23/09/2013
Elections allemandes 2013 : un scrutin sans grande surprise
La CDU/CSU obtient 42,7% des voix environ (34,1% pour la CDU et 8,6% pour la CSU). C’est l’effet Merkel mais aussi l’effondrement du FDP qui est pour la première fois de son histoire exclu du Bundestag. Avec seulement 4,8% des voix (et 2,4% même en premier choix), le mouvement est durement sanctionné par les électeurs. Il a également été victime d’un fort vote utile en faveur de la chancelière sortante.
La SPD représenté par Peer Steinbrück a été lourdement sanctionnée avec 25,5% des voix, ce qui est malgré tout une progression d’environ 2.6 points. L’impact des scandales ayant touché la CDU et la mise en cause de Merkel dans l’affaire des écoutes américaines a été très faible. Le bilan économique, certes contestable, de la CDU a joué en sa faveur, malgré une politique énergétique particulièrement maladroite, à savoir la sortie contre tout bon sens du nucléaire.
Les écologistes sont également sanctionnés durement, en raison des scandales liés à la pédophilie qui ont touché le parti ces derniers mois, mais aussi parce que Merkel a asséché la principale revendication des Grünen, la sortie du nucléaire. Avec 8,2% des voix, ils retombent à un score à un chiffre, annonçant peut-être leur chant du cygne.
Die Linke, avec 7,9% des voix, maintient sa force, même si le parti de Gregor Gysi perd 3.3 points. Il continue en Allemagne de l’Est d’avoir le vent en poupe, même si la tendance WASG semble en revanche avoir échoué à se maintenir à l’Ouest.
La principale inconnue de ce scrutin était le résultat du mouvement AfD, un parti récent basé sur une sortie de l’€uro, mais ayant aussi adopté la thématique migratoire d’une manière plus souple toutefois que la droite nationaliste. Comme la NPD en 1969 (4,3%), AfD échoue à rentrer au Bundestag, n’obtenant que 4,6% des voix, ce qui constitue malgré tout un bon premier score, et annonce un succès potentiel pour les élections européennes de 2014, la barre étant alors à 3%. Malgré tout, symboliquement, c’est un échec, même si relatif. En outre, AfD n’a pas réussi à assécher complètement l’extrême-droite.
La NPD avec 1,2% des voix perd un 0.3 point. Elle continue ainsi son inexorable chute vers la marginalité groupusculaire, malgré des coups médiatiques provocateurs. Elle ne peut pas accuser les Républicains, les REP n’obtenant que 0,2% des voix (- 0.2), mais tout au plus les candidats de Pro Deutschland (0.2%), Die Freiheit faisant un score dérisoire. Réunie, la droite nationale obtient un ridicule 1,6%, toutes chapelles confondues. Elle est essentiellement victime de AfD mais aussi d’un vote en faveur de la CDU/CSU.
Autre échec, celui des Piraten, qui n’obtiennent que 2,1% des voix, alors que certains sondages il y a quelques mois leur promettaient une entrée fracassante au parlement. L’incohérence de leur ligne politique, l’importance des enjeux et la popularité d’Angela Merkel ont fait le reste.
C’est donc face à une Allemagne en forme, même si une grande coalition devait voir malgré tout le jour, et une chancelière soutenue, que le président français Hollande va devoir négocier. Réélue en fanfare, elle sera moins bien disposée à son égard. Le score de l’AfD, qui aurait pu l’inquiéter, l’amènera en revanche à tempérer sa politique européenne, les Grecs pouvant en faire les frais.
La CSU, avec 8,6% des voix, dépasse les Verts et la Gauche. C’est un score inespéré qui va lui permettre de peser davantage au sein de la coalition avec la CDU. Elle détrône la FDP, éliminée du jeu. Philip Rösler, son porte-parole, était d’ailleurs effondré ce soir.
00:25 Publié dans Analyses, Elections en Europe | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : angela merkel, élections législatives allemandes 2013, cdu, csu, steinbrück, afd |
14/09/2013
Elections norvégiennes 2013
Malgré sa popularité en berne, les Travaillistes (Arbeiderpartiet) demeurent le premier parti du pays, avec 30,8%, perdant certes 4,5 points par rapport à 2009, mais deux seulement par rapport à 2005. Ils formeront avec 55 députés le plus grand groupe, même s’il sera amputé de neuf sièges. Mais ce succès personnel du parti se fait au détriment de ses alliés naturels. Le parti de centre-gauche Senterpartiet, avec 5,5% des voix, perd 0,7% et un siège, et de même le Parti Socialiste (Socialistisk Venstreparti) n’obtient que 4,1% des voix (-2,1) et 7 sièges (-4), l’ensemble n’obtenant que 72 sièges en tout (-14). De son côté, le parti écologiste (Miljopartiet De Gronne), soutenu par l’ancien candidate écologiste aux élections présidentielles françaises, la franco-norvégienne Eva Joly, progresse nettement et obtient son premier siège avec 2,8% (+2,4) des voix. Le parti Rouge (Rodt), avec 1,1% des voix (-0,3) reste sans député.
Les Conservateurs (Høyre) avec 26,8% remportent le scrutin, même s’ils sont seconds en voix, en pourcentage et en sièges. Ils progressent de 9,6 points en cinq ans, et passent de 30 sièges à 48. De nombreux électeurs ont quitté le Parti du Progrès (Fremskrittspartiet) afin de voter utile, mais aussi par réaction face aux évènements d’Utoya, en raison de la brève appartenance de Breivik au FP. Ce dernier n’avait pas trouvé sa place au sein d’une formation qu’on présente en France comme de « droite nationale », une sorte de FN soft, ce qui était sans doute encore le cas sous la direction de Carl Hagen, mais qui donne des gages à l’idéologie dominante, ayant même choisi un norvégien d’origine indienne pour diriger sa section de jeunesse.
L’effet « Breivik » aura été de recentrer encore davantage la formation dirigée par Siv Jensen sur une position de droite conservatrice, mais à ce jeu certains électeurs auront préféré les conservateurs originaux, et en outre les électeurs inquiets par la problématique migratoire seront probablement restés chez eux. Avec 16,3% des voix, le FP perd 6,6 points par rapport à 2009 mais aussi 5,8 points par rapport à 2005. En 2009 en effet, avec 22,9% des voix, le FP était devenu le second parti du pays et le premier parti d’opposition. Il est désormais largement distancé par le Høyre.
Enfin, plusieurs partis nouveaux sont apparus, mais demeurent à un niveau faible. Les Pirates (Piratpartiet) n’obtiennent que 0,3% des voix et le mouvement des Chrétiens (De Kristne) seulement 0,6%. Ils sont donc loin de la barre des 2% donnant droit à des élus. En 2009, les listes alternatives de droite nationale, comme les Patriotes Norvégiens (NorgesPatriotene), étaient réduites à néant. En 2013, c’est au tour des communistes de se retrouver à zéro. Il faut environ 60.000 voix pour espérer des députés, et toutes ces formations en sont loin.
En cumulé, le centre-droit, si on y inclut le FP, aurait obtenu 53,7% des voix (+4,1), avec un échange de voix entre Høyre et le FP d’environ sept points, alors que le centre-gauche n’aurait obtenu que 40,2% des voix, mais ce si on ne compte pas les Verts en leur sein.
Pour gouverner, conservateurs et libéraux de Venstre (5,2% des voix, +1,4 ; 9 sièges, +7), autre gagnant de ce scrutin mais dans une moindre mesure, auront besoin de former une coalition avec le Parti du Progrès pour gouverner. Ce dernier y semble prêt , n’étant plus en mesure de devenir le premier parti du pays. Il répudie « progressivement » toute idée d’identité nationale et/ou européenne pour des strapontins ministériels. Toutefois, le prix à payer pourrait être de connaître la situation du FPÖ après 2000 en Autriche, la droite conservatrice s’emparant d’une partie (supplémentaire) de son électorat.
L’évolution du FP, qui certes n’a jamais été comparable aux autres partis nationaux, FN comme FPÖ, laisse présager de celle que connaîtront ces autres partis si les portes du pouvoir s’ouvrent à eux dans le cadre d’une grande coalition. Mais pour leurs électeurs, qui en espérent sans doute autre chose, la leçon sera amère.
12:40 Publié dans Analyses, Elections en Europe | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ferrier, psune, elections législatives en norvège 2013 |
03/09/2013
L'Europe selon Jacques Cordonnier
Le blog Thomas Ferrier reprend ses entretiens sur l'Europe. Aujourd'hui, Jacques Cordonnier, président du mouvement régionaliste Alsace d'Abord, et européen de coeur et d'esprit depuis toujours. Il nous a fait l'honneur de répondre à nos questions avec sa franchise habituelle.
LBTF: Jacques Cordonnier, bonjour !
Jacques Cordonnier: bonjour !
LBTF: Région, Nation, Europe ? Y a-t-il selon vous un mot de trop dans ce triptyque ?
JC: Les appartenances à une région, à une nation et à l’Europe sont les trois composantes du sentiment identitaire de chaque Européen. L’importance relative de chacun de ces liens – région, nation, Europe - est variable selon les individus, mais que nous le voulions ou non, nous sommes tous déterminés par cette triple appartenance.
LBTF: L’Alsace de par son histoire est une terre d’Europe par excellence. Comment expliquez-vous que l’européanisme naturel de l’électeur alsacien l’amène paradoxalement à soutenir dans une proportion non négligeable un parti europhobe comme le Front National ?
JC: Les résultats électoraux en Alsace, lors des différents scrutins depuis plusieurs décennies, peuvent sembler paradoxaux. Mais le paradoxe n’est qu’apparent. Lors du référendum sur le traité de Maastricht en 1992, comme au référendum sur le traité constitutionnel en 2005, c’est l’Alsace qui, de toutes les régions françaises, a donné au « Oui » ses meilleurs scores. Et au moment des élections présidentielles, c’est aussi l’Alsace qui vote dans des proportions importantes en faveur du Front National.
Comment s’expliquent ces paradoxes ? Eh bien, tout simplement les électeurs alsaciens font la part des choses entre les différents scrutins, et savent hiérarchiser leurs critères de choix. Pour les élections présidentielles, ils mettent en tête de ces critères la question de l’immigration. Quand ils sont interrogés sur l’avenir de l’Europe, ils font sans barguigner le choix de la construction européenne. Il y a en réalité une grande cohérence dans ces résultats électoraux : les Alsaciens sont favorables à l’Europe européenne et hostiles à l’immigration non-européenne.
LBTF: Une vague d’euroscepticisme semble s’abattre sur l’Europe. Pour ceux qui ont foi comme nous en l’Europe et en son unité, qu’est-ce qui peut maintenir la flamme ?
JC: Les effets de la crise financière et économique ont, depuis 2008, amplifié la méfiance de nombreux européens vis-à-vis de l’Europe. Les dirigeants politiques, même pro-européens, en portent une grande part de responsabilité, car ils ont toujours tenu un discours ambigu auprès de leurs électeurs, imputant aux institutions européennes les conséquences de leurs propres insuffisances.
Mais en même temps, les Français comme les autres Européens prennent de plus en plus conscience que les menaces et les tensions qui se développent à l ‘échelle de la planète ne peuvent pas trouver de réponse à l’échelle d’un pays. La montée en puissance de la Chine, la responsabilité des États-Unis dans les dérèglements de la finance mondiale, la dépendance énergétique de l’Europe, l’augmentation continue de l’immigration non européenne sont au cœur de problématiques qui dépassent largement l’échelle de la France seule. Les récentes révélations de l’espionnage des institutions européennes par les agences américaines de renseignement illustrent bien à quel niveau se déroulent les conflits et à quel niveau doit être organisée la riposte.
LBTF: Comment résister ? Entre ceux qui usurpent l’idée d’Europe, la réduisant à n’être qu’une province du « système-monde », et ceux qui profitent des défauts graves de l’UE actuelle pour enterrer l’idée européenne avec le parlement de Strasbourg, nous sommes cernés par des aveugles.
JC: Les souverainistes ne cessent de dénoncer l’Europe de Bruxelles comme une Europe fédérale. Ceci est totalement trompeur. Par sa tendance à s’attribuer autoritairement toutes les compétences, l’Europe de Bruxelles se construit au contraire sur un modèle très largement jacobin. La subsidiarité si souvent invoquée n’est plus qu’un concept inappliqué. Loin d’être fédérale, l’Europe est aujourd’hui jacobine à l’extrême, puisqu’elle conjugue tous les défauts des systèmes ultra-centralisés : autoritarisme, opacité et pouvoir parlementaire inexistant.
À l’autre bout de l’échelle, il y a les nombreux europhiles d’incantation. Ces partisans de l’Europe économique ont favorisé la dérive libérale des institutions. Loin de préparer l’avènement d’une Europe politique, l’hypertrophie de l’économie a entraîné la dépolitisation et la consécration du pouvoir des experts. L’Europe se retrouve aujourd’hui chahutée dans le mouvement brownien d’une mondialisation débridée, à la grande satisfaction d’un certain nombre de commissaires européens.
Entre les souverainistes et les europhiles de la finance - les aveugles - il y a ceux qui voient, ceux qui préconisent et réclament la réforme des institutions européennes pour relancer et vivifier le projet européen. La relance de l’Europe politique est la seule réponse aux effets désastreux de la mondialisation poussée à l’excès.
LBTF: L’Europe de vos rêves, ou de vos espoirs, c’est quoi ? Une Europe fédérale ?
JC: Le bon chemin vers l’union politique de l’Europe, c’est la voie fédérale qui seule permet de construire un ensemble politiquement cohérent, souverain, tout en respectant les différences et les spécificités des peuples. La question de la souveraineté est la question fondamentale et il faut méditer cet étrange paradoxe : tout ce que les États membres de l’Union ont perdu en souveraineté n’a pas profité à l’Europe ; celle-ci n’est pas devenue plus souveraine pour autant. On aurait pu espérer que le Parlement européen s’empare instantanément de chaque parcelle de souveraineté abandonnée par les États. Malheureusement, les choses ne se sont pas passées comme cela. Le Parlement européen, seule instance théoriquement détentrice de la souveraineté populaire, s’est privé à la fois de son pouvoir normatif et de son pouvoir de contrôle. Le Parlement européen n’est aujourd’hui qu’une chambre d’enregistrement pilotée par les chefs des partis nationaux.
