29/12/2011
De l'avenir de la Russie
A l’issue des élections législatives russes, qui ont été principalement caractérisées par une nette baisse du pourcentage de voix obtenu par le parti gouvernemental Russie Unie (Единая Россия), tombé en dessous du seuil de 50%, de nombreuses et régulières manifestations ponctuent depuis la vie politique russe, menées notamment par le trentenaire russe Alexeï Navalnyi, présenté comme libéral dans les media occidentaux mais comme nationaliste dans les media russes, puisque présent régulièrement aux « marches russes » organisées par la droite nationale russe. Ce dernier a indiqué son intention de se présenter aux élections présidentielles russes face à Vladimir Poutine.
Ces manifestations, qui réunissent un horizon très varié allant de l’extrême-gauche à l’extrême-droite, mais auxquelles ni la KPFR (communistes) ni la LDPR (nationalistes de Jirinovski) ne se sont jointes, sont parfois qualifiées de « révolution orange », expression désormais décriée pour désigner des manifestants libéraux et/ou atlantistes, par leurs adversaires. C’est un raisonnement arbitraire et inacceptable car on pourrait ainsi soutenir à ce titre et sous ce prétexte n’importe quel gouvernement, même si ce dernier opprime son peuple. Il faut donc admettre par principe, mais sans naïveté, la sincérité de l’engagement de ceux qui défilent contre le pouvoir en place.
Même si on peut suspecter à la marge des bourrages d’urnes ou des pressions, ce qui existe dans toutes les démocraties, le résultat de Russie Unie demeure valable et significatif, pour une raison évidente, à savoir l’absence totale de crédibilité des partis concurrents. En effet, les alternatives proposées étaient pour l’essentiel bien moins démocratiques encore. Ce qui est sûr, c’est qu’au moins 15% des électeurs russes ont sanctionné le roque Medvedev/Poutine, qui a été, il faut le reconnaître, une erreur stratégique majeure. Un second mandat présidentiel de Medvedev, qui n’aurait en rien empêché Poutine d’être sous le statut de premier ministre le véritable chef d’orchestre, aurait été positif. Medvedev a su très habilement se doter d’une authentique carrure de chef d’état pendant les quatre années de son mandat, ce qui au final a peut-être inquiété son mentor, expliquant alors sa volonté de redevenir président.
Poutine sera certainement (ré)élu président mais sans doute avec un score bien inférieur, concédant peut-être un second tour face à Ziouganov, le KPFR étant à l’issue des élections législatives le principal parti d’opposition. Il n’a cependant aucun adversaire susceptible de devenir président. Qui en effet pourrait souhaiter l’élection du candidat communiste, qui ramènerait la Russie vingt ans en arrière, puisque Ziouganov est animé d’une démarche nostalgique à l’égard de l’URSS et a été incapable de fonder un parti social-démocrate ? Le KPFR n’a rien appris de l’échec du communisme en Russie. Qui pourrait souhaiter de la même façon l’élection du candidat nationaliste en la personne de Vladimir Jirinovski, candidat depuis 1993, tout comme Ziouganov d’ailleurs, aux différentes élections, et dont le programme ne pourrait amener qu’à des conflits ? Qui enfin pourrait réellement vouloir prendre le risque de mettre à nouveau les libéraux au pouvoir, comme ils l’ont été durant les années Eltsine, où ils vendaient littéralement le pays aux intérêts étrangers et ruinaient le peuple ? Enfin, si l’objectif des « démocrates » et « libéraux » russes est que la Russie imite la France actuelle, alors disons le tout net, dans ce cas, il vaut mieux que Poutine reste longtemps aux affaires.
