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05/06/2011

Angela Merkel et le nucléaire: une grave faute politique

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pict_125230.jpgAlors même que le taux d’émission des gaz à effet de serre a augmenté de manière très significative en 2010, et qu’on s’accorde à penser que la menace climatique principale est due au réchauffement planétaire, Angela Merkel a pris la décision d’arrêter les centrales nucléaires dans un délai progressif amenant à un arrêt total en 2022. Pour ce faire, elle ne s’est pas concertée avec les militants de son parti, elle n’a pas posé la question au peuple allemand, et elle n’a pas non plus pris conseil auprès des dirigeants des états voisins qui, de fait, sont impactés par sa décision.

Lorsque Angela Merkel donne des leçons au peuple grec, et ce même s’il y a des raisons objectives de reprocher aux gouvernements grecs successifs des politiques laxistes en matière budgétaire, elle trouve cela parfaitement normal. Il est donc parfaitement normal en retour de contester à Mme Merkel ce choix politique, qui a un coût a minima de 45 milliards d’euros, et une conséquence climatique, l’émission de 25 millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) supplémentaires. Il faudra m’expliquer en quoi augmenter le coût de l’énergie pour chaque allemand, augmenter l’émission de gaz à effets de serre, remplacer le nucléaire par le charbon et par de très inesthétiques et inefficaces éoliennes, est écologique.

Pour plaire aux militants pseudo-écologistes des Grünen, alors qu’un véritable écologiste comme James Lovelock sait que l’énergie nucléaire est le seul remède crédible au réchauffement planétaire, qui ont reconverti l’idéologie gauchiste sous des traits en apparence moins extrémistes, et dont l’hostilité au nucléaire, même civil, s’explique par un « pacifisme » tordu complètement hors de propos, Angela Merkel, en berne dans les sondages, leur cède. Cette idée de mettre en application les idées de ses adversaires, ce qui est aussi une spécialité de la droite française, démontre le manque de pertinence du clivage gauche/droite dans le contexte d’un mondialisme qui dicte aux états et aux gouvernements la politique qu’ils doivent mener.

Alors même que Merkel s’attire les foudres de la base de son parti, cédant aux sirènes du néo-gauchisme « vert » et à l’idéologie compassionnelle qui fait réagir de manière primaire et irresponsable, sous l’émotion, les dirigeants, suite au drame de Fukushima, les Grünen eux-mêmes ne sont pas d’accord avec elle et admettent l’idée que ce programme d’abandon du nucléaire n’est pas assez progressif. En somme, elle a tout fait pour plaire aux Verts mais même eux ne lui en tiennent pas gré.

Un sondage IFOP de ce jour prétend par ailleurs que 77% des français seraient favorables à un abandon immédiat ou progressif de l’énergie nucléaire, alors même qu’il n’y a aucune alternative crédible à son usage, comme je l’ai démontré dans un article précédent. Ce genre de sondage n’a aucun sens, dans un contexte émotionnel artificiellement entretenu par les « écologistes » français. Si on avait posé aux français une autre question, à savoir d’accepter des hausses considérables du coût de l’énergie dues à l’abandon du nucléaire, la réponse aurait-elle été la même ?

A partir du moment où personne n’explique aux européens les conséquences réelles de l’abandon du nucléaire, à savoir un retour aux centrales les plus polluantes possibles (au charbon), l’usage coûteux de solutions alternatives « écologiques » inefficaces (éoliennes, panneaux solaires) et « paradoxalement » polluantes, et une hausse majeure du coût de l’énergie, ceux-ci réagissent comme les citoyens désinformés qu’ils sont. Bien évidemment, la présidente d’Areva réagit de manière intelligente à la décision de Merkel mais du fait de ses fonctions, elle n’est pas crédible en ce domaine, car trop intéressée par l’avenir de cette filière. Sa défense du nucléaire ne peut donc que tomber à plat.

C’est aux dirigeants politiques responsables, conscients des enjeux et ne se laissant pas berner par une propagande pseudo-écologiste particulièrement malhonnête, de prendre leurs responsabilités, au lieu de céder à des lubies idéologiques contre-productives ou hétérotéliques.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

22/05/2011

De Gaulle contre les souverainistes

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De-Gaulle-et-l-Europe-int%C3%A9gr%C3%A9e.jpgAu sein de l’histoire politique française du XXème siècle, la figure du général De Gaulle conserve une place à part, presque unaniment honorée par toute la classe politique nationale, désormais rejointe par l’extrême-droite, à l’exception peut-être de l’extrême-gauche. Toutefois, ceux qui s’en revendiquent explicitement, s’attribuant le terme de « gaullistes », divergent profondément des options politiques et philosophiques assumées ou défendues dans l’intimité par le général. Dupont-Aignan, à l’instar de Pasqua auparavant, ou encore du souverainiste Couteaux, voit dans De Gaulle une figure souverainiste, presque nationaliste, refusant toute idée d’une Europe unie au-delà d’une très vague « Europe des nations » basée sur une libre coopération. Certains autres au nom de De Gaulle proclament une certaine forme de germanophobie. Chirac ou Villepin se sont également revendiqués du grand homme, sans que cela n’apparaisse spécialement dans leur programme.

Or il apparaît que De Gaulle était un personnage beaucoup plus complexe, et controversé, que ses défenseurs officiels ne veulent bien le croire. Certains s’insurgent contre la revendication, récente, de Marine Le Pen d’être dans la continuité idéologique de De Gaulle. Ils ont raison de s’en insurger mais cette dernière se revendique du même faux « De Gaulle » que celui de ses adversaires de l’UMP. Alors, quel était donc le vrai De Gaulle, selon moi, et qui en est au final l’héritier légitime, s’il en est un.

De Gaulle est d’abord l’homme du 18 juin 1940, celui qui a dit non à la résignation face à la défaite et à l’occupation du territoire national par l’armée allemande. Son geste repose sur un pari selon lequel l’Allemagne ne pourra pas gagner la guerre et qu’il faut offrir à la France la meilleure place au sein de l’Europe future libérée par les alliés. Ce pari est dans l’autre camp le même qu’un Laval qui croit à la victoire de l’Allemagne et cherche de son côté à assurer à la France un sort meilleur. De Gaulle reconnaît explicitement cette parenté inversée, en affirmant dans ses Mémoires de guerre, « si j’ai eu tort, c’est que Laval et Déat ont eu raison ». En fait, c’est la position mi-figue mi-raison d’un Pétain qui insupporte profondément Charles De Gaulle, la position de celui qui ne choisit pas son camp, qui ménage l’occupant sans se rallier à lui, qui ménage aussi l’opposition à ce même occupant mais là encore sans s’y rallier. L’attitude d’un Mitterrand, qui fut son adversaire politique en 1965, était sensiblement la même que celle de Pétain, à savoir un ralliement à l’Etat français, dont il reçut la francisque, puis une évolution progressive vers la résistance.

De Gaulle, premier résistant. De Gaulle, qui réussit à épargner à la France l’AMGOT, une occupation gouvernementale américaine du territoire national, et à permettre à son pays de faire partie des vainqueurs de 1945, au grand étonnement des autorités allemandes présentes pour signer la capitulation. De Gaulle, qui a simplement fait un pari à partir de sa culture stratégique et géopolitique, un pari gagnant. Mais De Gaulle a toujours respecté son ennemi, et c’est tout à son honneur, et n’a jamais cédé aux ficelles grossières de la diabolisation. En Russie, il s’exclame ainsi « quel grand peuple ! ». Ses hôtes russes s’imaginent qu’il parle de leur peuple, alors qu’il évoque les allemands, dont il admire la volonté militaire qui les a amenés au cœur de la Russie d’Europe. Dans ses Mémoires de guerre, il évoque le défunt chancelier comme un « sombre Titan », usant même de l’expression de Nietzsche à propos de Napoléon, « mélange de l’inhumain et du surhumain ». Ce n’est pas une apologie, mais c’est encore moins une opprobre. Il évoque aussi la réconciliation franco-allemande, une nécessité évidente à ses yeux, même lorsqu’elle est prônée par un certain Heinrich H. dans un courrier que ce dernier lui fait parvenir.

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10/05/2011

Romulus, conditor urbis Romae

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romulus114.jpgDe souche italique, bien que la tradition ultérieure en ait fait un rejeton lointain d’Iule, le fils du héros troyen Enée, le fondateur de Rome en 751 avant J.C associe en lui l’histoire mythifié du premier roi des Romains avec la tradition mythologique indo-européenne, et italique, dont il est l’héritier.

La tradition romaine présente Romulus et Rémus comme deux jumeaux divins, nés des amours du dieu Mars avec une princesse vestale du nom de Silvia, recueillis par des animaux, une louve dont les nouveaux nés purent boire le lait et un pivert qui leur amena de quoi manger, puis par un berger et son épouse. Lorsque la volonté divine souhaitera départager les deux frères, après qu’ils aient su qui ils étaient en vérité et qu’ils aient décidé de fonder une nouvelle cité, Romulus mit son frère à mort, à l’issue d’un combat entre eux deux et alors que les signaux envoyés par Jupiter étaient d’interprétation mal aisée, Romulus ayant vu douze vautours alors que Rémus n’en avait vus que six mais avant que son frère ne voit les oiseaux qui lui étaient dédiés. Incapables de décider entre le nombre et l’antériorité, par le biais d’un duel, Romulus se montra supérieur à son frère. La tradition indo-européenne présente d’ailleurs les deux jumeaux comme inégaux, l’un étant mortel et l’autre immortel (Castor et Polydeucès par exemple).

Fondateur d’une cité sur le sang de son frère, Romulus s’associe un peuple de bergers et de maraudeurs de souche latine qu’il place sous le patronage de son propre géniteur, le dieu guerrier. Mars était d’ailleurs d’une manière générale le patron des nouvelles cités et tribus italiques, toutes fondées par le biais d’un rite ancestral, le ver sacrum ou « printemps sacré », consistant en l’expulsion d’une partie de la jeune génération, guidée vers un nouvel emplacement par le dieu Mars sous les traits d’un animal spécifique (loup pour les Hyrcaniens, ours pour les Ursins, cheval pour les Eques, pivert pour les Picéniens… etc).

Cité d’hommes, Rome doit se doter de citoyennes et les premiers romains prirent femmes en s’emparant des filles sabines, retirées de force à leurs familles. A l’issue d’un conflit qui rappelle celui des Ases et des Vanes dans la mythologie germanique, Sabins et Romains ne font désormais plus qu’un, une fois que les mariages forcés ont été validés par les jeunes épouses et purifiés par la déesse Venus Cloacina, et ce malgré la trahison de l’une d’entre elles, Tarpeia, mal récompensée par les dieux pour avoir voulu offrir Rome à son ancien peuple.

Le règne guerrier de Romulus, fidèle en cela à l’esprit de son père, est davantage l’expression de la vengeance du fils abandonné sur sa famille latine qui l’a rejeté et qui a causé la mort de sa mère. A l’issue d’une vie bien remplie, les mythes varient sur le sort donné au héros. A-t’il été assassiné par les premiers sénateurs, ennemis de tout pouvoir personnel, selon cette haine des rois qui a été une des caractéristiques du peuple romain jusqu’à ce qu’il tombe en soumission devant les « nouveaux rois » qu’étaient les empereurs tyranniques qui succédèrent à Auguste ? Ou bien a-t’il été emporté dans un orage et est-il monté au ciel ? Cette seconde tradition paraît davantage conforme au mythe originel et peut s’interpréter de deux manières. Une première lecture est de voir dans cette disparition l’enlèvement du héros par son père Mars, ainsi introduit par les immortels, un Mars orageux qui ressemblerait davantage à ce que son prototype ancestral avait pu être à l’époque indo-européenne. Une seconde serait de voir dans l’orage lui-même l’expression du pouvoir de Romulus lui-même.

En effet, une fois disparu du monde des vivants, Romulus est divinisé sous le nom de Quirinus, qu’on interprète généralement comme Couirinus, « rassembleur des hommes ». Mais une étude récente laisse à penser que Quirinus serait la variante latine du terme indo-européen de *perkwunos, « frappeur », épiclèse du dieu de l’orage. Quirinus est ainsi présenté par Florus comme un Mars tranquille (Mars Tranquillis), donc comme la variante du dieu guerrier sous une forme plus douce. On peut voir ainsi en un Mars Quirinus le dieu dans son rôle de maître de l’orage fécondant la terre (et les champs fertiles), à la différence d’un Mars Gradiuus plus spécifiquement guerrier.

A l’issue du césaricide que les assassins présenteront comme une défense de la république face à un aspirant roi, alors même que César avait donné des gages explicites de sa volonté de ne pas revendiquer un pouvoir de cette nature, mais qu’on pourrait aussi comprendre comme la peur face à un conquérant aventurier qui souhaitait attaquer le royaume parthe, royaume à l’époque considéré comme terrible, contre lequel s’était brisé le triumvir Crassus et face auquel Antoine quelques années après la mort du grand homme se heurta également, Octavien avait songé à prendre le nom de Romulus, pour finalement choisir celui d’Augustus. Le mythe d’un Romulus lui-même mis à mort comme César le dissuada de se revendiquer explicitement de ce glorieux ancêtre.

Octavien était issu d’une famille liée au culte de Mars, dieu dont César se revendiquait le représentant, et c’est au nom de Mars Vengeur (Ultor) qu’Antoine et lui massacrèrent les sénateurs renégats à l’issue de leur victoire commune de Philippes. Devenu princeps, il fit construire au cœur de son forum un temple massif dédié au dieu romain, accompagné de nombreuses statues des pères fondateurs de Rome, Romulus en tête, ainsi qu’Enée ou encore Camille, autre fidèle de Mars à qui il avait dédié un temple à l’entrée de la Porte Capène.

Lorsque l’empereur Maxence voulut redonner en 310 A.D toute sa splendeur à la Rome impériale, et notamment fit rebâtir ou rénover de nombreux temples, il donna à son fils le nom de Romulus. Au nom d’un Mars Propagator, Maxence voulut refonder Rome pour une nouvelle marche en avant. Mais son armée sera écrasée par Constantin l’apostat, alors même que son corps ne sera pas retrouvé. Dernier Romulus, le fils d’Oreste eut un destin à peine plus favorable, si ce n’est qu’il fut empereur. Romulus Augustus, que ses adversaires surnommaient Augustulus, « le petit Auguste », n’eut guère à connaître le sort de son illustre homonyme. Il fut vite déchu de ses fonctions par le tyran germanique du coin, Odoacre, et mourut dans l’anonymat. Il était le dernier empereur romain d’occident, et probablement lui-même était demeuré fidèle aux anciens dieux.

Romulus, condottiere héroïque, chef de guerre, bâtisseur de Rome, se voit chaque 21 avril, même dans la Rome moderne, fêté, ainsi que la louve qui le nourrit et qui désormais désigne le symbole même de la cité éternelle, et de l’une de ses équipes de football. Fils de la guerre, il offrit douze siècles de gloire à Rome, comme les douze vautours qu’il avait vus dans sa jeunesse, et ce fut un autre Romulus qui clôt ce cycle. Vidé de ses habitants, Rome au Vème siècle n’a plus que 50.000 citoyens. Au sein d’une Italie morcelée, Rome cesse d’être la capitale des Césars pour tomber sous le joug de l’évêque de Rome, rebaptisée « souverain pontife » (terme désignant le prêtre suprême dans la Rome païenne), agissant en monarque jusqu’en 1870.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

08/05/2011

Faire face à l'europhobie de "gauche" et de droite !

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Qu’est-ce que l’europhobie ? Il s’agit au sens strict de la peur irrationnelle de l’Europe, de l’unité politique du continent européen, ou simplement des Européens en général. Le réflexe europhobe peut arriver à des personnalités publiques qui par la suite feront promotion de l’union politique. Ainsi François Mitterrand a-t’il été atteint par deux fois d’un tel réflexe, en 1954 lorsqu’il vota contre le traité de la Communauté Européenne de Défense et en 1989 lorsqu’il manifesta publiquement ses réticences à l’idée d’une réunification allemande, blessant profondément l’opinion de beaucoup d’allemands. Mitterrand avait connu la seconde guerre mondiale et malgré cette empoignade célèbre avec Helmut Kohl, la réconciliation n’était pas si facile. Dans un discours à Strasbourg, quelques années après, célébrant le courage des soldats, quel que soit leur uniforme, Mitterrand a démontré qu’il était tout autant capable de manifester une europhilie sincère.

Il existe une europhobie de « gauche » et une europhobie de droite, qu’on ne saurait confondre avec l’euroscepticisme, même si la frontière entre les deux est parfois fragile. Il est difficile de dire si Chevènement par exemple est europhobe, sachant qu’il s’efforce toujours malgré des a priori très défavorables d’élaborer une critique qui se veut constructive et optimiste. De la même façon, le diplomate Hubert Védrine est très réservé sur le processus unitaire européen, de même que le géopoliticien « de droite », Aymeric Chauprade, hostile à ce qu’il appelle les pan-ismes selon sa grille d’analyse. On ne saurait les qualifier selon moi d’europhobes.

L’europhobe de « gauche » ne se contente pas de dénoncer le libéralisme de l’Union Européenne, les menaces sur les acquis sociaux ou sur le service public, et a cessé de revendiquer une « Europe sociale ». Le Parti des Travailleurs réclame ainsi que la France quitte l’Union Européenne. En vérité, l’essentiel de l’europhobie de « gauche », et des banlieues, est avant tout un racisme anti-blancs, et par extension une hostilité à la culture européenne et à la spiritualité pagano-chrétienne. C’est le rejet de l’européen en tant qu’européen au profit d’une diversité mondialiste et d’une « citoyenneté » planétarisée. L’extrême-« gauche » rejette aussi l’Union Européenne pour sa potentialité anti-mondialiste, parce qu’elle pourrait échapper à ses maîtres et devenir l’embryon d’une Europe régénérée, resourcée en elle-même, et à nouveau européenne. Bien que les flux migratoires vers l’Union Européenne soient intenses, et que le refoulement migratoire demeure marginal, l’extrême-« gauche » dénonce une Europe de l’exclusion, une « forteresse Europe » (expression rappelant la Festung Europa de la propagande nationale-socialiste), alors que c’est une « Europe passoire ».

L’europhobe de droite, souverainiste ou nationaliste, dénonce dans l’Union Européenne une entité politique qui attaque la nation, une nation fétichisée et redéfinie au mépris des faits historiques. L’européisme y est dénoncé comme un mondialisme, même si les européistes en question définissent l’Europe sur des bases anthropologiques et civilisationnelles objectives, comme un complot contre la nation, comme un viol du peuple. L’europhobe de droite ne cherche pas à fonder son refus sur une démarche critique, à la différence de l’eurosceptique, même s’il peut utiliser les arguments de ce dernier pour alimenter sa phobie ou la communiquer.

En premier lieu, l’europhobe de droite, souvent primaire, assimile l’Union Européenne à différents régimes totalitaires ou non. Certains qualifient à l’instar du libéral atlantiste russe Vladimir Boukovski, qui n’hésite jamais à exprimer son hostilité à Poutine et Medvedev par ailleurs, et qui ne vit pas en Russie, l’Union Européenne de nouvelle Union Soviétique. Marine Le Pen évoque ainsi une « UERSS » totalitaire. On cherche en vain goulags ou asiles pour dissidents politiques. En même temps, elle dénonce le libéralisme économique qui règne à Bruxelles. Une URSS libérale et atlantiste, voilà bien un étrange objet. D’autres considèrent que l’Union Européenne est un quatrième Reich, à l’instar de Pierre Hillard, qui voit dans les projets d’Europe des régions la réminiscence d’un fédéralisme SS. Il est vrai que la IXème symphonie de Beethoven par Von Karajan a pu être joué au moins d’avril 1945 dans les rues de la capitale allemande et que l’expression « communauté économique européenne » a pu être employé par Funk (Europäische Wirtschaftgemeinschaft). Mais en vérité, la comparaison est tellement caricaturale qu’elle n’en est que plus pathétique. Pan-Europe n’était pas la NSDAP, l’Union Européenne ne persécute pas les juifs. Enfin, certains comparent l’Union Européenne aux USA. Mais il y a plus fort encore. Certains réussissent l’exploit d’associer les trois comparaisons en même temps. Voilà donc une Union Européenne communiste mais libérale, fasciste mais mondialiste, totalitaire mais qui permet aux mouvements nationalistes d’avoir des députés à Strasbourg. Etonnant, non ?

En revanche, le drapeau français est paré de toutes les vertus. Pour des souverainistes ou nationalistes comme Dupont-Aignan ou Marine Le Pen, c’est assez logique. C’est plus surprenant chez une Ségolène Royal qui revendique ce drapeau à son tour, refusant de le laisser à l’extrême-droite. Mais la réponse au nationalisme n’est pas dans le nationalisme, de type universaliste qui plus est, de Ségolène Royal, qui est le même en fait que celui de Marine Le Pen. Mais dans le drapeau bleu étoilé.

UERSS.jpgeunaz2.gifPour symboliser leur « conception », différentes caricatures du drapeau européen sont proposées. J’en présente ici trois. Les deux premières considèrent l’UE comme nouvelle URSS. Le premier drapeau ajoute la faucille et le marteau ainsi que la mention « UERSS ». Le second drapeau, que je ne présente pas, représente l’actuel drapeau de l’UE repeint en rouge. Fortuitement, c’est aussi la couleur du drapeau du PSUNE et de l’euro-socialisme qu’il entend représenter. Le troisième drapeau témoigne de la volonté de nazifier l’Union Européenne, avec la couleur rouge, le cercle blanc et les étoiles noires. L’absurdité de cette caricature n’empêche pas des associations, des partis politiques et des groupuscules à les utiliser.

Que reproche-t’on à l’Union Européenne lorsqu’on est un europhobe de type nationaliste ? De détruire une nation qui existerait depuis deux millénaires ? Bien évidemment, tout historien sérieux sait que Vercingétorix, Clovis ou Charlemagne ne sont en rien des rois de France, même en gestation, et que le sentiment national français émerge au XVème siècle pour exploser à partir de la fin du XVIIIème siècle, comme dans les autres pays d’Europe. En fait, la nation française, comme la nation italienne ou la nation allemande, est beaucoup plus récente. Et l’unification capétienne doit tout à des contingences historiques, au hasard des traités et des mariages, et rien à une volonté nationale populaire. On pourrait même affirmer que Sieyès est le premier à théoriser véritablement la France comme nation, en 1789, dans son « Qu’est-ce que le tiers-état ? ».

Au nom d’une France universelle, on refuse une Europe unitaire. On refuse d’imaginer un devenir commun avec les autres européens, l’idée d’un peuple européen au singulier amènera l’europhobe de droite à nier la parenté entre européens, à la relativiser, selon le principe du « on est trop différents », alors même qu’on considérera les migrants francophones venant d’Afrique par exemple comme des compatriotes. En clair, la différence marginale est fétichisée et devient un obstacle absolu, alors que des différences beaucoup plus significatives sont niées au nom d’un universalisme français, qui a été responsable notamment de la colonisation, ce qui indique à quel point il est tout sauf une idéologie de progrès.

