Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

01/01/2016

2015 : année du drame identitaire et de l’autisme gouvernemental.

http://thomasferrier.hautetfort.com/media/02/02/356790240.4.png

who.JPGLes mots-clé de 2015 en France, c’est « Charlie », « Bataclan », « Front National » et « Corse ». Le mot-clé de 2015 en Europe, c’est la crise migratoire. Tous ces mots illustrent à eux seuls l’effondrement du système politique en place depuis 1945, et depuis 1990 pour ce qui concerne l’Europe centrale et orientale. A l’affrontement entre un bloc atlantiste et un bloc soviétique a suivi la domination sans partage du mondialisme né de la victoire finale du premier camp sur le second. Ce mondialisme d’essence totalitaire, reposant sur un certain nombre de mythes et de (non-)valeurs, et notamment sur le caractère positif des phénomènes migratoires contemporains, a engendré en conséquence des réactions identitaires, certaines légitimes et d’autres qui le sont moins.

Les dirigeants d’Europe occidentale l’ont tous à un moment ou à un autre reconnu. Le modèle multiculturaliste (« multikulti ») a échoué sur toute la ligne. Il ne pouvait en être autrement. Promu uniquement par une classe politique sans cervelle, ou corrompue moralement, il n’a jamais reçu l’assentiment des peuples, bien au contraire. Cette idéologie de l’hyper-classe est même totalement déconnectée du réel.

Jusqu’à présent, le système en place taisait ses méfaits ou les présentait même contre tout bon sens comme des vertus. Malgré les émeutes de 2005 en France et celles de 2010 au Royaume-Uni, et malgré les évènements tragiques de l’année 2015, il maintient ses postulats de principe. Il ne veut pas reconnaître son impact en matière de criminalité, préférant cacher le nom des coupables alors qu’il n’a pas d’état d’âme à afficher le visage des victimes. Tout l’appareil étatique et tous les media, dont la veulerie quotidienne montre qu’ils sont à sa botte, ce qui est indigne dans une prétendue démocratie, assènent les « vérités » d’une caste protégée dans ses tours d’ivoire ou du moins qui se croit protégée. Quant aux victimes de cette barbarie d’importation, qu’on ose nous présenter comme endogène, elles ne comptent pas, une fois qu’a eu lieu l’instrumentalisation de leur mort par un pouvoir en berne dans les sondages mais sans scrupule.

Il suffit de songer à la façon dont les migrations clandestines massives que l’Europe subit, et de manière démultipliée en 2015, sont traitées par le pouvoir politico-médiatique. Au lieu de se prémunir contre des flux migratoires non désirées, de mettre en place des dispositifs dissuasifs, nos gouvernants ne font rien. Ils déplorent parfois le phénomène, tout en prônant un fatalisme démoralisateur, mais préfèrent culpabiliser les Européens, leur faisant porter le poids d’une responsabilité qui n’est pas la leur. Angela Merkel (CDU) a même tenu un discours suicidaire en évoquant un devoir moral justifiant d’accueillir concrètement n’importe qui sur le sol allemand pour peu qu’il se présente comme un « réfugié ». Alors qu’une extrême minorité parmi les personnes concernées, et notamment les chrétiens de Syrie et d’Irak, pourrait concrètement être considérée comme menacée au point de devoir tout abandonner, et ce sont ceux d’ailleurs qui n’ont reçu aucune aide, les autres profitent du laxisme de nos dirigeants pour s’engouffrer dans la brêche. Leur motif est purement économique et d’ailleurs l’appel du patronat allemand en leur faveur ne doit pas tromper.

En outre, au nom de quoi il serait le devoir de l’Europe de payer le prix des égarements coupables du Moyen-Orient. Pourquoi les richissimes pétro-monarchies du Golfe Persique ont-elles le droit de les refuser, et d’ailleurs ceux-ci ne cherchent même pas à se présenter à leur porte, mais que les Européens n’auraient pas le droit en revanche de leur indiquer la leur ? Mais ce droit, on leur refuse, on nous le refuse. Nous devons subir et avec le sourire ce que nous sommes en droit et que nous devrions même être en devoir de refuser. Et pour nous contraindre à accepter cette injustice, des images extraites de la propagande turque sont exploitées pour nous culpabiliser davantage. Voilà Hollande et Merkel contraints par leur lâcheté de « négocier » en position de soumission avec le tyranneau d’Ankara pour que celui-ci veuille bien garder sur son territoire plusieurs millions de migrants. Pourtant ce n’est pas Poutine, qu’on sanctionne économiquement, qui encourage bien au contraire les fous d’Allah de l’Etat Islamique, mais bien Erdogan. Mais c’est avec ce dernier qu’on pactise à coups de milliards d’euros pourtant durement gagnés par les travailleurs européens. Et on ose même relancer le processus d’adhésion de ce pays asiatique et musulman à une construction européenne en panne.

Les conséquences de cette folie collective qui atteint nos dirigeants ne se sont pas faits attendre. Elles se sont manifestées en premier lieu dans les urnes. Le Front National a été le premier bénéficiaire de cette crise identitaire. A tort ou à raison, il est présenté par les partis du système en place comme son adversaire principal, voire même unique, et donc comme sa seule alternative sérieuse. Avec près de 28% des voix aux élections régionales de décembre 2015, le FN a fait retentir un véritable coup de tonnerre dans un ciel calme. Au premier tour il était même en mesure sur le papier d’emporter plusieurs régions.

A coups d’amalgames fallacieux, de manipulations médiatiques attisant des peurs irrationnelles et d’un matraquage quotidien pendant une semaine, le pouvoir en place a empêché le FN de gagner la moindre région. Alors que la menace qu’il représente est fictive, et qu’il est bien loin lui-même de remettre en cause tous les paradigmes qui ont amené la France et l’Europe à la situation actuelle que nous connaissons, et notamment ces principes universalistes qu’on ose mensongèrement présenter comme « républicains », nous avons eu droit à « Hitler ad portas ». Si le programme du FN sur l’Europe est mauvais et repose sur une mythologie souverainiste, ce n’est pas sur ça que la critique a porté. Le FN a été présenté comme le « parti de la remigration », ce qu’il n’est plus depuis les années 1990, à supposer qu’il l’ait jamais été, et c’est aussi l’une des raisons de son succès. On lui prête donc un crypto-programme qui n’est pas le sien mais qui correspond  en revanche à celui de ses partisans.

Les évènements récents de Corse illustrent également ce décalage entre la théorie multiculturaliste et la réalité identitaire. Alors que les régionalistes corses ont connu un beau succès électoral, des citoyens de Corse ont décidé de mettre fin à la zone de non-droit d’Ajaccio, suite à l’agression dont des pompiers furent victimes par des bandes organisées « issues de la diversité ». Ce sont bien sûr eux qui sont mis en accusation par les pouvoirs publics, alors que les coupables de la lâche attaque initiale courent toujours. Et les figures régionalistes corses font profil bas, admettant les poncifs universalistes d’un régime qu’ils prétendent combattre. Difficile en effet d’émanciper la Corse de la tutelle « jacobine » en reprenant tous les dogmes de cette dernière. Encore une fois, les « élites » politiques donnent tort au peuple dont ils président aux destinées alors que c’est lui qui, en démocratie, est normalement le seul souverain.

Elites mondialisées contre peuples identitaires. Voilà la vraie opposition en Europe. Et à un moment donné, le peuple finit toujours par se faire entendre et à se doter des chefs que le système en place lui refuse. Si les réactions identitaires actuelles sont légitimes mais débouchent sur des impasses politiques, électorales ou non d’ailleurs, cela ne durera qu’un temps.

Les leçons tragiques de 2015 n’ont pas été retenues ni même apprises par les dirigeants de la France et de l’Union Européenne. En conséquence elles sont amenées à se répéter en s’aggravant et ce seront là encore les Européens qui en seront les premières victimes. Mais nous ne pouvons pas attendre de salut de la part de ceux-là même qui nous ont mis dans cette situation. Les maux du système en place disparaîtront avec ceux qui l’ont installé.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

19/04/2015

Elections législatives en Finlande : victoire du centre sur la droite

http://thomasferrier.hautetfort.com/media/01/00/449511605.3.png

flag-finland-XL.jpgEn 2011, les conservateurs du KOK (« Parti de la coalition nationale ») étaient le premier parti du pays. Même s’ils ne reculent au final que de 3% en 2015, ils perdent néanmoins six députés et surtout ne sont plus premier. C’est désormais le mouvement centriste KESK (Suomen Keskusta ou « Centre ») qui remporte le titre et devrait composer le prochain gouvernement.  Avec 21% des voix environ et 49 sièges, même s’ils devront trouver des alliés, qui pourraient être les populistes du Perussuomalaiset (« Parti des Finlandais »), ils s’imposent. Les « Vrais Finlandais » du PS, le mouvement de Timo Soini donc, régressent toutefois, perdant 1.5 points et 1 siège. Avec 17.6% des voix, contre 19.1% en 2011, ils demeurent néanmoins le troisième parti du pays, mais réalisent aussi une contre-performance par rapport aux élections européennes.

Les sociaux-démocrates (SDP) avec 16.54% des voix et 34 sièges sont également les grands perdants de ces élections. Un phénomène de vote utile en faveur des centristes a pu jouer contre eux. Ils perdent 2.4 points et 8 sièges. Les Verts (Vihreä Liitta) n’en profitent pas. Avec 7.6% des voix et 14 sièges (+4), ils conservent presque le même niveau qu’en 2011 (+0.3 pts). De même, l’Alliance de Gauche (VAS) est aussi en recul avec 7.3% (-0.8 pts) et 12 sièges (-2). La gauche stricto sensu représente néanmoins 60 sièges. Sa division est donc mortifère.

A droite, les chrétiens-démocrates stagnent à 3.5% (-0.6 pts) et 5 sièges (-1) tandis que les formations eurosceptiques ou nationalistes, en dehors des Perussuomalaiset, sont au plus bas, 0.5% pour le Parti de l’Indépendance (+0.4 pts toutefois) et 0.2% pour le mouvement anti-immigration Muutos 2011 (M11). Les Pirates obtiennent 0.8% des voix (+0.2) et sous la rubrique « autre » (Muut) on trouve 0.6% des voix et 1 siège.

Mouvement très minoritaire représentant les Suédois, le RKP (Parti populaire suédois) obtient 4.9% (+0.6 pts) et 11 sièges (+2). Difficile pour ce parti de faire mieux, compte tenu de son créneau « identitaire ». Mais il réussit à rassembler son camp dans une écrasante proportion.

Au final, on peut constater que les sondages étaient à peu près exacts, même si les Perussuomalaiset ont obtenu un résultat un peu meilleur que ce qu’ils pouvaient espérer, minimisant leur recul. A la différence des « Démocrates Suédois », ils sont néanmoins bien moins diabolisés et pourraient être associés au pouvoir, même si la presse leur reproche d’exprimer des manifestations de nette hostilité à l’égard notamment de plusieurs milliers de réfugiés somaliens musulmans, dans un pays qui reste encore très massivement indigène (européen). Et ils s’inscrivent désormais durablement dans le paysage politique finlandais.

Le « Centre » a obtenu environ 7% de plus qu’en 2011, venant de la droite (-3) comme de la gauche (-3) et de manière plus limitée des populistes (-1). Cette victoire, je le précise, est néanmoins celle d’un parti qui a fait 22% des voix. On est très loin d’un succès exceptionnel. C’est l’avantage toutefois du système proportionnel, qui oblige à composer avec des forces parfois assez éloignées idéologiquement. Juha Sipilä, le dirigeant du KESK, devrait devenir le prochain chef du gouvernement, à la tête d’une coalition qui reste encore à créer.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

26/01/2015

Elections législatives en Grèce – Victoire de Syzira ou la démagogie triomphante.

http://thomasferrier.hautetfort.com/media/01/00/449511605.3.png

syriza_logo.jpgLes derniers sondages indiquaient une forte poussée de Syriza, la formation de gauche radicale d’Alexis Tsipras, ces derniers jours. Ce dimanche, elle est confirmée. A 89% du dépouillement, les grandes tendances sont connues et ne devraient évoluer qu’à la marge.

Syriza obtient près de 36.4% des voix et 149 sièges, manquant de peu la majorité absolue à 151 sièges. Le parti pourrait néanmoins l’obtenir dans les prochaines heures si la tendance générale se poursuit. C’est une nette victoire pour ce mouvement considéré comme l’équivalent du Front de Gauche de Mélenchon en France. Ce dernier s’est d’ailleurs plus ou moins attribué ce résultat, sans qu’il ait participé de quelque manière que ce soit à la campagne électorale.

La Nouvelle Démocratie du premier ministre sortant Antonis Samaras a connu en revanche une sévère déconvenue, avec moins de 27.9% des voix et 76 sièges, ce qui malgré tout n’est une chute que de deux points par rapport à 2012. Syriza en revanche a obtenu près de dix points de plus. Ce résultat peut s’expliquer aisément, on le verra.

Le PASOK, la gauche sociale-démocrate historique, avec 4.7% des voix environ, sauve de justesse sa tête et conserve 13 députés. Mais il continue sa descente aux enfers, puisqu’en 2012 il obtenait encore 12.3% des voix. Il a été littéralement avalé par Syriza, ce qui implique néanmoins un recentrage de ce dernier, car il n’y a pas eu 35% de vote gauchiste en Grèce.

L’Aube Dorée (Hrysi Afgi), qui avait été quasiment démantelé par le gouvernement, avec ses principaux dirigeants arrêtés sous de graves accusations, obtient 6.3% des voix et 17 sièges. C’est moins que ce que certains sondages annonçaient et moins que les 6.9% obtenus en 2012. Dans un contexte où les électeurs ont voulu donner leur chance à Syriza, le résultat n’est pas calamiteux. Les Grecs Indépendants, souverainistes de droite, perdent en revanche beaucoup de voix, passant de 7.5% à 4.7% des voix et 13 députés (contre 20 en 2012). Le LAOS reste aussi insignifiant qu’en 2012 avec 1% environ des voix. Sa disparition à brève échéance paraît inévitable.

Les communistes du KKE progressent légèrement avec 5.5% des voix (contre 4.5% en 2012) et obtiennent ainsi 15 députés, tout comme les centristes et modérés de « To Potami », nouveau venu, qui réalisé avec 6% des voix et 17 sièges un score honnête pour une première élection. Socialistes dissidents (2.4%) ou centristes alternatifs de l’Union des Centres (1.8%) échouent à atteindre la barre fatidique des 4% donnant droit à une représentation nationale.

Syriza est donc en mesure de gouverner le pays, malgré un programme économique parfaitement démagogique, et inapplicable, malgré le fait de ménager l’Eglise et les riches armateurs, qui n’ont pas subi la crise, malgré un programme en matière d’immigration parfaitement délirant par son laxisme débridé. Le parti devra néanmoins s’associer pour gouverner, probablement avec le KKE si celui-ci joue le jeu, mais certainement pas avec le PASOK, durement fragilisé.

Le résultat de Syriza est dû essentiellement à la logique gauche/droite. Avec l’élimination du PASOK, Syriza incarne la gauche face aux conservateurs de Nouvelle Démocratie. Ceux-ci sont au pouvoir depuis 2012 et ont dû appliquer des mesures de restriction budgétaire particulièrement draconiennes, engendrant bien sûr une forte impopularité en retour. Le sérieux de leur gouvernance a déplu à beaucoup d’électeurs. Ceux-ci se sont imaginé que la victoire de Syriza permettrait au moins de desserrer l’anneau. Je crains qu’ils ne se soient trompés.

Il n’y a pas de solution nationale à cette crise que connaît la Grèce, mais que connaît à des degrés divers toute l’Europe, même la Russie. Seul un pouvoir européen fort et légitime pourrait obliger les mondialistes à plier le genou devant elle. La Grèce serait ainsi sauvée et l’Europe avec elle.

Les promesses déraisonnables de Syriza rappellent les promesses du candidat socialiste en France en 2012. Ils ne feront pas le dixième de ce qu’ils ont annoncé, surtout s’ils veulent maintenir la Grèce dans la zone euro. Entre l’euro et leurs prétendues idées, ils devront choisir.

L’échec programmé de Syriza montrera définitivement aux Européens l’utopie d’un salut « national », qu’il soit promu par l’extrême-gauche ou par l’extrême-droite. Le soutien implicite du FN et de DLR à Syriza, soutien contre nature, uniquement motivé par une UE-phobie de principe, risque d’avoir un effet boomerang. Si rien ne change, et rien ne changera, leurs propres « solutions » perdront beaucoup en crédibilité.

Thomas FERRIER (PSUNE)