En clair, Poutine est, faute de mieux, l’homme de la situation, non seulement pour les Russes mais aussi pour les vrais Européens. Certes, son bilan politique de ces dernières années n’est guère satisfaisant, et les dérives autoritaires constatées demeurent problématiques. Beaucoup restent notamment à faire en matière de justice sociale et de redistribution des richesses au plus grand nombre de citoyens. Pourtant, aucune alternative salutaire n’est actuellement envisageable. D’ailleurs, certains nationalistes ne s’y sont pas trompés, à l’instar du dynamique Dmitri Rogozine, qui vient d’être nommé comme l’équivalent de ministre de la défense, mais aussi des Patriotes de Russie (Патриоты Россий), dont le dirigeant renonce à se porter candidat aux présidentielles. En revanche, d’autres nationalistes commettent l’erreur majeure de s’associer à des gens bien peu recommandables, à des provocateurs évidents, à des oligarques en disgrâce, au nom de slogans extrémistes, à l’instar de Belov et de Dyomouchkine, dirigeants de la coalition extra-parlementaire Les Russes (Русские), perdant ainsi leur maigre crédit.
Il existe toutefois pour l’avenir de la Russie une alternative à bâtir, et qui est de rejoindre une Europe politique unitaire enfin émancipée des Etats-Unis, en rupture avec le libéralisme mondialisé et ses funestes compagnons (dénatalité, chômage et immigration). Dans une Europe euro-socialiste dans laquelle la Russie aurait naturellement toute sa place, le peuple russe saurait choisir une nouvelle voie. L’Union Européenne actuelle, empêtrée dans ses crises institutionnelles et économiques, dirigée par des technocrates incompétents et des politiciens conformistes, ne saurait séduire en revanche les russes. Seul l’européisme authentique, tel que défendu par exemple par notre modeste formation, pourra amener la Russie et le reste du continent à joindre leurs efforts et à ne faire plus qu’un. D’ailleurs c’est officiellement la ligne défendue par Medvedev et Poutine, quoi qu’on puisse penser de leur sincérité à ce sujet, continuant ainsi la démarche en vue d’une « maison commune européenne ». C’est l’Europe qui est le véritable remède de la Russie, tout comme la Russie constitue un remède pour le reste de l’Europe.
La Russie abandonnera vis-à-vis de l’Europe politique sa real-politik quand l’Union Européenne la découvrira enfin. Car si l’Europe doit en interne s’en abstenir, elle doit en revanche vis-à-vis de l’extérieur s’assumer à nouveau. Dmitri Rogozine a rappelé récemment que la ligne stratégique des Etats-Unis en Europe se résumait à « les Etats-Unis en son sein, la Russie en dehors, l’Allemagne à genoux ». Et les vrais européistes de répondre désormais, « les Etats-Unis en dehors, la Russie en son sein, et l’Europe (enfin) debout ». En effet, russophobie, germanophobie et europhobie servent de fait les intérêts américains, et si certains nationalistes russes font leur jeu, c’est aussi le cas des nationalistes et souverainistes français.
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
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11/12/2011
Brèves européennes… (10)
UNION EUROPEENNE
Enfin un accord… Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et vingt et un autres chefs d’état et/ou de gouvernement sont parvenus à un accord afin de mettre en place une politique économique européenne commune fondée sur l’application de la rigueur budgétaire et de la lutte contre les déficits. Ils espèrent ainsi mettre fin à la déstabilisation des marchés, suite aux conséquences de la crise de la dette grecque. Suite à la décision de David Cameron d’opposer son veto à la mise en place d’un nouveau traité permettant d’appliquer cet accord, Sarkozy et Merkel ont été contraints de proposer un traité limité aux dix-sept membres de la zone euro, et d’en exclure ainsi les pays n’ayant pas adopté la monnaie unique. Ainsi écartés, la pression sur les gouvernements de ces pays fut telle que leurs dirigeants demandèrent à rejoindre les états signataires, même le Danemark, qui avait jadis refusé l’€ et bénéficié d’une clause dérogatoire. Enfin, on apprenait en fin de soirée que la Hongrie, la Suède et la Tchéquie avaient annoncé leur volonté de rejoindre les signataires, mais ont choisi d’obtenir la confiance de leur parlement national avant d’officialiser leur décision.
