile un peu vite au « peuple » un ensemble de manifestants, comme ceux qui ont défilé contre la réforme des retraites. Il peut donc faire l’hypothèse absurde que ceux qui détestent les peuples peuvent s’accorder avec ces mêmes peuples.

Pour le PSUNE, les choses sont claires. En Europe il y a un « peuple ». On n’a pas à consulter une région à part pour décider de l’avenir de la République européenne.

ERIC-ZEMMOUR.jpgMaintenant la question se pose de savoir de qui le PSUNE est le moins éloigné. La réponse est paradoxale : c’est de Zemmour. Car Zemmour est eurosceptique quand Domenach est europhobe. D’ailleurs lorsque Zemmour nous parle de notre culture, de nos mœurs, ses références sont européennes. Quand il explique que l’islam, tout respectable qu’il soit, n’est pas compatible avec notre culture démocratique, quand il cite Voltaire, et c’est au Voltaire européen qu’il pense. Les références de Domenach sont au contraire mondialistes, universelles. Parfois même d’esprit colonialiste, suprématiste ; il ne doute pas que l’islam se pliera à nos coutumes. Dans ces conditions, pourquoi Zemmour, qui pense culturellement en Européen, ne raisonne-t-il politiquement en Européen ? On a envie de lui dire : nous sommes tous Allemands, tous Grecs, voire tous Juifs européens. Ce discours heurterait certainement les mondialistes. Heurterait-il Zemmour ?

Il est vrai qu’à la sortie de la guerre, pour donner un exemple parmi d’autres, la germanophilie n’était pas très à la mode en France. On a souvent parlé de réconciliation, mais, en même temps, les élites et les médias ont beaucoup fait pour aiguiser les rivalités entre Européens. Le discours impérialiste français, la nostalgie de l’époque coloniale, ne sont pas l’apanage de l’extrême-droite. Il y a une responsabilité insoupçonnée des dirigeants de tous les pays du continent dans la persistance de ce scepticisme envers l’idée de nation européenne.

Peut-être Zemmour est-il simplement trop prudent. Peut-être se sent-il redevable envers une France qui l’a sorti d’un monde qui ne lui convenait pas. Sans doute s’est-il senti d’abord Français pour construire sa liberté. En quoi cela l’empêche-t-il de se sentir aujourd’hui Européen ? La France à laquelle il pense, celle qui est sortie du monde latino-celto-germanique, des invasions barbares, des lumières et des Etats généraux, n’a jamais été qu’une Europe en réduction, et ce n’est malheureusement plus celle d’aujourd’hui. S’il veut la retrouver, il ne peut le faire qu’avec l’Europe.
En attendant, il devrait avoir conscience qu’il fait le jeu du politiquement correct, des ennemis du peuple, quel que soit ce peuple. En entretenant l’idée que « les peuples européens » ne pourront rien construire ensemble parce qu’ils ne pourront pas se fondre en un seul peuple, comme leur nature devrait au contraire les y conduire, il apporte une pierre aux technocrates mondialistes.

Peter Eisner (PSUNE)