24/06/2012
Victoire de la fausse gauche "allo/bobo"
Les « bourgeois bohême » parisiens peuvent être satisfaits à tous points de vue, même s’ils ne se rendent pas compte qu’ils creusent davantage encore leur propre tombe. La fausse « gauche » PS/Europe-Ecologie, avec l’appui implicite du PCF/Front de gauche, l’a emporté au second tour des législatives. Comme après la victoire de leur candidat aux présidentielles, François Hollande, les « banlieues » ont hurlé leur joie, prenant cette nouvelle victoire comme un blanc-seing, la nomination de Christiane Taubira, dont les positions sur la colonisation et en faveur de la promotion de la « diversité » sont bien connues, comme garde des sceaux, en étant l’illustration. Le jeune Killian, assassiné à l’âge de treize ans, par un individu dont la presse tait jusqu’au prénom, en sait quelque chose.
D’un côté, l’europhobie fanatique des souverainistes, Marine Le Pen en tête. De l’autre, l’europhobie meurtrière, celle dont a été victime notamment Killian et tant d’autres avant lui, cette europhobie, la seule phobie que SOS-Racisme semble refuser de combattre, comme si la violence de haine n’était que dans un seul sens. En effet, pour son (ancien) président Dominique Sopo, le « racisme anti-blancs », c'est-à-dire l’europhobie, est je cite « une notion forgée par le FN ». Je suppose donc que, si on appliquait le principe de réciprocité, le racisme contre les noirs serait par exemple une invention de Kemi Seba. Ce deux poids deux mesures, selon la race du criminel et celle de la victime, est intolérable. Dominique Sopo a récemment démissionné de la présidence de SOS-Racisme et se déclare tenté par un poste de ministre du gouvernement Ayrault. Finalement, il n’aura pas eu gain de cause… pour cette fois.
Le véritable vainqueur de ces élections.
Le vainqueur, c’est le parti des abstentionnistes. Au premier tour des élections, 42,77% des électeurs ont refusé de se prononcer et même de se déplacer. Au second tour, c’est même 43,7% des électeurs qui sont restés chez eux. Cette abstention est un record depuis 1973, et a augmenté de trois points par rapport à 2007. Et surtout, que l’abstention ait été plus forte au second tour qu’au premier est très significatif. Ces 1% de participation en baisse sont essentiellement le fait d’électeurs de droite du premier tour et qui n’avaient pas envie de s’opposer à la vaguelette rose, accroissant ainsi la marge de manœuvre du camp adverse.
Ce manque de participation s’explique par les querelles d’appareil à droite, entre une ligne qui veut conserver la stratégie Buisson, qui n’a pas été si mauvaise aux présidentielles, malgré l’échec du président sortant, et une ligne centriste, très politiquement correcte, menée notamment par Juppé, Kocziusko-Morizet et Raffarin. Pris entre ces deux tendances irréconciliables, Sarkozy n’avait pu choisir son camp. Or, s’il a échoué, c’est avant tout en raison du mauvais report de voix des électeurs FN, report qui aura aussi coûté des sièges à des candidats UMP lors des élections législatives.
Il s’explique enfin par la réforme du quinquennat et surtout cette concomitance entre les élections présidentielles et législatives. Le président élu, les électeurs se détournent des enjeux parlementaires, renforçant l’image monarchiste de notre « république ». Les législatives ne font que confirmer les présidentielles, beaucoup d’électeurs voulant laisser sa chance au nouveau dirigeant en lui donnant une majorité à l’assemblée, indépendamment du programme du président, du parti politique dont il est l’émanation, et des candidats eux-mêmes, élus sur leur étiquette uniquement, même s’ils sont sans expérience.
Un premier tour qui lamine les petites formations politiques.
Ce nouveau système des élections législatives, un mois après les présidentielles, a tué les enjeux. En conséquence de quoi, le scrutin majoritaire à deux tours, qui était très défavorable aux petites formations politiques, est désormais sans pitié. Les électeurs n’avaient que trois manières de voter possible, à savoir le vote de confirmation, c'est-à-dire le vote PS, le vote de réticence, c'est-à-dire le vote UMP, et enfin le vote de résistance, c'est-à-dire le vote FN.