Ainsi, le Royaume-Uni de David Cameron s’est-il de fait exclu de lui-même des décisions. En posant à ses partenaires des conditions inacceptables, il a isolé son pays au sein du continent et a obligé Sarkozy et Merkel à oser l’impensable, ne pas céder aux pressions britanniques. Cameron a voulu s’éviter un désaveu national en présentant un projet d’esprit fédéral aux parlementaires britanniques, mais surtout éviter tout conflit interne au sein des Tories. Les libéraux-démocrates faisant partie de sa coalition, et depuis ayant considérablement régressé dans les sondages, ne peuvent pas protester, sinon ils prennent le risque de faire chuter le gouvernement de coalition et provoquer ainsi de nouvelles élections dont ils seraient les grands perdants. Les souverainistes les plus durs quant à eux ont été entendus, ce qui devrait limiter toute progression du mouvement UKip et éviter un débordement par la droite.
ROYAUME UNI
David Cameron s’est présenté comme celui qui voulait défendre avant tout les intérêts britanniques, selon un postulat souverainiste des plus classiques, sans se demander de quels britanniques il voulait défendre les intérêts, mais aussi si l’Union Européenne pouvait elle aussi préserver les dits intérêts. Et c’est là que le bât blesse. La presse explique ainsi que Cameron a voulu défendre les intérêts de la City, mais la City n’est pas le peuple anglais, ni la nation britannique. Ce n’est que l’expression financière de l’hyper-classe mondialiste, dans un pays qui a renoncé à son industrie et saboté son service public à la seule fin de plaire à une caste d’oligarques internationaux. Des bénéfices de la City, le peuple britannique n’en voit pas la couleur. La paupérisation de la population anglaise est une évidence, et le pays est devenu si décourageant pour son propre peuple que les retraités britanniques préfèrent s’installer en France, même si la crise actuelle limite désormais ce choix. Enfin, les récentes émeutes qui ont touché Londres et quelques autres villes ont démontré à quel point l’Angleterre a été trahie par ses dirigeants, travaillistes comme conservateurs, et que Thatcher a fait beaucoup de dégâts, tout comme le « New Labour » de Blair.
Le « Labour » a abandonné le socialisme britannique, cette idéologie qui naît avec Owen (socialism apparaît en 1831 sous sa plume) mais aussi avec la Fabian Society originelle, et dont le dernier authentique représentant au XXème siècle fut Henry Hyndman. Il a libéralisé à outrance le service public, comme le souhaitent les plus libéraux en France, et a ouvert large les portes du royaume à un prolétariat importé, ce qui avait déjà été commencé par ses prédécesseurs de « gauche » comme de droite, et avait amené un conservateur du nom de Powell à briser sa carrière politique pour avoir osé remettre en question un choix sur lequel le peuple britannique n’avait jamais été consulté. Ceci explique pourquoi les ouvriers britanniques, désespérés, sont contraints de tourner le dos à la « gauche » et se tourner vers les nationalistes qui, à l’instar de la version française, ne les défendent pas davantage, mais profitent de leur désarroi. C’est quand la gauche n’est plus de « gauche » que le peuple se tourne vers la droite nationaliste.
Le socialisme européen est la réponse véritable aux angoisses qui assaillent le peuple britannique et aux maux qui rongent leur société et les démunissent face à la mondialisation économique et migratoire. C’est par son exemple que le socialisme anglais renaîtra de ses cendres, et à ses côtés un socialisme gallois et un socialisme écossais. Cameron comme Blair ne servent pas les intérêts du peuple, de même que Sarkozy et Merkel font in extremis un pas fédéral, contraint forcé, parce qu’il y a des élections en 2012 et 2013 dans lesquelles ils jouent leur avenir, et n’auraient aucune chance d’être réélus si le chaos financier engloutissait la vieille Europe.
Le peuple britannique ne doit pas se réfugier dans un nationalisme sourcilleux, dans un souverainisme europhobe, car cela sert les intérêts de ceux qui les ont trahis. Ils vous ont convaincu, citoyens anglais, écossais et gallois, que l’€ était un danger, que la souveraineté britannique était un joyau qu’il faut préserver, alors que ce dit joyau, ils l’ont vendu depuis longtemps au monde entier. Ceux qui ont le mot « souveraineté » plein la bouche, ce sont ceux qui servent une politique atlantiste de soumission aux Etats-Unis et une politique mondialiste en matière économique au service des oligarques internationaux mais certainement pas du peuple. A la souveraineté de papier du Royaume-Uni d’aujourd’hui, il faut lui opposer une souveraineté d’acier, celle dont l’Europe demain pourra bénéficier.
