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21/02/2016

Le projet européen et le Brexit

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brexit1.jpgNous allons découvrir un paradoxe. Il ne s'agit pas de donner du crédit aux délires des souverainistes britanniques qui ne sont jamais que des souverainistes parmi d'autres. Il s'agit d'une simple constatation ; si l'on avait mis en place une Europe intégrée digne de ce nom, bien des exigences de David Cameron se seraient trouvées sans objet.

Le reproche fondamental fait au projet actuel par beaucoup de citoyens britanniques est qu'il comporte une fuite en avant, l'adhésion à "toujours plus d'Europe". Quand on regarde de près, on s'aperçoit que c'est surtout jusqu'ici un "toujours plus de n'importe quoi". De fait c'est avant tout un élargissement sans précaution qui s'opère, au détriment d'une plus grande intégration, ce qui va d'ailleurs dans le sens souhaité par les dirigeants britanniques eux-mêmes.

Mais, quoi qu'il en soit, il n'est pas décent de demander de monter dans un bus dont on ne connait pas la destination, de s'inscrire dans un processus dont on ne connait pas la finalité. Un projet de construction européenne décent aurait dû dire d'emblée où l'on voulait aller et avec qui. Or on fait toujours semblant d'intégrer la Turquie en même temps qu'on évoque un gouvernement économique à la carte. Peut-être envisager comme but ultime une république fédérale étendue au continent européen --- et à lui seul --- n'aurait pas eu la faveur de certains états de l'Union, mais cela aurait permis d'avancer résolument et, in fine, tous les états auraient rejoint un tel projet.

La première demande formulée par David Cameron concernait la restriction des aides sociales aux migrants. Il lui a bien été donné satisfaction, mais au prix d'un système complexe qui ne résout que partiellement le problème. Dans une Europe fédérale intégrée, un même principe devrait s'appliquer partout avec, dans un premier temps, des réglages un peu différents suivant les régions de certains paramètres, comme les niveaux de TVA, de salaire minimum, ou encore de soutien aux familles. Après tout la très jacobine République française avait instauré pour les fonctionnaires une indemnité de résidence variable suivant les localités. Mais le soutien aux familles serait apporté là où sont les familles, indépendamment du lieu de l'emploi d'un de ses membres. Par ailleurs, lorsque l'harmonisation serait atteinte, il ne faudrait pas pour autant créer des incitations aux migrations internes. Ainsi ce premier point serait-il sans objet.

La seconde demande était la supériorité de la loi anglaise sur la loi européenne. Un système de "carton rouge" a été accordé aux britanniques, mais sous la forme d'une usine à gaz qui déconsidère l'Union en même temps qu'elle ne démontre pas une faisabilité évidente. De quoi les citoyens britanniques ont-ils peur ? De perdre avec l'Europe une indépendance diplomatique qu'ils ont abdiquée depuis longtemps au bénéfice des Etats-unis ? De perdre une indépendance militaire qu'ils ont cédé à l'OTAN ? Non, ils ont juste peur de perdre certaines coutumes auxquelles ils tiennent. Si le projet européen allait dans le sens d'une véritable Europe fédérale, il se concentrerait sur les questions régaliennes, laissant les autres sujets à l'appréciation des régions. Autrement dit le second point serait aussi sans objet.

Sur les autres demandes, comme la protection vis-à-vis des crises de l'Euro, David Cameron n'a obtenu que des réponses symboliques. En fait les exigences britanniques sont exclusivement calibrées par rapport à une Union dont le fonctionnement est chaotique. Elles ne s'adressent pas à ce qui peut concerner un projet européen. Si d'aventure le Royaume uni quittait l'Europe, avec le risque de se réduire à la seule Angleterre, et que les européens continentaux en profitaient pour bâtir un état fédéral, alors la question se poserait de son adhésion ou plutôt de son intégration. Mais ce seraient bien d'autres aspects, plus sérieux, qu'il faudrait alors peser. Surtout le fait de ne pas avoir pu participer à l'élaboration des structures de cet état serait cruellement ressenti.

Par exemple, pour parler d'un sujet régalien autrement plus délicat que le nom de la monnaie voire que la protection sociale pour laquelle les britanniques ont tout changé chez eux, quel système judiciaire faudra-t-il donner demain à l'Europe? Le système anglais n'est pas si mauvais. Ne peut-on pas s'en inspirer un peu? Faut-il lui tourner résolument le dos? Il serait absurde de penser que chaque état actuel dispose du système convenant le mieux à sa propre nature. La comparaison ne peut qu'être bénéfique.

En réalité l'Union actuelle est une mise en commun de tous les défauts des états qui la composent : atlantisme aveugle chez les Anglais, atlantisme et russophobie chez les Polonais, repentance perpétuelle chez les Allemands, tropisme colonial chez les Anglais et les Français … Et ce que veulent fondamentalement les souverainistes, c'est garder leurs vilains défauts pour eux seuls. Certes ce n'est pas pire que de contaminer les autres, comme on le fait aujourd'hui, mais c'est affligeant tout de même. En conclusion, tout le monde est dans une impasse. Les tenants de l'Union qui ont capitulé, comme les souverainistes qui ne se posent pas les bonnes questions. La vérité est ailleurs, chez les vrais partisans de l'Europe.

Pierre EISNER (Le Parti des Européens)

14/02/2016

De l’impasse souverainiste au défilé des Européens ? (2/2)

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Europe,révolution,Européens,putsch,StrasbourgSi le souverainisme français ne propose qu’une impasse, on l’a vu, et la situation est d’ailleurs assez comparable chez nos voisins européens, à quelques nuances institutionnelles près, il pourrait en revanche exister une solution européenne, continentale, audacieuse, qui consisterait à une rupture politique au niveau de Strasbourg et non plus au niveau de Paris ou de Berlin et ce par la voie démocratique.

Des conditions préalables à cette rupture sont impérativement requises. Il s’agit en premier lieu de disposer d’un parti politique unitaire de rassemblement des Européens sur une ligne révolutionnaire. Il s’agit ensuite de faire émerger ledit parti, bénéficiant alors de ralliements populaires significatifs et d’une médiatisation suffisante, afin qu’il soit en mesure d’obtenir au moins 30% des voix au niveau de l’actuelle Union Européenne et donc de faire entrer au sein du parlement de Strasbourg un nombre très important de députés.

Dans ce contexte favorable, ledit parti bénéficierait d’un groupe conséquent au parlement et serait en mesure de bloquer le fonctionnement de ses institutions, d’empêcher le petit jeu droite/gauche de répartition d’un pouvoir certes symbolique (présidence du parlement, présidence des commissions), de refuser par principe le candidat à la présidence de la commission présenté par les Etats, en proposant éventuellement son propre candidat issu de ses rangs.

Avec une forte minorité de l’opinion publique derrière soi, nombreux députés de la droite et du centre seront sans doute tentés d’un rapprochement avec ledit parti européen, lui permettant alors de disposer d’une majorité de basculement. Dans ce cadre, le Parlement Européen s’auto-proclamerait assemblée européenne constituante. Ce schéma rappelle fortement les bases de ce qui allait devenir la révolution française entre mai et juillet 1789. A l’époque, le Tiers-Etat, confronté à un pouvoir vacillant et à un roi pusillanime, avait obtenu le doublement de sa représentation, avant de rompre finalement avec les institutions monarchiques lors du célèbre serment du jeu de paume en fondant l’assemblée nationale constituante.

Il s’agirait donc ni plus ni moins de ce que Helmut Schmidt, qui était partisan de cette solution pour faire avancer l’Europe, a appelé un « putsch démocratique » contre les Etats, contre les gouvernements et donc contre la Commission dont les membres sont mis en place par lesdits gouvernements.

En 1789, le roi de France, après avoir cédé à plusieurs reprises, et on imagine aisément nos gouvernements actuels, démissionnaires dans la crise des migrants par exemple, agir de même, voulut reprendre la main en attirant des troupes mercenaires à Paris, de manière à mâter les « insurgés institutionnels », déclenchant alors l’ire populaire des Parisiens, ces derniers s’emparant violemment de la si insignifiante prison de la Bastille et amenant le roi à céder sur toute la ligne. Louis XVI chercha par la suite secrètement à étouffer la révolution en encourageant une intervention étrangère, ce qui amena à sa fuite et son arrestation à Varennes, et à la victoire contre toute attente de Valmy face à la coalition « internationale ».

De la même manière, les gouvernements nationaux chercheront à étouffer cette révolution européenne naissante en faisant appel à l’armée. Mais ceux-ci, impuissants et lâches, céderont probablement très rapidement. L’idée même de faire tirer sur des Européens amassés autour de Strasbourg afin de défendre les « acquis de la révolution » leur sera odieuse, alors même qu’ils sont incapables de toute façon de faire tirer sur qui que ce soit. En outre, un parti capable d’obtenir 30% des voix aura de nombreux relais de fait dans les armées nationales. L’exemple de l’empire romain rappelle que nombreux furent les empereurs à finir sous le glaive de leurs propres troupes.

Mais si les gouvernements nationaux sont défaillants, il est probable qu’une coalition internationale pilotée par l’OTAN, donc par les USA, pourra voir le jour. Une telle ingérence américaine, inévitable, ne pourrait alors qu’amener un autre acteur à rentrer dans le jeu, à savoir la Russie. Cette dernière aurait tout intérêt à neutraliser tout interventionnisme atlantiste et aurait le beau rôle en protégeant de fait l’expression populaire européenne.

Europe,révolution,Européens,putsch,StrasbourgIl est alors possible que l’armée européenne ne naisse pas par décision du politique mais sur le terrain, par le ralliement à la révolution de généraux et de troupes venus de tout le continent, à l’instar de Louis Rossel pour la Commune de Paris. L’armée européenne naîtrait au combat, et l’Europe unie connaîtrait son Valmy.

Mais ce schéma changerait toute la donne. L’Etat Européen naîtrait par un enfantement douloureux, comme tout régime naissant face à un contexte tendu. Mais il serait délié de toute allégeance institutionnelle, ne rendant compte que devant le peuple, c'est-à-dire les Européens. Il ne serait plus tenu par aucun traité, aucune convention internationale, aucune constitution verrouillée, aucun droit « devenu fou ». Il pourrait tout faire une fois les soubresauts de sa naissance rapidement digérés.

En résumé, les souverainistes ne pourront rien faire mais des « européistes » révolutionnaires dans le style de ceux que je décris ici pourraient non seulement arriver au pouvoir à un niveau pertinent pour agir librement, c'est-à-dire au niveau de l’Union Européenne actuelle, mais pourraient radicalement changer les politiques actuelles et passées, et redonner aux Européens, au détriment de leurs anciennes élites nationales dévoyées, leur véritable souveraineté, non pas théorique comme le prônent les souverainistes « nationaux », mais une souveraineté continentale réelle dans le cadre d’une Europe unie solide et puissante.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

De l’impasse souverainiste au défilé des Européens ? (1/2)

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ue_mayk_knife_presseurop.jpgLa lecture du dernier ouvrage de Bruno Mégret, ancien haut responsable du Front National dans les années 90, ouvrage intitulé « Le temps du phénix », évoque sous la forme d’un récit l’arrivée hypothétique en 2017 d’un nouveau président élu sur une ligne « nationale » et la politique que ce dernier mènerait pendant cinq ans pour changer les choses. Au final, le bilan serait maigre alors même qu’il aurait fait preuve d’une force de conviction exceptionnelle, d’une fine stratégie et de beaucoup d’audace. Mais ce serait un programme correct pour « Les Républicains » si ceux-ci avaient un chef digne de ce nom à leur tête.

