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30/07/2017

La religion des Hellènes.

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Que dire de plus de la religion qui a inspiré tant de génies européens, la Grèce étant par bien des aspects la matrice de l’Europe entière, dont elle tire son nom. Les statues d’Alcamène, de Scopas, de Praxitèle, le Parthénon aussi bien que les Jeux Olympiques, tous n’ont dû leur existence qu’à cette religion.

Le dieu suprême et sans égal est Zeus, le *dyeus indo-européen renforcé des pouvoirs d’un dieu de l’orage sans doute sous l’influence crétoise. A l’origine, il a pour épouse ou parèdre la terre-mère, qui est Gê Mêtêr ou Déméter, cette dernière portant bien d’autres noms comme Héra, « la déesse de la belle saison » ou Dionê, « celle de Zeus », et aux temps mycéniens *Diwiya (forme féminine de Zeus). Déméter était surnommée Europê en Béotie, ce qui nous rappelle qu’avant de désigner une princesse phénicienne ou crétoise, l’Europe désignait la terre-mère par excellence et notre continent en particulier.

Ce sont les poètes qui enrichiront ce panthéon de générations antérieures de figures divines, qui recoupent exactement les fonctions des dieux olympiens. Les titans Hypérion et Phébé ne sont qu’une variation d’Hélios et de Séléné, puis d’Apollon et d’Artémis. Prométhée est Héphaïstos, Japet est Arès. Le triplement du dieu céleste, entre Ouranos, Cronos et Zeus est sans doute lié à la mythologie hourrite. Le nom même d’Ouranos (sanscrit Varuna) a sans doute désigné Zeus aux temps archaïques.

Les fils et filles de Zeus composent ce panthéon, et toutes se retrouvent dès l’époque mycénienne. Il y a ainsi Arès, dieu de la guerre, qui à l’époque ancienne était au premier plan. Même s’il a conservé sa place parmi les douze olympiens, Arès a perdu de sa superbe, sauf chez les Spartiates. Il est possible que sa déchéance ait suivi la chute des palais mycéniens.

Il a surtout été concurrencé dans son rôle par d’autres figures divines, comme Athéna, protectrice des acropoles, comme Héraclès, qui accomplit une série d’exploits associés généralement au dieu orageux (Thor par exemple) et qui devaient initialement être attribués à Arès. Un vieux mythe narre également la capture d’Arès par les géants Aloades et sa libération par Hermès. Cela rappelle la déchéance d’Indra en Inde, pris d’effroi face au démon Vritra, et qui ne retrouva ses forces que par l’intervention du dieu du feu Agni. Enfin, lors des premiers jeux olympiques de la période mythique, avant leur recréation par Héraclès en 776 avant J.C selon la tradition, le dieu Apollon triompha ainsi d’Arès à la boxe et d’Hermès à la course de vitesse.

La déesse de l’aurore est présente sous différentes hypostases dans le panthéon grec. Si Eôs (« Aurore ») a un rôle mineur sous sa forme authentique, sous les traits d’Athéna et d’Aphrodite, son rôle est immense. Athéna, en tant que fille de Zeus, incarne la dimension guerrière et intellectuelle de l’Aurore, tandis qu’Aphrodite est l’Aurore sortie des eaux, qui annonce le printemps et réveille l’amour. Son nom est à rapprocher des Apsaras indiennes, nymphes célestes sorties des eaux et qui peuplent le paradis d’Indra. Le rapprochement avec la déesse ouest-sémitique Ashtoreth est fortuit. Si l’Aphrodite Ourania d’Hésiode s’inspire de cette déesse, il existe chez Homère une autre Aphrodite, fille de Zeus et de Dioné.

L’Aurore était à l’origine l’épouse d’Arès et d’ailleurs Athéna et Aphrodite sont parfois qualifiées d’Areia (« d’Arès »). La déesse Eôs elle-même est connue comme l’une des amantes d’Arès, suscitant la jalousie d’Aphrodite.

