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07/02/2016

Les animaux sacrés et leur nom tabou chez les Indo-Européens

religion.pngbears.jpgLes Indo-Européens associaient généralement les grands prédateurs, qu’ils admiraient, à leur dieu de la guerre (*Maworts). Deux espèces parmi toutes étaient particulièrement honorées, à savoir l’ours (*ərktos) et le loup (*wlkwos), reconnus pour leur esprit combatif. Les guerriers sacrés du monde germanique se partageaient d’ailleurs entre les Berserkir (guerriers-ours) et les Ulfhednar (guerriers-loups).

Ces animaux étant admirés et en même temps pour les mêmes raisons très craints, les peuples indo-européens connurent une étrange pratique, à savoir tabouiser le nom originel de l’animal, de peur que de l’appeler par son nom véritable ne l’attire. C’est notamment le cas de l’ours.

Son nom indo-européen *ərktos a été conservé au sein de peuples qui n’étaient pas amenés à le côtoyer régulièrement. C’est ainsi que les Grecs continuèrent de l’appeler αρκτος, même si en grec moderne son nom devint féminin (αρκουδα), de même que les Latins l’appelèrent ursus et les anciens Indiens ṛksas (et aussi arménien arj, vieux-perse arša, farsi xers). Plus surprenant encore, les Basques s’approprièrent le nom indo-européen de cet animal sans doute de bonne heure en le nommant hartz.

Le monde celte pour qui l’ours symbolisait la royauté conserva également son nom, en gaulois *artos, en gallois moderne arth, en breton arzh. Le roi Arthur était ainsi un grand roi (ardri) ours alors que Merlin l’enchanteur apparaissait dans le rôle du druide suprême (ardrui).

Mais progressivement le nom de l’animal devint un secret. Ainsi les Ecossais l’appelèrent math « le bon » pour atténuer son légendaire courroux, et les Irlandais modernes le nomment en gaélique béar, qui n’est autre qu’un emprunt à l’anglais bear.

Ce dernier terme est un emprunt aux langues germaniques (anglais bear, allemand Bär, suédois björn) et signifie « le brun ». Les peuples germano-scandinaves en effet craignaient davantage le loup, tout comme en général les peuples du nord, à l’exception des Celtes. En le surnommant par sa couleur, les Germains évitaient ainsi sa rencontre. Ce raisonnement fut exactement le même dans le monde slave, où l’ours devient le « mangeur de miel » (russe медведь), et dans le monde balte où il fut appelé locys en lituanien (lācis en letton), « le lècheur ».

Alors que les Celtes ne semblaient donc pas craindre l’ours, il en fut différemment du loup, plutôt associé au monde des morts. C’est lui qu’ils choisirent de tabouiser. Si le nom gaulois originel du loup fut sans doute *volcos, très vite ce dernier terme fut remplacé par bledos, « le gris ». C’est ainsi qu’en breton le loup est bleiz (cornique bleydh, gallois blaidd, gaélique faol).

Les autres peuples indo-européens en revanche conservèrent tous son nom traditionnel *wlkwos (grec λυκος, latin lupus, scandinave ulfr, sanscrit vṛkas, russe волк, lituanien vilkas, arménien gayl).

Le « brun » et le « gris », associés pourtant défavorablement par exemple dans le Roman de Renart, étaient donc des animaux consacrés à la royauté et à la guerre chez les Indo-Européens. Le Mars romain, dieu des loups, rappelle que les anciennes confréries guerrières (Männerbund) aimaient se comparer à une meute. Le loup, tout comme l’ours, est également un animal-guide. C’est un loup d’acier (gelezinis vilkas) qui guida le roi lituanien Gediminas vers la colline où il devait construire Vilnius, sa future capitale. Quant au mythe de Romulus et Rémus nourris par une louve, cela rappelle l’enfant-loup de la tradition indienne (« Mowgli »).

Songeons aussi à la déesse-ourse, divinité vierge gardienne des forêts et chasseresse, l'Artio celte mais aussi l'Ar(c)témis grecque. Les jeunes filles se déguisaient en ourses au moment du passage à l'adolescence dans la Grèce classique.