Haro sur l’€. De l’économiste Jacques Sapir à Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, l’euro est devenu le mal économique absolu. La dévaluation, ruinant les petits épargnants, devient en revanche une vache sacrée à honorer. Bien sûr, l’euro a des difficultés, essentiellement exogènes (la crise américaine des subprimes), comme le dollar d’ailleurs, difficultés principalement dues à l’indépendance de la Banque Centrale Européenne et à la volonté du gouvernement allemand de maintenir un euro fort, plus favorable à l’économie du pays. C’est ainsi qu’on peut considérer à sa manière Angela Merkel comme europhobe. Il faudrait, et le PSUNE le prône, que la BCE soit contrôlée par un véritable gouvernement européen, démocratiquement élu et légitime, et dans un premier temps, par une commission parlementaire européenne. C’est la seule réponse crédible à opposer aux adversaires de l’€. Marine Le Pen, toujours elle, prétend avoir toujours su que l’€ allait échouer et joue les Madame Irma en pronostiquant la disparition de l’euro. Méthode Coué.

L’€ est attaqué d’abord parce que c’est un des rares symboles européens qui parlent aux gens. C’est une preuve concrète et quotidienne de la réalité de l’Europe. Bien sûr, les europhobes dénoncent l’€ comme responsable d’une hausse des prix, ce qui est partiellement exact, mais le phénomène est compensé dans d’autres domaines, comme le coût de l’énergie. Et de toutes façons les opposants à l’euro fort sont bien souvent des anciens partisans du franc fort. Par ailleurs, si l’idée de revenir à une monnaie nationale n’est pas en soi choquante, pourquoi les opposants français à l’euro veulent ils appeler cette monnaie « franc » ? On voit bien ici que l’euro n’est un problème que parce qu’il blesse le fétichisme cocardier de certains. Les considérations économiques de « gauche » ou de droite contre l’€ ne sont en vérité qu’un cache-sexe pour des considérations bassement europhobes.

On fétichise la nation, tout en refusant l’idée de l’Europe comme nation. On fétichise le service public tout en refusant d’imaginer un service public européen qui en serait le meilleur rempart. On dénonce l’euro comme ruineux alors que son abandon appauvrirait considérablement le pays. On souhaite le retour aux frontières nationales au lieu d’exiger de vraies frontières européennes. Schengen n’est en rien un problème si les clandestins extra-communautaires sont systématiquement réimplantés dans leur pays. On dénonce une Europe vassale des USA alors que la France seule le serait bien davantage encore, pour de simples raisons de moyens. On récupère De Gaulle dans un sens europhobe alors que le général, bien que sceptique face à la construction européenne qu’il voyait en son temps, avait compris l’Europe politique unitaire comme une nécessité absolue.

Face à l’europhobie, ce n’est pas en parlant d’identité nationale, mal définie d’ailleurs puisque rendu compatible avec la diversité, selon un contre-sens absolu, comme le fait Nicolas Sarkozy, ce n’est pas en voulant imposer le drapeau bleu-blanc-rouge à chaque foyer comme le voulait Ségolène Royal en 2007, ce n’est pas en cessant de parler d’Europe comme le fait François Bayrou depuis plusieurs années, qu’on s’oppose à l’europhobie. On s’y oppose d’abord en prenant en compte les critiques des euro-sceptiques et en faisant de l’Union Européenne une véritable Europe politique puissante ! C'est-à-dire en opposant à la souveraineté française imaginaire (on n’est souverain que si on est assez fort pour l’être) une souveraineté européenne bien réelle. On s’y oppose ensuite en montrant que la « francité authentique » c’est l’européanité. On ne s’y oppose pas en imitant les europhobes, imaginant faussement que leurs électeurs le sont aussi, alors que généralement ils ne votent pour la droite « populiste » qu’à cause de l’immigration extra-européenne et pour la gauche « populiste » qu’à cause du chômage et des outrances de l’hyper-classe, et pas par rejet de l’UE. Tout au plus par déception de cette dernière, déception justifiée, et déception qu’on résorbera en faisant de l’Europe une nation au sens fort, une nation souveraine, puissante et vraiment européenne !

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

Le patriotisme européen contre l’europhobie !

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2408923518.jpg9 mai, fête de l’Europe ! Oui, mais elle n’est un jour férié dans aucun état membre, à la différence d’un 8 mai par exemple, qui symbolise certes la victoire sur une idéologie criminogène mais aussi la division en deux et pour un demi-siècle du continent européen. Comment les européens pourraient-ils s’identifier véritablement à leur continent, à cette union politique si malmenée en ce moment, à ses symboles ? Comment peuvent-ils exprimer concrètement leur européanité, que les mondialistes leur nient par ailleurs au nom d’une « citoyenneté » du monde totalement imaginaire ?

Pour s’opposer à cette vague d’europhobie qui s’abat sur l’Union Européenne, en raison notamment, on l’a vu dans un article précédent, de l’impuissance de ses institutions et de la médiocrité de ses dirigeants et de ses parlementaires, il faut lui opposer un véritable patriotisme européen, au nom de cette Europe qui est notre terre, qui est aussi notre civilisation, de cette Europe née d’un même sang, unie par une même âme.

Le PSUNE demande aux chefs d’état et de gouvernement de l’ensemble des états membres de l’Union Européenne de décider de faire du 9 mai un jour férié pour tous les européens. Mais cela ne suffit pas. Il faut faire du 9 mai une fête de la réconciliation européenne et plus encore de la puissance européenne. Pourquoi refuser à l’Union Européenne ce que l’on trouve légitime pour les états membres ? Le 9 mai doit donc être plus que la fête de l’Europe, il doit devenir la fête nationale de l’Union Européenne et en ce sens doit disposer d’un défilé militaire européen spécifique.

Chaque année, dans une capitale européenne différente (a priori sur le continent, pour des raisons pratiques), chaque pays européen enverra des représentants de ses forces armées, unités terrestres et aériennes, pour un défilé patriotique européen qui devra démontrer la puissance de l’Europe et susciter le respect des autres puissances. Sachant qu’en Russie, le 9 mai fête la victoire de la Russie, sous le masque de l’Union Soviétique, en 1945, victoire qu’elle se devait d’obtenir sous peine de disparition, il me paraît nécessaire d’associer pleinement la Russie à cette festivité et de demander à cette dernière de défiler systématiquement avec les autres armées européennes en présence de ses dirigeants (russes et de l’UE). Le lien entre l’Union Européenne et la Russie sera ainsi considérablement renforcé.

Bien évidemment, faire du 9 mai une fête patriotique implique qu’on renonce complètement aux cérémonies du 8 mai, au nom de la réconciliation européenne, ce qui était il y a plus de trente ans une proposition de Giscard d’Estaing. L’effort de guerre russe, décisif, sera ainsi remercié, et on se retrouvera à nouveau entre européens. Les Etats-Unis ne seront pas associés à cette fête, de la même façon que la France ne participe pas à la fête nationale d’indépendance de ces derniers. Dans le cas français, cela signifie que le 8 mai cessera d’être un jour férié, au profit du 9 mai, et que l’Etat renoncera au défilé du 14 juillet, cette date demeurant toutefois fête nationale et jour férié.
 
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

8-9 mai 2011 : bilan d’une Union Européenne à l’avenir incertain

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logosite41.pngMontée des populismes europhobes aux élections nationales en Europe, crise des déficits publics dans plusieurs pays européens (Grèce, Irlande, Portugal au sein de l’UE, Islande en dehors), politique de restriction budgétaire au sein de tous les états membres , pression migratoire aux frontières du continent, le cas emblématique étant l’île italienne de Lampedusa, où arrivent par dizaines de milliers tunisiens, lybiens et africains subsahariens, l’Union Européenne va mal et son impuissance à résorber tous ces maux fait douter beaucoup de nos compatriotes européens du bien fondé de cette structure. Marine Le Pen et ses épigones européens ont beau jeu de dénoncer une Union qui ne répond pas aux enjeux du XXIème siècle et aux menaces portées contre notre continent. Et pourtant, il n’existe pas d’alternative, ni politique, ni économique, ni sociale, ni militaire, ni diplomatique, ni énergétique, ni écologique et encore moins démographique et migratoire, à la nécessaire union politique du continent européen dont l’Union Européenne aurait dû être l’incarnation.

Ainsi, pour les vrais européistes que nous sommes, l’Union Européenne actuelle est un échec mais son abandon serait en revanche une véritable catastrophe. En effet, si l’Union Européenne devait se disloquer, ce serait sous les coups de boutoir non pas seulement des eurosceptiques, qui pratiquent souvent une critique constructive, mais bien des europhobes, opposants résolus non seulement à l’Union Européenne actuelle mais à toute Europe politique alternative autre que leur prétendue « Europe des nations », qui n’est qu’une Anti-Europe.

Analysons plus en profondeur les maux qui rongent notre continent et contre lesquels l’Union Européenne actuelle est au mieux impuissante, au pire complice. En matière de diplomatie, à la suite du traité de Lisbonne, l’UE est dotée d’un président, en la personne du fade Herman Van Rompuy, et d’un « ministre européen des affaires étrangères » très effacé en la personne de Catherine Ashton. Autant dire que ces personnes, aussi estimables soient-elles, ne sont absolument pas à la hauteur des enjeux et ont été choisies par les chefs d’état et de gouvernement pour leur incapacité à véritablement incarner l’Union Européenne.

Le président de la commission, quant à lui, le portugais Gustavo Barroso, agent implicite des USA, est chargé de faire appliquer les traités et sert de VRP des droits de l’homme, relayé dans son rôle par des commissaires spécifiques qui vont tout dans le sens de la porosité migratoire et économique des frontières de l’UE. Barroso incarne un libéralisme économique assumé alors même que la crise économique montre les limites de cette doctrine. L’idée de protectionnisme économique européen lui est odieuse, comme l’idée de rétablir des frontières intérieures, conséquences de l’absence d’une politique européenne commune en la matière.

Par ailleurs, la Commission Européenne ne jouit d’aucune légitimité démocratique, malgré des modifications statutaires. En effet, à terme, le président de la commission devrait être élu par les parlementaires européens. Faudrait-il encore que ces derniers jouent pleinement leur rôle.

Le parlement européen, partagé de manière absurde entre Bruxelles et Strasbourg, et en ce sens je partage tout à fait l’avis de Roland Ries, maire de cette dernière cité, pour qui le législatif communautaire devrait être intégralement à Strasbourg, comme cela était le cas à l’origine et conformément aux traités, ne joue pas son rôle.

Certes, on ne peut que se réjouir que le mode de scrutin le plus démocratique, la proportionnelle, y soit globalement en vigueur, ce qui permet une meilleure représentation de la volonté populaire européenne, et de l’idée de faire élire en 2014 une trentaine de députés sur des listes transnationales, même si le véritable courage politique aurait été de proposer de véritables élections européennes, le même jour pour tout le continent, et avec des listes européennes au sens fort, par une répartition par partis et pas par pays. En ce sens, on ne saurait que regretter lors d’un récent référendum que les citoyens britanniques, par rejet de leur gouvernement en place, aient rejeté une réforme plus démocratique du mode de scrutin, alors qu’au Royaume-Uni comme en France, il y a un grand décalage entre la volonté populaire et la représentation parlementaire. Ainsi, le Front National, qui représente près de 20% des électeurs, se retrouve avec seulement deux conseillers généraux et aucun député. De même, Europe Ecologie est-elle obligée de s’allier avec le Parti Socialiste si elle souhaite avoir des élus.

Toutefois, les parlementaires européens ne jouent pas un véritable rôle législatif, d’abord parce qu’ils en sont privés par les traités, et en second lieu parce qu’ils ne font pas preuve du courage nécessaire pour renforcer cette institution. Le poids des représentants europhobes et eurosceptiques n’explique pas tout. C’est d’abord le fait que les députés représentent des partis nationaux, et non européens, le PPE et l’ASDE n’étant pas de véritables partis européens mais des groupes parlementaires, et que « gauche » et droite dans cette assemblée travaillent main dans la main et dans le même sens. Il n’y a jamais d’alternance politique puisque les deux grands groupes se répartissent équitablement les rôles, se partageant par exemple le rôle de président de l’assemblée. Démocratique, le parlement européen l’est par son mode de scrutin. Oligarchique, le parlement européen l’est par son fonctionnement interne.