Héphaïstos est le dieu du feu et de la forge. Son rôle est très limité même si à l’origine il représentait le feu en général. Hestia est une timide déesse du foyer, limitée à son rôle originel, tout comme la Vesta romaine.

Zeus aura de nombreuses autres liaisons, aboutissant à la naissance de nouveaux dieux et de héros, comme Hermès (fils de Maia), le messager des dieux, Apollon et Artémis (enfants de Léto) et les Dioscures (enfants de Léda). Il faut notre rue Léto était une ancienne déesse de la nuit, comme Nyx, et son nom est identique à celui de la déesse indienne de la nuit Ratri. Léda de son côté était une déesse du désir, son équivalente indienne de même étymologie étant Rati. On la retrouve aussi sous les traits de la déesse slave Lada, épouse de Svarog. Léda était aussi la mère d’Hélène dont le nom signifierait « vengeance divine », tout comme les Erinyes, ce qui expliquerait son rôle essentiel dans le déclanchement de la guerre de Troie. Enfin, le nom d’Artémis rappelle celui de l’ours (*arktos) et désigne la déesse de la chasse. On retrouve son équivalente celte sous les traits de la déesse Artio.

Les frères de Zeus, avec qui il a partagé le monde entre ciel, terre et enfers, sont Poséidon et Hadès. Poséidon n’est pas « l’époux de la terre » selon une étymologie populaire mais « le maître des eaux », ce qui en fera ensuite naturellement le dieu de la mer. Hadès signifie « l’invisible » selon une étymologie proposée par les Grecs anciens eux-mêmes. Son nom véritable est devenu tabou, mais il est probable que la forme poétique Aidoneus ait été son théonyme originel.

Le personnage de Minôs, roi de Crète et qui deviendra juge infernal, fait indiscutablement penser à *Manus, le premier homme selon la mythologie indo-européenne (Manu en Inde, Mannus chez les Germains). Il était peut-être le premier dieu infernal aux temps de la Grèce mycénienne. Cerbère qui garde la porte des Enfers est l’héritier direct du chien infernal indo-européen (sanscrit Sarvaras, scandinave Garmr).

Hermès et Pan désignaient à l’origine la même divinité, préposée à l’élevage mais aussi conducteur des morts, dieu messager et dieu guide. Pan est le *Pauson indo-européen (sanscrit Pushan, lituanien Puskaitis, latin Faunus), que les Celtes appelleront Cernunnos et les Slaves Volos. Hermès, dont le nom fait penser au dieu messager scandinave Hermod, ne devait à l’origine qu’être un aspect spécifique de Pan. Tout comme le dieu Terminus à Rome, Hermès était associé aux frontières, voies et limites de propriété.

La religion des Grecs anciens, depuis l’époque mycénienne jusqu’à nos jours, n’a jamais cessé d’inspirer le génie européen. Le christianisme n’a jamais pu effacer de nos mémoires ces grandes figures, qui survécurent au moyen-âge (lire pour s’en convaincre « La survivance des dieux antiques » de Jean Seznec) et inspirèrent la Renaissance. Il suffit de songer aux œuvres de Rabelais, de Ronsard ou des poètes du Parnasse pour constater que l’antique foi, réfugiée dans les arts et la poésie, a survécu. Et de nos jours des Grecs entendent la rétablir, l’Olympe entendant à nouveau des chants en faveur de ses hôtes après des siècles de silence.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

08/03/2015

Lexique du partisan européen - "Paganisme"

PAGANISME

paganisme,europe,renaissance,olympe,asgard,polythéismeNom donné aux religions polythéistes, et notamment d’Europe, aux IVème et Vème siècle, par les partisans de la religion chrétienne. Le paganus ou « païen » signifie stricto sensu « homme du pays », « national ». Il s’oppose à l’alienus, « étranger ». En religion, le païen est tenant de la religion native, alors que le chrétien défend une religion certes à vocation universaliste mais néanmoins importée du Proche-Orient, le monothéisme étant apparu dans un contexte spécifique (fin du VIIème siècle avant notre ère, sous le règne du roi judéen Josias) au sein d’un peuple spécifique (les habitants des royaumes de Juda et d’Israël).