LBTF: Que vous inspire l’idée de « nation européenne » au singulier, à partir du moment où elle est bâtie sur de saines bases et respecte les identités régionales ?
JC: L’Europe en réalité n’a pas pour but d’effacer les nations, mais de les dépasser, en séparant la nation de l’État. Les nations sont des réalités historiques qui doivent être prises en compte dans une optique marquée par l’application systématique du principe de subsidiarité, au même titre que les régions et les territoires articulés autour des grandes métropoles. Sublimer les nations européennes en une nation européenne est le projet auquel nous devons nous attacher. Il faudra remplacer la démagogie par la pédagogie et expliquer aux peuples que la marche vers l’intégration politique implique que les États membres consentent à des abandons de souveraineté, par le haut en faveur de l’Europe, et par le bas en faveur des régions.
L’actualité à propos du conflit syrien a mis en lumière l’incapacité de la France à agir seule et l’alignement de son gouvernement sur celui-des États-Unis. Ceci démontre à quel point la souveraineté de la France seule est limitée, stérile et inopérante. Et c’est cela que les partis nationalistes veulent préserver ? Dérisoire ! Une Europe unie aurait assurément mieux défendu les intérêts des Européens.
LBTF: Dominique Venner affirmait que l’Europe souffrait de l’absence d’une religion identitaire. Pensez-vous que le paganisme puisse être l’une des voies d’un renouveau spirituel de l’Europe ?
JC: Je ne le pense pas, pour la simple raison que le paganisme n’existe plus. Pour qu’une religion prospère, il lui faut des adeptes et des prêtres. On constate d’ailleurs que les Européens s’éloignent de plus en plus de leur foi, quelle que soit leur religion, l’islam mis à part. Les gens deviennent agnostiques. Le redressement de l’Europe ne viendra pas de la religion, mais de la politique.
LBTF: Que répondez-vous à ceux qui prônent la mort de l’Union Européenne ?
JC: Ceux qui prônent la mort de l’Union sont à classer dans la même catégorie que ceux qui prônent la sortie de l’Union. Même s’ils sont plus nombreux qu’il y a dix ans, ils sont encore minoritaires. En France, en additionnant les électeurs du Front de gauche, de Debout la République et du Front national, on est en dessous de 30 %. Et encore, il reste à vérifier si tous ces gens-là sont vraiment pour la fin de l’Union. Un sondage récent a montré que plus de 50 % des électeurs FN souhaitaient que la France reste dans la zone Euro. Mais il demeure que, même minoritaires, ces europhobes peuvent s’avérer dangereux car ils font peur aux responsables politiques qui guignent leurs voix aux élections.
Le meilleur argument à opposer aux europhobes, c’est la perspective d’une réforme en profondeur des institutions de l’Europe. La première institution à réformer, c’est bien sûr la Commission de Bruxelles. On ferait un grand pas en avant en décidant que le président de la Commission soit élu au suffrage universel et non plus choisi par les chefs de gouvernement selon le critère de la moindre compétence. Il faudra aussi modifier le mode de désignation des membres de la Commission. C’est à raison, malheureusement, que les nationalistes de tous pays leur reprochent leur manque de légitimité. Réformons, transformons la Commission européenne, mais de grâce, ne tirons pas prétexte de ses défauts pour sortir de l’Union européenne.
LBTF: Quel est le principal défaut et la principale qualité selon vous de l’€uro ?
JC: La grande qualité de l’Euro, monnaie de l’Europe, est d’être le premier attribut de sa souveraineté et l’outil indispensable de son retour à la croissance et à la puissance. Pour s’en convaincre, il suffit de voir tous les efforts que déploient les États-Unis pour l’affaiblir. Le grand défaut de l’Euro, est de ne pas avoir été crée par des politiques, mais par des experts et des techniciens de la finance. Un défaut en entraînant un autre, les politiques ont été appelés à la rescousse pour accueillir dans la zone Euro des pays qui n’étaient pas prêts à l’intégrer. La zone Euro est un ensemble qui n’a pas trouvé sa cohérence et dont la gouvernance est encore fortement marquée par l’opacité. Il faut réformer les institutions, changer les gouvernants, mais en aucun cas abandonner l’Euro.
LBTF: L’Europe est-elle condamnée à un long déclin et à la division perpétuelle, comme la Grèce et ses cités au IVème siècle ?
JC: Le déclin de l’Europe, entamé au début du XXème siècle, n’est pas une fatalité. Les pères de l’Europe qui se sont attelés à sa reconstruction après la dernière guerre ont fait de mauvais choix qui nous ont fait perdre plusieurs décennies : être partis du commerce et de l’économie au lieu de la politique et de la culture, n’avoir jamais statué sur les frontières et la finalité de l’Europe, avoir construit une Europe sans les peuples et même parfois contre les peuples. Aujourd’hui, les Européens entrevoient confusément les raisons pour lesquelles nous sommes dans l’impasse.
Les europhiles sincères ne peuvent se contenter d’incantations sur l’Europe idéale et rejeter en bloc ce qui existe aujourd’hui. Il faut changer les hommes. Ce ne sont pas les institutions seules qui sont en cause, mais bien les hommes et les femmes qui y siègent et qui prennent des décisions en notre nom.
Il faut que l’Union européenne soit pensée et animée par des politiques. L’exécutif bruxellois ne gouverne pas, il se contente de gérer. José-Manuel Barroso, l’actuel président de la Commission, navigue à vue, sans aucune vision à long terme. Quant au Parlement européen, il faudra qu’un nouveau Traité lui donne le pouvoir de légiférer et de contrôler.
De l’Union européenne à l’Europe unie, le chemin est long et difficile. La période chaotique que traverse l’Europe aujourd’hui est la phase de prise de conscience. Les Européens sont en train de réaliser que leur avenir n’est pas dans le métissage planifié, la soumission au pouvoir des financiers, l’alignement sur les Américains. Les Européens doivent réapprendre à rêver de grandeur et d’indépendance.
LBTF: Jacques Cordonnier, je vous remercie. C'est dans l'unité d'action que les vrais Européens triompheront ensemble de l'adversité.
23:05 Publié dans Analyses, Entretiens, Institutions européennes | Lien permanent | Commentaires (0) |
01/09/2013
Le PSUNE, parti des Européens, mouvement pour l’Europe Nation
L’ère des nations (1815-1945), débutant avec l’effondrement de l’empire napoléonien et finissant dans les ruines de Berlin, a emmené l’Europe au bord du précipice, détournant son génie créateur vers la volonté de détruire son voisin, alors même que dans le domaine de l’industrie, elle rayonnait, et qu’elle imposait sa volonté au monde entier, dans un phénomène de colonisation dont nous allions payer par la suite le prix des décennies après l’indépendance de ces pays auparavant sous tutelle.
Pourtant, les pères fondateurs de l’actuelle Union Européenne (Schuman, Monnet, De Gasperi, Adenauer, Spaak… etc) ont échoué à construire l’Europe unie dont ils se voulaient les promoteurs. Face au refus de toute Europe fédérale par un Etat français empêtré dans des guerres coloniales et craignant davantage un sursaut allemand qu’une vassalisation américaine, l’Europe politique a été abandonnée en chemin dès 1954, au profit d’une Europe exclusivement économique.
Pris en étau entre des Etats prêts à mettre en commun des politiques économiques libérales que tous les dirigeants partageaient, mais refusant toute concession concernant leur souveraineté politique, et une opinion publique désinformée par des media restés « nationaux », la construction européenne n’a pas avancé.
En un demi-siècle, l’Europe politique est toujours aussi absente alors même qu’elle n’a jamais été aussi nécessaire. La CEE puis l’UE n’ont pas été en mesure d’émanciper l’Europe du joug américain, alors même que le bloc soviétique, seule justification de l’existence de l’OTAN, s’était effondré. La monnaie unique (€uro) est certes monnaie « nationale » de 17 états du continent, mais elle ne bénéficie d’aucun pilotage démocratique et d’aucun appui, car l’Europe politique est inexistante, limitée à un parlement européen sans pouvoir où les partis « nationaux » remisent leurs politiciens en fin de carrière afin de leur offrir un revenu complémentaire, des parlementaires élus certes démocratiquement mais dans le cadre des (anciens) Etats.
Alors que les Etats n’ont jamais cessé d’être souverains, ils ont laissé croire que l’Union Européenne actuelle était responsable de politiques qu’ils souhaitaient mais savaient impopulaires. Nain politique, l’UE est pourtant accusée d’être une sorte de dictateur non élu imposant sa volonté à des peuples privés de parole. Or, c’est l’Etat « national », dirigé par une oligarchie politico-économico-médiatique, à l’idéologie ouvertement mondialiste, qui est le principal responsable et coupable de l’avilissement de notre civilisation.
L’Europe est en effet, prise dans sa globalité aussi bien qu’analysée au niveau de chaque état, dans une situation de déclin qui pourrait paraître irréversible aux yeux d’une classe politique dévoyée et corrompue, veule et se soumettant au plus offrant. Déclin démographique avec un taux de natalité européen extrêmement bas, et qui plus est surévalué par la prise en compte de la démographie des populations issues de l’immigration post-coloniale installées sur notre continent, sans consultation démocratique des Européens. Déclin économique, avec une production qui s’exile de plus en plus dans les pays à l’économie émergente et au faible coût de main d’œuvre, et alors que ses meilleurs chercheurs s’en vont aux USA. Déclin moral, avec la promotion de modes de vie incompatibles avec une civilisation cherchant à se relever, avec une corruption endémique et une insécurité chronique, essentiellement due à l’échec d’un modèle multiculturel utopique que nos dirigeants veulent imposer contre tout bon sens. Déclin militaire, avec une armée française et une armée britannique en hiver budgétaire, et une armée russe disposant d’un matériel vieilli.
Face à ces maux qui s’accumulent, menaçant à terme la civilisation européenne toute entière dans son existence même, les Etats ne sont pas seulement impuissants mais complices de cet effondrement, s’ils n’en sont pas les promoteurs, vendant leur peuple aux intérêts d’un mondialisme criminogène. Et l’Union Européenne, dont les dirigeants ne sont que les pions placés par les gouvernements, et sans légitimité démocratique pour asseoir un quelconque pouvoir, n’est que la courroie de transmission de politiques « nationales » suicidaires.
C’est face à ce déclin, qui est réversible si des Européens et des Européennes de bonne volonté engagent la contre-décadence et prennent démocratiquement les rênes du pouvoir, que le PSUNE est né. Ce mouvement a pour ambition d’œuvrer à l’unité politique de l’ensemble du continent européen, de l’Islande à la Russie, de bâtir ainsi la Nation Européenne, sublimation des anciennes nations et Etat nouveau dont la mission est de préserver puis de restaurer notre civilisation afin qu’elle retrouve la grandeur qui a été la sienne. Mais il a aussi pour mission de défendre les Européens, en Europe d’abord mais aussi dans le monde, d’assurer le relèvement politique, économique, démographique et moral de notre terre.
Seule une Europe unie, disposant d’un Etat démocratique légitime à sa tête, peut être en mesure de vaincre les périls qui s’annoncent et de mettre fin au pourrissement intérieur qui est en train de mettre notre civilisation à genoux. Les politiques nécessaires demandent en effet une action au plus haut niveau, qui est celui de l’Europe, et pas à l’intérieur de chacun des anciens Etats. Il est trop tard pour une solution « nationale » et il est inimaginable que chaque pays évolue d’une manière parallèle. Non seulement le temps manque mais la division politique de notre continent permet aux puissances d’involution de ruiner petit à petit des pans entiers de notre civilisation. Les USA aussi bien que la Chine ou l’umma islamiya jouent les uns contre les autres.
Face à ce déclin, le PSUNE propose la mise en place d’un Etat européen unitaire, bâti sur des bases démocratiques, rompant avec l’idéologie mondialiste au profit d’une conception eurocentrée, n’ayant à cœur que la défense des stricts intérêts des Européens. Cet Etat a vocation à réunir en son sein tous les (anciens) Etats du continent, y compris à moyen terme la Russie, faisant de l’Europe la première puissance mondiale.
L’Europe du PSUNE rompra avec l’atlantisme des dirigeants actuels de l’UE, ce qui ne signifie pas qu’elle ne cherchera pas à maintenir dans la mesure du possible un lien d’amitié, d’égal à égal, avec son ancienne colonie américaine. Elle cherchera à encercler le cœur de l’islamisme par une alliance de revers, avec Israël, le Liban, la Syrie et un Iran libéré du joug du régime des héritiers de Khomeiny et réconcilié avec son ancienne mémoire, comme le souhaitait le dernier shah, et en outre avec l’Inde, que nous concevons comme un partenaire davantage que comme un concurrent, et dont nous n’oublions pas l’antique parenté de nos deux civilisations.
Une Europe eurocentrée, c’est une Europe qui rompra avec les anciens liens coloniaux des anciens Etats. Elle mettra fin à toute Françafrique, repositionnera l’Espagne sur son destin européen, éloignera le Royaume-Uni des USA et le rapprochera du continent qui est le sien, et elle engagera la Russie à se retourner vers l’ouest et à rompre avec tout eurasisme suicidaire. Le fleuve Amour n’est pas une zone tampon mais la frontière entre deux mondes.
L’Europe de demain affirmera les valeurs européennes les plus ancestrales, et non les pseudo-valeurs mondialistes de l’après-1945, une époque où une Europe divisée n’avait plus son destin en mains. Elle défendra son européanité, ce qui est son essence profonde, et protégera son peuple contre toutes les submersions et contre toutes les subversions. Elle mettra en avant son héritage, son bien commun le plus fondamental, et tout en respectant les identités régionales et (ex-)nationales, unira ceux qui sont intimement apparentés, à savoir les Européens.