La dimension peu démocratique de l’ensemble saute aux yeux de beaucoup de nos compatriotes européens. La façon dont le traité prétendûment constitutionnel, rejeté par deux pays fondateurs, a été mis en place presque à l’identique sous la forme du traité de Lisbonne, une fois que le refus irlandais de ce dernier ait pu être renégocié par un certain nombre de promesses et par la peur de l’Irlande d’être isolée, joue beaucoup contre une institution qui paraît déconnectée de la volonté populaire et des réalités politiques quotidiennes. Les remontrances de la commissaire Viviane Reding quant au traitement français de la problématique des migrants roms ont également agacé beaucoup de citoyens, et pas seulement français.

A propos de la question migratoire, les dernières semaines ont mis à mal les relations entre la France et l’Italie concernant la situation de Lampedusa et par extension la question du traitement des migrants illégaux dans une Europe qui n’a pas réellement de frontières autour d’elle. Beaucoup d’analystes affirment qu’il faudrait une réponse européenne à ce problème, d’autant plus que la Grèce annonce être également confrontée à de nouveaux flux par le biais de ses frontières communes d’avec la Turquie, et a exprimé à plusieurs reprises son incapacité à pouvoir les gérer, au point de vouloir construire un mur. Mais dès qu’on évoque la question de la réponse européenne, on nous explique au final qu’il faudrait régulariser tous ces immigrés clandestins. A quoi bon l’Union Européenne alors, puisque l’Italie et la France savent très bien ne rien faire en ce domaine, concrètement.

En clair, et pour conclure ce panorama rapide de la situation de l’Union Européenne, il est impératif de modifier en profondeur ses institutions et son mode de fonctionnement, bien évidemment de changer ses têtes. C’est tout le projet du PSUNE. Donner au parlement européen, du fait de sa légitimité démocratique, le pouvoir que ses élus actuels lui refusent. Mettre en place un parti européen qui représentera en son sein une alternative totale aussi bien aux élus souverainistes, divisés en plusieurs groupes parlementaires, qu’au binôme PPE-ASDE et à leurs alliés libéraux, gauchistes et « pseudo »-écologistes. Cette alternative européiste, nous espérons l’incarner.

Nous n’aimons pas les souverainistes parce qu’ils sont souverainistes mais nous n’aimons pas les « européistes » [de Bruxelles] parce qu’ils ne sont pas européistes. Contre la réaction europhobe, contre les dérives mondialistes, le seul recours, la seule contre-offensive, c’est l’euro-socialisme !
 
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

25/04/2011

Nucléaire civil : une nécessité malhonnêtement contestée

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nukelogo2.jpgEn ce lundi de Pâques, le journal Le Monde m’informe des déclarations du candidat à l’investiture des écologistes pour les élections présidentielles de 2012, à savoir le présentateur de télévision Nicolas Hulot. A propos du nucléaire, Hulot déclare que « l’objectif de sortir du nucléaire est un objectif prioritaire ». Selon lui, ce sont les évènements de Fukushima qui lui auraient faire prendre conscience de cette nécessité. En réalité, Hulot cède sur un dogme fondamental, et aberrant, des pseudo-écologistes de gauche incarnés en France par Europe Ecologie – Les Verts et en Allemagne par Die Grünen. Lubie idéologique de l’ « écologie » pastèque, elle cache sous des traits écologiques une idéologie gauchiste, et mondialiste.

Pour répondre à cette propagande honteuse, s’appuyant sur la souffrance réelle des populations japonaises, dans un contexte très particulier, un tsunami conjoint avec et induit par un tremblement de terre particulièrement important, 9 sur l’échelle de Richter, l’ancien ministre Claude Allègre a réagi dans un ouvrage sur la peur du nucléaire dont il fait la promotion sur divers plateaux télévisuels. En substance, il énonce un positionnement pro-nucléaire qui est aussi le mien mais en lui fournissant des billes supplémentaires. Je vais y revenir.

Le premier point important à souligner c’est l’impudeur des militants de la cause écologiste en la matière. S’inspirant d’un cas contextuel, et non représentatif, ils partent de là pour exiger l’abandon du nucléaire tout en proposant un mensonge, incarné par les énergies prétendument renouvelables, qui ne sont absolument pas capables de correspondre aux besoins énergétiques de l’Europe d’aujourd’hui et encore moins à celle de demain, et qui en vérité, notamment concernant les éoliennes, consomment plus au final qu’elles ne produisent, et sont d’une inesthétique avérée, dénaturant nos paysages. On se souvient qu’à l’origine le rejet par certains écologistes du nucléaire civil tient à son association au nucléaire militaire et à l’option pacifiste, là encore de type gauchiste et 68-ard, qui anime ces individus. Il n’y a aucune rationalité ni aucune objectivité dans ce refus. Les risques, réels et qu’il ne faut pas sous-estimer, du recours au nucléaire, impliquent certes une vigilance certaine, des vérifications régulières des installations, des mises aux normes, un investissement constant de l’Etat.

En Allemagne, Angela Merkel prône désormais l’abandon du nucléaire, et remet en cause l’option de la CDU qui était de les maintenir le plus longtemps possible. On attend de voir le ministre du budget expliquer l’ineptie de cet abandon à son chancelier. En Suisse aussi, les lobbies écologistes, ou plutôt pseudo-écologistes, travaillent d’arrache-pied pour obtenir la fermeture des cinq centrales existantes. En revanche, les Finlandais, qui ont un sacré bon sens, ne cèdent pas à ce délire collectif et entendent toujours construire de nouvelles centrales nucléaires afin de répondre à leurs besoins énergétiques.

Le mythe des énergies renouvelables, ce qui ne signifie pas que certaines centrales solaires pourraient constituer une force d’appoint au nucléaire, est destiné à tromper la population en prétendant que des solutions alternatives crédibles existeraient déjà. Ce n’est pas et ce ne sera pas le cas. En revanche, ce que les pseudo-écologistes ne disent pas, c’est que les centrales nucléaires de 4ème génération pourront retraiter comme combustibles une bonne partie des déchets produits actuellement, comme le disait courroucé un abonné au Monde sur le site du journal. N’oublions pas que le nucléaire civil progresse continuellement et que pour financer sa recherche il faut construire des centrales afin de montrer que c’est une énergie à laquelle on croit et qu’on soutient.

Contrairement aux mensonges des pseudo-écologistes, alors qu’un vrai écologiste comme l’écossais James Lovelock, inventeur de la « théorie Gaia », et soucieux du réchauffement planétaire, explique que seuls nucléaire et géo-ingénierie sauveront notre planète, il faut repenser complètement notre politique de l’énergie mais pas dans leur sens.

Allègre explique qu’il faudrait une commission indépendante de citoyens afin de vérifier les centrales nucléaires. On sait que le tout étatique, à la soviétique, a échoué (Tchernobyl). On sait que le tout privé, à la japonaise, a aussi échoué (Fukushima). Ainsi, c’est bien par un équilibre entre capital public et capital privé, avec un Etat interventionniste mais des comités de sécurité indépendants, que l’on peut éviter des dérives et maintenir les centrales nucléaires en très bon état. Allègre explique aussi qu’il ne faut pas construire de centrales n’importe où. Il estime ainsi qu’en Italie ou en Grèce, pays soumis à des problèmes sismiques réguliers, il ne faudrait pas construire de centrales nucléaires. On pourrait y ajouter les zones notoirement connues comme inondables.

Moralité, pour axer la politique énergétique sur le nucléaire, on ne peut pas le faire au niveau national, mais contrairement à Allègre, je ne crois pas non plus qu’il faille la penser de manière mondiale. Là encore, en ce domaine comme dans tant d’autres, la bonne échelle c’est l’Europe. Dans ce cadre, le PSUNE, seul parti résolument européaniste sur notre continent, préconise une nouvelle politique européenne de l’énergie, s’inspirant du travail en commun de l’Euratom, institution européenne s’il en est, et entend combattre sans angélisme la propagande de prétendus « écologistes ».

L’Europe doit en tant qu’entité politique unitaire axer principalement, et à rebours du discours ambiant, sa politique de l’énergie sur le nucléaire civil. Il s’agit pour elle de maintenir dans le meilleur état possible les centrales nucléaires existantes, de les mettre à niveau au plus tôt, de fermer en revanche celles qui ne sont pas adaptables. Je ne connais pas précisément le cas de Fessenheim mais je n’aurais pas d’état d’âme quant à l’idée de fermer une centrale nucléaire si des raisons de sécurité objectives le nécessitaient. Un certain nombre de centrales de l’ex-URSS nécessitent à mon avis une fermeture définitive.

Il convient donc de construire de nouvelles centrales nucléaires mais de nouvelle génération, de quatrième génération, et d’abandonner l’essentiel des financements pour les énergies dites renouvelables (sauf énergie marémotrice et centrales solaires grand format), d’abandonner notamment la construction d’éoliennes et de planifier leur disparition progressive. Les économies générées seront intégralement investies dans la recherche et le développement, tout en permettant aux européens de payer leur énergie à prix raisonnable, ce qui ne serait pas le cas si les pseudo-écologistes dirigeaient, augmentant considérablement le prix de l’énergie pour chaque citoyen, ce qui est une mesure absolument anti-socialiste mais destinée aux « bobos » qui eux peuvent se permettre de payer plus pour avoir « bonne conscience ».

En effet, l’avenir du nucléaire n’est pas et n’a jamais été la fission que l’on utilise actuellement. Bien entendu, il faut améliorer les centrales existantes et construire des centrales plus performantes. Mais à terme, la seule solution énergétique efficace, sans risques, et nous permettant d’abandonner presque totalement les énergies fossiles reste la fusion nucléaire, c'est-à-dire la construction de centrales à hydrogène permettant de produire une énergie de nature comparable à celle du soleil, l’astre qui nous insuffle la vie.

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Pour le moment, les centrales nucléaires à fission de quatrième génération devront être construites en Europe dans les zones les moins soumises aux catastrophes naturelles, c'est-à-dire la grande plaine d’Europe, allant de la France du nord à la Russie. L’énergie générée sera répartie équitablement entre tous les européens, même si la production d’énergie nucléaire ne sera pas présente partout, et ne devra pas l’être, pour les raisons évoquées.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

19/04/2011

Elections finlandaises : le succès des « Vrais Finnois »

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PS.jpgLes élections législatives finlandaises du 17 avril 2011 permettent d’analyser la situation de l’opinion dans un pays membre de l’Union Européenne, dans le contexte de la crise économique, de la crise de l’euro (€) et de l’impuissance caractérisée des institutions de l’Union Européenne. On le voit notamment dans le domaine de la gestion de l’immigration clandestine en provenance d’Afrique, des dérives en matière de droit d’asile, et des conflits de frontières, notamment franco-italiens, à l’intérieur de l’espace Schengen. En outre, les politiques de libéralisme économique et de restriction des dépenses rendent l’Union Européenne impopulaire. Le mythe de la souveraineté économique et sociale liée à la souveraineté politique a la vie dure.

Dans ce contexte, conformément aux sondages, le parti nationaliste des Perussuomalaiset ne pouvait que triompher. Mal traduit en français par « Vrais Finlandais » par des journalistes peu ou mal informés, il signifie en réalité « Vrais Finnois », cette expression insistant donc sur la composante ethno-linguistique et non sur la nationalité. Le PS de Timo Soini, son dirigeant très populaire dans l’opinion de son pays, sympathique et bon vivant, a donc confirmé les sondages qui annonçaient le dynamisme de son parti. En 2007, il ne recueillait que 4.1% des voix mais disposait, dans un pays pratiquant la proportionnelle, de 5 députés. Aujourd’hui, avec 19% des voix, il progresse de presque 500%, ce qui est considérable. Il obtient 39 députés, soit 34 députés de plus, en quatre ans. Les sociaux-démocrates, en léger recul de 2.3 points, n’obtiennent que 19.1% des voix, presque à égalité avec le PS.

Le mouvement des Perussuomalaiset défend une triple xénophobie. En premier lieu, il s’oppose à la présence de migrants extra-européens, la cible privilégiée étant 8000 somaliens musulmans venus en Finlande par le biais du droit d ‘asile. Leur prétendue intégration, vantée par des journalistes occidentaux, ne tient pas face à une statistique montrant qu’un viol sur deux commis à Helsinki est dû à des étrangers. Au contraire, la population finlandaise est particulièrement hostile à leur présence sur son sol. En second lieu, Timo Soini s’oppose clairement à l’Union Européenne, souhaitant que son pays s’en sépare ou tout au moins revoie à la baisse les sommes allouées par la Finlande à ses institutions. Enfin, les Perussuomalaiset s’en prennent implicitement aux minorités européennes non-finnoises, en particulier les Suédois, dont la langue est obligatoire à l’école, ce que conteste Timo Soini, les Lapons et les travailleurs russes. En revanche, le Parti de l’Indépendance, partisan d’un départ de l’Union Européenne, échoue avec seulement 0.1% des voix.

Qualifié par certains analystes de parti de centre-gauche, même si son opposition à l’immigration le fait qualifier d’extrême-droite par certains journalistes française, le parti des Perussuomalaiset, qui n’éprouve aucune nostalgie pour les mouvements fascistes finlandais des années 20 et 30 (Lapua et IKL), laissant cela à des mouvements radicaux extrêmement minoritaires, défend le service public, la juste répartition des revenus et le modèle social finlandais. En clair, comme la plupart des mouvements populistes, ce parti en vient à défendre une forme nationale de socialisme, vantant l’état protecteur pour ses citoyens nationaux.

Malgré un recul de près de deux points, le Parti de la Coalition Nationale, conservateur, obtient néanmoins 20.4% des voix, ce qui en fait le vainqueur dans un pays où la tradition veut que le premier ministre soit issu du premier parti en nombre de voix et d’élus. Avec 44 sièges, malgré une perte de six sièges par rapport à la mandature sortante, les conservateurs ont réussi à dominer légèrement le scrutin.

Le grand perdant est le Parti du Centre, dont était issu le premier ministre sortant, qui avec 15.8% recule de plus de sept points, et n’obtient que 35 députés (- 16). Ce désaveu a amené sa dirigeante à renoncer à toute ambition politique au sein d’une future coalition.

Un autre trait intéressant de cette élection est qu’à l’exception du Parti Pirate, qui obtient 0.5% des voix pour une première candidature, tous les autres partis régressent. L’Alliance de Gauche, proche de l’extrême-gauche, recule faiblement, conservant un capital de 8.1%, alors que les trois grands partis reculent dans une proportion de 2 à 7.3%. Malgré les évènements de Fukushima, qui ont dopé le score des Verts dans les dernières élections de Länder en Allemagne, la Ligue Verte finlandaise perd 1.7% des voix à 7.2%, ce qui constitue pour eux un sévère échec.

Les enseignements de ce scrutin restent les mêmes que pour les différentes élections en Europe depuis plusieurs années, à savoir un rejet d’une Union Européenne trop libérale, destructrice des acquis sociaux de chaque pays, et trop ouverte à une immigration incontrôlée. Ce rejet aboutit à une forme d’europhobie non seulement à l’égard des institutions de l’UE mais aussi des autres européens, alors que les motivations des électeurs ne visent en vérité que les populations extra-européennes. Cependant, pour manifester leur mécontentement, les électeurs sont contraints de voter pour des partis qui confondent les deux populations, européennes et non-européennes, sous le vocable d’ « immigrés ». On constate le même phénomène en France avec le Front National, son électorat étant motivé par la présence de populations allogènes alors même que le parti est davantage sur une ligne europhobe. Il y a donc un décalage complet entre les aspirations « socialistes » et allogénophobes de leur électorat et la ligne europhobe de ces mouvements populistes.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

11/04/2011

Crom versus Christus, le film « Conan le Barbare » revisité

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Conan_the_Barbarian.jpgL’adaptation du personnage emblématique de Robert Howard (1906-1936), « Conan », venu de Cimmérie, était une gageure et pour John Milius et pour son scénariste en la personne de Sprague de Camp. En réalité, plutôt que de demeurer fidèles à l’œuvre originelle, ils ont choisi de se servir de Conan comme d’incarnation d’une morale païenne opposée au christianisme, incarnée dans le film par la secte setienne de Thulsa Doom, ce dernier terme, « crépuscule », faisant allusion à la fin du monde. Derrière la mise en avant d’un culte millénariste dédié à Set, le dieu stygien (la Stygie étant la version hyborienne de l’Egypte), dont le prêtre suprême chez Howard est Thoth-Amon et non Thulsa Doom dans le film, sorcier emprunté à l’univers d’un autre personnage d’Howard, le roi Kull, se cache à peine une dénonciation de la religion chrétienne. Dans la bande originale du film, Basil Poledouris compose une musique religieuse appelée « Cantiques de Sainte Marie » pour illustrer la scène d’une messe « noire » au sein d’une des « tours du serpent », les églises-mosquées de Set.

Les manifestations de l’expansion du culte de Set rappellent la christianisation de l’empire romain. Thulsa Doom rassemble autour de lui des milieux sociaux très variés, mais notamment des femmes issues de l’élite des royaumes hyboriens, milieux qu’il convertit par des actes magiques, par l’hypnose et par des discours apocalyptiques enflammés. Son propos est férocement hostile aux gouvernants, ses hommes n’hésitant pas à menacer les rois, le roi Olric se plaignant ouvertement de leur action, alors même que sa fille a été convertie à cette religion et lui tourne le dos, et même à les assassiner. On songe ainsi au fameux « Saint Mercure », individu probablement imaginaire canonisé pour avoir tué l’empereur Julien. Présente dans toutes les cités, cette religion ophidienne est accusée de nombreux méfaits et son culte du secret inquiète. De fait, la seule cérémonie présente dans le film montre de jeunes filles se donnant corps et âme à l’appétit vorace d’un énorme serpent, décapité fort à propos par Conan.

Sacrifices humains, anthropophagie (une scène montre une marmite contenant des restes humains), orgies sexuelles et corruption apparaissent dans le film comme la face cachée d’une secte qui dénonce l’enrichissement et la décadence morale des rois et prêche la paix et l’amour. Le gourou lui-même bénéficie de la protection d’une garde d’honneur composée de Vanirs, des guerriers nordiques. Le reproche est donc double, à la fois contre le caractère pacifiste d’une religion prêchant « le retour à la terre », avec des fidèles jetant des fleurs sur leur chemin, et contre son caractère intolérant, le prophète appelant à la mort des « infidèles » (l’expression est dans le film).

Face à cette vision du monothéisme, car des emprunts symboliques de cette religion à l’islam sont également présents, Conan est mis en avant comme le contre exemple absolu. Ses valeurs, « il les a apprises au combat ». Sa religion se résume à invoquer le dieu guerrier Crom, d’origine celte (les Cimmériens selon Howard sont les ancêtres des Gallois ou Cymri), dont il n’attend pourtant aucun secours car Crom n’est pas un dieu secourable et n’offre les portes du « Walhalla » qu’aux guerriers héroïques restés fidèles à l’honneur et ayant découvert « le secret de l’acier » . Pour le reste, Conan manie l’humour face aux fidèles des autres religions, répondant aux adorateurs de Set qu’ « il est bien temps de retourner à la terre… dans la tombe ». D’une manière générale, des religions trop élaborées suscitent sa méfiance.

La première valeur de Conan est l’honneur,  ce qui est pourtant étonnant pour quelqu’un qui n’hésite pas à recourir au vol, et le respect des ancêtres en fait évidemment partie, d’où sa volonté de fer de mener sa vengeance jusqu’au bout. Une seconde valeur éminente est le mérite, selon le principe que tout se gagne par l’effort. C’est ainsi qu’esclave il est affranchi, c’est aussi de cette manière qu’il obtient l’épée qui va lui permettre de triompher, en combattant le roi squelette qui la détient et n’acceptera de ne la lui laisser qu’une fois vaincu (la scène, pour des raisons budgétaires et techniques, n’a pu être pleinement réalisée). La troisième valeur de Conan est le courage puisqu’il ne fuit jamais devant un danger, et ne s’avoue pas vaincu mais entend lutter jusqu’au bout. Crucifié par Thulsa Doom à un arbre, l’allusion au mythe christique est alors évidente, Conan parvient à bout de force à tuer un vautour tentant de le dépecer vivant.

conanA803.jpgPourtant, le film ne limite pas la religion des héros à un « Crom » répété après toute victoire ou lorsque Conan est confronté à la magie. Sa bien aimée, Valeria, semble davantage portée sur la religion, n’hésitant pas à signer un pacte avec les dieux, et réapparaît au-delà de la mort en valkyrie afin de protéger Conan en lui disant ces mots, « crois-tu que nous vivions éternellement ? ». Ainsi, la vision épurée de la religion chez Conan n’interdit en rien de croire à l’au-delà et à l’immortalité de l’âme, mais c’est bien par la volonté et au combat qu’on mérite sa place au ciel. Thulsa Doom promet à ses gouailles l’immortalité si on le suit comme un esclave.

La fin du film est bien sûr l’accomplissement de la vengeance de Conan, mais qui ne se limite pas à la mise à mort de son ennemi despotique, car le héros accomplit une véritable libération des esprits. Son objectif est que la religion que « Doom » a fondée ne survive pas à son prophète. Pour ce faire, Conan n’y va pas par quatre chemins en décapitant le gourou et en jetant sa tête au pied des fidèles. C’est ainsi que cette religion meure comme elle est apparue. La princesse subjuguée s’agenouille devant le vainqueur, preuve d’une nature soumise.

De nombreuses autres allusions cachées à l’hostilité d’un John Milius aux monothéismes, Milius qui expliquait à l’époque avoir voulu donner dans son Conan « une vraie vision du paganisme », émaillent le film. Une scène où Conan ivre assomme d’un coup de poing un chameau innocent doit s’interpréter comme un coup porté aux religions du désert. L’introduction du film est d’ailleurs sans ambiguïté, associant une citation d’Howard évoquant « les fils d’Aryas » [la citation commençant ainsi par « Between the Fall of Atlantis and the rise of the sons of  Aryas », ce dernier terme étant par la suite remplacé en « Arius » suite à des protestations], à  une citation de Nietzsche, « That which does not kill us makes us stronger ». 

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Ce film, qui ne se limite pas à l’heroic fantasy, repose en vérité sur une analyse philosophique non dénuée de profondeur, associée à une réflexion historique sur la christianisation de l’Europe ancienne et sur la religion en général, conforme à cette tradition historiographique introduite notamment par Machiavel et Voltaire et dont Nietzsche sera le défenseur acharné. Sa suite, « Conan the destroyer », en revanche sera l’antithèse même du premier film, un navet indéniable se limitant à la plastique de Maryam d’Abo et aux muscles d’Arnold, doté d’un scenario squelettique. Il faut dire que John Milius n’était plus à la manœuvre.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

03/04/2011

Pétition concernant la Hellfest, qu’en penser ?

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hellfest2011.jpgLe collectif, a priori d’obédience chrétienne, « Provocs Hellfest ça suffit », a mis en ligne ces derniers jours une pétition concernant le festival « Hellfest » organisé à Clisson du 17 au 19 juin 2011. Suite à la déprogrammation du groupe « Anal Cunt » en raison de paroles provocatrices, des organisations chrétiennes exigent davantage de censure de la part des organisateurs de ce festival metal. Ils reprochent à ce dernier la présence de groupes faisant la promotion de l’anti-christianisme, témoignant ainsi d’une relative méconnaissance de la culture « metal ».