Beaucoup de citoyens d’obédience « souverainiste » imaginent de la même façon l’arrivée du Front National au pouvoir. C’est pourtant une illusion, pas seulement parce qu’il est hautement improbable que le FN gagne un jour les élections présidentielles, encore moins en conservant sa ligne actuelle et sa façon de se gouverner lui-même, et dans la foulée les élections législatives. La cinquième république, calibrée idéalement en apparence pour le seul De Gaulle, ce qui n’a pas empêché le grand homme d’être contraint à une sortie bien peu glorieuse, est verrouillée de telle manière qu’aucun parti révolutionnaire et/ou alternatif qui remettrait en cause le « socle des valeurs » admis par le régime en place ne pourra jamais arriver au pouvoir. C’est la même chose en Allemagne où la « loi fondamentale » est destinée à empêcher que l’histoire ne se répète et qu’un doctrinaire plébéien accède au pouvoir.

S’entêter comme le font les souverainistes et nationalistes eurosceptiques à chercher une solution politique nationale, qui plus est démocratique, est déraisonnable, mais penser à une solution continentale serait franchir un Rubicon mental qui leur semble indépassable.

Voyons donc les conditions requises pour que le FN réussisse hypothétiquement à accéder au pouvoir et surtout à vraiment changer les choses.

En premier lieu, il faudrait que son parti gonfle considérablement, attire et conserve des autorités morales, intellectuels ou hauts fonctionnaires, en dehors de l’énarque en chef qui sert à sa dirigeante de second. Or ce dernier « coupe » toute tête qui dépasse afin de conserver son emprise sur le parti. Il faudrait aussi que le FN soit dirigé par une personnalité remarquable, qui dispose à la fois des qualités du fondateur et de la modernité de l’héritière. Deux conditions non réunies aujourd’hui.

Ensuite, il faudrait que ce parti obtienne au premier tour un score quasiment de plus de 40%. On a vu qu’aux régionales même un tel score n’était pas suffisant face à une grande coalition de tous contre le FN. Or rien n’indique que le jeu de propagande de 2002, même atténué, ne reprenne pas en 2017 (par exemple). Et enfin il devrait arriver à dépasser la barre de 50% sur une ligne non centriste, alors que le second tour implique de mettre de l’eau dans son vin et de proposer un consensus acceptable. Or le succès du FN tient justement à sa ligne hétérodoxe et aux persécutions dont il est victime par le système politico-médiatique pour cette raison.

Rappelons en outre que la ligne anti-UE et anti-€ est anxiogène pour de nombreux électeurs, une ligne que Marine Le Pen ne veut pas remettre en question, pensant y voir la seule façon de se distinguer de la droite classique, sachant qu’elle ne veut pas mettre trop en avant le thème migratoire, surtout sur une ligne « ethniciste » qu’attendent pourtant ses électeurs, car il est diabolisant.

Mais allons au bout de l’équation. Le FN devra donc, sans alliés et sans coalition, gagner les présidentielles et les législatives qui suivent. Car toute coalition impliquera compromission et donc des renoncements sur des éléments clé du projet qu’on prête à ce parti. Mais cela ne suffira pas. Le Sénat sera verrouillé et il faudra alors au moins sept ans de victoires locales ininterrompues pour s’en emparer. Actuellement, le FN ne dispose que de deux sénateurs et un seul député stricto sensu, en plus d’un apparenté. Qui peut imaginer un parti impuissant pendant cinq ans à cause du Sénat gagner toutes les élections intermédiaires, municipales et départementales.

Or, sans le Sénat de son côté, impossible de se débarrasser du Conseil Constitutionnel, de modifier les traités internationaux, d’amender la constitution en supprimant des  principes délétères repris ensuite dans la DUDH de 1948.

Moralité ? Même si le FN gagnait toutes les élections nationales, présidentielles et législatives, et cette hypothèse paraît invraisemblable en l’état, il ne pourrait rien changer à la situation de la France et serait balayé aux élections suivantes. En rester à cette stratégie en liant l’avenir à ce seul parti, à la personnalité qui en est à sa tête et à ce seul cadre politique, serait suicidaire. Cette ligne du FN est d’ailleurs la même à DLF, où Nicolas Dupont-Aignan n’envisage que l’élection présidentielle, la « mère des batailles » comme disait Jean-Marie Le Pen.

Et il ne faudrait pas oublier les pressions internationales, diplomatiques et surtout économiques, tant de la part de l’Union Européenne, même si elle est assez impuissante, que de nos partenaires européens. Même l’abandon de l’euro et la rupture avec l’UE n’auraient pas lieu. D’ailleurs, dans son ouvrage, le président version Bruno Mégret conserve l’euro et maintient l’adhésion à l’Union Européenne, même s’il tente avec plus ou moins de succès de la réformer.

Le souverainisme ne propose donc qu’une impasse politique, au nom de postulats de principe qu’il refuse de remettre en question, et notamment le rejet de l’idée européenne, s’entêtant à imaginer un président idéal libéré des entraves d’institutions dont les souverainistes souhaitent la pérennité voire le renforcement au détriment de l’actuelle Union Européenne, pourtant impuissante.

Nous verrons dans une seconde partie qu’il existe un défilé des Européens, un passage étroit et arpenté, qui pourrait permettre aux Français et aux autres Européens, au prix d’une certaine audace, de s’en sortir et d’assurer au niveau continental le relèvement civilisationnel de l’Europe entière.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

La tribu des *Aryōs. Nos ancêtres indo-européens.

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IE.gifA l’origine des Européens, il y avait un peuple préhistorique. Il n’a laissé aucune trace tangible, aucune écriture aisément reconnaissable, à part quelques symboles solaires abandonnés sur quelques pierres, depuis l’Irlande jusqu’à la Russie. Les linguistes du XIXème siècle, qui en ont découvert l’existence en comparant entre elles les langues de l’Europe moderne avec celles de plusieurs peuples d’Asie, ont appelé ce peuple les Indo-Européens car leurs héritiers ont peuplé un espace allant de l’Europe entière jusqu’à l’Iran et au nord de l’Inde.

Max Müller, père de la mythologie comparée, tout comme Friedrich Schlegel, pensa avoir retrouvé le nom de ce peuple en se basant sur celui que se donnaient Perses et Indiens. Les premiers se nommaient Airya, et le nom même d’Iran désignait leur pays (farsi Erenvaj), et les seconds Arya. Ce terme signifiait « noble ». Pensant le retrouvant chez les Irlandais où on retrouvait le terme de Aire, Müller et plusieurs autres décidèrent de nommer ce peuple à partir de ce nom ancestral, et les Indo-Européens devinrent les « Aryens ». Ce nom finit par devenir odieux lorsqu’il fut instrumentalisé jusqu’à l’extrême par un régime de sinistre mémoire. Après 1945, le terme de « aryen » devint tabou, réservé à l’usage de nostalgiques du dit régime. Et « Indo-Européens » réapparut. Georges Dumézil, le brillant savant et spécialiste de nos vieilles mythologies d’Europe de l’époque d’avant Constantin, donna à ce dernier terme ses lettres de noblesse.

Mais cela ne nous éclairait pas davantage sur le nom originel, sur l’auto-ethnonyme, pour user d’un terme plus savant, de ce peuple. C’est alors qu’on se rendit compte que la comparaison entre l’Inde et l’Irlande n’était pas si incongrue. Si l’irlandais « aire » et le sanscrit « arya » n’avaient aucun rapport, tel n’était pas le cas de deux figures marquantes de leur mythologie respective. Le dieu indien Aryaman, garant des valeurs « arya », qu’on retrouve aussi sous le nom de l’ange zoroastrien Airyaman (Erman), existait en Irlande. Il s’y nommait Eremon. Et le si mystérieux dieu germanique Irmin était sans doute son homologue. Le lien était fait. Si un dieu *Aryomen avait existé à l’époque indo-européenne indivis, alors c’est que les Indo-Européens se nommaient tout simplement les *Aryōs, leur nom provenant sans doute d’une racine *ar- signifiant « être en forme ». Ils étaient donc les « bien formés », les « bien nés », les « nobles ».

Et c’est ainsi qu’une hypothèse de travail dans l’esprit de quelques brillants cerveaux de l’Europe du XIXème siècle devait se révéler féconde, un siècle et demi après. La tribu des *Aryōs était sortie de la préhistoire d’où elle avait disparu pour retrouver une étonnante place au cœur de l’Europe moderne. Une fois écartés les faussaires qui en avaient fait un si odieux usage, leur nom pouvait réapparaître. Ainsi en a-t’il été de ce peuple ancestral.

Une fois que ces *Aryōs furent redécouverts, la comparaison du vocabulaire commun et de la mythologie entre les langues-filles de leur langue-mère permit de reconstituer leur société, leurs valeurs, leurs coutumes et traditions, leur niveau de technologie, leurs institutions.

Les *Aryōs avaient inventé une forme de proto-démocratie, l’assemblée du peuple *sebhos (voir la Seimas lituanienne) se réunissait régulièrement et décidait des choses de la tribu. Ce n’est donc pas Sparte qui était la plus fidèle à cette tradition mais bien Athènes. C’était l’Ecclesia avant l’Ecclesia. Bien sûr il existait ce qu’on nommera un roi, le *regs, qui était le président élu de cette assemblée, le garant du droit, le prêtre suprême et le chef des armées. Ce *regs n’était pas un monarque oriental, mais une sorte de président. Le traduire par « roi », même si ce terme vient du sien, est une traduction inappropriée. Il existait peut-être un second chef, le *deuks ou « meneur », lui aussi élu. Cette idée aurait été conservée par Rome avec ses deux consuls et par Sparte avec ses deux rois, l’un devant rester à Sparte et l’autre menant son armée.

Le citoyen (*keiwos) participait donc dès le départ à la vie de la tribu, puis de la cité, et était l’égal de son voisin. Il n’existait probablement pas des castes comme en Inde, contrairement à une idée souvent reçue. Le schéma trifonctionnel indo-européen démontré par Dumézil (souveraineté, guerre, production) n’avait pas de transposition réelle. L’existence d’un clergé ou collège sacerdotal de « très sachant » (le sens du mot celtique « druide ») est controversée, même si le prêtre indo-européen ou *bhlagmen (latin flamen, sanscrit brahman) existait bel et bien. Difficile de savoir si cette fonction était sacerdotale comme chez les Celtes et les Slaves, ou élective comme les godar germaniques et les prêtres du Latium et de Grèce.

Ce citoyen était un soldat et un paysan. Il alternait l’épée et la charrue selon les périodes de l’année. Le vieux romain du temps de la république se serait certainement reconnu dans son ancêtre indo-européen. Les Indo-Européens avaient domestiqué le cheval, qui leur donnait l’ascendant au combat, et tous les animaux d’élevage traditionnel. Le porc (*sus) avait notamment un rôle important, et sa possession était un signe de richesse. Des troupeaux de bœufs (*gwous) ou d’ovins (*owis) étaient conduits de pâturage en pâturage par les ancêtres indo-européens des cow-boys, les *poymenês ou « bergers ».

Les *Aryōs étaient probablement installés en cités (*wastu) autour d’une colline où était établie une citadelle (*pelis). Ils n’étaient pas des nomades, encore moins une aristocratie guerrière imposant sa domination à des peuples étrangers. Sans la technologie moderne, sans l’écriture certes, ils ne différaient pourtant guère de nous. Européens avant que le mot même n’existe.

Leur religion était celle d’hommes libres. Les dieux étaient honorés autour de sanctuaires de bois,  avec des « idoles » de bois pour les personnifier et servant d’objet intermédiaire pour les contacter. Tous savaient que les dieux vivaient au ciel (*akmon, un « ciel de pierre ») et pas dans des sculptures. Ils possédaient sans doute des temples de bois (*temenom) réservés aux prêtres. Les figures divines étaient aussi bien masculines que féminines, sans que les unes aient un ascendant sur les autres, à l’exception du ciel-père (*dyeus) et de la terre-mère (*dhghōm), son épouse. Le rapport entre l’homme et le dieu n’était pas celui entre un esclave et son maître, mais entre amis, même si l’un était mortel et l’autre immortel. Les dieux se mêlaient aux mortels et parfois s’unissaient à certains d’entre eux, faisant naître des héros et des protecteurs. Ils n’avaient pas besoin de créer un mot comme « laïcité » car ils l’étaient par nature.

Les *Aryōs se méfiaient en effet de la magie et de toutes les spéculations métaphysiques. Leur bon sens les faisait préférer une religion simple avec de grandes figures divines préposées à des fonctions spécifiques. Il aurait été aberrant d’honorer la déesse de la terre avant d’aller au combat ou le dieu du ciel pendant qu’on ramassait les récoltes. Le rite avait au moins autant d’importance que la foi. Le contrat signé entre les dieux et les hommes devait être renouvelé. Et si les dieux étaient courroucés, comme lorsqu’un protecteur puissant vous fait défaut, il fallait les apaiser en sacrifiant des animaux d’élevage, tout en conservant les bons morceaux pour les hommes. Les dieux devaient se contenter d’humer l’odeur de la viande brûlant sur l’autel du haut de leur royaume céleste. Ils étaient modernes dans une époque qui ne l’était pas. Et c’est ainsi qu’ils purent être à la source de trois grandes civilisations (Europe, Perse, Inde) qui rayonnent encore aujourd’hui. Les mots « démocratie », « république », « laïcité » ou « égalité » leur étaient inconnus. Mais ils les vivaient.

Thomas FERRIER (LBTF, Le Parti des Européens)

Soleil et lune / mâle et femelle.

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soleil,lune,masculin,féminin,inversionLes mythologies anciennes évoquent deux figures majeures, deux déités parmi les plus importantes, à savoir le Soleil et la Lune. En français, langue héritière du latin, il n’y a aucun doute. Soleil masculin, Lune féminine. Comme le Sol et la Luna romains. Pourtant ces deux astres, selon les peuples, ne sont pas associés au même sexe et c’est ce que je vais m’efforcer d’analyser dans cet article.

Chez les Indo-Européens indivis, la tribu des *Aryōs que j’évoquerai dans un prochain article, les choses sont assez simples. Le Soleil,*Sawel ou *Sawelyos), comme l’indique la forme finale en –os, est masculin, tandis que la lune, sous ses deux noms, *mens et *louksna (« la lumineuse »), est féminine. Le dieu du soleil est le fils du dieu du ciel et forme avec ses deux frères, le feu du ciel intermédiaire (foudre) et le feu terrestre, une triade. Ainsi en Grèce Apollon (substitut d’Hélios), Arès et Héphaïstos sont les trois fils de Zeus.

En Grèce, le soleil est représenté par au moins trois divinités, toutes masculines, à savoir Hélios lui-même, le Soleil personnifié, mais aussi son père, le titan Hypérion (« le très haut ») et Apollon, seul olympien au sens strict, surnommé Phoebos. De la même façon, la lune est associée à plusieurs déesses comme Selênê (*louksna) ou Mênê (*mens), mais aussi l’olympienne Artémis, déesse-ourse de la chasse, et la sombre magicienne Hécate. La lune est un astre mystérieux et inquiétant pour les anciens Grecs, à la différence du soleil souverain, dont la puissance est généralement bienfaitrice, même si parfois les rayons du soleil, qu’Apollon envoie grâce à son arc, sèment aussi la mort. En revanche, à Rome même, Sol et Luna sont des divinités très marginales, rapidement remplacées dans leur rôle céleste par Apollon et Diane.

Chez les Indo-Européens d’orient, et ce sans doute sous l’influence de la religion mésopotamienne, soleil et lune sont deux divinités masculines, ainsi Hvare et Mah en Iran ou encore Surya et Chandra Mas (*louksna *mens, pour la première fois associée). Les Arméniens par contre respectent bien le schéma indo-européen, avec le viril Arev, selon une variante du nom du soleil qu’on retrouve dans le sanscrit Ravi, et la douce Lusin (*louksna). Enfin, en Albanie aussi, on retrouve un soleil masculin (Dielli) et une lune féminine (Hëna).

En revanche, chez les peuples du nord de l’Europe, étrangement, le sexe de l’un et de l’autre s’est inversé, sauf chez les Celtes où ces deux divinités ont une place de toute façon si marginale qu’il est presque impossible de les identifier, remplacés par le dieu Belenos et sans doute la déesse Đirona. Chez les Germains, si Balder est l’Apollon scandinave, le soleil est une déesse (germanique Sunna, nordique Sol) alors que la lune est son frère (nordique Mani). De même, les Baltes possèdent une déesse solaire puissante (lituanienne Saulè) et un dieu lunaire aux accents guerriers (lituanien Menulis, letton Menuo). Cette étrange inversion s’explique peut-être par l’idée que le soleil du nord était davantage doux pour les hommes, mais on verra par la suite que cette hypothèse est douteuse.

Les Slaves quant à eux préfèrent maintenir une certaine ambiguïté. Si le soleil est clairement masculin, sous la forme du Khors (Хорс) d’origine sarmatique ou du Dazbog slave, alors que son nom neutre « solntse » ne désigne que l’astre et aucunement une divinité, la lune n’est pas nécessairement féminine. Messiats (Месяц) est une divinité qui peut apparaître aussi bien comme un dieu guerrier que comme une déesse pacifique.

La mythologie indo-européenne, malgré une inversion localisée dans le Nord-est de l’Europe, et une influence mésopotamienne évidente en Orient, a donc conservé l’idée d’un couple de jumeaux, le dieu du soleil et la déesse de la lune, tous deux nés de l’amour du ciel de jour et de la nuit (la Léto grecque, qui est aussi la Ratri indienne, déesse de la nuit).

En Egypte et à Sumer, pays où la chaleur du soleil pouvait être écrasante, le soleil est clairement une divinité mâle, mais la lune n’est pas davantage envisagée comme son opposé. L’Egypte dispose ainsi de plusieurs dieux solaires de première importance, comme Râ et Horus (Heru), et aussi de leurs multiples avatars, comme Ammon, le soleil caché, et Aton, le soleil visible. Le Soleil a même une épouse et parèdre, Rât. Il est le dieu suprême, alors que le ciel est féminin (Nout) et la terre est masculine (Geb), inversion étrange qu’on ne retrouvera pas ailleurs. La Lune est elle aussi masculine. C’est le dieu Chonsu, au rôle religieux des plus limités. De même les Sumériens disposent de deux divinités masculines, en la personne d’Utu, le Soleil comme astre de justice, et Nannar, la Lune.

Lorsque les peuples sémitiques quittèrent leur foyer d’Afrique de l’Est ou de la pointe sud-ouest de l’Arabie, leur mythologie rencontra celle des Mésopotamiens. A l’origine, le Soleil chez les Sémites est une déesse du nom de *Śamšu alors que la Lune est masculine, *Warihu. Chez un peuple qu’on associe à un environnement semi-désertique, c’est assez surprenant. Lorsque les Sémites envahirent Sumer, ils adaptèrent leur panthéon à celui des indigènes. Si la lune resta masculine sous la forme du dieu Sîn, dont l’actuel Sinaï porte le nom, le soleil devint également masculin. A l’Utu sumérien succéda le Shamash babylonien, dans son rôle identique de dieu qui voit tout et juge les hommes. Mais en Canaan et chez les Arabes, « la » Soleil survécut. Shapash était la déesse ouest-sémitique du soleil, présente aussi bien chez les anciens Judéens que dans le reste de Canaan et jusqu’à Ugarit, et Shams la déesse sud-sémitique, présente encore à l’époque de Muhammad dans tout le Yémen.

Un dieu soleil et une déesse lune chez les Indo-Européens, une déesse soleil et un dieu lune chez les Sémites, comme d’ailleurs chez les peuples Turcs et Finno-ougriens, et sans doute chez les peuples nomades en général, un soleil et une lune tous deux masculins en Egypte et à Sumer, voilà une situation bien complexe. Pourquoi attribuer à l’un ou à l’autre un genre en particulier ?

On comprend bien que la lune, liée à des cycles, puisse être associée à la femme, elle-même soumise à un cycle menstruel, terme qui rappelle d’ailleurs justement le nom indo-européen de la lune (*mens). Et de même le soleil, astre ardent qui brûle la peau de celui qui ne s’en protège pas, qui voit tout et qui sait tout, est logiquement masculin. Mais ce raisonnement ne vaut que pour les Indo-Européens. L’idée d’une lune féminine leur est propre, alors qu’elle est masculine partout ailleurs, de l’Egypte jusqu’à l’Inde.

Thomas FERRIER (LBTF/Le Parti des Européens)

07/02/2016

Les animaux sacrés et leur nom tabou chez les Indo-Européens

religion.pngbears.jpgLes Indo-Européens associaient généralement les grands prédateurs, qu’ils admiraient, à leur dieu de la guerre (*Maworts). Deux espèces parmi toutes étaient particulièrement honorées, à savoir l’ours (*ərktos) et le loup (*wlkwos), reconnus pour leur esprit combatif. Les guerriers sacrés du monde germanique se partageaient d’ailleurs entre les Berserkir (guerriers-ours) et les Ulfhednar (guerriers-loups).

Ces animaux étant admirés et en même temps pour les mêmes raisons très craints, les peuples indo-européens connurent une étrange pratique, à savoir tabouiser le nom originel de l’animal, de peur que de l’appeler par son nom véritable ne l’attire. C’est notamment le cas de l’ours.

Son nom indo-européen *ərktos a été conservé au sein de peuples qui n’étaient pas amenés à le côtoyer régulièrement. C’est ainsi que les Grecs continuèrent de l’appeler αρκτος, même si en grec moderne son nom devint féminin (αρκουδα), de même que les Latins l’appelèrent ursus et les anciens Indiens ṛksas (et aussi arménien arj, vieux-perse arša, farsi xers). Plus surprenant encore, les Basques s’approprièrent le nom indo-européen de cet animal sans doute de bonne heure en le nommant hartz.

Le monde celte pour qui l’ours symbolisait la royauté conserva également son nom, en gaulois *artos, en gallois moderne arth, en breton arzh. Le roi Arthur était ainsi un grand roi (ardri) ours alors que Merlin l’enchanteur apparaissait dans le rôle du druide suprême (ardrui).

Mais progressivement le nom de l’animal devint un secret. Ainsi les Ecossais l’appelèrent math « le bon » pour atténuer son légendaire courroux, et les Irlandais modernes le nomment en gaélique béar, qui n’est autre qu’un emprunt à l’anglais bear.

Ce dernier terme est un emprunt aux langues germaniques (anglais bear, allemand Bär, suédois björn) et signifie « le brun ». Les peuples germano-scandinaves en effet craignaient davantage le loup, tout comme en général les peuples du nord, à l’exception des Celtes. En le surnommant par sa couleur, les Germains évitaient ainsi sa rencontre. Ce raisonnement fut exactement le même dans le monde slave, où l’ours devient le « mangeur de miel » (russe медведь), et dans le monde balte où il fut appelé locys en lituanien (lācis en letton), « le lècheur ».

Alors que les Celtes ne semblaient donc pas craindre l’ours, il en fut différemment du loup, plutôt associé au monde des morts. C’est lui qu’ils choisirent de tabouiser. Si le nom gaulois originel du loup fut sans doute *volcos, très vite ce dernier terme fut remplacé par bledos, « le gris ». C’est ainsi qu’en breton le loup est bleiz (cornique bleydh, gallois blaidd, gaélique faol).

Les autres peuples indo-européens en revanche conservèrent tous son nom traditionnel *wlkwos (grec λυκος, latin lupus, scandinave ulfr, sanscrit vṛkas, russe волк, lituanien vilkas, arménien gayl).

Le « brun » et le « gris », associés pourtant défavorablement par exemple dans le Roman de Renart, étaient donc des animaux consacrés à la royauté et à la guerre chez les Indo-Européens. Le Mars romain, dieu des loups, rappelle que les anciennes confréries guerrières (Männerbund) aimaient se comparer à une meute. Le loup, tout comme l’ours, est également un animal-guide. C’est un loup d’acier (gelezinis vilkas) qui guida le roi lituanien Gediminas vers la colline où il devait construire Vilnius, sa future capitale. Quant au mythe de Romulus et Rémus nourris par une louve, cela rappelle l’enfant-loup de la tradition indienne (« Mowgli »).

Songeons aussi à la déesse-ourse, divinité vierge gardienne des forêts et chasseresse, l'Artio celte mais aussi l'Ar(c)témis grecque. Les jeunes filles se déguisaient en ourses au moment du passage à l'adolescence dans la Grèce classique.

Enfin, ce mythe selon lequel Arthur reviendrait d’Avallon ramener la paix sur la Bretagne est évidemment une comparaison avec l’ours qui hiberne dans sa grotte. C’est le thème du « retour du roi » qu’on retrouve aussi dans le monde germanique associé à l’empereur Frédéric.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens/LBTF)

23:20 Publié dans Analyses, Religion | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : loup, ours, tabou |

Les raisons du refus de l'adhésion turque à l'Union Européenne

Europe.pngTurquie.jpgDeux promesses inconsidérées avaient été faites à la Turquie. En 1963, De Gaulle et Adenauer, agréablement surpris par les résultats de la « révolution kémaliste », avaient indiqué que la Turquie pourrait faire partie de la CEE à peine née (1957) qui se résumait alors à l’idée d’un marché commun, sans aucun attribut politique, ce à quoi De Gaulle était farouchement opposé. En 2005, au prix d’une négociation douteuse, où l’Autriche leva son veto en échange de la promesse d’une adhésion accélérée de la Croatie, des pourparlers d’adhésion avec la Turquie furent ouverts, alors même qu’une telle proposition n’avait pas été faite à des pays réellement européens, comme la Serbie ou l’Albanie par exemple. C’était évidemment absurde.

La Turquie en effet a une indéniable dimension eurasiatique, que n’a pas la Russie contrairement à ce que beaucoup croient, et ne saurait être qualifiée d’européenne, même si elle a en elle une part d’européanité, illustrée notamment par les Turcs Blancs (beyaz Türkler) d’où fut issu Atatürk en personne. Le peuplement anatolien d’origine, pré-indo-européen et pré-sémitique, semble avoir résisté à deux millénaires de vagues indo-européennes (Hittites, Arméniens, Phrygiens, Grecs, Perses et Latins) et caucasiennes (Lazes, Circassiens) mais aussi à la vague altaïque des Turcs Oghuz, peu nombreux et qui se fondirent dans la population native tout en lui imposant la langue turque et l’islam, et aussi en partie au brassage interne de l’empire ottoman (avec des populations européennes et non-européennes).

Si la Turquie est partiellement européenne pour ces raisons, sa culture et son histoire politique de ces cinq derniers millénaires se sont établies contre la civilisation européenne. La Turquie, sous les traits de l’empire ottoman, a pu assiéger Vienne à deux reprises, sans oublier ce qu’elle a fait subir à plusieurs peuples européens, dont Grecs, Serbes et Albanais, sans parler de sa conquête de Constantinople, et de la mort héroïque de Constantin XI Dragasès. Cette histoire ancienne ne saurait être tenue pour négligeable, malgré l’alliance contre nature entre François Ier et Soliman, une tache honteuse sur le règne de ce grand roi de France. Je songe encore à la bataille de Missolonghi où de courageux Grecs offrirent leur vie pour leur patrie et pour l’Europe entière.

Alors bien sûr il y a le mirage kémaliste. On oublie bien souvent que Kemal Atatürk a établi son régime sur une victoire contre les Grecs et ainsi l’exil de 500.000 Grecs vers la Grèce indépendante en 1920, et sur la répression de tout ce qui n’était pas turco-musulman. Atatürk sur un plan personnel détestait la religion établie qu’avait adopté son peuple à la sortie de l’Asie Centrale dix siècles auparavant. Il réprouvait des principes qu’il considérait comme archaïques et méprisables. C’est ainsi que naquit la laïcité turque, mais une laïcité qui faisait de l’islam la religion nationale de la Turquie, pour peu que cet islam se réforme dans le sens imposé par Atatürk, à savoir avec un Allah rebaptisé Tanri, un Coran écrit en turc, sans califat, sans voile pour les femmes, sans fez pour les hommes, en prenant comme référence le droit civil suisse.

Mais Atatürk, aussi fascinant et déterminé qu’il ait pu être, n’a pas gouverné 20 ans. Il est mort en 1938 à la veille de la seconde guerre mondiale. On ignore d’ailleurs quel camp il aurait choisi. Sa révolution fut inachevée et Inönü déjà d’en atténuer les effets. Un consensus mou s’établit alors. Les islamistes radicaux étaient écartés du pouvoir à l’instar de ce qui arriva à Erbackan dans les années 90. Mais même au sein du nationalisme laïc du MHP, une forme d’islamo-nationalisme grandissait. C’est sur les paysans anatoliens (« Kara Türkler ») et sur cette synthèse d’islam et de nationalisme turc que devait s’établir l’AKP, au nom de promesses mensongères faites à la bourgeoisie turque, à peine sortie d’un gouvernement de coalition critiqué pour corruption et dont seul le MHP et le CHP réussir à survivre difficilement. Le développement économique et le processus d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne permirent à Erdogan de s’imposer et de briser un par un ses adversaires.

En 2008, l’armée et les institutions « kémalistes » ont tenté d’interdire l’AKP pour viol de la constitution. Cela s’est joué à un membre de la Cour Suprême près. L’AKP survécut et désormais Erdogan écrasa brutalement tous ces adversaires, par le biais de grands procès liées à une obscure affaire où une organisation secrète, « Ergenekon », aurait conspiré contre le gouvernement. Des journalistes et des hauts gradés de l’armée furent arrêtés. Erdogan liquida ainsi l’héritage de Mustafa Kemal d’un trait de plume.

La réislamisation de la société turque sous son impulsion est une réalité. La politique répressive à l’égard des Kurdes, qui a amené le gouvernement turc à des relations bien troubles avec l’EI en Irak et en Syrie, en est une autre. La provocation vis-à-vis de la Russie, avec ce chasseur abattu, en est encore une autre. On voit bien que l’AKP d’Erdogan, qui a même réussi à marginaliser l’ancien président plus modéré, et pourtant issu de ses rangs, Abdullah Gül, domine la société et même quand il titube comme en début d’année 2015, il arrive à rebondir quelques mois après au prix d’une nouvelle guerre en pays kurde et à l’issue d’attentats criminels aux origines obscures, ralliant 4 ou 5 points d’électeurs MHP lui permettant de retrouver cette majorité parlementaire tant espérée pour qu’Erdogan puisse se tailler un costume de super-président. Le scandale n’est pas que la Turquie se dote de manière souveraine du gouvernement qu’elle souhaite et qu’elle se colore à nouveau de vert. C’est son affaire.

Le scandale est que l’Union Européenne n’en tienne pas compte, en arrêtant ce processus d’adhésion contre-nature. Or que fait-elle sous l’impulsion d’Angela Merkel, et ce en raison de migrants prétendument syriens qui déferlent sur l’Allemagne (et le reste de l’Europe occidentale), parce que la Turquie facilite en réalité leur départ vers notre continent ? Elle rouvre les pourparlers d’adhésion, ouvrant un nouveau chapitre, alors même qu’Ankara continue de ne pas reconnaître la Chypre grecque et continue son occupation illégale (depuis 1974) du nord-est de l’île. Elle offre plusieurs milliards d’euros à Erdogan pour qu’il garde les migrants sur son territoire. Elle prône de manière suicidaire la suppression des visas turcs pour l’espace Schengen, alors qu’on sait que de nombreux faux passeports syriens et turcs pullulent.

Notre position est très claire et en rupture avec cette ligne politique aberrante. Il s’agit de doter l’UE de véritables frontières et que ces dernières soient respectées par la Turquie, de décréter la fin de l’occupation de Chypre, et surtout de mettre fin au plus tôt au processus d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, ouvert de manière inconsidérée par des gouvernements sans mandat. La Turquie n’est pas européenne, même si elle a une part d’Europe en elle, et certainement pas parce qu’elle a conservé la Thrace (3% de son territoire, 5% de sa population) qui aurait dû lui être reprise en 1913 puis dans le cadre du traité de Sèvres (1920). Cette position dure ne m’empêche pas de souhaiter pour le bien du peuple turc lui-même la chute du gouvernement AKP et la mise en avant d’un néo-kémalisme. Mais les signes actuels donnent peu d’espoir d’un tel renouveau à brève ou moyenne échéance. Et cela ne m’empêche pas de souligner l’amitié que l’Europe entendra préserver avec la Turquie si cette dernière parvient à se libérer de cette régression idéologique qui préside actuellement à ses destinées.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

Les (non-)institutions de l’Union Européenne. Le mythe d'une Europe fédérale

Europe.pngUnion Européenne,impuissance,institutions,Etats,gouvernements,parlement européenOn lui prête l’ambition, qu’on en partage l’idée ou qu’on s’y oppose, d’être une Europe fédérale. Mais l’Union Européenne est certes une Europe des Etats mais sans un Etat pilote pour la diriger. Et surtout, elle ne peut en aucune manière être considérée comme indépendante des gouvernements des Etats, bien au contraire. Il est donc assez malhonnête intellectuellement d’accuser l’UE de politiques qui lui sont imposées par ceux qui la pilotent, les chefs d’Etat et de gouvernement, même s’il est clair que les (prétendus) dirigeants de l’Union Européenne en partagent pleinement les objectifs et l’idéologie. Analysons donc brièvement les différentes structures de l’actuelle Union Européenne.

Il y a en premier lieu la fameuse Présidence Européenne. Le président en exercice est l’ancien premier ministre polonais Donald Tusk, sauvé in extremis d’une débacle électorale par cette promotion inespérée, alors même que son adversaire, le PiS de Jaroslaw Kaczynski, a fini par arriver au pouvoir à Varsovie. A-t-il été élu par les Européens comme c’est le cas du président américain aux USA ? Sûrement pas. Il a été choisi par les chefs d’état et de gouvernement dont il n’est que le missus dominicus, chargé d’appliquer la politique que ces derniers soutiennent, sans aucune marge d’autonomie et dans un silence assourdissant. Autant dire que Donald Tusk ne décide de rien, tout comme la responsable officielle de la diplomatie de l’UE, l’italienne Federica Mogherini, parfaitement silencieuse et inexistante.

Il y a ensuite la célèbre et si décriée Commission Européenne, qui dispose théoriquement de l’initiative des lois. En réalité, chaque commissaire représente un des 28 pays membres et il est choisi par le chef d’état et/ou de gouvernement de son pays. C’est ainsi que Pierre Moscovici, ancien ministre du gouvernement français, a été imposé à Bruxelles par François Hollande. Là encore le président de cette institution, le luxembourgeois Jean-Claude Juncker, pourtant inquiété pour des affaires financières douteuses, a été choisi par les chefs d’état et de gouvernement à l’issue d’une joute entre le Royaume-Uni et l’Allemagne et donc d’une négociation entre partenaires. Autant dire que Juncker ne décide de rien non plus et se contente d’exercer une fonction théorique, le véritable pouvoir étant auprès de ceux qui l’ont choisi.

Le véritable pouvoir décisionnel au sein de l’UE est détenu par deux conseils, le Conseil de l’Union Européenne, qui réunit les ministres concernés dans un domaine spécifique, et le Conseil Européen, dont sont membres les chefs d’état et de gouvernement. Là encore, on oublie de rappeler que ce sont eux qui décident de l’initiative des lois et directives. Il est mensonger de leur part de faire croire qu’ils combattent à Paris ou à Berlin certaines politiques européennes qu’ils prônent en réalité à Bruxelles.

Reste le Parlement Européen. Celui-ci a certes gagné quelques pouvoirs comme de pouvoir refuser les commissaires proposés par les Etats mais c’est un pouvoir dont il n’use guère. Le PE est divisé en deux camps principaux, le PPE et l’ASDE, qui se mettent d’accord en permanence et se partagent le pouvoir. PPE et ASDE ne sont pas de vrais partis politiques mais des coalitions de partis nationaux mises en place pour des raisons techniques et financières. Là encore ce sont les chefs d’état et de gouvernement, ou leurs principaux opposants à l’intérieur du Système, qui décident de tout.

Mais le Parlement Européen dispose d’une relative légitimité populaire dont un parti politique courageux pourrait demain bénéficier et s’en servir comme d’un levier contre toutes les institutions susnommées et contre tous ceux qui les contrôlent, à savoir les gouvernements « nationaux ». C’est la stratégie que Le Parti Des Européens prône, à savoir opposer Strasbourg à Bruxelles, opposer le Parlement Européen à la Commission et aux deux Conseils, comme pendant les Etats Généraux en 1789 le Tiers-Etat s’est opposé à la noblesse, au clergé et au roi.

L’Union Européenne ne pourra être réorientée que si le Parlement Européen de Strasbourg prend son rôle vraiment au sérieux et ose s’opposer aux Etats au lieu de se soumettre servilement aux gouvernements et aux partis nationaux. L’actuelle n’est même pas l’embryon d’un Etat fédéral, malgré un euro qui de toute façon n’est pas imposé à tous les Etats membres. C’est une structure administrative résultant de traités entre Etats souverains qui s’accordent pour mettre en commun certaines politiques économiques impopulaires qu’ils approuvent en les faisant par cette institution fantôme. En réalité, les échecs et les erreurs de l’UE sont tous imputables aux gouvernements « nationaux », de droite comme de gauche. Et il va falloir oser le dire et le répéter !

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

Calais. Communiqué du Parti des Européens

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calais,piquemal,émeutes,décision préfectorale,laxismeLa répression dont la manifestation interdite de Calais organisée par le mouvement PEGIDA en France, dans le cadre d’une action « internationale » simultanée, dans une dizaine de pays d’Europe, a été l’objet, a ému une partie de l’opinion. L’arrestation d’un général décoré en la personne de Christian Piquemal, désormais poursuivi pour avoir refusé de dissoudre le rassemblement après en avoir été sommé par les autorités, a indigné plus encore.

Précisons en premier lieu que la situation de Calais étant devenue de plus en plus ingérable, la décision du préfet était parfaitement fondée, le risque d’affrontements étant réel, à l’instar de l’émeute contre deux citoyens calaisiens qui avait eu lieu il y a quelques jours, émeute de migrants pilotée par des militants d’extrême-gauche, précisons le. Il était donc absolument nécessaire de se soumettre à cette décision et il était irresponsable d’en braver l’interdit.

Ce qui est scandaleux n’est pas l’action des autorités dans cette affaire. Ce qui est scandaleux, c’est leur inaction dans les autres cas. Ce qui est scandaleux, c’est que des manifestations interdites de migrants et de gauchistes ne soient pas interdites et réprimées. Ce qui est choquant, c’est ce deux poids deux mesures permanent, comme on l’a constaté avec le si petit nombre d’arrestations de casseurs à Rennes hier. La loi doit être la même pour tous et s’appliquer sans laxisme qu’on soit pauvre ou riche, seul ou en nombre, opposant politique ou partisan du pouvoir, démuni ou puissant.

Les migrants de Calais ne sont pas des réfugiés venus de Syrie, mais clairement des « migrants économiques » au sens strict puisqu’ils aspirent à se rendre au Royaume-Uni et savent que, tout comme en France, une fois le pied posé sur le sol britannique, ils seront probablement inexpulsables. Aucun pays européen n’a en effet le courage de prendre des décisions en ce sens, tant est grande la peur d’une instrumentalisation médiatique à la vue de l’usage de la force contre ces gens. On se souvient de l’affaire du petit Aylan.

A un certain niveau, face à ce que l’on est en mesure d’empêcher, à ce contre quoi on est en devoir de s’opposer, ne pas agir est une forme de complicité passive. Or les autorités laissent faire. Pourquoi une telle démission du pouvoir ? Une immense honte devrait nous envahir.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

29/01/2016

Du mot proto-indo-européen *deywos.

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zeus.pngQu’est-ce qu’un *deywos, mot qui a abouti au latin deus et au français « dieu » ? D’autres termes pour désigner les divinités ont été employés par les Indo-Européens indivis, à l’instar de *ansus, « esprit divin » [scandinave Ass, indien Asura) ou de *dhesos, « celui qui est placé (dans le temple) » [grec theos] et bien sûr le terme germanique *gutaz désignait « celui qu’on invoque », mais *deywos aura été le plus courant et le mieux conservé puisqu’on le retrouve à peu près partout (gaulois devos, germano-scandinave tyr, balte dievas, sanskrit devas, latin deus, iranien daeva).

La racine de *deywos est bien connue, et on la retrouve dans le nom de *dyeus, le « ciel diurne », à la fois phénomène physique et divinité souveraine. On peut la traduire par « céleste » aussi bien que par « diurne » mais aussi par « émanation de *dyeus ».

La divinité suprême *Dyeus *Pater est en effet l’époux d’une parèdre du nom de *Diwni (« celle de *dyeus ») qui est le nom marital de la déesse de la terre, son épouse naturelle, formant le couple fusionnel dyavaprithivi dans l’Inde védique. Les *Deywôs sont donc les fils de *Dyeus, tout comme les *Deywiyês (ou *Deywâs) sont ses filles.  C’est leur façon de porter le nom patronymique de leur divin géniteur.

Les *Deywôs sont donc par leur nom même les enfants du ciel, ce qui place leur existence sur un plan astral, l’ « enclos des dieux » (le sens même du mot *gherdhos qu’on retrouve dans Asgard, le royaume divin des Scandinaves) étant situé sur un autre plan que le monde des hommes mais placé systématiquement en hauteur, généralement à la cime de la plus haute montagne ou de l’arbre cosmique, ou au-delà de l’océan, dont la couleur est le reflet du ciel bleu, dans des îles de lumière (Avallon, Îles des Bienheureux…).

Mais ils forment aussi une sainte famille, autour du père céleste et de la mère terrestre, l’un et l’autre régnant dans un royaume de lumière invisible aux yeux des hommes. 

Toutefois, le ciel diurne ne s’oppose au ciel de nuit que dans une certaine mesure. Sous l’épiclèse de *werunos, le dieu « du vaste monde » [grec Ouranos, sanscrit Varuna], *Dyeus est aussi le dieu du ciel en général, les étoiles étant depuis toujours les mânes des héros morts, souvenir que les Grecs lièrent au mythe d’Astrée, déesse des étoiles et de la justice, qui abandonna le monde en raison des pêchés des hommes. Astrée elle-même n’était autre que la déesse *Stirona indo-européenne que les Celtes conservèrent sous le nom de Đirona (prononcer « Tsirona ») et que les Romains associèrent à Diane.

Quant à la parèdre de *Dyeus, on la retrouve sous les noms de Diane et de Dea Dia à Rome, de Dziewona en Pologne pré-chrétienne et de Dionê en Grèce classique, celle-là même qu’on donne pour mère d’Aphrodite. De même la déesse de l’aurore (*Ausos) est dite « fille de *Dyeus » [*dhughater *Diwos], terme qu’on retrouve associé à Athéna mais aussi plus rarement à Aphrodite.

*Diwni, l’épouse du jour, devient *Nokwts, la nuit personnifiée. Le *Dyeus de jour cède alors la place au *Werunos de nuit. Tandis que les autres *Deywôs dorment, *Dyeus reste éveillé. L’idée d’un dieu du jour et de la nuit, donc aux deux visages, est à rapprocher du Janus romain, dieu des commencements, époux alors de la déesse de l’année *Yera (Héra) ou de la nouvelle année (Iuno).

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

28/01/2016

Le Parti des Européens.

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Flag_of_Europe_europlite_forum.pngRassembler les Européens soucieux de la pérennité de leur identité et de leur civilisation a toujours été la vocation première de notre formation. Ce ne sont pas des Etats qu’il faut associer, des gouvernements qu’il faut inviter à travailler ensemble, mais un peuple qu’il faut unir et conduire à la révolution contre les premiers.

L’Europe n’a jamais été dans une situation si catastrophique et par la faute en premier lieu de nos gouvernants mais aussi de nous, les Européens, qui les avons depuis bien trop longtemps laissés faire, préférant les illusions d’une paix relative, malgré l’insécurité grandissante de nos sociétés que beaucoup d’entre nous refusent encore trop souvent de voir et d’une prospérité de plus en plus déclinante.

La crise de la zone euro, dont nous ne sommes sortis qu’en apparence, et la crise des migrants ne sont que deux éléments symptomatiques d’une situation d’ensemble des plus inquiétantes. Ce n’est que le sommet de la partie émergée de l’iceberg. L’auto-destruction de la civilisation européenne, ce que Nietzsche appelait le « nihilisme européen », est bien plus ancienne que ces dernières décennies. Ce siècle de 1914, pour reprendre le mot de Venner, n’en finit pas de pourrir notre civilisation de l’intérieur, l’amenant à des reniements honteux, à une génuflexion perpétuelle qui fait injure à nos grands ancêtres.

Le nationalisme que certains présentent comme le remède à la crise de l’Europe n’est qu’un symptome de cette maladie et non le signe d’une guérison prochaine. Cette incapacité des Européens à penser leur continent comme une seule entité a mené notre civilisation par deux fois à la catastrophe, en 14/18 et en 39/45. Et à chaque fois les leçons n’ont pas été apprises, les remèdes insuffisants ou corrompus. La fin fut toujours la même. Un désastre. Or nous ne pouvons plus nous permettre un désastre supplémentaire. Cette fois, nous ne nous en sortirions plus. La démographie gravement déclinante de l’Europe, dont aucun pays n’échappe de l’Islande à la Russie, alors même que le reste du monde déborde d’hommes, est un phénomène très inquiétant. Le vieillissement de nos sociétés , et la perte de vitalité que cela implique, l’accompagne naturellement.

Alors, face à ces périls, que nous proposent nos gouvernants et l’Union Européenne actuelle ? De ne pas y remédier. Mais au contraire d’accepter notre disparition, notre remplacement progressif sur notre propre sol. Encourager le travail des femmes européennes quand les maternités sont vides et le Pôle Emploi de toute façon débordé. Favoriser le mariage « pour tous » au lieu de renforcer le mariage traditionnel, qui n’a rien de chrétien mais remonte à l’antiquité indo-européenne la plus ancienne. Dénaturer la nationalité de chaque pays européen par des nombreuses naturalisations de complaisance et des codes laxistes. Couper le lien entre les Européens et leur histoire par une « éducation nationale » de plus en plus partisane et ce toujours dans le sens du mépris de l’Europe, en évoquant ses pages sombres sans enseigner ses bien plus nombreuses pages de lumière.

Face à cette décadence que certains voudraient nous présenter comme inexorable, nous devons réagir, unir les Européens pour qu’ensemble nous puissions à nouveau espérer un avenir digne de ce nom. Unir les Européens, bâtir l’Etat européen, forger l’Europe de demain !

Le Parti des Européens est l’outil politique naturel destiné à cette grande réinversion de toutes les valeurs, afin que l’Europe retrouve son rang dans un siècle de fer, afin que l’Europe redevienne ce qu’elle a toujours été, le phare de la raison dans un monde aveuglé par les idéologies de destruction, le rempart de la civilisation dans un univers à l’agonie, le bouclier de la science face à l’obscurantisme, l’épée de l’ordre face à l’anarchie planétaire.

Unis, les Européens sont invincibles. Divisés, ils sont perdus. Autour de ce parti, rassemblons-nous et demain exigeons ce qui est à nous, l’Europe. Notre terre. Notre civilisation. Depuis toujours et à jamais.

Ad victoriam.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

Passant, va dire à Athènes… L’europlite, symbole de la résistance européenne !

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Europlite.PNGPendant longtemps, notre modeste formation était intimement liée au symbole du phénix, animal solaire par excellence, à la fois oiseau de feu de la mythologie indo-européenne et « benu » égyptien, d’où vient son nom grec. De cette image, nous en conservons les couleurs ignées, le rouge et or, qui sont aussi les couleurs notamment de la Rome républicaine, de l’antique Macédoine et de la Rus’ de Kiev.

Un symbole original s’imposait afin de refonder notre mouvement sur des bases nouvelles tout en illustrant notre démarche de renouveau civilisationnel de l’Europe dans le cadre d’une unité politique inédite qui reste à bâtir. Notre démarche reposant sur l’idée d’une réorientation radicale de l’actuelle Union Européenne par le biais d’un processus révolutionnaire, nous avons voulu l’illustrer graphiquement. Ainsi est né l’europlite. Je dois reconnaître d’ailleurs en avoir été l’artisan principal, à l’issue de longues heures où tous les compagnons ont cherché à trouver le meilleur emblème pour notre combat.

Ainsi est né l’europlite. Il rappelle l’actuelle monnaie européenne et bien sûr c’est un E comme pour Europe et/ou Européen. Mais c’est un « euro » de combat, qui associe à la fois la défense illustrée par ses deux barrières symboliques qui semblent retenir la flèche médiane, et l’attaque. C’est une lance et un bouclier, armement de base de tout hoplite dans la Grèce classique. Protection des Européens et offensive contre leurs ennemis. C’est le symbole d’une Europe régénérée, qui cesse de s’auto-flageller en permanence et apprend à nouveau non seulement à s’aimer mais à se sentir fière de qui elle est, de ce qu’elle a fait par le passé et de ce qu’elle est capable à l’avenir de faire.

Un programme 2016 va voir prochainement le jour. Vous constaterez bientôt que l’esprit athénien, péricléen même, auquel Le Parti des Européens entend renouer, sera encore plus fort qu’auparavant. Nous ne nous limiterons pas à encenser le modèle de citoyenneté de Périclès comme par le passé et les droits et les devoirs associés. En matière de « salaire citoyen », de droit de posséder une arme (ce que l’on retrouve en Suisse), de « mécénat légalisé » (liturgie),  de démocratie directe, Athènes était une cité extrêmement moderne et libérale. L’empire romain a toujours eu un côté totalitaire, même si sa noble république est aussi une source remarquable d’inspiration.

Nous espérons que cet europlite vous inspirera et vous donnera envie de combattre pour l’Europe telle qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être, une Europe qui protège et qui rayonne, une Europe unie mais respectueuse de sa diversité native interne, une Europe régénérée sur ses valeurs authentiques, et non sur des concepts universels éthérés. Passant, va dire à Europolis que nous avons fait notre devoir et que nous revenons en vainqueurs !

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

27/01/2016

J-1 avant la Refondation !

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PSUNE. Bilan d’une décennie (2006-2016)

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6487.pngLe PSUNE a dix ans. Un âge avancé pour celui qui est pourtant resté encore au stade de l’embryon. C’est donc l’heure d’un bilan.

L’idée d’un parti national-européen, idée que d’autres jadis et notamment dans les années 60 ont défendue malheureusement sans succès, est née d’un constat, à savoir que le cadre national était devenu une impasse politique. Il suffit de songer à l’obsession présidentielle des dirigeants de tous les partis français et qui occulte tout le reste. Hollande, Sarkozy et Marine Le Pen en rêvent toutes les nuits, tout comme Mélenchon, Bayrou et même Dupont-Aignan. En 2017, il est d’ailleurs probable qu’on se retrouve avec à peu près les mêmes candidats qu’en 2012.

Le problème c’est que le président de la république n’a plus aucun pouvoir, autre que symbolique. Et que ce poste ne permet donc aucunement de changer quoi que ce soit. La faute n’en est pas à l’Union Européenne, aux pouvoirs très limités et aux dirigeants de toute façon nommés par les chefs d’état et de gouvernement. Elle est à l’image des Etats qui la composent. Or si le pouvoir n’est plus national, il n’est pas encore européen. En réalité, c’est à une véritable absence de (contre-)pouvoir que nous sommes confrontés. L’économie a en conséquence naturellement pris le pas sur le politique. C’est la malédiction de l’or. Car l’économie n’est en aucune manière une science exacte et s’apparente souvent à un jeu d’apprenti sorcier.

Les mots « souveraineté » et « indépendance » ne sont justement plus que des mots, des fétiches agités devant les peuples. Au niveau « national », c’est bien la politique américaine qui domine, même si la Russie tente tant bien que mal d’y résister. Elle est bien seule et se trouve obligée de faire des alliances contre-nature, et notamment avec la Chine, mettant à terme sa propre intégrité en danger.

L’idée était donc (et elle reste selon moi pleinement valide) de bâtir un Etat unitaire européen (EUE) contre les Etats « nationaux » et les gouvernements, selon le principe de jouer Strasbourg contre Bruxelles, le Parlement Européen contre la Commission, de jouer les Européens contre leurs prétendues « élites », afin par une auto-proclamation en assemblée européenne constituante, donc pas un « putsch européen », de renverser la table, de bâtir un Etat vierge juridiquement à l’échelle du continent. Cet Etat aurait pour missions de restaurer l’identité des peuples européens, de garantir à l’avenir sa pérennité, de donner à l’Europe une véritable indépendance par rapport aux USA.

Le nom du PSUNE, parti destiné à porter cette idée révolutionnaire, était néanmoins très idéologisé et à l’issue d’une longue discussion entre les fondateurs et compagnons de route de cette aventure, avait été choisi comme le moins mauvais choix. Il s’est révélé néanmoins inadapté à l’objectif qui était le sien et surtout inadéquat par rapport à la communication politique contemporaine. Le mot « socialiste » est assez vite devenu inaudible et source d’incompréhension de gens susceptibles de nous rejoindre. En outre le mot national-européen, même si séparé par le mot « unitaire », était objectivement désastreux car l’association avec le premier terme pouvait créer là encore une confusion très dommageable.

Si son nom correspondait bien à notre vision des choses, à savoir la défense de l’unité politique des Européens et de ses travailleurs, sa complexité était un facteur défavorable à la réussite du projet. La politique médiatisée actuelle nécessite un grand esprit de synthèse. Le temps passé à expliquer ce que nous ne sommes pas est perdu pour énoncer ce que nous voulons.

Alors que la nécessité d’une Europe politique et identitaire est de plus en plus criante, l’impasse d’un retour en arrière illusoire promu par les populismes de toutes sortes étant en position dominante, et que les maux qui rongent notre civilisation s’aggravent rapidement, nous ne sommes pas au rendez-vous de l’histoire.

C’est pourquoi le PSUNE dès demain connaîtra sa mue pour renaître sous une forme plus efficace et plus explicite. Il changera ainsi de nom d’usage et de logo. Il se dotera d’un programme 2016 révisé qui ne devrait pas remettre en question les principes sur lesquels nous nous sommes établis. J’espère que ces changements vous surprendront favorablement, vous qui me suivez depuis plusieurs années.

A demain.

Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)

PS: le blog connaîtra également quelques légères modifications.

Les impasses de l’Union Européenne actuelle.

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UE.jpgA peine sortie dans la douleur, et sans noblesse, de la crise grecque, elle se plonge désormais dans la crise migratoire qu’elle subit par des décennies de laxisme, par des appels d’air insensés envoyés par exemple par l’actuelle chancelière allemande, par une idéologie de repentance qui l’oblige à courber l’échine devant n’importe quel individu qui se présente à ses frontières.

Certains Etats verrouillent à nouveau leurs frontières et construisent même des murs pour ne pas avoir à exprimer une « solidarité européenne » qui consisterait à accueillir sur leur sol ceux qu’ils sont en droit et même en devoir de ne pas accepter. Ce ne sont pas les Etats qui comme la Hongrie ferment la porte mais bien ceux qui la laissent ouverte et en premier lieu la Grèce du gauchiste Tsipras ou l’Allemagne de la libérale Merkel qu’il faudrait critiquer.

L’UE vacille sur ces fondations molles. Elle craint la sortie du Royaume-Uni (Brexit) qui montrerait que son expansion géographique jusqu’aux frontières du continent prend fin. L’idée qu’elle incarnerait l’avenir risquerait bien d’être largement dévaluée à partir du moment où un Etat important quitte le navire, même si c’est pour se réfugier dans les bras de l’Amérique et continuer son suicide migratoire de son côté, pour peu que le migrant soit issu du Commonwealth et pas de Pologne ou de Roumanie.

Il convient donc de refonder l’Europe, de la « réinventer » comme le dit Arnaud Leparmentier dans Le Monde du 27/01. Mais si le constat est juste, la solution se laisse désirer. Et Leparmentier, comme tant d’autres analystes, tombent dans les travers qu’il dénonce lui-même. Dans « Réinventer l’Europe : quels plans B ? », Leparmentier évoque les différentes (non-)solutions possibles.

