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03/11/2019

Etude des systèmes nationaux subsidiaires: le cas de la Suisse.

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Passons maintenant au cas de l’équilibre subsidiarité/unité qu'a trouvé un autre État européen, modèle aux yeux de beaucoup, la Suisse.

La Suisse est l’Etat européen idéal tant sur le plan démocratique qu’institutionnel (subsidiaire).

Et il y a une part de vérité tant la « diversité » indo-européenne existe à travers ses régions historiques (Romandie, Alémanie, Suisse italienne) qui ont déterminé la place de ses langues officielles sur l’ensemble du territoire et par l’histoire commune, où les différentes expressions de celle-ci dans les cantons n'ont pas été un facteur de division et où chacun, à partir de 1291, a pu rejoindre librement la Confédération, souvent suite aux « guerres d’indépendance » que la Suisse a menées, et aussi à travers les évènements du XIXe siècle (révolutions de 1789, 1848) et ce malgré le différent religieux et culturel.

L’Histoire de la Suisse est intimement liée à l’histoire de ses cantons.

L’Histoire « nationale » jacobine est alors quasi inexistante si ce n’est lors de la période napoléonienne, ce qui était contextuel, propre aux peuples européens tentant de ne faire qu'un, avec l’influence de la Révolution française de 1789, mêlant aspirations nationales et libérales (démocratiques) inspirant le courant du romantisme.

Pour le côté historique, il est quelque peu anachronique de parler de « Suisse » avant 1291 (date de l’unification de 3 cantons qui avaient fait sécession de l’Alémanie, dont on peut considérer en ce sens sur le même plan que la Suisse est à l’Alémanie ce que l’Autriche est à la Bavière) puisque vivaient divers peuples, que ce soit soit les Rhètes (habitant la région romaine de Rhétie dont une partie se situait dans l’actuel canton des Grisons), les Burgondes et les Alamans (qui étaient venus au Ve siècle).

Et après la mort de Charlemagne, le Traité de Verdun (843) a divisé l’Europe occidentale en trois parties dont la Suisse faisait partie de la Francie médiane (Lotharingie), propriété de Lothaire Ier.

En 1291, les cantons de Schwyz, Uri et Unterwald font sécession de l’Alémanie pour s’unir et créer une confédération et réitèrent ensuite leur unité (en 1315) par le Pacte de Brunnen après la bataille gagnée à Morgarten (contre le duché autrichien).

En 1332, la Confédération connait son premier élargissement, à cinq cantons de plus dont quatre germaniques (Lucerne, Zurich, Glaris, Zoug) et un « latin » (Berne).

En parallèle, la Confédération (de 1450 à 1799) vit l’existence d’un État à part, composé de trois ligues (Ligue Grise, Ligue des Dix-Juridictions, Ligue de la Maison-Dieu).

La bataille gagnée à Grandson (1476) contre le duché bourguignon permit d’autres élargissements et les cantons de Fribourg et Soleure (1481) et Schaffhouse (1501) se joindront eux aussi à la Confédération.

La première division, « guerre civile » intervenait lors des Guerres de Kappel (1529/1531) entre les cantons catholiques et les cantons protestants.

La deuxième division arrivera au moment de l’époque napoléonienne, avec une éphémère « république nationale » helvétique (1798/1803) où d’autres cantons se joindront pour reformer la Confédération après l’Acte de Méditation, avec des territoires germaniques (Argovie, Saint-Gall, Thurgovie), romanche (Vaud), italophone (le Tessin) et un diversifié (le canton des Grisons).

A la veille du Congrès de Vienne, d’autres territoires francophones se joindront come Genève, Neuchâtel et le Valais.

Puis à la veille de la « contagion révolutionnaire », contre les volontés jacobines de la Confédération, les cantons catholiques conservateurs (Lucerne, Fribourg, Valais, Uri, Schwytz, Unterwald, Zoug) vont créer la ligue (sécessionniste) du Sonderbund (1845/1847), allant même engager une guerre qu’ils perdront.

Politiquement, dans les plus hautes instances institutionnelles, la Suisse, dispose :

De conseillers fédéraux (de l’ordre de 7), d’un président de la Confédération (élu par l’Assemblée fédérale, composée du Conseil national et du Conseil des États, mandaté pour 1 an), d’un vice-président et d’un chancelier.