En premier lieu, lorsqu’on commence à dénoncer l’expression de propos qu’on conteste, où définit-on la limite ? Ainsi, le collectif cite des extraits d’un titre du groupe Belphegor parmi lesquels on trouve « les chrétiens aux lions », c’est-à-dire une expression historique latine, christiani ad leonis, en usage dans l’empire romain, qui est bien sûr une allusion à l’opposition entre les autorités romaines « païennes » et les fidèles d’une nouvelle religion, le christianisme. En clair, dans ce conflit antique entre païens et chrétiens, ce groupe contestataire a voulu choisir a posteriori son camp.

Dans le nouvel album du groupe « pagan » Amon Amarth, le titre « Slaves of fear » évoque les concepts propres à la religion chrétienne, l’accusant « au nom de l’amour et de la tolérance » de s’appuyer sur « l’ignorance », de « condamner les guerres qu’elle crée au nom de son dieu », de « mentir avec des sourires calculés ». Un extrait indique la menace de pendre les prêcheurs à l’arbre d’Odin (Oden’s tree), ce qui est évidemment une remarque imagée, à ne certainement pas prendre au pied de la lettre. Notons qu’Amon Amarth ne sera pas présent à ce festival et que les autres titres de l’album évoquent uniquement les mythes de l’Asatru (crépuscule des puissances, combat d’Odin et de Thor contre les forces de destruction… etc). Faudrait-il interdire Amon Amarth de concert pour cette raison ?

Pour être très précis, il y a plusieurs années j’avais écrit un article exprimant mon hostilité totale au satanisme et à la musicalité « metal » lorsque celle-ci s’inspire de ces thèmes. En démocratie, lorsqu’on l’on veut protester contre des dérives, on ne les cautionne pas et, amateur de metal, je n’achèterai jamais d’albums, même si musicalement ils étaient de qualité, qui feraient la promotion de ces thèmes. Et bien évidemment, je n’irais pas écouter de groupes musicaux ayant fait ce choix. Mais je ne vois aucune raison en revanche que ceux qui soient davantage en accord avec leurs conceptions ou bien qui privilégient la musique sur l’idéologie supposée présente n’aient pas le droit de voir ces groupes en concert, si c’est leur choix, et dans la mesure où ce sont les seuls à en « bénéficier ».

Je trouverais parfaitement normal de protester vigoureusement si la retransmission du concert était présente sur une chaîne publique, si les enfants des écoles y étaient emmenés par leurs professeurs, et dans ce cas là, je soutiendrais la demande d’une plus grande vigilance quant aux groupes invités. Mais ce n’est pas le cas et personne ne sera obligé contre son gré d’assister à la Hellfest. En outre, parmi le public, rien n’interdit à certaines personnes de boycotter des groupes dont les propos les choqueraient et de le faire savoir.

Arkona+18.jpgDu point de vue qui est le mien de soutenir la promotion de thèmes européens, « païens », je suis bien sûr dérangé par le fait qu’on associe dans ce concert d’excellents groupes païens, qui se gardent de ces excès, à l’instar de Korpiklaani, Arkona, Skyforger, Turisas, Valient Thorr [« Thor le vaillant »], ou des groupes de metal symphonique de haute tenue, comme Therion ou Apocalyptica, avec des groupes aux noms provocateurs et dont les paroles me heurtent. Mais je ne vois pas de raison d’imposer mon avis à autrui, et je considère en conséquence qu’à partir du moment où ce festival ne saurait heurter de chrétiens, puisqu’ils ne s’y rendront pas, il n’y a pas de préjudice. Où est alors l’intérêt à agir ?
Si on commence à censurer des groupes sous prétexte qu’ils ne ménagent pas la religion chrétienne, qu’ils expriment leur hostilité à ses conceptions, qu’ils la caricaturent de manière outrancière, où va-t-on s’arrêter ? Va-t-on, comme l’ont demandé des groupes chrétiens italiens récemment, interdire le film « Agora », qui a ainsi été privé de salles en Italie à sa sortie ? Va-t-on interdire « Conan the barbarian » sous prétexte que le christianisme y est implicitement dénoncé ? Va-t-on demander au gouvernement de mettre à l’index l’ouvrage de Nietzsche intitulé « L’Antéchrist » ? Va-t-on censurer Voltaire pour avoir écrit « Ecr. l’Inf. » ?

Lettland_Skyforger.jpgJe peux comprendre que des européens chrétiens soient choqués par des propos qu’on ne saurait objectivement cautionner. Mais il faut comprendre derrière ces provocations le message qui est envoyé. Sans doute pas de la bonne manière, sans doute avec des excès regrettables. Ce message, c’est qu’il ne faut pas oublier que les adeptes des religions européennes traditionnelles, « païennes » ont été persécutés par les autorités chrétiennes à partir du règne de Constance II et que toute une historiographie, dont les ouvrages de l’historien Ramsay McMullen, a démontré la véracité de ces faits. Or, sur ces sujets, les autorités chrétiennes n’ont jamais pris position, n’ont jamais voulu le reconnaître, alors qu’elles l’ont fait pour d’autres religions. Cette nostalgie païenne peut s’exprimer intelligemment, de manière positive, comme le fait avec talent le groupe Arkona par exemple, qui défend les conceptions de la Rodnoverie, « foi indigène », terme désignant le néo-paganisme slave, sans avoir besoin de s’en prendre à une autre religion. Ou elle peut s’exprimer de manière immature et provocatrice, dans une approche négativiste, et cela donne des groupes comme ceux dont les pétitionnaires demandent l’interdiction.

Certains considèrent que le nom même de Hellfest serait une provocation. Ils semblent oublier que le terme même d’enfer vient des inferni latins, qui n’étaient que le nom du royaume des morts, sans connotation négative, et que le terme anglais de hell désigne une divinité germano-scandinave, Hel, présidant au royaume des morts (Helheimr).

Pour toutes ces raisons, et même si je désapprouve les provocations dont font preuve certains groupes musicaux qui seront présents à ce festival, dès lors qu’aucune personne n’est obligé d’y assister, où la liberté d’expression me paraît un droit fondamental à préserver et où je ne vois pas comment on pourrait mettre des limites à la censure à partir du moment où on entre dans un tel processus, je ne vois aucune raison de soutenir la démarche des promoteurs de cette pétition, et je considère que les milieux chrétiens se trompent de combat.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

[Nota Bene: photographies de la chanteuse russe Maria Arhipova, du groupe Arkona et du groupe letton Skyforger]

30/03/2011

A propos de Mayotte, du vocabulaire politique et de la laïcité

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the-parthenon.jpgLors de plusieurs soirées thématiques à caractère politique et/ou culturel organisées par Frédéric Taddeï dans le cadre de son émission quotidienne « Ce soir ou jamais », le problème de la laïcité a été abordé. C’est notamment le cas de l’émission de ce soir où le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, est confronté à des personnalités représentant les différentes religions dominantes en France aujourd’hui et s’opposant à la réouverture d’un débat sur la laïcité dans le contexte actuel.

L’accusation principale contre cette mesure gouvernementale repose sur l’idée qu’il y aurait une forme de « stigmatisation », le terme étant régulièrement employé ces dernières semaines, notamment par Nicolas Domenach lorsqu’il débat avec Eric Zemmour, des musulmans de France, victimes d’un néo-conservatisme d’obédience américaine dont le président français serait prétendument le vecteur ou le relai.

Si le gouvernement UMP était si « islamophobe », on pourrait par exemple s’interroger sur la départementalisation de Mayotte, musulmane à 97% , qui n’est pas la conséquence d’un souhait des mahorais mais d’abord la conséquence d’un référendum local, sans demander l’avis de la majorité des citoyens français, avec la promesse d’aides financières majeures en échange d’un oui, un oui à plus de 95% des voix qui rappelle les scores électoraux des dirigeants dans les régimes autoritaires. Les media, très pudiquement, n’osent pas dire la réalité anthropologique, et démographique, de Mayotte, de peur de faire découvrir aux français les caractéristiques dérangeantes de ce territoire africain arbitrairement à mon sens rattaché à un pays européen, en l’occurrence la France.

Ce qui est plutôt ironique, c’est que cette mesure de l’UMP, souhaitée par le président de la république, alors qu’il ne l’avait pas annoncée publiquement lors de sa campagne électorale, et qui n’a été dénoncée par aucun parti politique, même pas par le Front National, particulièrement silencieux sur ce point, n’a pas bénéficié aux candidats de l’UMP sur les cantons de Mayotte. En effet, comme dans les autres départements d’outre-mer, c’est la « gauche » qui s’impose, pour une raison bien évidente, à savoir qu’elle incarne l’assistanat social et également qu’elle est promotrice des politiques en faveur de la diversité, qui ne sont qu’une autre forme d’affirmative action. J’avoue avoir du mal à comprendre cette obsession qu’a la droite parlementaire d’augmenter artificiellement le nombre d’électeurs de « gauche ».

A l’issue d’élections cantonales qui se sont caractérisées par une augmentation significative du vote FN, Nicolas Sarkozy a souhaité lancer un débat sur l’islam, très vite renommé « sur la laïcité », qui suscite des réactions outragées du PS et des autorités religieuses. Le danger pour eux est la « stigmatisation » d’une population. Ce terme n’est pas innocent puisqu’il fait référence explicitement à la religion chrétienne, et tout particulièrement au sort de Jésus à Jérusalem. La victimisation de certaines populations, qui ainsi peut tout excuser, est manifestée par l’usage permanent de cette expression. On retrouve ici l’inversion des valeurs dénoncée à juste titre par Nietzsche, ce parti pris systématique pour le supposé faible, qu’on retrouve dans le christianisme antique, dans le catholicisme d’après Vatican II et aussi dans le gauchisme. Ce misérabilisme s’accompagne d’un profond mépris pour le peuple européen, le seul à ne pas avoir le droit d’être plaint et d’être aidé, cette fameuse « prolophobie » dénoncée récemment par le conseiller Buisson. Ceux qui sont méprisés, ce sont les travailleurs européens, accusés implicitement de soutenir les droites populistes, et eux seuls !

Par réaction à ce discours, Robert Ménard, dans l’émission préalablement évoquée, s’oppose publiquement à la construction de minarets et considère qu’il ne faut pas couvrir la France de mosquées. Il le fait selon la conviction qu’il faut respecter le caractère catholique de la France. D’autres parlent de valeurs judéo-chrétiennes pour signifier la même chose. Si on peut comprendre sa réaction, lui comme ses opposants ont oublié un élément fondamental, à savoir que l’identité religieuse de l’Europe n’est pas réellement le christianisme, mais bel et bien le paganisme. Rappelons que Noël n’est à l’origine que le solstice d’hiver, une fête dédiée au dieu du soleil, que Pâques dans sa version européenne est dédiée à la déesse de l’aurore (à Venus à Rome, à la déesse Ostara chez les Germains), que la Toussaint n’est autre que la Samhain celte en l’honneur des ancêtres morts.