La première solution qu’il balaie d’un revers de la main est le retour en arrière, qu’il associe notamment à Marine Le Pen. Or si la construction « européenne » actuelle est une impasse, si elle est incapable de trouver les solutions aux maux qui la rongent et rongent chacun des Etats qui la composent, il est logique et même normal de vouloir en sortir et de revenir sur ses bases de départ. Le problème est que l’Europe est sans doute au milieu de la rivière mais qu’elle a suivi le courant. En clair, la rive de départ n’est plus au même endroit. Le « retour en arrière » est donc illusoire et suicidaire, parce que ce serait se tourner vers une rive qu’un feu de forêt ravage. Ainsi il est totalement différent de ne pas adopter l’euro, ce que le Royaume-Uni et le Danemark ont fait, et de revenir à une monnaie nationale. Les interdépendances étatiques liées à l’euro ne sont pas si faciles que cela à briser et au prix d’un coût exorbitant. L’euro peut certes s’effondrer mais même ceux qui en théorisent (et en souhaitent) la chute n’auront alors que leurs yeux pour pleurer.

La seconde solution qu’il balaie aussi d’un autre revers est le « saut fédéral ». Pour lui, ce positionnement est inaudible et marginalisant, car « l’Europe (a été prise) en grippe ». Or pour quelqu’un qui comme Leparmentier dénonce l’immobilisme de l’actuelle UE, « le statu quo est destructeur », « l’Europe ne peut pas rester au milieu du gué », cette réaction est étrange. Et puis l’expression en tant que telle ne veut pas dire grand-chose. Veut-on évoquer un Super-Etat européen fédéral conservant les Etats actuels en mode affaibli? Il est bien évident qu’un tel Etat passerait nécessairement par une pleine collaboration des Etats « nationaux » à ce processus dont ils ne veulent à aucun prix. Ce serait en réalité la situation actuelle mais « déguisée » par des artifices institutionnels, exactement comme la fausse « constitution » rejetée en 2005. En réalité jamais l’Union Européenne ne s’est pensée comme autre chose qu’une Europe des Etats « nationaux », et ce n’est donc pas un saut fédéral qu’il faudrait oser mais un saut unitaire par le biais sans doute d’une révolution européenne.

L’Europe unie qui en résulterait pourrait très bien être fédérale à sa manière, sans d’ailleurs que les futurs Etats en question correspondent aux actuels et sans être tenue d’hériter de leurs politiques délétères passées.

Quant à l'impopularité de l'actuelle Union Européenne aux yeux des Européens eux-mêmes, ce qui est indéniable, elle ne saurait signifier un rejet de toute idée d'Europe politique par principe et certainement pas de cette Europe unie dont l'émergence dépendrait nécessairement du soutien populaire.

Il écarte également une seconde solution « bis » qui serait un processus révolutionnaire auquel il n’associe que l’extrême-gauche. Pour Leparmentier, la mondialisation n’est pas une option mais une réalité à accepter. Mais l’extrême-gauche partage le même avis, prônant un alter-mondialisme qui n’est qu’une autre face du mondialisme. Tsipras et la Troïka, même combat.

Vient alors la solution qu’il prône et qu’il est allé chercher chez l’eurosceptique Védrine. Et là, on s’interroge. Aux yeux de Leparmentier, la « marche en avant » se résume à une « harmonisation budgétaire et fiscale » de la zone euro et « de vraies frontières extérieures à Schengen ». Vœux pieux. Les leçons de l’échec relatif de l’euro et de Schengen n’ont visiblement pas été comprises. Rien ne sera possible sans Etat européen unitaire ! Des frontières et une monnaie sans un Etat pour les piloter, cela ne fonctionne pas. Et comme aujourd’hui on maintient une division fétichisée de peur d’oser l’unité. Dans ce cas, pourquoi reprocher aux eurosceptiques de vouloir mettre fin à cette « aventure » ? C’est leur donner raison. C’est leur dire qu’en effet une Europe unie relève d’une utopie. Mieux vaut alors mettre fin à l’Union Européenne, à sa monnaie unique, à son marché commun, à son espace sans frontières intérieures.

Ainsi (si mal) défendue, l’Union Européenne est perdue. L’Etat unitaire est la seule solution de son salut. Il évitera un mortifère retour en arrière, alors que les Etats « nationaux » n’ont plus les moyens d’une politique indépendante et resteront ad vitam aeternam les vassaux d’ « Uncle Sam », et aussi les égarements d’une Union Européenne perdue dans les délires du mondialisme idéologique et de la mondialisation économique.

Pour disposer autour de l’Europe de véritables frontières, en y associant nos partenaires naturels, les Russes notamment, il faut un Etat pilote, un Etat européen stratège qui en ait le contrôle total et qui ne délègue pas cette mission aux Etats « nationaux ». Et de toute façon, des frontières ne serviraient à rien sans définition de qui a vocation à en faire partie et qui n’a pas vocation à en faire partie. Cela ne se limite pas à la question de la Turquie à laquelle il faudrait opposer un non définitif. Cela pose les questions de l’identité européenne et donc de la nationalité européenne. Une Europe politique authentique devrait donc de ne pas être tributaire des politiques (suicidaires) passées des Etats mais permettre d’agir sans carcans, et de remettre en cause un demi-siècle de naïvetés humanistes et de folies mondialistes.

Thomas FERRIER

17/01/2016

Valeurs universelles contre valeurs européennes !

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Dans un article publié dans Le dix.jpgMonde « Culture et Idées » daté du 16/01/2016, l’historien Emmanuel Droit oppose Angela Merkel et Marine Le Pen, expliquant ainsi qu’il faudrait soutenir la première parce qu’elle prônerait une Allemagne « européenne, humaniste, défendant des valeurs universelles » sous prétexte de l’ouverture qu’elle a affichée vis-à-vis de prétendus réfugiés et qui a abouti aux conséquences déplorables qu’on connaît.

Cette définition m’a interpelé. En premier lieu, il est surprenant de définir l’Allemagne comme « européenne » parce qu’elle accueille des migrants non-européens. En fait, être « européen » serait donc vouloir que l’Europe cesse à terme d’être européenne. Etrange conception. Ensuite, qu’est-ce que l’humanisme ? Ce n’est visiblement pas la défense des humanités classiques, alors que l’enseignement du grec et du latin en France est menacé par une scandaleuse réforme de l’éducation nationale. En vérité, cet « humanisme » prétendu n’est qu’un humanitarisme éthéré, un autre nom pour une forme de gauchisme, mâtiné de christianisme des catacombes, tout cela au nom de la mauvaise conscience d’une Europe qui se serait « mal conduite » par le passé.

Le point essentiel qui suscite ma réaction est surtout qu’une Allemagne « européenne » défendrait des « valeurs universelles ». On comprend bien qu’il s’agit pour cet auteur de défendre la fameuse DUDH, dont la CEDH est la transposition juridique dans le droit national et européen contemporain.

Cette notion de « valeurs universelles » définirait donc l’Europe à la place de « valeurs européennes ». En résumé, l’Europe se définirait par son inexistence.

Il convient de comprendre cette expression de deux manières différentes. Or aucune des deux n’est acceptable.

Soit les valeurs européennes ont une portée universelle et alors cela siginfierait que la civilisation européenne serait supérieure moralement aux autres civilisations. C’est le principe même du colonialisme qui est à juste titre condamné et même du nazisme honni. Vouloir imposer des valeurs prétendument européennes au monde entier, c’est de l’impérialisme, ni plus ni moins, et c’est bien sûr indéfendable.

Soit les valeurs européennes n’existent simplement pas, et alors c’est nier l’existence d’un peuple européen, remettre en question le principe même de toute construction européenne d’ailleurs, et c’est alors une grave manifestation d’ethno-masochisme associé à un racisme europhobe. Et c’est bien sûr là encore indéfendable.

En réalité, il faut comprendre la mise en avant de valeurs universelles, c'est-à-dire de la DUDH, dans les deux sens. C’est l’expression d’un suprémacisme civilisationnel et en même temps celle d’une haine de l’homme européen, donc une forme de « chauvino-mondialisme », dominateur et suicidaire à la fois.

De vraies valeurs universelles devraient l’être sur un plan géographique mais aussi historique. De telles valeurs ne seraient donc liées à aucun peuple en particulier mais l’apanage de tous. On constate bien qu’il n’en est rien et que les valeurs du monde islamique, de l’Inde ou de la Chine sont sensiblement différentes des nôtres. Mais elles ne seraient également liées à aucune époque en particulier. Or la DUDH est née en Europe (au sens large) dans un contexte très précis, qui est la période post-traumatique de l’après-guerre (1948). Les valeurs contingentes qui en émergent sont définies par le rejet de ce que l’Europe a vécu entre 1918 et 1945. A un nationalisme exacerbé et criminel, on oppose un universalisme qui n’est pas moins exacerbé et qui va se révéler à sa manière criminel à son tour et cette fois encore au détriment des Européens. Ces valeurs, qui ne sont pas universelles, ne sont en vérité pas non plus européennes.

En effet, les valeurs européennes ne sont pas représentées par les fascismes, qui en furent davantage une sordide dénaturation que la négation, mais elles ne sont pas non plus représentées par le mondialisme qui leur a succédé. Les vraies valeurs européennes ne sont pas « universelles » mais simplement européennes, héritières de la matrice indo-européenne, de la Grèce, de Rome, de la double foi pagano-chrétienne et de l’Europe du Nord et de l’Est. Des valeurs que nous partageons pleinement avec la Russie de Poutine d’ailleurs. Des valeurs qu’on qualifie de chrétiennes quand elles sont si souvent païennes. Des valeurs héroïques. Les Européens selon le grec Hippocrate il y a 2500 ans étaient définis comme « chérissant la liberté et honorant la bravoure ». Voilà quelles sont nos valeurs.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

Sol Invictus et le monothéisme solaire.

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Racines.

sol invictus,monothéisme,paganisme,empire romain,mondialisme,christianismeDans la tradition égyptienne ancienne, le dieu le plus important du panthéon était le Soleil, qui était honoré sous différents noms selon les cités, mais qui portait dans toute l’Egypte le nom de Rê. En tant qu’Atoum-Rê, il apparaissait comme le dieu créateur du monde et sous les traits d’Amon-Rê comme un dieu souverain. Rê était également appelé Horus (Heru), sous la forme d’Horus l’ancien comme sous celle du fils d’Osiris et d’Isis. Le dieu Horus, son avatar sur la terre, aurait même guidé le peuple égyptien, à l’époque où ses ancêtres venaient d’Afrique du nord, sur cette nouvelle terre noire (Kemet) qui finit par porter son nom.

C’est la barque de Rê qui garantissait chaque jour l’ordre cosmique contre les forces de destruction et de chaos incarnées par le serpent Apep (« Apophis »). A sa proue, le dieu orageux Set combattait le dit serpent, avant que la tradition populaire tardive ne finisse par le confondre avec lui et n’en fasse plus que le meurtrier d’Osiris.

L’importance du culte solaire fut telle que le roi Amenhotep IV, plus connu sous celui d’Akhenaton, en fit son culte unique et fut le premier à créer un monothéisme solaire lié à sa personne, honorant le disque solaire divinisé (Aton). Les seuls prêtres et intercesseurs d’Aton vis-à-vis des hommes étaient le pharaon lui-même et son épouse Nefertiti. Son culte s’effondra à sa mort et les prêtres d’Amon veillèrent à ce que son nom disparaisse des inscriptions.

Mais en revanche dans la tradition indo-européenne, dont Grecs et Romains (notamment) seront les héritiers, le dieu du soleil est un dieu parmi d’autres et jamais le premier. Aux temps de l’indo-européanité indivise, ce dieu se nommait *Sawelyos et monté sur un char tiré par des chevaux blancs, il tournait autour de l’astre portant son nom. Le dieu suprême était son père *Dyeus, le dieu du ciel et de la lumière. Parmi les fils de *Dyeus qu’on nommait les *Deywôs (les « dieux »), trois étaient liés au feu, en conformité avec le schéma dumézilien des trois fonctions et sa version cosmique analysée par Haudry. Il y avait en effet le feu céleste (Soleil), le feu du ciel intermédiaire (Foudre) et le feu terrestre (Feu). De tous les fils de *Dyeus, le plus important était celui de l’orage et de la guerre (*Maworts), qui parfois devint le dieu suprême chez certains peuples indo-européens (chez les Celtes avec Taranis, chez les Slaves avec Perun, chez les Indiens avec Indra). Le dieu du soleil était davantage lié aux propriétés associées à l’astre, donc apparaissait comme un dieu de la beauté et aussi de la médecine. Ce n’était pas un dieu guerrier.

A Rome même, le dieu Sol surnommé Indiges (« Indigène ») était une divinité mineure du panthéon latin. Il était né le 25 décembre, à proximité du solstice d’hiver. Dans ce rôle solaire, il était concurrencé par le dieu de l’impulsion solaire, Saturne, dont le nom est à rapprocher du dieu indien Savitar, avant d’être abusivement associé au Cronos grec.

En Grèce enfin, selon un processus complexe, les divinités du soleil, de la lune et de l’aurore se sont multipliées. L’Aurore était donc à la fois Eôs, l’Aurore personnifiée, mais aussi Athéna dans son rôle de déesse de l’intelligence guerrière et Aphrodite dans celui de déesse de l’amour. Et en ce qui concerne le Soleil, il était à la fois Hêlios, le fils d’Hypérion (qui n’était autre que lui-même), et Apollon, le dieu de la lumière, des arts et de la médecine. Cette confusion entre ces deux dieux fut constamment maintenue durant toute l’antiquité.

Evolution.

sol invictus,monothéisme,paganisme,empire romain,mondialisme,christianismeIIIème siècle après J.C. L’empire romain est en crise. A l’est, les Sassanides, une Perse en pleine renaissance qui rêve de reconstituer l’empire de Darius. Au nord, les peuples européens « barbares » poussés à l’arrière par des vagues asiatiques et qui rêvent d’une place au soleil italique et/ou balkanique.

Le principat, qui respectait encore les apparences de la république, tout en ayant tous les traits d’un despotisme éclairé, a explosé. Place au dominat. Victoire de la conception orientale du pouvoir sur la vision démocratique indo-européenne des temps anciens. L’empereur n’est plus un héros en devenir (divus) mais un dieu incarné (deus). Il est le médiateur de la puissance céleste et des hommes, à la fois roi de fait et grand pontife. Le polythéisme romain était pleinement compatible avec une conception républicaine du monde, comme l’a montré Louis Ménard. Empereur unique, dieu unique.
Si le christianisme comme religion du pouvoir d’un seul était encore trop marginal pour devenir la religion de l’empereur, un monothéisme universaliste s’imposait naturellement dans les têtes. Quoi de plus logique que de représenter l’Un Incréé de Plotin par le dieu du soleil, un dieu présent dans l’ensemble du bassin méditerranéen et donc apte à unir sous sa bannière des peuples si différents. Mondialisme avant la lettre. Cosmopolitisme d’Alexandre. Revanche des Graeculi sur les vrais Romani, d’Antoine sur Octavien.

C’est ainsi que naquit un monothéisme solaire autour du nom de Sol Invictus, le « Soleil Invaincu » et/ou le « Soleil invincible ». Le dieu syrien El Gabal, les dieux solaires égyptiens et l’iranien Mithra, enfin le pâle Sol Indiges, le froid Belenos et Apollon en un seul. Le monothéisme solaire d’Elagabale, mort pour avoir eu raison trop tôt, de Sévère Alexandre, qui ouvrit même son panthéon à Jésus, puis d’Aurélien, s’imposa. Certes Sol n’était pas l’unique « deus invictus ». Jupiter et Mars furent aussi qualifiés de tels, et il est vrai que de tous les dieux romains, Mars était le seul légitime en tant que déité de la guerre à pouvoir porter ce nom.

En réalité, « Sol Invictus » fut l’innovation qui facilita considérablement au final la victoire du christianisme. Constantin, qui était un dévot de ce dieu, accepta de considérer Jésus Christ, que des auteurs chrétiens habiles désignèrent comme un « soleil de justice » (sol iustitiae) comme une autre expression de ce même dieu. Le monothéisme « païen » et solaire de Constantin, épuré de tout polythéisme, comme sous Akhenaton, et le monothéisme chrétien fusionnèrent donc naturellement. Le jour du soleil fut dédié à Jésus, tout comme celui-ci désormais fut natif du 25 décembre. Jésus se vit représenté sous les traits d’un nouvel Apollon, aux cheveux blonds, à la fois Dieu incarné et homme sacrifié pour le salut de tous.

Au lieu de s’appuyer sur le polythéisme de leurs ancêtres, les empereurs romains, qui étaient tous des despotes orientaux, à l’instar d’un Dioclétien qui exigeait qu’on s’agenouille devant lui, à l’instar d’un shah iranien, voulurent faire du christianisme contre le christianisme. Dioclétien élabora une théologie complexe autour de Jupiter et d’Hercule. Le héros à la massue devint une sorte de Christ païen, de médiateur, qui s’était sacrifié sur le mont Oeta après avoir vaincu les monstres qui terrifiaient l’humanité et avait ainsi accédé à l’immortalité.

Et l’empereur Julien lui-même se fit un dévot du Soleil Invincible, sans se rendre compte un instant qu’il faisait alors le plus beau compliment au monothéisme oriental qu’il pensait combattre. Il osa dans ses écrits attribuer la naissance de Rome non au dieu Mars mais à Hélios apparu dans un rôle fonctionnel guerrier. Le monothéisme solaire a pourtant permis au christianisme de s’imposer, à partir du moment où l’empereur a compris que l’antique polythéisme était un obstacle moral à l’autocratie. Constantin alla simplement plus loin qu’Aurélien dans sa volonté d’unir religieusement l’empire. Jesus Invictus devint le dieu de l’empire romain.

Le monothéisme autour de Sol Invictus, loin d’être la manifestation d’une résistance païenne, était au contraire la preuve de la victoire des valeurs orientales sur une Rome ayant trop négligé son héritage indo-européen en raison d’un universalisme suicidaire. Cela nous rappelle étrangement la situation de l’Europe contemporaine.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

Note: Mithra à l’origine n’est pas un dieu solaire. C’était la fonction de l’ange « adorable » zoroastrien Hvar (Khorsid en moyen-perse). Il incarnait au contraire le dieu des contrats, de la parole donnée et de la vérité, à l’instar du Mitra indien. Par la suite, il récupéra des fonctions guerrières aux dépens d’Indra désormais satanisé (mais réapparu sous les traits de l’ange de la victoire, Verethragna). Enfin il finit par incarner le Soleil en tant qu’astre de justice. Le Mithras « irano-romain », évolution syncrétique ultérieure, conserva les traits solaires du Mithra iranien tardif. Il fut également associé au tétrascèle solaire (qualifiée de roue de Mithra, Garduneh-e Mehr, ou de roue du Soleil, Garduneh-e Khorsid) qui fut repris dans l’imagerie christique avant d’être utilisé deux millénaires plus tard par un régime totalitaire.

01/01/2016

L'idole déchue. A propos de la déchéance de nationalité

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AGMA_Ostrakon_Thémistocle_2.jpgDepuis une bonne semaine, François Hollande n'est plus l'idole des médias, le chouchou de la franc-maçonnerie. Dernier exemple en date, à l'émission "c'est dans l'air" de ce vendredi 1er janvier, c'est Roland Cayrol qui s'est montré le plus critique envers le président, le traitant de prétentieux pour s'être dit "fier des français".

Que s'est-il passé? Simplement François Hollande a confirmé son projet constitutionnel, ouvrant la déchéance de nationalité à des binationaux, y compris ceux nés en France, condamnés définitivement pour des actes de terrorisme. Son premier ministre Manuel Valls a même ajouté qu'il irait jusqu'au bout. Car faire autrement eût été difficile, alors que le projet avait été solennellement présenté devant les deux chambres réunies à Versailles.

Simplement la cohorte des journalistes flatteurs n'a pas réussi à prendre le troisième virage qu'on lui imposait. Elle avait manifesté beaucoup de zèle pour expliquer une mesure qui allait contre les déclarations de son promoteur sur le sujet quand il s'opposait à Nicolas Sarkozy, louant l'habileté politique d'une manoeuvre qui allait asphyxier la droite et qui allait réunir tout le peuple derrière le président. Ensuite, lorsqu'il apparaissait que l'idée serait abandonnée, cette même cohorte avait manifesté autant de zèle pour louer la clairvoyance d'un socialiste soucieux des équilibres.

Si le troisième virage était si difficile à prendre, c'est que le virage précédent --- le virage implicite de l'abandon du projet --- ramenait la majorité dite socialiste sur son terrain idéologique coutumier.

Voyons de plus près le sens de cette déchéance. Ce n'est pas son efficacité qui est en jeu. Elle ne sera guère applicable qu'à des terroristes qui auraient manqué leur action suicidaire et après des années de procès. Autrement dit elle ne sera peut-être même jamais appliquée. C'est le symbole qui est en cause. Or quel est ce symbole?

Bien sûr, aux yeux de certains qui comme Hervé Mariton prônent le droit du sang, la nationalité française ne signifie plus grand chose. Dans ces conditions, débattre de sa déchéance présente peu d'intérêt. Cependant il a été dit un certain nombre de choses justes de la part des adversaires de cette mesure.

Elle allait diviser les français; elle portait un coup de canif au processus de naturalisation par le "sol". Il se trouve que ce n'est pas faux, même si les arguments pour arriver à cette conclusion n'ont jamais été avancés.

Quel est le profil d'un binational né en France? C'est quelqu'un qui était déjà porteur d'une nationalité héritée. On lui a conféré, de par sa naissance sur le sol français, une nationalité qu'il n'aura jamais eu à demander et pour laquelle on n'a pas cherché à savoir si elle avait sa préférence. Peut-être va-t-il jusqu'à la mépriser, la honnir. Quelles que soient les bonnes raisons - comme la réponse à des actes de guerre contre le pays lui ayant donné un passeport - de prononcer la déchéance de nationalité, ce sera une façon de reconnaître que la nationalité française a été donnée bien à la légère dans ce cas.

Celui qui ne dispose que de la nationalité française peut être un ennemi de France tout aussi résolu. Qu'il soit français depuis plusieurs générations ou qu'il ait hérité sa nationalité de quelqu'un en faisant peu de cas, c'est - dans les circonstances actuelles - à l'état français de le juger et le punir comme un traitre. Le binational déchu sera peut-être mieux traité, puisqu'il pourra être considéré comme un simple ennemi.

Autrement dit, la mesure projetée ne discrimine-t-elle pas négativement une partie de la population, au contraire. Elle lève le voile sur le caractère éminemment discutable d'un processus d'acquisition de la nationalité, que nos prétendues élites politico-médiatiques classent parmi leurs "valeurs".  C'est cela qui est intolérable et qui justifie qu'on se batte jusqu'au bout contre un projet qu'un politicien cynique a concocté en croyant améliorer son image.

Pierre EISNER (PSUNE/LBTF)