Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/04/2015

Elections législatives en Finlande : victoire du centre sur la droite

http://thomasferrier.hautetfort.com/media/01/00/449511605.3.png

flag-finland-XL.jpgEn 2011, les conservateurs du KOK (« Parti de la coalition nationale ») étaient le premier parti du pays. Même s’ils ne reculent au final que de 3% en 2015, ils perdent néanmoins six députés et surtout ne sont plus premier. C’est désormais le mouvement centriste KESK (Suomen Keskusta ou « Centre ») qui remporte le titre et devrait composer le prochain gouvernement.  Avec 21% des voix environ et 49 sièges, même s’ils devront trouver des alliés, qui pourraient être les populistes du Perussuomalaiset (« Parti des Finlandais »), ils s’imposent. Les « Vrais Finlandais » du PS, le mouvement de Timo Soini donc, régressent toutefois, perdant 1.5 points et 1 siège. Avec 17.6% des voix, contre 19.1% en 2011, ils demeurent néanmoins le troisième parti du pays, mais réalisent aussi une contre-performance par rapport aux élections européennes.

Les sociaux-démocrates (SDP) avec 16.54% des voix et 34 sièges sont également les grands perdants de ces élections. Un phénomène de vote utile en faveur des centristes a pu jouer contre eux. Ils perdent 2.4 points et 8 sièges. Les Verts (Vihreä Liitta) n’en profitent pas. Avec 7.6% des voix et 14 sièges (+4), ils conservent presque le même niveau qu’en 2011 (+0.3 pts). De même, l’Alliance de Gauche (VAS) est aussi en recul avec 7.3% (-0.8 pts) et 12 sièges (-2). La gauche stricto sensu représente néanmoins 60 sièges. Sa division est donc mortifère.

A droite, les chrétiens-démocrates stagnent à 3.5% (-0.6 pts) et 5 sièges (-1) tandis que les formations eurosceptiques ou nationalistes, en dehors des Perussuomalaiset, sont au plus bas, 0.5% pour le Parti de l’Indépendance (+0.4 pts toutefois) et 0.2% pour le mouvement anti-immigration Muutos 2011 (M11). Les Pirates obtiennent 0.8% des voix (+0.2) et sous la rubrique « autre » (Muut) on trouve 0.6% des voix et 1 siège.

Mouvement très minoritaire représentant les Suédois, le RKP (Parti populaire suédois) obtient 4.9% (+0.6 pts) et 11 sièges (+2). Difficile pour ce parti de faire mieux, compte tenu de son créneau « identitaire ». Mais il réussit à rassembler son camp dans une écrasante proportion.

Au final, on peut constater que les sondages étaient à peu près exacts, même si les Perussuomalaiset ont obtenu un résultat un peu meilleur que ce qu’ils pouvaient espérer, minimisant leur recul. A la différence des « Démocrates Suédois », ils sont néanmoins bien moins diabolisés et pourraient être associés au pouvoir, même si la presse leur reproche d’exprimer des manifestations de nette hostilité à l’égard notamment de plusieurs milliers de réfugiés somaliens musulmans, dans un pays qui reste encore très massivement indigène (européen). Et ils s’inscrivent désormais durablement dans le paysage politique finlandais.

Le « Centre » a obtenu environ 7% de plus qu’en 2011, venant de la droite (-3) comme de la gauche (-3) et de manière plus limitée des populistes (-1). Cette victoire, je le précise, est néanmoins celle d’un parti qui a fait 22% des voix. On est très loin d’un succès exceptionnel. C’est l’avantage toutefois du système proportionnel, qui oblige à composer avec des forces parfois assez éloignées idéologiquement. Juha Sipilä, le dirigeant du KESK, devrait devenir le prochain chef du gouvernement, à la tête d’une coalition qui reste encore à créer.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

19/04/2011

Elections finlandaises : le succès des « Vrais Finnois »

bandeauedito3.png

PS.jpgLes élections législatives finlandaises du 17 avril 2011 permettent d’analyser la situation de l’opinion dans un pays membre de l’Union Européenne, dans le contexte de la crise économique, de la crise de l’euro (€) et de l’impuissance caractérisée des institutions de l’Union Européenne. On le voit notamment dans le domaine de la gestion de l’immigration clandestine en provenance d’Afrique, des dérives en matière de droit d’asile, et des conflits de frontières, notamment franco-italiens, à l’intérieur de l’espace Schengen. En outre, les politiques de libéralisme économique et de restriction des dépenses rendent l’Union Européenne impopulaire. Le mythe de la souveraineté économique et sociale liée à la souveraineté politique a la vie dure.

