29/07/2013
L’Europe de demain, république ou empire ?
Certains partisans d’une Europe unie et/ou fédérale se sentent obligés de prôner un « empire européen », alors que nous oeuvrons au contraire pour une « république européenne ». Même si parfois sous des termes différents, un même projet apparaît, le choix des vocables pour désigner l’Europe de demain n’est pas anodin, car il implique la conception même qu’on peut se faire de notre continent.
Si l’unité de l’Europe a du sens, ce n’est pas pour des raisons géographiques qui pourraient d’ailleurs être contestables, l’Europe de l’Islande à l’Oural ayant été promue par des géographes russes au service du tsar au XVIIIème siècle, mais d’abord et avant tout en raison de la profonde parenté entre Européens, une même naissance qui n’a jamais échappé aux anciens Grecs, Hippocrate étant le premier à parler des Europaioi, ni aux philosophes des Lumières, Montesquieu et Voltaire en tête. C’est parce que les Européens sont frères « nés d’un même sang », pour reprendre une expression du poète Eschyle, que faire leur unité politique est possible.
Or la différence principale entre une république et un empire, c’est qu’une république se veut homogène, même si elle ne l’est pas nécessairement d’une manière totale, alors qu’un empire a vocation à réunir des gens très différents. C’est ainsi que, bien qu’officiellement républicains, les USA peuvent être à raison qualifiés d’empire, en particulier depuis les années 70 et à plus forte raison aujourd’hui alors que les minorités tendent à devenir la majorité. C’était aussi le cas de l’empire mésopotamien, de l’empire perse, de l’empire d’Alexandre, de l’empire romain, de l’empire carolingien, de l’empire russe comme de l’empire austro-hongrois. Un empire est cosmopolite.
Si on admettait l’idée que l’Europe de demain soit un empire, c’est qu’on mettrait la diversité, et pas seulement intra-européenne, comme principe fondateur, et non l’européanité.
En outre, une république est une polyarchie, à savoir que le pouvoir est partagé en plusieurs personnes ou entités politiques, éventuellement entre tous les citoyens. La Thing scandinave ou l’Ecclesia athénienne représentent cette république originelle, conforme à notre plus longue mémoire. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la traduction grecque de « république » est « démocratie ». Même si la république romaine était dominée davantage par des familles aristocratiques, peuplant le Sénat, que par le peuple, au sein des Comices, la rupture fondamentale de 509 avant J.C, avec l’abolition de la monarchie, illustrait remarquablement ce dévouement à l’intérêt général, au point de sacrifier ses propres fils à la res publica, comme le fit Brutus l’ancien.
En revanche, qui dit « empire » dit « empereur ». Ce mot n’existe pas en latin puisque l’imperator est le général qui dispose du pouvoir d’imperium qu’il a reçu des assemblées. Auguste était princeps, « prince » au sens de premier des citoyens (primus inter pares) parce qu’il se voulait le continuateur de la République et non un souverain. C’est ainsi qu’il refusa d’être appelé « Romulus » mais choisit d’être « Augustus », ne voulant pas donner l’impression au peuple romain de restaurer la monarchie, comme on en avait accusé auparavant César. Un empereur est donc ni plus ni moins qu’un monarque ou si on préfère un autocrate. C’est bien ainsi qu’étaient les empereurs du bas-empire, qualifiés de « domini » ou « seigneurs », le dominat du IVème siècle s’opposant au principat du Ier siècle.
Le modèle de l’empereur romain du déclin, qui se prend pour un empereur perse, exige qu’on se mette à genoux devant lui (proskynèse), c’est le tyran du haut-empire, c’est Caligula, Néron ou encore Commode. Constantin et Théodose ne sont fondamentalement pas différents, alors que Dioclétien au contraire partage le pouvoir entre quatre chefs d’état, deux Augusti et deux Caesares.
Le modèle de l’autocrate vient bel et bien de l’Orient et vouloir une conception impériale pour l’Europe, c’est tourner le dos une fois de plus à la tradition européenne, qui est fondamentalement républicaine. Chez les Indo-Européens, le pouvoir est détenu par une *sebhos, une assemblée du peuple, au sein de laquelle un *regs ou « garant du droit » est élu. Le *regs donnera le mot « roi » (latin rex), mais ce terme ne doit pas être à l’origine confondu avec le sens qu’il a pris au moyen-âge. En revanche, le melekh proche-oriental est un souverain absolu et le représentant de Dieu ou des Dieux sur terre. Alors que les Sumériens possédaient une forme de proto-démocratie avec des cités-état, les Akkadiens puis les Assyriens transformèrent politiquement la Mésopotamie en empire.