Eugène GUYENNE (Le Parti des Européens)

16/02/2014

Une votation suisse identitaire mais non europhobe

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drapeau_ue_ch1.jpgL’Union Démocratique du Centre, die Schweizerische Volkspartei (« Union du Peuple Suisse ») en allemand, un nom clairement plus significatif de l’orientation de ce mouvement dans cette langue, proposait au vote une « initiative populaire » de lutte contre « l’immigration de masse ». L’expression était relativement vague, regroupant sous un même vocable aussi bien l’immigration européenne que non-européenne. L’UDC a certainement dû choisir, pour des raisons de légalité, une terminologie relativement obscure afin de ne pas encourir le risque d’être accusé de discrimination, comme elle aurait pu l’être si elle avait ciblé par exemple « l’immigration extra-européenne ». Pour s’opposer à celle-ci, il fallait donc s’opposer aussi à l’immigration européenne.

Avec 50,3% des voix, d’extrême justesse donc, la proposition de l’UDC a été acceptée par les électeurs suisses, suscitant émotion et tollé au sein de l’Union Européenne, mais rappelant surtout à des gouvernements faisant promotion de « multiculturalisme », à l’instar du gouvernement Ayrault, l’impopularité d’une politique qu’ils imposent de fait à leurs concitoyens et sur laquelle ils se gardent bien de les interroger. Là encore, une oligarchie politico-médiatique s’arroge le monopole du bien et refuse au peuple le droit de s’exprimer sur une question cruciale. Elle refuse ce droit parce qu’elle connait déjà la réponse négative et ne veut surtout pas être contrainte d’en tenir compte. En ce sens, les Suisses ont voté pour tous les Européens.

Du fait de l’ambigüité de ce texte, les électeurs les plus concernés par l’immigration ne sont pas nécessairement ceux qui ont voté « oui ». Ce paradoxe en apparence s’explique. Dans les cantons francophones, de nombreux frontaliers français travaillent. Ils ne se distinguent pas nécessairement des citoyens suisses, ni par la langue, ni par le comportement.  Les électeurs ont donc été sensibles à leur situation. Si la proposition UDC n’a obtenu que 39,1% de oui à Genève, 38,9% dans le canton de Vaud, 39,3% dans celui de Neuchâtel, et 48,3% dans celui du Valais, ce qui représente néanmoins une opinion importante, c’est pour cette raison. Ceux qui ont voté « oui » l’ont fait pour cibler l’immigration extra-européenne.

En revanche, à l’exception de Zürich, où le oui n’a obtenu que 47,3% des voix, les cantons germanophones, moins touchés par une immigration européenne, ont voté massivement en faveur de la proposition de l’UDC, seul parti pourtant à la défendre et ce contre tous les autres. Si la capitale fédérale Berne a donné un petit 51,1% des voix, le canton d’Appenzell a donné 63,5% au oui, celui d’Obwald 59 ,1%, celui de Thurgovie 57,8%, le canton emblématique de Schwyz 63,1%, et Uri 58,2%. Les Italophones du Tessin ont fait mieux, en donnant 68,2% au oui. On retrouve la division classique ouest/est, francophone/germanophone, avec un PSS fort dans le premier camp et une UDC/SVP forte dans le second. Cela rappelle aussi la situation belge opposant Wallonie et Flandre. On peut considérer que la « France » universaliste a un effet idéologique délétère sur les francophones voisins, à l’exception sans doute du Val d’Aoste.

Ce vote massif des cantons germanophones et italophobes traduit un rejet net de toute immigration, dans un environnement où le chômage progresse (7% dans le Tessin), et une manifestation identitaire de défense face à une évolution sociétale du continent européen, et notamment de sa partie occidentale, qui inquiète. Là encore, ce n’est pas spécialement l’immigration européenne qui pose question, à l’exception de quelques groupes nationaux ou religieux mal vus, que l’immigration moderne. Face à des pays qui confèrent leur nationalité à n’importe qui et de manière laxiste, les Suisses savent que l’ouverture aux Européens n’est pas l’ouverture qu’aux Européens et que Schengen, en l’absence de frontières européennes continentales, est une boîte de Pandore. Or la Suisse a des avantages géostratégiques qui lui permettent de limiter l’impact du mondialisme, même si elle est touchée comme les autres, et de bénéficier d’avantages avec l’Union Européenne dans le même temps. Certes, la Suisse est aussi menacée que les autres Européens face aux phénomènes contemporains, dénatalité criante et flux migratoires illégaux, mais elle a au moins quelques moyens de ralentir cette involution. Et quand on pose aux Suisses la question, ils répondent en ce sens.

Le vote suisse doit donc nous faire réfléchir sur le sens et la définition de la nationalité, des droits et devoirs qu’elle confère et qu’elle devrait être seule à conférer, sur l’immigration de travail en période de chômage et de crise économique, sur les principes fondateurs de la démocratie, trop souvent bafoués en France, mais respectés a minima en Suisse, et sur le fonctionnement et les buts de l’Union Européenne.

