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16/07/2011

14 juillet : Eva Joly doit-elle remonter dans son knörr ?

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D_big_lodz_2_20060508_0907[1].jpgUn député UMP sur twitter, tout comme Jean-Pierre Castaldi sur RMC par boutade, propose à Eva Joly « de retourner en Norvège » suite à sa proposition de supprimer le défilé militaire du 14 juillet pour le remplacer par un défilé citoyen. Le premier ministre François Fillon a même jugé que Mme Joly n’avait pas « une culture très ancienne des valeurs françaises ». Alors que la « gauche » avait dénoncé elle aussi, mais avec des mots différents, cette proposition de la candidate écologiste, elle prend aujourd’hui sa défense face à un gouvernement qui fustige en elle une binationale, avec des accents sensiblement proches de ceux de Marine Le Pen, en croisade contre la binationalité. Il est vrai qu’Eva Joly n’était pas obligée de surjouer sur la « France métissée » et de se présenter en bonne mondialiste comme franco-norvégienne. Elle a certes ajouté qu’elle était européenne, mais n’a pourtant pas choisi de jouer sur cette partition, d’où le retour de flammes qu’elle subit aujourd’hui.

Précisons clairement que la candidature d’Eva Joly est légitime sur le principe bien que nous soyions opposés à une grande partie de son projet et de sa vision du monde. Eva Joly nie l’européanité du peuple français et de sa culture, en faisant la promotion explicite des minorités importées. Elle s’attaque aux assises énergétiques du pays par son hostilité à l’énergie nucléaire qui nous permet de disposer d’une énergie à un coût raisonnable pour les classes populaires et de moins dépendre des énergies fossiles et donc des pays du golfe persique. Elle soutient le mariage homosexuel et l’adoption qui l’accompagne. Elle est également partisane de l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne.

Mais force est de constater que sa proposition a suscité des réactions nationalistes et xénophobes tout à fait pathétiques. Nous ne sommes pas surpris par la réaction outragée de Marine Le Pen ; on n’en attendait pas moins d’elle, persévérant dans sa volonté aberrante de ne pas vouloir distinguer flux migratoires intra-européens et extra-européens. Mais que le premier ministre de droite soit amené à défendre une position qui est fondamentalement europhobe, comme si de prétendues « valeurs françaises » différaient de supposées « valeurs norvégiennes », est significatif. Entre une « gauche » de plus en plus mondialiste, donc de plus en plus coupée des réalités françaises et européennes, et une droite qui se sent obligé de faire dans le nationalisme europhobe de crainte de perdre des électeurs en faveur du Front National, ce qui est une erreur de jugement, la situation politique du pays est inquiétante.

Alors que l’€ est attaqué, que la crise financière frappe de plein fouet les maillons les plus faibles de l’Union Européenne (Irlande, Grèce, Portugal), au lieu de défendre un véritable projet européen, la droite au pouvoir fait dans le fétichisme national.

Analysons plus précisément, comme tous auraient dû le faire, la proposition d’Eva Joly. Elle propose de supprimer le défilé militaire du 14 juillet. Suite aux réactions, elle a affiné sa remarque, en expliquant qu’elle n’était pas opposée au principe d’un défilé militaire, mais que le 8 mai ou le 11 novembre lui paraissaient plus adaptés. Elle maintient en revanche son idée d’un défilé civil le 14 juillet, défilé dont certains imaginent ironiquement qu’il ressemblerait à une « gay pride » ou à une « love parade ».

Mais pourquoi ne pas aller au bout du raisonnement ? Pourquoi conserver le 14 juillet, tout simplement ? Il n’est pas obligé de vouloir à tout prix maintenir une fête créée en 1880 par la troisième république dans le contexte de la revanche, suite à la défaite de 1870 et à la perte de l’Alsace-Moselle. A l’heure où notre avenir est européen, et c’est ce que prétendent encore défendre la « gauche » et la droite, pourquoi conserver des fêtes rappelant les guerres du passé ?

En tant que socialiste européen, le PSUNE propose donc de déplacer le défilé militaire français à une autre date, le 9 mai ou le 11 novembre, et je précise bien le 9 mai (journée de l’Europe), et de l’intégrer à un véritable défilé militaire européen, comprenant des représentants des forces armées de tout le continent, ouvert à la Russie, et ayant lieu dans une capitale européenne différente chaque année. Il faut que l’armée française soit un symbole de réconciliation entre européens et non pas des divisions passées. C’est ainsi que nous pourrons honorer les soldats français, et en même temps qu’eux les soldats de toute l’Europe, pour leur courage.

A un moment donné, il faut savoir être cohérent. Quand on se prétend « européen », et à plus fortes raisons partisan d’une Europe politique, il faut le démontrer par des actes et des propositions qui l’attestent. Une fois de plus, la droite classique, au lieu de rebondir dans un sens européen par rapport à une proposition médiocre de Mme Joly, médiocre car non réfléchie, sans enjeux, avec une pointe d’anti-militarisme béat et de gauchisme militant, a préféré réagir de manière outrée en s’entourant du drapeau bleu-blanc-rouge au lieu du drapeau bleu étoilé.

Oui, le projet politique d’Eva Joly, et avec elle d’Europe Ecologie – Les Verts, est à combattre. Oui la pseudo-écologie verte, que Frédéric Nihous appelle à juste titre « l’écologie punitive », doit être démasquée, et notamment le mensonge sur le nucléaire, et le crypto-gauchisme de leur démarche, en matière sociétale. Il est à combattre car appliqué il serait néfaste pour la France, néfaste pour l’Europe. Mais il doit être combattu avec intelligence. Mme Joly est européenne, elle a le plein droit de se présenter aux élections présidentielles, et non Mme Joly ne descend pas de son drakkar, pour reprendre l’expression qu’elle a employée. Elle aurait d’ailleurs dû parler de knörr, ce qui prouve que née norvégienne, elle a acquis les mêmes expressions erronées que les français (1). Elle a aussi le droit de faire cette proposition et cette dernière doit être critiquée objectivement et pas en ayant recours à des envolées patriotiques ridicules et dépassées de la part des hommes et femmes politiques de notre pays.

(1) Comme l’a souvent expliqué le professeur Régis Boyer, spécialiste du monde viking, le mot « drakkar » qui signifie plus ou moins « dragon », la proue du navire étant souvent décorée de ce motif, ne désigne pas le bâteau des vikings. Le bon terme est knörr.

08/05/2011

Le patriotisme européen contre l’europhobie !

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2408923518.jpg9 mai, fête de l’Europe ! Oui, mais elle n’est un jour férié dans aucun état membre, à la différence d’un 8 mai par exemple, qui symbolise certes la victoire sur une idéologie criminogène mais aussi la division en deux et pour un demi-siècle du continent européen. Comment les européens pourraient-ils s’identifier véritablement à leur continent, à cette union politique si malmenée en ce moment, à ses symboles ? Comment peuvent-ils exprimer concrètement leur européanité, que les mondialistes leur nient par ailleurs au nom d’une « citoyenneté » du monde totalement imaginaire ?

Pour s’opposer à cette vague d’europhobie qui s’abat sur l’Union Européenne, en raison notamment, on l’a vu dans un article précédent, de l’impuissance de ses institutions et de la médiocrité de ses dirigeants et de ses parlementaires, il faut lui opposer un véritable patriotisme européen, au nom de cette Europe qui est notre terre, qui est aussi notre civilisation, de cette Europe née d’un même sang, unie par une même âme.

Le PSUNE demande aux chefs d’état et de gouvernement de l’ensemble des états membres de l’Union Européenne de décider de faire du 9 mai un jour férié pour tous les européens. Mais cela ne suffit pas. Il faut faire du 9 mai une fête de la réconciliation européenne et plus encore de la puissance européenne. Pourquoi refuser à l’Union Européenne ce que l’on trouve légitime pour les états membres ? Le 9 mai doit donc être plus que la fête de l’Europe, il doit devenir la fête nationale de l’Union Européenne et en ce sens doit disposer d’un défilé militaire européen spécifique.

Chaque année, dans une capitale européenne différente (a priori sur le continent, pour des raisons pratiques), chaque pays européen enverra des représentants de ses forces armées, unités terrestres et aériennes, pour un défilé patriotique européen qui devra démontrer la puissance de l’Europe et susciter le respect des autres puissances. Sachant qu’en Russie, le 9 mai fête la victoire de la Russie, sous le masque de l’Union Soviétique, en 1945, victoire qu’elle se devait d’obtenir sous peine de disparition, il me paraît nécessaire d’associer pleinement la Russie à cette festivité et de demander à cette dernière de défiler systématiquement avec les autres armées européennes en présence de ses dirigeants (russes et de l’UE). Le lien entre l’Union Européenne et la Russie sera ainsi considérablement renforcé.

Bien évidemment, faire du 9 mai une fête patriotique implique qu’on renonce complètement aux cérémonies du 8 mai, au nom de la réconciliation européenne, ce qui était il y a plus de trente ans une proposition de Giscard d’Estaing. L’effort de guerre russe, décisif, sera ainsi remercié, et on se retrouvera à nouveau entre européens. Les Etats-Unis ne seront pas associés à cette fête, de la même façon que la France ne participe pas à la fête nationale d’indépendance de ces derniers. Dans le cas français, cela signifie que le 8 mai cessera d’être un jour férié, au profit du 9 mai, et que l’Etat renoncera au défilé du 14 juillet, cette date demeurant toutefois fête nationale et jour férié.
 
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE