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12/12/2016

La gauche ex-communiste et affairiste triomphe en Roumanie.

PSD.pngLe Parti Social-Démocrate (PSD) mené par Liviu Dragnea s’est imposé à l’issue des élections législatives du dimanche 11 décembre. La victoire est convaincante, le PSD obtenant 45,44% des voix à la Chambre des Députés, et 45,68% au Sénat, ce qui devrait lui permettre de construire autour de lui une coalition de pouvoir. Le mouvement ALDE (libéraux-démocrates), allié de centre-droite de cette formation de gauche, obtient 5,62% au Parlement et 6,04% au Sénat, passant ainsi la barre fatidique des 5%. Les deux réunis seront donc majoritaires aux deux chambres.

La droite représentée par le Parti National Libéral (PNL) échoue dans sa volonté de remettre en question la position dominante du PSD. Avec 20,01% des voix au Parlement et 20,41% au Sénat, il est largement distancé, incapable de bâtir une coalition de gouvernement stable.

Le mouvement indépendant USR (« Union pour sauver la Roumanie ») réussit une percée avec 8,81% au Parlement et 8,89% au Sénat, obtenant ainsi la place de troisième parti du pays. Les électeurs de l’USR sont notamment ceux dégoûtés par les scandales de corruption qui ont touché le PSD, mais qui ne l’ont pas empêché de s’imposer.

Le PMP (Parti du Mouvement du Peuple), qu’on peut classer comme social-conservateur et pro-européen, avec 5,32% au Parlement et 5,65% au Sénat, passe aussi la barre des 5%. Il bénéficie là encore du désaveu des deux principaux partis roumains, et notamment du PNL qui n’a pas réussi à convaincre les électeurs qu’il représentait une alternative.

L’UDMR, qui représente la minorité hongroise, obtient 6,25% des voix au Parlement et au Sénat. Ce vote ethnique se maintient à chaque élection, les Hongrois de Roumanie privilégiant massivement ce mouvement identitaire. C’est lui aussi un partenaire naturel du PSD.

L’extrême-droite, qui il y a encore un peu plus d’une décennie, pesait jusqu’à 20% des voix (19,48% aux législatives en 2000 et même 28% aux présidentielles avec Corneliu Vadim Tudor la même année), s’est effondrée. Le Parti de la Roumanie Unie (PRU), fondé par un ancien social-démocrate (Bogdan Diaconu) annoncé par certains sondages au-dessus de la barre des 5%, a été victime d’un vote utile et n’a obtenu que 2,79% au Parlement et 2,95% au Sénat. Le Parti de la Grande Roumanie (PRM) disparaît totalement avec 1,05% au Parlement et 1,18% au Sénat. Emil Straianu, qui a hérité du mouvement de Tudor, n’aura pu qu’accompagner son irrésistible déclin.

Là est le paradoxe électoral de l’Europe. En Europe occidentale, les partis populistes de gauche comme de droite progressent chaque année davantage. En Europe centrale et orientale, où ils pesaient jadis, c’est un phénomène contraire. De la Croatie à la Bulgarie, de la Pologne à l’Estonie, le populisme recule. Seule la Hongrie fait figure d’exception, avec le Fidesz d’Orban qui tient tête à l’Union Européenne, et avec le Jobbik jugé infréquentable par les partis nationaux-populistes de l’ouest.

Les années Siderov (Ataka) en Bulgarie et Tudor (PRM) en Roumanie sont terminées, en attendant que d’autres mouvements nationalistes n’émergent à nouveau. La gauche ex-communiste, même à la tête d’alliances baroques, pèse encore et a su se créer de nouvelles allégeances.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

17/10/2016

Elections parlementaires 2016 au Monténégro

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Milo-Đukanović1.jpgLe Parti Démocrate des Socialistes (DPS-LP) de Milo Djukanovic (image), dirigeant incontesté du Monténégro depuis l’indépendance en 2006, a remporté une fois de plus les élections législatives dans son pays. Néanmoins, avec 41,1% des voix, il n’obtient que 35 sièges sur 81 (+4), ce qui implique de recevoir le soutien d’au moins une formation politique. Représentant d’une gauche modérée, alliée au PSE au niveau européen, dans un pays qui ne compte que 600 000 habitants et qui est peu attractif concernant les flux migratoires, le DPS a un bon bilan économique, ce qui explique son maintien au pouvoir.

