23/12/2012
Vaincre les nationalismes de division en Europe
13:52 Publié dans Analyses, Elections en Europe, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nationalismes, europe, division, impérialisme américain, européisme |
Octavien, politicien et stratège européen
Caius Octavius Thurinus était issu d’une famille de petite noblesse de la cité de Vélitries, les Octavii, célèbres notamment pour avoir sauvé la cité d’une attaque ennemie en ayant réussi à s’attirer les bonnes grâces du dieu Mars en personne. Sous ce noble patronage, Octavien ne pouvait que réussir dans la cité du père de Romulus à faire de son nom un titre de gloire.
Il connaît sa première ascension médiatique dans l’ombre de son protecteur et père adoptif, Caius Iulius Caesar, mais l’occasion historique de devenir un acteur de premier plan de Rome lui fut donnée lorsque César fut assassiné par ceux qui se réclamaient de la République et du nom prestigieux de Brutus, vengeur de l’honneur romain et de celui de Lucrèce, libérateur des Romains du joug des souverains étrusques. Octavien passait alors pour un jeune homme sans envergure, mais plein de potentialités, et dont l’espace politique était étouffé par l’aura du principal lieutenant du dictateur, Antoine.
C’est dans cette époque troublée que le talent d’Octavien va apparaître dans toute sa quintessence. Antoine commettra l’erreur de gravement le sous-estimer, mais cela parce qu’Octavien appliquait à la lettre les principes du général spartiate Lysandros, « savoir quand porter la peau du lion et quand porter la peau du renard », et se faisait tout petit à ses côtés.
C’est ensemble qu’Antoine et Octavien combattront pour écraser, sous l’égide d’un Mars Vengeur, les insoumis autour de Brutus et Cassius. La bataille de Philippes déterminera le sort de Rome, partagé entre une dictature populaire et une république aristocratique. Paradoxalement, en apparence du moins, le plus républicain est Octavien, ami du peuple romain. C’est un homme réaliste, animé par une foi sincère en l’avenir de la cité de ses pères, et qui n’est pas prêt à transiger avec ses valeurs, même s’il sait les dissimuler.
Antoine et Octavien se partagent alors le monde. A Octavien, l’Occident avec Rome. A Antoine, l’Orient avec Alexandrie. Il tombe ainsi sous l’influence de la reine Cléopâtre, égérie de son mentor et professeur, et se rêve en nouvel Alexandre. C’est pour la même raison que César avait été tué car on craignait qu’il n’emmène Rome dans une aventure personnelle en Orient, là où Crassus avait connu un désastre. Octavien n’a pas besoin de manipuler la populace romaine pour obtenir son soutien. Par son attitude, il incarne Rome, alors qu’Antoine cède au charme de l’Egypte. Alors qu’Antoine sert Dionysos, Octavien se range du côté d’Apollon. L’ordre face à l’anarchie s’opposent, mais aussi l’Europe et l’Asie. Les dieux anthropomorphes de Rome et de l’Hellade s’arment pendant que les dieux à tête animale se reposent sous le soleil de l’Asie.
Avec Apollon et Mars à ses côtés, mais aussi Neptune, Octavien est le défenseur du continent européen contre les influences délétères de l’Asie ténébreuse. Actium anéantit les espoirs du couple italo-macédonien et reproduit au sein même de la république romaine la victoire de Scipion sur Carthage. Octavien a vaincu tous les obstacles et ira jusqu’au bout de sa mission. Ce n’est pas un homme avide de pouvoir, comme on le présente généralement, mais un homme de devoir. Ce n’est pas la Rome doucereuse des bacchanales nocturnes qui se présente face à Alexandrie, mais la Rome d’airain de l’Italie des origines. Octavien, nouveau Romulus, et émule de Mars, n’entend pas faire preuve de pitié. Cléopâtre, qui sacrifie son amant aux intérêts de l’Egypte, échouera pourtant à séduire le jeune chef de guerre. Tel un jeune lion, il dévore le fils de César, Césarion, qui aurait pu représenter une menace, mais laisse vivre les enfants d’Antoine et de Cléopâtre.
Octavien est ainsi le maître de Rome, à la fois en tant que dialecticien hors pair, capable de convaincre le peuple de le suivre pour châtier le traître, et en tant que stratège. Son projet pour sa cité peut alors émerger. Sorti vainqueur de plus d’un demi-siècle de guerres civiles, il va inventer un nouveau régime, le Principat, conservant les apparences de la république mais aussi les traditions de la Rome des rois italiques. Il hésite à se faire proclamer nouveau Romulus, et choisit finalement d’être Augustus, celui dont les augures ont été favorables, l’homme choisi par la Fortune pour emmener Rome au sommet.
Alors que César ne rêvait que de dépasser Alexandre, Auguste s’intéresse à son peuple, et s’appuie sur deux piliers, la Paix et la Prospérité, tels Mars et Mercure se faisant face au cœur du temple de la Concorde. Il fait ainsi bâtir l’Autel de Paix (Ara Pacis), signe un accord inédit avec les Parthes, obtenant ainsi la restitution des enseignes de Crassus mais aussi d’Antoine, et le retour des prisonniers de guerre romains. A côté du forum romain, il construit un forum augustéen dédié au dieu Mars Vengeur et à tous les grands noms de l’histoire romaine. Mais il ne s’arrête pas en si bon chemin, et se voulant le Périclès de Rome, il fait reconstruire ou rénover quatre-vingt temples afin que les dieux ainsi honorés soient du côté des Romains. Vainqueur des Cantabriens, il y ajoutera un temple de Jupiter Tonnant, le dieu de l’orage l’ayant protégé lors d’un combat.
Octavien est maître d’un empire immense, qui va de la Gaule à l’Egypte, mais qui comprend des populations très différentes. Octavien est et reste un romain et un européen. Les cultes égyptiens l’insupportent et il en interdit la pratique sur le pomœrium. Il veut moraliser la société romaine, limite ainsi le droit de divorcer, bannit les pratiques homosexuelles. Son objectif est de faire remonter la natalité romaine qu’il sait très basse. Il entend assurer le relèvement de la Rome éternelle, et lui offrir de nouveaux siècles de prospérité.
Auguste régnera près de quarante-cinq ans, ce qui est considérable. Et pourtant, les dieux ne lui permettront pas de voir son œuvre se perpétuer par des successeurs dignes de son nom. Seul Tibère aura pu survivre au prince et prendre sa place, sans être en mesure de continuer l’œuvre de son beau-père. Tiberius ad Tiberim. La fin de sa gouvernance n’est pas aussi lumineuse qu’après Actium. Varus et ses légions sont écrasés par les rebelles germaniques d’Arminius en 9 après J.C et la maladie assaille Octavien. En 14 après J.C, le fils adoptif de César s’éteint, ironisant sur sa vie, et se demandant s’il a bien joué la comédie du pouvoir. Il refuse les honneurs et surtout qu’on le considère comme un dieu. Son souhait ne sera pas respecté. Un culte au Divus Augustus verra le jour. Le prince aurait détesté. Toujours, durant sa vie, il avait fui l’hybris et honoré les dieux avec respect.
On honore Octavien pour mieux saboter son œuvre. La dynastie des Julio-claudiens sera exécrable et exécrée. Elle prendra fin avec la mort de Néron. Lui qui avait patiemment forgé le caractère de ceux en qui il voyait ses successeurs, Gaius et Lucius, ses petits-fils, morts bien trop jeunes, n’a pas pu les voir régner. Etait-il conscient à sa mort qu’il avait échoué à pérenniser son œuvre ? Mais Rome aura quatre siècles de vie encore, avant de s’effondrer, car le dieu Mars avait promis douze siècles de gloire à la cité de son fils, douze comme le nombre de vautours vus par Romulus dans le ciel bleu de l’Italie.
Romulus, Brutus, Augustus, ainsi était la trinité qui fit de la petite Rome le cœur d’un empire immense, détrônant l’Hellade. Mais le prix de tant de conquêtes se ferait un jour connaître et il dépassera la bourse des Romains.
Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)
13:50 Publié dans Analyses, Histoire, Religion | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : octavien, octave, auguste, rome, césar, europe, mars ultor |
18/12/2012
Je suis polythéiste!
00:52 Publié dans Analyses, Anti-mythes, Culture, Histoire, Religion | Lien permanent | Commentaires (0) |
16/12/2012
Aurélie Filipetti et le souverainisme fétichisé
«La citoyenneté française, c'est un honneur, ce sont des droits et des devoirs aussi, parmi lesquels le fait de pouvoir payer l'impôt.» (Aurélie Filipetti)
Je suis désolé de contredire un ministre, mais la citoyenneté française relève d'abord d'un fait, selon la règle universellement admise pour l'accès par défaut à la nationalité d'un état, à savoir le ius sanguinis ou "droit du sang".
Ce n'est pas un honneur mais un héritage et un devoir, celui de le transmettre et de le faire fructifier. Ce n'est pas au Parti "Socialiste", qui est le principal responsable du dévoiement de la citoyenneté française depuis 1981, la conférant par de nombreuses naturalisations complaisantes et par le si funeste "droit du sol", de donner des leçons en la matière.
Gérard Depardieu, que ce ministre évoque dans son propos, est citoyen français par ses parents. Il ne peut donc en aucun cas être déchu de ses droits, comme il est interdit de priver complètement un héritier de son héritage.
En outre, prétendre que posséder la citoyenneté française serait un honneur est une forme de hiérarchisation entre les êtres humains. Cela signifierait que la "citoyenneté française" aurait davantage de valeur que la "citoyenneté allemande" ou que la "citoyenneté ivoirienne" par exemple. Pourquoi "être français" serait un honneur ? Ce n'est pas non plus d'ailleurs une opprobre.
17:51 Publié dans Analyses, Anti-mythes, Mes coups de gueule | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : depardieu, filipetti, citoyenneté française |
Depardieu en Belgique : tollé chez les « socialistes ».
Rappelons en premier lieu qu’un français fortuné qui quitte son pays n’y paiera plus d’impôts du tout. En bilan purement comptable, le taux d’imposition des revenus les plus aisés en France appauvrit les caisses de l’Etat. On peut certes déplorer sur le principe que des français refusent de faire leur devoir citoyen en cotisant pour la patrie. Mais faudrait-il encore que l’argent généré par les impôts soit employé à bon escient. Or, de fait, les Français payent des impôts pour enrichir diverses associations dont l’intérêt n’est pas le nôtre, pour subventionner massivement les banlieues afin d’y garantir une très relative paix sociale, pour dédommager nos anciennes colonies, pour financer la Palestine ou que sais-je encore.
Gérard Depardieu en a assez de payer des impôts excessifs pour cette politique d’assistanat dans tous les domaines. On doit admettre que c’est bien compréhensible.
Et la fausse « gauche », qui ose sans pudeur se dire « patriote », non ne riez pas, de se déchaîner contre « Obélix ». Entendre de la part de Jean-Marc Ayrault que l’attitude de Depardieu serait « minable » est pathétique. Et de Sapin à Filipetti, toute la « gauche » bo-bo mondialiste joue aux indignés.
Oui, cette « gauche » qui a menti aux ouvriers de Florange et s’est couchée devant Lakshmi Mittal. Oui, cette « gauche » qui ouvre ses bras tendres à l’islam tout en tournant le dos aux travailleurs français de PSA. Cette « gauche » qui donne des leçons de morale se déchaîne contre le pauvre Gérard.
Pourtant, ce qu’il a fait est légal, et c’est bien la faute de François Hollande, qui toise Angela Merkel, et qui pratique l’europhobie feutrée, si l’Europe n’est pas fiscalement harmonisée. Depardieu, qui se définit comme un « vrai européen », ce qu’il est, mais aussi comme « un citoyen du monde », ce qui ne veut en revanche rien dire du tout, est allé s’installer en Belgique, car notre voisin a un taux d’imposition plus raisonnable vis-à-vis de personnes fortunées, et préfère les attirer, et obtenir ainsi des subsides supplémentaires, que de les faire fuir.
La « gauche » PS n’aime pas les riches. Elle ne s’aime donc pas elle-même. Mais la « gauche » PS n’aime pas les pauvres non plus, s’ils ont le tort d’être des européens. 35% des français approuvent l’action du président Hollande. La chute continue dans les sondages. Y aura-t’il encore un gouvernement français dans un an ? On se demande en effet si le gouvernement pourra tenir très longtemps en proposant des réformes inutiles, comme le « mariage pour tous », revendication d’une minorité au sein d’une minorité, ou en ouvrant largement les vannes de l’allogénisation.
Un authentique socialiste ne peut que déplorer l’attitude de Gérard Depardieu mais se doit aussi de la comprendre. Et surtout, entendre de la part des mondialistes du PS l’expression « patriotisme » ne peut que révulser tout véritable défenseur de l’européanité de l’Europe.
Des mots mantra comme « nationalisations » ne suffiront pas à convaincre le peuple que ce gouvernement serait à son service.
Face au mondialisme, il n’y a qu’une seule réponse. C’est l’Europe ! Or Hollande freine des quatre fers toute ambition d’une Europe fédérale, et c’est l’Allemagne qui est en pointe du combat pour l’Europe, une fois de plus.
Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)
16:39 Publié dans Analyses, Cinéma, Communiqués | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : gérard depardieu, jean-marc ayrault, françois hollande, thomas ferrier, europe |
Une justice retournée contre la république.
Le principe républicain de séparation des pouvoirs, et notamment entre le politique et le judiciaire, est profondément atteint depuis plusieurs années par une utilisation de plus en plus marquée du tribunal pour régler des comptes politiques, en se servant du moindre « dérapage » sémantique pour envoyer son adversaire devant le juge.
S’attaquant ainsi à la base même des libertés publiques, et notamment à la liberté d’expression, encore plus essentielle lorsqu’il s’agit de celle des responsables politiques, les associations et partis qui portent plainte contre X ou Y, s’enrichissant au détriment des citoyens et contribuables, qui payent leurs impôts pour que ceux-ci soient dilapidés dans des procédures manifestement abusives, sapent les fondements de la démocratie.
Lorsque Marine Le Pen porte plainte contre Mathieu Madenian sous prétexte qu’il a insulté « les électeurs du Front National », elle soutient la même démarche que lorsque des associations algériennes inconnues se portent partie civile contre Gérard Longuet et Gilbert Collard sous prétexte qu’ils ont par le geste du bras d’honneur refusé de culpabiliser la France pour les évènements d’Algérie, ou lorsque la justice française exige qu’elle se voit retirée son immunité parlementaire de députée européenne suite à une poursuite du MRAP quant à ses propos sur l’occupation des rues.
Tous responsables et donc tous coupables, coupables d’un détournement de bien public, coupables de détourner la justice républicaine à des fins partisanes. C’est donc tout un système qu’il faut dénoncer, ce qui implique de réformer profondément la loi et de libérer la justice du poids des idéologies.
La première réforme est de modifier le droit afin d’interdire à une association ou tout groupe d’intérêts de se porter partie civile contre une personne physique à qui on reprocherait des propos. Cela signifie que si X est diffamé par Y, X pourra porter plainte contre Y, mais qu’en revanche une association X ne pourra pas porter plainte contre un individu Y. La plainte devra être considérée comme irrecevable et immédiatement classée.
La seconde réforme est de supprimer le syndicat de la magistrature, pour atteinte au principe de nécessaire neutralité politique de la justice, et de mettre en place l’élection au suffrage universel direct des procureurs, afin que rendant la justice au nom du peuple, ils puissent rendre des comptes devant ce même peuple des actions qu’ils ont entreprises. Or si les juges et les procureurs étaient élus, de fait ils seraient beaucoup plus prudents dans leurs actions, et de fait beaucoup moins idéologues. Finie la justice à deux vitesses, selon l’opinion du mis en examen.
Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)
14:57 Publié dans Analyses, Mes coups de gueule | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : justice détournée, associations, longuet, collard |
14/12/2012
Le Pen, une histoire française, par Péan et Cohen
22:35 Publié dans Analyses, Anti-mythes | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : le pen, cohen, péan, thomas ferrier |
12/12/2012
Fillon vs Copé, le combat ultime
12:13 Publié dans Analyses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : françois fillon, jean-françois copé, thomas ferrier |
Le génie de la Bastille, un dieu romain et païen
Un site fondamentaliste chrétien s’attaque au génie de la Bastille. Ils reconnaissent en lui Lucifer, le « porteur de la lumière » mais l’associe à Satan, la méconnaissance de la mythologie classique, fondement de la civilisation européenne, étant chez eux abyssale.
En premier lieu, dans le monde païen, il y a deux « Lucifer ». Le premier est le dieu romain de l’étoile du matin, fils du dieu Mars et de la déesse Venus, et le frère du dieu de l’étoile du soir, Vesper. Il correspond au dieu grec Phosphoros, « porteur de lumière », appelé également Eosphoros (porteur de l’aurore), né des amours d’Arès et d’Aphrodite. « Lucifer » peut se reconstituer en proto-indo-européen sous la forme de *leuks-bher. Dans la mythologie indo-européenne, la déesse de l’aurore *Ausos, dont Aphrodite et Venus ne sont que des incarnations postérieures, est mère du matin et du soir.
Le second est la traduction en latin d’un dieu cananéen et ougaritique de l’étoile du matin, Helel. La légende raconte que c’est pour avoir voulu s’emparer du trône de Baal sur le mont Zaphon qu’il fut déchu de sa divinité, précipité par le dieu de l’orage jusqu’au royaume des enfers, où régnait le dieu Môt. Helel était le fils du dieu de l’aurore, car le phénomène atmosphérique est masculin chez les peuples sémitiques, Shahar. Cette base a servi à forger le mythe de l’ange déchu, qui devait devenir Sathanaël, « ennemi de Dieu ».
A la cîme de la colonne de la Bastille, on retrouve le Lucifer romain et païen, porteur de flambeau, symbole de joie et de liberté, et qui n’a rien à voir avec un quelconque démon malfaisant, bien au contraire. Il représente l’Europe conquérante, puisqu’il est le fils du dieu père des Européens, Mars en personne, et en même temps l’Europe libre, en tant que fils de Venus.
Petit-fils de Dieu, c'est-à-dire de Jupiter, le très bon et très grand, optimus et maximus, le « porteur de lumière » veille sur Lutèce et annonce le réveil de l’esprit européen.
Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)
12:11 Publié dans Analyses, Religion | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : les intransigeants, thomas ferrier, lucifer, paganisme, bastille |
11/12/2012
L'Europe et son drapeau, par Thomas FERRIER
10:41 Publié dans Analyses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : drapeau européen, thomas ferrier, psune |
Elections législatives roumaines : triomphe d’une union sacrée
Depuis des mois, la Roumanie connaît une crise politique intense, dans un contexte où la crise économique touche de plein fouet ce jeune adhérent à l’Union Européenne. S’opposent ainsi le président en exercice, de centre-droit, Traian Basescu qui, anecdote historique, possède le même prénom que l’empereur romain qui a soumis les ancêtres du peuple roumain, les Daces et les Gètes, et le premier ministre social-démocrate Victor Ponta. Avant que ne se déroulent ces élections législatives, un référendum avait eu lieu pour tenter de destituer le président mais, faute d’une mobilisation suffisante des électeurs, la participation ayant été inférieure au seuil requis, cette stratégie de Ponta avait échoué.
Les électeurs devaient donc déterminer qui des deux protagonistes devait l’emporter. C’est l’Union Sociale Libérale, rassemblant des sociaux-démocrates, des conservateurs et des nationaux-libéraux, formant ainsi une coalition bien hétéroclite, qui avec 58,61% des voix aux législatives (et 60,07% des voix aux sénatoriales), qui triomphe, dominant de plus de 45 points la droite présidentielle. L’Alliance de Droite Roumaine (ex- Parti Libéral Démocrate) de Basescu en revanche s’effondre avec 16,52% des voix [16,72% au sénat], contre 32,4% en 2008.
Même si les scores cumulés des formations de l’USL atteignaient en 2008 51,7% des voix, la progression de l’ensemble est saisissante.
La chute de la maison ARD (- 16 points) s’explique aussi par l’émergence d’un nouveau venu dans le jeu politique, à savoir le jeune populiste Dan Diaconescu, à la tête du Parti Populaire (Partidul Poporului), qui réalise le score de 13,98% des voix aux législatives, et même 14,63% des voix aux sénatoriales. Toutefois, dans le contexte actuel, cet excellent résultat ne permettra probablement pas à Diaconescu d’être associé au gouvernement, qui jouit d’une majorité extrêmement confortable.
Un autre grand vaincu de ces élections législatives est le Parti de la Grande Roumanie (PRM) de Corneliu Vadim Tudor, le « Le Pen » roumain. En 2008, son parti s’était déjà sérieusement effondré en n’obtenant que 3,2% des voix, étant ainsi exclu du parlement pour la première fois depuis une bonne décennie. Mais 2009 avait été l’année de la remontée, avec 5,56% des voix pour Tudor aux élections présidentielles, et 8,65% pour le PRM aux élections européennes.
L’âge du capitaine et le vote utile ont suffit à faire disparaître une des plus anciennes formations politiques de la Roumanie post-communiste. Avec 1,24% des voix aux législatives et 1,47% aux sénatoriales, le PRM connaît son plus mauvais score et cette fois ne devrait pas s’en remettre, même si Tudor accuse le pouvoir d’avoir manœuvré pour sa destruction. Dans la Bulgarie voisine, le parti nationaliste Ataka de Volen Siderov, victime d’une scission dévastatrice, devrait s’effondrer également.