Dans ce contexte, conformément aux sondages, le parti nationaliste des Perussuomalaiset ne pouvait que triompher. Mal traduit en français par « Vrais Finlandais » par des journalistes peu ou mal informés, il signifie en réalité « Vrais Finnois », cette expression insistant donc sur la composante ethno-linguistique et non sur la nationalité. Le PS de Timo Soini, son dirigeant très populaire dans l’opinion de son pays, sympathique et bon vivant, a donc confirmé les sondages qui annonçaient le dynamisme de son parti. En 2007, il ne recueillait que 4.1% des voix mais disposait, dans un pays pratiquant la proportionnelle, de 5 députés. Aujourd’hui, avec 19% des voix, il progresse de presque 500%, ce qui est considérable. Il obtient 39 députés, soit 34 députés de plus, en quatre ans. Les sociaux-démocrates, en léger recul de 2.3 points, n’obtiennent que 19.1% des voix, presque à égalité avec le PS.

Le mouvement des Perussuomalaiset défend une triple xénophobie. En premier lieu, il s’oppose à la présence de migrants extra-européens, la cible privilégiée étant 8000 somaliens musulmans venus en Finlande par le biais du droit d ‘asile. Leur prétendue intégration, vantée par des journalistes occidentaux, ne tient pas face à une statistique montrant qu’un viol sur deux commis à Helsinki est dû à des étrangers. Au contraire, la population finlandaise est particulièrement hostile à leur présence sur son sol. En second lieu, Timo Soini s’oppose clairement à l’Union Européenne, souhaitant que son pays s’en sépare ou tout au moins revoie à la baisse les sommes allouées par la Finlande à ses institutions. Enfin, les Perussuomalaiset s’en prennent implicitement aux minorités européennes non-finnoises, en particulier les Suédois, dont la langue est obligatoire à l’école, ce que conteste Timo Soini, les Lapons et les travailleurs russes. En revanche, le Parti de l’Indépendance, partisan d’un départ de l’Union Européenne, échoue avec seulement 0.1% des voix.

Qualifié par certains analystes de parti de centre-gauche, même si son opposition à l’immigration le fait qualifier d’extrême-droite par certains journalistes française, le parti des Perussuomalaiset, qui n’éprouve aucune nostalgie pour les mouvements fascistes finlandais des années 20 et 30 (Lapua et IKL), laissant cela à des mouvements radicaux extrêmement minoritaires, défend le service public, la juste répartition des revenus et le modèle social finlandais. En clair, comme la plupart des mouvements populistes, ce parti en vient à défendre une forme nationale de socialisme, vantant l’état protecteur pour ses citoyens nationaux.

Malgré un recul de près de deux points, le Parti de la Coalition Nationale, conservateur, obtient néanmoins 20.4% des voix, ce qui en fait le vainqueur dans un pays où la tradition veut que le premier ministre soit issu du premier parti en nombre de voix et d’élus. Avec 44 sièges, malgré une perte de six sièges par rapport à la mandature sortante, les conservateurs ont réussi à dominer légèrement le scrutin.

Le grand perdant est le Parti du Centre, dont était issu le premier ministre sortant, qui avec 15.8% recule de plus de sept points, et n’obtient que 35 députés (- 16). Ce désaveu a amené sa dirigeante à renoncer à toute ambition politique au sein d’une future coalition.

Un autre trait intéressant de cette élection est qu’à l’exception du Parti Pirate, qui obtient 0.5% des voix pour une première candidature, tous les autres partis régressent. L’Alliance de Gauche, proche de l’extrême-gauche, recule faiblement, conservant un capital de 8.1%, alors que les trois grands partis reculent dans une proportion de 2 à 7.3%. Malgré les évènements de Fukushima, qui ont dopé le score des Verts dans les dernières élections de Länder en Allemagne, la Ligue Verte finlandaise perd 1.7% des voix à 7.2%, ce qui constitue pour eux un sévère échec.

Les enseignements de ce scrutin restent les mêmes que pour les différentes élections en Europe depuis plusieurs années, à savoir un rejet d’une Union Européenne trop libérale, destructrice des acquis sociaux de chaque pays, et trop ouverte à une immigration incontrôlée. Ce rejet aboutit à une forme d’europhobie non seulement à l’égard des institutions de l’UE mais aussi des autres européens, alors que les motivations des électeurs ne visent en vérité que les populations extra-européennes. Cependant, pour manifester leur mécontentement, les électeurs sont contraints de voter pour des partis qui confondent les deux populations, européennes et non-européennes, sous le vocable d’ « immigrés ». On constate le même phénomène en France avec le Front National, son électorat étant motivé par la présence de populations allogènes alors même que le parti est davantage sur une ligne europhobe. Il y a donc un décalage complet entre les aspirations « socialistes » et allogénophobes de leur électorat et la ligne europhobe de ces mouvements populistes.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE