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03/04/2017

Elections parlementaires arméniennes : nihil noui sub sole.

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Les élections législatives arméniennes de ce 2 avril 2017 se sont soldés par une écrasante victoire du Parti Républicain d’Arménie du président sortant Serzh Sarkissian, avec 49,2% des voix et 55 sièges sur 101. Les derniers sondages montraient pourtant un tassement de son parti, qui devait perdre la majorité absolue, par la faute de la liste indépendante Tsarukyan, du nom de son dirigeant, qui représentait la gauche modérée. Il a obtenu certes 27,4% des voix et 30 sièges, représentant ainsi la principale force d’opposition au PRA, mais il a échoué à empêcher son adversaire d’être majoritaire, et seul, à l’assemblée.

L’Alliance « Sortie » avec 7,8% des voix, passant ainsi la barre fatidique des 7% pour une coalition, obtient 9 sièges, et enfin le mouvement Dashnak, le parti nationaliste historique, plutôt orienté traditionnellement à gauche, avec 6,6% et 7 sièges ferment la marche.

Le mouvement de centre-droit Renaissance Arménienne, avec 3,72% des voix, échoue de peu, car il lui fallait 4% pour entrer au parlement. Même chose pour le mouvement ORO « Héritage », coalition à la fois nationaliste et pro-européenne, associée au PPE strasbourgeois, qui n’obtient que 2,1% des voix. C’est peu pour un mouvement favorable à l’adhésion de l’Arménie à l’Union Européenne mais cela montre surtout l’importance de l’alliance avec la Russie, malgré le rapprochement récent entre Poutine et Erdogan. L’alliance ANC-PPA autour du Congrès National Arménien obtient de même seulement 1,7% des voix. Les Démocrates Libres se contenteront de 1% des voix environ et les communistes arméniens 0,75% des voix.

Il n’y aura donc que quatre partis représentés. Aucun mouvement d’extrême-gauche n’aura réussi à percer et aucun mouvement d’extrême-droite n’était présent, le PRA rassemblant un large spectre électoral jusqu’à la droite la plus dure. L’Arménie reste dominée par le parti au pouvoir, qui satisfait presque un électeur sur deux. Sarkissian est donc largement renforcé alors qu’il y avait péril en la demeure. Un vote utile aura sans doute pu changer in extremis la donne.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

30/10/2016

Elections législatives islandaises : rien de nouveau sur la glace

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élections législatives,Islande,Parti de l'Indépendance,PiratesArticle écrit sur la base de 80% des votes dépouillés.

Tous les analystes s’attendaient à un succès des Pirates (Piratar) partisans d’une démocratie directe et d’un référendum sur l’adhésion à l’Union Européenne. Avec 14,5% des voix (+9%) et 10 députés (+7), il réalise certes un résultat correct, mais apparaît malgré tout comme un feu de paille, comme cela a été le cas en Allemagne. Certains électeurs au dernier moment ont hésité à voter pour ce mouvement nouveau.

Le Parti de l’Indépendance, principal mouvement islandais depuis 1945, continue de dominer les débats. Avec 29% des voix (+2,2) et 21 députés (+2), il augmente son résultat de 2013. Le succès du Parti de l'Indépendance et celui des Pirates se font sur le dos des autres partis, de gauche comme populistes. Toutefois, les deux partis ne sont pas en mesure de construire une coalition autour d’eux, à moins que les Pirates ne s’associent aux différentes formations de gauche.

Le parti « rouge-vert » des écologistes de gauche avec 15,9% des voix (+5.1) et 10 sièges (+3) est également un des grands vainqueurs de ce scrutin. Cela explique aussi sans doute la contre-performance des Pirates par rapport aux promesses des sondages.  De même les écologistes pro-européens de Vidreisn, nouvelle formation politique, avec 10,5% des voix et 7 sièges, rentrent au parlement où ils y renforcent la gauche. Avec les sociaux-démocrates islandais, en perte de vitesse, n’obtenant que 5,7% des voix (-7,1) et 3 sièges (-6), la gauche et les Pirates réunis n'auraient 30 sièges (sur 63). Mais il s’agirait d’une coalition certes légèrement majoritaire mais très hétéroclite.

