Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/09/2014

L’Europe et la Russie

http://thomasferrier.hautetfort.com/media/01/02/1498962716.png

UE.jpgJ’ai volontairement repris, dans le titre, la façon de s’exprimer de la plupart des journalistes et des dirigeants de l’UE et de l’OTAN, lesquels décrivent le conflit actuel comme opposant d’un côté « Kiev et les Européens » et de l’autre « Moscou ». Or rien n’est plus absurde ; la Russie fait partie de l’Europe et le conflit n’est qu’un conflit interne à l’Europe. En réalité, c’est un peu plus que cela, mais pas dans le sens que l’on croit, comme on le verra.

Revenons d’abord très brièvement sur l’enclenchement du conflit et sur les vraies responsabilités, pour lesquels quelques commentateurs, minoritaires hélas, ont apporté malgré tout une vision éclairée. Tout a commencé quand l’UE a fait miroiter à l’Ukraine une certaine forme d’association sans englober la Russie dans sa démarche. Je passe sur la propagande et sur l’organisation de l’agitation, sur le non-respect des accords négociés à Kiev. Je passe aussi sur le rôle des USA et sur leur doctrine Brzezinski. C’est l’UE qui a commis la faute originelle et qui n’a rien fait pour corriger son erreur en maintenant toujours la Russie à l’écart. C’est elle et elle seule qui porte la responsabilité des morts d’aujourd’hui. Ce ne sont pas les USA, qui sont libres de leurs choix, les dirigeants européens n’ayant pas mission d’appliquer la stratégie d’un état qui n’est pas européen. Ce n’est pas l’Ukraine, qui est en décomposition. Ce n’est pas non plus la Russie.

La Russie pouvait-elle faire autre chose que réagir ? Chaque fois qu’elle s’est montrée conciliante, elle a été écrasée, humiliée. L’OTAN avait promis de ne pas s’étendre aux anciennes républiques soviétiques en échange de la réunification allemande ; la Russie n’a pas réagi quand cela s’est fait et maintenant l’OTAN envisage de s’étendre à l’Ukraine. Poutine a bien compris le message. Il a réagi en Géorgie et a fini par s’y faire respecter, même s’il est dommage que cela ait abouti à une situation bancale, avec des états non reconnus. Il a réagi de façon remarquable en reprenant une Crimée qui est russe et dont le rattachement à l’Ukraine par Khrouchtchev était justifié par la continuité géographique. Il devait réagir au Donbass. Là, on ne sait pas comment cela se terminera, mais il est peu probable que l’issue soit satisfaisante.

Que faut-il faire du côté de l’UE ? Il ne s’agit pas non plus de laisser entendre à la Russie qu’elle peut se permettre n’importe quoi : certains nostalgiques de l’URSS voudraient l’invasion de l’Ukraine. Mais il y a des dirigeants sérieux à Moscou alors qu’il n’y a que des pantins à Kiev. Il faut donc négocier comme Nicolas Sarkozy l’a fait pour la Géorgie, en reconnaissant à la Russie une part de bon droit et en indiquant ce qu’on exigeait d’elle par ailleurs. En Ukraine, il faudrait exiger de la Russie le respect de l’Ukraine et exiger d’elle de ne plus intervenir au Donbass dès lors que l’Ukraine aurait conféré un statut d’autonomie à cette province. En même temps, il faudrait faire comprendre aux dirigeants de Kiev qu’ils ne peuvent espérer aucun soutien s’ils n’acceptent pas cette autonomie. Partant de là, la Russie prendrait à sa charge le redressement économique de l’Est et l’UE celui du reste de l’Ukraine, dans le cadre d’une formule d’association UE-Ukraine-Russie.

Maintenant, si l’on replace le conflit dans une perspective européiste plus ambitieuse, en pensant à la future république à instaurer sur notre continent, le conflit prend une tout autre dimension. Bien sûr, on doit regretter cette guerre interne à l’Europe, qui fait des victimes dont on aurait pu se passer et qui va installer un fossé entre des Européens frères. Pourtant, étant donnée l’attitude des dirigeants de l’UE qui sont à la solde d’une puissance alliée mais étrangère, il fallait qu’elle ait lieu. Quelles que soient les réticences que l’on puisse avoir à propos des dirigeants russes, il faut reconnaître que la Russie d’aujourd’hui est le principal point d’ancrage de l’européanité sur le continent. Ainsi le conflit est-il une guerre entre l’Europe, représentée par la Russie, d’une part, et les mauvais démons de cette Europe, représentés par l’UE d’autre part. Il est donc essentiel que la Russie ne se couche pas dans cette affaire. C’est la survie d’une Europe européenne qui est en jeu.

En attendant, comment faire confiance aux dirigeants des USA et à ceux de l’UE en matière géopolitique ? Les Américains n’ont pas compris que cela fait deux décennies qu’ils ont tout faux quant à leurs alliances. Le 11 septembre ne leur a-t-il pas suffi ? L’exécution ignoble de leurs deux otages par les islamistes d’Irak et de Syrie ne leur a-t-elle pas ouvert les yeux ? Quant aux membres de l’UE, l’exemple de la Libye ne leur dit-il rien ? Ont-ils vraiment pris conscience de ce qui va se passer quand leurs milliers de djihadistes reviendront de Syrie ? Il est vrai que les pays de l’Est de l’UE sentent moins les dangers venant du Sud. Mais comment un dirigeant polonais, par exemple, lequel a nécessairement visité Paris à plusieurs reprises, peut-il se montrer aveugle ?

Peter EISNER (PSUNE/LBTF)

01/11/2010

La gauche et l'extrême-droite, une europhobie convergente

bandeaubillets2 - eisn.png

marteau.gifNous allons examiner le regard posé par la prétendue "gauche", du Modem jusqu'à Jean-Luc Mélenchon en passant par le PS, mais à l'exclusion de l'extrême gauche, sur le problème des retraites. Nous observerons une surprenante convergence avec le FN de Marine Le Pen.

La réforme des retraites a suscité une très large réprobation dans l'opinion des Français. C'était prévisible : travailler un peu plus longtemps, même s'il est inexact de parler de deux ans de plus, ne plaira à personne. Cette réprobation a cependant été reprise par la totalité des partis de la "gauche responsable", celle qui prétend parvenir au pouvoir, avec des arguments hautement discutables.

La réforme serait injuste. Pour certains, cela veut dire que jouer sur les trimestres serait plus juste. Or c'est absolument faux. Prenons l'exemple de quelqu'un, espérant vivre 80 ans, qui a commencé à 20 et prendra sa retraite à 62 : il aura 18 ans de retraite pour 42 ans de travail. A quel âge aurait-il dû commencer pour prendre sa retraite à 60 ans, espérant alors 20 ans de retraite, avec le même rapport retraite/travail? Moins de 13 ans! Les mesures d'âge sont plus de deux fois moins pénalisantes que le calcul par trimestres. Et, compte-tenu de l'exception concédée par le gouvernement pour les carrières commençant à 16, 17 ans, c'est quatre fois moins. L'économiste Elie Cohen reconnaît qu'on a choisi une injustice contre une autre. Il oublie de dire l'autre était quatre fois plus grande. En fait le choix gouvernemental de 2010 corrige même le précédent dans le sens de la justice.

La réforme serait injuste. Pour d'autres, il fallait faire payer le capital. Comment ne pas voir que c'est tout le principe de la retraite par répartition qu'on conteste? La retraite est un salaire différé. On doit la prendre exclusivement sur les salaires. Cela n'empêche pas de taxer le capital par ailleurs, ni de contester l'assiette générale de l'impôt. Cependant mélanger retraite et capital conduit tout droit à la retraite pas capitalisation. Il faut savoir ce que l'on veut.

Lire la suite

07/06/2010

Le problème des retraites en Europe

bandeaubillets2 - eisn.png

ouvrie10.gifIl y a plusieurs façons d'aborder le problème des retraites, suivant qu'on se place dans la situation idéale d'une société parfaitement stable, que l'on prenne en compte la réalité de la société française d'aujourd'hui, ou encore que l'on imagine une société en marche vers la situation idéale précédente. Cependant nous verrons que les solutions à apporter ne sont pas radicalement différentes.

Commençons par le premier cas, qui est un cas d'école. Par société idéale, nous entendons une société dont le taux de fécondité par couple serait un peu supérieur à 2, le remplacement des populations se faisant alors sans recours à une quelconque immigration, une société ne connaissant qu'un très faible taux de chômage, et, en même temps, une société où la protection sociale serait à un haut niveau, avec une espérance de vie même un peu supérieure à celle de la France d'aujourd'hui. C'est la société qu'on a pu entrevoir à la sortie de la dernière guerre.

C'est en pensant à ce modèle, pourtant déjà complètement obsolète, qu'on a abaissé l'âge de la retraite sous un gouvernement socialiste. Or c'était une grave erreur. Dans cette société idéale, stable, la responsabilité d'une génération envers celle qui la suit prend complètement son sens. Même si les jeunes d'aujourd'hui trouvaient facilement un travail, il ne serait pas normal de leur faire subir la charge d'entretenir des seniors encore capables de participer à la production des richesses. Car, dans une société solidaire, chacun doit apporter à la collectivité tout ce dont il est raisonnablement capable.

Le fait de travailler n'est pas nécessairement une punition. Tout dépend des conditions dans lesquelles s'effectue le travail. Certains travaux sont pénibles et ils ne peuvent être demandés trop longtemps aux mêmes personnes. D'autres demandent une grande fraîcheur physique et ils ne sont plus possibles au-delà d'un certain âge. Cela dépend bien sûr des personnes, mais le principe général est là. En revanche d'autres travaux peuvent être encore effectués par des seniors. Surtout si l'on adapte le rythme du travail à leurs capacités amoindries. Pour des fonctions d'organisation, d'encadrement, de conseil, ils sont parfois mieux placés que les jeunes. Le travail, si les conditions et le rythme sont adéquats, peut représenter une forme d'accomplissement, même pour un senior.

Lire la suite