En Europe, le « paganisme » relève pour l’essentiel de la tradition polythéiste indo-européenne, reposant sur l’existence d’un couple divin formé du dieu du ciel diurne et de la lumière et de la déesse de la terre et de la fertilité. Ce dieu est *Dyeus *Pater, qui a donné en grec Zeus Patêr et en latin Dius Pater (devenu Jupiter). Son épouse est surnommé *Diwni (grec Dionê), celle de *Dyeŭs, bien que son nom soit en réalité*Dhghōm *Mater (Dêmêtêr, la « Terre Mère »). Ce couple a engendré les *Deywōs ou « dieux », dont le sens est « célestes » ou plus précisément (« ceux [nés] de Dyeŭs »), qui ont en charge des domaines bien spécifiques, notamment le patronage des astres, des éléments de la nature ou des phénomènes atmosphériques mais aussi, par association d’idées, des fonctions humaines. Ainsi sont intimement liés aurore et amour, feu et forge, ou encore orage et guerre. Ce sont des associations symboliques, la couleur rouge par exemple, ou l’image que la guerre est sur terre ce que la tempête est au ciel.

Le « paganisme » a été la religion d’une grande partie du monde. Il existait dès les premières expressions de religiosité par l’humanité, donc au moins dès le paléolithique. C’est la religion originelle de l’humanité, qu’on admette une origine unique ou plurielle de cette dernière. Il est aussi la religion des anciens Judéens (« Cananéens ») avant qu’ils ne passent au monothéisme.

Les caractéristiques du « paganisme » sont de porter un sentiment identitaire naturel, donc un attachement « national » aux dieux ancestraux, de développer une vision du monde plurielle via un « polythéisme des valeurs ». Mais il s’agit avant tout d’une vraie religion avec ses principes, ses rites et ses croyances. Paul Veyne devait reconnaître que « les Grecs croyaient à leurs dieux », que le « paganisme » n’était pas la simple expression poétisée d’une vision athée du monde. Le mot « païen » a souvent le sens d’incroyance. Il n’en était rien. Il rappelle que le polythéisme des anciens n’était pas universaliste mais identitaire, enraciné sur une terre et un peuple.

Avec la conversion au christianisme de l’empereur Constantin puis les décrets liberticides anti-païens de ses successeurs, une fois les réactions païennes (Julien 363, Eugène 394, Anthème 472, Illus 488) jugulées, les Européens furent contraints d’abandonner leurs dieux ancestraux même s’ils résistèrent pendant plusieurs siècles. Cette résistance amena les autorités chrétiennes, le pape Grégoire Ier en tête, à imaginer paganiser le christianisme afin de le rendre moins insupportable aux Européens, afin d’en atténuer les traits les plus exogènes. Il fit ainsi récupérer les fêtes païennes, un processus que Constantin avait entamé, et même les lieux de culte. La cathédrale de Chartres fut ainsi construite sur la forêt des Carnutes où se réunissaient les druides.

Mais au XVème siècle, face à la réforme qui prônait un retour aux « saintes écritures », l’Eglise a voulu réévangéliser l’Europe, la couper définitivement de ses racines païennes. Au lieu de dépaganiser le christianisme, elle n’a réussi qu’à déchristianiser l’Europe occidentale. L’orthodoxie, confrontée à l’islam, n’a pas en revanche tenté de se dépaganiser et c’est pourquoi elle a mieux résisté. Dès le Vème siècle, époque où le christianisme fut imposé par la violence à nos ancêtres, des penseurs se mirent à imaginer une restauration de l’antique religion sous sa forme originelle ou sous sa forme rénovée. De Rutilius Namatianus (Vème siècle) à Louis Ménard (XIXème siècle), en passant par Gémiste Pléthon (XVème, Grèce) et Pompilius Laetus (XVème, Italie), Frédéric II Hohenstaufen et Erasme, Voltaire et Sade, Hölderlin et Nietzsche, ils furent nombreux à œuvrer en ce sens.