La notion allemande de Reich, que l’on traduit généralement par « empire » en français, est-elle-même liée étymologiquement au mot latin rex. Là encore, l’idée d’un Reich européen, outre la connotation négative d’un terme particulièrement dévalorisé par son usage par l’Allemagne nazie, n’est pas conforme aux valeurs et aux principes fondamentaux des Européens depuis l’antiquité la plus ancestrale.
Rappelons qu’au XXème et XXIème siècles, la notion d’ « empire » est systématiquement négative. On songe par exemple à l’Empire dans l’univers Starwars, symbole de la victoire de l’oppression sur les libertés publiques, mais aussi à des expressions comme « l’empire du mal », « l’empire soviétique » ou encore « l’empire colonial ». Ce dernier terme, qui n’avait pas un sens péjoratif à l’origine, mais qui l’a ensuite pris à la suite des mouvements de décolonisation, respectait d’ailleurs son sens véritable. Car l’empire colonial n’est rien d’autre que l’unité contrainte de populations n’ayant rien en commun à part le fait d’être des « prises de guerre » d’une puissance coloniale européenne.
Que la république française ait pu générer un empire, voilà une chose bien étrange. Mais cela n’a pu être le cas que parce qu’une oligarchie a réussi à se maintenir au pouvoir en France, malgré les élections, et a œuvré au profit d’intérêts privés au lieu de celui du plus grand nombre. L’aberration coloniale, qui a permis à certains de s’enrichir considérablement, au détriment du peuple, était le résultat d’une conception impériale dans laquelle on explique « nos ancêtres les Gaulois » à des populations africaines.
Admettre la notion d’empire comme nécessaire pour penser l’Europe unie, c’est ne pas agir dans le sens des intérêts de l’Europe et des Européens, car c’est nier la profonde homogénéité de notre continent, et nier sa capacité à défendre la liberté publique contre les tyrans de toutes sortes, contre les oligarchies. Odium regni, telle devrait être la devise de l’Europe de demain.
Thomas FERRIER (PSUNE)
PS : il est intéressant de noter que chez les plupart des peuples d’Europe, la notion de « roi » est exogène. Le rix celte, le rex latin et le rajah indien, venant de l’indo-européen *regs, ne désigne pas un monarque, pas plus que l’archonte-roi à Athènes ne l’était. Chez les Germains, le « kauningaz » est un « chef de tribu », un kinship leader. Son nom a donné le russe kniaz’ (« prince ») et le finnois kauningas. Le « roi » est chez les Slaves un tsar, un « César » mais aussi un korol’, un « Carolus », du nom latin de Charlemagne. C’est aussi le cas du karãlius lituanien.
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26/12/2011
Du principe contesté des lois mémorielles et de la Turquie en particulier
La proposition de loi n°3842 portant « transposition du droit communautaire sur la lutte contre le racisme et réprimant la contestation de l’existence du génocide arménien » a été adopté en première lecture par l’assemblée nationale la semaine dernière, suscitant une réaction extrême du gouvernement turc. Le texte de loi propose de transposer une directive communautaire en droit français, directive qui ne vise pas spécialement la question de l’arménocide de 1915 mais qui élargit les dispositions de la loi dite « Gayssot » antérieures, celle-ci étant dédiée exclusivement au judéocide commis par le régime national-socialiste allemand. Si cette nouvelle loi inclut de fait des sanctions accrues contre la « négation ou la banalisation grossière » de crimes de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre, et si elle offre la possibilité à des associations de se porter partie civile, elle ne concerne qu’accessoirement le négationnisme turc. Il s’agit avant tout d’une nouvelle loi à vocation antiraciste, destinée à sanctionner pénalement l’expression de certaines idées et de certains propos.
A partir de ce constat, deux attitudes seulement sont cohérentes. Ou bien on est favorable par principe à la liberté d’expression, et alors non seulement il faut s’opposer à cette nouvelle loi mais il faut alors demander aussi l’abrogation de la loi précédente de 1993, même si le sujet est délicat à aborder. Ou bien on considère que la liberté d’expression doit être encadrée par la loi, et alors il n’y a aucune raison de ne pas traiter la négation de l’arménocide à égalité avec celle du judéocide, comme le fait à juste titre remarquer Caroline Fourest dans un article du journal Le Monde daté de samedi.
