15/02/2011
Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, deux socialistes nationaux
Le dessin de Plantu en date du 19 janvier l’a magnifiquement illustré : Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon tiennent le même discours. La première en sourit. Le second s’en offusque, parlant « d’odieux amalgame ». Depuis quelque temps, il cherche désespérément à se démarquer de son concurrent dans son discours, jusqu’à adopter une trajectoire erratique, mais nous allons voir qu’il ne fait que tromper son monde. En fait, les différences apparentes sont le seul fait de l’hypocrisie de l’un ou de l’autre, et la différence réelle est qu’en fait d’hypocrisie, ils ne sont pas égaux.
C’est d’abord un discours socialiste, au sens traditionnel voire archaïque du terme, que l’un et l’autre tiennent aujourd’hui. On savait que Mélenchon reprochait au PS d’avoir abandonné le socialisme du XIXème siècle, disant en substance que si ce parti était de gauche, cela se saurait. Le 6 février, sur la chaîne BFM TV, il est allé plus loin. Selon lui, par comparaison avec les mesures que Dominique Strauss-Kahn fait prendre au socialiste George Papandréou en Grèce, Nicolas Sarkozy serait « un doux humaniste ». Bien sûr il est revenu un peu en arrière sur ses propos après coup, mais tout était dit. Le 14 février, mis en difficulté par Madame Le Pen sur la même chaîne et agacé par l’annonce d’un sondage qui montrait que les ouvriers ne votaient pas pour lui, il vante sans aucune retenue les mérites des syndicalistes du monde ouvrier, lesquels sont "très représentatifs" comme chacun sait.
On est plutôt surpris de voir Marine reprendre les slogans de la gauche traditionnelle. Rappelons que le socialisme à la Française s’oppose à la social-démocratie par la place qu’il accorde au contrôle de l’état. Or, quand Mélenchon insiste sur la programmation étatique, Marine ne dit-elle pas que «l’Etat doit retrouver son rôle régulateur en matière économique et se réapproprier le contrôle de certains secteurs stratégiques comme l’énergie, les transports et si nécessaire, les banques insensibles aux injonctions d’éthique ». Le 14 février, elle annonce qu’elle procéderait à une augmentation de 200 euros des bas salaires. Elle avoue aussi avoir déjà chanté l’Internationale.
Dans les deux cas, c’est du socialisme à la Chavez ou à la Castro, les références de cœur de Mélenchon. C’est aussi le discours des communistes français du temps de leur grandeur, communistes qui ont conservé la nostalgie du socialisme étatique de l’Union soviétique et que veut maintenant représenter Mélenchon. On pensait que les modèles auxquels ils nous renvoient avaient échoué, qu’ils appartenaient au passé. C’est très justement que Marc-Philippe Daubresse, secrétaire général adjoint de l’UMP et européen convaincu, l’a fait remarquer lors d’un débat face à lui sur la chaîne préalablement citée.
Pour tenter de se démarquer, Mélenchon a sorti quelques idées. L’une consiste à faire payer les banques françaises, lesquelles détiennent la dette de la Grèce avec leurs homologues allemandes. C’est n’importe quoi. Il n’y a pas de banque vraiment française, mais le gouvernement peut les mettre en difficulté. Le fera-t-il sans inquiéter les banques dites allemandes, ou veut-il aussi sanctionner ces dernières ? Il a aussi proposé une loi limitant à 20 le rapport des salaires dans l’entreprise. C’est déjà beaucoup quand on sait que Michel Rocard avait proposé 6. C’est surtout beaucoup pour des PME du pays. Mais les grandes entreprises dites françaises, où l’écart dépasse allègrement ces chiffres, sont à l’abri de l’action du gouvernement ; rien ne les empêche de délocaliser leur siège. Ainsi Mélenchon ajoute-t-il à son discours la tromperie, laquelle le démarque effectivement. Quelle gloire !
Lundi 14 février, confronté à Marine Le Pen, il a trouvé une nouvelle façon, plus radicale, de se démarquer. Pour contrer le discours de son adversaire sur l’immigration, il se prononce pour la régularisation immédiate des sans-papiers, sans aucune exception. Il a été facile à Madame Le Pen d’expliquer que l’immigration, voulue par le grand capital et toujours soutenue par le MEDEF, tire vers le bas les salaires des ouvriers nationaux. D’ailleurs les artisans et commerçants s’intéressent aussi à lui, car ils ont grand besoin d’une main-d’oeuvre bon marché. Bref Mélenchon trahit sans vergogne ceux qu’il prétend défendre. Cela commence d’ailleurs à se voir. Et c’est la raison pour laquelle il dit que « la classe ouvrière organisée », celle des pseudo-socialistes dans son genre, « vomit » Madame Le Pen.
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05/02/2011
Michel Rocard ou la "gauche" turcophile
Alors que le Parti Républicain du Peuple turc (CHP), membre de l’Internationale Socialiste, s’oppose à l’AKP, le parti de Recep Erdogan, défendant l’héritage kémaliste, le Parti Socialiste français est un fervent partisan de l’intégration turque à l’Union Européenne, à l’instar de Martine Aubry, Ségolène Royal ou Dominique Strauss-Kahn, ce dernier étant même partisan de l'adhésion du Maghreb à l'Union Européenne.
Début septembre 2008, Michel Rocard a sorti un nouvel ouvrage intitulé « Oui à la Turquie », ce qui a le mérite de la franchise. Il est intéressant de se demander quels sont les arguments avancés par l’ancien premier ministre pour défendre cette intégration, et les leçons qu’il faut tirer de cette prise de position. L’argumentaire de Michel Rocard intègre l’ensemble des paramètres, politiques et religieux, sociaux et économiques, du problème.
En premier lieu, pour Rocard, l’intégration d’un pays musulman serait une bonne nouvelle car elle montrerait que l’Union Européenne n’est pas un club chrétien ou judéo-chrétien, l’auteur employant les deux termes. On pourrait lui rétorquer qu’il n’y aurait pas besoin de la Turquie pour cela, puisque l’Albanie et la Bosnie-Herzégovine, sans parler du Kosovo, sont des pays européens et musulmans. Rocard dit même que l’appartenance de la Turquie à l’islam et à la Conférence des Etats Islamiques sont deux qualités nécessaires. Il s’agit d’une ouverture à l’islam et de la construction d’un « islam européen ». En outre, Rocard évoque le caractère non monolithique de l’islam turc, avec la présence de 15 millions de musulmans hétérodoxes, les Alevis, que l’auteur présente comme pro-européens, et avec l’existence de communautés soufies. Enfin, Rocard considère l’AKP d’Erdogan, qui a toujours présenté son discours pro-européen et pro-démocrate comme une tactique, relevant de la fameuse taqija, comme un mouvement pro-européen, musulman et démocrate, faisant preuve d’un sain tropisme européen. Rocard réussit l’exploit de vanter l’héritage de Mustapha Kemal, présenté comme une volonté d’européaniser son pays, ce qui est plus que discutable, la preuve étant le choix d’une capitale au cœur de l’Anatolie, Ankara, en même temps que ses pires ennemis, les islamistes de l’AKP.
A aucun moment, Rocard ne réalise que le choix de l’AKP par les électeurs turcs est une preuve de rejet de l’Europe comme modèle civilisationnel, et que les plus européens des Turcs sont ceux-là même qui refusent cette intégration, car ils y voient à juste titre le moyen de détruire toutes les barrières freinant la réislamisation du pays.
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04/02/2011
Qu’est-ce que la démocratie ?
Le mot grec δημοκρατία signifie mot à mot le pouvoir du peuple, le terme dêmos provenant d’un terme indo-européen, *dāmos, signifiant « famille, tribu, peuple, lignée, appartenance commune », qu’on retrouve aussi dans le gaélique dam.
Au sens courant en grec ancien, le dêmos est le corps des citoyens, par opposition aux esclaves et aux métèques, qui en sont exclus. Ainsi à Athènes, le dêmos s’identifie pleinement à la citoyenneté, et ne doit pas se confondre avec une plèbe indifférenciée. De même, à Rome, les patriciens et la plèbe font tous partie du corps des citoyens, dont sont exclus là encore les esclaves et les pérégrins, ces derniers étant soumis à la juridiction de leur cité et non à celle de Rome. Bien que dépourvues de pouvoir politique, les femmes demeurent des citoyennes et considérées comme telles. En effet, dans l’Athènes classique, à la différence du droit napoléonien, purement patriarcal, le citoyen l’est par son père et par sa mère, selon le principe du droit du sang.
Ainsi, le dêmos est il composé des seuls citoyens, ceux-ci l’étant en raison de leur appartenance commune, conformément au mythe athénien de l’autochtonie, les Athéniens sont considérés comme nés du sol même de leur cité. Le lien charnel avec leur sol s’apparente au mythe du géant Antaios, qui puisait sa force de la terre, vue comme une mère dont il était le fils, et qui fut vaincu par Héraclès lorsque celui-ci parvint à le soulever hors du sol, le privant ainsi de tout pouvoir.
Au sens strict, la démocratie est le pouvoir des semblables, la différence avec la société spartiate étant que le corps des citoyens est composé de tous les indigènes, alors que Sparte distingue les Egaux (Homoioi) des Périèques, citoyens spartiates de statut inférieur. Athènes est réellement égalitaire, pratiquant une complète isonomie entre tous les habitants indigènes de l’Attique. L’asservissement d’un citoyen par un autre citoyen est d’ailleurs banni. Ainsi, douloi et metoikioi étant étrangers, ils ne peuvent pas en théorie devenir citoyens, même par affranchissement. Aristote souligne que le droit athénien se distingue radicalement, antithétiquement même, du droit corinthien, Corinthe étant une oligarchie marchande pratiquant le droit du sol.
Enfin, le dernier sens pris par le mot dêmos est « commune, agglomération », car le cadre idéal de l’expression politique du pouvoir du peuple dans l’antiquité était la cité, comme hier il s’agissait de l’état-nation, et comme demain, nous l’espérons, ce sera l’Europe.
La démocratie usurpée.
Avec la renaissance des idéaux démocratiques au moment où éclate la Révolution Française, Athènes redevient le modèle de la cité idéale, amie des artistes et en même temps solide sur ses fondements. La figure de Périclès incarne, comme celle d’Auguste, l’image d’un bon père du peuple, dans une société d’hommes libres. Aussi, la force de l’idée démocratique fut-elle qu’aujourd’hui, sous peine de passer pour ridicule si ce n’est pour un infâme factieux, personne n’ose se dire antidémocrate. Mais une chose est de se réclamer de la démocratie, une autre est d’être sincèrement démocrate et d’assumer ce que la démocratie implique.
23:03 Publié dans Analyses, Billets, Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : démocratie, périclès, athènes, europe, europe-nation, psune, thomas ferrier |
03/02/2011
Le PSUNE, fidèle à l'européisme des pères fondateurs !
(Article de 2007)
L’Union Européenne actuelle, et tous les européanistes authentiques ne peuvent qu’amèrement le regretter, n’est pas ce rêve pour lequel, au sortir de la seconde guerre mondiale, des Européens de cœur et d’âme comme Robert Schuman, Jean Monnet et Paul-Henri Spaak se sont enthousiasmés. Ils avaient pris conscience de l’échec de leurs ancêtres idéologiques, Aristide Briand au premier plan, qui n’avaient pas réussi à forger l’Europe unie avant que celle-ci ne sombre à nouveau. Ils savaient que la construction de l’Europe politique ne pourrait pas résulter de la force des armes ou de la domination d’un peuple sur les autres, mais qu’elle ne pourrait se fonder que sur l’égalité complète de traitement entre Européens. Malheureusement, l’Union Européenne n’est qu’un grand marché commun, la souveraineté politique étant intégralement conservée par les Etats, et ce marché est en soi extensible à l’infini, comme le prouve l’ouverture des négociations de l’Union en vue de la future intégration de la Turquie, intégration souhaitée par le gouvernement de Tony Blair, hostile à l’idée même d’Europe politique.
Le double non français et néerlandais au nouveau traité, improprement appelé « constitution » par ceux qui veulent nous faire croire que ce texte allait dans le sens de davantage d’unification, alors qu’il ne fait que systématiser la démarche libérale et mondialiste de ses promoteurs, a été nécessaire, même si malheureusement nous le devons en partie à un fort sentiment europhobe attisé par les extrêmes. Car cela fait désormais plus de cinquante ans que le train européen a été détourné vers des questions uniquement économiques, et nous le payons aujourd’hui. Alors que l’idée européaniste était extrêmement populaire dans les années 50, elle est aujourd’hui contestée comme jamais, et la montée des mouvements nationalistes europhobes l’illustre de manière inquiétante. En effet, les Européens ne se reconnaissent plus dans le projet actuel. Cela ne signifie pas qu’ils soient hostiles à l’unification européenne, mais qu’ils contestent, à juste titre, le cheminement en cours.
La logique aurait voulu que l’on commençât par mettre en place une Europe politique avant de fonder une Europe économique. Car, du fait que l’Union Européenne est d’abord économique, et que les Etats ne lui ont concédé de pouvoir qu’en ce domaine, le politique et l’économique sont désormais séparés, et avec l’instauration de l’euro et d’une Banque Centrale Européenne indépendante des états, mais pas des lobbies, le monétaire est lui aussi séparé du politique. Cela interdit naturellement d’imaginer la moindre politique économique ou financière. En revanche, cela sert parfaitement les intérêts des ultra-libéraux puisque ce marché commun n’est pas régulé, et que personne n’ose remettre en cause le dogme de l’ouverture économique totale des frontières. Angela Merkel par exemple a récemment manifesté son opposition à tout protectionnisme économique européen, et cet avis est partagé par tous les dirigeants des états membres de l’Union Européenne, qu’ils soient libéraux ou se prétendent socialistes. Ainsi, avant de créer un marché commun aurait-il fallu auparavant créer un état européen.
Pour Jean Monnet, « la grande révolution européenne de notre époque, …qui vise à remplacer les rivalités nationales par une union des peuples… qui veut permettre un nouvel épanouissement de notre civilisation, et une nouvelle renaissance, … [elle] a commencé avec la Communauté Economique du Charbon et de l’Acier ». Cette mise en commun de deux éléments économiques de premier plan, et le second impliquant aussi une dimension militaire, était hautement symbolique et fut largement acceptée par les Etats. La machine lancée, Monnet voulut aller plus loin, dans un contexte où les Etats-Unis voulaient se désengager de la défense de l’Europe occidentale. Alors que certains craignaient, notamment en France, la naissance d’une nouvelle armée allemande, Monnet eut l’idée de proposer une alternative en la création d’une Communauté Européenne de Défense, dans la continuité de la CECA. Cette CED devait déboucher sur la création d’une véritable armée européenne, englobant aussi des contingents allemands, et qui pouvait à terme assurer une indépendance militaire totale à l’Europe vis-à-vis des Etats-Unis. Et en plus de cette CED, Monnet eut l’idée d’y ajouter, à la demande du gouvernement italien, une Communauté Politique Européenne. Celle-ci, par comparaison avec les institutions de l’Union Européenne en 2007, était infiniment plus moderne et ambitieuse. Un gouvernement européen, appelé Comité Exécutif, formé de ministres, aurait été présidé par un commissaire élu par un Sénat composé de représentants des parlements des Etats. Une assemblée européenne, élue au suffrage universel direct à l’échelle des six états membres (Bénélux, France, Italie et Allemagne), aurait été également mise en place.
C’est l’assemblée de la CECA, présidée par le socialiste belge Paul-Henri Spaak, un ancien partisan des thèses planistes et nationalisantes d’Henri de Man avant-guerre, qui aurait eu la charge de mettre en place cette Communauté Politique, celle-ci devant mettre en place à terme une Communauté Economique.
Les cinq états sauf la France votèrent ce texte mais quand ce fut au tour du parlement français de le voter, la CED fut refusée, annihilant tout le travail des pères fondateurs. Les communistes, suivant en cela les ordres du Kominform, refusèrent, ainsi que les gaullistes et ce qui restait de l’extrême-droite, mais le gouvernement de Pierre Mendès-France lui-même ne soutint le texte que du bout des lèvres, et sans engager sa responsabilité. En 1954, un texte estimable à bien des titres tombait à l’eau et c’en fut terminé du rêve d’une Europe politique. Quant à la CED, qui aurait donc permis la création de l’armée européenne, elle fut refusée parce que les élus français ne voulaient pas de la reconstitution d’une armée allemande, même sous direction européenne. Le résultat fut qu’il y eut quand même une armée allemande dès 1955 mais que l’Allemagne adhéra alors à l’OTAN. « Beau » résultat en vérité, et ceci grâce notamment aux souverainistes.
Depuis cinquante ans, on nous mène ainsi en bateau, puisqu’on nous a proposé en échange une Union Européenne restreinte à des questions économiques, sans jamais qu’elle ne s’avise de mettre en danger la souveraineté des états membres. La Communauté Economique a ainsi été fondée avant toute Europe politique, puisque la seconde a été enterrée avec l’échec de la CED. En somme, on nous a « offert » un corps sans tête, et ce corps sans vie ne peut évidemment pas susciter l’adhésion enthousiaste des Européens, bien au contraire.