Mais ce n’est qu’au XXème siècle que ces pionniers virent leurs efforts récompensés avec une nouvelle génération d’Européens renouant avec la foi ancestrale, alors que les églises se vident et que les périls s’annoncent aux frontières de notre civilisation. Sous les noms de Druidecht (« druidisme »), Asatru (« foi envers les dieux d’Asgard »), Rodnoverie (« religion ancestrale » slave) ou Religio Romana (« religion romaine »), des mouvements ont essaimé en Europe. Et même s’ils sont minoritaires, même s’ils n’ont pas toujours su rompre avec l’idéologie universaliste dominante, ils ont permis au paganisme de ressortir du tombeau où l’Eglise avait cru définitivement l’enterrer, oubliant que l’oiseau de feu, qu’on nomme aussi phénix, est immortel.

C’est en Inde et en Iran que des chercheurs européens (Filippo Sassetti, William Jones, Anquetil-Duperron, Thomas Young, Friedrich Schlegel) ont pu reconstituer l’antique tradition. Qu’ils ont pu retrouver en Asie ce que l’Europe croyait avoir perdu sur son propre sol. Les dieux de l’Olympe et d’Asgard avaient trouvé refuge en Inde, comme l’exprima à sa manière le poète Evariste Parny, parent de Leconte de Lisle, dans sa « Guerre des dieux » (1807). Et désormais ils sont de retour et cette fois ce sera pour toujours.

En 2015, après un millénaire de rupture, l’Islande se dotera à nouveau d’un temple en l’honneur des dieux d’Asgard et de Vanaheimr, tandis que résonnent sur le mont Olympe les chants de Grecs ayant renoué avec leur auguste mémoire.

Et les Européens, alors que les ténèbres obscurcissent le ciel de leur avenir, sauront retrouver dans leurs Dieux la force morale qui leur manque. L’épée de Mars et le marteau de Thor, enfin réconciliés, sauront offrir à l’Occident fatigué une nouvelle aurore !

Thomas FERRIER

01/01/2012

ZEUS/ΖΕΥΣ (et son ancêtre indo-européen *dyeus)

zeus_cc03.jpgZeus Patêr, « père des dieux et des hommes », était le dieu suprême du panthéon grec, et il peut être intéressant de retrouver la vision originelle que les anciens Grecs avaient de lui. La méthode comparative a permis de le relier au dieu romain Jupiter, dans sa forme originelle Diespiter, et au dieu indien Dyaus Pitar, reconstituant un ancien *dyeus pəter (*dieŭs pəter), qui est mot à mot « le ciel diurne père ». En tant que dieu du ciel lumineux, il s’oppose en théorie à un dieu du ciel étoilé, qui serait *werunos, et qu’on retrouve sous le nom grec d’Ouranos et sous le nom indien Varuna, dont le sens signifierait « le dieu vaste », même si certains spécialistes pensent que *werunos n’était au final qu’un aspect de *dyeus.

Alors que l’image classique d’un Zeus foudroyant nous vient naturellement à l’esprit, comme pour son homologue latin Jupiter, Zeus était au départ, on l’a vu, un dieu du ciel lumineux, privé ainsi de la fonction orageuse qu’on lui connaîtra. Ainsi, son homologue indien Dyaus, mais aussi le hittite Sius, le lituanien Dievas, et enfin le dieu germano-scandinave Tius/Tyr, sont des dieux purement célestes, alors que la foudre relève du dieu de deuxième fonction, dieu à la fois de l’orage et de la guerre, à l’instar de l’indien Indra, du hittite Tahrunt, du lituanien Perkunas ou encore du dieu germano-scandinave Donar/Thor. En revanche, ni l’Arès grec ni le Mars romain ne semblent disposer d’une telle fonction, même si certains mythes italiques dédiés au second relient bien ce dernier, de manière discrète, à ce rôle.