Les deux autres formations de gauche, ne représentant pas une menace pour le nouveau pouvoir en place, ou ralliées totalement à lui, n’ont pas été trop victimes du vote utile. Il faut dire que Europe-Ecologie avait négocié ses places avec le PS. Ses seulement 5,65% des voix, c'est-à-dire plus du double du score d’Eva Joly aux présidentielles, s’expliquent uniquement parce que, à l’image de Cécile Duflot, Europe-Ecologie a bénéficié de cet accord auquel le PS n’était en rien obligé. En réalité, sans cet accord, Europe-Ecologie aurait sans doute disparu du jeu politique national. C’est ce qui est ainsi arrivé au Modem de Bayrou, qui n’a obtenu que 1,76% des voix et n’a pu sauver que deux députés, son chef de file étant même sévèrement battu dans sa circonscription. Les autres écologistes n’ont obtenu que 0,96% des voix dont 0,11% pour le MEI de Waechter (lui-même obtenant 10,52% à Altkirch) et 0,05% pour CAP 21.
Le Front National en revanche, avec un score très convenable, même si inférieur à celui obtenu en 1997, obtient malgré tout 13,6% des voix, contre 4,29% des voix en 2007 et 11,34% en 2002. Seule une soixantaine de ses candidats a pu atteindre le second tour, en duel ou en triangulaire. Cela s’explique notamment par le fait qu’il faut désormais 12,5% des inscrits et non plus 12,5% des votants pour passer au second tour. Le FN avait sept circonscriptions où ils étaient réellement en mesure d’obtenir des élus, essentiellement en Provence. Marine Le Pen a fait dans la circonscription autour de Hénin-Beaumont 42,36% des voix, ce qui était inattendu.
Le FN a aussi bénéficié dans son camp d’un vote utile, car les différentes chapelles de l’extrême-droite, à savoir essentiellement le trio NDP/MNR/PDF et la Ligue du Sud, n’ont obtenu que 0,19% des voix, et ce en tenant compte de l’excellent score de Jacques Bompard mais aussi du score plus modeste de Jacques Peyrat à Nice (16,2%). Bompard a fait 23,5% des voix au premier tour, victime de la candidate FN qui a obtenu plus de 16% des voix. Il était en revanche idéalement placé pour s’imposer au second tour, FN et UMP étant éliminés. Les candidats identitaires n’ont obtenu que 0,02% des voix, pour environ une vingtaine de candidats, ceux-ci oscillant entre 0,2% et 1,1% des voix selon les cas. Philippe Vardon (Bloc Identitaire) aurait sans doute fait un score de même nature s’il avait maintenu sa candidature à Nice, d’où son retrait avant l’échéance. La candidate FN choisie à son détriment a réussi à obtenir 21,41% des voix. Les figures principales de la droite radicale, Carl Lang (1,09%) et Roland Hélie (0,9%), ont été laminées. Il n’y a désormais plus d’opposition de droite nationale au FN, légitimé par les urnes.
Les mouvements souverainistes sont également durablement affaiblis avec seulement 0,43% pour Debout La République, mouvement qui sauve néanmoins son financement public, 0,2% pour le MPF (1 siège), 0,05% pour CPNT, 0,01% pour le RPF et 0,01% également pour l’Alliance Royale.
