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07/05/2012

La Grèce en détresse se tourne vers la radicalité

Le résultat des élections législatives grecques du 6 mai 2012 était attendu par tous les analystes européens, car il fait suite à l’effondrement économique du pays suite à la crise des dettes souveraines, et par extension de l’€. Ceux-ci espéraient la mise en place d’un gouvernement stable, mais les citoyens grecs en ont décidé autrement et sanctionnent sévèrement les deux grands partis traditionnels, la Nouvelle Démocratie (droite) et le Mouvement Socialiste Panhéllénique [PA.SO.K] (gauche). Réunis, avec seulement 149 sièges sur 300, les deux grands mouvements n’ont pas obtenu la majorité absolue. Electoralement, ils s’effondrent avec 18,85% et 108 sièges pour la ND (- 14,62% mais +17 sièges car le premier parti bénéficie d’une prime) et 13,18% et 41 sièges pour la PASOK (- 30,74% et -119 sièges).

500px-SYRIZA_svg.pngC’est notamment ce dernier, au pouvoir avec Papandreou avant la crise, qui connaît une sanction sans précédent, au profit d’un parti de gauche radicale, le SYRIZA (« Coalition de la Gauche Radicale »), qui obtient 16,78% des voix et 52 sièges (+ 12,18%, + 39 sièges), du Parti Communiste Grec [KKE] (+ 0,96%, + 5 sièges) et du DIMAR (« Gauche démocratique »), nouveau venu dans la vie politique du pays, un mouvement social-démocrate concurrent du PASOK, et qui obtient 6,1% des voix et 19 sièges.

500px-Meandros_flag_svg.pngA droite, la ND a subi la concurrence d’une scission représentée par le parti des Grecs Indépendants (Ανεξάρτητοι Ελληνες), mouvement populiste et nationaliste, qui obtient 10,6% des voix et 33 sièges. La montée d’un mouvement ultra-nationaliste, centré sur la lutte contre l’immigration, à savoir l’Aube Dorée (Χρυσή Αυγή), était annoncée. Le parti explose ses objectifs avec 6,97% des voix et 21 sièges, obtenant ainsi un groupe parlementaire. Le ras le bol des citoyens athéniens envers une immigration légale et clandestine problématique s’est exprimé très fortement. L’Aube Dorée, qui avait déjà réussi à atteindre plus de 5% aux dernières élections municipales sur la capitale, confirme son ascension et ce malgré une ligne très radicale, qu’il tente désormais d’adoucir.

En revanche, le LA.O.S (« Rassemblement populaire orthodoxe »), qui disposait d’un groupe et de 15 députés, sort de l’assemblée. Il paye son ralliement temporaire au gouvernement Papademos, qui lui avait valu de perdre un de ses meilleurs cadres (Makis Voridis) au profit de la ND, et échoue de peu en dessous du seuil de 3% donnant droit à une représentation parlementaire. Avec 2,9% des voix (- 2,73%), le mouvement de Karatzaferis connaît ainsi sa plus grave déconvenue. Le LAOS avait réussi à récupérer les cadres des mouvements nationalistes dissidents, comme l’équipe de l’ « Alliance Patriotique » (Πατρίοτικη Συμμάχια), version élargie de l’Aube Dorée, du fait de leurs scores dérisoires. Aujourd’hui, il est probable que le sens s’inverse et que le LAOS se vide de ses forces vives. A noter enfin l’émergence d’un petit parti nationaliste défendant « l’amour de la patrie », la Ligue de l’Unité Nationale, qui obtient 0,6% des voix.

Enfin, de nombreux partis politiques échouent à atteindre la barre des 3%, à savoir le mouvement libéral et pro-européen Drasi (1,8%), la gauche radicale anticapitaliste [ANT.AR.SYA] (1,19%), les écologistes (2,93%), le Rassemblement Démocratique (2,55%), le mouvement populiste de gauche OXI [« non »] (0,92%) ou encore « Production à nouveau ! » [Dimiourgia, xana] (2,15%). Signalons enfin la timide émergence des Pirates version grecque (0,51% des voix).

Ce résultat donne au DIMAR le rôle de sauveur, car ce parti est le seul apte à rejoindre les deux autres mouvements « pro-européens » décidés à appliquer les réformes nécessaires pour obtenir l’aide financière de l’UE. La seule alternative serait de « débaûcher » quelques députés fraîchement élus pour que la coalition PASOK + ND soit majoritaire. Mais les élus qui prendraient ce risque pourraient être très mal perçus par l’opinion grecque actuellement très échauffée.

Avec respectivement 78 sièges et 54 sièges, la gauche radicale et la droite radicale réunis atteignent 132 sièges, contre 60 pour la gauche sociale-démocrate (PASOK + DIMAR) et 108 pour la droite conservatrice. En pourcentage, toutes chapelles confondues, la gauche radicale obtient 26,87% des voix et la droite radicale 21,07% des voix, soit presque la moitié des votants. La crise économique amène naturellement à la montée des extrêmes, par le chômage qu’elle génère et par le fait que l’immigration extra-européenne devient rapidement insupportable aux yeux de nombreux électeurs dans une période de vache maigre. Cela fait réfléchir dans le cas français, avec le score important obtenu par le Front National et le Front de Gauche au premier tour des élections présidentielles, alors que la crise a pour le moment été ralentie dans notre cas par la gestion du président sortant et désormais déchu.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