L’entité politique qui défendra et protégera les travailleurs britanniques, les travailleurs européens, au Royaume-Uni, c’est l’Europe ! Vos élites vous ont fait croire qu’il fallait tourner le dos à l’€ et à l’UE. Ils vous ont mentis. Mais il est vrai que l’UE actuelle ne servirait pas plus vos intérêts. C’est la république européenne, et elle seule, qui vous permettra de résoudre réellement vos problèmes.
SERBIE
Alors que les 27 dirigeants ont officialisé l’acceptation de la Croatie en leur sein, qui devrait avoir lieu, si le référendum en ce sens confirme la décision d’adhésion, à la mi-2013, le processus d’adhésion d’avec la Serbie a été repoussé à février 2012, en l’attente d’une amélioration des relations entre la Serbie et le Kosovo. En avril 2005, quand des dirigeants irresponsables ont entamé le processus d’avec la Turquie, ils n’ont pas mis de conditions, ni par rapport à la question kurde, ni par rapport au sujet arménien. Et la Turquie n’est pas vraiment un pays européen, et à nos yeux pas du tout même. La Serbie a fait des efforts considérables pour pouvoir rejoindre l’UE. Sa demande en tant qu’authentique pays européen est légitime et par ailleurs il faut soutenir le gouvernement de Boris Tadic. Repousser dans le temps l’acceptation de ce pays, c’est faire le jeu des europhobes serbes (du Parti Radical Serbe [SRS]), fragiliser le gouvernement en place, et ne rien résoudre quant au problème kosovar.
Le PSUNE apporte son soutien plein et entier à Boris Tadic, qui œuvre patiemment pour que son pays rejoigne l’Europe politique, même si l’UE actuelle n’est en aucun cas la panacée. Symboliquement, il est important que la Serbie soit à nos côtés et serve de pont de l’amitié avec la Russie. Osons le dire à haute voix : « Serbie oui, Turquie non ! ».
RUSSIE
Suite aux résultats annoncés en Russie, selon lesquels le parti Russie Unie aurait obtenu 49,34%, soit près de quinze points de moins qu’en 2007, des manifestations plus ou moins spontanées ont eu lieu dans plusieurs grandes villes du pays. Les accusations de fraude massive, certaines organisations parlant d’un score de Russie Unie surévalué de dix à vingt points, en sont la source. Certains affirment (comme l’Observateur Citoyen) que Russie Unie n’aurait obtenu en réalité que 29,8% des voix, les communistes du KPRF 22,6%, le LDPR nationaliste 14%, Russie Juste 21% et Yabloko 8,3%.
Il est bien évident que dans un grand pays comme la Russie, qui ne découvre la démocratie que depuis le début des années 90, et qui a connu une période effroyable d’effondrement économique durant l’ère Eltsine, les fraudes existent. Elles sont certes moins hypocrites qu’en France où la fraude consiste en fait à une manipulation médiatique, comme on l’a constaté dans l’entre deux-tours de l’élection présidentielle de 2002, quoi qu’on puisse penser du challenger face au président sortant. Mais même si beaucoup de russes n’ont pas apprécié le roque entre Poutine et Medvedev, ils reconnaissent que cette décennie leur a permis de retrouver leur fierté et d’arpenter à nouveau le chemin vers une relative prospérité, même si le chemin est encore long. L’oligarchie russe est certes détestable, comme elle l’est en version anglaise à Londres ou en version française à Paris, où elle n’y est pas moins arrogante. Et là encore, les européens de l’ouest n’ont aucune leçon à donner.
Poutine et Medvedev sont-ils moins dignes que Sarkozy et Merkel ? Certainement pas. Maintenant, ce duo est celui de la situation de la Russie d’aujourd’hui. Les russes ont pu constater les méfaits du libéralisme économique et donc se méfient pour beaucoup du libéralisme politique, de cette croyance dans une prétendue démocratie sous prétexte que le compte des voix est honnête. Les images de la télévision russe quant aux évènements de nos banlieues en 2005 ont montré ce qu’il fallait penser du « modèle » français. Certes Poutine n’est en aucune manière la panacée, loin de là, mais qu’y a-t-il en face de lui. L’éternel (national-)communiste Ziouganov, candidat depuis maintenant près de deux décennies, tout comme le provocateur ex-« rouge-brun » Jirinovski, dont la seule raison d’être est d’empêcher l’émergence d’une droite radicale contestataire ? Il y eut jadis Lebed, qui aurait pu proposer une autre voie à la Russie, et demain peut-être Rogozine. Mais pour le moment, Poutine est là.