Si les Suisses sont nombreux à rejeter désormais toute perspective d’adhésion à l’Union, s’ils sont prêts à limiter l’immigration européenne pour limiter l’extra-européenne, c’est avant tout par la faute de l’Union elle-même, incapable de défendre vraiment les Européens en Europe. C’est parce que nous ferons évoluer l’Union Européenne dans un sens vraiment européen que demain la Suisse voudra en être, pour les mêmes raisons qui font qu’elle refuse aujourd’hui l’idée même d’adhésion. Si elle pense, et elle a raison de le penser, que l’Union Européenne ne les protège pas, et ne résoudra pas des questions que même la démocratie suisse ne parvient pas à résoudre, et elles sont nombreuses, elle préférera rester seule, même au risque d’être victime de sanctions économiques dont on doute que l’Union Européenne osera les mettre en œuvre.

Le vote suisse, que les media français veulent présenter comme un vote hostile aux travailleurs français en Suisse, ce qui est un mensonge, est bien, comme l’a expliqué le politologue Pascal Sciarini (Le Monde.fr du 09/02/2014), un vote identitaire, « contre l’immigration, pas contre l’Europe », et il faut le comprendre comme tel. Ne laissons pas ceux qui refusent que nous puissions nous exprimer à ce sujet l’interpréter autrement.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

24/10/2011

Brèves européennes... (5) - Elections en Suisse et en Bulgarie

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SUISSE

Les élections législatives helvétiques se déroulaient ce dimanche. Les derniers sondages annonçaient une nouvelle percée de l’Union Démocratique du Centre (SVP en allemand, signifiant « Parti populaire suisse »), parti de droite nationaliste et conservatrice, davantage connu hors de Suisse pour ses votations anti-immigration et anti-islam, et dont les figures majeures sont son président, Toni Bronner, son ancien président Christoph Blocher et le sémillant Oskar Freysinger. Avec 29,3%, l’UDC devait dépasser son score de 2007 (28,9%) et espérait atteindre la barre fatidique des 30%. Il n’en fut rien.

Selon les résultats disponibles à 23 :30, et qui ne devraient plus fluctuer, l’UDC/SVP échoue dans son pari. Non seulement, au sénat, Christoph Blocher se classe 3ème sur Zürich, avec un peu moins de 15% des voix, ce qui lui interdit d’espérer être élu, mais le parti régresse, faisant moins bien qu’aux deux élections législatives précédentes, avec seulement 25,3% des voix (- 3,6 points), 55 députés (-7) et 3 sénateurs (-4), même s’il demeure le premier parti du pays. Il est difficile de savoir si cet échec s’explique par la ligne politique choisie, hostilité à l’immigration (européenne et non-européenne) et à l’Union Européenne, ou si le principal responsable est le BDP (« parti bourgeois démocrate »), issu d’une scission de l’UDC et fondé en 2008, qui obtient 5,2% des voix et 9 députés.

Les autres mouvements nationalistes et/ou conservateurs sont écrasés par l’UDC/SVP, puisque les Démocrates Suisses n’obtiennent que 0,2% des voix (-0,4 points) et le MCR (« Mouvement des citoyens romans ») n’obtient que 0,4%. Toutefois ce dernier score cache la réussite de sa branche genevoise, où le Mouvement des Citoyens de Genève obtient 10,1% (+7,6) et fait ainsi rentrer son premier député au parlement. A Genève, l’UDC, avec 15.1% seulement, perd cinq points, qui vont très logiquement au MCG.

Les sociaux-démocrates suisses (SP) avec 17,6% des voix (- 3,6 points) ne bénéficient pas de ce recul de l’UDC, à l’électorat bien différencié. Le FDP (libéraux) échoue également à récupérer cet électorat puisqu’avec 14,7% des voix, il perd trois points. Les chrétiens démocrates du CVP (13%, -1,5 pts) et les Verts/Grüne (8%, -1,6 pts) sont dans la même situation. Tout cela témoigne d’un rejet par l’électorat des partis dominants le système politique suisse, ce qui peut indiquer une inquiétude économique par rapport au problème du franc fort et à la crise économique qui atteint l’Union Européenne voisine.