La communauté magyare a quant à elle voté à nouveau pour l’UDMR, mais ce dernier réalise un score inférieur, avec 5,15% des voix, contre 6,2% en 2008. Cela s’explique par la naissance d’un autre parti de défense des Magyars, le PPMT (représentant les Magyars de Transylvanie), qui obtient 0,64% des voix.
Néanmoins la crise continuera jusqu’aux prochaines élections présidentielles, car Basescu, même déconsidéré par l’opinion, n’a aucune raison de vouloir renoncer à ses fonctions. Le bras de fer perdurera donc au détriment de l’intérêt collectif du peuple roumain.
Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)
10:39 Publié dans Analyses, Elections en Europe | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : victor ponta, traian basescu, union sociale libérale, élections législatives roumaines, 2012 |
02/12/2012
Brandir le drapeau européen, une nécessité historique !
Face à l’armée prussienne, les troupes de Napoléon III n’ont pas pu faire le poids. Sedan solde la fin de l’aventure impériale et le début d’une république dont la majorité parlementaire est monarchiste. La France aurait pu devenir à nouveau une monarchie constitutionnelle si l’héritier des Bourbons l’avait souhaité. Or le comte de Chambord n’aurait pu accéder au trône qu’en acceptant de reconnaître le drapeau tricolore de la patrie, en renonçant au drapeau d’avant 1789. C’est parfois pour une simple question de drapeau que le pouvoir peut échapper à un de ses prétendants.
Il ne faut pas oublier qu’un drapeau n’est pas qu’un simple symbole, un identifiant, mais c’est avant tout un signe de ralliement, un étendard de combat. C’est parce que le drapeau tricolore a arpenté l’Europe sous la Révolution et l’Empire, c’est parce qu’il a représenté la liberté d’un peuple se soulevant contre son roi, en 1830 comme en 1848, c’est parce que de nombreuses personnes sont mortes en son nom ou en le brandissant, qu’il a acquis ses lettres de noblesse. Il en a été de même du drapeau rouge, à l’origine étendard de l’armée romaine, symbole du dieu Mars, et désormais drapeau de la révolution et du socialisme.
Ainsi l’Europe dispose-t-elle d’un drapeau, certes récent mais porteur d’une longue histoire. Ce drapeau, d’abord choisi par le Conseil de l’Europe puis adopté par l’Union Européenne, est d’un bleu royal et souverain, constellé de douze étoiles d’or. On a dit de ces étoiles qu’elle formait la couronne de la Vierge Marie, telle qu’elle est représentée à Strasbourg. Mais ce chiffre douze, symbole de concorde, rappelle aussi la tradition classique, et le bleu, couleur aussi de l’anneau olympique représentant notre continent, fait penser à la couleur des yeux de Zeus, le dieu du ciel, qui s’unit à la princesse crétoise Europê, en qui certains virent une phénicienne. Douze comme les douze signes du zodiaque, douze comme les douze tribus d’Israël, mais douze comme les douze travaux d’Héraclès, le premier héros européen de notre histoire, et douze comme les douze dieux de l’Olympe.
Ce drapeau, qu’on peut ainsi interpréter tant comme un étendard païen que comme fanion chrétien, ne représente pas seulement l’Union Européenne, pas seulement la construction européenne mise en place depuis l’après-guerre, mais l’Europe toute entière, même si tous les européens n’en ont pas encore conscience. Certains voudront à tout prix l’interpréter comme l’étendard de la technocratie bruxelloise. Il est vrai qu’on le retrouve sur tous les bâtiments institutionnels de l’actuelle UE. Mais ces mêmes technocrates s’en revendiquent-ils ? Ils ne chantent pas l’hymne européen et ils ne lèvent pas bien haut ce drapeau bleu étoilé.
Un drapeau a la valeur que le peuple lui confère, et ce drapeau européen, qui est désormais connu et reconnu par de plus en plus d’Européens, doit devenir ce qu’il est, à savoir un drapeau de résistance, un drapeau de combat, celui d’une Europe unie et qui ne veut pas périr. Face à la crise économique que nous subissons, face aux périls qui s’amoncèlent et qui menacent tout le continent, de l’Islande à la Russie, face à l’influence grandissante des Etats-Unis, du monde islamique ou de la Chine au cœur même de notre société, et pour son plus grand malheur, l’Europe doit se réveiller. Elle doit s’unir. Elle ne peut le faire que derrière des hommes, et des femmes, de bonne volonté, qui devront la doter d’institutions solides et légitimes. Mais une nation, une patrie, se doit d’être incarnée, d’être reconnue. Elle a besoin d’être identifiée.
L’Europe a son drapeau. Ce n’est pas le drapeau de ceux là même qui l’ont choisi pour représenter leur institution technocratique. C’est le drapeau de tous les Européens, car l’œuvre échappe à son créateur, et c’est aux véritables européistes que nous sommes, défenseurs de nos traditions, de notre culture ancestrale, de notre héritage commun, de s’en emparer. Ne laissons pas ce magnifique emblème dépérir dans les mains de ceux qui ne sont pas dignes de l’utiliser. Prenons le avec nous, levons le droit devant le soleil éternel, plantons le tout en haut de l’Acropole d’Athènes et de tous les hauts lieux de notre terre de lumière. Défilons derrière lui, tel un bouclier nous protégeant des coups de l’ennemi.
Le drapeau européen doit être face à la Chine de l’autre côté du fleuve Amour. Il doit aussi reposer aux bords de l’Evros, face à ces héritiers islamiques de l’empire ottoman qui nous narguent depuis près d’une décennie et exigent qu’on leur ouvre la porte. Il doit être aux côtés des Arméniens dans le Haut Karabagh et des Chypriotes grecs à Nicosie. Partout où est l’homme européen, partout doit être son drapeau.
Ceux qui refusent de brandir le drapeau de l’Europe, préférant par exemple la cocarde tricolore, se sont trompés d’époque. Ils ne servent pas les intérêts du peuple, ne comprennent pas que l’avenir des Européens est dans l’unité, facteur de paix et de prospérité, facteur aussi de préservation d’une identité plurimillénaire.
Le drapeau européen est couvert de la sueur des millions de travailleurs européens qui ont rebâti notre continent au sortir de deux guerres civiles meurtrières. Il est le fruit d’un patient travail de réconciliation engagé par les pères fondateurs de la construction européenne d’après 1945. Le nationalisme allemand dans son expression hitlérienne ayant ruiné l’économie du continent, et alors que le nationalisme russe assurait sa domination sur la moitié orientale du continent, sous les traits de l’URSS, l’idée d’une Europe unie, qui avait été promue par le premier socialiste, Saint-Simon, comme par le patriote italien Mazzini, redevenait une évidence. Napoléon n’avait entrevu l’Europe comme république unitaire qu’à Sainte-Hélène, alors même que son nationalisme français avait déçu les Italiens et les Allemands et lui avait mis à dos la fierté espagnole et l’honneur russe.
Les souverainistes prétendent que la construction européenne a mis fin aux souverainetés nationales, prétendument protectrices. En réalité, c’est bien l’absence d’Europe qui a permis aux américains de mettre nos pays sous tutelle. Et lorsque le maître a brièvement relâché la laisse, lorsque l’occasion historique aurait pu permettre dès les années 50 de disposer d’un Etat européen, avec la Communauté Politique Européenne (CPE) associée à la Communauté Européenne de Défense (CED), gaullistes et communistes, socialistes tièdes et poujadistes, ont voté non.
Il n’y a pas de souveraineté sans puissance, sinon elle n’est qu’une indépendance factice, une liberté de papier, un esclavage déguisé. Seule l’Europe unie dispose de la puissance nécessaire pour se faire respecter et craindre du monde entier. L’Europe de la CEE est encore trop limitée pour permettre à ce potentiel de s’exprimer pleinement. L’Union Européenne a besoin de s’élargir à l’Europe de l’Est, d’incorporer en son sein une Russie affaiblie, mais dont le peuple aspire à un grand destin aux côtés de leurs frères européens. Une telle Europe sera alors invincible.
Et le drapeau bleu étoilé, celui de notre nation en devenir, sera levé d’une manière souveraine. Il conservera les âmes de tous ceux qui ont combattu, de tous ceux qui sont morts, de tous ceux qui ont œuvré à son unité. Alors assumons ce que ce drapeau contient de potentialités. Soyons en fiers. Brandissons-le aux yeux du monde. Qu’il soit le signal que l’Europe ne veut pas disparaître, que bien au contraire elle est prête à renaître.
Ce drapeau, qui fait peur à ces technocrates de Bruxelles et de Strasbourg, qui pourtant devraient le défendre, n’est pas un simple morceau de tissu coloré. Il incarne à lui seul la résistance au mondialisme destructeur et au nationalisme centrifuge, qui ne sont que les deux faces d’un même mal.
Qui vive ? Europa !
23:22 Publié dans Analyses, Histoire, Institutions européennes, Mes coups de gueule, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : drapeau européen, europe, union européenne, européisme, combat, symbole, étendard, patriotisme européen, nation européenne |
Qui/que sont les dieux ?
Les fondements du « paganisme », c'est-à-dire d’une vision multiple du divin (« polythée »), reposent sur la croyance en l’existence d’êtres supérieurs, de forme humanoïde, qu’on appelle « dieux ». Mais que sont donc ces dieux et quel lien ont-ils avec les êtres humains ?
A la différence du monothéisme qui postule l’existence d’un dieu démiurge, hors du monde, manœuvrant les hommes comme de simples pions sur l’échiquier cosmique, les dieux « païens » s’inscrivent strictement à l’intérieur de ce cadre qu’est le cosmos. Que l’univers naisse d’un œuf cosmique, du sacrifice d’un homme primordial, cela n’a pas d’importance. Il est un fait que si démiurge il y a eu, il était antérieur à l’univers. C’est « Chaos » personnifié qu’on retrouve dans la mythologie grecque, c’est sans doute Janus, le dieu des commencements et des fins dans la mythologie romaine. Mais désormais, au sein du cosmos, son rôle est désormais nul, s’il n’est pas mort en le faisant naître. Cela ne signifie pas que les forces de destruction, et d’involution, cherchant à ramener le monde à avant son existence, n’existent pas. Sa personnification classique est celle d’un serpent ou d’un dragon que combat le dieu de l’orage.
Les dieux sont les piliers de l’univers, ce qu’il faut comprendre dans l’expression indo-européenne *ansus, pour désigner une divinité, les garants de l’ordre. Ils incarnent les forces à l’œuvre au sein du monde pour protéger celui-ci de la destruction.
Ces forces du cosmos, et de la nature, sont en relation avec les différents éléments, à savoir en premier lieu les astres (soleil, lune, terre, étoiles, planètes), les phénomènes atmosphériques (ciel de jour, nuit, aurore, crépuscule, orage, arc en ciel) et les éléments (vent, eau, feu), et enfin les animaux et les végétaux. Si l’évolution des mentalités, et le progrès technique, enrichissent ces dieux primordiaux de fonctions nouvelles, en relation avec les activités humaines (guerre, industrie, science, économie, agriculture) ou même les concepts (amour, intelligence théorique, intelligence pratique) et les innovations (musique, sculpture, écriture), il ne s’agit que de variations sur un même thème.