La religion proto-indo-européenne témoigne ainsi d’une opposition entre le dieu du ciel lumineux et le dieu du ciel orageux, entre *dyeus et *maworts, opposition qui sur un plan symbolique distingue le père et le fils. En tant que dieu d’un ciel intermédiaire, *maworts est lié à la déesse aurorale *ausos et s’il a pour père le maître des cieux, il a pour mère la déesse de la terre, parfois représentée dans ce rôle par l’épouse officielle du dieu souverain, à l’instar d’Héra. Thorr est ainsi le fils d’Odhinn, qui a repris une partie des rôles de Tyr, et de Jörd, la Terre personnifiée. Indra apparaît aussi comme le fils du couple ciel/ terre, c'est-à-dire Dyaus/Pŗthivi.

Une explication possible est de considérer cette évolution de *dyeus par l’influence des populations pré-indo-européennes de la région, et en particulier des Crétois. En effet, il ne semble pas que chez ces derniers le dieu du ciel et le dieu de l’orage aient été deux divinités identiques, et qu’un dieu guerrier ait existé privé de ce rôle. Cela pourrait expliquer pourquoi Zeus possède la foudre mais qu’Arès est cantonné à un rôle strictement militaire. Une autre explication serait qu’Héraclès, dont le nom signifie « gloire d’Héra », peut-être épiclèse à l’origine d’Arès, et dont l’héroïsme et l’usage d’une massue le rapprochent du Thor scandinave, ait fait concurrence au dieu guerrier. Mais, à aucun moment, et dans aucun mythe, Héraclès n’apparaît lançant la foudre.

Dans la mythologie grecque, Zeus a eu plusieurs épouses successives, sans parler de nombreuses maîtresses parmi les déesses et les mortelles. En premier lieu, il a épousé Thémis, la Justice, puis Mêtis, la Sagesse, correspondant ainsi aux principales valeurs incarnées par Zeus, à savoir la sagesse infinie, « Ahura Mazda » en vieil iranien, et la justice divine. Parmi ses maîtresses, Léda et Léto ont eu du dieu des jumeaux, les Dioscures (Castor et Polydeucès) de la première, Apollon et Artémis de la seconde. Léda et Léto semblent correspondre linguistiquement à deux divinités indiennes, à savoir Rati, déesse de l’amour, et Ratri, déesse de la nuit.

Les autres épouses et maîtresses apparaissent comme autant d’incarnations de la déesse-mère par excellence, la Terre. C’est bien sûr le cas de Déméter, de l’indo-européen *dhghōm məter, « terre-mère », mais aussi de Maia (la « Mère »), et probablement d’Héra, si on relie cette dernière à la racine *er(t)a qui désigne également la Terre. Les Indo-Européens pouvaient nommer l’épouse de *dyeus par du nom de *diwnī, « celle de *dyeus », désignant cette déesse dans son rôle de parèdre du dieu. On la retrouve sous les traits de la grecque Dioné, mère d’Aphrodite, alors que Danaé en revanche provient du nom de la déesse indo-européenne des eaux, *Danu.

Dans la tradition grecque, Zeus est bien géniteur de plusieurs dieux de seconde génération (Arès, Héphaistos, Apollon, Hermès, Aphrodite) mais partage le pouvoir avec ses frères (Poséidon et Hadès) et ses sœurs (Héra, Hestia et Dêmêtêr) et par ailleurs n’est pour rien dans l’existence des dieux célestes (Hélios, Séléné et Eôs) qui semblent même préexister à sa naissance.

En fait, la mythologie grecque aime à dédoubler ces trois divinités en autant de versions. Le Soleil est ainsi Hypérion sous sa forme titanienne, Apollon sous sa forme olympienne, et Hélios en général. La Lune est Phébé sous cette première forme, Artémis sous la seconde, et simplement Séléné. Quant à l’Aurore, Eôs, elle apparaît sous une forme olympienne à la fois sous les traits de la déesse guerrière Athéna et de la déesse amoureuse Aphrodite. En effet, la déesse indo-européenne de l’aurore, *ausos, possède ces deux dimensions simultanément. Le lien entre la déesse aurorale et le dieu orageux est assuré par l’existence culturelle d’une Athéna Areia et d’une Aphrodite Areia, toutes deux en relation avec Arès, et par un mythe faisant d’Arès l’amant d’Eôs, comme il l’a été selon cette fameuse version odysséenne, d’Aphrodite elle-même.