Enfin, ce mythe selon lequel Arthur reviendrait d’Avallon ramener la paix sur la Bretagne est évidemment une comparaison avec l’ours qui hiberne dans sa grotte. C’est le thème du « retour du roi » qu’on retrouve aussi dans le monde germanique associé à l’empereur Frédéric.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens/LBTF)

23:20 Publié dans Analyses, Religion | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : loup, ours, tabou |

04/11/2012

Brèves européennes... (16)

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Le loup dérange. Pourtant, en Espagne et en Italie, où il est présent en nombre bien plus important, et je n’évoque même pas l’Europe centrale et orientale, sa cohabitation avec l’homme semble se passer plutôt bien et la même chose peut être dite en ce qui concerne l’ours. Ces nobles animaux, à la richesse symbolique si forte en terre d’Europe, pourraient voir leur situation en France se détériorer sous la pression d’éleveurs pourtant largement dédommagés auprès d’un pouvoir public, d’un gouvernement pourtant associé à de prétendus « écologistes », qui ne parlent jamais d’environnement mais préfèrent davantage soutenir la régularisation des clandestins, la légalisation du cannabis et le mariage homosexuel. D’ailleurs, il est intéressant de noter que la formation politique suisse Ecopop propose en revanche de limiter l’immigration à un seuil maximal de 0,2% d’entrées par an (par rapport à la population totale).

Le loup indiffère ces pouvoirs publics mais pas les véritables défenseurs de l’écologie et de l’identité européenne que nous sommes. Alors que l’élevage de moutons est de plus en plus destiné à l’abattage, et aussi à l’abattage ritualisé, le choix est entre la préservation d’intérêts économiques en soutenant un animal d’élevage, qui est sans doute tué moins sauvagement par le loup que dans les abattoirs par l’homme, et la protection d’un animal menacé en Europe, et dont seulement une centaine de spécimens sont présents sur notre territoire. On estime en revanche à 100.000 le nombre de chiens redevenus sauvages en France, et c’est eux qui en vérité causent le plus grand nombre de dégâts, dégâts ensuite imputés au loup. En outre, la réintroduction du loup pourrait considérablement ralentir l’expansion des sangliers qui causent de vrais ravages.

Dans cette opposition entre l’économie et la nature, c’est la nature qu’il faut ici encore défendre. Une profession, aussi respectable, soit-elle, ne doit pas engendrer l’extinction d’une espèce qui dérange. Et si la défense des loups a un coût, c’est un coût raisonnable par rapport à d’autres politiques gouvernementales scandaleuses et bien plus coûteuses encore. Il faut s’opposer à tout abattage de loups car, non seulement leur nombre ne doit pas diminuer, mais il faut accepter et assumer son expansion. Sur notre territoire, l’exploitation humaine devrait diminuer pour redonner toute sa place aux espèces naturelles propres à notre environnement indigène. Loups, ours, lynx et autres grands prédateurs de notre faune doivent être préservés et défendus à tout prix.

TURQUIE

L’ « arrogant Erdogan » continue de menacer et de vociférer contre le peu empressement de l’Union Européenne à faire avancer le processus d’adhésion. En réalité, en ce domaine, il est le principal responsable de cette situation, en raison de son attitude vis-à-vis de Chypre et aussi de la politique intérieure qu’il mène. Car nous ne sommes pas dirigés par des adversaires à cette adhésion, à part la tiède Merkel, et le nouveau président est plutôt turcophile. C’est aussi le cas de Guido Westerwelle, ministre FDP, partisan d’une Turquie intégrée. Rappelons qu’alors que François Hollande s’était engagé à relancer le vote d’une loi réprimant la négation du génocide arménien, il n’en a encore rien fait.

Erdogan exige que la Turquie soit membre de l’Union avant 2023, date du centenaire de la naissance de la république turque, une république dont pourtant il bafoue tous les principes, remisant la noble figure de Mustafa Kemal, pas assez islamique. Il est vrai qu’Atatürk était fondamentalement hostile à l’islam même s’il a assuré le caractère musulman de son pays par « patriotisme », en essayant de désarabiser l’islam et en réintroduisant les traditions turques païennes, parallèlement au fait de présenter les Turcs comme descendants des Hittites indo-européens.

La répression intérieure, le jugement de journalistes et de militaires dans le cadre d’un vaste complot qui permet de mettre au pas l’armée et de faire taire l’opposition laïque, ne joue pas en faveur d’Erdogan. Celui-ci menace qu’on « perde la Turquie ». Alors, perdons-la ! Car si on souhaite une véritable Europe européenne, une Europe puissante et homogène, la Turquie n’y a simplement pas sa place. C’est dommage pour ces véritables européens que sont les beyar Türkler (20 à 25% de la population turque), mais la Turquie en cours de réislamisation d’Erdogan et de Gül, nous n’en voulons pas.

Une Europe qui se ferait respecter exigerait déjà la fin de l’occupation turque de Chypre et le rapatriement des colons turcs installés sur l’île depuis 1974. Rappelons qu’en 1913 puis en 1920, la question de la Turquie dans l’Europe a bien failli être réglée, mais c’est encore la faute des nationalistes d’Europe, et notamment des Balkans, si cela n’a pas pu être le cas.

L’idée d’Europe politique s’est d’ailleurs bâtie dès le XVème siècle contre l’empire ottoman, ancêtre de la Turquie moderne. Georges de Podiebrad avait ainsi théorisé une union européenne, incluant la Moscovie (Russie), pour s’opposer aux conquérants turco-musulmans. Mais l’Europe là encore ne s’est pas faite, et Constantinople est tombée. L’empressement des américains à vouloir que nous intégrions la Turquie prouve par l’exemple qu’il faut bien au contraire s’en garder à tout prix.

Merci Recep Erdogan d’avoir déconsidéré aux yeux du plus grand nombre d’européens votre pays par une politique de taqiya islamiya qui ne trompe plus personne, même plus Daniel Cohn-Bendit. La question me paraît donc heureusement réglée pour longtemps.

Et en revanche, apportons notre plein et entier soutien à la petite Arménie, coincée entre la Turquie à l’ouest et l’Azerbaïdjan à l’est.

EURO-REGIONS

L’UE exerce un chantage politique contre les nationalistes catalans et écossais. Au service des Etats, et non Europe fédérale indépendante et souveraine, elle menace la Catalogne et l’Ecosse de ne pas être membres de facto de l’UE si celles-ci quittent l’Espagne et le Royaume-Uni. La procédure est odieuse mais n’est pas surprenante. Les commissaires n’ont pas pour mission de bâtir une Europe fédérale des régions, contrairement à ce que des souverainistes extrêmes comme Hillard prétendent, mais bien de maintenir la dictature des états jacobins sur leur propre peuple.

A cet égard, la livraison par la France de la nationaliste basque Aurore Martin à l’Espagne, où elle risque douze ans de prison pour avoir comme seule faute été présente à une manifestation d’une organisation interdite, est symptomatique de cette fausse « Europe » qu’on nous vend. Où est l’Europe lorsque d’un côté des Pyrénées, on risque douze ans de prison et de l’autre côté la pleine jouissance de ses droits de citoyen ?

Rappelons que s’il faut condamner sans atermoiement le terrorisme, qu’il soit islamique ou indépendantiste, c’est bien parce que le général Franco, de l’extrême-droite la plus rétrograde, a combattu nationalistes catalans et basques au lieu de s’appuyer sur eux, n’hésitant pas à utiliser des troupes coloniales marocaines pour tuer des patriotes d’une identité régionale respectable, que le nationalisme est si virulent dans ces deux provinces, se teintant de gauchisme. On notera que l’indépendantisme « de droite », comme en Ecosse avec le SNP (Scottish National Party), n’est pas marqué par un quelconque terrorisme.

La réaction outrée de nombreuses personnes de gauche et de droite, et même de Marine Le Pen, dans cette affaire, me paraît justifiée. Même si Manuel Valls prétend, peut-être à raison, n’y être pour rien, il devrait exiger du gouvernement espagnol une simple condamnation formelle et symbolique contre la jeune femme, et son retour en France. L’Espagne, quand elle se la joue jacobine, est aussi insupportable que la France. En Allemagne, où le jacobinisme est exclu, les régionalistes font des scores très faibles parce que leur identité régionale est défendue par l’Etat fédéral.

Même si le Royaume-Uni par le biais de la dévolution et l’Espagne par sa fédéralisation, ont tenté de respecter les identités évoquées, lorsqu’il s’agit d’aller au bout de la logique, les gouvernements se dégonflent et l’Union Européenne cautionne ce renoncement, qu’elle accepte en revanche pour le Kosovo. Deux poids, deux mesures ? Si les américains étaient favorables à l’indépendance de l’Ecosse et de Catalogne, croyez bien que cette indépendance aurait déjà eu lieu.

Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)