L’extrême-gauche est également victime d’un effet Mélenchon. Le PCF/FG obtient 6,91% des voix (contre 4,82% en 2002 et 4,29% en 2007). Le paradoxe est qu’avec un meilleur score, le PCF a perdu des députés. En 2007, il avait sauvé son groupe avec 15 élus. En 2012, il n’aura obtenu que 10 sièges et ne sauvera son groupe que par le ralliement d’élus domiens. Ce bon score, nuancé par l’échec de Jean-Luc Mélenchon à atteindre le second tour à Hénin-Beaumont, se fait au détriment de l’extrême-gauche, LO et NPA réunis n’obtenant que 0,98% des voix et perdant ainsi tout financement public. Les Pirates avec 0,06% des voix ont quant à eux échoué à représenter une alternative politique, à la différence de leurs homologues allemands qui pourraient rentrer au Bundestag en 2013. Seules les élections européennes en France permettent à de nouveaux mouvements politiques d’émerger (le FN en 1984, les Verts, le MPF… etc), les élections législatives étant verrouillées.
Les victimes d’un second tour sans saveur.
Le mauvais report de voix des électeurs FN amène à l’éviction hors du parlement de nombreux députés UMP, et notamment les membres de la Droite Populaire. Hervé Novelli, Eric Raoult, Nadine Morano sont les victimes principales de cette situation, alors même qu’ils avaient tenté d’envoyer des signaux favorables au FN. Marine Le Pen préférait, sauf cas particuliers, les faire battre et y a réussi. Claude Guéant est également vaincu par un dissident de droite, payant ainsi sa proximité avec le président déchu et un bilan contesté en matière de lutte contre l’insécurité. En revanche, Henri Guaino sauve sa peau. A Nancy, ville qui m’est tout particulièrement chère, la droite valoisienne est battue, les trois circonscriptions de la ville étant au PS, et six circonscriptions sur sept en Meurthe et Moselle. Les élections municipales de 2014 s’annoncent mal pour les héritiers d’André Rossinot, qui sera probablement candidat une dernière fois pour tenter d’empêcher la mairie de basculer.
Ségolène Royal est battue par un opposant socialiste à La Rochelle. Son candidat, Olivier Falorni, était au second tour alors que l’UMP était éliminée. Royal souhaitait son désistement, ce qui l’aurait fait élire avec le score très stalinien de 100%. La gauche étant sure d’avoir un député, on ne voit pas pourquoi Falorni aurait dû se retirer, sous prétexte que Ségolène Royal s’était rendue si détestable aux yeux de la droite locale que celle-ci était prête à tout pour la faire battre. Les électeurs, qu’importe leur vote du premier tour, ont exprimé de manière souveraine leur choix. Royal ne sera pas présidente de l’assemblée nationale, où elle aurait pu jouer la directrice d’école autoritaire auprès des élus.
François Bayrou est puni pour son soutien apporté à François Hollande au second tour des présidentielles. Ce soutien était incompréhensible pour la plupart de ses électeurs, qui ont préféré choisir l’UMP plutôt que de le réélire. Il a lui-même reconnu avec beaucoup de franchise que son électorat ne l’avait pas suivi dans un choix personnel bien inutile car le PS n’a pas cherché à sauver sa tête, bien au contraire. Il est difficile en effet d’expliquer aux électeurs qu’on prône l’alliance de la carpe et du lapin. Jean Lassalle, le sympathique centriste, sauve en revanche sa tête.
Jean-Luc Mélenchon aurait pu, en étant au second tour, offrir paradoxalement à son ennemie chérie un fauteuil de député. C’est finalement le socialiste Philippe Kemel qui s’impose de justesse face à Marine Le Pen, cette dernière n’obtenant que 49,89% des voix. En duel pur, le FN n’arrive pas à s’imposer, puisque Stéphane Ravier (49,01%) et Valérie Laupies (48,71%) échouent aussi. Ce n’est que dans le cas de triangulaires que le FN peut s’imposer, lorsque des conditions exceptionnelles s’y prêtent. Dans le Gard, Gilbert Collard est élu grâce au soutien implicite du candidat UMP, qui s’est maintenu pour obéir aux consignes de son parti, et Marion Maréchal (Le Pen) grâce au maintien d’une candidate socialiste qui n’avait pourtant aucune chance de l’emporter. Avec une élue issue de « la famille », l’image népotique du FN est renforcée. La victoire de Collard, qui a été membre de presque tous les partis politiques, et qui refuse de rejoindre le FN, pourrait quant à elle être à la Pyrrhus, car il est peu probable que Collard respecte la ligne que souhaitera voir impulsée Marine Le Pen. Enfin, Jacques Bompard (Ligue du Sud, ex-FN et ex-MPF) est élu député avec une avance confortable (58,77%), de même que Nicolas Dupont-Aignan (61,39%), récompensés par leur travail d’implantation.
Au final, la « gauche » l’emporte, le PS obtenant la majorité parlementaire seul. Il doit ce succès à l’absence totale de mobilisation de l’électorat de droite. Avec 343 sièges sur 577, soit moins de 60% des sièges, dont 302 sièges pour le PS et les divers gauches, le gouvernement Ayrault est conforté. Le Front de Gauche obtient 10 sièges, les radicaux de gauche 13 sièges, et Europe-Ecologie 18 sièges. Le MD de Bayrou n’a plus que deux sièges, le Nouveau Centre en obtient 14, les radicaux valoisiens 9 , et l’UMP ainsi que les divers droite 205 sièges. Les nationaux et souverainistes ont 5 sièges (2 FN, 1 DLR, 1 LS, 1 MPF), ce qui est un résultat inédit dans le cadre du scrutin majoritaire.
Marine Le Pen, battue, tente à nouveau sa chance mais au tribunal, afin de faire annuler le scrutin. Elle aurait préféré abandonner Strasbourg pour découvrir les charmes du Palais Bourbon. Elle fait néanmoins partie pour le moment des vaincus de juin 2012. Elle aura au moins le plaisir de partager cette situation avec Jean-Luc Mélenchon, qu’elle vient d’ailleurs de retrouver au tribunal après que ce dernier l’ait qualifiée de « fasciste ». François Bayrou est désormais un homme seul, tout comme Ségolène Royal est une femme seule, contrainte à une prise de distance forcée d’avec la vie politique nationale.
D’un côté, l’europhobie fanatique des souverainistes, Marine Le Pen en tête. De l’autre, l’europhobie meurtrière, celle dont a été victime notamment Killian et tant d’autres avant lui, cette europhobie, la seule phobie que SOS-Racisme semble refuser de combattre, comme si la violence de haine n’était que dans un seul sens. En effet, pour son (ancien) président Dominique Sopo, le « racisme anti-blancs », c'est-à-dire l’europhobie, est je cite « une notion forgée par le FN ». Je suppose donc que, si on appliquait le principe de réciprocité, le racisme contre les noirs serait par exemple une invention de Kemi Seba. Ce deux poids deux mesures, selon la race du criminel et celle de la victime, est intolérable. Dominique Sopo a récemment démissionné de la présidence de SOS-Racisme et se déclare tenté par un poste de ministre du gouvernement Ayrault. Finalement, il n’aura pas eu gain de cause… pour cette fois.
Le véritable vainqueur de ces élections.
Le vainqueur, c’est le parti des abstentionnistes. Au premier tour des élections, 42,77% des électeurs ont refusé de se prononcer et même de se déplacer. Au second tour, c’est même 43,7% des électeurs qui sont restés chez eux. Cette abstention est un record depuis 1973, et a augmenté de trois points par rapport à 2007. Et surtout, que l’abstention ait été plus forte au second tour qu’au premier est très significatif. Ces 1% de participation en baisse sont essentiellement le fait d’électeurs de droite du premier tour et qui n’avaient pas envie de s’opposer à la vaguelette rose, accroissant ainsi la marge de manœuvre du camp adverse.
Ce manque de participation s’explique par les querelles d’appareil à droite, entre une ligne qui veut conserver la stratégie Buisson, qui n’a pas été si mauvaise aux présidentielles, malgré l’échec du président sortant, et une ligne centriste, très politiquement correcte, menée notamment par Juppé, Kocziusko-Morizet et Raffarin. Pris entre ces deux tendances irréconciliables, Sarkozy n’avait pu choisir son camp. Or, s’il a échoué, c’est avant tout en raison du mauvais report de voix des électeurs FN, report qui aura aussi coûté des sièges à des candidats UMP lors des élections législatives.
Il s’explique enfin par la réforme du quinquennat et surtout cette concomitance entre les élections présidentielles et législatives. Le président élu, les électeurs se détournent des enjeux parlementaires, renforçant l’image monarchiste de notre « république ». Les législatives ne font que confirmer les présidentielles, beaucoup d’électeurs voulant laisser sa chance au nouveau dirigeant en lui donnant une majorité à l’assemblée, indépendamment du programme du président, du parti politique dont il est l’émanation, et des candidats eux-mêmes, élus sur leur étiquette uniquement, même s’ils sont sans expérience.
Un premier tour qui lamine les petites formations politiques.
Ce nouveau système des élections législatives, un mois après les présidentielles, a tué les enjeux. En conséquence de quoi, le scrutin majoritaire à deux tours, qui était très défavorable aux petites formations politiques, est désormais sans pitié. Les électeurs n’avaient que trois manières de voter possible, à savoir le vote de confirmation, c'est-à-dire le vote PS, le vote de réticence, c'est-à-dire le vote UMP, et enfin le vote de résistance, c'est-à-dire le vote FN.
Les deux autres formations de gauche, ne représentant pas une menace pour le nouveau pouvoir en place, ou ralliées totalement à lui, n’ont pas été trop victimes du vote utile. Il faut dire que Europe-Ecologie avait négocié ses places avec le PS. Ses seulement 5,65% des voix, c'est-à-dire plus du double du score d’Eva Joly aux présidentielles, s’expliquent uniquement parce que, à l’image de Cécile Duflot, Europe-Ecologie a bénéficié de cet accord auquel le PS n’était en rien obligé. En réalité, sans cet accord, Europe-Ecologie aurait sans doute disparu du jeu politique national. C’est ce qui est ainsi arrivé au Modem de Bayrou, qui n’a obtenu que 1,76% des voix et n’a pu sauver que deux députés, son chef de file étant même sévèrement battu dans sa circonscription. Les autres écologistes n’ont obtenu que 0,96% des voix dont 0,11% pour le MEI de Waechter (lui-même obtenant 10,52% à Altkirch) et 0,05% pour CAP 21.
Le Front National en revanche, avec un score très convenable, même si inférieur à celui obtenu en 1997, obtient malgré tout 13,6% des voix, contre 4,29% des voix en 2007 et 11,34% en 2002. Seule une soixantaine de ses candidats a pu atteindre le second tour, en duel ou en triangulaire. Cela s’explique notamment par le fait qu’il faut désormais 12,5% des inscrits et non plus 12,5% des votants pour passer au second tour. Le FN avait sept circonscriptions où ils étaient réellement en mesure d’obtenir des élus, essentiellement en Provence. Marine Le Pen a fait dans la circonscription autour de Hénin-Beaumont 42,36% des voix, ce qui était inattendu.
Le FN a aussi bénéficié dans son camp d’un vote utile, car les différentes chapelles de l’extrême-droite, à savoir essentiellement le trio NDP/MNR/PDF et la Ligue du Sud, n’ont obtenu que 0,19% des voix, et ce en tenant compte de l’excellent score de Jacques Bompard mais aussi du score plus modeste de Jacques Peyrat à Nice (16,2%). Bompard a fait 23,5% des voix au premier tour, victime de la candidate FN qui a obtenu plus de 16% des voix. Il était en revanche idéalement placé pour s’imposer au second tour, FN et UMP étant éliminés. Les candidats identitaires n’ont obtenu que 0,02% des voix, pour environ une vingtaine de candidats, ceux-ci oscillant entre 0,2% et 1,1% des voix selon les cas. Philippe Vardon (Bloc Identitaire) aurait sans doute fait un score de même nature s’il avait maintenu sa candidature à Nice, d’où son retrait avant l’échéance. La candidate FN choisie à son détriment a réussi à obtenir 21,41% des voix. Les figures principales de la droite radicale, Carl Lang (1,09%) et Roland Hélie (0,9%), ont été laminées. Il n’y a désormais plus d’opposition de droite nationale au FN, légitimé par les urnes.
Les mouvements souverainistes sont également durablement affaiblis avec seulement 0,43% pour Debout La République, mouvement qui sauve néanmoins son financement public, 0,2% pour le MPF (1 siège), 0,05% pour CPNT, 0,01% pour le RPF et 0,01% également pour l’Alliance Royale.
L’extrême-gauche est également victime d’un effet Mélenchon. Le PCF/FG obtient 6,91% des voix (contre 4,82% en 2002 et 4,29% en 2007). Le paradoxe est qu’avec un meilleur score, le PCF a perdu des députés. En 2007, il avait sauvé son groupe avec 15 élus. En 2012, il n’aura obtenu que 10 sièges et ne sauvera son groupe que par le ralliement d’élus domiens. Ce bon score, nuancé par l’échec de Jean-Luc Mélenchon à atteindre le second tour à Hénin-Beaumont, se fait au détriment de l’extrême-gauche, LO et NPA réunis n’obtenant que 0,98% des voix et perdant ainsi tout financement public. Les Pirates avec 0,06% des voix ont quant à eux échoué à représenter une alternative politique, à la différence de leurs homologues allemands qui pourraient rentrer au Bundestag en 2013. Seules les élections européennes en France permettent à de nouveaux mouvements politiques d’émerger (le FN en 1984, les Verts, le MPF… etc), les élections législatives étant verrouillées.
Les victimes d’un second tour sans saveur.
Le mauvais report de voix des électeurs FN amène à l’éviction hors du parlement de nombreux députés UMP, et notamment les membres de la Droite Populaire. Hervé Novelli, Eric Raoult, Nadine Morano sont les victimes principales de cette situation, alors même qu’ils avaient tenté d’envoyer des signaux favorables au FN. Marine Le Pen préférait, sauf cas particuliers, les faire battre et y a réussi. Claude Guéant est également vaincu par un dissident de droite, payant ainsi sa proximité avec le président déchu et un bilan contesté en matière de lutte contre l’insécurité. En revanche, Henri Guaino sauve sa peau. A Nancy, ville qui m’est tout particulièrement chère, la droite valoisienne est battue, les trois circonscriptions de la ville étant au PS, et six circonscriptions sur sept en Meurthe et Moselle. Les élections municipales de 2014 s’annoncent mal pour les héritiers d’André Rossinot, qui sera probablement candidat une dernière fois pour tenter d’empêcher la mairie de basculer.
Ségolène Royal est battue par un opposant socialiste à La Rochelle. Son candidat, Olivier Falorni, était au second tour alors que l’UMP était éliminée. Royal souhaitait son désistement, ce qui l’aurait fait élire avec le score très stalinien de 100%. La gauche étant sure d’avoir un député, on ne voit pas pourquoi Falorni aurait dû se retirer, sous prétexte que Ségolène Royal s’était rendue si détestable aux yeux de la droite locale que celle-ci était prête à tout pour la faire battre. Les électeurs, qu’importe leur vote du premier tour, ont exprimé de manière souveraine leur choix. Royal ne sera pas présidente de l’assemblée nationale, où elle aurait pu jouer la directrice d’école autoritaire auprès des élus.
François Bayrou est puni pour son soutien apporté à François Hollande au second tour des présidentielles. Ce soutien était incompréhensible pour la plupart de ses électeurs, qui ont préféré choisir l’UMP plutôt que de le réélire. Il a lui-même reconnu avec beaucoup de franchise que son électorat ne l’avait pas suivi dans un choix personnel bien inutile car le PS n’a pas cherché à sauver sa tête, bien au contraire. Il est difficile en effet d’expliquer aux électeurs qu’on prône l’alliance de la carpe et du lapin. Jean Lassalle, le sympathique centriste, sauve en revanche sa tête.
Jean-Luc Mélenchon aurait pu, en étant au second tour, offrir paradoxalement à son ennemie chérie un fauteuil de député. C’est finalement le socialiste Philippe Kemel qui s’impose de justesse face à Marine Le Pen, cette dernière n’obtenant que 49,89% des voix. En duel pur, le FN n’arrive pas à s’imposer, puisque Stéphane Ravier (49,01%) et Valérie Laupies (48,71%) échouent aussi. Ce n’est que dans le cas de triangulaires que le FN peut s’imposer, lorsque des conditions exceptionnelles s’y prêtent. Dans le Gard, Gilbert Collard est élu grâce au soutien implicite du candidat UMP, qui s’est maintenu pour obéir aux consignes de son parti, et Marion Maréchal (Le Pen) grâce au maintien d’une candidate socialiste qui n’avait pourtant aucune chance de l’emporter. Avec une élue issue de « la famille », l’image népotique du FN est renforcée. La victoire de Collard, qui a été membre de presque tous les partis politiques, et qui refuse de rejoindre le FN, pourrait quant à elle être à la Pyrrhus, car il est peu probable que Collard respecte la ligne que souhaitera voir impulsée Marine Le Pen. Enfin, Jacques Bompard (Ligue du Sud, ex-FN et ex-MPF) est élu député avec une avance confortable (58,77%), de même que Nicolas Dupont-Aignan (61,39%), récompensés par leur travail d’implantation.
Au final, la « gauche » l’emporte, le PS obtenant la majorité parlementaire seul. Il doit ce succès à l’absence totale de mobilisation de l’électorat de droite. Avec 343 sièges sur 577, soit moins de 60% des sièges, dont 302 sièges pour le PS et les divers gauches, le gouvernement Ayrault est conforté. Le Front de Gauche obtient 10 sièges, les radicaux de gauche 13 sièges, et Europe-Ecologie 18 sièges. Le MD de Bayrou n’a plus que deux sièges, le Nouveau Centre en obtient 14, les radicaux valoisiens 9 , et l’UMP ainsi que les divers droite 205 sièges. Les nationaux et souverainistes ont 5 sièges (2 FN, 1 DLR, 1 LS, 1 MPF), ce qui est un résultat inédit dans le cadre du scrutin majoritaire.
Marine Le Pen, battue, tente à nouveau sa chance mais au tribunal, afin de faire annuler le scrutin. Elle aurait préféré abandonner Strasbourg pour découvrir les charmes du Palais Bourbon. Elle fait néanmoins partie pour le moment des vaincus de juin 2012. Elle aura au moins le plaisir de partager cette situation avec Jean-Luc Mélenchon, qu’elle vient d’ailleurs de retrouver au tribunal après que ce dernier l’ait qualifiée de « fasciste ». François Bayrou est désormais un homme seul, tout comme Ségolène Royal est une femme seule, contrainte à une prise de distance forcée d’avec la vie politique nationale.
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
17:27 Publié dans Analyses, Editoriaux, Elections en Europe, Présidentielles 2022 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : ps, europe-ecologie, françois hollande, ump, fn, jean-luc mélenchon, marine le pen, terra nova, élections législatives |
Commentaires
L'assassin du jeune Killian est un brave Tchétchène portant un nom équivalent à celui qui se traduit en turque par "Soliman". J'eu préféré une élimination inverse, ma rage reste encore très vive aujourd'hui !
Écrit par : Djecz | 26/06/2012
@ Djecz
Il est dommage qu'un caucasien ait contribué de manière si atroce à la mauvaise image de son pays. Pour avoir écrit plusieurs articles en l'honneur de ce peuple, qui a beaucoup souffert sous le régime soviétique, je suis atterré par cet acte barbare injustifié.
Beaucoup de tchétchènes sont eux-mêmes victimes dans leur pays de ce genre de comportements. Mais qu'attendre en effet du régime en place en Tchétchénie actuellement, qui disons-le clairement est un régime islamiste. Du temps de Brejnev, on n'aurait jamais connu ça.
Écrit par : Thomas FERRIER | 26/06/2012
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