Le Parti Progressiste, libéral mais eurosceptique, avec 11,5% des voix (-13.4) et 8 sièges (-11), s’effondre littéralement, aspiré par les Pirates et aussi par un vote utile en faveur du Parti de l’Indépendance. Il est si fragilisé que sa participation à une coalition paraît compromise. Le mouvement libéral-démocrate et pro-européen « Futur Clair » (Björt framtið), libéral et démocrate, ne réussit pas davantage, avec 7,2% des voix (-1) et 4 sièges (-2), réalise lui aussi une contre-performance et recule pour les mêmes raisons. C’est enfin le cas du mouvement Aurore (« Dögur ») qui n’obtient que 1,7% des voix (-1.8) et aucun siège. La droite pourrait gouverner, avec 33 sièges, mais à la tête d'une coalition fragile. La victoire du Parti de l’Indépendance s’apparente donc à celle de Pyrrhus, puisqu’il est le premier parti du pays mais au détriment de ses alliés potentiels.

Les mouvements de droite nationale, car pour la première fois depuis 1943 un parti nationaliste, le Front National Islandais (Islenska Þjoðfylkingin), était candidat. Il n’obtient certes que 0.2% des voix, présent dans seulement deux régions sur six. L’extrême-gauche, représentée par le Front du Peuple Islandais (Alþyðufylkingin), ne réussit guère mieux avec 0,3% des voix. Ces formations restent marginales mais leur existence est déjà le signe d’une certaine tension.

La société islandaise, un pays de 300.000 habitants dont 246.000 ont voté à cette élection, est très spécifique, puisqu’elle correspond à une conurbation de taille moyenne en France (le Grand Nancy fait 300 000 habitants). Elle se rapproche d’un modèle démocratique à échelle plus humaine. Elle est néanmoins bouleversée par des enjeux qui la dépassent, et notamment son rapport compliqué vis-à-vis de l’Europe. Cela ne sera pas tranché par ce résultat.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

23/05/2016

Elections parlementaires à Chypre. Les sortants sanctionnés

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élections législatives,Chypre,2016Ce 22 mai se déroulaient dans une totale occultation de la part des media français des élections parlementaires dans la partie grecque, et seule membre de l’Union Européenne, de l’île de Chypre.

A l’image des autres élections chez leurs voisins européens, les Chypriotes ont exprimé dans les urnes leur lassitude face aux partis institutionnels, et notamment la droite démocrate-chrétienne et la gauche marxiste (« communiste »).

Avec 30.69% des voix et 18 sièges, le Rassemblement Démocratique (démocrate chrétien et libéral) au pouvoir s’érode, perdant 3.7 points et 2 sièges. Il est donc loin de constituer une majorité au sein d’un parlement de 59 sièges. Les communistes du AKEL avec 25.67% des voix et 15 sièges sont également sanctionnés et plus durement que le parti au pouvoir. Ils perdent 7.1 points et 4 sièges. On peut encore se demander comment un parti se réclamant du léninisme peut encore exister au sein d’un état membre de l’UE mais en tout cas il recule.

Les modérés du Parti Démocrate ne sont pas mieux lotis. Avec 14.49% (-1.3) et 8 sièges (-1), ils ne profitent pas du recul des deux principaux partis et s’associent au contraire à leur désaveu. Même chose pour les sociaux-démocrates et écologistes du KSD, avec 6.18% des voix (-2.8) et quatre sièges (-1).

De nouveaux partis en revanche récupèrent ces électeurs. L’alliance des citoyens (SYROL), représentant un populisme de gauche, obtient 6.01% et 3 sièges, de même que le mouvement écologiste (KOSP) avec 4.81% des voix et 3 sièges. Ces partis ont bénéficié du recul de la gauche communiste et socialiste.

C’est à droite que le renouveau se fait également. Avec 5.24% des voix et 3 sièges, le Mouvement Solidarité, dont le nom cache un parti eurosceptique et national-conservateur, rentre au parlement. Mais la surprise vient aussi du petit parti ultra-nationaliste ELAM (Front National Populaire), version chypriote de l’Aube Dorée grecque, qui obtient 3.71% des voix (+2.6) et deux députés, entrant pour la première fois à la Chambre des Représentants.

Enfin d’autres petits partis, donc le Parti des Animaux de Chypre, avec 1.16%, se répartissent le restant.

Le parti de droite au pouvoir va devoir composer afin de se doter d’une majorité de 30 députés, ce qui implique une alliance avec les centristes mais aussi avec les souverainistes. Cette coalition serait très difficile toutefois à établir. La gauche aura de son côté beaucoup de mal à proposer un gouvernement d’alternance autour des communistes. Chypre risque donc de devenir ingouvernable ou dirigée par une coalition hétéroclite d’intérêts centrifuges. Là encore, les électeurs de Chypre ont voulu sanctionner les sortants sans se doter d’une opposition crédible afin de les remplacer. C’est un phénomène européen.

03/03/2015

Elections législatives en Estonie : un statu quo bouleversé par deux nouveaux partis

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estonie,élections législatives,roivas,savisaar,populismeCe dimanche 1er mars se déroulaient en Estonie des élections parlementaires pour renouveler les 101 sièges du parlement. Avec 27.7% des voix et 30 sièges, le Parti Estonien de la Réforme (ER), de centre-droit, dirigé par Taari Roivas (34 ans, photo), a remporté le scrutin, même s’il lui faudra organiser autour de lui une coalition solide. Il est néanmoins en recul, perdant un point environ et trois sièges. Ce résultat s’explique par un contexte géopolitique complexe, avec les tensions actuelles entre l’Union Européenne et la Russie au sujet du conflit ukrainien. La lassitude des électeurs a ainsi été limitée.

Les sociaux-démocrates (SDE), allié principal de la coalition sortante, avec 15.2% des voix et 15 sièges subissent également une contre-performance, perdant deux points et quatre sièges. A eux deux, ils n’ont plus la majorité absolue, 52 sièges en 2011 contre 45 sièges en 2015.

Le troisième allié pourrait être le parti démocrate chrétien, assez conservateur, à savoir le mouvement Pro Patria et Res Publica (EIRPL). Lui aussi a connu un camouflet électoral. Avec 13.7% des voix, contre 20.5% en 2011, il perd sept points et neuf sièges. En revanche, s’il apportait son soutien à la coalition, celle-ci obtiendrait 59 sièges. Mais voudra-t-il rejoindre une alliance avec des sociaux-démocrates ?

Plus modéré, plus libéral que conservateur, un nouveau venu fait son entrée au parlement, à savoir la formation « Parti Libre » (EV). Avec 8.7% des voix et 8 sièges, il peut servir de faiseur de roi. Il pourrait alors choisir de former une coalition de droite, qui serait majoritaire. Reste à savoir si Raivas va vouloir rompre avec la coalition précédente. La droite réunie obtiendrait ainsi 52 sièges soit la majorité absolue.

Un autre mouvement fait son entrée à Tallinn, à savoir le parti EKR, « Parti Conservateur du Peuple ». C’est une formation de type populiste, au programme assez comparable à celui du FN français. Il est nationaliste, eurosceptique, favorable en revanche à la démocratie suisse, et hostile à l’immigration extra-européenne. Ce dernier point est une différence avec le parti de Marine Le Pen qui dénonce l’immigration en général et qui ne remet pas (plus ?) en cause les flux post-coloniaux ayant abouti à des naturalisations pourtant complaisantes. Avec 8.1% des voix et 7 sièges, il sera certainement écarté de toute coalition, même s’il n’est pas a priori l’objet d’une diabolisation.

A leur droite, le Parti pour l’Indépendance (EIP), qui avait obtenu 1.3% des voix aux élections européennes, est écrasé avec seulement 0.2% des voix. De même les Verts estoniens échouent nettement avec seulement 0.9% des voix et aucun siège.

Le Parti Estonien du Centre (EK), qui représente notamment la minorité russophone (25.2% de la population), représenté par Edgar Savisaar, demeure le second parti du pays, avec 24.8% (+1.5%) des voix et 27 sièges (+1). Il est désormais ostracisé par les grands partis, qui refusent toute coalition avec lui. Ce mouvement a choisi une ligne pro-russe, souhaitent que l’Estonie serve de liant entre l’UE et la Russie voisine. Dans un contexte de propagande russophobe exacerbée, sa position l’isole. La minorité russe a néanmoins maintenu son soutien en faveur du dit parti, d’où son score plus qu’honorable.

On peut retenir de ces élections deux enseignements :

1.    La situation en Ukraine attise les tensions entre les deux principaux partis, qui s’opposent à ce sujet. Les sociaux-démocrates semblent par ailleurs avoir choisi une ligne atlantiste.

2.    Le populisme continue d’émerger dans chaque pays européen. L’Estonie, auparavant préservée, connaît désormais cette situation, avec un EKR à 8% des voix.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

24/06/2012

Victoire de la fausse gauche "allo/bobo"

 
PS,Europe-Ecologie,François Hollande,UMP,FN,Jean-Luc Mélenchon,Marine Le Pen,Terra Nova,élections législativesLes « bourgeois bohême » parisiens peuvent être satisfaits à tous points de vue, même s’ils ne se rendent pas compte qu’ils creusent davantage encore leur propre tombe. La fausse « gauche » PS/Europe-Ecologie, avec l’appui implicite du PCF/Front de gauche, l’a emporté au second tour des législatives. Comme après la victoire de leur candidat aux présidentielles, François Hollande, les « banlieues » ont hurlé leur joie, prenant cette nouvelle victoire comme un blanc-seing, la nomination de Christiane Taubira, dont les positions sur la colonisation et en faveur de la promotion de la « diversité » sont bien connues, comme garde des sceaux, en étant l’illustration. Le jeune Killian, assassiné à l’âge de treize ans, par un individu dont la presse tait jusqu’au prénom, en sait quelque chose.

D’un côté, l’europhobie fanatique des souverainistes, Marine Le Pen en tête. De l’autre, l’europhobie meurtrière, celle dont a été victime notamment Killian et tant d’autres avant lui, cette europhobie, la seule phobie que SOS-Racisme semble refuser de combattre, comme si la violence de haine n’était que dans un seul sens. En effet, pour son (ancien) président Dominique Sopo, le « racisme anti-blancs », c'est-à-dire l’europhobie, est je cite « une notion forgée par le FN ». Je suppose donc que, si on appliquait le principe de réciprocité, le racisme contre les noirs serait par exemple une invention de Kemi Seba. Ce deux poids deux mesures, selon la race du criminel et celle de la victime, est intolérable. Dominique Sopo a récemment démissionné de la présidence de SOS-Racisme et se déclare tenté par un poste de ministre du gouvernement Ayrault. Finalement, il n’aura pas eu gain de cause… pour cette fois.

Le véritable vainqueur de ces élections.

Le vainqueur, c’est le parti des abstentionnistes. Au premier tour des élections, 42,77% des électeurs ont refusé de se prononcer et même de se déplacer. Au second tour, c’est même 43,7% des électeurs qui sont restés chez eux. Cette abstention est un record depuis 1973, et a augmenté de trois points par rapport à 2007. Et surtout, que l’abstention ait été plus forte au second tour qu’au premier est très significatif. Ces 1% de participation en baisse sont essentiellement le fait d’électeurs de droite du premier tour et qui n’avaient pas envie de s’opposer à la vaguelette rose, accroissant ainsi la marge de manœuvre du camp adverse.

Ce manque de participation s’explique par les querelles d’appareil à droite, entre une ligne qui veut conserver la stratégie Buisson, qui n’a pas été si mauvaise aux présidentielles, malgré l’échec du président sortant, et une ligne centriste, très politiquement correcte, menée notamment par Juppé, Kocziusko-Morizet et Raffarin. Pris entre ces deux tendances irréconciliables, Sarkozy n’avait pu choisir son camp. Or, s’il a échoué, c’est avant tout en raison du mauvais report de voix des électeurs FN, report qui aura aussi coûté des sièges à des candidats UMP lors des élections législatives.