Ainsi, le dieu de l’orage, du tonnerre et de l’éclair, s’est-il vu enrichi de fonctions supplémentaires, comme le fait de patronner la guerre, de protéger les combattants, de donner la victoire à ceux qui le méritent, et jusqu’à assurer la paix aux frontières. De même, la déesse de l’aurore est-elle devenue déesse de l’intelligence pratique mais aussi de l’amour, du tissage, du mariage et de la famille. La déesse de la terre est devenue déesse de l’agriculture. Le dieu de l’eau est devenu le dieu des lacs et des rivières, puis le dieu de la mer et des océans, et enfin le dieu des marins. Le dieu des bêtes sauvages est devenu le guide des troupeaux, puis le dieu des chemins, le dieu des chemins de l’esprit (science) et même le dieu du commerce. Enfin le dieu du soleil, astre de vie, est devenu le dieu de la justice, car il voit tout, le dieu des arts et de la beauté, le dieu de la médecine car les anciens connaissaient les propriétés bénéfiques des rayons solaires, et le dieu garant des contrats et des serments.
Si le rôle des dieux s’est accru avec le temps, leurs pouvoirs n’ont en rien été diminués, bien au contraire. Ils président même les institutions politiques des tribus, des cités puis des états, et jusqu’aux confréries professionnelles. En Grèce classique, Arès est le dieu des soldats, Aphrodite la déesse des hétaïres, Hermès le dieu des marchands, et des voleurs, Déméter la déesse des paysans, Zeus le dieu des responsables politiques, Héphaistos le dieu des forgerons et des ouvriers, Athéna la déesse des tisseuses mais aussi celle des savants et des sages.
Il y a donc différents niveaux de lecture de ce que les (anciennes) divinités peuvent représenter. Si le cœur historique et fondamentale d’un dieu est son lien avec une force de la nature spécifique, comme Silvanus protège les forêts, comme Pomona protège les arbres fruitiers, comme Vesuna préside à la production de biens, avec un animal emblématique (le loup pour Mars à Rome, l’ours pour Artémis, l’aigle pour Zeus, le cerf pour Cernunnos, le corbeau pour Apollon, la chouette pour Athéna), il est aussi un acteur de la vie publique, un acteur de la vie économique, de la vie sociale, de la vie culturelle. Le temple exalte le génie des architectes, et des mathématiciens. La nécessité d’une statue cultuelle excite l’imagination et la talent des sculpteurs. La religion inspire aussi le poète.
Les œuvres de Phidias, d’Alcamène, de Scopas, de Praxitèle nous rappellent à quel point l’ancienne religion a suscité la création d’œuvres d’art inestimables. La poésie d’Homère, d’Hésiode, de Pindare, de Virgile, en sont d’autres exemples, comme l’est la philosophie d’Héraclite, de Platon ou d’Aristote. La Renaissance a remis au goût du jour ces arts majeurs, sublimés par la musique, de même que le romantisme, qui au souffle gréco-romain y ajoutera le souffle hyperboréen. Lorsque Ronsard pense à l’amour, la figure d’Aphrodite lui apparaît immédiatement. Lorsque David s’apprête à peindre, il a à l’esprit les mânes de Romulus et de ses hommes face aux Sabins, les Horaces se préparant au combat, Brutus l’ancien levant le glaive vengeur en hommage à Lucrèce outragée.
Les dieux « païens » encouragent les hommes à être meilleurs, à user de leur intelligence, à faire preuve de courage. L’homme a été forgé doué de raison, animé par le doute, qui fonde la science. Son rapport avec les dieux est celui que l’on peut avoir avec un ami puissant et bien disposé à son égard, mais qui peut se fâcher et cesser d’apporter son appui, ou même aider celui qui aura été davantage méritant. Le Dieu monothéiste exige en revanche la soumission absolue à son égard, le rejet de la raison si celle-ci s’oppose à sa volonté, le renoncement à tout ce qui fait un être humain, et même à sa liberté. Les Grecs anciens pouvaient honorer un Zeus qualifié de Eleutherios, « libérateur » mais jamais le Dieu chrétien n’a reçu une telle épithète. Là où le Dieu des païens souhaite que l’homme accomplisse son destin, le Dieu monothéiste veut l’entraver. Si l’homme s’avise de vouloir manger de la pomme de l’immortalité, de l’éternelle jeunesse et de la sagesse suprême, il est puni et mis plus bas que terre. Héraclès au contraire terrasse le gardien du jardin des Hespérides, consomme ses pommes, et accède ainsi, après sa mort dans la souffrance sur le bûcher du Mont Oeta, à l’éternité.
Ce que Nietzsche appelle le surhomme, décrit comme un fil tendu entre l’homme et le dieu, entre l’inhumain et le surhumain, et pour qui à l’époque moderne l’incarnation idéale était Napoléon Ier, les anciens l’appelaient herôs en grec, divus (« divin ») en latin. Le bon empereur était fait divus par le Sénat, mais en revanche le mauvais empereur était maudit, son nom même était effacé, il subissait la damnatio memoriae.
Le dieu païen pouvait ainsi être qualifié de philos, « ami », ou même de comes, « compagnon ». Le jeune Constantin avait ainsi Sol Invictus Comes à ses côtés, tout comme le shah iranien avait Mithra. Et dans certaines traditions, comme dans le zoroastrisme, les héros avaient un rôle bien plus décisif pour l’avenir de l’univers que les dieux eux-mêmes. De même, Wagner ne lie-t-il pas le crépuscule des dieux à la mort de Siegfried ?
Il n’y avait pas d’athées dans l’antiquité « païenne », même si Lucien de Samosate se moque des bigots, même si Evhémère présente les dieux comme des rois et des héros devenus « divins » par leurs actions. Les savants évoquaient les dieux comme un objet de recherche comme un autre. Ils étaient même des « objets philosophiques ». Les dieux d’un paysan du Latium étaient pourtant les mêmes que ceux d’un grand philosophe athénien. Celtes, Romains, Grecs, Germains et Slaves ne s’affrontaient pas au nom de dieux différents. Les Varègues suédois et les Slaves, qui formeront unis la Rus’ de Kiev, considéraient leurs dieux comme identiques sous d’autres noms, ainsi Thor et Perun, Odin et Volos, Balder et Dazbog. A Torsberg, « colline de Thor », au Danemark, on a même retrouvé un bouclier dédié au Mars romain, comme si les deux divinités n’en formaient qu’une.
L’antique religion fut ainsi au service de la science, de la liberté, de la prospérité économique, du courage des combattants, de l’honneur des hommes et des femmes. Elle ne constituait pas un frein au développement mais l’accompagnait avec bienveillance et l’encourageait même. Lorsque le christianisme, puis l’islam, se sont abattus sur le monde « païen », la science recula, le doute céda la place à la foi aveugle, la liberté sombra face à un esclavage d’une nature nouvelle, non plus l’asservissement du seul corps mais aussi celui de l’âme. Même si tout ne fut pas ténèbres, même si la lumière perçait grâce à la ténacité de penseurs, de savants, de chefs et d’aventuriers, même si en plein Occident chrétien et à Byzance des écoles philosophiques de haute tenue existaient, c’était une Europe bridée, une Europe ralentie dans sa marche vers le progrès par le fanatisme. La Renaissance fut le coup le plus dur, et le plus salutaire, porté à cette civilisation obscurcie. Elle n’était que le début d’une remise en cause complète d’une tutelle devenue à nouveau insupportable. C’est ainsi que certains penseurs en vinrent à se souvenir avec émotion de l’époque où on honorait des dieux multiples, de cette époque de liberté où science et religion s’accordaient au service de l’humanité.
Lorsque l’homme accomplit son rôle au sein de la nature qui l’a vu naître, lorsqu’il se place au service de la raison et de l’ordre en toutes choses, lorsqu’il cherche à comprendre le vivant et les lois de l’univers, lorsqu’il fait preuve de raison et de modestie, de mesure et d’amour de la vérité, son être résonne avec le monde. C’est le principe platonicien remis à l’honneur par Léonard de Vinci de l’homme microcosme, reflet à petite échelle de l’harmonie cosmique. C’est ainsi qu’il est au sens strict un écologiste, un défenseur de son environnement, et œuvre aux côtés des dieux à la préservation de ce monde qui est nôtre, de cette richesse et de cette diversité.
Le « paganisme » a su unir science et conscience, progrès technique et respect de la nature. Les religions modernes, même celles dont l’extrémisme a été durablement émoussé par la liberté scientifique, n’ont pas ces vertus. L’athéisme moderne est hémiplégique, il n’a fait que la moitié du trajet. Se détourner du Dieu qui opprime amène à se tourner vers ce Dieu qui libère et non à nier le caractère sacré de la nature. L’Europe retrouvera la maîtrise de son destin lorsqu’elle ira au bout de cette révolution mentale qui lui est si nécessaire, car « l’homme de l’avenir sera celui qui a la mémoire la plus longue » (Nietzsche).
Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)
20:25 Publié dans Analyses, Histoire, Religion | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : paganisme, christianisme, islam, polythéisme, liberté, science, zeus, cosmos |
19/11/2012
Algérie française vs Europe européenne
19:19 Publié dans Analyses | Lien permanent | Commentaires (0) |
11/11/2012
« Skyfall » ou le retour au mythe « Bond »
His name is Bond, James Bond.
Dans la continuité de « Casino Royal », et en oubliant la malheureuse expérience de « Quantum of solace », qui n’était vraiment pas au niveau de l’opus précédent, Skyfall est le troisième film avec Daniel Craig dans le rôle de 007, même s’il s’agit officiellement du 23ème film. Et force est de reconnaître que ce long-métrage est très certainement le meilleur de la série, et ce même si Craig n’a pas le charisme exceptionnel de Connery. Il a la chance d’avoir à ses côtés d’excellents réalisateurs et de non moins excellents scénaristes. La différence d’avec les films au scénario squelettique mettant en scène Pierce Brosnan est ainsi saisissante.
Evoquons rapidement les points contestables de ce film. Le choix d’une Moneypenny issue de la diversité n’est pas des plus heureux, alors que Skyfall retourne au mythe Bond, celui de Ian Fleming. Mais il fallait bien céder à l’air du temps et respecter le quota. Les allusions à une éventuelle expérience homosexuelle de Bond n’étaient pas forcément nécessaires mais s’intègrent à la même logique. Enfin, à l’exception d’une actrice grecque, le casting des James Bond girls évite les actrices européennes, privilégiant le charme épicé d’une franco-asiatique sculpturale. Nous sommes en 2012 et l’idéologie dominante, mondialiste, écrase tout sur son passage, même si le Batman de Nolan a su résister remarquablement à cette pression.