L’Union Européenne est désormais au point mort, et ce par la faute des gouvernements. A aucun moment, ils n’ont voulu associer les Européens à leurs projets, car ils se méfient des citoyens et ne veulent pas qu’en définitive ils aient le dernier mot. La démocratie a été confisquée, ce qui fait que certains ont beau jeu de dénoncer dans l’Union Européenne une nouvelle URSS. Il suffit de songer à la façon dont le Traité « constitutionnel » a été rédigée. L’a-t-il été par une assemblée constituante élue par les citoyens avec des députés avec un mandat impératif ? Non, mais il l’a été par une « Convention » mise en place de manière purement technocratique et où il importait à ses rédacteurs d’y inscrire leurs dogmes. Certains auraient même apprécié que ce texte ne passe pas devant le suffrage des électeurs de quelque pays européen que ce soit. Dans la plupart des états, ce sont les parlementaires qui l’ont voté à une écrasante majorité. Si la France avait choisi ce mode, 92% des parlementaires l’auraient voté, et pourtant 56% des Français ont voté contre, et on devine que si la Belgique ou l’Allemagne avaient procédé par référendum, il n’y aurait pas eu que la France et les Pays-Bas dans le camp du non.
Pour relancer le processus européen, il faut repartir de la CED et de la CPE, et s’il faut conserver bien évidemment le marché commun et l’euro, il faut redonner au politique tout son poids et lui soumettre l’économique, en somme il faut forger l’Etat européen. Mais l’enseignement que l’on peut tirer de l’échec de la CED, c’est qu’il ne faut pas faire confiance aux Etats, ceux-ci gardant chèrement leur pré carré, et qu’il faut leur préférer la confiance des Européens et des Européennes. Le parlement européen est aujourd’hui la seule institution démocratique au sein de cette Union ; il est même plus démocratique que les parlements de certains états européens, car élu globalement au suffrage universel direct. C’est le lieu naturel pour qu’un nouvel européanisme se mette en ordre de bataille et qu’un Etat européen voie le jour. Monnet disait que « nous ne coalisons pas des Etats mais des hommes », et j'ajouterai même que nous n’unissons pas seulement des hommes, mais les Européens.
Ainsi, le PSUNE entend-il s’inscrire dans la continuité de la grande tradition européaniste, depuis les projets de Saint-Simon ou encore de Mazzini à ceux de Monnet et de Schuman, qui ne sont nullement responsables de ce qu’est devenue l’Union Européenne. La responsabilité de la situation repose uniquement sur les épaules des Etats qui se déchargent de celle-ci en se servant de l’Union Européenne comme d’un bouc émissaire et alimentent ainsi ce courant souverainiste, d’extrême-gauche comme d’extrême-droite, qui s’oppose certes à l’Union Européenne actuelle mais s’opposerait aussi bien à l’Europe-Nation pour laquelle nous combattons. Les nationalistes comme les mondialistes nous traiteront tous de dangereux utopistes, mais si l’Europe est sur le déclin, c’est bien grâce à eux. Et les uns comme les autres il nous faudra les briser. Nous devons être le fer de lance de la révolution qui transformera la médiocre Union Européenne en une glorieuse Nation Européenne.
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
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De l’homme romain à l’homme européen (article de 2007)
Si l’Athènes classique, notamment celle du Vème siècle, nous sert de source d’inspiration, si la Grèce est « notre mère », si nous nous reconnaissons dans le combat pour la démocratie de Périclès et pour l’unité nationale d’Isocrate, la république romaine est aussi une source importante d’inspiration pour nous. Et je dis bien la république, pas la royauté mythique, pas l’ « occupation » étrusque, pas l’empire romain.
Quels ont été les symboles de la république romaine ? Le Sénat, composé des familles patriciennes, garant de la tradition et défenseur des valeurs patriotiques, à l’image d’un Brutus et d’un Caton, un sénat où régnait la vertu, et non pas l’or. Mais surtout le peuple romain dans son ensemble, plébéiens comme patriciens. La république romaine fut incarnée par des figures majeures, semi-mythiques, comme Brutus, celui a qui a chassé les rois étrusques et proclamé la liberté des Romains, comme Camille, qui a vengé l’honneur romain après que le celte Brennus ait mis Rome à terre, comme Cincinnatus, modèle du dictateur républicain, qui quitte son champ pour occuper les plus hautes fonctions puis, son temps accompli, revient à son champ, comme si de rien n’était. C’était la Rome de l’honneur, la Rome du devoir.
Au-delà de ses héros, le véritable héros de Rome c’était le citoyen de la république, dont le courage suscitait l’admiration des autres peuples. Le citoyen romain n’était pas seulement ça, il était un paysan et un soldat. Il abandonnait régulièrement la fourche pour la lance pour défendre sa terre et pour étendre la république à toute l’Italie. Il avait les saines valeurs du paysan, celles vantées par Hésiode dans « Les Travaux et les Jours », et les saines valeurs du guerrier. Ainsi était le Romain, qui avait en lui les trois fonctions sacrées de l’Indo-Européen. Il était donc citoyen (Ière fonction), soldat (IIème fonction) et paysan (IIIème fonction), comme l’était Romulus dans la mythologie latine. Rome représentait un modèle républicain et proto-socialiste de société. Mais la Rome républicaine fut pervertie, ses défaites comme face à Carthage usèrent le peuple. Certes Carthage fut vaincue, le vœu de Caton fut respecté, mais le peuple romain tomba dans la facilité. L’or des conquêtes le pervertit, la peur de la mort au combat jaillit en lui. Ainsi naquirent les tyrans. Les Gracques ont combattu pour retrouver la conception ancienne du citoyen, en donnant davantage de terres aux paysans romains, en contrepartie du devoir patriotique. L’homme libre, c’est celui qui combat sans relâche pour sa liberté.
Ne voulant plus se battre, le Romain, le Latin, l’Italien, préféra confier la défense de sa cité, de sa patrie, à des mercenaires, à des militaires professionnels. Ainsi Marius fit abandonner à Rome sa conception d’une république de citoyens armés, conception qu’on retrouvera pendant la révolution française, et ce ne fut pas un hasard s’il fut le premier tyran. Après Marius il y eut Sylla puis le triumvirat d’arrivistes, Crassus, Pompée et César. Dans un regain de républicanisme, César en fit les frais, et ce fut de la main de sénateurs qui se souvenaient de leur longue mémoire, dont l’héritier symbolique de Brutus l’Ancien, qu’il fut assassiné. En vain. La république était déjà morte sans le savoir depuis un demi-siècle. Alors vint Auguste, qui dans un dernier sursaut, voulut, lui le Princeps, le premier des citoyens, revenir à la conception traditionnelle de la romanité, régénérer la vieille Rome. Il défendit le mariage et dénonça l’homosexualité, afin de relever la démographie des vrais Romains. Il s’opposa aux religions orientales, dont il interdit le culte dans le cœur de la cité. Il rebâtit une petite centaine de temples, plaça le relèvement moral sous l’égide du père fondateur, Romulus, et de son divin géniteur, Mars. Il s’opposa à tout culte en son honneur, mais ses successeurs trahirent son vœu. Auguste fut paradoxalement le premier empereur et le dernier républicain. Il avait été élevé dans les valeurs patriotiques du vieux Latium. Antoine, l’orientalisé, incarnait pour lui tout ce qu’il détestait. Actium pour Octavien/Auguste était l’opposition entre les vieux dieux de Rome et les dieux de l’Orient, entre les valeurs romaines et les valeurs asiatiques. En triomphant d’Antoine et de Cléopatre, il continuait l’œuvre de Caton, il détruisait Carthage une seconde fois. Mais Auguste échoua à régénérer Rome, et ce furent des tyrans sanguinaires qui prirent la suite du vainqueur de Philippes et d’Actium.
Le sang cousin, celui des Germains, ne s’incorpora pas à la vieille Rome, à la différence des Celtes. L’échec de Varus solda la fin de la possibilité d’une romanisation des Germains, qui aurait en même temps été une réeuropéanisation en profondeur de la romanité. Tacite louait les qualités des Celtes et des Germains, qu’il comparait aux vieux Romains, et il est probable qu’Auguste avait une conception analogue. Rome était puissante certes mais rongée par la décadence. Les religions asiatiques sapèrent la saine conception romaine traditionnelle, un sobre polythéisme républicain, guerrier et paysan, et ouvrirent la porte à un monothéisme oriental, aux valeurs opposées à celles de la romanité ancestrale.
L’homme européen de demain ne devra pas oublier de s’inspirer de ce modèle républicain et socialiste de jadis, de cette Rome de l’honneur et de la vertu, de cette Rome, qui comme l’Hellade chez Pléthon, apparut aux yeux de Machiavel comme un modèle insurmontable. Ce dernier se désolait de voir le peuple italien inerte, divisé, dominé sur sa propre terre par des puissances étrangères (comme la France ou l’Autriche) et accusait le christianisme d’avoir tué la virtu dans le cœur des Italiens, descendants des Romains. Mais il vint le temps de Mazzini, celui de Garibaldi en chemise rouge, et le peuple italien gagna son unité, gagna son indépendance. Et aujourd’hui, il faut réveiller dans l’Européen d’aujourd’hui le Romain qui est en lui. Ce romain de la République, qui ne se distinguait d’ailleurs guère du gaulois, du germain, de l’illyrien ou du slave, puisque comme eux il avait des valeurs, le sens de l’honneur, cultivait la bravoure comme le blé, et avait ce bon sens du paysan. Un citoyen au sens fort, c’est un kalos kagathos, un homme de culture mais aussi un homme de combat. Et Rome nous montre cette voie.
L’Europe de demain devra être une nouvelle Rome, mais même une « Sur-Rome », dépasser ce que la romanité républicaine fut. Le siècle de Périclès et le siècle d’Auguste sont derrière nous, même si leur image sublime demeurera éternelle. Souhaitons que le XXIème siècle soit le retour des valeurs républicaines, et donc romaines, en Europe, et que reculent les valeurs de l’or, que l’oligarchie soit vaincue comme le fut Tarquin le superbe.
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
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La Russie dans l'Europe (article de 2006)
Certains politiciens d’Europe occidentale et médiane qui soutiennent l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, dont on a vu dans un précédent article qu’elle ne pouvait être considérée comme européenne, réussissent l’ « exploit » idéologique de refuser à la Russie l’idée même qu’elle puisse être intégrée, selon le principe d’un Strauss-Kahn affirmant que « la Russie a sa dynamique propre » ou selon une affirmation couramment entendue selon laquelle la Russie ne serait pas européenne. Cet exposé aura pour but de démontrer non seulement l’européanité de la Russie mais la nécessité absolue de l’intégrer rapidement à l’Union Européenne.
Des origines complexes mais européennes.
Le territoire qui allait devenir la Russie d’Europe, à l’époque proto-historique, est partagé en trois espaces de peuplement, dont deux sont indo-européens. Le sud, de la Roumanie à l’Oural, est peuplé de populations iraniennes nomades, en trois vagues, s’échelonnant du IXème siècle A.C au IVème siècle P.C. La première vague fut celle des Cimmériens (IXème - VIIème siècle), puis des Scythes (VIIème - IIIème siècle) et enfin des Sarmates (IIIème siècle A.C – IIIème siècle P.C). L’ouest et le centre sont peuplés des Slaves, dont le territoire s’étend à partir de l’est de la Pologne jusqu’à proximité de l’Oural. Enfin le nord et l’est sont peuplés d’Ouraliens ou Finno-Ougriens, essentiellement europoïdes. Il convient également d’ajouter que les Iraniens nomades dominent également l’espace eurasiatique, notamment les steppes d’Asie Centrale, et ce jusqu’à la Sibérie profonde, sur des territoires qui seront par la suite récupérés par les Russes à partir du XVIème siècle.
Les relations entre les Slaves et ces nomades iranophones seront très importantes et marqueront aussi bien la religion que le vocabulaire des premiers. Ainsi le terme russe de « mir » (мир), qui a plusieurs significations, désignant une forme d’agriculture mais aussi signifiant « paix » et « monde », vient du nom du dieu iranien Miθra/Mihr. Les divinités slaves d’origine iranienne sont également nombreuses, à l’instar de Svarog, dieu du ciel, dont le nom est à rapprocher du sanskrit svargas, « ciel », ou encore de Khors, dieu du soleil correspondant à l’iranien Khorsed.
A partir du IIIème siècle de notre ère, les migrations de peuplement modifient l’espace méridional de la Russie, puisque les Sarmates sont remplacés par des populations germaniques, les Goths, partis de Scandinavie, alors qu’en revanche le nord du Caucase est peuplé de la dernière vague d’Iraniens, les Alains, ancêtres des Ossètes modernes. Enfin, les Goths eux-mêmes seront chassés par les Huns au début du Vème siècle, mais ces derniers connaîtront un échec retentissant face aux Romains d’Aetius et finiront par repartir en Asie.
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02/01/2011
Annus fortunatus renouationis Europae
En premier lieu, le PSUNE en la personne de son secrétaire général souhaite à tous les camarades et à tous les lecteurs de notre blog une très bonne année 2764 ab Urbe condita, 2011 anno domini. Que cette nouvelle année vous apporte joie, bonheur et réussite dans tout ce que vous entreprendrez.
Une année 2011 sous le signe des élections
Les vautours médiatiques s’agitent déjà pour savoir qui sera le prochain président de la république française à l’issue des élections de 2012, ce qui implique une campagne qui commencera de manière extrêmement précoce et occupera, monopolisera devrais-je dire, la presse et la télévision, étouffant toute alternative réellement salvatrice qui voudrait se faire entendre. C’est pourtant malgré ce vent contraire qu’il nous faudra voguer vers des cieux plus cléments et parvenir à nous faire entendre et sortir de la situation d’une voix juste résonnant dans un désert.
En associant présidence du parti et candidature présidentielle, Marine Le Pen dès son probable succès du 16 janvier 2011, à l’issue du congrès du parti, sera déjà en campagne, tout comme Dominique de Villepin ou Ségolène Royal, cette dernière ayant annoncé son intention de briguer la candidature de son parti afin d’être choisie comme représentante du PS en 2012. Bien que le président sortant Nicolas Sarkozy ait annoncé attendre la fin de l’année pour décider de sa candidature, qui paraît certaine, il va être très vraisemblablement contraint de prendre sa décision bien plus tôt. Toutefois, il reste encore bien des incertitudes et notamment le nom du candidat du PS et le sort de Dominique Strauss-Kahn dans cette compétition interne, s’il décide d’y tenter sa chance.
A moins de 18 mois de cette échéance, le contexte politique laisse présager une gauche divisée, un PS pris en tenailles entre une « Europe-Ecologie » en forme, apte à capitaliser le vote des bobos et des libertaires, et un « Front de gauche », officiellement adepte d’un socialisme plus autoritaire, mais en vérité non moins libertaire. Si l’extrême-gauche classique, LO et NPA en tête, semble marginalisée, cette nouvelle « gauche » mélenchoniste pourrait réussir à rassembler la gauche du PS et constituer une menace sérieuse. Si DSK était au final le candidat du rassemblement, le Front de Gauche bénéficierait d’un accroissement de soutien mais en revanche les écologistes seraient fortement affaiblis. Au centre, les minces velléités de candidature d’un Morin ou d’un Borloo n’ont pas vraiment duré, et une Rama Yade, dont on venait d’annoncer le ralliement aux radicaux valoisiens, n’a pas tardé à accepter une fonction honorifique loin du pays. Reste François Bayrou, durablement fragilisé par ses derniers échecs, et dont on ne voit pas comment il pourrait parvenir à recréer en 2012 la dynamique qu’il avait pu connaître en 2007. Quant à Dominique de Villepin, dont le principal moteur est l’anti-sarkozisme, qu’il cherche certes à atténuer dans la forme, on ne voit pas trop quel positionnement pourrait être le sien. N’ayant pas la talent d’un Chirac face à un Balladur, étant profondément déconnecté du peuple, la preuve étant qu’il s’est imaginé rassembler en se présentant comme le candidat des banlieues, la dialectique lyrique d’un Villepin ne devrait pas le mener très loin et sa capacité de nuisance au président sortant devrait être des plus limitées.
A la droite de la droite, deux candidats se disputent l’électorat souverainiste, à grandes tirades contre l’€ et l’Union Européenne. A ce jeu, Marine Le Pen semble plus forte et plus légitime qu’un Nicolas Dupont-Aignan, candidat officiel d’une forme de gaullisme nostalgique. Christine Boutin, présidente d’un maigre courant démocrate chrétien, souhaiterait également se présenter. Nulle doute qu’elle n’a comme ambition que de faire pression sur le candidat de droite afin d’obtenir en cas de victoire de Nicolas Sarkozy quelques avantages dans un futur gouvernement. Enfin, le Bloc Identitaire présente une candidature de témoignage en la personne du jeune Arnaud Gouillon, totalement inconnu du grand public. Au final, et à moins d’une surprise, Dupont-Aignan devrait probablement échouer à obtenir les 500 signatures nécessaires, bloqué à la fois par la droite, qui le voit comme un adversaire de l’intérieur, et par la gauche, qui compte sur Marine Le Pen pour fragiliser le président. Cas unique depuis 1988, le Front National serait donc seul en piste, sans un Mégret ou un Villiers pour le concurrencer sur son terrain. Dans un tel contexte, Marine Le Pen peut atteindre les 20%, surtout si le contexte politique, économique et sécuritaire continue de se dégrader. Contrairement à ce qu’elle souhaite, le risque d’un 21 avril à l’envers est bien moins vraisemblable qu’un 21 avril bis, permettant au président sortant, malgré son impopularité considérable, de conserver son fauteuil élyséen, surtout si le candidat du PS n’est pas Strauss-Kahn.
Si la « gauche » devait être à nouveau éliminée du second tour, et si un candidat des plus impopulaires devait être réélu par défaut, le contexte politique serait très favorable à l’émergence de nouvelles forces politiques afin de préparer au mieux 2014.
Une année 2011 de renforcement pour le mouvement euro-socialiste
2011 doit incarner l’année du renforcement du PSUNE, de sa crédibilité, de son audience, même si, je l’ai dit, le contexte n’est pas très favorable à l’émergence de jeunes formations comme la notre, l’accès médiatique étant très limité en raison de la pré-campagne. Nous devons démontrer, si possible au plus grand nombre, que nous avons les solutions là où les autres partis n’ont que des slogans, et ce même si nos solutions sont très audacieuses et, disons le, révolutionnaires. Car le PSUNE ne se veut pas un parti de gouvernement, et encore moins un parti protestataire, mais un parti d’alternance totale au système en place.
22:58 | Lien permanent | Commentaires (0) |
Zemmour est-il €urophobe ?
En ce 1er janvier 2011, jour du nouvel an, un débat a opposé Eric Zemmour et Nicolas Domenach sur la chaîne i-Télé et on y a parlé de l’€uro. A première vue les choses sont simples. Pour pallier les défauts de cette monnaie, selon Domenach il faudrait plus d’Europe, pour Zemmour ce serait, comme toujours, insister dans une voie qui a échoué. Ainsi Zemmour dénigrerait-il l’€uro quand Domenach l’encenserait. La réalité est plus complexe et en même temps surprenante.
Ainsi Zemmour fait-il trois constatations à propos de l’Euro. D’abord il reconnaît à cette monnaie un grand mérite, celui d’avoir fait profiter tous les pays de la zone des taux d’intérêt de l’Allemagne. Ensuite il relève deux défauts. Le premier est la rançon du mérite. Pouvant emprunter à faible coût, beaucoup de pays peu vertueux ont dépensé sans compter, jusqu’au moment où leur dette colossale s’est rappelée à eux, par le biais des agences de notation. Le second défaut est structurel. L’€uro a été bâti sur une zone économique hétérogène, dans laquelle d’un côté l’Irlande pratique un dumping fiscal et la Grèce triche sur les chiffres et de l’autre l’Allemagne joue la rigueur budgétaire.
Tout cela est incontestable. Ce ne serait pas défendre l’€uro que le nier. A quoi peut-on attribuer les deux défauts signalés ? Simplement à l’insuffisance des critères de convergence et de leur suivi. Comment a-t-on pu laisser la Grèce tricher alors que chacun en était parfaitement informé ? Comment a-t-on pu tolérer la politique fiscale laxiste de l’Irlande ? Le grand responsable est, cette fois-ci, l’Allemagne, qui a accepté un peu trop facilement la monnaie européenne à un moment où sa réunification brutale l’avait affaiblie. Ce n’est pas l’idée de l’€uro qui a failli ; ce sont les dirigeants des nations européennes qui ont fauté.
Quand Domenach répond à Zemmour qu’il faudrait davantage d’Europe, il insiste sur la seule harmonisation sociale. Fondamentalement, il ne veut pas d’une harmonisation économique et ne propose rien qui corrige les défauts signalés. Il laisse même entendre que Zemmour aurait supporté l’€uro si la France et l’Allemagne avaient une meilleure convergence. C’est tout juste s’il ne le traite pas de germanophile.
Face à un Zemmour qui serait donc presque europhile sans le savoir, Domenach témoigne d’un mélange entre la nostalgie d’une France forte, pleine d’idées à montrer au monde, et le patriotisme tiers-mondiste d’une France ouverte sur les pays pauvres. Or nous avons vu que ce mélange était précisément le ferment de l’europhobie.
Cela étant, Zemmour envisage l’hypothèse, peu probable à ses yeux, d’une intégration politique européenne, pour en montrer les dangers. Les Allemands et même les Français devraient payer très longtemps pour les turpitudes des Grecs et des Irlandais. Ce n’est pas tout à fait vrai : ils devront largement payer de toute façon. Mais ce n’est pas faux non plus : aujourd’hui ces pays seront durement sanctionnés et ne recommenceront peut-être plus.
Il faut reconnaître que l’émergence d’une Europe politique sous la forme d’une République (unitaire ou fédérale), selon le projet du PSUNE, ne doit pas se faire n’importe comment. Si l’écueil actuel d’un marché et d’une monnaie uniques sans intégration politique sera écarté, il en est un autre dont il faut se prémunir ; il ne faut pas reproduire l’erreur qui a consisté, lors de la réunification allemande, à donner immédiatement au Mark de l’Est la même valeur que celui de l’Ouest et à harmoniser les salaires. Le premier écueil défavorise l’emploi dans les zones initialement à hauts revenus. Le second défavorise l’emploi dans les zones initialement à faibles revenus.
Ainsi si toutes les régions de la future République européenne voulue par le PSUNE partageront la même monnaie, elles n’auront pas nécessairement tout de suite la même liberté pour en faire usage, même si elles disposaient déjà de ladite monnaie. Il conviendra de maintenir pendant un temps au moins une certaine viscosité à l’intérieur de la future République. Notamment on ne favorisera pas exagérément les transports, ce qui aura des conséquences heureuses en fait d’environnement.
De toutes les façons, il faudra être impitoyable sur les questions de convergence. En aucun cas le fait acquis ne pourra y être opposé, dans quelque domaine que ce soit. C’est une condition incontournable pour que les Etats actuels acceptent de se fondre dans une entité unique. Cette dernière doit s’écrire sur une page blanche, même si elle reprend quelques symboles comme le drapeau, l’hymne et la monnaie. Mais cela ne suffira pas. Il faudra d’abord une volonté politique, donc une conscience européenne.
Voilà qui répond aux critiques. Pour le reste, la différence essentielle entre Zemmour et le PSUNE est que le premier est un commentateur de la politique alors que le second se prépare à en être un acteur. Le premier peut être pessimiste. Le second se doit d’être optimiste. Faire de la politique, c’est proposer des solutions et, une fois au pouvoir, les mettre en œuvre sans faiblir face aux obstacles, aux critiques. Le succès viendra si l’on y croit suffisamment. Comme l’a dit Marcel Pagnol : "Tout le monde savait que c'était impossible. Il est venu un imbécile qui ne le savait pas et qui l'a fait".
Peter Eisner (PSUNE/LBTF)
17:03 | Lien permanent | Commentaires (0) |
01/01/2011
Bienvenue à l'Estonie dans la zone euro !
14:39 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : estonie, euro, 1er janvier, psune |
L'avenir de l'€uro, 2ème partie
Quelles sont les motivations réelles des détracteurs de l’Euro.
Compte tenu de ce qui vient d’être dit, on comprend mal qu’un dirigeant politique français puisse chercher à nous séduire en nous faisant miroiter le retour au Franc comme solution à nos problèmes. Essayons, malgré tout, de chercher des explications. Nous allons voir que l’Euro, qui n’est absolument jamais en cause dans nos difficultés, est simplement pris comme bouc émissaire. Si l’idée a du succès, c’est bien parce qu’elle rencontre un écho dans l’opinion. Alors lequel est-il ?
D’abord il y a un fait indéniable. Nos difficultés sont liées à la mondialisation, une mondialisation sauvage à laquelle nous ne nous sommes pas préparés et qui ne peut viser, in fine, qu’à une sorte d’uniformisation tirant vers le bas ceux qui sont aujourd’hui les mieux placés. Il est également vrai que l’Union européenne est l’intermédiaire de cette mondialisation. Cependant il faut tout de suite ajouter ceci. Un état comme la France, s’il était seul face au reste du monde, ne pourrait que subir la mondialisation. Il ne pourrait pas s’isoler dans ses frontières, fermant la porte au transit, fermant ses ports aux marchandises, sauf à finir étouffé, perdant ses capitaux et ses cerveaux. Il ne pourrait pas non plus peser sur les règles de l’OMC. Nous serions, au mieux, dans la situation que nous connaissons avec l’Union. Ce que l’on peut reprocher justement à l’Europe, c’est de ne pas faire mieux que des états isolés alors qu’elle le pourrait si les citoyens de ses états membres voulaient bien bâtir une République unitaire comme celle qui est voulue par le PSUNE.
Le rejet confus de la mondialisation est reporté d’abord sur l’Europe, assimilée à tort à l’actuelle Union, puis à l’Euro, qui en est le seul symbole visible, tant la convergence entre pays européens est lente à se mettre en place, quand la divergence ne se creuse pas. Tout cela est tellement facile. N’est-il pas vrai Monsieur Mélenchon, depuis que vous avez jeté aux orties vos convictions européennes pour plaire à un hypothétique électorat, Madame Le Pen, qui avez trouvé une manière bien commode de vous démarquer d’un concurrent interne, Monsieur Dupont-Aignan, qui ne savez rien trouver d’autre à dire ?
Ensuite il y a un élément tout à fait irrationnel, mais très important. C’est un mélange de nostalgie, comme chez ceux qui à l’instar de Madame Garaud ne savent que parler de la grandeur de la France, et de patriotisme tiers-mondiste, comme chez ceux qui veulent rapprocher sentimentalement la France de ses anciennes colonies, qui résument la dernière guerre à la libération de la France par l’Afrique, qui ressuscitent une arrogance allemande supposée, qui ne jurent que par Chavez, qui se gargarisent de mondialisme alternatif etc. Cela fait beaucoup de monde : des gaullistes qui se prétendent historiques, de faux socialistes qui jettent aux haillons nos traditions et notre culture, des gens de la nouvelle gauche, des écologistes peu soucieux d’environnement … jusqu’à la nouvelle extrême droite de Madame Le Pen.
Il y a sans doute encore quelques raisons de la défiance envers l’Euro. C’est la mauvaise humeur des Français. Une mauvaise humeur qui a tout un tas de causes, mais qu'on n’arrive pas à éliminer. Notamment parce que les règles du politiquement correct interdisent de la diagnostiquer ouvertement.
Aujourd’hui il reste ainsi interdit de faire le bilan d’une immigration incontrôlée, qui réussit le paradoxe d’avoir été d’abord imposée par les grands patrons pour être ensuite sacralisée par ceux qui se prétendent de gauche. On ne peut pas la contester ; alors on s’attaque à la mondialisation en général, donc à l’Union européenne qui la défend au nom de l’idéologie du libre échange, puis à l’Euro qui en est le symbole. Qu’a-t-on retenu, par exemple, de l’affaire des Roms ? Que c’est l’Europe, par l’intermédiaire d’une commissaire zélée, qui se permet de donner des leçons à la France. Alors que notre pays avait bel et bien signé des conventions le ligotant sans y être contraint.
Mélenchon, en bon conformiste de gauche, ne peut pas se plaindre de l’immigration, il la chérit tout au contraire. Aussi s’attaque-t-il avec véhémence à l’Europe et à l’Euro. De son côté Dupont-Aignan, pour ne pas être confondu avec le Front national, fait comme lui. Cependant Marine Le Pen elle-même, peut-être bercée par l’illusion d’échapper à la diabolisation, met aussi l’accent sur la sortie de l’Euro.
Prenons le recul de l’âge du départ à la retraite. Qu’a-t-on retenu chez ceux qui s’y sont opposés ? Que la mesure avait été prise pour deux raisons principales : parce qu’il fallait donner un signe positif aux agences américaines de notation et parce qu’il fallait faire comme nos voisins européens. On retrouve ainsi à la fois la mondialisation et l’Europe. C’est donc, une fois de plus, la faute de l’Euro, bien évidemment. Très naturellement, Madame Le Pen et Monsieur Mélenchon sont sur la même ligne.
On a ainsi réussi l’exploit de faire manifester des jeunes alors que la mesure était justement faite pour eux. Il est vrai que ces jeunes étaient les enfants d’enseignants et de syndicalistes. Ils n’étaient pas représentatifs d’une jeunesse française qui n’est pas la leur et qu’on n’a pas beaucoup vu dans l’affaire des retraites.
Ainsi attaque-t-on l’Euro pour attaquer les instances de l’Union et, par delà, la mondialisation. On oublie deux évidences. Les pays isolés ne peuvent rien face à la crise. l’Europe pourrait mais, telle qu’elle est organisée aujourd’hui et telle que les nations qui la composent lui ont donné vocation, elle ne veut pas. C’est cela qu’il faut changer, en suivant la ligne initiée par le PSUNE. En attendant, la mauvaise foi a encore de beaux jours devant elle en politique.
Peter Eisner (PSUNE/LBTF)
12:49 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : euro, psune, europhobie, crise économique, agences de notation, mélenchon, le pen, dupont-aignan |
L'avenir de l'€uro, 1ère partie
Au moment où tout le monde politique ou presque semble attaquer l’Euro et où certains prédisent son explosion, il est utile d’examiner de façon aussi sereine que possible l’avenir de cette monnaie.
La fin de l’Euro a été envisagée par beaucoup d’économistes et toujours décrite comme une catastrophe. Le précédent de l’Argentine qui a rompu le lien de sa monnaie avec le peso et le dollar, pour connaître une chute brutale du PIB et une envolée du chômage et de l’inflation, leur a servi de modèle. Nous n’allons pas reprendre leurs calculs, souvent bien trop précis, pour nous concentrer sur les ressorts économiques et sur les motivations politiques.
Pourquoi la France ne peut-elle pas quitter la zone Euro.
D’abord quel reproche fait-on à l’Euro ? Principalement de ne pas être soumis au contrôle du politique. Il est vrai que si l’Euro était la monnaie nationale d’une Europe politique, celle de la République européenne que le PSUNE veut promouvoir, l’Euro serait au service de la politique plutôt que d’en être un régulateur indépendant. Evidemment aucun des détracteurs de l’Euro n’a envisagé cette option. Aussi resterons-nous dans le cadre de l’actuelle Union. Même dans cette hypothèse, à y regarder de plus près, la critique n’a pas de réel fondement.
D’abord la monnaie européenne n’est pas si indépendante qu’elle le prétend ou que les Allemands le souhaiteraient peut-être. En effet la valorisation de l’Euro est fortement dépendante de la confiance qui est accordée aux politiques des Etats de la zone, dans une sorte de moyenne. Ainsi le fort endettement de certains pays fait-il contrepoids à l’orthodoxie budgétaire allemande. D’ailleurs les économistes ont prévu que des bruits persistants d’abandon de l’Euro pourraient faire tomber cette monnaie à 0,85 dollars, une part des conséquences catastrophiques apparaissant avant même cet abandon.
Finalement tout se passe un peu comme si l’Euro était soumis à une orientation indécise du genre de celle dont la France sait donner des exemples. C’est une monnaie molle pour une politique molle. Ce n’est pas le fer de lance d’une République européenne agressive. Mais cela ne nous change pas beaucoup du Franc français. Avec, malgré tout, un immense avantage. L’Euro hérite, d’un côté, de la crédibilité du Deutsche Mark et, de l’autre depuis la crise, d’une valorisation raisonnable qui ne pénalise pas les exportations tout en limitant le coût de l’énergie importée.
Ensuite que pourrait faire la France d’une monnaie nationale, si elle devait quitter demain la zone Euro ? Mener une politique monétaire indépendante au bénéfice de notre industrie et de nos emplois ? Malheureusement il faut comprendre que ce qui était encore possible il y a quelques décennies ne l’est plus aujourd’hui. Il n’existe en effet plus d’industrie française orientée vers l’exportation. Nous construisons encore des avions, mais en coopération européenne, et des voitures, sachant cependant que les automobiles des groupes français sont, de plus en plus, construites en Europe centrale ou au Japon, que l’acier et bien des accessoires viennent d’ailleurs. Ce ne sont pas quelques TGV, pour la vente desquels France et Allemagne s’entredéchirent, ni quelques navires, pour la construction desquels on importe la main d’œuvre, qui feront oublier la disparition de la petite industrie mécanique et surtout de toute l’électronique.
Par conséquent il ne servirait à rien de dévaluer. Sauf à diviser par cinq ou dix la valeur de notre monnaie, nous ne serions pas compétitifs par un simple effet mécanique. C’est le savoir-faire qui procure la compétitivité à l’exportation. Or, contrairement à l’Allemagne, La France a presque complètement perdu le sien.
On entend partout parler en France de processus de réindustrialisation. Malheureusement il manque à ce pays à la fois les capitaux pour investir et les personnes instruites et qualifiées pour intervenir à chacun des niveaux, pour entreprendre notamment. Là où la France ne peut qu’échouer, une République européenne à la mode du PSUNE, allant de l’Islande à la Russie mais sans la Turquie, pourrait réussir. Bénéficiant d’un vaste marché intérieur et de ressources énergétiques, elle serait en position de force pour imposer une sortie de crise conforme à ses intérêts, pour redéfinir les règles des échanges internationaux à son avantage. Elle pourrait se lancer dans un vaste programme d’instruction et de qualification et développer des industries de pointe.
Cela étant, le décrochement d’un Franc par rapport à l’Euro dont il serait sorti n’aurait pas besoin d’être provoqué. La perte de confiance envers le pays qui aurait commis une telle sottise agira toute seule. D’une part la dette, en Euros ou en dollars, se trouvera gonflée par la dévaluation, d’autre part la perte de la notation par un triple A augmentera le coût du remboursement de ladite dette. Soyons plus clairs. Une dévaluation de 30% transformerait une dette de 100 Euros en une dette de 141 Francs. A supposer que l’on puisse juguler l’inflation, faute de quoi la dévaluation serait gommée, que les salaires et les impôts prennent en Francs l’exacte valeur qu’ils avaient en Euros, il en sera de même du PIB. Le pourcentage de la dette dans le PIB augmentera de 41%. En même temps les taux d’intérêt passeront, par exemple, de 3% à 5%. Le poids du remboursement augmentera alors de 135%.
Les deux effets se cumulant comme on l’a vu et l’inflation ne pouvant être maîtrisée, la France entrera dans une spirale infernale du genre de celle qu’a subie la Grèce. Encore cette dernière continue-t-elle d’être aidée par ses voisins. Il ne restera plus à la France que la perspective de rejoindre les pays du tiers-monde, ce que certains semblent d’ailleurs souhaiter.
Pourquoi l’avenir de l’Euro ne doit-il pas être menacé.
La France n’a donc absolument aucun intérêt à quitter la zone Euro. Elle doit même faire tout son possible pour y rester. Sur ce point Sarkozy a raison ; du moins au niveau de son discours. Cependant cela vaut aussi pour les autres pays de la zone, qu’ils soient, sur le plan budgétaire, parmi les plus ou les moins vertueux. Autrement dit la survie de l’Euro est vitale pour tous.
Nous n’allons pas insister sur le cas des pays qui sont actuellement en difficulté. Tout ce qui a été dit pour la France s’applique à eux bien plus encore. Comment la Grèce rembourserait-elle sa dette avec un Drachme dévalué et les intérêts exorbitants que lui imposeraient les agences de notation ? Au moins, avec l’Euro, ces pays ont-ils pu bénéficier des mesures prises par leurs grands voisins européens pour leur éviter la faillite. Cette solidarité était, bien sûr, très égoïste. Les banques de ces grands pays étaient en effet fort exposées. Aussi la pérennité de l’appartenance à la zone est-elle pratiquement garantie aux pays qui ne prendraient pas, d’eux-mêmes, une décision contraire. On peut juste regretter que les sanctions imposées par l’Union européenne, représentant égoïstement des nations comme aujourd’hui, soient trop lourdes, qu’elles obèrent les chances de redressement avec, au final, un risque pour tous.
Regardons maintenant du côté de la vertueuse Allemagne. Les sondages récents ont montré qu’une majorité de citoyens était aujourd’hui favorable au retour du Mark. Les autorités du pays pourront certainement s’en servir d’argument pour imposer leurs vues à celles de leurs voisins. Mais aucun dirigeant ne prendra le risque de faire partir l’Allemagne de la zone Euro. Madame Merkel a été claire là-dessus. L’effet sur des pays comme la France serait exactement celui que nous avons envisagé précédemment. Or personne n’a intérêt à mettre en difficulté ses clients. Si l’industrie allemande perdait ses clients européens, elle n’y survivrait pas. D’autant plus que l’exportation vers les pays européens se fait dans le cadre d’une concurrence classique. L’exportation vers les pays émergents est de plus en plus accompagnée de transferts de technologie. Elle est donc fragile, en partie illusoire et surtout condamnée à terme, ce qu’on oublie trop souvent.
D’ailleurs la fin de l’Euro affecterait aussi les Etats-Unis et la Chine. Aussi personne n’a vraiment intérêt à attaquer cette monnaie, à l’exception de nihilistes qui prépareraient une crise sans commune mesure avec celle que nous avons connue du fait des égarements de la finance américaine. D’ailleurs ceux, parmi les politiciens français, qui prônent la sortie de l’Euro n’ont aucune chance d’accéder au pouvoir ou savent très bien qu’ils ne tiendront pas leurs promesses s’ils y accèdent.
12:47 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : euro, psune, agences de notation, crise grecque, dévaluation |
25/12/2010
BONUM HIEMIS SOLSTITIUM !
Mes meilleurs voeux de Solstice et/ou de Noël à tous nos lecteurs !
Le 25 décembre, date de naissance du sieur Jésus de Nazareth, selon la décision politique de l'empereur Constantin, était la fête dédiée à Rome au Sol Indiges, le "Soleil Indigène", assimilée à un dieu solaire impérial et fusionnel mis en avant par l'empereur Aurélien, Sol Invictus, le "Soleil Invincible", à la fin du IIIème siècle de notre ère.
Cette date correspond au solstice d'hiver du 21 décembre, qui ferme le cycle de l'année ouvert au printemps, l'année indo-européenne commençant en général à l'équinoxe de printemps, le 1er mars à Rome, le 21 mars en Perse (fête du Nowrouz).
En ce jour qui t'est consacré, salut à toi, invincible soleil, fils adoré du ciel, et à toi aussi, son frère, le maître de la foudre et du tonnerre, craint des forces de destruction. Pour un nouveau cycle, pour une nouvelle ère, dieu de la lumière, ta soeur l'Aurore t'éveille et te voilà sur ton char parcourant l'éther et dardant de tes flèches flambloyantes les démons qui auraient la témérité de sortir de leurs antres.
O SOL INVICTE
Ο ΗΛΙΕ ΑΝΙΚΗΤΕ
O UNBESIEGBARE SONNE
SŪRYA AJITA
22:11 | Lien permanent | Commentaires (0) |
15/12/2010
Le PS joue Marine contre Nicolas
Depuis plusieurs mois, sur toutes les chaînes de télévision et de radio, Marine Le Pen est invitée à exposer ses idées au plus grand nombre avec une évidente complaisance des media « de gauche » et notamment du service public. C’était particulièrement évident lors de l’émission « A vous de juger » de jeudi dernier (le 9 décembre 2010) où elle bénéficia de la part d’Arlette Chabot d’une émission faite sur mesure, utile à la veille de la clôture des adhésions au FN avant le congrès du 15 janvier 2011 alors que Marine Le Pen semblait en difficulté face à son concurrent Bruno Gollnisch. On lui a opposé un second couteau de la droite parlementaire en la personne de Rachida Dati, incarnation du bling-bling par excellence, une personnalité de droite exclue du gouvernement et à l’image médiatique en berne.
Le résultat fut au-delà de ses espérances, avec 3.5 millions de personnes devant leur télévision à regarder une émission de propagande en faveur de la nouvelle venue. Dans le journal suisse Le Temps comme dans la presse anglo-saxonne, Marine Le Pen a également une bonne image, son challenger étant totalement ignoré, ce qui lui vaut d’être attaquée en interne comme devant cette promotion à son ralliement idéologique au discours dominant. Il est vrai qu’à l’écouter on ne voit pas trop la différence avec le président de la république, même si elle apparaît plus tranchante dans la forme, à l’exception du domaine économique où on pourrait la confondre avec Olivier Besancenot ou Jean-Luc Mélenchon.
Or cette promotion médiatique paraît tout devoir aux intérêts du Parti Socialiste qui ne peut que souhaiter se retrouver en face d’elle au second tour des élections présidentielles, assurant ainsi sa victoire dans un 21 avril inversé. Mais le succès de l’émission de jeudi a dépassé le cadre de la droite, car Marine Le Pen empiète désormais aussi sur l’électorat de gauche, d’où la panique qui a pris les dirigeants du PS à l’issue d’une émission qui au départ était prévue pour servir leurs intérêts.
Vendredi dernier, lors d’un meeting contextuel de Marine Le Pen devant les adhérents de son mouvement, celle-ci s’est laissé aller à une comparaison hasardeuse entre l’occupation allemande et l’occupation physique le vendredi de certaines rues françaises par des musulmans afin d’y pratiquer leurs rites, comme dans la désormais fameuse rue Myrrha du quartier de la Goutte d’Or (Paris XVIIIème arrondissement). Cette volonté de nazifier des adversaires n’est pas propre à Marine Le Pen, qui l’inaugurait au sein de son parti, mais correspond à une attitude générale de toute la classe politique. Quand la « gauche » dénonce une politique de déportation de la part du gouvernement UMP, quand Eric Besson est comparé à Pierre Laval, elle ne se remet pas en question.
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14/12/2010
La gauche française sur les traces de Marine Le Pen
Par la gauche nous désignons tout ce qui va du parti de Mélenchon au le PS de l’égalité réelle.
Le FN de Marine Le Pen a pris des options économiques tout à fait radicales : sortir la France de la zone euro pour fonder une nouvelle monnaie nationale et en profiter pour dévaluer cette dernière, tout cela pour retrouver en théorie un peu de compétitivité. Jean-Luc Mélenchon ne dit strictement rien d’autre. Les deux s’entendent pour trouver abominable le modèle allemand. Quant au PS de l’égalité réelle, il ouvre si largement le carnet des dépenses qu’il serait impossible à la France de s’accrocher à l’Allemagne. Comme notre pays est trop grand pour être secouru comme la Grèce, l’Irlande ou le Portugal, la seule issue serait l’éclatement de la zone euro, quelques pays en profitant pour créer une nouvelle monnaie plus solide. Au final ou bien la France retrouverait une monnaie propre ou bien elle ferait partie d’un groupe gérant une sorte de sous-euro.
Les nouvelles options du FN, en tout point catastrophiques mais là n’est pas le débat, sont en cohérence avec une europhobie à base d’antigermanisme. Jean-Luc Mélenchon n’est absolument pas en reste sur ce point. On s’attendait à trouver un PS plus mesuré, puisqu’une partie de ses dirigeants se déclaraient favorables à la construction européenne, il y a peu de temps encore.
La sortie récente de Marine Le Pen sur l’occupation de la rue française par certains musulmans en prière nous ouvre les yeux. En effet on aurait pu s’attendre à voir le PS rebondir sur l’événement pour dénoncer l’hypocrisie du gouvernement et de la droite, lesquels prétendent défendre la laïcité mais ne font rien pour empêcher un étalage religieux en public qui va jusqu’à interdire la rue aux riverains : soit construire des lieux de culte soit interdire les prières en public comme on interdit certaines manifestations laïques, païennes ou chrétiennes. Tout au contraire, le PS, avec Martine Aubry sa présidente, Benoît Hamon, son porte-parole, et Arnaud Montebourg, son jeune loup, a réagi avec une grande violence contre la seule Marine. On notera juste que Ségolène Royal, bien avisée, a préféré prendre ses distances.
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01/11/2010
La gauche et l'extrême-droite, une europhobie convergente
Nous allons examiner le regard posé par la prétendue "gauche", du Modem jusqu'à Jean-Luc Mélenchon en passant par le PS, mais à l'exclusion de l'extrême gauche, sur le problème des retraites. Nous observerons une surprenante convergence avec le FN de Marine Le Pen.
La réforme des retraites a suscité une très large réprobation dans l'opinion des Français. C'était prévisible : travailler un peu plus longtemps, même s'il est inexact de parler de deux ans de plus, ne plaira à personne. Cette réprobation a cependant été reprise par la totalité des partis de la "gauche responsable", celle qui prétend parvenir au pouvoir, avec des arguments hautement discutables.
La réforme serait injuste. Pour certains, cela veut dire que jouer sur les trimestres serait plus juste. Or c'est absolument faux. Prenons l'exemple de quelqu'un, espérant vivre 80 ans, qui a commencé à 20 et prendra sa retraite à 62 : il aura 18 ans de retraite pour 42 ans de travail. A quel âge aurait-il dû commencer pour prendre sa retraite à 60 ans, espérant alors 20 ans de retraite, avec le même rapport retraite/travail? Moins de 13 ans! Les mesures d'âge sont plus de deux fois moins pénalisantes que le calcul par trimestres. Et, compte-tenu de l'exception concédée par le gouvernement pour les carrières commençant à 16, 17 ans, c'est quatre fois moins. L'économiste Elie Cohen reconnaît qu'on a choisi une injustice contre une autre. Il oublie de dire l'autre était quatre fois plus grande. En fait le choix gouvernemental de 2010 corrige même le précédent dans le sens de la justice.
La réforme serait injuste. Pour d'autres, il fallait faire payer le capital. Comment ne pas voir que c'est tout le principe de la retraite par répartition qu'on conteste? La retraite est un salaire différé. On doit la prendre exclusivement sur les salaires. Cela n'empêche pas de taxer le capital par ailleurs, ni de contester l'assiette générale de l'impôt. Cependant mélanger retraite et capital conduit tout droit à la retraite pas capitalisation. Il faut savoir ce que l'on veut.
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24/10/2010
Mouvement social et problème des retraites
A la suite du vote de la loi de réforme du système des retraites proposée par le gouvernement Fillon, qui consiste à allonger la durée de cotisation (42 ans d’annuité) et à repousser progressivement l’âge de la retraite à 62 ans (au lieu de 60), la retraite complète étant garantie à 67 ans, un mouvement social d’une certaine ampleur, impulsé par les différents syndicats, la CGT, la CFDT et FO en tête, pour une fois unis dans un même refus, a partiellement paralysé la France ces dernières semaines et annonce de nouvelles manifestations pour les semaines à venir, notamment jeudi (28 octobre) prochain.
Ce mouvement social appelle deux réflexions principales, à savoir la question de la légitimité de son action et le sens de sa démarche. Rappelons en premier lieu que les syndicats français ne représentent qu’environ 6% des travailleurs, alors que le syndicalisme allemand, par exemple, en regroupe au moins 60%, et qu’on ne verrait jamais des mouvements de cette nature chez nos voisins immédiats. Si le droit de grève est à juste titre reconnu, sa signification en est profondément détournée, ce qui en démocratie pose de véritables problèmes.
Lorsque les travailleurs du privé se mettent en grève, ce n’est pas à la légère, mais parce qu’ils estiment que leur employeur ne les rémunère pas honnêtement, en raison du coût de la vie qui augmente, c'est-à-dire selon un argumentaire précis, et notons qu’en période de chômage, ils ne le font que contraints par la nécessité. Or ils sont eux aussi concernés par cette réforme des retraites mais pour une majorité d’entre eux ils ont fait le choix de continuer à travailler. En revanche, dans des secteurs anciennement nationaux, comme la SNCF, dans une moindre mesure la RATP, à la Poste et dans le service public en général, le mouvement a été plutôt suivi, amenant à de vrais problèmes d’approvisionnement des stations services en essence et à des limites graves à la liberté de circulation (trains supprimés, opérations « escargot » sur les autoroutes… etc).
21:12 Publié dans Editoriaux | Lien permanent | Commentaires (0) |
La guerre des europhobes (partie II)
Le duel Le Pen/Gollnisch.
Le Front National est la plus importante structure politique europhobe en France, en particulier depuis sa remontée électorale aux élections régionales et depuis la retraite de Philippe de Villiers de la vie politique. Marine Le Pen a fait de l’opposition à l’Union Européenne son principal cheval de bataille, prônant l’abandon de l’€ au profit d’une monnaie nationale, la restauration des frontières (toujours) nationales et la fin de la construction européenne par sécession de la France. Ce programme est sans ambiguité, et ses adversaires, au sein du FN comme à l’extérieur, partagent globalement les mêmes éléments de doctrine. Bruno Gollnisch (FN), Carl Lang (PdF) ou encore Annick Martin (MNR), proposent une démarche analogue, dans un schéma strictement souverainiste. En ce sens, la confrontation interne et externe entre les deux candidats à la succession du vieux chef ne repose nullement sur ce thème.
La stratégie de Marine Le Pen : ses qualités et ses limites.
Dédiaboliser un parti politique comme le FN en renonçant à des provocations dialectiques sur des sujets qui fâchent, et qui sont de plus annexes par rapport aux problèmes politiques, renonçant ainsi par exemple à toutes les formes de judéophobie, est une stratégie logique et nécessaire pour un parti qui aspire au pouvoir et ne veut pas se contenter de témoigner. Politiquement, Marine Le Pen a donc raison de vouloir rompre avec des thématiques sulfureuses et de se désolidariser d’une ligne catholique traditionnaliste qui par son rigorisme moral plus qu’excessif ne saurait qu’effrayer les électeurs. L’idée qu’il faudrait travailler le terrain local parallèlement à des actions nationales paraît également assez saine, et les résultats probants de l’action électorale de ce parti aux diverses élections de la petite ville d’Hénin-Beaumont semblent valider une telle démarche.
19:52 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europhobie, ferrier, nationalisme, fn, marine le pen |
La guerre des europhobes (partie I)
Sortir de l’Union Européenne ?
Si l’européanisme a toujours transcendé les clivages classiques, allant de l’extrême-gauche à l’extrême-droite, en passant par la sociale-démocratie et la démocratie chrétienne, du MSEUE d’André Philip (socialiste) au MSE de Per Engdahl (néo-fasciste) dans les années 50, il apparaît qu’en ce début du XXIème siècle, l’européanisme a été abandonné progressivement par les différentes familles politiques. Le Mouvement Démocrate de Bayrou ne se référe que fort peu à l’Europe, nationalisant les débats, tandis qu’un Mélenchon pour le Front de Gauche tombe quant à lui dans l’europhobie de gauche, rejoignant dans son hostilité à l’Union Européenne le NPA de Besancenot ou le PT de Schivardi, et PS et UMP préfèrent une approche plutôt euro-tiède, Nicolas Sarkozy privilégiant les gouvernements nationaux aux institutions de l’Union Européenne, que celles-ci aillent dans le bon ou le mauvais sens. Il est en ce sens indéniable que les propos de Vivianne Reding ont fait le jeu des europhobes de toutes tendances.
Nous avions dans un précédent article évoqué le cas du souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, que nous avions qualifié d’europhobe, au grand dam de certains de ses partisans. Dans cet article en deux parties, nous allons évoquer le cas spécifique de la droite nationale, car l’extrême-gauche, qui nous paraît aussi europhobe que son adversaire-miroir, sauf cas particulier du PT, ne prône pas (encore) que la France quitte l’Union Européenne, en traitant d’abord du cas des mouvements prétendûment européanisants, qui se rallient à l’europhobie ambiante, et en évoquant par la suite le conflit interne au Front National, principale structure europhobe en France. Cette europhobie que nous dénonçons, à la différence de l’europhobie évoquée dans notre précédent article consacré à la criminalité ciblée dont sont victimes des européens en Europe et des descendants d’européens dans le monde, est de nature strictement politique.
18:45 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ferrier, europe, européanisme, nationalisme, ndp, union européenne |