Le Front Démocratique, mené par Mandic, coalition hétéroclite à dominante nationale-conservatrice, libérale et néanmoins pro-européenne, a priori toutefois nettement plus favorable à la Russie de Poutine que le DPS, avec 20,6% des voix et 18 sièges (-2), échoue une fois de plus à menacer son adversaire principal.

La coalition de la Clé (Kljuc) de Lekic, union de partis de gauche, qui espérait également bousculer le parti au pouvoir, avec 10,7% et 9 sièges (-2) échoue elle aussi. Un vote utile destiné à offrir une majorité au pays explique à lui seul cet échec. Seule une large alliance anti-DPS pourrait changer la donner. Ce ne sera pas pour 2016.

Le mouvement du Monténégro Démocratique (DCG) de Becic, nouvelle formation politique, avec 10,5% des voix et 9 sièges, fait son entrée au parlement. Son succès explique aussi la stagnation des deux autres coalitions anti-DPS. La volonté de renouvellement de la classe politique par les électeurs monténégrins a permis ce résultat, qui reste toutefois bien fragile.

La gauche libérale-européenne du SDP (sociaux-démocrates) avec 5,4% des voix et 4 sièges (2) reste marginale mais pourrait représenter un partenaire de coalition pour le DPS, de même que les SD qui ont obtenu 3,2% des voix et 2 sièges. Cela forme bien les 6 sièges manquants pour que le DPS soit reconduit aux affaires.

Les mouvements ethniques pourraient également rejoindre une telle coalition. Le Parti Bosniaque avec 3,3% des voix obtient 2 sièges, tandis que le mouvement des Albanais obtient 0,9% des voix et 1 siège, ce qui est aussi le cas des Croates du HGI avec 0,5% des voix et 1 siège. En revanche, divisés entre modérés et durs du SRS, les Serbes ont obtenu en tout 0,4% des voix et aucun siège. Les autres mouvements albanais (DSA 0,5%) et bosniaques (BDZ 0,3%) n’auront pas d’élus.

Enfin le PCG (Positivna Tsrna Gora ou « Monténégro positif ») avec 1,3% des voix perd toute représentation nationale (-3).

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

30/10/2014

Elections ukrainiennes 2014 : la sortie des sortants.

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Ukraine,élections parlementaires,2014,Porochenko,Arseniuk,SvobodaEn deux ans, le phénomène Euro-Maïdan et la fuite du président sortant Yanoukovitch ont modifié en profondeur la situation politique de l’Ukraine. Le tandem président/premier ministre, Porochenko/Arseniuk, à peine constitué, des élections anticipées qui se sont déroulées ce dimanche ont bouleversé la répartition des sièges à la Rada.

A 99,7% du dépouillement, les résultats quasi définitifs sont désormais connus et s’ils confortent l’équipe en place, ils mettent surtout fin à l’époque politique précédente.

En 2012, le Parti des Régions, qui a boycotté cette élection, l’emportait avec 30% des voix, offrant à l’ancien président Yanoukovitch une majorité confortable. Le parti de Ioutchenko, « Notre Ukraine », président antérieur, n’avait obtenu que 1,1% des voix. Le mouvement Batkivchina d’Ioulia Timochenko était le premier parti d’opposition avec 25,6% des voix. A droite et à gauche s’opposaient le parti nationaliste Svoboda (10.5% des voix) et les communistes du KPU (13,2% des voix). En 2012, le Parti Radical d’Oleg Lyachko devait se contenter d’1,1% et d’un siège unique. Enfin UDAR, le mouvement démocrate de Vitali Klitchko obtenait 14% des voix, devenant le troisième parti du pays.

Cette opposition, une fois le président Yanoukovitch renversé, a été balayée par les électeurs ukrainiens. Sous la forme du Bloc d’Opposition, faux nez du Parti des Régions, ce mouvement n’a obtenu que 9,4%, ce qui est néanmoins un score pas si mauvais, en sachant que les régions rebelles de l’est du pays et la Crimée n’ont pas voté. Batkivchina, le parti de Timochenko, n’obtient en 2014 que 5,7% des voix, soit seulement 0,7% de plus que la barre requise de 5% pour avoir des élus au scrutin proportionnel. Klitchko a quant à lui complètement disparu.

Le Front Populaire (ou « National ») du premier ministre Arseniuk est devenu en revanche le premier parti du pays, avec 22,2% des voix environ. Il devance d’une courte tête le Bloc du président Petro Porochenko, qui obtient 21,8% des voix. Autant dire que ces deux partis ont vocation à s’entendre. A priori, Arseniuk ouvrirait également la coalition au Parti Radical d’Oleg Lyachko, qui a obtenu 7,5% des voix, contre à peine 1% deux ans auparavant. Ce mouvement nationaliste modéré, pro-européen, connaît une progression significative.

Les communistes du KPU sont balayés, avec seulement 3,9% des voix. Ils perdent ainsi toute représentation nationale. Les électeurs ukrainiens ont peu apprécié les nostalgies soviétiques qui ont pu s’exprimer notamment dans l’est du pays.

Nouveau venu, le mouvement chrétien-démocrate Samopomitch (« Aide par soi-même ») avec 11% des voix remplace avantageusement UDAR. Il pourrait rejoindre la coalition qui tente de se mettre en place à l’issue du résultat. La gauche « sociale-démocrate » en revanche a disparu.

C’est au niveau du camp nationaliste que les cartes ont été redistribuées. Le succès du Parti Radical a asphyxié électoralement Svoboda, « Liberté », qui passe de 10,5% des voix en 2012 à 4,7% des voix en 2014, perdant toute représentation proportionnelle. Svoboda parvient néanmoins à sauver six députés au scrutin majoritaire, fort de quelques fiefs que le parti a su conserver. De même le Secteur Droit (Pravyi Sektor) de Dmytro Yaroch n’obtient que 1,8% des voix mais réussit au scrutin majoritaire à faire élire son dirigeant avec plus de 29% dans un district de Dniepropetrovsk. Les autres nationalistes, nationaux-démocrates du NDPU (0,07%) ou nationalistes du KUN (0,05%), sont largement marginalisés. Le recul significatif de Svoboda montre en tout cas que ce mouvement s’est usé dans les affrontements contre l’ancien pouvoir.

Au final, les vainqueurs de Maïdan remportent largement l’élection, mais le Parti des Régions n’a pas vraiment disparu même s’il est très affaibli. On a vu qu’en deux ans les cartes avaient été redistribuées. Porochenko et Arseniuk sont néanmoins attendus au tournant par les électeurs ukrainiens qui ont tendance à brûler le jour ceux qu’ils ont encensés le jour précédent. L’opposition traditionnelle au pouvoir pro-russe est en revanche laminée, à l’image du mouvement de Timochenko. De nouveaux venus émergent et les remplacent.

En tout cas, l’alibi russe selon lequel l’Ukraine a été victime d’un coup d’état fasciste tombe, en constatant que les partis nationalistes « durs » se sont effondrés.

 

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

14/09/2014

Elections législatives suédoises, une victoire sociale-démocrate et un succès nationaliste

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Coat_of_arms_of_Sweden_(Lesser).svg.pngA un peu plus de 97% du dépouillement, les Suédois ont rendu leur verdict en donnant au parti social-démocrate (AP-SP) 31,1% des voix. Il remporte donc les élections, même s’il devra établir une coalition avec deux autres mouvements de gauche, et sans doute se trouver un allié supplémentaire issu de l’ancienne coalition de droite, désormais écartée du pouvoir.

Avec respectivement 5,7% et 6,8% des voix le Parti de Gauche (Vänsterpartiet) et les écologistes (Gröne) conservent à peur près leurs résultats de 2010, avec un léger tassement pour le second. Ils devraient néanmoins s’associer aux sociaux-démocrates. Cela ne sera pas le cas de l’Initiative Féministe (FI) qui avec 3,1% rate son entrée au parlement.

Le centre-droit est sanctionné après huit ans de pouvoir. Le mouvement des Modérés avec 23,2% subit un net revers (-6.8), annoncé dans les sondages mais certainement accentué en outre par la progression des populistes. Le Parti du Centre (Centerpartiet) avec 6,4% (-0.4) et les Libéraux Populaires (Folkpartiet Liberalerna) avec 5,4% (-1.7) sont également en net recul même si l’un et l’autre parviennent à sauver leur groupe parlementaire. Les chrétiens-démocrates (KD) obtiennent quant à eux 4,6% des voix (-1.0 point). Le résultat de la droite est donc nettement insuffisant pour espérer bâtir une coalition stable, à moins de s’ouvrir aux populistes.

Les nationalistes et/ou populistes du parti Sverigedemokraterna (Démocrates Suédois) connaissent en revanche un véritable succès, dans la droite ligne de leurs bons résultats aux élections européennes. Ils passent ainsi de 5,8% à 13% (+7.2), plus que doublant leurs résultats de 2010. Même si les grands partis ont annoncé qu’ils refuseraient toute alliance avec les SD, cela n’a pas empêché leur progression, supérieure même à ce qu’avaient annoncé tous les instituts de sondages, dont aucun ne les mettait à 12%. La formation de Jimmie Akesson confirme donc sa montée en puissance, empêchant toute coalition d’être majoritaire au parlement, gauche comme centre-droit.

Un gouvernement autour du parti social-démocrate, mené sans doute par son dirigeant, Kjell Löfven, dominant ces élections mais avec seulement un peu plus de 30% des voix, se mettra donc très vraisemblablement en place, mais il ne sera pas cohérent, tributaire du soutien indispensable de la gauche dure et aussi des écologistes pour se maintenir, et sans doute des libéraux. Ce n’est donc pas une franche victoire et les Sverigedemokraterna y sont certainement pour quelque chose. En effet, la droite en tout obtient 39,4% des voix alors que la gauche en obtient 43,6% et ne l’emporte donc que de quelques points. Les SD seraient donc « faiseurs de roi » et pourraient permettre à la droite de se maintenir, mais cette dernière s’est engagée à refuser cette possibilité, maintenant un cordon sanitaire autour d’un parti qui pourtant se recentre, sans être victime d’une expression plus radicale, le Parti des Suédois (Svenskarna Parti) ayant probablement fait un score très faible [les résultats des petits partis ne sont pas encore connus à cette heure]. Il avait obtenu 0.01% des voix en 2010.

Le résultat des Démocrates Suédois domine largement les débats de la presse suédoise ce soir, au moins autant que la victoire sociale-démocrate, largement attendue, mais plus limitée que prévue. La Suède joue désormais, comme en France, un jeu à trois bandes. Cela s’explique notamment par la crise identitaire que subit le pays, des zones de non-droit comme à Malmö faisant régulièrement parler d’elles. Les SD d’une manière très aseptisée reprennent ce thème mais en adoptant une vision « multikulti » modérée, l’acceptation de populations non-européennes respectueuses du pays d’accueil et non la vision identitaire du parti dans ses plus jeunes années.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

07/04/2014

Hongrie : joueur Orban joue encore !

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orban.jpgLes élections parlementaires de ce dimanche 6 avril 2014 devaient décider de la composition de la nouvelle assemblée hongroise, après quatre ans de gouvernement de droite, mené par Viktor Orban, aux affaires. La presse annonçait une victoire indiscutable du premier ministre sortant, dont l’ampleur n’était pas en revanche très nette. Dans un contexte où le jeu se jouait à quatre partis, les autres faisant de la figuration, sans oublier les partis représentant les minorités, le suspens était limité. Néanmoins, les sondages semblent avoir surestimé le Fidesz d’Orban.

Avec 44.54% des voix, le Fidesz remporte une élection jouée d’avance, mais avec une perte de 8.2 points en quatre ans, ce qui indique une certaine lassitude des électeurs, sans remettre en cause la prépondérance du parti au pouvoir, en raison notamment d’une forte prime dévolue au vainqueur. Dans un parlement désormais à 199 places, le Fidesz dispose de 133 sièges, soit les 2/3 de l’assemblée, un résultat largement suffisant pour voter les lois d’une manière confortable, avec une majorité des plus stables.

La coalition Összefogas (Unité) autour du parti social-démocrate (MSZP) mené par Attila Mesterhazy (et Ferenc Gyurczany en n°2) réussit un score honorable avec 25.99% des voix et obtient ainsi 38 sièges dans la nouvelle assemblée. Ce score, supérieur à celui annoncé par les sondages, reste néanmoins modeste en raison notamment de plusieurs scandales financiers touchant d’anciens dirigeants du parti. Par ailleurs, si la tête de liste est nouvelle, les vieux de la vieille comme Gyurczany sont toujours présents. C’est malgré tout un échec, moins déshonorant toutefois qu’en 2010.

Le Jobbik était annoncé aux alentours de 16% dans les sondages, soit un score proche des 16.67% obtenus en 2010. Par un recentrage tactique, qui aurait pu décontenancer certains électeurs, le Jobbik réussit un score en nette progression, avec 20.54% des voix (+ 3.87), bénéficiant du vote de déçus du Fidesz ou de gens choqués par les scandales, et disposera de 23 sièges.

Loin derrière, la liste libérale et démocrate LMP obtient 5.26% des voix et 5 sièges. C’est un score inespéré dans le contexte électoral actuel. Le LMP sera la dernière formation à entrer au parlement.

C’est un échec pour le Munkaspart (Parti des Travailleurs), néanmoins en progression, avec 0.58% des voix, devant une liste centriste (KTI, 0.22% des voix), la liste autour de Maria Seres (0.45%) ou encore le Parti des Verts (Zöldek Partja) avec 0.37% des voix. Enfin, les listes représentant les minorités (tziganes et roms, allemands, slaves, arméniens, grecs…) ont obtenu en tout environ 0,6% des voix et ne disposeront d’aucune représentation.

Malgré un mode de scrutin très favorable, le Fidesz recule dans l’opinion, une érosion logique car Orban s’use au pouvoir, même s’il reste extrêmement populaire. Il n’a pas réussi à marginaliser le Jobbik qui reste la 3ème force, même s’il n’a pas réussi à passer devant la gauche. Le repositionnement de ce parti, jugé néanmoins trop radical aux yeux de l’extrême-droite occidentale pour se coaliser avec elle à l’issue des élections européennes, semble avoir payé. La gauche, qui tend à imiter ses partis frères de l’ouest, peine à s’imposer alors que le conservatisme à coloration chrétienne de Orban résiste.

La seule surprise est donc ce recul modéré du Fidesz accompagné d’une progression mesurée de l’extrême-droite. Rien ne change vraiment. Sans refondation, on voit mal la gauche en 2018 triompher.

Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)

18/09/2011

Elections en Lettonie : la gauche progresse mais la droite triomphe

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TBLNNK VL2.jpgAlors que les précédentes élections législatives datent de moins d’un an, les citoyens lettons étaient invités ce samedi à renouveler leur parlement. Entre temps, au-delà de la crise politique, la crise économique a touché le vieux continent. Le parti au pouvoir, Vienotiba, « Unité », a obtenu ainsi 18.83% des voix contre 31.22% il y a un an. Il paye au prix fort la situation générale du pays, reculant de plus de douze points. C’est le parti de gauche, socialiste et pro-russe, Centre de l’Harmonie, qui avec 28.37% des voix est le grand vainqueur du scrutin, progressant ceci dit seulement de 2.4% environ. Il bénéficie d’un très bon report de voix des nombreux russophones du pays, soucieux de s’opposer aux discriminations dont ils ont le sentiment d’être victimes de la part de la droite.

Parti de centre-droit, réunissant des écologistes et des agriculteurs, l’Union des Verts et des Paysans est également l’un des grands perdants du jour, passant en un an de 19.68% des voix à 12.22% (-7.46, -38%). En revanche, un nouveau parti de droite modérée, le Parti de la Réforme, avec 20.82%, connaît un succès également important, qui lui offre probablement le pouvoir, dans le cadre d’une future coalition avec Unité. Enfin, le parti réformiste LPP/LC s’effondre également, passant de 7.65% des voix à seulement 2.42%, perdant ainsi toute représentation parlementaire.

Enfin, les nationalistes de la coalition « Alliance Nationale » (Nacionala Apvieniba) triomphent dans les urnes, passant de 7.67% des voix en 2010 à 13.88% en 2011, soit une progression de pas moins de 81%. Ils gagnent en outre six sièges supplémentaires.

En nombre de sièges, le Centre de l’Harmonie (SC) obtient 31 sièges mais ne dispose d’aucun allié. En revanche, la coalition de droite obtient de son côté 55 sièges, ce qui lui permet d’obtenir une majorité sans avoir besoin du soutien de la droite nationaliste (14 sièges), et ce malgré l’effondrement du parti sortant. Le vote ethnique, russe à gauche, letton à droite, explique pour beaucoup cette dichotomie entre les deux principaux courants d’opinion du pays. La progression du vote nationaliste s’explique aisément par le climat politique et économique global du pays, mais témoigne également d’une montée de l’europhobie.

12/03/2011

Les élections d’après la crise : le cas irlandais

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Le premier ministre sortant, le corpulent Brian Cowen, était tributaire d’un bilan si calamiteux, bien qu’il en ait été autant victime que responsable, et de sondages si médiocres, qu’il a dû se résoudre à démissionner de ses fonctions, occasionnant un nouveau processus électoral, et surtout à ne pas se représenter. C’est donc sans véritable dirigeant, au creux de la vague, que le Fianna Fail, ce parti de droite libérale-conservatrice, se présentait dans les plus mauvaises conditions. Les sondages annonçaient un triomphe complet de l’autre grand parti du pays, lui aussi de droite, mais davantage centriste, le Fine Gael dirigé par Enda Kenny, annoncé comme futur premier ministre, et qui l’est devenu au moment où j’écris ces lignes.

Est-ce que les électeurs, « à la française », allaient jouer la carte de l’alternance, en récompensant l’opposition traditionnelle de ne pas avoir eu à gérer la crise et en sanctionnant le parti au pouvoir, comme ce fut le cas en Islande, ou bien, comme dans les sondages français où Marine Le Pen émerge, faire confiance à des formations plus contestées ?

Notons bien qu’à cette élection, le souverainiste et eurosceptique Declan Ganley, échaudé par son échec aux élections européennes, ne se présentait, de même qu’était absente la « Plateforme contre l’Immigration ». Si des nationalistes étaient bien présents, c’était ceux « de gauche » du Sinn Fein, « les Notres », de l’ulsterien Gerry Adams, désormais candidat dans la verte Erin et délaissant les terres sous contrôle britannique. Le Sinn Fein, qui n’est pas officiellement opposé à l’immigration, mais qui en revanche est farouchement hostile au processus d’intégration européenne, s’apparente davantage aux formes contemporaines de nationalisme breton ou de nationalisme basque, un nationalisme « para-gauchiste ». Enfin, les Travaillistes du « Labour Party », bien plus à gauche que leur équivalent anglo-saxon, se présentaient également, malgré l’existence d’une liste concurrente, l’ « Alliance de la Gauche Unie ».

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