Dans ce cadre, elle instituera une nationalité européenne fondée sur les critères démocratiques, ceux de l’Athènes du Vème siècle, matrice de notre civilisation, afin que les Européens, frères nés d’un même sang, en soient les détenteurs naturels, gardiens d’un noble patrimoine. Elle mettra ainsi fin au dévoiement des anciennes nationalités, données à n’importe qui pour n’importe quelle raison, comme s’il s’agissait d’un droit et non d’un héritage et d’un devoir.
C’est sur ces questions et sur bien d’autres encore que le PSUNE entend œuvrer, même si sa voix est pour le moment inaudible au sein d’un silence mortifère.
Nous sommes la voix de l’Europe. Et nous allons réussir à ce qu’à nouveau notre continent puisse se faire entendre… et respecter.
Dans l’unité, nous triompherons, car dans la division, nous périrons.
L’Europe vaincra.
Thomas FERRIER, secrétaire général du PSUNE
13:52 Publié dans Elections en Europe, Institutions européennes, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : psune, thomas ferrier, great europe, présentation du parti, europe, européens |
04/08/2013
Napoléon et l'Europe unie
"L'Europe n'eût bientôt fait de la sorte véritablement qu'un même peuple, et chacun en voyageant partout, se fût trouvé toujours, dans la patrie commune." (Napoléon Ier, 24 août 1816, Sainte-Hélène)
19:09 Publié dans Analyses, Elections en Europe, Histoire, Institutions européennes | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : europe unie, napoléon bonaparte |
Kohl et l'immigration extra-européenne
Alors que l'ancien chancelier social-démocrate Helmut Schmidt, dans un entretien récent auquel j'ai consacré un article, avait expliqué que si l'assimilation des Européens était aisée, celle des Turcs paraissait beaucoup plus difficile, on apprend que l'ancien chancelier Helmut Kohl, en 1982, n'en pensait pas moins.
Dans un article du journal turc Hürriyet, on apprend ainsi que pour Kohl, "il serait nécessaire dans les quatre prochaines années de diminuer de 50% le nombre de Turcs [en Allemagne]", reconnaissant toutefois qu'il ne lui serait pas possible de "le dire publiquement".
Il explique également que l'Allemagne "n'a jamais eu le moindre problème avec les Portugais et les Italiens (...) parce que ces communautés s'intégrent bien", ajoutant que c'est parce qu' "ils étaient européens". En revanche, Kohl considérait que le nombre de Turcs était bien trop important pour envisager leur assimilation, car "ils proviennent d'une culture tout à fait différente".
Non seulement Helmut Kohl aurait été opposé à l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne, comme Angela Merkel prétend l'être, tout en ne faisant rien pour mettre fin au processus, et était un défenseur du ius sanguinis, comme le candidat CSU Edmund Stoiber, mais il avait ainsi manifesté son refus d'une multiculturalisation de l'Allemagne, processus que Merkel a reconnu comme un échec, mais sans rien faire pour revenir en arrière.
On découvre ainsi que de grands dirigeants européens, pour qui le projet d'Europe unie avait tout son sens, des "pères fondateurs" de l'Europe moderne, comme Valéry Giscard d'Estaing, Helmut Schmidt et désormais Helmut Kohl, ont dénoncé une situation qui n'a cessé d'empirer depuis avec une lucidité sans faille.
Ce qu'il faudrait comprendre, c'est pourquoi ils n'ont rien pu faire lorsqu'ils étaient au pouvoir pour endiguer une involution dont ils savaient qu'elle était calamiteuse.
17:19 Publié dans Analyses, Histoire, Institutions européennes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : helmut kohl, europe, européanité, immigration, turcs |
Qu’est-ce qui fait monter le FN ?
Qu’est-ce qui fait monter le FN ?
Même s’il est désolant qu’un parti europhobe comme le FN soit extrêmement haut dans les enquêtes d’opinion, on ne saurait plus nier la réalité d’un vote de plus en plus significatif en sa faveur. Un sondage pour les élections européennes le place même à 18% des voix, ce qui est considérable pour ce type d’élection. Rappelons qu’en 2009, alors qu’il avait pourtant digéré la scission du MNR et remonté déjà la pente par rapport à son effondrement à 4,3% aux législatives, le FN ne fit que 6,34% des voix. En clair, avec 18% des voix, il progresserait en cinq ans de 185%. Mais un sondage IFOP de fin mai le place même à 21%, et à 20% en juin selon l’institut CSA. C’est dire qu’il faut s’attendre pour juin 2014 à un résultat très élevé pour ce parti. De plus, il conserverait en points voire dépasserait le score de Marine Le Pen aux présidentielles de 2012. Comment expliquer une telle progression dans l’opinion publique de ce parti ?
Le PS, allié de fait du FN
On se souviendra que François Mitterrand avait joué la carte du FN pour diviser la droite. Ce jeu machiavélien avait consisté d’abord à encourager les media à inviter l’outsider Le Pen puis à introduire une part de proportionnelle en 1986, offrant au FN un groupe parlementaire pendant deux ans. On sait en outre que l’anti-racisme que le PS mettra en avant était destiné en partie à empêcher toute fusion des droites, fusion qui aurait anéanti tout l’intérêt de la manœuvre.
Mais aujourd’hui, alors que le FN a éliminé le PS d’un second tour dans plusieurs législatives partielles, il est bien évident que cette stratégie a été abandonnée. Désormais, le PS cherche par tous les moyens à faire baisser le FN mais il s’y prend si mal qu’il fait son jeu. Et les résultats du gouvernement sont, en matière d’immigration et d’insécurité, si désastreux, par une sorte d’effet « Taubira », malgré les formules choc du ministre de l’intérieur, qu’il ne peut en être autrement.
L’UMP est divisée en deux lignes quasi incompatibles, entre les européistes timides lorgnant sur le centre de François Fillon, et une droite populiste et davantage eurosceptique autour de Jean-François Copé. Une ligne européiste et populiste à la fois pourrait réussir. C’était la ligne de Nicolas Sarkozy, mais cette synthèse a explosé. Elle n’est donc pas en mesure d’empêcher la fuite d’électeurs populaires vers le FN.
Mais c’est pourtant bien le PS qui est le principal responsable de ce vent d’europhobie qui souffle sur notre pays et profite au Front. Alors que l’UMP met en avant une « histoire de la nation européenne », écrite par le député européen Philippe Juvin, le gouvernement PS a vis-à-vis de l’Europe une attitude contradictoire et souvent hostile. François Hollande ne parle d’ailleurs quasiment jamais d’une manière positive de l’Europe, ayant prétendu pendant sa campagne que la France seule pourrait la réorienter dans le sens de la croissance. Quant à Jean-Luc Mélenchon, qui tape beaucoup sur l’UE, sans remettre en cause pour autant l’€uro, et en soutenant d’une manière caricaturale l’immigration, il favorise là encore le FN en orientant l’électorat populaire qui lui reste vers des thématiques eurosceptiques, le FN ayant acquis une légitimité sur ces questions, d’où le positionnement très ambigu vis-à-vis de lui d’un Dupont-Aignan.
Qu’oppose le PS au FN de Marine Le Pen ? Il tente à nouveau la vieille ficelle complètement usée de l’antiracisme et de l’antifascisme, de l’indignation exacerbée pour tel ou tel propos relativement anodin d’un des dirigeants de ce parti. On reprochera à Marine Le Pen d’avoir comparé l’occupation des rues par la prière musulmane à l’occupation allemande, alors qu’on reprochait a contrario à son père d’avoir sous-estimé la nocivité de la seconde. Cette attitude ne paie pas. Ce n’est pas en dissolvant quelques partis extrémistes, en les reliant plus ou moins implicitement au FN, ou en arrêtant un norvégien radical, qui avait appelé à voter pour Marine Le Pen en 2012, qu’il arrivera à le faire baisser.
14:03 Publié dans Analyses, Anti-mythes, Elections en Europe, Programme du Parti des Européens, Sondage | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : fn, ps, élections européennes, marine le pen, europhobie, européisme, identité |
02/08/2013
Relents monarchiques sous la 5ème République
Il peut sembler paradoxal de parler de relents de nature monarchique dans un système républicain, comme celui de la France sous la cinquième république. Pourtant nous allons voir que cela n’a rien de déplacé. Surtout cela va bien au-delà des fameuses « dérives monarchiques » que l’on a dénoncé à gauche dès les présidences du général Charles de Gaulle.
Dans sa perspective historique, Thomas Ferrier a associé la démocratie au polythéisme et la monarchie au monothéisme. Nous constaterons, en effet, qu’il y a des relations entre les traits monarchiques et une forme de pensée religieuse, voire monothéiste.
Charles de Gaulle a voulu que le président ait un certain domaine réservé, à savoir la défense et la politique étrangère. Ainsi le président peut-il décider seul d’engager l’armée : il ne peut cependant pas prolongement indéfiniment cet engagement sans l’aval de l’Assemblée. De plus il ne peut pas décider du budget de la défense. Aussi ses prérogatives sont-elles, malgré tout, limitées.
Avec les présidents qui ont suivi, peu à peu le domaine réservé s’est élargi jusqu’à toucher un peu tout. Cependant, si le président promulgue les lois, il ne les vote pas. En droit, la politique de la nation reste entre les mains de l’Assemblée. D’ailleurs, en cas de cohabitation, le pouvoir présidentiel est très limité ; c’est surtout un pouvoir de nuisance, de blocage. Si, en dehors de ce cas, le président a une influence si forte, c’est parce qu’il tient sa majorité.
C’est avec François Mitterand que les choses ont vraiment changé de nature. Avec celui qui reprochait pourtant au Général le « coup d’état permanent », la France a connu le premier monarque républicain. Les choses se sont désormais décidées « au château ».
Ce n’est pas tellement la personnalité du premier président de gauche qui l’explique, même s’il était lui-même issu d’une droite nationaliste. C’est dans la façon de pensée des militants du parti « socialiste » qu’il faut chercher l’explication. Voilà qui ajoute un nouveau paradoxe, quand on sait que le socialisme authentique privilégie la décision collective, à l’opposé de toute forme monarchiste. De fait, le « socialisme » officiel n’a conservé que les modalités, les apparences de la décision collective. Michel Rocard dénonçait une sorte de fétichisme dans les milieux de gauche, plus attachés aux symboles qu’aux réalités, peut-être à la suite des nombreuses désillusions qu’ils ont connues.
Les milieux de gauche sont désormais porteurs d’une idolâtrie qui n’a rien de semblable à ce que l'on rencontre à droite. Il leur faut à tout prix un grand prêtre, que celui-là les prenne de force comme Mitterrand, où qu’il soit le fruit d’élections primaires de circonstance comme Ségolène Royal et François Hollande. Une fois désigné, par lui-même ou presque par hasard, ce grand prêtre est le nouveau Dieu, celui d’un peuple de moutons fidèles. Ainsi Mitterand a-t-il d’abord été le premier « président de droit divin », celui qui se laissait appeler « Dieu ».
Ainsi le président Mitterand n’était-il pas celui des Français, mais celui d’un parti religieux, une sorte d’Ayatollah. C’est ce qui explique la capacité de résistance à la cohabitation dont il a fait preuve.
Ses prédécesseurs Georges Pompidou et Valéry Giscard d’Estaing ne disposaient pas de ce peuple de fidèles. La majorité était divisée et beaucoup moins « godillot » qu’on ne l’a dit. Elle suivait en général, non pas par ferveur religieuse mais par pragmatisme, chacun cherchant à se faire réélire, du moins tant que la référence présidentielle étaient perçue positivement.
Ensuite Chirac est arrivé et s’est comporté en « président-roi fainéant ». Il y a peu à dire sur son compte. Le cas de Nicolas Sarkozy est plus intéressant. Il a laissé l’image d’un hyper-président, se mêlant de tout. Pourtant le comparer à Mitterand serait une erreur. Comme Pompidou et Giscard, la droite l’a suivi par pragmatisme, parce qu’il a su parler des sujets que les gens ont au cœur, du moins tant que la comparaison entre son action et ses promesses ne l’a pas desservi. Il ne tenait pas sa majorité autant qu’on l’a dit. C’est elle qui lui a imposé de conserver Fillon comme premier ministre.
Le discours d’un candidat ou d’un président est désormais celui d’un despote. Il ne dit pas qu’il soumettra tel projet au parlement, mais qu’il décidera. Madame Royal annonçait partout « sa première mesure ». Le « Moi président » annonçait que jamais telle option ne serait retenue.
Aujourd’hui notre président, François Hollande, est de nouveau « socialiste ». Comme Mitterand, il se prend pour « Dieu ». Cependant il tient aussi du roi fainéant et manœuvrier qu’était Chirac, minimisant sa responsabilité pour tout ce qui fâche et paradant en chef de la Françafrique quand il en a l’occasion. Il arrive qu’on le contredise, qu’un Claude Bartolone ne veuille pas d’une transparence qu’il a pourtant « décidée ». Mais il s’en sort toujours parce qu’il a pris l’habitude de dire tout et son contraire. Finalement le peuple ne l’écoute plus. Ce qui est extraordinaire n’est pas qu’on puisse lui tenir tête, mais qu’il puisse encore décider quelque chose. C’est bien parce son peuple de fidèles est toujours là, qui feint de critiquer le Premier ministre et sa politique pour le ménager lui-même.
Peter EISNER (PSUNE/LBTF)
20:22 Publié dans Analyses, Institutions européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : monarchie, mitterrand, dérive, république gaullienne |
La monarchie, une conception non-européenne du pouvoir !
Malgré la révolution française, nombreux sont encore les Européens à se référer positivement à la monarchie, même sous une forme considérablement édulcorée, à cette « monarchie de droit divin » qui avait présidé à la destinée des nations et peuples du continent pendant des siècles. Et certains, certes peu nombreux en France, face à une Europe sur le déclin, s’imaginent même que c’est en restaurant la conception classique du monarque que notre civilisation pourrait renaître.
La royauté païenne, un pouvoir républicain.
En affirmant le caractère non-européen de la monarchie, une conception importée de l’orient, je devine qu’on m’opposera les rois de légende de l’antiquité. Mais ces derniers étaient d’une nature radicalement différente. Le *regs indo-européen, qui a donné le rex latin et le roi en français, n’est pas le *m’lk afrasien. Il est au sens strict le « garant du droit », présidant à l’assemblée du peuple, après avoir été choisi ou élu par cette dernière. Il bénéficie aussi de fonctions diplomatiques et dispose d’un rôle important au sein du culte. Il peut enfin avoir en charge les affaires militaires, bien qu’il soit parfois concurrencé par d’autres personnalités de premier plan au rôle bien établi. Le caractère jumeau du consulat romain comme de la royauté spartiate, laisse penser à l’existence d’un chef d’armée indépendant, lui aussi élu, et peut-être en outre d’un équivalent du « tribun de la plèbe », un *lewthyonos en proto-indo-européen ou « représentant des hommes libres ».
Même si Romulus à Rome dispose des trois fonctions, et s’il est le fondateur de la cité, il est choisi et par les dieux et par les hommes qu’il rassemble autour de lui. Mais c’est le peuple et lui seul qui est le véritable souverain, d’où le mythe selon lequel Romulus est finalement mis à mort par les sénateurs, même si une autre version le fait enlever par un nuage d’orage derrière lequel se cache la main de son père Mars. En revanche, Numa Pompilius apparaît comme le modèle du bon roi, un législateur soucieux du bien commun et se soumettant à la volonté du peuple. Les rois étrusques, dont la conception du pouvoir provient probablement de la monarchie hittite, se rendront en revanche insupportables aux yeux du peuple et seront chassés.
Les royautés mycéniennes, attestées par un vocabulaire spécifique, le basileus ou « roi » comme le wanax ou « chef » étant les détenteurs d’un « pouvoir », ne dérogent pas à cette règle. A l’époque classique, sauf à Sparte, toutes les royautés avaient disparu. Ces rois mythiques, qui étaient avant tout des héros fondateurs et non des souverains absolus, et les fils des dieux à une époque où ceux-ci s’unissaient encore aux mortels, connurent d’ailleurs tous un sort tragique à Troie ou à leur retour de cette guerre meurtrière. Agamemnon, ayant fait preuve d’un orgueil propre aux rois de l’orient, sera mis à mort par son épouse et son amant. Le basileus est un chef de guerre, connu pour ses exploits ou son intelligence, comme Achille (au combat), Nestor (en sagesse), Ulysse (en ruse) ou Thésée, tueur du Minotaure.
Si la Grèce a été influencée par l’Orient, la monarchie s’imposant par ailleurs aux peuples indo-européens installés sur ces terres, comme les rois hittites et les shahs d’Iran, elle se rebellera très vite contre une conception étrangère à sa nature propre. Si la mythologie en conserve l’existence, une mythologie de souche indo-européenne certes mais qui s’inspirera aussi des légendes de Phénicie ou de Mésopotamie, l’histoire perd vite leur trace.
Chez les Celtes, le rix est un chef de tribu, même si l’Ardri irlandais ou « grand roi » dispose d’un pouvoir plus conséquent. Brian Boru, brillant chef de guerre, fut Ardri, avant de mourir au combat face aux Vikings. Mais il avait été élu pour cette fonction. Le rajah indien n’était guère différent même si un maharajah les commandait, comme le fameux ami d’Alexandre, le roi Chandragupta.
Chez les Germains, les Slaves et les Baltes, le terme désignant un roi au sens moderne du terme est toujours d’inspiration étrangère. Le « kuningaz » germano-scandinave n’était qu’un « chef de lignée » et chez les Baltes et Slaves, c’est l’image du roi chrétien de l’Occident médiéval, le « Carolus » Magnus, qui servit à former le terme de « souverain ».
Les Indo-Européens avaient une conception politique beaucoup plus proche de la démocratie, où le « roi » n’était qu’un président élu. Alexandre le grand lui-même dut obtenir le soutien de l’assemblée avant de pouvoir succéder à Philippe. Et lorsqu’il exigea de ses troupes qu’elles se mettent à genoux devant lui, celles-ci refusèrent avec fierté, alors que les soldats de Perse ou de Babylone le firent en revanche sans discuter.
Hippocrate et Aristote eux-mêmes avaient constaté que les hommes d’Europe aimaient la liberté et refusaient de se soumettre au pouvoir d’un seul, alors que l’orient post-sumérien était coutumier de l’autocratie. Le pharaon égyptien et le melekh sémitique étaient en revanche représentants de Dieu ou des Dieux sur terre, et leur personne était sacrée.
La monarchie chrétienne, victoire de l'Orient.
Mais avec l’ascension des religions orientales dans l’empire romain, la conception non-européenne du pouvoir qu’était la monarchie s’empare de l’Europe. C’est avec Constantin que le pouvoir change véritablement de nature, même si Dioclétien le païen avait déjà exigé des citoyens de l’empire qu’ils plient le genou. Constantin met fin à la tétrarchie, rétablissant le pouvoir d’un seul homme. Un seul empereur, un seul Dieu. Naturellement, Constantin perçoit la parenté profonde entre le polythéisme et la polyarchie ou « république ». Ne voulant plus avoir affaire à des citoyens mais à des sujets, non plus à des hommes libres mais à des esclaves, il s’appuie naturellement sur une religion qui exige la soumission, de même que les gros propriétaires terriens préfèrent des paysans officiellement libres mais soumis aux prêtres à des esclaves ayant conscience de leur valeur.
Si la monarchie chrétienne a aboli l’esclavage physique, c’est pour introduire l’esclavage moral, beaucoup plus efficace. Alors que dans la république, l’empereur n’est qu’un citoyen parmi d’autres, tout comme Romulus n’était qu’un romain parmi d’autres, il devient au IVème siècle un seigneur qui exige qu’on lui obéisse, qu’on soit simple paysan du Latium ou sénateur.
C’est bien pourquoi l’empereur Julien va échouer à restaurer l’antique tradition car, aussi humble soit-il, il n’est pas en mesure de rétablir la res publica. Ce n’est pas un hasard si les Prétoriens, la garde d’honneur de Rome, combattront le christianisme et les empereurs qui en feront promotion. Et ce n’est pas non plus un hasard si la première action de Constantin en tant qu’empereur unique sera de dissoudre leur corps.
Le roi païen et indo-européen n’est que le représentant du peuple, qui peut en changer s’il l’estime nécessaire, et même le faire mettre à mort, comme dans la Scandinavie viking. Avec la christianisation de l’Europe, partout avance cette monarchie orientale que Constantin établit d’abord à Rome. Le roi viking en a assez de devoir rendre des comptes devant la Thing. Le duc lituanien ne veut plus que la Seimas lui dicte sa conduite. Alors il se fait chrétien. Il fait rentrer les prêtres dans son pays, ceux-ci prêchant la soumission non seulement à la « sainte Eglise » mais aussi au roi devenu un « berger » pour son peuple, traitant ainsi les citoyens comme des moutons. Ce n’est pas Romulus ou Ménélas, Mérovée ou Celtillos qui serviront de modèle au roi « très chrétien », mais Salomon et David.
De l’Irlande à la Lituanie, les démocraties traditionnelles s’effaceront devant l’autocratie. Les hommes libres deviendront des serfs ou au mieux des vassaux. La Thing islandaise devra se soumettre aux diktats des rois chrétiens, de Norvège puis du Danemark. Mais la tradition européenne survivra, comme avec ces Etats généraux que la monarchie capétienne avait conservés, et qui seront la base d’un renversement du système.
Si les anglais auront mauvaise conscience pour avoir décapité leur roi, aidés en ce sens par la tyrannie de Cromwell qui le leur fit regretter, les français prendront le relai et, dans des conditions parfois détestables, introduiront à l’époque moderne le doux nom de « république ». Napoléon voudra en quelques années nous faire passer de Brutus l’Ancien à Auguste puis à Louis XIV, mais il se heurtera aux peuples. La monarchie survivra mais si elle ne sera plus que symbolique. La naissance d’un « Royal baby » enflammera encore les foules, comme quand Télémaque sortit du ventre de Pénélope, mais pas plus que les enfants de certaines actrices ou chanteuses américaines.
Contre les tyrannies, pour une Europe vraiment démocratique.
A Rome, on cultivait l’odium regni, la haine de la royauté, et les Athéniens rejetaient de leur mémoire la tyrannie de Pisistrate. Socrate, pour avoir été trop proche des trente tyrans établis par Sparte après la mort de Périclès et la chute de la cité pendant les guerres du Péloponnèse, en paiera le prix.
Et maintenant que la religion chrétienne n’est plus assez forte pour maintenir le pouvoir sacré des monarques, nous avons pu restaurer l’antique démocratie, mais le pouvoir du peuple est encore trop souvent détourné par des politiciens et oligarques qui entendent nous soumettre sous prétexte d’avoir été élus sur des mensonges. La démocratie européenne est un combat quotidien contre les tyrans, qu’ils apparaissent sous leur vrai jour ou sous de prétendus traits « républicains ».
Il est temps de bâtir la république européenne sur la ruine des monarques et des chefs d’état. Par le peuple. Pour le peuple. Voilà quelle est la conception européenne du pouvoir ! Voilà ce qui fait de nous des épris de liberté, des Europaioi, comme l’écrivait Hippocrate il y a 2500 ans. Debout, Européens et à bas les tyrans !
Thomas FERRIER (PSUNE)
15:31 Publié dans Analyses, Histoire, Institutions européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : république, démocratie, europe, paganisme, monarchie, christianisme, oligarchie |
Terra Mater
La plupart des spécialistes de la mythologie comparée, s’ils évoquent parfois l’existence de déesses indo-européennes, en oublient constamment une, et sans doute la plus importante. Il est vrai que pendant longtemps un mythe récurrent était de présenter la religiosité indo-européenne comme essentiellement céleste, solaire et masculine. Puis ils ont fini par accepter de reconnaître l’existence d’une déesse de l’aurore, présentée comme la fille du dieu du ciel (*diwos *dhughater), et Gregory Nagy dans son ouvrage « Le meilleur des Achéens », a consacré une étude remarquable sur ses avatars grecs, à savoir Athéna et Aphrodite.
Or, de toutes les déesses, celle qui est primordiale, l’épouse de *Dyeus et la mère des autres dieux ou « célestes » (*deywos), est négligée. Pourtant, sous la forme dyavapŗthivi, l’Inde védique a voulu mettre à égalité le dieu du ciel et la déesse de la terre, au point que ce couple ne forme plus qu’une seule entité fusionnelle, comme si Ouranos n’avait pas été séparé de Gaia par la serpe de Cronos.
La terre-mère indo-européenne était *Dhghom *Mater, mais ce nom était un parmi d’autres, même s’il était le seul véritable. Elle se retrouve sous les traits de la Dêmêtêr grecque, qui était Dêô Mêtêr, celle qu’on surnommait Europê à Lébadeia près de Thèbes, l’épouse d’un Zeus Eurôpôs omniscient et omnipotent. De ses amours avec Zeus, elle eut d’ailleurs une fille, qui devint la reine des Enfers. Elle est aussi la Dhë Motë, « terre sœur » albanaise, mais aussi la lituanienne Zemyna, la lettone Zemes Māte, l’iranienne Zamyat et la phrygienne Sémélê. Sous le nom composé Mat’ Syra Zemlija, parfois réduit en Mokoch’, elle est enfin une déesse de premier plan chez les Slaves.
Son nom se retrouve aussi sous celui de la déesse grecque primitive Gê ou Gaia, dont le rôle se confond avec celui de Dêmêtêr, même si cette dernière apparaît davantage comme une déesse de l’agriculture que comme la terre incarnée, et dans des mots comme le grec χθων, l’hittite tekom et le sanscrit kșam.
En raison de la dimension sacrée qui était la sienne, certains peuples hésitèrent à l’appeler par son nom authentique et préfèrent avoir recours à des épiclèses la désignant. Ainsi, était-elle *peltawi, « la plate », à une époque où notre astre était vu comme un disque et non comme un globe. La déesse celte Litavis et la déesse indienne Pŗthivi en résultèrent. Mais elle était aussi *werui, « la large », ce qui donna la déesse indienne Urvi et la grecque Europê préalablement évoquée. Parfois, la terre elle-même se résumait au sol, à partir d’une racine indo-européenne *ter- ou *tel- comme dans *telom, « le sol ». Elle fut ainsi Tellus, épouse de Jupiter, ou Terra Mater à Rome, mais aussi Cérès en tant que déesse du blé mûr. Les Germains en revanche ne considéraient la terre que cultivée. L’Erda germanique, la Jörd scandinave, était la déesse de l’*era ou « champ cultivé », et devint l’épouse de Wotan / Odhinn, ce dernier s’étant substitué à l’antique dieu du ciel, Tius ou Tyr, relégué au rôle subalterne de dieu de la guerre juste.
La Terre-mère était considérée en outre comme la seule véritable épouse du Ciel-père, dont les autres épouses ou maîtresses n’étaient généralement qu’un aspect particulier. A l’époque indo-européenne, sous le nom de *Diwni, qui donnera le concept indien de Devī, « la Déesse », elle est l’épouse de *Dyeus, « celle de *Dyeus » au sens strict, sa parèdre. Dans le monde grec, Héra, déesse de la terre au printemps et en été, durant la « belle saison », ce qui est le sens étymologique de son nom, mais aussi Dêmêtêr, Sémélê et Dionê, ont partagé la couche du dieu du ciel. Elle est en Inde l’épouse de Dyaus Pitar, en Lituanie celle de Dievas.
De l’union du ciel et de la terre sont nés les dieux et les hommes et l’univers tout entier. C’est par la fusion des contraires, d’un principe masculin et d’un principe féminin, réunis parfois par l’entremise d’un Amour primordial, l’Erôs né de l’œuf cosmique, que le cosmos fut.
Les mythologues du monde grec ont voulu faire d’elle l’épouse d’un Poséidon, dont le nom aurait signifié « époux de la terre », se souvenant du jour où un Poséidon Hippios, sous les traits d’un cheval, voulut s’unir à une Déméter changée en jument. Il est vrai qu’un tel époux a existé dans la mythologie balte avec le Zemepatis letton, époux en titre de Zemes Māte, mais c’est un cas isolé. Poséidon était probablement en réalité le « maître des eaux », du fait du double sens du terme *potis, « époux » et « maître », et d’une confusion avec la déesse des rivières, P.I.E *Donu, qu’on retrouvera ultérieurement sous les traits de Danaé, d’où l’image du « tonneau des Danaïdes », cette idée de fleuves se déversant en un seul puits mais sans jamais parvenir à le remplir.
La Terre était aimante pendant presque les trois quarts de l’année et se rendait détestable au dernier trimestre. Pour expliquer sa nature changeante, passant de l’extrême générosité à la pire rigueur, les Grecs inventèrent l’enlèvement de sa fille Korê par son oncle, le dieu des Enfers arborant la tête de loup comme Arès son casque, une tête qui lui permettait de devenir invisible non seulement aux mortels mais aussi aux immortels. Comme elle était aussi la fille de Zeus, Hadès dut négocier âprement et user de mêtis, convainquant celle qui devait devenir son épouse à manger les pépins d’une grenade cultivée en Elysion, afin que cette dernière ne puisse plus le quitter. Mais Zeus était au-dessus de ces ruses et, s’il admit l’union de ces deux divinités, exigea de son redoutable frère qu’il consente à libérer sa femme pendant une moitié de l’année afin qu’elle puisse rejoindre sa mère. Les Slaves préfèrent invoquer la terrible Morena, déesse de la mort et de l’hiver, que seul le maître de l’orage Perun parvenait à tenir en respect.
Il est possible qu’à l’origine la Terre-mère indo-européenne partagea son temps entre le ciel et les enfers, entre le Zeus céleste et Zeus souterrain, Hadès étant parfois appelé le « Zeus d’en-dessous ». Cela expliquerait le changement de saison, la Terre étant à la fois pourvoyeuse de vie et déesse de mort. Si l’homme du commun, le « terrien », P.I.E *ghemon, retournait « à la terre », les héros et les sages en étaient en revanche dispensés car, ayant acquis la gloire impérissable, ils se voyaient ouvrir les portes du paradis, île aux pommes ou vaste plaine verdoyante.
Le respect de nos ancêtres pour cette déité bienveillante, même si elle pouvait parfois se montrer impitoyable, était une réalité. Ce ne fut pas le cas chez tous les peuples, et au sein des polythéismes du Proche-Orient, dans des pays où le sol était aride, et où la pluie devenait une bénédiction, la Terre-mère disparut du culte. C’est le seul dieu du ciel qui eut les plus grands honneurs, au point de servir de base à la religion du dieu unique, un dieu qui offrit la terre aux hommes, sans se soucier du risque qu’ils finissent par la détruire. La Terre n’était plus qu’une « vallée de larmes », ses seins nourriciers étant rejetés par des peuples qui se croyaient être émancipés.
Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)
14:36 Publié dans Analyses, Culture, Histoire, Religion | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : terre-mère, déméter, écologie, nature |
30/07/2013
La conversion de la Russie: une erreur et un drame
Vladimir Poutine a affirmé pour le 1025ème anniversaire de la christianisation de la Russie que l’adoption de cette religion avait permis à son pays de « devenir une grande puissance mondiale » et de rejoindre ainsi la « civilisation chrétienne ». Enfin, il ajoute que l’Eglise orthodoxe russe « a toujours été avec son peuple ». Dans une Russie qui remonte la pente, mais qui n’a pas pu faire un véritable bilan de la catastrophique expérience soviétique, le président russe imagine que s’appuyer sur l’orthodoxie contribuerait à redonner à la Russie un rôle international majeur. Tout comme Vladimir le « Soleil Rouge », il y a plus d’un millénaire, ce Vladimir moderne commet la même erreur que son illustre prédécesseur.
Il est vrai que Vladimir signifie « maître du monde » en russe et un tel prénom amène sans doute son porteur à développer une grande ambition pour son pays. Mais, s’appuyer sur le christianisme au lieu de recourir à la plus longue mémoire « russienne » et slave, est une erreur, en particulier à une époque où les religions chrétiennes retrouvent les accents de ce « bolchevisme de l’antiquité » qu’était le christianisme pré-constantinien.
Il y a en Russie un courant qui prend un essor de plus en plus significatif, et qui est celui des Rodnovery, les Russes et Slaves païens défendant la « foi des ancêtres », ce qui est le sens exact de Rodnoverie, le nom de leur mouvement religieux. Même si certains analystes occidentaux veulent à tout prix rattacher cette religion à une idéologie nationaliste ou « d’extrême-droite », cela ne résiste pas aux faits, qui sont l’attachement sincère de plus en plus de Russes, et notamment parmi les jeunes, à ce qui existait en Europe et en Russie avant la christianisation.
Revenons précisément à cette christianisation, qui se confond en réalité avec la conversion du roi Vladimir à la religion chrétienne de rite oriental et/ou byzantin. Son choix n’a pas été fait sans une forte et légitime hésitation, un choix autant politique et stratégique que religieux.
En 980, Vladimir décide de rénover le culte polythéiste des « Russiens » en organisant d’une manière plus cohérente le panthéon. Il fait ainsi construire des temples et des statues en l’honneur des dieux slaves, et en premier lieu de Perun, le dieu de l’orage et de la guerre, de son père Svarog, de son frère Dazbog, l’Apollon slave, du dieu du soleil Khors et du dieu du feu Svarojitch (Ogonu), en plus de la déesse-mère Mokosh. Vladimir a conscience des nécessités de réorganiser le culte ancestral afin de lui permettre de résister à l’introduction de religions étrangères, comme le christianisme, promu par Byzance et qui était devenu la foi de sa grand-mère Olga, ou comme l’islam.
Pourtant, huit ans après, il décide d’abandonner la religion de son père, Sviatoslav, mort dans l’honneur au combat face aux Petchenègues, pour embrasser une des religions nouvelles dont il combattait auparavant la diffusion. La tradition prétend qu’il rejettera le judaïsme, car religion d’un peuple vaincu, mais aussi l’islam, en raison de ses interdits alimentaires, porc et alcool, et enfin le catholicisme car il est davantage séduit par les ors de Constantinople. La raison principale en réalité du refus du catholicisme est que celui-ci a été préalablement adopté par le voisin polonais, avec la conversion en 963 du roi des Polanes Mieszko Ier. Une autre raison est que la Rus’ kiévienne lorgne sur les Balkans et aspire à conquérir l’empire byzantin. Cette conversion, tout comme celle des Serbes et des Bulgares un siècle et demi avant, est donc tactique.
Mais Sviatoslav avait déjà, lui le roi païen, construit un empire russe comprenant presque toute la Russie d’Europe, à l’exception du Caucase. Il n’est donc pas vrai que le christianisme a fait rentrer la Rus’ dans la civilisation et encore moins transformé ce pays en puissance mondiale. La Rus’ de Kiev était le premier royaume d’Europe, et elle était demeurée païenne. Elle avait réussi une synthèse entre le paganisme scandinave des Suédois et le paganisme slave populaire. Perun et Thor étaient équivalents, le scandinave portant autour du cou le marteau de Thor, le slave la hache de Perun. De même l’étaient Volos, le dieu du commerce et de l’élevage, et Odin.
La Rus’, résultat de la fusion de Vikings et des Slaves, était une réussite remarquable. Elle ouvrait l’Europe sur le nord-est finno-ougrien et montrait qu’on pouvait être un pays prospère et puissant tout en restant polythéiste. En abandonnant le paganisme de ses ancêtres, Vladimir s’est en outre allié à une puissance sur le déclin, un empire byzantin qui ne sera pas capable de se défendre contre les ambitions « latines » et contre les conquérants turco-musulmans. La religion chrétienne ne sera d’aucun secours face aux Tatars menaçant de déferler sur la vieille Europe. N’oublions pas d’ailleurs que le général Aetius, qui sera le premier à repousser les hordes asiatiques, celles d’Attila, était lui-même un païen, dans un empire devenant chrétien, ce qui fut sans doute une des raisons de son assassinat organisé par l’empereur Valentinien III.
Vladimir n’unifiera pas la Rus’, qui sombrera après sa mort et surtout celle de son fils Iaroslav dans des querelles intestines sans fin. La Rus’ désunie ne sera donc pas capable de repousser l’ennemi mongol, même si elle protégera le reste de notre continent. On se demande bien en quoi le christianisme aurait fait de la Russie une puissance mondiale alors que c’est lorsqu’elle est devenue chrétienne qu’elle a connu une occupation de plusieurs siècles.
En outre, le christianisme orthodoxe, s’il a donné un temps accès aux Russes à la culture grecque, mais considérablement affaiblie par le fanatisme d’une religion qui considérait l’héritage grec classique comme « impie », il a ensuite été un facteur de stagnation économique et surtout technique sans précédent. Si l’Europe occidentale a pu, grâce aux savants byzantins, retrouver la matrice antique, et connaître ainsi sa Renaissance, l’orthodoxie en a privé le peuple russe, l’empêchant de prendre en marche le train du progrès. Même si la Russie de la fin du XIXème siècle rattrapera une partie importante de son retard, elle ne parviendra pas à compenser totalement.
L’Eglise orthodoxe n’a pas été du côté du peuple mais du côté de ses oppresseurs, soutenant les seigneurs au détriment de paysans libres ravalés au rang de serfs. Car le servage, si désastreux en Europe occidentale, l’a été encore davantage en Europe orientale. Il faudra attendre le tsar Alexandre II pour qu’en 1863 il soit aboli, en même temps presque que l’esclavage des noirs en Amérique. Sans l’œuvre remarquable de Pierre le grand, la Russie serait restée en dehors du reste de l’Europe, d’où l’image d’une Moscovie archaïque aux yeux de beaucoup d’Européens.
L’orthodoxie n’a pas rapproché la Russie du reste de l’Europe mais l’en a éloigné. Et dans le même temps que Poutine flatte l’Eglise, il en profite pour donner quelques coups de patte à l’Union Européenne, en invitant l’Ukraine à se détourner d’elle. C’est une erreur. Que l’Union Européenne actuelle ne soit pas un partenaire satisfaisant est exact. Mais c’est en lui montrant qu’elle se trompe, en soutenant ceux qui en son sein veulent une véritable Europe puissante, indépendante et surtout européenne, en acceptant cette main que les Européens les plus lucides sont prêts à lui tendre, malgré la propagande américaine et malgré ses séides qui nous président pour le moment, qu’il pourrait donner à la Russie un rôle historique.
Le christianisme éloigne l’Europe de son européanité. Que ce soit le pape François, qui n’a d’yeux de Chimène que pour l’Afrique et pour l’islam, ou que ce soit le patriarche de toutes les Russies, qui fait tourner à son pays le dos au reste de l’Europe. En revanche, le paganisme nous rapproche car il fait appel à ce fond commun indo-européen qui est nôtre.
Sviatoslav était bien plus européen que n’importe lequel de ses successeurs. Européens aussi étaient les pères fondateurs de la Rus’, les rois Oleg/Helgi et Igor/Ingvarr en tête. Sviatoslav avait en outre déjà bâti les assises de la puissance russe, sans besoin de recourir au christianisme, bien au contraire, dont il savait qu’il ne serait pas le sauveur de son peuple, mais son bourreau.
Et ce n’est pas un hasard si pendant trois siècles les prêtres païens, les volkhvy, ravalés au rang de magiciens maléfiques par la médisance des prêtres orthodoxes, ont combattu pour le peuple, pour ses libertés, contre les seigneurs, contre les évêques. Souzdal fut d’ailleurs l’un des cœurs de la résistance de la Russie authentique face à la foi étrangère que les Constantins médiévaux voulaient leur imposer.
Vers 650 après J.C, un gallo-romain répondra ainsi à un évangéliste : « Romain (…), tu ne réussiras jamais à extirper nos coutumes ». Bien sûr, l’évangéliste se prétendra vainqueur, inventant une conversion spontanée des habitants du village de cet homme. La réalité aura sans doute été l’intervention de soldats pour neutraliser les récalcitrants. La christianisation de la Russie n’a pas dû être spécialement différente de celle du reste de l’Europe, à savoir la persécution de ses propres citoyens par des autorités voulant assurer la domination d’une religion importée.
C’est sur la mémoire la plus ancestrale du peuple que la Russie pourra enrayer son déclin et au sein d’une Europe qui renaîtra elle aussi, dans une même démarche, elle aura toute sa place. Vladimir, encore un effort pour redevenir européen !
Thomas FERRIER (PSUNE)
13:39 Publié dans Analyses, Histoire, Mes coups de gueule, Religion | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : christianisation, russie, vladimir, poutine, rodnoverie, europe |
29/07/2013
L’Europe de demain, république ou empire ?
Certains partisans d’une Europe unie et/ou fédérale se sentent obligés de prôner un « empire européen », alors que nous oeuvrons au contraire pour une « république européenne ». Même si parfois sous des termes différents, un même projet apparaît, le choix des vocables pour désigner l’Europe de demain n’est pas anodin, car il implique la conception même qu’on peut se faire de notre continent.
Si l’unité de l’Europe a du sens, ce n’est pas pour des raisons géographiques qui pourraient d’ailleurs être contestables, l’Europe de l’Islande à l’Oural ayant été promue par des géographes russes au service du tsar au XVIIIème siècle, mais d’abord et avant tout en raison de la profonde parenté entre Européens, une même naissance qui n’a jamais échappé aux anciens Grecs, Hippocrate étant le premier à parler des Europaioi, ni aux philosophes des Lumières, Montesquieu et Voltaire en tête. C’est parce que les Européens sont frères « nés d’un même sang », pour reprendre une expression du poète Eschyle, que faire leur unité politique est possible.