Sous l’influence anatolienne en effet, Zeus lui-même n’est pas le premier dieu, même si la tradition indo-européenne évoque certes un dieu des commencements, qui serait *yanos, d’où viendrait le nom du Janus latin, dieu antérieur à *dyeus mais sans filiation avec ce dernier, et qu’on pourrait retrouver avec Chaos en grec. Le premier dieu du ciel est ainsi Ouranos, suivi de son fils Cronos et enfin de son petit-fils Zeus. Cela ne correspond pas à la tradition indo-européenne où *dyeus est bien *pəter au sens fort, la seule exception étant alors l’existence d’une épouse, parce qu’elle-même *məter, et engendre tous les autres dieux et déesses composant le panthéon. Maître de la lumière, c’est sous la forme de ses trois fils principaux que se partage la chaleur divine, entre le feu céleste (*sawel, « l’astre solaire »), l’éclair ou feu de l’espace intermédiaire (*maworts) et le feu terrestre (*egnis, « le feu »). Ainsi Zeus est-il bien père d’Apollon, d’Arès et d’Héphaistos, qui correspondent à l’origine à ces trois dimensions ignées.

Enfin, de toutes les filles de *dyeus, la plus estimée est celle qui est qualifiée de *dhughətêr *diwos (fille de *dyeus), à savoir la déesse de l’aurore *ausos. On retrouve cette dimension chez les Grecs puisque Athéna, déesse la plus estimée par son père, est qualifiée elle aussi de « Fille de Zeus ».

Thomas Ferrier

Addendum:

Certains affirment que "Dieu" viendrait du nom de Zeus, alors que c'est plus complexe. On l'a vu, Zeus vient du nom indo-européen du dieu du ciel, *Dyeus. Ce dernier nom a servi pour former le terme générique en usage pour désigner un dieu ou une déesse, *deywos et *deywi (ou *deywa). Le *deywos est une émanation de *Dyeus. Alors que le nom de *Dyeus a donné le grec Zeus et le latin Dies (nominatif de Ju-piter), le mot *deywos a donné le latin deus, le celte devos, le sanscrit devas, le mot *deywi/*deywa ayant de son côté abouti au latin dea, au celte deva, au sanscrit devi. Sous l'empire romain, le mot Dieu (avec d majuscule), latin Deus (en grec Theos, bâti sur un autre terme indo-européen pour désigner une divinité, *dhesos), a été employé par les "païens" pour désigner le dieu suprême, Zeus/Jupiter, parfois remplacé par Hélios Anikêtos/Sol Invictus par certains païens de l'antiquité tardive, et a aussi été repris par les chrétiens pour désigner leur dieu unique.

15/02/2010

Percy Jackson ou le retour des dieux

percy-jackson-le-voleur-de-foudre-15035-561023112.jpgTirée d'une série de romans de Rick Riordan (cinq volumes sortis), l'adaptation cinématographique du premier roman était attendue. Il n'est pas fréquent de retrouver les dieux de la mythologie classique dans un contexte moderne, les USA d'aujourd'hui. Le concept original, qui annonce une forme de retour des dieux anciens, mérite à lui seul d'aller voir ce film aux effets spéciaux de qualité. 

L'idée est que les dieux continuent d'entretenir des relations avec des mortelles, aboutissant à la naissance d'une progéniture abondante, des demi-dieux ou héros formés dans une école d'arts martiaux à l'écart du monde des mortels. Dans ce cadre, le jeune Percy, en réalité Perseus, véritable réincarnation de son homonyme, qui a été éduqué par sa mère à New York en l'absence de son père, le dieu Poséidon lui-même, est amené à découvrir ses pouvoirs alors qu'il est confronté à divers monstres de l'antiquité, comme le Minotaure, Méduse et l'Hydre, et qu'il est accusé par le plus puissant des dieux, Zeus lui-même, d'avoir volé le foudre céleste.

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