Ainsi, la laïcité n’est pas, contrairement à ce que pense Jean-François Copé, une neutralité religieuse, la recherche d’un consensus ou d’un « mieux-vivre ensemble », et n’est pas vraiment non plus la laïcité anti-cléricale de 1905. Elle est d’abord la volonté qu’en Europe ce soient les valeurs européennes qui dominent, les valeurs européennes traditionnelles auxquelles le christianisme post-constantinien a été contraint de se soumettre. Ce n’est pas par respect du christianisme qu’il faut réactiver une « laïcité de combat » mais par respect de notre folklore, de nos traditions, de notre héritage. Et notre héritage est spirituellement païen. Bien évidemment, aucun représentant de la tradition spirituelle indigène, européenne, n'était invité.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

26/03/2011

Mythe n°7 : l’écriture est née à Sumer

« L’histoire est née à Sumer », tel était le titre du remarquable ouvrage du sumérologue Samuel Kramer, et il est vrai que les premiers documents de nature historiographique remontent à l’époque des cités-états de l’ancienne Mésopotamie asianique [ce terme désignant les populations non-sémitiques et non-indo-européennes de l’Asie mineure et par extension du Proche-Orient]. En revanche, il convient de s’interroger sur le fait de considérer les Sumériens comme les inventeurs de l’écriture puisqu’il est établi que l’écriture est apparue en Egypte postérieurement, probablement sous leur influence, l’apparition de l’écriture, plus tardive, en Chine, étant probablement indépendante. Notons par ailleurs que la langue sumérienne, agglutinante, n’est apparentée à notre connaissance à aucun des grands groupes linguistiques connus, et qu’il est probable que les Sumériens ne soient pas autochtones en Mésopotamie mais proviennent du nord du Caucase.

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Toutefois des inscriptions bien énigmatiques datées d’au moins le VIème millénaire et retrouvées dans la région balkanique de Vinca ont mis en doute la naissance de l’écriture chez les Mésopotamiens. Cette écriture dite de « Vinca », et qui n’a pu être déchiffrée de manière satisfaisante, présente toutes les caractéristiques de la retranscription écrite d’un langage. L’écriture à Sumer a été introduite pour des raisons économiques alors que l’écriture de Vinca, décrivant l’environnement naturel et les activités humaines, pourrait avoir une dimension davantage spirituelle.

Parmi les symboles en usage, on retrouve le soleil et la lune, dessinés de manière assez comparable avec ce qu’ont pu faire par la suite nos ancêtres, et des caractères qui pourraient s’apparenter à des nombres (au moins de 1 à 5 et probablement jusqu’à 100). On trouve en outre à de nombreuses reprises différentes formes de svastika et de sauvastika, y compris une qui rappelle les représentations baltes de ce symbole très ancien. Certains pictogrammes pourraient indiquer la maison, le village, le fleuve, la chasse, le ciel, la terre, le feu, certains animaux (cheval, cerf, chien, oiseau… etc) ou encore l’homme et la femme. On retrouve là les éléments de base des religions polythéistes et des sociétés villageoises.

Bien que cette langue ne soit pas déchiffrée par les spécialistes, ces différents éléments pourraient indiquer qu’il s’agit d’une écriture sacrée, ce qui expliquerait pourquoi elle n’a pas eu de descendance, à la différence de l’écriture cunéiforme ou de l’écriture linéaire. L’idée que cette écriture ait pu retranscrire une langue indo-européenne voire le proto-indo-européen lui-même n’est pas du tout à exclure. En allant plus loin, cette écriture était peut-être celle des prêtres indo-européens, les *bhlagmenês, honorant les divinités par l’utilisation de symboles sacrés.

Ce qui est évident à la vue des caractères composant l’écriture de Vinca, c’est qu’il s’agissait bien de la première forme d’écriture, bien avant les Sumériens, et qu’elle est née en Europe. Le mythe tenace selon lequel l’Europe, y compris néolithique, ne devrait son développement qu’à l’orient, le lux ex oriente, semble donc prendre du plomb dans l’aile. L’image d’Epinal selon laquelle l’agriculture viendrait de Mésopotamie et aurait été apportée par des migrants en Europe pourrait être la prochaine à s’effondrer.

Thomas Ferrier

25/03/2011

Indépendance immédiate pour Mayotte !

logo4c.pngAlors que la départementalisation officielle de Mayotte s'annonce imminente, suite à un référendum de 2010 où 97% des mahorais ont répondu "oui" à la question de la transformation en DOM (département d'outre-mer), référendum contre lequel très peu de gens en France s'étaient élevés [j'en faisais modestement partie, avec notamment Guy Sitbon pour "Marianne"], j'apprends que la République des Comores a réitéré une protestation vigoureuse contre cet acte caractérisé de néo-colonialisme et organisera demain une grande manifestation en ce sens. Les responsables comoriens rappellent qu'en 1975, à son entrée à l'ONU, les Comores comprenaient officiellement Mayotte. Rappelons à ce titre que l'ONU a plusieurs fois condamné la France à ce propos.

Alors que le sujet revient à nouveau dans l'actualité, je me suis informé des statistiques de 2000 concernant la population de Mayotte et là, je suis stupéfait. Je vous donne brutes de décoffrage les informations précises sur la composition démographique de cet île. Pour ceux qu'ils veulent vérifier, je les invite à consulter la page anglophone de Wikipedia concernant les Demographics of Mayotte.

La population de Mayotte est de langue mahoraise, qui est la langue des autres populations comoriennes. Cette langue, du groupe bantou, est apparentée au swahili. 35% seulement des mahorais parlent le français, 35% seulement !, qui est la langue officielle de l'île. A cela, il faut ajouter que 97% de la population, les 3% restants étant des français de souche, est musulmane, la sharia s'y appliquant encore récemment, ainsi que la polygamie.

Mayotte est une île qui subit une immigration clandestine massive, qui n'est en vérité une immigration que de nom car les habitants de Mayotte sont autant comoriens que les immigrants illégaux. C'est normal, en raison des avantages en matière d'aides sociales dont bénéficient les comoriens de Mayotte et dont sont privés les autres comoriens. La France crée ainsi naturellement un intense appel d'air lancé à toutes les populations afro-musulmanes de cet espace géographique.

Enfin, last but not the least, en 2000, le taux de natalité de la population de Mayotte était de... 6,33 enfants/femme, avec un taux d'accroissement démographique de 4% par an. 6,33 enfants par femme, c'est plus que le taux de natalité du Mali !

En conséquence, le PSUNE considère qu'en la matière la décolonisation n'a pas été finalisée et que c'est au mépris du droit international, au mépris de la volonté du peuple français, qui n'a pas été consulté ni convenablement informé, et au mépris des évidences, que Mayotte va devenir un département français.

Le PSUNE prend donc l'engagement de respecter la volonté populaire d'indépendance des Comoriens de 1975, ce qui implique que la départementalisation en cours de Mayotte est nulle et non avenue, et de soutenir le rattachement légitime de Mayotte à la République de Comores !

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

12/03/2011

Les élections d’après la crise : le cas irlandais

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Le premier ministre sortant, le corpulent Brian Cowen, était tributaire d’un bilan si calamiteux, bien qu’il en ait été autant victime que responsable, et de sondages si médiocres, qu’il a dû se résoudre à démissionner de ses fonctions, occasionnant un nouveau processus électoral, et surtout à ne pas se représenter. C’est donc sans véritable dirigeant, au creux de la vague, que le Fianna Fail, ce parti de droite libérale-conservatrice, se présentait dans les plus mauvaises conditions. Les sondages annonçaient un triomphe complet de l’autre grand parti du pays, lui aussi de droite, mais davantage centriste, le Fine Gael dirigé par Enda Kenny, annoncé comme futur premier ministre, et qui l’est devenu au moment où j’écris ces lignes.

Est-ce que les électeurs, « à la française », allaient jouer la carte de l’alternance, en récompensant l’opposition traditionnelle de ne pas avoir eu à gérer la crise et en sanctionnant le parti au pouvoir, comme ce fut le cas en Islande, ou bien, comme dans les sondages français où Marine Le Pen émerge, faire confiance à des formations plus contestées ?

Notons bien qu’à cette élection, le souverainiste et eurosceptique Declan Ganley, échaudé par son échec aux élections européennes, ne se présentait, de même qu’était absente la « Plateforme contre l’Immigration ». Si des nationalistes étaient bien présents, c’était ceux « de gauche » du Sinn Fein, « les Notres », de l’ulsterien Gerry Adams, désormais candidat dans la verte Erin et délaissant les terres sous contrôle britannique. Le Sinn Fein, qui n’est pas officiellement opposé à l’immigration, mais qui en revanche est farouchement hostile au processus d’intégration européenne, s’apparente davantage aux formes contemporaines de nationalisme breton ou de nationalisme basque, un nationalisme « para-gauchiste ». Enfin, les Travaillistes du « Labour Party », bien plus à gauche que leur équivalent anglo-saxon, se présentaient également, malgré l’existence d’une liste concurrente, l’ « Alliance de la Gauche Unie ».

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20/02/2011

Dieux et déesses indo-européens

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DSC_0022a.JPGPour reconstituer les noms et fonctions des divinités primordiales des Indo-Européens avant leur différenciation en sous-groupes, il faut associer comparatisme linguistique et comparatisme mythologique, car le premier ne fournit que des renseignements assez limités, ne permettant de retrouver qu’une petite dizaine de divinités originelles, notamment celles liées aux forces de la nature et aux astres. Une des raisons principales de cette difficulté tient au fait que les héritiers mythologiques de ces dieux et ces déesses n’ont pas forcément conservé leur nom principal, lui préférant celui d’une de leurs épiclèses ou « surnoms ». C’est notamment le cas du dieu de l’orage et de la guerre des peuples indo-européens.

Depuis les premiers travaux de linguistique comparée au XIXème siècle, tous les spécialistes du sujet s’accordent à reconnaître comme dieu principal des peuples indo-européens le dieu du « ciel-diurne », le souverain des dieux, le *dyeus *pater (gen. *diwos), que l’on retrouve sous la forme du Zeus grec, du Jupiter latin, du Tius germanique (devenu Tyr dans le monde scandinave), du Dievas lituanien ou encore du Dyaus védique. Néanmoins, même dans le cas de ce dieu suprême, certains peuples indo-européens ont choisi d’insister sur certains aspects de ce dieu céleste, soit en le rattachant au soleil (Svarog slave), soit à la lumière (Lugh celte). Dieu souverain du ciel de jour, père des dieux et des hommes (le grec « patêr tôn theôn kai tôn anthropôn »), époux de la terre nourricière, *dyeus *pater apparaît toutefois comme un dieu distant des hommes, éloigné de leurs préoccupations premières, et qui n’est même pas l’incarnation de la fertilité, puisque la pluie, qui est l’apanage du Zeus grec, n’était pas l’une de ses fonctions. C’est bien le ciel bleu, sans nuages, qu’il incarne, à l’instar du « loup bleu » des peuples Turcs, forme prise par leur dieu céleste Tanri. Ses animaux symboliques sont donc limités, il n’est même pas sûr que l’aigle, qu’on associe généralement à son héritier gréco-romain, lui soit originellement dédié.

Le second dieu en importance, mais premier dieu vraisemblablement dans le cœur de nos ancêtres, est le dieu de l’orage et de la guerre, qui est aussi le dieu du ciel intermédiaire « rouge », auroral et crépusculaire, nuageux et colérique. La vision qu’on peut avoir de ce dieu a été souvent altérée par le rôle exclusivement guerrier de l’Arès grec et du Mars romain, mais aussi par le fait que selon les peuples indo-européens il dispose de noms très variés, en raison des nombreuses épiclèses dont il disposait à l’époque primitive décrivant ses fonctions. Son nom originel semble bien être celui de *maworts (gen. *mawortos), qui a été conservé par les Romains sous les traits de Mars (auparavant Mavors), par les Indiens sous la figure de petites divinités belliqueuses, les Maruts, enfin par les Lettons sous celle du dieu mineur Martins, frère d’Usins, dédié à la protection des frontières. 

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19/02/2011

Zemmour condamné par une justice aux ordres

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280px-Eric_Zemmour.jpgQuoi qu’on puisse penser, en bien ou en mal, des déclarations controversées d’Eric Zemmour qui lui ont valu d’être mis en examen à la suite de plaintes déposées par diverses associations et aujourd’hui condamné à une peine certes symbolique mais officielle, la « Justice » française est sortie de sa mission qui est d’assurer la sécurité des citoyens et de faire respecter la loi. On attend de la « déesse aveugle » une totale neutralité, une indépendance certes du pouvoir politique, indépendance assurée par la constitution, mais aussi des idéologies politiques, ce qui est plus difficile à faire respecter.

Or si sur un plan institutionnel, la Justice française est officiellement indépendante, dans les faits, elle est au service de l’idéologie dominante, faite de commisération pour les criminels, victimes prétendues de notre société, et donc implicitement de mépris pour les véritables victimes, ce qui relève d’un mélange d’inversion chrétienne des valeurs et de marxisme. Le criminel est une victime, le loup est un agneau, « heureux les simples d’esprit ».

Après le meurtre tragique de la jeune Laetitia, le président de la république a dénoncé des manquements de la part des autorités judiciaires, avant de se rétracter suite à un mouvement social de la part des magistrats, ceux-ci dénonçant le manque de moyens et d’effectifs, ce qui n’est certes pas inexact. Mais alors, oserais-je dire, si vous avez trop de travail, pourquoi encombrer les tribunaux de procès concernant ce qu’il faut bien appeler des délits d’opinion. Vous manquez de temps, vous avez trop de dossiers ? Alors, que les procureurs refusent de se saisir des plaintes d’associations non représentatives envoyant au tribunal tel ou tel quidam pour un mot de trop, pour une phrase maladroite, pour une opinion qui leur déplaît.

Et si on libérait les tribunaux de tous ces procès pour « abus de liberté d’expression », concept infâme s’il en est, comme si la liberté d’opinion et d’expression devait être limitée ? Patrick Klugman, qui se réjouissait de la condamnation d’Eric Zemmour, ne disait-il pas au sortir du tribunal que la liberté d’expression devait être encadrée. Dans ce cas, un prisonnier est libre, puisqu’il a le droit de parcourir ses 10m2 de cellule. La réalité est tout autre, à savoir que la liberté d’opinion et d’expression devrait être totale, à la seule exception de la diffamation à l’égard d’une personne clairement identifiée, non pas d’une généralité sur un ensemble de personnes non identifiées ou une communauté théorique.

Eric Zemmour n’a fait, selon ses défenseurs, dont l’ancien ministre de l’intérieur Jean-Pierre Chevènement, que dire tout haut ce que tout le monde sait et tait, de peur de se retrouver dans la même situation que le polémiste de France 2 et de RTL. Que cela soit exact ou pas n’a en l’occurrence aucune importance. La question est : avait-il le droit de le dire ? J’affirme qu'il devrait avoir ce droit, et que si ce droit lui est refusé, c’est que la liberté d’expression est assassinée. En prenant la défense de Zemmour, c’est la démocratie que l’on défend. Les oligarches, politiques, économiques, médiatiques, veulent confisquer la parole et s’arroger en démopèdes, sans légitimité pour ce faire, sans non plus la dignité qu’on attend d’un enseignant.

Eric Zemmour a-t-il été condamné au nom de la justice ? Non, il l’a été au nom de la raison d’état, au nom de l’idéologie dominante, dont les juges n’ont été que les zélés collaborateurs. Il l’a été car il fallait qu’il soit condamné, de peur que des officines totalitaires crient à l’impunité, de peur que d’autres européens osent dire à haute voix ce que Zemmour avait affirmé. Bien sûr Zemmour va faire appel, il n’est d’ailleurs pas sûr qu’il soit à nouveau condamné, mais l’exemple a été fait. Le procureur dans son réquisitoire avait d’ailleurs appelé à une peine symbolique.

Alain Finkielkraut avait dénoncé l’anti-racisme comme le communisme du XXIème siècle, une idéologie totalitaire fondée sur des dogmes totalement déconnectés du réel. En URSS, on envoyait les dissidents au goulag puis finalement en hôpital psychiatrique. En Allemagne, l’ignoble Freisler se chargeait de condamner au pire ceux coupables de combattre de l’intérieur un régime inique. En France pseudo-démocratique, on se limite à condamner à des amendes, afin de financer des associations anti-républicaines, et parfois à une peine de prison lorsque le coupable attaque un dogme plus sensible qu’un autre. Mais la même matrice idéologique est à l’œuvre, à savoir la haine de la liberté d’un homme de dire sa vérité.

Qu’il ait eu sur le fond raison ou tort, il avait raison de le dire puisqu’il le pensait. Et pour cela, Zemmour est condamné, et par sa condamnation, ce sont tous les européens qui sont condamnés. C’est pourquoi le PSUNE propose la mise en place d’un « premier amendement » européen garantissant la liberté d’opinion et d’expression. Désengorgeons nos tribunaux d’affaires qui ne méritent pas de s’y trouver, chassons les idéologies de la justice afin qu’elle soit au service de tous et pas au service des sensibilités et du puritanisme de quelques officines ou de quelques puissants.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

15/02/2011

A propos de la chute de Moubarak

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moubarak,egypte,psuneJ’écrivais ceci dans la journée de mercredi :

« Il est certain que les Etats-Unis ont lâché Moubarak, mais c’est un signe de faiblesse et non de force. Ils ne font plus l’événement, ils tentent de sauver les meubles. Dès lors que Moubarak était vacillant, il devenait gênant et il fallait penser à une solution de revanche.

Bien sûr, les Etats-Unis ont un moyen de pression sur l’armée égyptienne, laquelle bénéficie de subventions américaines. Comme ils ont lâché Moubarak, l’armée le lâchera aussi.

C’est la suite qui est difficile à prévoir. Probablement l’armée jouera-t-elle un rôle important. Sans doute jusqu’à imposer le successeur provisoire de Moubarak, peut-être jusqu’à faire un coup d’état si la situation devient trop instable. Quoi qu’il advienne, il faudra aussi compter avec le pouvoir de la rue, tant que des élections ouvertes n’ont pas eu lieu ou si ces élections se révèlent décevantes.

Bref, face à une rue qui a compris sa force, on voit mal les nouveaux gouvernants prendre une position trop ouvertement en faveur de la paix avec Israël. Par conséquent, on voit mal les Etats-Unis continuer longtemps de subventionner l’Egypte. S’ils ne le font pas, la situation économique, déjà mauvaise sous Moubarak, maintenant affaiblie par la baisse au moins provisoire du tourisme, va se dégrader rapidement.

Il en est qui sont prêts et n’attendent que cela. Ce sont les frères musulmans. Jusqu’ici ils se sont montrés remarquablement discrets. Si le chaos s’installe, ils prendront les rênes.

Comme le dit notre secrétaire général, les islamistes ont déjà gagné. Cela fait même un moment. On ne peut pas tenir un pays avec un dictateur vieillissant qui donne des gages à l’Occident. La stabilité en Egypte ne peut venir que de la volonté des Egyptiens. S’ils avaient une Europe forte comme modèle en face d’eux, non pas à imiter mais à concurrencer, peut-être chercheraient-ils des voies moins suicidaires que l’islamisme. »

Ce samedi, l’actualité s’est précipitée, mais ce que j’ai écrit reste essentiellement de mise. L’armée a joué un rôle déterminant, puisqu’elle prend le pouvoir provisoire, et, derrière elle, se dessine l’action des Etats-Unis, sans doute un peu trop prompts à démontrer qu’ils ont tiré les ficelles, jusqu’à annoncer un peu trop tôt l’issue.

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Justice, enseignement, pourquoi faire ?

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2003-6-14-justice1.jpgCe jeudi 10 février 2011, les enseignants se mettent en grève alors que juges et magistrats le sont depuis quelques jours.

Il y a des points communs dans le divorce qui se manifeste entre les gouvernements de droite d’une part et les personnels de la justice et de l’éducation de l’autre, corporations qui sont tenues par la gauche ou tout au moins par une idéologie fortement marquée à gauche.

Dans les deux cas, les gouvernants de droite laissent faire, autant que ceux de gauche, mais en réagissant parfois vertement en paroles, comme hier avec Gilles de Robien pour les méthodes de lecture ou aujourd’hui avec Nicolas Sarkozy à propos de la libération des condamnés dangereux. Evidemment l’opinion est davantage frappée par l’épouvantable meurtre d’une jeune personne que par la montée de l’analphabétisme. La réaction politique est alors plus violente. La réaction en retour des juges l’est naturellement en proportion.

L’excuse et la revendication sont toujours les mêmes. Ce sont les manques de moyens qui empêchent les juges d’application des peines de faire leur travail. Or une récente émission d’Yves Calvi sur la chaîne Arte a montré que le problème était ailleurs. Un juge nous a parlé de la pile des dossiers roses demandant un suivi et de celle des dossiers verts pouvant en être dispensés. Le dossier du meurtrier présumé était dans la seconde pile. Simplement parce qu’il apparaissait comme coupable d’une simple insulte envers un magistrat. Alors peu importe le nombre des juges si le problème est de nature idéologique. La justice veut totalement blanchir ceux qui ont fait leur peine. Alors que les dossiers croulent sous les pages des actes, elle s’interdit de disposer de cette petite fiche qui mentionnerait les faits graves commis dans le passé, les alertes des experts.

« La justice fait la charité avec le sang des autres », comme l’a rappelé Didier Gallot, vice-président du tribunal de grande instance des Sables d’Olonne. Ce n’est pas la protection des victimes potentielles qui l’intéresse. Elle poursuit l’illusion de la « réinsertion obligatoire », laquelle n’a pourtant jamais fonctionné.

Elle agit ainsi, avec le sentiment de travailler correctement, parce qu’elle s’efforce de « traiter tous les dossiers », parce que ne veut surtout pas distinguer « l’essentiel de l’accessoire », parce qu’elle voudrait rattraper tous les méfaits de la société.. Elle ne s’intéresse plus à ces « fauves », qu’il y a encore quinze ans le juge le plus laxiste n’aurait jamais laissé sortir. Elle s’intéresse au moins autant à des « délinquants routiers » qui sont 6800 à encombrer nos prisons.

C’est une erreur fondamentale sur le rôle de la justice que l’on commet avec une idéologie de cette nature. Il faut une justice non pas pour donner à des fautifs un certificat de rédemption, mais pour permettre à la société de vivre pacifiquement, pour protéger les gens honnêtes, pour éviter autant qu’il est possible les crimes dont ils pourraient être victimes et la vengeance incontrôlée qui pourrait les animer.

On retrouve le même genre d’erreurs en matière d’éducation. Il ne s’agit plus de former des citoyens libres parce qu’éduqués. Il ne s’agit plus que de donner confiance en eux-mêmes à des illettrés. Avec ce genre d’objectif, c’est l’inverse qu’on obtient.

On ne s’intéresse pas au plus grand nombre, seulement à ceux à qui la scolarité ne conviendrait pas. En évitant par tous les moyens de peiner, fût-ce légèrement, ces derniers, on en vient à dégoûter tous les autres. C’est ainsi qu’on a supprimé les redoublements, l’orientation sélective et peu à peu les notes.

Pourtant la machine tourne à plein. Les enseignants sont les premiers à souffrir. D’année en année, on accumule les matières nouvelles dans les programmes de la scolarité obligatoire et, dans chaque matière, sous couvert de modernité, on diversifie jusqu’à l’infini les approches et les contenus. Le résultat est qu’on n’apprend presque plus rien à personne. Surtout, faute de distinguer « l’essentiel de l’accessoire », on ne s’intéresse plus à l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul. Et, quand on prétend malgré tout le faire, on s’interdit toute efficacité presque par principe.

L’école aussi est censée corriger tous les problèmes de la société. Le résultat est qu’elle ne s’acquitte plus de sa fonction fondamentale, celle d’instruire.

De même qu’on pourrait à la limite se passer d’une justice laissant sortir des fauves, on pourrait se passer d’un enseignement qui n’enseigne plus.

Peter Eisner (PSUNE/LBTF)