Or la différence principale entre une république et un empire, c’est qu’une république se veut homogène, même si elle ne l’est pas nécessairement d’une manière totale, alors qu’un empire a vocation à réunir des gens très différents. C’est ainsi que, bien qu’officiellement républicains, les USA peuvent être à raison qualifiés d’empire, en particulier depuis les années 70 et à plus forte raison aujourd’hui alors que les minorités tendent à devenir la majorité. C’était aussi le cas de l’empire mésopotamien, de l’empire perse, de l’empire d’Alexandre, de l’empire romain, de l’empire carolingien, de l’empire russe comme de l’empire austro-hongrois. Un empire est cosmopolite.
Si on admettait l’idée que l’Europe de demain soit un empire, c’est qu’on mettrait la diversité, et pas seulement intra-européenne, comme principe fondateur, et non l’européanité.
En outre, une république est une polyarchie, à savoir que le pouvoir est partagé en plusieurs personnes ou entités politiques, éventuellement entre tous les citoyens. La Thing scandinave ou l’Ecclesia athénienne représentent cette république originelle, conforme à notre plus longue mémoire. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la traduction grecque de « république » est « démocratie ». Même si la république romaine était dominée davantage par des familles aristocratiques, peuplant le Sénat, que par le peuple, au sein des Comices, la rupture fondamentale de 509 avant J.C, avec l’abolition de la monarchie, illustrait remarquablement ce dévouement à l’intérêt général, au point de sacrifier ses propres fils à la res publica, comme le fit Brutus l’ancien.
En revanche, qui dit « empire » dit « empereur ». Ce mot n’existe pas en latin puisque l’imperator est le général qui dispose du pouvoir d’imperium qu’il a reçu des assemblées. Auguste était princeps, « prince » au sens de premier des citoyens (primus inter pares) parce qu’il se voulait le continuateur de la République et non un souverain. C’est ainsi qu’il refusa d’être appelé « Romulus » mais choisit d’être « Augustus », ne voulant pas donner l’impression au peuple romain de restaurer la monarchie, comme on en avait accusé auparavant César. Un empereur est donc ni plus ni moins qu’un monarque ou si on préfère un autocrate. C’est bien ainsi qu’étaient les empereurs du bas-empire, qualifiés de « domini » ou « seigneurs », le dominat du IVème siècle s’opposant au principat du Ier siècle.
Le modèle de l’empereur romain du déclin, qui se prend pour un empereur perse, exige qu’on se mette à genoux devant lui (proskynèse), c’est le tyran du haut-empire, c’est Caligula, Néron ou encore Commode. Constantin et Théodose ne sont fondamentalement pas différents, alors que Dioclétien au contraire partage le pouvoir entre quatre chefs d’état, deux Augusti et deux Caesares.
Le modèle de l’autocrate vient bel et bien de l’Orient et vouloir une conception impériale pour l’Europe, c’est tourner le dos une fois de plus à la tradition européenne, qui est fondamentalement républicaine. Chez les Indo-Européens, le pouvoir est détenu par une *sebhos, une assemblée du peuple, au sein de laquelle un *regs ou « garant du droit » est élu. Le *regs donnera le mot « roi » (latin rex), mais ce terme ne doit pas être à l’origine confondu avec le sens qu’il a pris au moyen-âge. En revanche, le melekh proche-oriental est un souverain absolu et le représentant de Dieu ou des Dieux sur terre. Alors que les Sumériens possédaient une forme de proto-démocratie avec des cités-état, les Akkadiens puis les Assyriens transformèrent politiquement la Mésopotamie en empire.
La notion allemande de Reich, que l’on traduit généralement par « empire » en français, est-elle-même liée étymologiquement au mot latin rex. Là encore, l’idée d’un Reich européen, outre la connotation négative d’un terme particulièrement dévalorisé par son usage par l’Allemagne nazie, n’est pas conforme aux valeurs et aux principes fondamentaux des Européens depuis l’antiquité la plus ancestrale.
Rappelons qu’au XXème et XXIème siècles, la notion d’ « empire » est systématiquement négative. On songe par exemple à l’Empire dans l’univers Starwars, symbole de la victoire de l’oppression sur les libertés publiques, mais aussi à des expressions comme « l’empire du mal », « l’empire soviétique » ou encore « l’empire colonial ». Ce dernier terme, qui n’avait pas un sens péjoratif à l’origine, mais qui l’a ensuite pris à la suite des mouvements de décolonisation, respectait d’ailleurs son sens véritable. Car l’empire colonial n’est rien d’autre que l’unité contrainte de populations n’ayant rien en commun à part le fait d’être des « prises de guerre » d’une puissance coloniale européenne.
Que la république française ait pu générer un empire, voilà une chose bien étrange. Mais cela n’a pu être le cas que parce qu’une oligarchie a réussi à se maintenir au pouvoir en France, malgré les élections, et a œuvré au profit d’intérêts privés au lieu de celui du plus grand nombre. L’aberration coloniale, qui a permis à certains de s’enrichir considérablement, au détriment du peuple, était le résultat d’une conception impériale dans laquelle on explique « nos ancêtres les Gaulois » à des populations africaines.
Admettre la notion d’empire comme nécessaire pour penser l’Europe unie, c’est ne pas agir dans le sens des intérêts de l’Europe et des Européens, car c’est nier la profonde homogénéité de notre continent, et nier sa capacité à défendre la liberté publique contre les tyrans de toutes sortes, contre les oligarchies. Odium regni, telle devrait être la devise de l’Europe de demain.
Thomas FERRIER (PSUNE)
PS : il est intéressant de noter que chez les plupart des peuples d’Europe, la notion de « roi » est exogène. Le rix celte, le rex latin et le rajah indien, venant de l’indo-européen *regs, ne désigne pas un monarque, pas plus que l’archonte-roi à Athènes ne l’était. Chez les Germains, le « kauningaz » est un « chef de tribu », un kinship leader. Son nom a donné le russe kniaz’ (« prince ») et le finnois kauningas. Le « roi » est chez les Slaves un tsar, un « César » mais aussi un korol’, un « Carolus », du nom latin de Charlemagne. C’est aussi le cas du karãlius lituanien.
15:47 Publié dans Analyses, Histoire, Institutions européennes | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : empire européen, imperium, république européenne, europe, nouvelle droite |
25/07/2013
Papst Franziskus gegen Europa !
Dieser Mann lässt sich "Bischof von Rom" nennen und verachtet das Leitbild der Renaissance-Päpste, die den europäischen Humanismus verteidigten, mitten in ihrem Palast Platons Akademie abbilden ließen und für die Byzantiner, die durch osmanische Eroberer vom Untergang bedroht waren, Hilfe anforderten. Dieser Mann, Papst Franziskus, hat vor einigen Tagen die italienische Insel Lampedusa besucht, die seit mehreren Jahren die regelmäßige Landung zahlloser illegaler Einwanderer aus Afrika, zumeist Muslime, zu erdulden hat.
Statt den Einheimischen Hilfe zu bringen, zog er es vor, eine moralisierende Rede zu halten, in der er die schlechte Aufnahme verurteilte, die die Europäer diesen illegalen Einwanderern bereiten, die er zu "Flüchtlingen" umtaufte; er rief dazu auf, sich "dem Anderen" zu öffnen. Diese Rede stellt eine weitere Aufforderung zu einer illegalen Einwanderung dar, die in den Augen von immer mehr Europäern unerträglich geworden ist, und beweist, wie nötig es jetzt ist, dass das Papsttum Europa den Rücken kehrt.
Man muss auch wissen, dass sich Franziskus vor einigen Wochen weigerte, ein dem "Jahr des Glaubens" gewidmetes Konzert zu besuchen, in dem Ludwig van Beethovens 9. Sinfonie gespielt wurde, die nichts anderes als die Hymne Europas ist. In der Tat kann eine Hymne, die mit den Worten "Freude, schöner Götterfunken, Tochter aus Elysium" beginnt, einem Papst nicht gefallen, der die europäisch-humanistische Tradition ablehnt zugunsten einer ganz unangemessenen, marxistisch angehauchten Dritte-Welt-Humanitätsduselei.
Während Europa sich weiter entchristlicht und so die Folgen der Zwangsbekehrung unserer Vorfahren durch die Taliban des Theodosius und seiner Nachfolger beseitigt, bemüht sich der Papst, seine neuen "Märkte des Glaubens", nämlich Afrika und Asien, zu umschmeicheln. Selbst in Indien arbeiten die christlichen Missionare Hand in Hand mit den muslimischen Predigern, um Hindutva, die nationalindisch- hinduistische Weltanschauung, zu besiegen. Wenn die Kirche anlässlich der Debatte in Frankreich an der Seite der jungen Europäer gegen die Schwulenehe Stellung bezog, dann nur weil sie das nicht viel kostete, denn die Muslime und afrikanischen Christen sind in besonderem Maße gegen ein solches Gesetz. Diejenigen Europäer, die glaubten, dass die Kirche sie verteidige, haben sich getäuscht, wie sie auch durch Frigide Barjots Einflüsterungen ausgenutzt worden sind.
Mit seiner Erklärung auf Lampedusa bezieht Papst Franziskus Stellung. Er missachtet die allzu heidnischen Titel "Pontifex Maximus" (aus der altrömischen Religion) und "Papa" (aus dem Mithras-Kult). Damit wird er wieder zum Bischof von Rom und beendet jenes Papsttum, das aus den Ruinen des Römischen Reiches entstand und auf einer berühmten Fälschung basierte, der Konstantinischen Schenkung. Trotzdem verfügt er weiterhin über die Reichtümer, die von der Kirche angehäuft wurden, als sie sich Schätze aus den heidnischen Tempeln, das Vermögen aus den Ländern, die ihr die christlichen Herrscher abgetreten hatten, und den Zehnten, den alle Bauern Westeuropas jahrhundertelang zahlten, unter den Nagel riss. Aber sie hat nicht die Absicht, diese Reichtümer den bedürftigen Europäern zur Verfügung zu stellen. Eine vatikanische Organisation wie die Caritas unterstützt somit eingewanderte Bevölkerungsgruppen, die aus der Dritten Welt gekommen und in Europa angesiedelt worden sind; das tut sie unter Missachtung von Gesetzen, denen Respekt zu verschaffen die Regierungen nicht mehr den Mut haben, und ohne auf die Meinung der europäischen Bevölkerungen Rücksicht zu nehmen, die mit diesen Menschen zusammenleben müssen, deren Anwesenheit nicht gewünscht wurde und niemals Thema einer Volksbefragung war.
Als wäre es eine Antwort auf die leichtfertigen Äußerungen eines Papstes, der eine für Europa todbringende Entwicklung fördert, reagierte der isländische Politiker Olafur F. Magnusson, früherer Bürgermeister von Reykjavik, am 11. Juli auf den geplanten Bau einer Moschee im Zentrum der Hauptstadt. Er prangert den missionarischen Eifer des Islam an, erinnert an die Unruhen von Malmö und bekundet den Willen, Frauen vor religiöser Gewalt zu schützen und die nationale Identität zu bewahren.
Doch Magnusson tut das nicht im Namen des Christentums, das sich gegen den Islam wehren müsste, ganz im Gegenteil. Er erklärt, wenn eine Kultstätte das Privileg auf Islands besten Bauplatz genießen solle, dann gebühre es der Asatru-Gemeinschaft, darüber zu verfügen. Es handelt sich dabei um die Bewegung des germanisch-skandinavischen Heidentums auf Island, die die Götter von Asgard, an der Spitze Thor und Odin, verehrt. Also spricht er den isländischen Heiden "das absolute Recht" zu, "den besten Bauplatz in der Hauptstadt zu bekommen", und ergänzt, dass "sie schon da waren, bevor die Christen ihnen ihre Weltsicht aufdrängten" und dass sie "seit jeher im Land" sind.
Damit zeigt Magnusson, wer die wahren Verteidiger Europas sind und dass der Rückgriff auf die authentischste spirituelle Tradition Europas es uns ermöglichen wird, morgen in einem starken, sicheren Europa zu leben. Während das Kreuz sich zum Halbmond wandelt, wird Thors Hammer nicht schwach.
Wenn all die jungen Europäer, die Europa aufrichtig verteidigen wollen und sogar auf die Straße gehen, um sich den Kräften des Niedergangs entgegenzustellen, sich auf das Christentum berufen, werden sie missbraucht. Auf Lampedusa brachten die Heiden dem Gott Neptun in Person Opfer dar, damit ihre Küsten geschützt bleiben.
Europa und die Europäer zu verteidigen ist keine leichte Aufgabe, sondern braucht den politischen und moralischen Mut, das zu tun, was nötig ist, und es mit der ganzen erforderlichen Stärke zu tun. Für einen Papst ist es leicht, Belehrungen zu erteilen, denn nicht er wird die Konsequenzen seiner Nachgiebigkeit und seiner unbedachten Ermunterungen zu einer Migrationsflut, der er sich entgegenstellen sollte, zu tragen haben.
In diesem Kampf für ein Europa, das nicht sterben will, dem Kampf eines Europas, das die Renaissance seiner Kultur anstrebt, hat der Papst sich entschieden, dem Anti-Europa-Lager beizutreten. Die Kirche wird dadurch nichts gewinnen und sogar weiter das letzte bisschen Kredit verspielen, das sie auf unserem Kontinent noch hat. Von nun an ist es offensichtlich, dass die Europäer von der christlichen Religion keinerlei Heil zu erwarten haben, ganz im Gegenteil.
Thomas FERRIER, Generalsekretär von PSUNE
12:55 Publié dans In deutsch, Religion | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : papst franziskus, christentum, heidentum, olafr magnusson, asatru |
23/07/2013
La cote d’amour de l’Europe en berne (Eurobaromètre 79)
L’eurobaromètre de juillet 2013 vient d’être publié par l’Union Européenne. Bien sûr, les questions les plus dérangeantes comme l’identité européenne ou l’élargissement, et notamment le cas de la Turquie, n’ont pas été posées, car on devinait une réponse qui ne plairait pas à nos dirigeants. Mais les renseignements fournis par ce sondage demeurent intéressants.