En vérité, lorsqu’on fait le choix de limiter la liberté d’expression des citoyens, et y compris leur droit à affirmer des contre-vérités, on se dote d’un mandat sans légitimité, au nom d’une conception du bien qui n’appartient qu’à vous. Le censeur, même animé des meilleures intentions du monde, ne doit pas exister en démocratie. Aussi, les européistes que nous sommes proposeront dans la constitution de la future république européenne que nous appelons de nos vœux l’affirmation de la liberté d’expression, la seule entrave étant naturellement la diffamation envers une personne en particulier, comme principe constitutionnel, à l’instar du premier amendement américain. Ce n’est pas au législateur de décréter ce qu’il doit être permis d’écrire ou de dire, et il n’est pas normal que des associations auto-proclamées légitimes puissent intervenir au tribunal pour faire taire tel ou tel.
En outre, ces lois mémorielles ne rendent pas service aux causes qu’elles prétendent défendre, puisque les contre-vérités s’appuient toujours sur un martyrat pervers, et condamner des gens pour ce qu’ils ont dit ou écrit, c’est les mettre en position de victimes de l’injustice, ce qui implique de donner d’une certaine manière crédit à leurs mensonges. Je ne souhaite pas que des falsificateurs puissent se donner l’image de martyrs, et c’est par le mépris et le travail historique qu’il faut leur répondre.
L’opinion française est manifestement majoritairement opposée à cette nouvelle loi, ce qui implique qu’elle est tout autant opposée à la loi précédente. Mais lorsque François Bayrou ou Dominique de Villepin rejettent cette nouvelle loi, sans remettre en cause l’autre loi évoquée, ils ne sont pas cohérents et manquent de courage dans l’affirmation de leur point de vue. Ou bien les deux lois, ou bien aucune. Cette loi contestée a en revanche le mérite de la cohérence, puisqu’elle est dans la continuité des principes du droit actuel, s’appuyant sur des conventions internationales signées par la France, sur des directives communautaires, et aussi sur la loi française, et complète et élargit les textes antérieurs.
Maintenant, puisque l’un des principaux arguments des opposants à cette loi étant qu’elle serait de circonstance, et purement électoraliste, interrogeons-nous honnêtement à ce sujet. Je ne crois pas qu’elle soit destinée à encourager le vote de la communauté arménienne envers Nicolas Sarkozy, cette dernière étant animée par bien d’autres considérations, comme tous les autres citoyens, que cette question certes liée à une immense et incontestable tragédie. Il serait extrêmement naïf de s’imaginer qu’une loi, qui ne concerne pas spécifiquement ce sujet, comme cela a été montré, amènerait des citoyens responsables à choisir leur président en conséquence.
En vérité, Nicolas Sarkozy avait une autre idée en tête, qui était de pousser le gouvernement turc à l’excès. Sarkozy étant incapable, alors qu’il s’y était engagé, de mettre fin de manière unilatérale au processus d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, s’est servi d’une question sensible pour pourrir la situation. Lorsqu’on constate la réaction outrancière d’Erdogan et de ses amis, lorsqu’on assiste avant et après ce vote à des pressions inadmissibles, lorsqu’on apprend que la députée qui a proposé cette loi, Valérie Boyer, est menacée par des extrémistes, lorsque le gouvernement turc accuse la France de génocide en Algérie, passant sous silence trois siècles d’occupation coloniale ottomane antérieure, on voit la Turquie contemporaine sous un autre jour. Peut-on souhaiter que ce pays rejoigne l’Union Européenne une fois que tout cela a été constaté. Et je n’évoque pas les menaces turques sur Chypre, le discours radical d’Erdogan sur Israël, la mansuétude dont il témoigne à l’égard du gouvernement iranien voisin.
Un autre élément à rappeler, c’est que de tous les partis turcs, le seul à être opposé à l’adhésion à l’Union est le MHP (« mouvement d’action nationale ») nationaliste, qui oblige Erdogan à surveiller sa droite. C’est le MHP qui au final est le principal bénéficiaire de ce vote français, la fierté nationale turque outragée sachant qu’elle est défendue vigoureusement par ce parti, qui a obtenu près de 15% des voix aux dernières élections législatives.
La manœuvre de Nicolas Sarkozy est donc évidente, à savoir contourner le refus de ses partenaires de dire non à la Turquie en provoquant cette dernière par une loi de circonstance, une loi qui par ailleurs restreint la liberté d’expression selon un principe mémoriel, ce qui suscite un large débat en France, débat qui me paraît une excellente chose si cela permet de discuter de la préservation des libertés individuelles.
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
12:24 Publié dans Communiqués, Editoriaux, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lois mémorielles, arménocide, gayssot, liberté d'expression, république européenne, premier amendement, turquie, erdogan, psune, thomas ferrier |
11/12/2011
Brèves européennes… (10)
UNION EUROPEENNE
Enfin un accord… Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et vingt et un autres chefs d’état et/ou de gouvernement sont parvenus à un accord afin de mettre en place une politique économique européenne commune fondée sur l’application de la rigueur budgétaire et de la lutte contre les déficits. Ils espèrent ainsi mettre fin à la déstabilisation des marchés, suite aux conséquences de la crise de la dette grecque. Suite à la décision de David Cameron d’opposer son veto à la mise en place d’un nouveau traité permettant d’appliquer cet accord, Sarkozy et Merkel ont été contraints de proposer un traité limité aux dix-sept membres de la zone euro, et d’en exclure ainsi les pays n’ayant pas adopté la monnaie unique. Ainsi écartés, la pression sur les gouvernements de ces pays fut telle que leurs dirigeants demandèrent à rejoindre les états signataires, même le Danemark, qui avait jadis refusé l’€ et bénéficié d’une clause dérogatoire. Enfin, on apprenait en fin de soirée que la Hongrie, la Suède et la Tchéquie avaient annoncé leur volonté de rejoindre les signataires, mais ont choisi d’obtenir la confiance de leur parlement national avant d’officialiser leur décision.
Ainsi, le Royaume-Uni de David Cameron s’est-il de fait exclu de lui-même des décisions. En posant à ses partenaires des conditions inacceptables, il a isolé son pays au sein du continent et a obligé Sarkozy et Merkel à oser l’impensable, ne pas céder aux pressions britanniques. Cameron a voulu s’éviter un désaveu national en présentant un projet d’esprit fédéral aux parlementaires britanniques, mais surtout éviter tout conflit interne au sein des Tories. Les libéraux-démocrates faisant partie de sa coalition, et depuis ayant considérablement régressé dans les sondages, ne peuvent pas protester, sinon ils prennent le risque de faire chuter le gouvernement de coalition et provoquer ainsi de nouvelles élections dont ils seraient les grands perdants. Les souverainistes les plus durs quant à eux ont été entendus, ce qui devrait limiter toute progression du mouvement UKip et éviter un débordement par la droite.
ROYAUME UNI
David Cameron s’est présenté comme celui qui voulait défendre avant tout les intérêts britanniques, selon un postulat souverainiste des plus classiques, sans se demander de quels britanniques il voulait défendre les intérêts, mais aussi si l’Union Européenne pouvait elle aussi préserver les dits intérêts. Et c’est là que le bât blesse. La presse explique ainsi que Cameron a voulu défendre les intérêts de la City, mais la City n’est pas le peuple anglais, ni la nation britannique. Ce n’est que l’expression financière de l’hyper-classe mondialiste, dans un pays qui a renoncé à son industrie et saboté son service public à la seule fin de plaire à une caste d’oligarques internationaux. Des bénéfices de la City, le peuple britannique n’en voit pas la couleur. La paupérisation de la population anglaise est une évidence, et le pays est devenu si décourageant pour son propre peuple que les retraités britanniques préfèrent s’installer en France, même si la crise actuelle limite désormais ce choix. Enfin, les récentes émeutes qui ont touché Londres et quelques autres villes ont démontré à quel point l’Angleterre a été trahie par ses dirigeants, travaillistes comme conservateurs, et que Thatcher a fait beaucoup de dégâts, tout comme le « New Labour » de Blair.
Le « Labour » a abandonné le socialisme britannique, cette idéologie qui naît avec Owen (socialism apparaît en 1831 sous sa plume) mais aussi avec la Fabian Society originelle, et dont le dernier authentique représentant au XXème siècle fut Henry Hyndman. Il a libéralisé à outrance le service public, comme le souhaitent les plus libéraux en France, et a ouvert large les portes du royaume à un prolétariat importé, ce qui avait déjà été commencé par ses prédécesseurs de « gauche » comme de droite, et avait amené un conservateur du nom de Powell à briser sa carrière politique pour avoir osé remettre en question un choix sur lequel le peuple britannique n’avait jamais été consulté. Ceci explique pourquoi les ouvriers britanniques, désespérés, sont contraints de tourner le dos à la « gauche » et se tourner vers les nationalistes qui, à l’instar de la version française, ne les défendent pas davantage, mais profitent de leur désarroi. C’est quand la gauche n’est plus de « gauche » que le peuple se tourne vers la droite nationaliste.