Il s’explique enfin par la réforme du quinquennat et surtout cette concomitance entre les élections présidentielles et législatives. Le président élu, les électeurs se détournent des enjeux parlementaires, renforçant l’image monarchiste de notre « république ». Les législatives ne font que confirmer les présidentielles, beaucoup d’électeurs voulant laisser sa chance au nouveau dirigeant en lui donnant une majorité à l’assemblée, indépendamment du programme du président, du parti politique dont il est l’émanation, et des candidats eux-mêmes, élus sur leur étiquette uniquement, même s’ils sont sans expérience.

Un premier tour qui lamine les petites formations politiques.

Ce nouveau système des élections législatives, un mois après les présidentielles, a tué les enjeux. En conséquence de quoi, le scrutin majoritaire à deux tours, qui était très défavorable aux petites formations politiques, est désormais sans pitié. Les électeurs n’avaient que trois manières de voter possible, à savoir le vote de confirmation, c'est-à-dire le vote PS, le vote de réticence, c'est-à-dire le vote UMP, et enfin le vote de résistance, c'est-à-dire le vote FN.

Les deux autres formations de gauche, ne représentant pas une menace pour le nouveau pouvoir en place, ou ralliées totalement à lui, n’ont pas été trop victimes du vote utile. Il faut dire que Europe-Ecologie avait négocié ses places avec le PS. Ses seulement 5,65% des voix, c'est-à-dire plus du double du score d’Eva Joly aux présidentielles, s’expliquent uniquement parce que, à l’image de Cécile Duflot, Europe-Ecologie a bénéficié de cet accord auquel le PS n’était en rien obligé. En réalité, sans cet accord, Europe-Ecologie aurait sans doute disparu du jeu politique national. C’est ce qui est ainsi arrivé au Modem de Bayrou, qui n’a obtenu que 1,76% des voix et n’a pu sauver que deux députés, son chef de file étant même sévèrement battu dans sa circonscription. Les autres écologistes n’ont obtenu que 0,96% des voix dont 0,11% pour le MEI de Waechter (lui-même obtenant 10,52% à Altkirch) et 0,05% pour CAP 21.

Le Front National en revanche, avec un score très convenable, même si inférieur à celui obtenu en 1997, obtient malgré tout 13,6% des voix, contre 4,29% des voix en 2007 et 11,34% en 2002. Seule une soixantaine de ses candidats a pu atteindre le second tour, en duel ou en triangulaire. Cela s’explique notamment par le fait qu’il faut désormais 12,5% des inscrits et non plus 12,5% des votants pour passer au second tour. Le FN avait sept circonscriptions où ils étaient réellement en mesure d’obtenir des élus, essentiellement en Provence. Marine Le Pen a fait dans la circonscription autour de Hénin-Beaumont 42,36% des voix, ce qui était inattendu.

Le FN a aussi bénéficié dans son camp d’un vote utile, car les différentes chapelles de l’extrême-droite, à savoir essentiellement le trio NDP/MNR/PDF et la Ligue du Sud, n’ont obtenu que 0,19% des voix, et ce en tenant compte de l’excellent score de Jacques Bompard mais aussi du score plus modeste de Jacques Peyrat à Nice (16,2%). Bompard a fait 23,5% des voix au premier tour, victime de la candidate FN qui a obtenu plus de 16% des voix. Il était en revanche idéalement placé pour s’imposer au second tour, FN et UMP étant éliminés. Les candidats identitaires n’ont obtenu que 0,02% des voix, pour environ une vingtaine de candidats, ceux-ci oscillant entre 0,2% et 1,1% des voix selon les cas. Philippe Vardon (Bloc Identitaire) aurait sans doute fait un score de même nature s’il avait maintenu sa candidature à Nice, d’où son retrait avant l’échéance. La candidate FN choisie à son détriment a réussi à obtenir 21,41% des voix. Les figures principales de la droite radicale, Carl Lang (1,09%) et Roland Hélie (0,9%), ont été laminées. Il n’y a désormais plus d’opposition de droite nationale au FN, légitimé par les urnes.

Les mouvements souverainistes sont également durablement affaiblis avec seulement 0,43% pour Debout La République, mouvement qui sauve néanmoins son financement public, 0,2% pour le MPF (1 siège), 0,05% pour CPNT, 0,01% pour le RPF et 0,01% également pour l’Alliance Royale.

L’extrême-gauche est également victime d’un effet Mélenchon. Le PCF/FG obtient 6,91% des voix (contre 4,82% en 2002 et 4,29% en 2007). Le paradoxe est qu’avec un meilleur score, le PCF a perdu des députés. En 2007, il avait sauvé son groupe avec 15 élus. En 2012, il n’aura obtenu que 10 sièges et ne sauvera son groupe que par le ralliement d’élus domiens. Ce bon score, nuancé par l’échec de Jean-Luc Mélenchon à atteindre le second tour à Hénin-Beaumont, se fait au détriment de l’extrême-gauche, LO et NPA réunis n’obtenant que 0,98% des voix et perdant ainsi tout financement public. Les Pirates avec 0,06% des voix ont quant à eux échoué à représenter une alternative politique, à la différence de leurs homologues allemands qui pourraient rentrer au Bundestag en 2013. Seules les élections européennes en France permettent à de nouveaux mouvements politiques d’émerger (le FN en 1984, les Verts, le MPF… etc), les élections législatives étant verrouillées.

Les victimes d’un second tour sans saveur.

Le mauvais report de voix des électeurs FN amène à l’éviction hors du parlement de nombreux députés UMP, et notamment les membres de la Droite Populaire. Hervé Novelli, Eric Raoult, Nadine Morano sont les victimes principales de cette situation, alors même qu’ils avaient tenté d’envoyer des signaux favorables au FN. Marine Le Pen préférait, sauf cas particuliers, les faire battre et y a réussi. Claude Guéant est également vaincu par un dissident de droite, payant ainsi sa proximité avec le président déchu et un bilan contesté en matière de lutte contre l’insécurité. En revanche, Henri Guaino sauve sa peau. A Nancy, ville qui m’est tout particulièrement chère, la droite valoisienne est battue, les trois circonscriptions de la ville étant au PS, et six circonscriptions sur sept en Meurthe et Moselle. Les élections municipales de 2014 s’annoncent mal pour les héritiers d’André Rossinot, qui sera probablement candidat une dernière fois pour tenter d’empêcher la mairie de basculer.

Ségolène Royal est battue par un opposant socialiste à La Rochelle. Son candidat, Olivier Falorni, était au second tour alors que l’UMP était éliminée. Royal souhaitait son désistement, ce qui l’aurait fait élire avec le score très stalinien de 100%. La gauche étant sure d’avoir un député, on ne voit pas pourquoi Falorni aurait dû se retirer, sous prétexte que Ségolène Royal s’était rendue si détestable aux yeux de la droite locale que celle-ci était prête à tout pour la faire battre. Les électeurs, qu’importe leur vote du premier tour, ont exprimé de manière souveraine leur choix. Royal ne sera pas présidente de l’assemblée nationale, où elle aurait pu jouer la directrice d’école autoritaire auprès des élus.

François Bayrou est puni pour son soutien apporté à François Hollande au second tour des présidentielles. Ce soutien était incompréhensible pour la plupart de ses électeurs, qui ont préféré choisir l’UMP plutôt que de le réélire. Il a lui-même reconnu avec beaucoup de franchise que son électorat ne l’avait pas suivi dans un choix personnel bien inutile car le PS n’a pas cherché à sauver sa tête, bien au contraire. Il est difficile en effet d’expliquer aux électeurs qu’on prône l’alliance de la carpe et du lapin. Jean Lassalle, le sympathique centriste, sauve en revanche sa tête.