Les libéraux-verts du GLP, avec 5,2% des voix (+ 3,8 pts) ont su en revanche convaincre davantage d’électeurs qu’en 2007, au détriment de l’autre mouvement écologiste. Les évangélistes de l’EDU (« démocrates ») et de l’EVP (« populaires ») stagnent (1,3%) ou progressent légèrement (3,2%, +0,8 pts), de même que le Parti Social Chrétien (0,6%, +0,2 pts). En revanche, la Ligue du Tessin (Lega), s’effondre avec seulement 0,1% des voix (-0,5), et le parti des Piraten échoue avec moins de 0,1% des voix au niveau national. Enfin, l’extrême-gauche du mouvement « Die Linke » (LIN), avec 2%, progressent de près de 70% (contre 1,3% en 2007), au détriment des sociaux-démocrates.

L’enseignement principal, que retient notamment la presse française, est donc ce recul très significatif de l’UDC, premier et net coup d’arrêt à une progression constante depuis de nombreuses années. Il a souffert notamment de la concurrence du BDP, anciens membres de l’UDC/SVP qui ont fait faux bond en 2007, débauchés par les opposants de Blocher. Si on ajoute au score de l’UDC celui du BDP, deux partis qui étaient réunis en 2007, l’ensemble atteint environ 32% des voix. Si le BDP ne parvenait pas à s’enraciner dans la durée, cet électorat pourrait retourner à la maison-mère. L’UDC/SVP devrait probablement tirer les leçons de ce revers en adoucissant sa ligne générale, ce qui n’est pas nécessairement le message transmis par ses électeurs.

BULGARIE

Autre élection en Europe ce dimanche, les élections présidentielles en Bulgarie. Les élections précédentes avaient surpris l’opinion occidentale par l’accès au second tour de Volen Siderov, sorte de « Le Pen » bulgare, et dirigeant du mouvement nationaliste Ataka, « Attaque ». Alors qu’aux dernières législatives, le parti avait néanmoins obtenu 9,3% des voix, son candidat aux présidentielles échoue, ne capitalisant sur son nom que 3,9% des voix, selon des résultats provisoires, et ce malgré les émeutes anti-roms de ces dernières semaines.

Le grand vainqueur est le candidat de droite, du parti GERB, Rosen Plevleliev, qui avec près de 41% des voix, remporte largement ce premier tour et prend une option importante sur le second. Le Parti Socialiste Bulgare (BSP) d’Ivaïlo Kalfin, avec 28% des voix, réalise un score tout à fait honorable, et rejoint son adversaire au second tour mais avec un sérieux handicap. La candidate indépendante Meglena Kouneva, avec 13% des voix, crée la surprise même si elle échoue au pied du podium. Le démocrate Rusen Hristov, avec 2%, échoue à faire entendre sa voix différente, de même qu’Atanas Semov, représentant d’une droite conservatrice dure, avec 1,9%. Svetoslav Vitkov (1,8%), le nationaliste macédonien de l’IMRO Krasimir Karakatchanov (1,1%) et la démocrate Maria Kapon (0,8%) ferment la marche.

Une des questions cruciales de ce scrutin était de permettre aux citoyens bulgares d’avoir à la tête de leur état un médiateur énergique avec les grands pays de l’Union Européenne, inquiets des retards qu’ont pris pour se moderniser les deux nouveaux membres de l’UE (depuis 2007), Roumanie et Bulgarie. Avec plus de 40% des voix, Plevleliev a obtenu un mandat clair des électeurs du premier tour, qu’il faut concrétiser au second. Siderov a déjà annoncé qu’il refusait d’apporter son soutien au candidat de droite.

05/03/2010

La ligue arabe s'unit contre le peuple suisse

La Ligue arabe estime que la Suisse est "raciste"

Les Etats membres de la Ligue arabe ont adopté mercredi au Caire une position entièrement solidaire avec la Libye dans son différend avec la Suisse. Ils accusent Berne d'être "raciste". En Suisse, l'impact de l'embargo de Tripoli est largement minimisé, les échanges étant déjà très réduits.

La Ligue arabe, citée jeudi par l'ANSA, demande à l'Union européenne de réfuter la "liste noire" des 150 personnalités libyennes auxquelles l'entrée dans l'espace Schengen, liste qualifiée de "raciste". L'organisation condamne "l'utilisation de l'espace européen à des fins politiques". Au total, les ministres de 17 pays membres de la Ligue arabe, dont ceux des voisins de la Libye, ont signé le document.

En parallèle, le diplomate libyen Ali Aujali, en poste aux Etats-Unis, a expliqué à l'agence Reuters que le leader libyen Kadhafi, qui a appelé récemment au "djihad" contre la Suisse, évoquait un "boycott économique" contre la Confédération et non une "attaque armée".

Source (rsr.ch)