21/11/2011
Brèves européennes... (7)
GRECE
Une grande coalition a vu le jour autour du nouveau premier ministre Lucas Papademos. Elle inclut même deux représentants du mouvement nationaliste Laos (« peuple » ou « alarme orthodoxe populaire ») dont le fondateur de l’ancien Front Hellénique, à l’époque proche du Front National, Makis Voridis. L’information n’a pas semble-t-il suscité de réaction outragée de la part de la presse nationale française, à la différence des réactions de 2000 sur l’entrée de ministres du FPÖ au sein du gouvernement autrichien, suite aux 27% des voix obtenus par Jörg Haider aux élections législatives. Il est vrai que le contexte est différent, que la crise grecque est inquiétante et que les chancelleries européennes n’ont pas voulu accabler le nouveau gouvernement, à peine en place.
Il faut également convenir que le Laos a pris ses responsabilités dans un contexte calamiteux pour le pays, mettant en sourdine les aspects les plus contestés de son programme concernant notamment l’immigration, même s’il maintient son souhait d’une restauration stricte du ius sanguinis, remis en question par le gouvernement Papandreou, et alors que la population grecque, appauvrie, comprend de plus en plus mal qu’on aide les migrants. A la différence du FN français, qui souhaite que la France quitte la zone euro, les Grecs, y compris les nationalistes, souhaitent au contraire que leur pays conserve l’euro, ce dernier limitant pour le moment la crise et obligeant les autres membres de la zone euro à manifester leur solidarité. Si la Grèce n’a aucun intérêt à renoncer à l’euro, la France et l’Allemagne n’ont pas intérêt non plus à réintroduire une monnaie nationale dans un tel contexte.
ESPAGNE
Les résultats attendus des élections parlementaires se sont confirmés ce dimanche. A 99% des suffrages dépouillés, le Parti Populaire de Rajoy s’impose comme prévu avec une large avance, les électeurs ayant voulu donné une large majorité au (futur) gouvernement pour que ce dernier puisse mettre en place les réformes indispensables, concrètement une politique de rigueur comme dans les autres pays européens, afin de rassurer les agences internationales de notation. Avec 44,6% des voix et 186 députés, soit dix de plus que la majorité absolue, le PP triomphe et revient au pouvoir après deux mandats du socialiste Zapatero, qui s’éclipse discrètement, et ce malgré la mise en avant de l’ancien premier ministre socialiste Gonzales par son parti ces dernières semaines. Avec 28,7% des voix environ, le PSOE connaît quant à lui une sévère mais prévisible déconvenue. Il est désormais réduit à seulement 110 députés.
Le mouvement catalan de centre-droit Convergencia i Unio (CiU), avec 4,3% des voix, obtient 16 sièges, ce qui complète la victoire globale de la droite parlementaire. Avec un peu moins de 7% et 11 sièges, Izquierda Unida (« gauche unie ») multiplie par deux son score, témoignant ainsi d’une vigoureuse protestation d’une partie des électeurs contre le libéralisme économique, sanctionnant dans les urnes les égarements de la finance. Enfin, l’Union du Progrès et de la Démocratie (centre-gauche anti-régionaliste) avec 4,7% des voix et 5 sièges connaît un résultat plus qu’honorable.
Les régionalistes (autres que CiU) s’en sortent plutôt bien. Les basques obtiennent 12 sièges, dont sept pour le parti nationaliste basque de gauche Amaiur et cinq pour le PNV (« parti nationaliste basque »), alors que le Bloc Nationaliste Galicien obtient 0,69% des voix et 2 sièges, de même que la Coalition des Canaries (0,55% et 2 sièges). Enfin, un siège revient à un candidat nationaliste catalan de Esquerra Republicana. De petites listes (Forum des Citoyens [0,41%, 1 siège], Vers/Bloc Inititiave [0,51%, 1 siège], Genoa Bai [0,17%, 1 siège]) obtiennent quelques sièges. Avec 0,31%, le Parti Andalou échoue de peu à faire son entrée au parlement.
La droite nationaliste espagnole connaît quant à elle une déconvenue supplémentaire, limitée par les 0,24% (score national) de Plataforma per Catalunya, présent uniquement en Catalogne (1,73%). Le MSR avait appelé à voter blanc, et semble avoir été entendu, puisque España 2000 n’obtient que 0,03% des voix, la Phalange (FE-JONS) 0,01% des voix et Democracia Nacional 0%.
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