Le socialisme européen est la réponse véritable aux angoisses qui assaillent le peuple britannique et aux maux qui rongent leur société et les démunissent face à la mondialisation économique et migratoire. C’est par son exemple que le socialisme anglais renaîtra de ses cendres, et à ses côtés un socialisme gallois et un socialisme écossais. Cameron comme Blair ne servent pas les intérêts du peuple, de même que Sarkozy et Merkel font in extremis un pas fédéral, contraint forcé, parce qu’il y a des élections en 2012 et 2013 dans lesquelles ils jouent leur avenir, et n’auraient aucune chance d’être réélus si le chaos financier engloutissait la vieille Europe.
Le peuple britannique ne doit pas se réfugier dans un nationalisme sourcilleux, dans un souverainisme europhobe, car cela sert les intérêts de ceux qui les ont trahis. Ils vous ont convaincu, citoyens anglais, écossais et gallois, que l’€ était un danger, que la souveraineté britannique était un joyau qu’il faut préserver, alors que ce dit joyau, ils l’ont vendu depuis longtemps au monde entier. Ceux qui ont le mot « souveraineté » plein la bouche, ce sont ceux qui servent une politique atlantiste de soumission aux Etats-Unis et une politique mondialiste en matière économique au service des oligarques internationaux mais certainement pas du peuple. A la souveraineté de papier du Royaume-Uni d’aujourd’hui, il faut lui opposer une souveraineté d’acier, celle dont l’Europe demain pourra bénéficier.
L’entité politique qui défendra et protégera les travailleurs britanniques, les travailleurs européens, au Royaume-Uni, c’est l’Europe ! Vos élites vous ont fait croire qu’il fallait tourner le dos à l’€ et à l’UE. Ils vous ont mentis. Mais il est vrai que l’UE actuelle ne servirait pas plus vos intérêts. C’est la république européenne, et elle seule, qui vous permettra de résoudre réellement vos problèmes.
SERBIE
Alors que les 27 dirigeants ont officialisé l’acceptation de la Croatie en leur sein, qui devrait avoir lieu, si le référendum en ce sens confirme la décision d’adhésion, à la mi-2013, le processus d’adhésion d’avec la Serbie a été repoussé à février 2012, en l’attente d’une amélioration des relations entre la Serbie et le Kosovo. En avril 2005, quand des dirigeants irresponsables ont entamé le processus d’avec la Turquie, ils n’ont pas mis de conditions, ni par rapport à la question kurde, ni par rapport au sujet arménien. Et la Turquie n’est pas vraiment un pays européen, et à nos yeux pas du tout même. La Serbie a fait des efforts considérables pour pouvoir rejoindre l’UE. Sa demande en tant qu’authentique pays européen est légitime et par ailleurs il faut soutenir le gouvernement de Boris Tadic. Repousser dans le temps l’acceptation de ce pays, c’est faire le jeu des europhobes serbes (du Parti Radical Serbe [SRS]), fragiliser le gouvernement en place, et ne rien résoudre quant au problème kosovar.
Le PSUNE apporte son soutien plein et entier à Boris Tadic, qui œuvre patiemment pour que son pays rejoigne l’Europe politique, même si l’UE actuelle n’est en aucun cas la panacée. Symboliquement, il est important que la Serbie soit à nos côtés et serve de pont de l’amitié avec la Russie. Osons le dire à haute voix : « Serbie oui, Turquie non ! ».
RUSSIE
Suite aux résultats annoncés en Russie, selon lesquels le parti Russie Unie aurait obtenu 49,34%, soit près de quinze points de moins qu’en 2007, des manifestations plus ou moins spontanées ont eu lieu dans plusieurs grandes villes du pays. Les accusations de fraude massive, certaines organisations parlant d’un score de Russie Unie surévalué de dix à vingt points, en sont la source. Certains affirment (comme l’Observateur Citoyen) que Russie Unie n’aurait obtenu en réalité que 29,8% des voix, les communistes du KPRF 22,6%, le LDPR nationaliste 14%, Russie Juste 21% et Yabloko 8,3%.