L’inspiration tirée d’autres films paraît évidente à voir Skyfall. Les allusions à Batman sont nombreuses, à savoir un manoir avec des passages secrets, un James Bond jeune tourmenté par la mort de ses parents, un vieil homme qui conserve l’héritage familial, et le caractère célibataire propre au personnage. En revanche, les gadgets sont quasiment absents, à part l’apparition de l’Aston Martin originel, avec son équipement d’époque (siège éjectable et mitrailleuse à l’avant). Le choix du réalisme a été privilégié même si on conçoit mal comment Bond a pu survivre à deux balles tirées dans la poitrine ou à sortir indemne d’une chute dans l’eau glacée. Enfin, le début du film se passant à Istambul rappelle Taken 2 et Liam Neeson en agent américain déjouant la vengeance d’un gang albanais.
Le film repose tout comme The Dark Knight Rises sur la chute du héros. Trahi par son directeur, qui préfère prendre le risque de le faire abattre plutôt que de lui faire confiance jusqu’au bout, alcoolique, incapable de vaincre ses démons intérieurs, cynique et provocateur, Bond est en fin de cycle. Mais, à la différence de Batman, qui raccroche la cape pour préférer les charmes de Selina Kyle, Bond va renaître. Il fallait bien pouvoir proposer un Bond 24 dans deux ans aux spectateurs. Jugé inapte au service, ce que M lui cache, Bond doit revenir au meilleur niveau. Face à un ancien agent devenu un ennemi viscéral du MI6, et connaissant toutes les ficelles du métier, Bond doit parvenir à se sublimer jusqu’à incarner le 007 héroïque de Fleming. Finie la démarche aristocratique de Sean Connery. Fini l’humour britannique de Roger Moore. Craig est dans l’action pure et dure.
Ce retour aux sources est remarquablement illustré par une fin purement écossaise où Bond retrouve sa terre natale et le cimetière familial. Attendant l’ennemi, réfugié dans le manoir de ses ancêtres, afin de protéger M traquée, Bond revoit sa plus longue mémoire avant de faire à nouveau marche avant. Dans un tonnerre de feu, son manoir est finalement brûlé mais tel le phénix, Bond sort indemne des flammes. Il n’empêchera néanmoins pas le M incarné par Judi Dench de céder la place au nouveau M que représente Ralph Fiennes, parfait dans le rôle.
Les dernières minutes du film nous ramènent cinquante ans en arrière, dans l’une des toutes premières scènes de 007 dans « Docteur No ». L’hommage implicite rendu au maître Fleming et au Bond idéal, Connery en personne, est évident. Est-ce à dire que James Bond aura le droit à encore cinquante années nouvelles, et qu’on le découvrira en 2062 sur ce qui aura remplacé nos écrans ? Entre temps, il sera devenu noir, homosexuel et peut-être même musulman.
La chute, la déchéance puis la renaissance de James Bond ne personnifient-ils pas le déclin de l’occident ? C’est bien par un retour aux ancêtres, à la tradition, à la terre natale, que Bond renaît. Cela converge avec la phrase de Nietzsche selon laquelle « l’homme de l’avenir sera celui qui aura la plus longue mémoire ». Et sa renaissance se fait de manière flamboyante au sens littéral. L’éternel retour du même a lieu devant les yeux du spectateur. Bond change mais ne change pas. Le personnage atteint son acmé, ce qui laisse présager d’une suite bien moins reluisante, sauf si Christopher Nolan prend les manettes. Son influence est évidente dans « Skyfall » même s’il n’a été associé ni de près ni de loin au projet.
Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)
17:10 Publié dans Analyses, Cinéma, Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : james bond, skyfall, m, sean connery, ian fleming |
L’histoire et la mémoire : 732 et 1962
Depuis l’époque où les historiens romains défendaient le point de vue du sénat impérial contre les princes, l’histoire a représenté un enjeu politique important. A la damnatio memoriae antique consistant à passer sous silence les pages sombres, en effaçant le nom des tyrans des lieux de mémoire, nous sommes passés depuis les années 70 à l’hypermnésie, à une exploitation outrancière de la mémoire collective à sens unique, afin que l’Europe fasse pénitence pour toutes les tragédies du passé. Et ceux qui veulent s’opposer à cette mémoire de repentance, propose une relecture de l’histoire qui n’est pas moins mensongère. Or la vérité historique est libératrice et salvatrice, car elle permet de contextualiser les évènements, de les démythifier, de leur rendre leur coloration d’origine.
Récemment, des militants identitaires ont occupé une mosquée en construction à Poitiers, en hommage à Charles Martel qui y aurait repoussé les musulmans en 732, ce qui a amené la journaliste Elisabeth Levy dans un débat l’opposant Clémentine Autain à y dénoncer une pure légende. De la même manière, le président « socialiste » François Hollande a ajouté une nouvelle journée nationale de commémoration le 19 mars, en relation avec la signature d’un cessez le feu en Algérie le 19 mars 1962, date considérée par beaucoup d’anciens combattants et de pieds noirs comme celle d’une défaite. Le nouveau président a de fait une propension particulière à ne vouloir voir que les pages sombres de l’histoire de son pays, selon une lecture bien partisane des évènements.
Cet article a pour but de redonner le sens authentique aux évènements historiques et aux enjeux évoqués par ces deux dates.
732, une opération de pillage qui tourne mal
La tradition veut que Charles Martel ait arrêté une invasion maure à Poitiers en 732 et le représente comme le défenseur de la chrétienté, et accessoirement de l’Europe. Or, Charles Martel n’était absolument pas un croisé en lutte face à un conquérant déterminé. Lui-même n’était guère chrétien. Son surnom latin de martellus, « le marteau », ne paraît pas faire allusion à une arme que Charles aurait spécialement affectionnée, mais plutôt au dieu germanique au marteau qu’est Donar, correspondant au dieu scandinave Thor. Car en 732, malgré la conversion de Clovis deux siècles auparavant, le paganisme a survécu, et la preuve en est que sous Pépin puis sous Charlemagne et même sous Louis le pieux, des capitulaires rappelleront l’interdiction de pratiquer le paganisme sous peine des pires sanctions.
Comme beaucoup de francs, et aussi comme beaucoup de gallo-romains, comme ses soldats, Charles est superficiellement chrétien mais le paganisme est toujours présent. Ses symboles et ses valeurs dominent. Il est probable que nombreux compagnons de combat de ce maire du palais n’étaient même pas chrétiens. Charles n’est pas un païen, car sinon les plus hautes responsabilités de l’Etat lui auraient été interdites. Mais ce n’est pas pour autant un authentique chrétien. Il méprise les prêtres et s’insurge contre les biens des Eglises. Et, au pouvoir, il nationalisera les dits biens, que son fils leur restituera après la mort du héros.
L’incursion musulmane à laquelle il mettra fin n’est pas de son côté une opération militaire, pas même l’avant-garde d’une invasion en cours. C’est une razzia, une opération ciblée de pillage. En direction de Tours, cette troupe a déjà dépassé Poitiers lorsqu’elle tombe sur l’armée de Charles. Par le biais d’un bon service de renseignement, Charles a eu vent de l’affaire et intervient. On ignore s’il y a véritablement eu une bataille ou si les maures sont repartis immédiatement en Espagne.
Charles n’a pas protégé le christianisme, qu’il méprisait, et n’a pas eu à protéger l’Europe car ce n’était pas une invasion qu’il a eu à affronter. Mais il a mis un coup d’arrêt à une intrusion islamique qui, si elle avait réussi, aurait pu amener les arabo-musulmans à organiser et cette fois pour de bon une opération militaire d’envergure. Voyant qu’en face il y avait du répondant, l’idée n’émergea pas. La division des princes goths d’Espagne avait permis aux compagnons de Tariq de poser le pied sur le sol européen et de s’emparer de l’Hispanie entière, à part quelques îlots de résistance d’où viendra la Reconquista. Mais face à eux, c’était un homme noble, sens du prénom « Karl » en germanique, incarnation du dieu barbu et roux qui affronte les géants de givre.
Charles a sauvé l’Europe d’une future invasion même s’il n’a pas vaincu une armée. Il a envoyé un signal fort, un message, qui a été compris par ses ennemis. Et ensuite, il est probable qu’il a magnifié sa geste pour en tirer un profit politique important. Si les Carolingiens ont pu remplacer les Mérovingiens, ils le doivent à Charles.
1962, une colonisation qui prend fin
François Hollande a fait du 19 mars (1962), date du cessez le feu entre la France coloniale et l’Algérie naissante, une journée nationale du souvenir, exaspérant les anciens combattants, les pieds noirs, l’UMP et le FN. Cette date représente concrètement la défaite de la France, et s’il est normal que le peuple algérien puisse fêter à juste titre cette date clé de son histoire, ce n’est pas normal en revanche que le peuple français doive spécialement s’en souvenir.
Sur cette question qui suscite anormalement de passions, cinquante ans après, et alors que l’écrasante majorité des français ne s’y intéresse pas, il convient de rappeler certains principes politiques généraux.
En premier lieu, la colonisation de l’Algérie a commencé par une opération de lutte contre le brigandage en Méditerranée. En 1829, l’armée du roi Charles X a débarqué à Alger pour écraser la base arrière de ces criminels et notoirement trafiquants d’esclaves. Cette action n’avait pas comme but de s’emparer d’un territoire, ni d’y implanter des colons. C’est sous Napoléon III puis sous la IIIème république que progressivement le bey d’Alger, ancienne colonie turque, a été conquis. La fin du XIXème siècle, époque d’élan colonial de l’Europe occidentale, transformera ces implantations précoces en bases d’un empire colonial en gestation.
Disons le tout net. La présence française n’était pas légitime en Algérie et l’idée même « d’Algérie française », contre laquelle s’opposèrent les socialistes (Clémenceau) et les patriotes (Déroulède) était une folie. Cette folie aurait été toutefois moins funeste si la France avait colonisé à la façon britannique au lieu de vouloir faire croire à ces populations qu’elles étaient destinées à devenir françaises, contre tout bon sens.
Et il était logique qu’après l’effondrement du pays en 1940 face à l’armée allemande, et au déclin des puissances coloniales après 1945, au profit des Etats-Unis et de l’Union Soviétique, puissances farouchement anti-colonialistes, de nombreux algériens aient voulu se doter d’un véritable état souverain et indépendant. Même si l’Algérie comme état est née de cette guerre de fondation, les algériens étaient légitimes dans leur volonté de chasser la puissance occupante. Même si on peut en dénoncer les moyens employés, le combat pour l’indépendance de l’Algérie qu’a mené le FLN était légitime.