Mais l’avenir de la Russie ne passe pas par un pouvoir national, certainement pas autoritaire, mais bien par l’adhésion à la République Européenne qu’il faut fonder et dans laquelle le peuple russe a naturellement toute sa place. Quand on voit ce qu’est actuellement l’Union Européenne, il est toutefois difficile de proposer aux russes de nous rejoindre. Mais leur avenir est là. Et certainement pas en remplaçant Poutine par un Eltsine plus jeune, qui aura à cœur d’autres intérêts que ceux du peuple. Car ne soyons pas dupes des manœuvres américaines derrière cette contestation. De même qu’il ne faut pas s’imaginer que c’est le fruit du hasard si les agences de notation ménagent les USA, qui sont dans le rouge en matière de dette souveraine, alors qu’ils s’acharnent sur l’Europe.
14:47 Publié dans Analyses, Editoriaux, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, cameron, sarkozy, merkel, république européenne, poutine, medvedev, boris tadic, owen, labour, socialisme européen, psune |
05/12/2011
Résultats définitifs des élections en Europe du 04/12/2011
CROATIE
Bien que les pourcentages nationaux ne soient pas connus, nous connaissons le nombre de sièges attribué à chaque parti. La coalition de centre-gauche Kurukiku obtient 80 sièges. Dans les circonscriptions où elle était présente, elle domine très largement son adversaire de droite. Le HDZ est en effet le grand perdant du scrutin, conformément aux sondages, avec seulement 47 sièges. Le HDSSB, autre mouvement de centre-droit, obtient six sièges, alors que le Parti du Travail, de gauche, obtient lui aussi six sièges. La liste indépendante d’Ivan Grubisic obtient deux sièges. Le HSS, ou parti paysan, n’obtient qu’un seul siège.
La droite nationaliste a obtenu deux sièges, mais il y a eu manifestement confusion entre le Parti du Droit (HSP) et le Parti du Droit Dr. Ante Starkevic/Parti Pur du Droit (HSP/HCSP), un seul siège étant attribué à l’un ou à l’autre selon les sites. En réalité, le HSP traditionnel, allié du FN français, a obtenu son seul siège dans la circonscription réservée à la diaspora croate (XI), avec 10.1% des voix. Le HSP/HCSP a en revanche obtenu son premier siège dans la circonscription X avec un score de 6%. Ces résultats sont disponibles sur le site officiel des élections croates. Ce score indique clairement un terreau souverainiste/eurosceptique, certes limité mais qui a progressé alors que la perspective d’adhésion s’annonce, celle-ci devant avoir lieu en juillet 2012, sous réserve.
Addendum:
Les résultats définitifs des élections, enfin publiées, indiquent que malgré son score de plus de 10% dans la XIème circonscription, celui-ci est insuffisant pour avoir un élu. Le HSP est donc privé de tout député.
Ayant procédé au calcul des pourcentages obtenus au niveau national, le Kukuriku (gauche) a obtenu près de 41,5% des voix, alors que le HDZ (droite) n'a obtenu que 23,1% des voix, ce qui constitue une sévère défaite. Le Parti du Droit (HSP) obtient 3,1% des voix environ, alors que le Parti du Droit dr. Ante Starkevic / Parti Pur du Droit (HCSP) obtient 2,8% des voix environ. Les Travaillistes obtiennent 5,2% environ. Le HDSSB, présent dans seulement deux circonscriptions, a obtenu 2,9% au niveau national. Enfin le HSP "Autochtone" a obtenu 0,24% des voix.
RUSSIE
Les résultats définitifs des élections russes étant parvenus en fin de soirée, les voilà désormais disponibles. Russie Unie obtient 238 sièges soit la majorité absolue, mais avec 49,34% (je précise que l’AFP annonce 49,54%, score correspondant à 94% du dépouillement), soit une perte de plus de quatorze points. Russie Juste, parti issu de Rodina, et positionné au centre-gauche, a obtenu 13,24% et 64 sièges. Le LDPR (parti libéral-démocrate russe) de Vladimir Jirinovski a obtenu 11,67%, ce qui est un excellent score pour le parti, son meilleur depuis les 23% obtenus en 1993. Le KPRF (communiste) avec 19,19% des voix et 92 sièges reste le second parti du pays, et progresse nettement. Certes il n’atteint pas son objectif de 20% des voix, et dénonce d’ailleurs de nombreuses irrégularités dans le scrutin, irrégularités dont il aurait été spécialement victime. Son leader, Guennadi Ziouganov, dirigeant du parti depuis sa fondation au début des années 90, en sort renforcé. Le parti de droite libérale Yabloko, « Pomme », n’obtient que 3,42% des suffrages, ce qui constitue un nouvel échec. Le mouvement nationaliste de gauche Patriotes de Russie avec 0,97% des voix ne parvient pas à récupérer l’ancien électorat de Rodina et subit aussi la concurrence du LDPR qui a mené une campagne très nationaliste, le ralliement de Dmitri Rogozine au parti poutinien et les consignes d’abstention lancées par la droite nationaliste radicale « Les Russes ».
SLOVENIE
Contrairement à ce qui était annoncé par les sondages, et à ma première analyse, la droite slovène a échoué. En effet, si les Sociaux-Démocrates (SD) sortants sont sévèrement sanctionnés par les électeurs avec 10,5% des voix et 10 sièges (contre 29 sièges aux élections précédentes), c’est le mouvement « Slovénie Positive » de Zoran Jarkovic qui est le grand vainqueur avec 28,53% des voix et 28 sièges. Ce parti n’est pas de centre-droit mais en fait de centre-gauche, prêt à s’allier par ailleurs avec les sociaux-démocrates battus. Le Parti Démocrate Slovène (SDS), c'est-à-dire la droite, avec 26,24% et 26 sièges, alors que les sondages lui en promettaient 31%. La liste indépendante de Grigor Virant avec 8,41% des voix et 8 sièges a également créé la surprise. Ces résultats témoignent de l’extrême méfiance des électeurs quant aux deux principaux partis. Des figures nouvelles peuvent ainsi émerger. Le parti de défense des retraités (DeSUS) obtient 6,99% des voix et 6 sièges, de même que le Parti Populaire Slovène (SLS) avec 6,89% des voix et le même nombre de sièges. Le parti chrétien KLS « Nova Slovenija » avec 4,8% des voix et 4 sièges complète l’ensemble. Le Parti National Slovène (SNS) avec 1,8% des voix et 0 député connaît un sérieux revers. Il avait réalisé 5% des voix et 5 sièges précédemment.
20:24 Publié dans Analyses, Dépêches | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hsp, hcsp, poutine, medvedev, ziouganov, jirinovski, kurukuku, jarkovic |
04/12/2011
Elections législatives russes (sortie des urnes)
A 20h00, heure française, un sondage "sortie des urnes" disponible sur le site RIA Novosti est paru. Selon celui-ci, le parti de Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev est en net recul, passant de 63,5% à 48,5% des voix. Ce résultat, décevant pour le parti en place, même s'il reste largement dominant, paraît être la conséquence d'une réaction défavorable des électeurs russes quant au retour de Vladimir Poutine à la présidence de la république. Le roque entre les deux dirigeants a déplu. Il est d'autant plus significatif que le gouvernement a mené une campagne vigoureuse en faveur du parti.
C'est le Parti communiste russe (KPFR) qui est manifestement le principal bénéficiaire du recul du parti en place, obtenant 19,8% des voix, soit presque les 20% de voix qui étaient son objectif principal. Russie Juste, parti social-démocrate fondé à partir de la tendance la plus à gauche de Rodina, avec 12,8% des voix est troisième. Le Parti libéral-démocrate de Jirinovski avec 11,42% progresse également, ayant appuyé une ligne nationale-patriotique plus intransigeante, axée sur la lutte contre l'immigration et la défense des russes "de souche".
Les autres partis politiques n'ont pas atteint les 7% nécessaires pour entrer au parlement. Le centre-droit libéral Iabloko n'a obtenu que 4,17% des voix, ce qui est à peine mieux que Iabloko et le SPS ("Union des droites") réunis en 2007. Le parti d'opposition Juste Cause avec 1,1% des voix et Patriotes de Russie (nationalistes de gauche) avec 0,9% restent extrêmement marginaux. Enfin, le mouvement "Les Russes" (Ру́сские), unifiant l'ex-Union Slave et l'ex-DPNI et représentant l'extrême-droite, était absent de ces élections.
19:35 Publié dans Dépêches | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : russie, poutine, medvedev, ziouganov, jirinovski, russie unie, élections législatives |
25/09/2011
Brèves européennes... (2)
RUSSIE
Le président Medvedev a renoncé officiellement à briguer un second mandat présidentiel et a apporté un soutien explicite à son premier ministre, Vladimir Poutine, afin que celui-ci soit à nouveau candidat aux élections présidentielles. Plus moderne, moins autoritaire, Medvedev a pu pendant quatre ans mettre en avant ses qualités, qu’il pourra à nouveau utiliser comme futur premier ministre si Poutine est élu, ce dont il est difficile de douter. La Russie continue de payer le traumatisme des années Eltsine, l’opposition se résumant entre les nostalgiques du passé soviétique autour de l’éternel candidat Guennadi Ziouganov, et les libéraux atlantistes, soutenus par les oligarques réfugiés à l’étranger.
Les nationalistes d’opposition, réunis désormais dans la structure unitaire « Les Russes [ethniques] » (Русские), sont surveillés de près par les autorités. D’autres nationalistes, autour du (nouveau) mouvement « Rodina » de Dmitri Rogozine, ou bien du LPDR de Vladimir Jirinovski, sont explicitement ralliés au pouvoir, bien que conservant une indépendance théorique. Rogozine est pressenti par certains journalistes comme l’étendard nationaliste qui étouffera la contestation du régime Poutine sur sa droite. Il pourrait finir ministre des affaires étrangères, ayant démontré ses grandes qualités diplomatiques comme représentant de la Russie à l’OTAN.
Aux yeux des européens de l’ouest, le système russe inquiète. On pourrait sans trop se tromper le qualifier de « démocratie autoritaire ». La Russie ayant souffert de 70 ans de bolchevisme et de dix ans de libéralisme outrancier, et constatant la décadence profonde qui accable les autres pays européens, n’a aucune envie de nous imiter, et on la comprend. Pourtant son avenir est intimement lié au reste du continent, et réciproquement. Nietzsche avait prophétisé qu’au bord du tombeau, l’Europe unie se forgerait et que dans ce cadre la Russie aurait un rôle important à jouer.
Le mandat présidentiel étant passé à six ans, Vladimir Poutine peut demeurer président jusqu’en 2024. A l’instar d’un De Gaulle pour la France, il a réussi à personnifier mieux que personne la fierté russe retrouvée. Il sera donc difficile pour le peuple russe de tourner la page de ce personnage. Avec toutes ses qualités, Medvedev n’a pas pu proposer une alternative crédible à son ancien mentor ; il ne disposait pas des réseaux internes nécessaires pour peser face à la volonté inflexible de Poutine. Mais il continuera en revanche de jouer un rôle de premier plan dans l’appareil gouvernemental russe.
Il existe néanmoins une alternative politique à Poutine, et contre laquelle il n’est même pas sûr qu’il s’opposerait, et elle s’appelle l’européisme. Si l’Europe redevient européenne, et ainsi puissante, la Russie voudra en être.
TURQUIE ET UNION EUROPEENNE (bis)
Le gouvernement AKP semble désormais renoncer de plus en plus à la perspective d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne. Il n’est même pas sûr qu’Erdogan la désire encore. Alors que le président turc Gül expliquait dans un journal allemand qu’il prendrait acte du refus d’adhésion si un seul pays de l’UE s’y opposait, l’analyste russe Fedor Loukianov, interrogé par le journal Kommersant, en conclut que « la Turquie renonce au principe régissant sa politique depuis plusieurs années : à savoir à l’aspiration à adhérer à l’Union Européenne ».