62% des Européens se sentent citoyens de l’Union, ce qui est tout de même relativement faible. Il faut dire que les avantages de cette « citoyenneté » ne sautent pas aux yeux puisqu’elle n’apporte aucune plus value notable par rapport à la citoyenneté « nationale ». Ce serait différent si la séparation entre ceux qui seraient citoyens européens et ceux qui ne le seraient pas été bien plus significative et si les règles de son acquisition n’étaient pas automatiquement liées à un processus de naturalisation interne à un des états membres. Le principe d’une nationalité européenne, synonyme plus ou moins de citoyenneté européenne, avec des critères précis d’attribution et offrant une « exclusivité citoyenne », renforcerait considérablement une Europe en berne en lui offrant un complément d’appartenance identitaire qui lui fait défaut.
Néanmoins, il y a donc 37% des Européens qui ne se considèrent pas comme citoyens de l’Union mais exclusivement comme citoyen national. La France est légèrement en dessous de la moyenne quant à ce sentiment, car 61% des Français seulement se considèrent comme citoyens européens. C’est bien moins que d’autres pays comme Malte (81%), l’Allemagne (73%) ou des pays plus eurosceptiques en apparence comme le Danemark (71%) ou la Suède (69%), mais c’est toutefois davantage qu’au Royaume-Uni (48%), qu’à Chypre (45%) et en Grèce (44%). L’impact de la crise économique dans ces deux derniers pays explique pour beaucoup ce résultat, alors que l’UE leur apparaît comme punitive. Mais n’oublions pas que le désaveu de la classe politique nationale est encore plus fort.
Même si un vent d’euroscepticisme semble souffler sur notre continent, il s’inscrit dans un contexte de défiance des Européens contre le pouvoir politique, communautaire comme national. 31% des Européens ont confiance dans l’Union Européenne, ce qui est certes peu, mais 26% seulement en leur parlement national, et 25% en leur gouvernement. C’est une crise politique générale à laquelle nous assistons et qui emporte tout sur son passage.
L’optimisme pour l’avenir de l’Union Européenne n’est également pas brillant. 49% restent optimistes, mais 46% sont désormais pessimistes. Parmi les plus optimistes, nous avons le Danemark (72%) et la Pologne (63%), mais 44% seulement des Français le sont, 40% des Espagnols et des Britanniques, 30% des Grecs, 28% des Chypriotes et autant de Portugais.
La question de l’€uro, cette monnaie unique qu’on accuse de tous les maux, est différente. On pourrait imaginer que les pays dans lesquels le sentiment européen est fort seraient les premiers à le soutenir, mais il n’en est rien. Si 51% des Européens y sont favorables, 43% lui sont opposés. Le soutien en France et en Allemagne est modéré (62% et 66%), alors qu’il est nettement plus fort dans certains pays slaves mais aussi en Belgique (76%) et en Finlande (75%).
Les pays qui ne possèdent pas l’€ comme monnaie sont généralement hostiles à cette dernière. 25% des Tchèques, 29% des Polonais, 32% des Danois mais seulement 15% des Britanniques et 19% des Suédois sont favorables à la monnaie unique. Ce désaveu n’est pas surprenant dans le contexte actuel, et notamment au Royaume-Uni, où la propagande €uro-phobe est particulièrement virulente. Paradoxalement, en Hongrie, 50% des habitants sont pour l’€, ce qui n’est pas le cas du futur adhérent à la zone, la Lettonie (43% de pour), et encore moins pour la Lituanie voisine (40%). 79% des Britanniques et des Suédois sont opposés à toute introduction. Dans le cas de la Grèce, en revanche, 60% des Grecs veulent conserver la monnaie unique (36% sont contre) et dans le cas de Chypre, c’est 47/47, la crise bancaire ayant un effet désastreux sur l’image monétaire en général.
On peut ainsi constater que le sentiment européen est à la baisse et qu’en tout cas il ne converge pas avec le soutien à l’€uro. Certains pays où l’européanité est forte (Suède, Danemark) ne veulent pas en entendre parler, alors que les Britanniques sont encore plus hostiles, mais 48% d’entre eux restent européens. La volonté de l’aile dure du parti conservateur de Cameron de sortir leur pays de l’UE divise l’opinion. Le rejet de l’€uro en revanche est très massif.
19:25 Publié dans Analyses, Elections en Europe, Institutions européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : eurobaromètre 79, juillet 2013, euroscepticisme, euro, élargissement |
De la liberté d’expression comme fondement de la démocratie
En France, une détestable « mode » consiste pour des associations, en s’appuyant sur l’existence de lois réprimant certaines opinions, à poursuivre pénalement toute personne tenant des propos qui tendraient à blesser ou à indigner la communauté dont l’association se prétend le porte-parole et le défenseur. Ces associations de nature communautaire, qu’il s’agisse de communautés liées à l’origine, à l’orientation sexuelle ou à un mode de vie, se portent partie civile pour un oui ou pour un non, pour l’expression maladroite d’un élu comme pour la provocation d’un extrémiste.
Cela permet ainsi à certaines associations, dont la légitimité est plus que douteuse, de s’arroger le « monopole de la souffrance » et en conséquence de toucher des tribunaux des sommes assez substantielles, sommes qu’elles n’arrivent pas à obtenir de leurs rares adhérents. Leurs plaintes à répétition surchargent en outre les tribunaux, qui devraient avoir mieux à faire que de condamner des personnes en raison d’un propos ou d’une idéologie, en s’en prenant notamment à des criminels.
Au départ, les lois restreignant la liberté d’expression sont parties de bons sentiments qui semblaient faire consensus. Mais toute dérive commence ainsi. Le législateur a voulu réprimer les propos racistes (loi Pleven de 1972) puis négationnistes (loi Gayssot), dans la suite de la loi Marchandeau d’avant-guerre. Si des historiens se sont émus de voir l’Etat se mêler des questions d’historien, peu les ont contestés, tant ce genre de propos fait horreur au plus grand nombre de nos concitoyens. Ce que ces derniers ignoraient, c’est qu’ils rentraient ainsi dans un processus dont ils finiraient eux-mêmes par être victimes.
En politique, c’est Jean-Marie Le Pen qui a été le plus souvent poursuivi pour des provocations sémantiques qui permettaient de faire parler de lui. En le condamnant, la justice faisait de lui la victime d’une répression politique, l’auréolant alors de la couronne du martyr. La classe politique toute entière, à l’exception de ses partisans, trouvait ces sanctions légitimes. Elle en paie aujourd’hui le prix car maintenant c’est toute la classe politique qui se retrouve sous la menace permanente des tribunaux. Or, ce sont des élus de la république, élus d’abord par le peuple, dont la liberté d’opinion et d’action se trouve désormais limitée.
En démocratie, l’expression populaire, le « pouvoir du peuple », ne saurait être restreinte ou limitée en quelque manière. Si un élu tient des propos qui semblent intolérables au plus grand nombre, il sera sanctionné aux prochaines élections par les électeurs de sa circonscription. Car c’est le peuple qui est juge des élus, et cela ne devrait pas être un tribunal.
En judiciarisant l’expression de l’opinion des élus, on judiciarise du même coup l’expression libre des citoyens. Or quels sont les régimes qui au XXème siècle ont réprimé, parfois d’une manière radicale, l’opinion libre ? Les régimes totalitaires. Eux aussi se sont prétendus être dans le « bon camp » et agir dans l’intérêt général. Tout le monde sait ainsi que dans les années 80 les humoristes avaient une bien plus large liberté d’expression qu’aujourd’hui. A partir de la plainte contre Patrick Timsit, au début des années 90, le ton a changé. L’humoriste peut se retrouver responsable devant un tribunal de ses jeux d’esprit, pour peu qu’ils aient offensé tel ou tel.
L’indignation de la classe politique envers un élu qui aurait « dérapé » est à la hauteur du laxisme dont elle fait preuve dans des affaires pénales bien plus graves. Si les propos d’un député UDI comme Bourdouleix sont inacceptables de l’avis d'un ministre de tout premier plan, alors leur expression est de même nature et de même gravité que les comportements jugés intolérables par ce même ministre à Trappes ou sur le Trocadero. Tout se vaut. Un propos imbécile d’un élu est alors de même rang que l’agression d’un policier, ou pire encore.
Le dit ministre réclame pour cet élu « une peine exemplaire » et même « des sanctions très lourdes ». Mais n’est-ce pas ce qu’il demande aussi lorsqu’un criminel s’en prend à un policier ou même commet un meurtre ? Un élu qui exprime une opinion choquante se comporte-t-il comme un émeutier qui brûle des voitures ou comme un voleur qui cherche à dépouiller les victimes d’un accident ferroviaire ? En mettant sur le même plan l’un et l’autre, en usant de termes répressifs extrêmes, pour l’un comme pour l’autre, n’est-ce pas banaliser de ce fait des actes criminels, en les plaçant au même niveau qu’un délit d’opinion ou qu’un délit de presse ?
En outre, en quoi la séparation des pouvoirs entre le politique et le judiciaire est-elle assurée lorsque des ministres prennent position et exigent de la justice qu’elle aille dans leur sens ? Cela a été notamment le cas dans l’affaire Méric.
Cette dérive judiciaire, qui est consubstantielle au principe de limiter la liberté d’expression, sous quelque prétexte que ce soit, et que les législateurs américains au XVIIIème siècle avaient craint, d’où le premier amendement à la constitution américaine sanctuarisant cette liberté, doit être combattue, et ce même si cela implique que des individus dont on désapprouve totalement les propos puissent les exprimer sans que la justice ne puisse intervenir.
La première mesure de bon sens, applicable dans le cadre français, serait d’interdire juridiquement à des personnalités morales, comme les associations, de se porter partie civile contre une personnalité physique, dont la libre expression les aurait heurtées. Seule la diffamation publique d’individu à individu devrait être poursuivie et condamnée.
La seconde serait, en conformité avec les différentes déclarations en matière de droits de l’homme, de sanctuariser en Europe cette liberté d’expression par l’équivalent d’un premier amendement intégré aux traités en vigueur et aux constitutions des Etats membres.
En outre, la politisation de la justice, par le lien maintenu entre le gouvernement et la magistrature en France, et par le poids d’une idéologie dominante intégrée à la formation des magistrats, est fondamentalement une atteinte aux principes démocratiques. Pour une justice au service des citoyens, et non au service du pouvoir ou de groupes de pression, il faut imposer l’élection des juges au suffrage universel (par circonscription). En conférant aux magistrats une légitimité démocratique égale à celle des représentants du peuple dans les assemblées, on leur assure d’office l’indépendance requise pour rendre la justice sans tenir compte de la pression gouvernementale ou des idéologies à la mode. C’est ainsi que la séparation des pouvoirs sera assurée.
La liberté d’expression apparaît donc comme le révélateur de l’état d’une société humaine. Lorsqu’on veut la limiter, c’est qu’on se méfie du peuple, et cette démophobie est la base de toute oligarchie, qui n’est autre que la tyrannie de quelques uns au détriment du plus grand nombre. En donnant le droit, même et surtout à ses adversaires, de dire ce qu’ils pensent, sans crainte, on défend ainsi les libertés fondamentales du peuple.
Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)
15:21 Publié dans Analyses, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liberté d'expression, justice, premier amendement, démocratie, liberté |
21/07/2013
L’affaire Vikernes, révélatrice d’une dérive politique et médiatique
Les deux dimensions de Kristian Vikernes, celle d’un musicien de folk metal, animateur du groupe Burzum, à la musicalité si particulière, et à vrai dire assez peu audible, et celle d’un criminel condamné pour meurtre à plus de vingt ans de prison, m’étaient connues. J’ignorais parfaitement le devenir de cet individu, et notamment le fait qu’il vivait en France, ne m’étant intéressé à lui que suite aux actions infâmes d’un Breivik, constatant alors qu’il condamnait l’acte de ce déséquilibré d’une manière certes fort peu recommandable.
En plein mois de juillet, avec stupéfaction, j’apprends l’arrestation de Vikernes et de son épouse française. C’est même une information jugée primordiale par la presse écrite comme télévisuelle, puisqu’il est suspecté d’avoir envisagé de réaliser un attentat « de grande envergure ». J’ai peine à croire une telle information, qui sera en partie invalidée par les déclarations du ministre de l’intérieur pour qui Vikernes n’avait aucun projet réel. Au final, en croisant les données, il semblerait que l’arrestation de ce norvégien soit due à des propos extrémistes tenus sur son blog, dans le contexte des accusations, désormais confirmées, selon lesquelles des « jeunes » auraient caillassé les forces de l’ordre et tenté de dérober les effets personnels des victimes du drame de Brétigny sur Orge, et à l’achat légal de plusieurs fusils par son épouse.
Je comprends vite que le suspect sera relâché, faute d’éléments probants, car ce faisceau d’indices paraît faible. Son épouse sera relâchée au bout de deux jours, Vikernes le sera au bout d’une soixantaine d’heures. A son issue, il sera poursuivi pour « provocation à la haine raciale » et « apologie de crimes de guerre », ce qui relève donc d’un délit par voie de presse, une façon pour le gouvernement de ne pas faire totalement chou blanc.
Comment peut-on reconstituer d’une manière certes hypothétique les évènements ? En raison de son parcours spécifique et de sa radicalité manifeste, ayant depuis longtemps tenu des propos hostiles aux immigrés et aussi à la communauté juive, il était fort légitimement suivi par les forces de l’ordre. Celles-ci ont certainement dû indiquer à leur hiérarchie les différents éléments laissant supposer une action menaçante de ce nationaliste. Il est évident qu’alors une haute autorité a lancé le feu vert pour mettre en œuvre une intervention musclée à son endroit.
Mais c’est le traitement médiatique de l’affaire qui pose question, car après tout, les policiers sont souvent obligés de recourir à leur intime conviction et peuvent se tromper, exagérant une menace qui après coup paraissait imaginaire. Lorsqu’un extrémiste est interrogé par la police, il n’en est pas fait état ou alors d’une manière très mesurée. Or, dans le cas de Vikernes, on a eu le droit à une avalanche d’articles, souvent mal informés, à des analyses plus ou moins justes de spécialistes, parfois auto-proclamés, de « l’extrême-droite », à sa photographie en première page de sites ou de journaux, à des détails précis sur sa vie.
La première erreur fut de le rattacher idéologiquement à Breivik. Très vite, après que des analystes comme Jean-Yves Camus aient démontré que cela n’avait rien à voir, la presse écrite a cessé de faire référence au tueur d’Utoya. En revanche, jusqu’au dernier jour de garde à vue, les journaux télévisés n’ont cessé de répéter en boucle que Vikernes était « un admirateur de Breivik ». Par ailleurs, de nombreux articles en sont venus à diffamer la religion germano-scandinave Asatru, reconnue dans au moins trois pays européens (Islande, Norvège et Danemark), et parfaitement respectueuse des lois, et à taper sur le « néo-paganisme », certains associant même, contre tout bon sens, "Varg" Vikernes à Dominique Venner.
Enfin, la presse a rappelé que Vikernes avait apporté un soutien sur son blog au vote en faveur de Marine Le Pen en 2012, preuve qu’il ne connaissait que très superficiellement le Front National, parti certes infiniment contestable sur de nombreux sujets, et notamment sur la question européenne, mais très éloigné de ses préoccupations premières. Cela a donné l’impression qu’il n’avait été arrêté que pour nuire à un FN en hausse dans les sondages, inquiétant une gauche qui a toujours soutenu implicitement le FN lorsqu’il gênait la droite, mais commence à le craindre désormais, puisqu’elle devient victime de son « golem ». En effet, l’électorat populaire de souche européenne semble désormais se détourner massivement de la « gauche », soutenant non seulement la droite mais aussi l’extrême-droite. Le rejet d’Hollande par le peuple semble de plus en plus massif, ce dernier ne bénéficiant plus que du soutien « des banlieues », soutien qui se monnaie très cher, car les évènements de Brétigny sur Orge et de Trappes favorisent encore une fois le FN, des fonctionnaires qui s’illusionnent sur la protection que le PS leur accorderait en matière de préservation des « acquis sociaux », et surtout des « bobos » des beaux quartiers, qui vantent une diversité qu’ils ne côtoient pas. Ca fait 23 à 26% des français au grand maximum, c'est-à-dire la cote du président de la république dans les sondages depuis des mois.
De ce point de vue là, l’attitude de la presse dans l’affaire Vikernes a été en dessous de tout, mais le principal responsable est celui qui leur a donné les « éléments de langage » car il est manifeste que des informations, plus ou moins justes, ont filtré et même ont été communiquées à la presse. Soit un fonctionnaire a commis une faute professionnelle en l’alertant d’une manière excessive, soit il y a eu une intention politique d’instrumentaliser cette arrestation afin de s’en servir contre le FN. Le résultat ne semble pas heureux.
Marine Le Pen n’a pas réagi en France, mais en revanche elle a répondu à la presse norvégienne, affirmant que « tout le monde sait que ce genre d’extrémistes n’a pas sa place chez nous », mais est allée plus loin en indiquant que, si elle avait été au pouvoir, Vikernes n’aurait jamais pu s’installer dans notre pays. Or, en épousant une française, il bénéficie selon les lois en vigueur, lois que Marine Le Pen n’a jamais prétendu dénoncer, du droit non seulement de venir dans notre pays mais d’acquérir notre nationalité. En outre, c’est jeter l’anathème une fois de plus sur l’ouverture des frontières au sein de l’Union Européenne. Rappelons toutefois que la Norvège n’est pas membre de l’UE et ne souhaite pas pour le moment la rejoindre.
La réaction de Marine Le Pen est symptomatique d’une peur d’être associée à des individus au discours peu compatible avec la démocratie et surtout avec le discours dominant, et témoigne aussi d’une obsession europhobe. Mais cette peur est mauvaise conseillère car cette affaire montre que l’information en France est manipulée, soit par méconnaissance des sujets évoqués, soit par médisance, et c’est inquiétant dans une démocratie, où la presse a le devoir d’être irréprochable puisqu’elle informe les citoyens et oriente donc indirectement leur vote. Sa neutralité, sa probité et la qualité de son information sont des exigences absolues. Une fois de plus, on a préféré jeter l’anathème sur un individu au passé plaidant contre lui plutôt que de s’interroger de manière distancée et critique sur cette action de police.
Enfin, une fois que l’erreur est avérée, aucune auto-critique n’a été faite. On a jeté en pâture le nom et le visage d’un homme, nuisant considérablement à ses intérêts et à son image auprès de ses voisins, et lorsque tout se dégonfle, se résumant à un vulgaire délit de presse, on ne dit plus rien. Or cette affaire devrait servir de leçon et inciter les services de presse à davantage de prudence, au lieu de suivre comme un troupeau des bribes d’informations ne contenant que des parcelles de vérité.
Même si l’idéologie développée par Kristian Vikernes est tout à fait détestable, cela n’a rien à voir avec la foi religieuse qui l’anime, qui est en soi respectable, même si elle est bien mieux illustrée par des gens de valeur comme Olafr Magnusson, que j’ai évoqué récemment. Honorer les dieux d’Asgard ne relève pas d’un quelconque extrémisme. Au contraire, le polythéisme invite à la tolérance et non à une vision manichéenne opposant des « gentils » à des « méchants ». Le discours de Vikernes prouve qu’il n’a pas été capable de rompre avec un état d’esprit propre aux monothéistes et qu’il a encore beaucoup à apprendre avant d’être un vrai païen.
Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)
20:18 Publié dans Analyses, Anti-mythes, Dépêches, Religion | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : varg vikernes, arrestation, police, paganisme, asatru |
14/07/2013
Quand "Marianne" découvre le paganisme
"Constantin a-t'il commis une troisième erreur en répudiant le paganisme, ciment de la gréco-romanité, au profit du christianisme ? C'est ce qui permettra à Théodose d'en faire une religion unique d'Etat, avec tout ce que cela implique...", affirme ainsi le journaliste François Darras dans le Marianne n°847 de cette semaine consacré aux "plus grandes erreurs de l'histoire".
Darras (re)découvre ainsi ce que l'apostasie de l'empereur Constantin, meurtrier des siens, a causé comme tort à l'Europe. Ce n'est pourtant pas pour rien que l'historien Piganiol avait osé affirmer que "Constantin a trahi Rome". Il est amusant de constater qu'un journal de "gauche" comme "Marianne" peut retrouver dans certains cas sa lucidité et les accents de la gauche historique authentique. Il est dommage que "Marianne" perde en revanche tout sens critique lorsqu'il s'agit de questions comme l'immigration ou l'islam. A quand un article de fond pour dénoncer le laxisme migratoire prôné par le pape François, qui est de même nature que l'acte de la noble romaine Faltonia Proba, qui était chrétienne, lorsqu'elle fit ouvrir en 410 PC les portes de Rome à ses ennemis, sous prétexte qu'eux aussi étaient chrétiens ?
Alors, journalistes de "Marianne", encore des efforts pour devenir (vraiment) républicains !
17:05 Publié dans Analyses, Mes coups de gueule, Religion | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marianne, françois darras, constantin, paganisme, christianisme, courage politique |
Inna Chevchenko, une européenne au service du mondialisme
L’ukrainienne Inna Chevchenko est connue comme la dirigeante principale du mouvement Femen, né en Ukraine il y a quelques années. Représentée les seins nues et des fleurs dans les cheveux, elle pourrait passer pour une païenne moderne honorant l’Aphrodite d’Or, ou la Lada slave. Son combat pour la liberté des femmes et une saine féminité est d’un premier abord plutôt sympathique. Lorsqu’elle fustige l’intégrisme islamique en Tunisie ou lorsqu’elle proteste contre le comportement supposé de Strauss-Kahn, elle paraît animée d’une conviction sincère. Elle ressemble alors aux Amazones de la mythologie grecque, inspirées des femmes guerrières des peuples sarmatiques, Sarmates qui vivaient justement dans l’antiquité sur le territoire de l’actuelle Ukraine.
Mais sous les traits d’une Aphrodite, Inna Chevchenko cache ceux d’Hécate. En effet, Inna Chevchenko bénéficie de soutiens puissants, ce qui lui a permis d’obtenir d’une manière très facilitée, et pour des motifs plus que discutables, le droit d’asile en France. Son mouvement dispose même d’un local mis à disposition par la mairie de Paris dirigée par le socialiste Bertrand Delanoë et les autorités policières semblent particulièrement bienveillantes à son égard, celui-ci jouissant de fait d’une quasi impunité judiciaire, alors que dans le même temps des militants de la « Manif pour tous » sont régulièrement arrêtés sous des prétextes douteux.
En plus de soutiens français, qu’elle a obtenus en se ralliant d’une manière parfaitement opportuniste aux causes défendues par le PS, notamment le « mariage pour tous » et la lutte contre « l’extrême-droite », Chevchenko est financée par des oligarques internationaux, notamment américains. Cela explique cette obstination des Femen, y compris en France, à porter sur leur poitrine des slogans provocateurs rédigés en anglais. C’est dire qu’elle n’est plus une femme libre et que son combat est désormais détourné vers un soutien au libertarisme le plus pitoyable de l’Occident décadent. Bien évidemment, elle s’est en outre mise au service de la géopolitique de Washington, d’où son soutien au groupe anarchiste russe Pussy Riot, et préfère taper sur Poutine que prendre la défense de Timochenko, qui a plus fait pour l’image de la femme ukrainienne que ne le feront jamais les Femen.
Elle a donc bénéficié du droit d’asile par la grâce d’un premier ministre « socialiste », alors qu’Edward Snowden, ce courageux euro-américain qui a révélé à la presse d’Europe que nos dirigeants étaient écoutés par les services américains de renseignement, scandale qui ne semble pas offusquer un Gustavo Barroso et pour cause, n’a pas eu cette chance. Il est vrai que Snowden a osé prendre la défense des Européens, ce qui est proprement inacceptable aux yeux d’une classe politique européenne vendue à des intérêts étrangers. Seul Vladimir Poutine a fini par lui accorder le droit d’asile, en le présentant comme le nouveau Sakharov qu’il est bel et bien en vérité.
Et pourquoi elle l’a eu en France et non lui, alors même qu’elle vient d’un pays européen démocratique et ami ? Le prétexte est qu’elle risquait une mise en examen pour s’être attaquée à une croix chrétienne en bois qu’elle a découpée à la tronçonneuse. Or, en France aussi, son comportement tombait sous le coup de la loi. Ce droit d’asile n’est donc absolument pas justifié.
En outre, il est bon de revenir sur cet acte provocateur qui l’a faite connaître car il est symptomatique d’une démarche sectaire, la même qu’elle reproche, non sans raison d’ailleurs, aux religions monothéistes. En 2010, la communauté païenne d’Ukraine a fait construire sur une des collines de Kiev une statue dédiée au dieu Perun, le dieu de l’orage des anciens Slaves. En 2011, cette statue a été détruite par des chrétiens fanatiques, ne supportant pas que des Européens osent honorer leurs dieux et non le dieu proche-oriental dont Vladimir a imposé le culte à leurs ancêtres. L’acte de Chevchenko à l’égard de la religion chrétienne est de même nature que l’acte de ces vandales chrétiens vis-à-vis de cette statue d’un dieu païen. Elle est donc mal placée pour dénoncer l’intolérance des catholiques en France vis-à-vis du « mariage gay ».
Rappelons à ce propos que les militantes Femen, qui prétendent vouloir défendre les femmes, ont osé s’en prendre à d’autres femmes, manifestant avec des enfants en bas âge dans des poussettes, et ce dans les rues de Paris, lors du premier défilé contre le « mariage pour tous ».
L’un des derniers faits d’armes de ce groupe d’action féministe est une énième profanation de Notre-Dame. Une « Femen » a ainsi fait irruption dans la cathédrale, les seins recouverts de slogans anti-chrétiens peinturlurés, et a imité d’une manière injurieuse l’acte sacrificiel de Dominique Venner qui avait été commis la veille. Or, il convient de rappeler que Venner n’était en rien un catholique mais quelqu’un qui n’a jamais caché ses convictions païennes et a toujours dénoncé le fanatisme des sectateurs des religions du livre.
Qui imite les talibans en s’en prenant aux fidèles d’une autre religion, en salissant le témoignage politique d’un Européen à la longue mémoire, en prônant la tolérance mais en pratiquant de fait la violence ? Où est le courage politique lorsqu’on se rallie au pouvoir en place et qu’on bénéficie en conséquence de ses indulgences ?
Mais il est bien naturel pour les Femen de donner des gages à ceux qui les financent, détournant ainsi un combat au départ légitime et respectable vers la promotion d’une idéologie gauchiste au service d’intérêts américains, le tout soutenu par le Parti « Socialiste » français. Cela permet ainsi à Inna Chevchenko d’être soutenue par la militante professionnelle Caroline Fourest, qui lui consacre une biographie à sortir prochainement. C’est donc la reconnaissance pour cette jeune ukrainienne dont le seul « mérite » aura été de se vendre avec armes et bagages à l’idéologie mondialiste et de trahir ainsi les intérêts des femmes d’Ukraine et des femmes d’Europe.
Thomas FERRIER
Secrétaire général du PSUNE
PS: la seconde image de cet article illustre ce qu'est l'authentique féminisme européen, avec cette image d'une jeune païenne slave, l'épée à la main. Inna, tu te trompes de combat !
16:55 Publié dans Analyses, Mes coups de gueule, Religion | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : inna chevchenko, gauchisme, féminisme, mariage gay, paganisme |