Par ailleurs, le bilan économique de la colonisation de l’Algérie était très négatif pour la France. Clémenceau avait bien eu raison face à Ferry en dénonçant de l’argent dilapidé dans l’aventure coloniale au lieu de le consacrer à améliorer le sort des français et à se préparer militairement face à un risque de nouvelle guerre. De Gaulle en avait parfaitement conscience. Homme de l’est du pays, sans attaches en Afrique du Nord, l’empire colonial lui a toujours apparu comme un boulet. S’il a manœuvré habilement en se servant de cette crise pour accéder au pouvoir, au prix d’un mensonge éhonté, « l’Algérie est et restera française », il a eu fondamentalement raison. L’Algérie ce n’était pas la France. Et lorsqu’un Le Pen, qui en 1958 considérait la jeunesse algérienne comme une force pour la France, déclara que parce que « nous n’avons pas eu l’Algérie française, nous avons eu la France algérienne », il s’est lamentablement trompé.
Une fois de plus, De Gaulle a eu raison et l’extrême-droite a eu tort. L’ « Algérie française » était une erreur monumentale qu’il n’aurait pas fallu commencer et à laquelle il fallait mettre fin au plus tôt. 1962 c’est huit ans de trop.
Mais, une fois que cela a été dit, il n’y a pas lieu de revenir en permanence sur le sujet. Et si François Hollande le fait, c’est pour récompenser un électorat d’origine algérienne qui a voté à plus de 95% en sa faveur et aussi en préparation de son voyage en Algérie. Il s’agissait ni plus ni moins que de flatter l’orgueil algérien, au détriment de la fierté nationale, dans l’optique d’être bien accueilli. Mais personne ne lui a demandé d’aller en Algérie, que je sache.
L’Algérie est indépendante et il était normal qu’elle le soit. Aucune nostalgie à l’égard d’une prétendue « Algérie française » n’a de sens. Notre dette s’arrête avec les accords d’Evian. Nous aurions dû par ailleurs finaliser cette décolonisation au lieu de vouloir maintenir des liens avec nos anciennes colonies. Couper les ponts aurait été sage. Or, l’Algérie n’est pas vraiment libérée de la France, et surtout la France n’est pas assez libérée de l’Algérie.
C’est bien pourquoi, au lieu de faire des journées nationales du souvenir, il est temps de finir la décolonisation et de mettre fin à la Françafrique. Et s’il faut absolument des journées du souvenir, alors faisons du 11 novembre, fête de tous les combattants européens, et du 9 mai de chaque année un jour mémorable, celui de l’Europe unie et réconciliée.
Car notre avenir est européen, et non méditerranéen. Car notre avenir est à Berlin et à Moscou, et pas à Alger et à Oran. La France est un pays européen, les Français un peuple européen. Et c’est de cela qu’il convient de se souvenir et de rien d’autre.
Vive l’Algérie algérienne et surtout vive l’Europe européenne !
Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)
12:33 Publié dans Analyses, Anti-mythes, Histoire, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : algérie, fln, charles martel, 19 mars, souvenir, françois hollande, jean-marie le pen, décolonisation, indépendance |
04/11/2012
Pour une géopolitique (vraiment) européenne !
Or, le choix d’une géopolitique nationale n’est pas sans impact quant à l’avenir du continent européen puisqu’il implique des stratégies diplomatiques particulièrement centrifuges, tel pays jouant de ses liens avec tel ou tel ensemble linguistique, tel pays jouant de son positionnement géographique, tel pays conservant des liens avec un ancien empire colonial, tel pays enfin cherchant à maintenir une diplomatie dite « traditionnelle ». Cela amène à des alliances contre-nature dites de « revers », et surtout ces divisions favorisent des puissances extra-européennes qui raisonnent à l’échelle continentale, comme les Etats-Unis par exemple, la Chine ou le monde islamique.
La géopolitique « nationale » est devenue le pire ennemi du peuple européen, puisqu’au nom d’une diplomatie qu’on ne peut pas qualifier de « démocratique », les choix en la matière étant strictement ceux de nos dirigeants, cela amène à « vendre le pays » aux intérêts de telle ou telle puissance amie. Il suffit de songer au renforcement croissant des positions économiques du Qatar en France depuis plusieurs années.
Une géopolitique « nationale » qui trahit les intérêts du peuple.
La géopolitique française est essentiellement afrotrope, arabotrope et islamotrope. Cela tient aux liens conservés avec les anciennes colonies françaises, dont la langue française est bien souvent restée langue officielle, permettant de regrouper tous ces états au sein de la francophonie, et avec notamment les pays du Maghreb, dont l’islam est une composante « identitaire » essentielle. La décolonisation accomplie, on aurait pu penser que la stratégie de De Gaulle d’une réconciliation franco-allemande comme axe de base d’une unification politique du continent européen serait restée seule en piste. Or, même si le thème européen est demeuré fort, les dirigeants français ont maintenu les liens avec les anciennes colonies, encourageant même un fort flux migratoire venant de ces pays, au prix de déstabiliser profondément la société française. Présente encore sur les autres continents, par le biais de colonies redéfinies comme départements et territoires d’outre mer, la France conserve une vocation mondiale, voulant « jouer » dans la cour des grands.
Le danger d’une telle géopolitique, et on l’a vu avec les déclarations néfastes de François Hollande à Dakar il y a quelques semaines, c’est qu’elle amène les gouvernements français à pratiquer l’ingérence dans les affaires africaines, hier en Côte d’Ivoire et aujourd’hui au Mali, et surtout à faire preuve d’un laxisme coupable en matière migratoire. Tout cela éloigne la France de l’Europe alors que la crise de l’€uro devrait au contraire l’en rapprocher, et cela met la France en porte à faux vis-à-vis d’une Allemagne qui, à raison, se désintéresse des affaires africaines.
Enfin, l’islamotropie du gouvernement français amène à la mise en avant d’un discours antisioniste dominant, malgré des déclarations pro-israéliennes hypocrites, comme celles de François Hollande à l’égard de Benyamin Netanyahu, l’Etat cédant toujours davantage à des revendications communautaires islamiques et passant sous silence l’antisémitisme nouveau qui émerge des banlieues concernées. Une géopolitique européenne digne de ce nom aurait au contraire à cœur d’assurer la pérennité de l’Etat hébreu.
De même, le Royaume-Uni est prisonnier de sa diplomatie, qui est doublement coloniale, puisqu’elle entretient à la fois une relation de soumission à l’ancienne colonie de peuplement britannique que sont les Etats-Unis, et une relation de dépendance réciproque avec ses colonies africaines et asiatiques par le biais du Commonwealth. On notera ainsi que Londres a privilégié le soutien aux populations africaines de son ancien empire colonial, au détriment des européens installés en Afrique du Sud et au Zimbabwe. Comme dans le cas français, cette diplomatie a amené le Royaume-Uni à accepter sur son sol plusieurs millions d’antillais, de pakistanais, d’égyptiens, d’indiens ou d’africains, déstabilisant dès les années 60 la société britannique. Des déclarations tonitruantes du conservateur Enoch Powell à l’émergence du « National Front », et jusqu’aux attentats islamistes de Londres, tout cela illustre le fait que cette diplomatie souveraine ne s’est pas faite au service des intérêts du peuple britannique, bien au contraire.
L’Espagne joue la carte de l’Amérique centrale et méridionale, par ces liens que sont la langue espagnole et l’ancienne sujétion coloniale, et enfin la carte géographique en entretenant une relation ambigüe avec le Maroc. Elle subit en retour ces dernières années une forte immigration en provenance de ces deux ensembles. Il ne s’agit pas de sud-américains d’origine espagnole souhaitant retourner au pays des pères, puisque généralement ceux-ci constituent l’élite politique et économique de leur pays de substitution, mais au contraire des anciennes populations soumises issues des civilisations précolombiennes. Et de même, alors que l’histoire de l’Espagne est celle d’une reconquista de huit siècles, suivie de l’expulsion des « Maures » en 1609, la question musulmane est revenue par le biais de l’immigration, au point où certaines organisations radicales se revendiquent d’Al-Andalus, mythe d’un âge d’or islamique, d’une « Espagne » tolérante, vue de l’esprit de doctrinaires mondialistes du XXIème siècle.
L’Allemagne a conservé sa diplomatie traditionnelle, celle déjà en vigueur sous Guillaume II. Elle a cultivé ses liens avec la Mitteleuropa, selon la théorie de Franz Neumann voulant que l’Allemagne ait vocation à unir autour d’elle l’Europe centrale et orientale. Elle a cultivé sous Schröder son amitié avec la Russie voisine, comme du temps de Bismarck. L’amitié française a malgré tout pu subsister, malgré les méfiances d’un Mitterrand face à la réunification allemande. Mais elle a aussi maintenu son turcotropisme, ce qui a amené dès les années 60 plusieurs millions de Turcs et de Kurdes musulmans à s’installer en Allemagne même, avec les conséquences identiques à celles que j’ai évoquées pour la France et le Royaume-Uni. Néanmoins, il faut reconnaître que la géopolitique allemande est pour le moment la plus européenne, parce que sa géopolitique traditionnelle a été considérablement fragilisée par l’usage qui en a été fait sous le régime national-socialiste.
La Russie quant à elle a toujours oscillé entre occidentalisme et slavophilie, entre l’Europe et l’Asie. La géopolitique « nationale » est eurasiatique, à l’instar des théories de Douguine, c'est-à-dire qu’elle présente la Russie comme un espace intermédiaire entre les deux continents et non comme un pays strictement européen. En réalité, l’occidentalisation comme l’affirmation du caractère slave de la Russie sont toutes deux pleinement compatibles avec l’européisme. Le fait que la Russie se soit rattachée la Sibérie à partir de 1589 ne change rien à sa nature européenne. Mais la géopolitique « nationale » nie ce fait, et amène un Poutine à s’allier à la Chine ou à l’Iran, mais aussi à tourner le dos à l’Union Européenne.
Le cas ukrainien l’illustre remarquablement, puisque le pays est tiraillé entre le Parti des Régions, russotrope, et le mouvement « Patrie » de Timochenko, américanotrope. On notera que le parti nationaliste « Svoboda » est à la fois hostile à l’Union Européenne et à la Russie, mais souhaite l’intégration de l’Ukraine à l’OTAN. La Russie, par crainte de l’Occident, au lieu de dissocier le reste de l’Europe des Etats-Unis, soutient des régimes rétrogrades comme celui de Loukachenko au Belarus, comme du semi-autocrate ukrainien Yanoukovitch. L’Ukraine, pays européen par excellence, pourrait au contraire servir de pont entre l’UE et la Russie, et ne remplit pas sa vocation naturelle. Elle est victime de deux géopolitiques contradictoires.
Ces exemples se retrouvent chez les autres pays européens, même si le poids de ces derniers rend leur géopolitique moins nocive. La Hongrie, sous l’influence des nationalistes du Jobbik, pratique ainsi une diplomatique nostalgique et parfois même fondée sur une histoire fantaisiste. Le lien forcé entre la Hongrie et les Huns amène Budapest à soutenir l’adhésion de la Turquie à l’UE, au nom d’une parenté imaginaire. En outre, elle reprend la vocation impériale d’une Hongrie amputée de son empire, du temps de la double monarchie austro-hongroise, et attise les revendications identitaires des Hongrois de Slovaquie et de Roumanie.
La Belgique maintient ses liens avec l’ancien Congo belge, les Pays-Bas avec le Surinam et l’Indonésie, le Portugal avec le Brésil, la Chine (via Macao), l’Angola et le Mozambique, l’Italie joue à nouveau la carte africaine comme sous Mussolini, et cela amène là encore à une immigration indésirable aux yeux de beaucoup de citoyens.
En conséquence, la géopolitique en Europe a deux résultats :
1. l’encouragement à une immigration extra-européenne non désirée par les Européens, que ce soit l’immigration centre-asiatique en Russie, l’immigration afro-musulmane en France, l’immigration sud-américaine en Espagne, l’immigration indo-pakistanaise au Royaume-Uni. Cela crée un flux que subissent les autres pays européens, même ceux qui n’ont jamais eu de colonies, comme la Grèce, l’Irlande ou le Danemark.
2. l’influence politique oppressante des Etats-Unis sur l’Europe occidentale et centrale, un regain nationaliste en Russie comme réponse politique à cette influence, et en conséquence la division de l’Europe, incapable d’opposer un front commun, politique comme économique, à ses ennemis. La géopolitique « nationale » éloignant la Russie du reste de l’Europe, mais aussi le reste de l’Europe de la Russie, à cause des USA, nuit à l’Europe. C’est logique car par sa nature « nationale », elle sert les stratégies souverainistes et est donc un facteur d’europhobie.
Vers une géopolitique européenne ?
De tous les partis politiques en France et en Europe, seul le PSUNE est déterminé à rompre avec ces géopolitiques « nationales » suicidaires, avec ces diplomaties obsolètes et contraires aux intérêts populaires. Il s’agit ni plus ni moins que d’élaborer une diplomatie européenne fondée sur une géopolitique européenne.
Cela implique un certain nombre de grands principes qu’il conviendrait de mettre en place rapidement, à savoir :
- le refus explicite de toute tutelle américaine, la relation bilatérale entre l’Europe et les USA devant être fondée sur un principe d’égalité, d’amitié et de totale indépendance. Il s’agit de mettre en œuvre une forme de politique Monroe à l’européenne. Si l’objectif n’est pas une rupture totale avec les USA, il s’agit de se faire respecter par ces derniers, ce qui peut passer par une phase de dureté. La première mesure essentielle c’est de dénoncer le traité de l’Atlantique Nord et d’exiger le départ des bases américaines hors d’Europe.
- une décolonisation assumée et menée à son terme. Cela implique un détachement total de l’Europe des questions africaines, la fin de la Françafrique et du Commonwealth, l’indépendance des dernières colonies (« DOM-TOM » et équivalents).
- une ouverture très forte de l’Union Européenne en faveur de la Russie, avec à terme la reconnaissance de la vocation de cette dernière à rejoindre l’UE. Dans le même temps, la diplomatie européenne doit changer de ton vis-à-vis de la Turquie d’Erdogan, mettre fin au processus d’élargissement qui l’associe, et exiger le départ des troupes turques hors de Chypre. En ce sens, l’UE doit oser prôner l’adhésion de l’Ukraine, de la Moldavie et de la Géorgie, mais aussi du Belarus et de l’Arménie, et bien sûr, je l’ai dit, celle de la Russie.
- une politique remigrationniste afin de s’opposer au retour de la question coloniale, cette fois introduite au cœur même des anciennes métropoles. La « question (néo-)coloniale » est ce qui empêche la France et le Royaume-Uni notamment de jouer clairement la carte de l’Europe unie.
Enfin, en matière diplomatique et stratégique, l’euro-centrisme doit être la doctrine de base de toute politique européenne en la matière, et correspond à ce que fut l’isolationnisme en Amérique. Néanmoins, même si le refus de toute ingérence est affirmé, l’Europe aura besoin de fait d’alliés de revers face à certaines puissances qui peuvent menacer ses intérêts vitaux. Si elle parvient à établir une relation équilibrée avec les USA, tout en défendant âprement ses intérêts, elle doit vis-à-vis du monde islamique et de la Chine mettre en œuvre une diplomatie ambitieuse, et conforme à ses traditions les plus ancestrales. Quatre alliés se dégagent en Asie, à savoir l’Inde et l’Iran, et accessoirement l’Afghanistan et le Tadjikistan. Il s’agit pour l’Europe de maîtriser les ambitions turques, la Turquie étant alors coincée entre la Grande Europe et l’Iran, et de se protéger aussi du Pakistan, coincé entre l’Iran et l’Inde, mais facteur de déstabilisation de l’Asie Centrale et au-delà de la Russie.
Enfin, la frontière de l’Amour entre la Russie et la Chine va devenir la frontière entre l’Europe (élargie) et l’Asie. La géopolitique russe de Nicolas II doit devenir la géopolitique européenne de demain. On sait que la Chine cherche à développer ses relations avec l’Afghanistan, de même que l’Inde et la Russie. Il faut soutenir les secondes contre la première.
Le principal problème de cette alliance c’est que l’Iran et l’Afghanistan sont pour le moment soumis à des régimes islamistes, europhobes par nature. Il est bien évident que, pour des raisons totalement différentes de celles des Etats-Unis, l’Europe a intérêt à la chute de ces régimes et à la remise en avant des shahrs, c'est-à-dire des empires, traditionnels. Mohammed Reza Pahlavi et Zaher Shah étaient des europhiles patentés. Ils se souvenaient l’un comme l’autre des traditions ancestrales communes, indo-européennes, de cette parenté civilisationnelle pré-islamique si importante par ailleurs. Leur diplomatie aurait convergé naturellement avec celle d’une Europe européenne unie. C’est en ce sens qu’il faut encourager les populations iranophones notamment à reprendre leur destin en main et à revaloriser leur héritage ancestral au détriment d’un islam qui reste la religion d’un conquérant exogène.
21:10 Publié dans Analyses, Institutions européennes, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : géopolitique européenne, europe unie, psune, thomas ferrier |
Du dieu de l’orage.
La civilisation crétoise, avant que les Achéens ne s’implantent dans l’île honorait un dieu du ciel associé à la figure du taureau. Ce dieu, dont le nom est probablement perdu, même s’il est possible que le nom du roi mythique Minos ait été son théonyme, était à la fois le dieu du ciel souverain et le dieu de l’orage. En revanche, les Grecs originels comme tous les peuples indo-européens, avaient séparé le ciel en deux divinités bien différentes, un dieu du ciel souverain d’une part, roi et père des dieux et des hommes, et un dieu de l’orage et de la guerre, le second étant fils du premier, Arès fils de Zeus.
Un dieu indo-européen.
Le nom du dieu indo-européen de l’orage et de la guerre, les deux fonctions étant associées par la synthèse symbolique entre la fureur de la tempête et la mêlée guerrière, est plus difficile à reconstituer que celui du dieu indo-européen du ciel diurne, *dyeus *pater (latin Dius Pater, grec Zeus Patêr), car il bénéficiait dès l’origine de plusieurs épiclèses le caractérisant. A la différence de son père *dyeus, c’était un dieu bien moins distant, davantage présent aux côtés des hommes, participant aux batailles et protégeant le royaume des mortels contre les forces de destruction, géants et dragons.
Ainsi était-il évoqué comme le héros par excellence, le *ner (qui a donné le dieu Indra en Inde), ou encore comme le brave, le noble, *aryos (qui a donné le dieu Arês en Grèce), mais sa fonction orageuse primait avant tout. Il était le dieu « tonnant », *tenros ou *tonaros, comme chez les Celtes (Taran), les Germains (Thor) et les Hittites (Tahruntas), mais aussi le « frappeur », sous le nom de *perkwunos, à la fois dieu du chêne (*perkwus) et dieu de la foudre qui l’abat (racine *perk-), et c’est sous cette forme que les Baltes (lituanien Perkunas, letton Perkons) et les Slaves (russe Perun) choisirent de l’appeler.
Pendant longtemps, les spécialistes des mythologies indo-européennes considéraient que *perkwunos était le nom de ce dieu de l’orage ou n’était qu’un aspect du dieu du ciel. Son nom originel semblait perdu pour toujours, et ce même si de bonne heure Georges Dumézil avait eu une intuition prometteuse en associant le dieu romain Mars avec les divinités de l’orage et de la tempête de l’Inde védique, les Maruts, avant d’invalider son hypothèse quelques années après.
La forme originelle du nom du dieu Mars romain, dont les fonctions orageuses avaient été considérablement diminuées par l’influence grecque, chez qui Zeus s’était complètement substitué à Arès dans ce rôle, était Mavors. On pouvait en déduire l’existence d’un dieu plus ancien du nom de *Maworts (génitif *Mawrtos), qui semble bien correspondre à ces Maruts de l’Inde ancienne. A ces deux exemples, il faudrait sans doute rajouter un exemple letton avec le dieu mineur Martins, frère d’Usins, en qui on reconnaît le nom de l’aurore, Martins ayant un rôle de défenseur du pays. Cela rappelle l’image d’un dieu Mars patronnant les champs de bataille aussi bien que protégeant les champs du paysan du Latium.
Tout porte à croire que *Maworts était le nom du dieu indo-européen de l’orage, et par extension de la guerre.
Le dieu de la virilité.
Cette figure divine se voit associée de nombreuses figures animales, à la différence des autres divinités, et chaque animal représente une fonction bien précise du dieu orageux et guerrier.
Il y a en premier lieu tous les animaux liés symboliquement à l’orage, ceux qui portent le foudre céleste. On retrouve ainsi le taureau, dont le son produit par ses sabots sur le sol résonne comme le tonnerre, mais aussi le pivert, dont on prête la capacité à abattre des arbres, tout comme la foudre, ou encore l’aigle, animal porteur de foudres bien connu, et associé dans notre imaginaire moderne, comme chez les Romains de la république et de l’empire, à Jupiter mais non à Mars.
En second lieu, il s’agit des animaux liés à la virilité et au pouvoir fécondant de l’homme. En ce sens, tous les animaux liés à la sexualité masculine relèvent du dieu orageux. C’est bien sûr le cas de l’ours, à qui au moyen-âge on prêtait des aventures avec des femmes, mais aussi des mâles des animaux d’élevage, le bélier, le taureau là encore, le bouc, comme ceux tirant le char de Thor en Scandinavie.
Enfin, tous les animaux liés spécifiquement au combat et au champ de bataille lui sont naturellement associés. C’est bien sûr le cas du cheval, animal d’une grande noblesse associé aux aristocraties guerrières, ainsi à Rome le noble était un equites, un « chevalier », et pas un homme du rang. C’est aussi le cas du corbeau et du vautour, fossoyeurs des morts à la guerre laissés sans sépulture. D’une manière générale, tous les animaux belliqueux, mais qui sont aussi bien souvent liés à la virilité préalablement évoquée, relèvent de ce dieu. C’est surtout le cas du loup, animal martial par excellence, dont les vertus de la meute inspiraient les troupes guerrières indo-européennes dans les temps les plus archaïques. Le char de Mars était ainsi, à l’origine, tiré par deux loups gigantesques.
Le tueur de dragons.
Un des actes les plus héroïques accompli par le dieu de l’orage est son combat et sa victoire contre le serpent du monde, dragon monstrueux entourant la terre de ses anneaux, et créature primitive du chaos. Dans le cas grec, Arès est privé de cette victoire décisive au profit d’autres dieux ophioctones comme Apollon, vainqueur du dragon Python, Zeus qui triomphe du démon ophidien Typhon, ou Héraclès.
C’est bien sûr au dieu Thor dans toute sa splendeur que l’on pense, avec son marteau écrasant le crâne de Jormungandr, même si son combat final est un match nul, l’un et l’autre s’entretuant. J’ai par ailleurs analysé cette fin étrange comme la marque du poète chrétien pour donner d’un dieu ancestral fort respectable une mort héroïque, sans que son culte doive perdurer. Mais c’est aussi le combat céleste entre le dieu Indra et le serpent Vritra, comme celui entre Tarhuntas et le dragon Illuyankas chez les Hittites. Dans la version indienne, Indra est pris de terreur face à une créature extrêmement puissante au point où il est contraint de se réfugier dans les profondeurs. De même, face aux géants Aloades, le dieu Arès est impuissant, enfermé par les deux frères dans un tonneau. Dans les deux cas, c’est par l’intervention d’un autre dieu, le dieu du feu Agni dans le cas indien, le dieu Hermès dans le cas grec, que le dieu guerrier retrouve sa puissance et parvient à vaincre son ou ses ennemis.
Le dieu celte Taran est représenté en cavalier terrassant un démon anguipède qui correspond grosso modo au Typhon grec. Le dieu slave Perun n’est pas en reste, vainqueur de Zmiya, le « serpent », écrasé par sa hache. Ce mythe le plus ancien a été conservé après la christianisation sous la forme de différents saints, comme Elie en Russie, Michel et Georges en Europe occidentale. Pire, le serpent, ennemi des dieux, devint la figure du paganisme, à l’instar du Graouilly de Metz. On ne pouvait pas inventer d’inversion accusatoire aussi subtile.
Une généalogie complexe.
*Maworts, comme tous les dieux antiques héritiers de ses fonctions, était un dieu particulièrement estimé de nos plus lointains ancêtres. Il le devait à son lignage autant qu’à son image. En tant que dieu de l’espace céleste intermédiaire, ciel rouge de l’aurore et du crépuscule mais aussi ciel noir de l’orage, sa puissance était entre le ciel et la terre, entre *dyeus *pater et *dhghom *mater, entre son père et sa mère.
Les fils de *dyeus, les « fils du ciel », étaient intimement liés à la lumière dont leur père était l’incarnation même. C’est parce qu’il a vaincu les ténèbres du chaos que *dyeus a forgé l’univers, dont il est le garant de l’ordre, *artus. *Maworts est le dieu du feu intermédiaire, celui de l’éclair, qui tombant du ciel sur la terre enflamme le sol. Il partage ce rôle igné avec ses frères, *Sawelyos, le dieu du soleil, astre flamboyant réchauffant notre planète, et *Wlkanos, le dieu du feu terrestre et de la forge. C’est ce dernier qui lui fabrique ses armes, son armure et son casque mais qui à l’occasion l’accompagne sur le champ de bataille, au même titre que le dieu du vent, *Weyus, dont Hermès est par certains aspects le digne descendant.
Mais *Maworts n’était pas un dieu célibataire, son rôle d’ancêtre des hommes impliquant qu’il ait eu une descendance nombreuse. Ses relations avec les mortelles se retrouvent dans les nombreux mythes où Zeus ou Jupiter s’unit à une humaine pour engendrer des héros et des rois. Mais son épouse est, on l’a vu précédemment, la déesse de l’aurore, *Ausos.
Au dieu Arès, on prête ainsi une relation amoureuse avec deux divinités spécifiques, que l’on peut associer aisément, à savoir Eôs, l’Aurore incarnée, et Aphrodite, l’Aurore amoureuse, mère d’Erôs. Le couple *Maworts/*Ausos remonte ainsi à l’aube des temps.
Lorsque l’on voulait insister sur la dimension juvénile et filiale de *Maworts, il était représenté comme un jeune guerrier imberbe. C’est l’Arès classique. En revanche, si son rôle paternel et protecteur primait, le dieu apparaissait comme un guerrier dans la force de l’âge et barbu. C’est le Mars Vengeur d’Auguste, à la barbe jovienne, mais aussi l’Arès archaïque et le dieu Thor à la barbe rousse, comme la couleur du sang que le combattant verse au combat.
Le dieu rouge.
Surnommé Rudianos chez les Celtes, le « rouge », le dieu guerrier est associé de manière classique à la couleur rouge. Il est probable que le dieu indien Rudra, qui servira de base à Shiva, avait également ce sens et présentait alors la dimension la plus sombre d’Indra, qu’il remplacera à l’époque du brahmanisme. La cape du général romain était rouge, tout comme la barbe du dieu germano-scandinave Thor. Le rouge était la couleur du ciel intermédiaire, et aussi de l’amour, mais elle était tout autant associée à la guerre et à la deuxième fonction indo-européenne, le blanc et le noir étant les couleurs symboliques des deux autres fonctions.
Devenu le drapeau de la révolution puis de l’idéologie socialiste, le drapeau rouge remonte à une très longue histoire et ce n’est pas un hasard s’il a été brandi la première fois sur le Champ de Mars. Le rouge était déjà la couleur du drapeau de la république romaine (SPQR) et du royaume antique de Macédoine.
De cette symbolique vient l’expression « rouge de colère », à savoir que le dieu guerrier répand une aura de cette couleur lorsqu’il est courroucé. C’est aussi l’image de la lune de sang, du combat céleste contre les forces de destruction. Rouge sang. Sang principe de vie, lorsque l’enfant naît par l’action bienfaitrice de Venus, mais sang symbole de mort, lorsqu’il résulte de la victoire de Mars sur ses ennemis. Rouge symbole d’amour comme la pomme rouge que l’homme romain offrait à la femme qu’il aimait pour lui déclarer sa flamme. Rouge symbole du sang répandu sur le champ de bataille et offert aux animaux de proie.
Mars ou l’Europe incarnée.
Le dieu de l’orage a de manière évidente un lien étroit avec l’homme européen, et ce n’est pas un hasard si au moyen-âge, les Européens sont faits descendants de Japhet, fils de Noé, qui n’est autre selon l’interprétation de l’époque que le titan Japet, qui correspond fonctionnellement à l’olympien Arès. Les Européens sont alors les fils de Japet c'est-à-dire fils d’Arès, « japhétides » donc « aryens ».
Autre hasard qui n’en est pas un, le dieu guerrier est associé à la planète qui porte en Europe son nom, Mars, la planète rouge. La tradition veut que ce soit les Babyloniens qui aient associé cette planète à une sorte de dieu de la guerre et de la peste, Erra, dont certains ont voulu faire la base de l’Arès grec. En réalité, l’homologue sumérien de *Maworts n’était autre que le dieu de l’orage Ishkur, qui correspond au dieu amoréen Martu, dont le nom fut peut-être emprunté à des tribus indo-européennes venus s’installer en Orient.
Or la planète Mars est non seulement rouge, comme la couleur du dieu indo-européen de l’orage, mais possède deux satellites, tout comme Arès a deux fils jumeaux, Deimos et Phobos, tout comme Thor a aussi deux fils, Modi et Magni, et tout comme Mars a deux rejetons, Romulus et Rémus. On sait aujourd’hui que la connaissance astronomique dans l’Europe ancienne était loin d’être rudimentaire, et Stonehenge apparaît autant comme un télescope que comme un temple solaire, tout comme le disque de Nebra illustre la recherche de la connaissance du cosmos.
Ce désir de Mars, cette idée typiquement européenne d’une planète terraformée et colonisée par l’homme, se retrouve dans la science-fiction contemporaine. Les « martiens » sont nécessairement belliqueux, ce que découvre John Carter selon les romans d’Edgar Rice Burrough, et souhaitent envahir la terre, comme chez H.G. Wells. On dit que les hommes descendent de Mars, comme les femmes descendraient de Venus. Et Robert Kagan, géopoliticien américain, place l’Amérique sous le signe de Mars, de ce dieu fondateur de Rome, la cité conquérante par excellence, d’un dieu Mars qu’on retrouve sur la porte de Brandebourg à Berlin mais aussi au Capitole de Washington et même tout en haut de la porte Héré sur la place Stanislas à Nancy.
Mars et Christus, « dieu rouge » contre « dieu blanc ».
Lorsque le christianisme voulut s’implanter en Europe, il trouve naturellement le dieu de l’orage et de la guerre sur sa route. Le dieu rouge, comme le Raudhr Thorr de la Scandinavie du Xème siècle, s’oppose au dieu blanc qu’est Christus (Hvati Krist), qui a repris les traits d’Apollon et de Balder. Les valeurs héroïques s’opposent aux valeurs mielleuses d’une religion de l’après-monde.
Face à la croix, ce talisman magique qui enchaîne l’esprit européen, comme l’a expliqué à sa manière le poète Heinrich Heine, les anciens païens décidèrent de porter leur croix, à savoir le marteau de Thor (Þórshamar), l’épée de Mars, parfois remplacée par la massue d’Hercule, ou encore la hache de Perun (Cекира Перуна). Mais de ce conflit entre deux visions du monde si antagonistes, c’est le Christ blanc qui fut (momentanément ?) vainqueur.
Le christianisme n’a pas pu se séparer d’une figure aussi éminente mais à chercher à limer les dents de ce loup guerrier. Martin de Tours, dont le prénom signifie « petit Mars, Martinus, était un soldat de la légion qui déserte, jette sa toge au sol, pour se consacrer à christianiser la population. Le guerrier jette ses armes au sol, comme Vercingétorix vaincu face à César. Martin remplacera Mars lors de la fête guerrière, d’origine germanique mais romanisée, du 11 novembre, fête des Einherjars ou héros morts au combat et siégeant aux côtés de Wotan au Walhalla en l’attente de la bataille céleste décisive. Martin remplacera aussi le dieu letton Martins, tout comme Jean remplacera le dieu balte Jaanis, homologie du Janus romain.
Dans ce XXIème siècle où montent les périls, Mars le « rempart de l’Olympe » (Hymne homérique à Arès) fera son devoir pour protéger l’Europe. Et nous, fidèles au père de Romulus, nous serons présents à ses côtés. Son épée sera le bouclier de notre civilisation.
Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)
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