Après avoir manifesté son hostilité à Israël, la Turquie réislamisante d’Erdogan menace Chypre, et au-delà l’Union Européenne, de sanctions si l’île grecque exploite les nouveaux gisements de pétrole découverts dans ses eaux. Si, conformément aux règles en vigueur, en juillet 2012, Chypre accède à la présidence de l’UE, la Turquie gèlera ses relations diplomatiques avec elle. Cette démarche est conforme à la stratégie néo-ottomane mise en place par Davutoglu, qui plait tant aux islamistes égyptiens et tunisiens. Erdogan veut incarner le chef de l’islam sunnite, lorsqu’Ahmadenijad aspire à être son équivalent pour l’islam shiite, d’où la politique conciliante entre les deux hommes.
Alors que le message est extrêmement clair, l’Union Européenne semble incapable de réagir pas face à ces provocations. Les européistes authentiques, à la place des dirigeants de l’UE actuelle, sauraient agir et faire respecter notre civilisation.
FRANCE
Le Sénat passe à la fausse « gauche », libérale et libertaire, pour la première fois de l’histoire de la cinquième république. Son rôle est essentiel car il a un pouvoir égal à l’assemblée lorsqu’il s’agit de modifier la constitution, même si en revanche, concernant les autres lois, son avis est essentiellement consultatif. Il est donc avant tout un verrou juridique, chargé d’empêcher toute révolution par les urnes. Cet organisme, par sa nature anti-démocratique, tant dans ce rôle de contrôle juridique que par un mode de scrutin particulièrement archaïque, qu’on opposera ainsi au Bundesrat allemand, devrait disparaître. La « gauche » préfère y remplacer la droite, preuve qu’elle n’est pas démocrate.
En 1958, le général De Gaulle a été appelé au pouvoir par le vote des députés et des sénateurs de la IVème république finissante. Il n’était donc pas en mesure de supprimer le sénat, pour lequel il avait une profonde hostilité. C’est en 1969 d’ailleurs qu’il sera contraint de démissionner suite à son désaveu politique après l’échec de son dernier plébiscite, dont l’objectif était d’affaiblir considérablement les pouvoirs du sénat.
L’existence même du sénat au sein des institutions françaises démontre si besoin est que rien n’est politiquement possible dans le cadre national. Aujourd’hui, majoritairement à « gauche », il sera encore plus destructeur que sous contrôle par la droite. Il avalisera les réformes les plus démagogiques, comme le vote des étrangers extra-communautaires aux élections locales, de l’aveu même d’un haut responsable du Parti Socialiste, et par ailleurs partisan de François Hollande (1).
Tout mouvement authentiquement républicain devrait appeler à la dissolution du sénat, et à la mise en place d’une assemblée des régions élue au suffrage universel direct, et de préférence à la proportionnelle. Nous ne sommes plus en 1871, et le Sénat sous sa forme actuelle est aussi inacceptable d’un point de vue démocratique que l’existence d’une Chambre des Lords chez nos voisins britanniques.
(1) Martine Aubry se réjouit également, suite à cette victoire électorale, de pouvoir mettre en place cette politique, qui ouvertement bafoue les principes de la citoyenneté. Quant à Eva Joly, la candidate "pastèque" d' "Europe"-"Ecologie" (mouvement qui n'est en vérité ni européen ni écologiste), elle déclare ce soir ceci: "parité réelle, proportionnelle aux législatives, droit de vote des étrangers non communautaires...". A l'exception de la proportionnelle, mesure démocratique, les autres propositions sont sectaires. L'idée même de "parité" bafoue le principe de la souveraineté populaire, le peuple étant seul juge de qui il désire pour le représenter, et le troisième point, démagogique et électoraliste, est implicitement communautariste, donc anti-républicain. Le droit de vote doit demeurer l'apanage du citoyen, c'est la base même de la conception démocratique. Ni socialiste, ni démocrate, le PS a trahi Jaurès.
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