Il est bien évident que dans un grand pays comme la Russie, qui ne découvre la démocratie que depuis le début des années 90, et qui a connu une période effroyable d’effondrement économique durant l’ère Eltsine, les fraudes existent. Elles sont certes moins hypocrites qu’en France où la fraude consiste en fait à une manipulation médiatique, comme on l’a constaté dans l’entre deux-tours de l’élection présidentielle de 2002, quoi qu’on puisse penser du challenger face au président sortant. Mais même si beaucoup de russes n’ont pas apprécié le roque entre Poutine et Medvedev, ils reconnaissent que cette décennie leur a permis de retrouver leur fierté et d’arpenter à nouveau le chemin vers une relative prospérité, même si le chemin est encore long. L’oligarchie russe est certes détestable, comme elle l’est en version anglaise à Londres ou en version française à Paris, où elle n’y est pas moins arrogante. Et là encore, les européens de l’ouest n’ont aucune leçon à donner.
Poutine et Medvedev sont-ils moins dignes que Sarkozy et Merkel ? Certainement pas. Maintenant, ce duo est celui de la situation de la Russie d’aujourd’hui. Les russes ont pu constater les méfaits du libéralisme économique et donc se méfient pour beaucoup du libéralisme politique, de cette croyance dans une prétendue démocratie sous prétexte que le compte des voix est honnête. Les images de la télévision russe quant aux évènements de nos banlieues en 2005 ont montré ce qu’il fallait penser du « modèle » français. Certes Poutine n’est en aucune manière la panacée, loin de là, mais qu’y a-t-il en face de lui. L’éternel (national-)communiste Ziouganov, candidat depuis maintenant près de deux décennies, tout comme le provocateur ex-« rouge-brun » Jirinovski, dont la seule raison d’être est d’empêcher l’émergence d’une droite radicale contestataire ? Il y eut jadis Lebed, qui aurait pu proposer une autre voie à la Russie, et demain peut-être Rogozine. Mais pour le moment, Poutine est là.
Mais l’avenir de la Russie ne passe pas par un pouvoir national, certainement pas autoritaire, mais bien par l’adhésion à la République Européenne qu’il faut fonder et dans laquelle le peuple russe a naturellement toute sa place. Quand on voit ce qu’est actuellement l’Union Européenne, il est toutefois difficile de proposer aux russes de nous rejoindre. Mais leur avenir est là. Et certainement pas en remplaçant Poutine par un Eltsine plus jeune, qui aura à cœur d’autres intérêts que ceux du peuple. Car ne soyons pas dupes des manœuvres américaines derrière cette contestation. De même qu’il ne faut pas s’imaginer que c’est le fruit du hasard si les agences de notation ménagent les USA, qui sont dans le rouge en matière de dette souveraine, alors qu’ils s’acharnent sur l’Europe.
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14/11/2011
Changer d’Europe pour sauver l’Europe
La crise des dettes souveraines, dont le nom nous rappelle que ce sont bien les états nationaux souverains de l’Union Européenne, et non une Europe fédérale en gestation, qui en sont les responsables, est en train de miner plus de soixante ans de construction européenne. Les premières victimes en sont les Européens eux-mêmes, et tout particulièrement le peuple grec. Les victimes les plus médiatisées en revanche sont les chefs d’état et de gouvernement.
Il y a d’abord eu le suicide politique du premier ministre slovaque, sacrifiant son gouvernement afin de faire voter le nouveau plan destiné à stabiliser la situation, en introduisant un fond européen de sécurité financière (FESF) pour réguler la dette grecque. Il y a ensuite eu le coup de folie du premier ministre Georghios Papandreou, annonçant à la surprise générale, y compris d’une partie de ses ministres, un référendum en janvier au sujet du plan franco-allemand. Papandreou a au final été contraint de démissionner pour être remplacé par Lucas Papademos dans le cadre d’un gouvernement technique d’unité nationale ouvert aux communistes et aux nationalistes du LAOS. Enfin, l’Italie a subi une pression considérable de la part des investisseurs internationaux poussant Berlusconi, qui avait résisté à tous les scandales liés à sa vie personnelle, à démissionner samedi 12 novembre au soir. C’est là encore un technocrate italien, ancien membre de la Commission de Bruxelles, Mario Monti, qui est devenu premier ministre à la tête d’un gouvernement resserré, violemment critiqué dès son investiture par la Ligue du Nord. Enfin, dès le début de la crise, le social-démocrate espagnol Zapatero avait jeté l’éponge et annoncé des élections anticipées qui devraient, sauf surprise, être remportées par le Parti Populaire, largement en tête dans les sondages.