Jean-Luc Mélenchon aurait pu, en étant au second tour, offrir paradoxalement à son ennemie chérie un fauteuil de député. C’est finalement le socialiste Philippe Kemel qui s’impose de justesse face à Marine Le Pen, cette dernière n’obtenant que 49,89% des voix. En duel pur, le FN n’arrive pas à s’imposer, puisque Stéphane Ravier (49,01%) et Valérie Laupies (48,71%) échouent aussi. Ce n’est que dans le cas de triangulaires que le FN peut s’imposer, lorsque des conditions exceptionnelles s’y prêtent. Dans le Gard, Gilbert Collard est élu grâce au soutien implicite du candidat UMP, qui s’est maintenu pour obéir aux consignes de son parti, et Marion Maréchal (Le Pen) grâce au maintien d’une candidate socialiste qui n’avait pourtant aucune chance de l’emporter. Avec une élue issue de « la famille », l’image népotique du FN est renforcée. La victoire de Collard, qui a été membre de presque tous les partis politiques, et qui refuse de rejoindre le FN, pourrait quant à elle être à la Pyrrhus, car il est peu probable que Collard respecte la ligne que souhaitera voir impulsée Marine Le Pen. Enfin, Jacques Bompard (Ligue du Sud, ex-FN et ex-MPF) est élu député avec une avance confortable (58,77%), de même que Nicolas Dupont-Aignan (61,39%), récompensés par leur travail d’implantation.

Au final, la « gauche » l’emporte, le PS obtenant la majorité parlementaire seul. Il doit ce succès à l’absence totale de mobilisation de l’électorat de droite. Avec 343 sièges sur 577, soit moins de 60% des sièges, dont 302 sièges pour le PS et les divers gauches, le gouvernement Ayrault est conforté. Le Front de Gauche obtient 10 sièges, les radicaux de gauche 13 sièges, et Europe-Ecologie 18 sièges. Le MD de Bayrou n’a plus que deux sièges, le Nouveau Centre en obtient 14, les radicaux valoisiens 9 , et l’UMP ainsi que les divers droite 205 sièges. Les nationaux et souverainistes ont 5 sièges (2 FN, 1 DLR, 1 LS, 1 MPF), ce qui est un résultat inédit dans le cadre du scrutin majoritaire.

Marine Le Pen, battue, tente à nouveau sa chance mais au tribunal, afin de faire annuler le scrutin. Elle aurait préféré abandonner Strasbourg pour découvrir les charmes du Palais Bourbon. Elle fait néanmoins partie pour le moment des vaincus de juin 2012. Elle aura au moins le plaisir de partager cette situation avec Jean-Luc Mélenchon, qu’elle vient d’ailleurs de retrouver au tribunal après que ce dernier l’ait qualifiée de « fasciste ». François Bayrou est désormais un homme seul, tout comme Ségolène Royal est une femme seule, contrainte à une prise de distance forcée d’avec la vie politique nationale.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

04/12/2011

Elections législatives russes (sortie des urnes)

A 20h00, heure française, un sondage "sortie des urnes" disponible sur le site RIA Novosti est paru. Selon celui-ci, le parti de Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev est en net recul, passant de 63,5% à 48,5% des voix. Ce résultat, décevant pour le parti en place, même s'il reste largement dominant, paraît être la conséquence d'une réaction défavorable des électeurs russes quant au retour de Vladimir Poutine à la présidence de la république. Le roque entre les deux dirigeants a déplu. Il est d'autant plus significatif que le gouvernement a mené une campagne vigoureuse en faveur du parti.

C'est le Parti communiste russe (KPFR) qui est manifestement le principal bénéficiaire du recul du parti en place, obtenant 19,8% des voix, soit presque les 20% de voix qui étaient son objectif principal. Russie Juste, parti social-démocrate fondé à partir de la tendance la plus à gauche de Rodina, avec 12,8% des voix est troisième. Le Parti libéral-démocrate de Jirinovski avec 11,42% progresse également, ayant appuyé une ligne nationale-patriotique plus intransigeante, axée sur la lutte contre l'immigration et la défense des russes "de souche".

Les autres partis politiques n'ont pas atteint les 7% nécessaires pour entrer au parlement. Le centre-droit libéral Iabloko n'a obtenu que 4,17% des voix, ce qui est à peine mieux que Iabloko et le SPS ("Union des droites") réunis en 2007. Le parti d'opposition Juste Cause avec 1,1% des voix et Patriotes de Russie (nationalistes de gauche) avec 0,9% restent extrêmement marginaux. Enfin, le mouvement "Les Russes" (Ру́сские), unifiant l'ex-Union Slave et l'ex-DPNI et représentant l'extrême-droite, était absent de ces élections.