La crise économique de la zone euro a amené les souverainistes et nationalistes à faire entendre leur voix europhobe et/ou eurosceptique, sauf en Grèce où même l’extrême-droite s’est rallié à l’euro et a remercié la France et l’Allemagne pour leur aide. Wilders a à plusieurs reprises répété son souhait de voir la Grèce abandonner l’euro. En France, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, mais la première d’une manière systématique et parfois particulièrement pathétique, prônent l’abandon de l’euro par la France, le présentant de toutes façons comme inéluctable. C’est un faux calcul, puisque c’est seulement en Allemagne que la déception concernant l’€ est importante, les allemands ayant le sentiment de payer pour sauver des pays plus laxistes, alors que c’est en fait leur intérêt profond. Selon un sondage BVA du 3 novembre, 77% des français sont désormais favorables à l’€. Ils ont compris que leur situation sociale et financière dépendait de la survie de la monnaie unique, sa chute annonçant la ruine des petits épargnants, une nouvelle envolée du chômage, déjà fort, et de la précarité. Il ne faut pas aimer son pays ni son peuple pour se réjouir de la crise actuelle de l’€.
Selon une information qui m’a été transmise de source bien informée, l’illusion souverainiste va jusqu’à ce que certains conseillers politiques FN prônent une politique de réarmement pour faire face à une Allemagne à nouveau belliciste après la fin de la monnaie unique. Ces nationalistes et/ou souverainistes entendent répondre à la crise de 2011 par les moyens de 1911. Je ne peux croire qu’une telle ligne puisse réellement convaincre 20% ou plus de nos concitoyens, malgré le malheur qui afflige de nombreux français et européens.
La chute de l’Union Soviétique a démontré l’erreur du marxisme appliqué, les Russes ayant pris une punition économique terrible dans les années 90, les amenant à tomber dans les bras de Poutine, qui a remis la Russie sur les bons rails au prix d’évidentes restrictions aux libertés politiques. Mais tant que le bloc de l’est existait, les régimes libéraux se mâtinaient de social-démocratie afin de ne pas faire le jeu des communistes, et modéraient leur libéralisme de fait. Après l’effondrement de l’URSS, les garde-fous ont sauté, et le libéralisme mondialisé, qu’on appelle « mondialisme », a montré son vrai visage et est tout aussi utopiste et catastrophique que son vieil ennemi défunt. Contre la folie néo-communiste, c'est-à-dire gauchiste, incarnée remarquablement par ces idiots utiles que sont les « indignés », contre la folie néo-libérale, c'est-à-dire mondialiste, qui est en train d’enfoncer l’Europe dans la rigueur et la pauvreté, en cédant à une spéculation débridée et incontrôlable qui ne fait qu’enrichir la Chine, contre la folie nationaliste, qui ne propose que de diviser l’Europe et préparer de nouveaux conflits sur notre continent, la réponse politique doit être à la fois vraiment européiste et vraiment socialiste.
C’était une ineptie de faire la monnaie unique sans avoir fait de gouvernement européen unitaire, sans que la Banque Centrale soit contrôlée par les électeurs, par le biais des élections de leurs représentants. C’est encore une erreur de faire confiance aux gouvernements des états, qui depuis des décennies ont mis en place une politique suicidaire dans tous les domaines, ouvrant larges les vannes de l’immigration non-européenne et du libertarisme moral, sans tenter de combattre le chômage ou de relancer la natalité indigène. Ils ont toujours échoué, ils sont responsables de la situation actuelle, et il faudrait les maintenir en place, se contentant de prendre la fausse « gauche », la gauche du Système, à la place de la droite, ou inversement ? La force des souverainistes et/ou nationalistes est justement là. Ce que le FN ou DLR appellent l’UMPS, qui n’est qu’une version française d’un CDU-SPD ultra-rhénan, c’est ceux qui nous gouvernent en mettant en place la même politique économique et sociale à quelques différences majeures près tout de même sur d’autres plans (sur l’adhésion turque, sur le droit du sol/droit du sang, sur le mariage homosexuel, sur le vote des étrangers aux élections locales…).
En 2012, Sarkozy ou Hollande sera contraint de maintenir une politique de rigueur qui sera en défaveur du service public, qui contribuera à délabrer l’état de nos rues, qui économisera sur tout, sauf ce sur quoi on pourrait faire des économies décisives. Je songe par exemple à l’indépendance de Mayotte et à l’auto-détermination des autres DOM. Je rappelle d’ailleurs que si la France métropolitaine doit se serrer la ceinture, les DOM eux n’auront qu’une baisse infime des aides économiques de l’Etat dont ils bénéficient. Il est vrai qu’eux n’hésitent pas à descendre dans la rue, comme on le constate depuis des semaines, dans un tabou médiatique complet, par exemple à Mayotte. Les aides aux clandestins continueront (AME…), malgré les protestations de la « Droite populaire », de même que les aides européennes à l’adhésion turque, dont ces mêmes députés réclament l’arrêt immédiat. Enfin, en Allemagne, l’arrêt injustifié, sous la pression des pseudo-écologistes « Grünen », et dont les « Verts » français souhaitent l’équivalent chez nous, du nucléaire civil, est d’un coût exorbitant. Cet arrêt, il faudrait que le gouvernement allemand l’annule, car c’est une erreur monumentale.
Faire de l’€ la monnaie nationale de l’Europe, monnaie qu’on pourrait élargir à la Russie en prenant au mot la proposition des dirigeants russes, qui soutiennent l’€, de les y associer, monnaie pilotée par une banque centrale européenne au fonctionnement démocratique, contrôlée et orientée par un gouvernement unitaire européen élu, serait la première mesure indispensable. Elle implique de réellement bâtir une Europe politique, fédérale et/ou unitaire, comme le propose le PSUNE. Mettre en place un protectionnisme économique aux frontières de la Grande Europe serait également une mesure particulièrement salvatrice. De la même façon, l’arrêt unilatéral des pourparlers d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne montrerait que les responsables politiques écoutent leur peuple, à défaut de solliciter leur avis par des referenda. Sur ce point, Sarkozy aurait tout intérêt à faire aujourd’hui ce qu’il n’a pas eu le courage de faire depuis quatre ans.
En mutualisant la dette des états nationaux au niveau européen, et en mettant en place une Europe politique nouvelle fondée sur une table rase juridique, on pourrait renégocier à la forte baisse voire même annuler complètement cette dette artificielle, en tout cas les 40% de cette dette liés à des états étrangers (une autre partie de la dette étant entre européens). Et s’il faut que l’Etat (européen alors) soit économe des deniers publics, ce qui est normal, de nombreuses mesures destinées à réduire le coût d’aides sociales abusives mais surtout d’une politique migratoire suicidaire, permettraient d’y parvenir sans faire peser une politique de rigueur supplémentaire sur les travailleurs européens et tout en permettant à l’état de continuer à remplir pleinement ses missions régaliennes. On pourrait commencer en attendant par la mise en place d’euro-bonds garantis par la BCE.
Cette réorientation en profondeur de la politique de l’Union Européenne, impliquant une extension de l’UE aux frontières du continent, donc avec la Russie mais sans la Turquie, et une modification dans le sens d’une démocratie européenne assumée des institutions existantes, avec la dissolution de la commission et des deux conseils au profit d’un parlement européen auto-proclamé assemblée européenne constituante bâtissant de nouvelles institutions, c’est ce à quoi le PSUNE appelle de ses vœux. Nous espérons être lus et écoutés d’un certain nombre de dirigeants européens afin qu’ils nous aident en ce sens à bâtir à partir de l’UE une nouvelle Europe politique, la République Européenne, garante des intérêts du peuple européen, de la nation européenne. Cette république ne pourra pas être autre chose que sociale et vraiment européenne. Elle sortira les Européens du piège fatal du mondialisme dans lequel nos dirigeants nous ont enfermés.
Plus que jamais, en cette période de crise dramatique de l’Europe, alors que la construction européenne actuelle a montré ses insuffisances et prouvé ses égarements de fond, pour empêcher demain une vague de nationalisme europhobe risquant de ruiner encore davantage notre continent meurtri, il faut accorder votre confiance aux européistes socialistes, « euro-socialistes », attachées à l’identité authentique de l’Europe et soucieux de remédier vraiment aux souffrances de notre peuple, les meilleurs défenseurs des ouvriers européens, des paysans européens, des chômeurs européens et des classes moyennes européennes. Aidez le PSUNE à avoir les moyens de ses ambitions, aidez le à émerger. Par votre action, par vos dons, vous pouvez nous porter assistance.
Aidez-nous à faire l’Europe politique démocratique que vous souhaitez en vérité !
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
16:44 Publié dans Analyses, Communiqués, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : crise des dettes souveraines, zone euro, crise de l'euro, république européenne, fédéralisme, européanité, thomas ferrier, psune |