01/11/2011

Démocratie « nationale » et crise de la zone euro

Grèce,referendum,Papandreou,PASOK,nucléaire,zone euro,FESF,Thomas Ferrier,PSUNELe premier ministre grec Georgios Papandreou a annoncé à la stupéfaction du président français et de la chancelière allemande, alors qu’un accord sur la dette grecque avait été obtenu de justesse entre les membres de la zone euro, que l’ex-premier ministre slovaque avait dû sacrifier son gouvernement, qu’il allait organiser un référendum pour obtenir l’accord des citoyens grecs, référendum qui aurait lieu dans plusieurs mois. Conséquence, la bourse de Paris perd près de 6%, celle d’Athènes près de 7%, et l’ensemble des bourses européennes chute. Outre l’irresponsabilité du premier ministre, pour des raisons de basse politique, sur une question urgente, cette crise confirme l’impossibilité de maintenir la démocratie dans le cadre national historique. Les problèmes européens ne peuvent se résoudre qu’au niveau européen. Or l’absence d’un gouvernement européen, d’un état européen, se fait douloureusement sentir dans ces temps difficiles.

Le premier ministre a toutefois été désavoué par une partie du PASOK, le parti socialiste grec dont il est membre, par toute la droite et même par les nationalistes du LAOS, étrangement devenus europhiles. Sur son blog, Jean Quatremer annonce la démission de Papandreou pour dans les prochains jours, ce qui mettra probablement fin à cette proposition. Des élections législatives anticipées, que la droite devrait gagner selon les sondages, mais qui devraient aussi, probablement, se traduire par une progression des communistes et des nationalistes, paraissent inévitables.

Un référendum sur des questions économiques qui nous dépassent, et dépassent les Grecs, n’a aucun sens. En particulier lors d’une période de grave tension déchaînant les passions. Le résultat serait incompréhensible. D’abord, le non est prévisible, déstabilisant alors toute l’Union Européenne. Ensuite, il est sans signification. Une partie importante du non témoignera d’un rejet du gouvernement actuel. La participation en outre sera probablement très faible. Enfin, des gens désespérés ne sont pas en mesure d’apporter une réponse sensée à une question qui ne se prête simplement pas à un référendum.

On constate donc que les initiatives « souveraines » de certains états sont inconsidérées et désastreuses. La démocratie n’a jamais signifié cela. Quand Papandreou, au mépris de ses partenaires européens, de son propre chef, annonce un référendum qui n’a simplement aucun sens, déstabilisant davantage encore une économie européenne inquiète qui n’en avait pas besoin, il défend la « souveraineté nationale », au risque de ruiner le pays. Quand Merkel, pour céder au lobby pseudo-écologiste et à une opinion allemande à qui on ment sur ces questions, décide d’abandonner l’énergie nucléaire, elle défend la « souveraineté nationale ».

Sur cette question, les gens honnêtes savent qu’il n’y a pas d’énergies alternatives, que les prétendues énergies renouvelables sont inefficaces et coûteuses, en particulier les éoliennes et le solaire individuel. Prétendre le contraire, c’est mentir aux citoyens. En outre, les pseudo-écologistes attirent notre attention sur le réchauffement planétaire, pour une fois à juste titre. Mais reconstruire des centrales à charbon ou à lignite comme le veut le gouvernement Merkel, suite à l’abandon du nucléaire, c’est bon pour lutter contre le réchauffement climatique ? Le CO2 dans l’atmosphère, c’est bon pour l’environnement ? Il faudrait savoir. Soit le réchauffement climatique est une vraie menace, et alors il faut fermer toutes les centrales à charbon, abandonner le pétrole, et faire le tout électrique en construisant davantage de centrales nucléaires et surtout celles de quatrième génération. Soit le réchauffement climatique n’est pas un danger, mais bien sûr que c’est un danger !, et puis l’énergie à bon marché permettant l’indépendance énergétique de l’Europe, ce n’est pas important, mais bien sûr que c’est important ! Mensonge des « Verts », faux écologistes, mais vrais gauchistes sectaires et irrationnels, mensonge du gouvernement Merkel, mensonge des partis de coordination belges qui proposent la même chose, mensonge encore de la « gauche » suisse. Le drame de Fukushima, alors que nous ne connaissons pas vraiment la situation là bas, sert de justification pavlovienne à une folie.

Ainsi, la démocratie « nationale » désormais, que ce soit en Allemagne, en France ou en Grèce, n’a plus aucun sens. Les citoyens sont désinformés, manipulés par les faiseurs d’opinion, et les gouvernements nationaux ne sont simplement plus capables de dire la vérité aux citoyens, de mettre en avant les vrais enjeux, et de reconnaître qu’ils n’ont plus qu’un pouvoir de nuisance. Nuisance envers l’Europe entière, mais aussi nuisance envers leurs propres citoyens.

Seule une démocratie européenne, où les enjeux seront évoqués à l’échelle du continent, a désormais du sens. Mais pour qu’il y ait une démocratie européenne, il faut un état européen, il faut des enjeux électoraux réels, il faut un gouvernement européen élu et démocratiquement légitime. On ne sauvera pas l’€, on ne sauvera pas l’économie européenne, on ne s’opposera pas aux flux migratoires de masse, on ne résorbera pas le chômage, en raisonnant à l’échelle des anciennes nations. Face au mondialisme, l’Europe doit se présenter unie, elle doit même être une. Les diviseurs de l’Europe n’aiment simplement pas les européens et se moquent de leur avenir, de notre avenir.

On ne sauvera pas la zone euro en demandant leur avis aux Grecs mais en demandant leur avis à tous les européens. On ne sauvera pas l’indépendance énergétique de l’Europe en demandent leur avis aux Allemands mais en demandant leur avis à tous les européens. Au niveau européen, les mensonges des gouvernements et des lobbies s’effondreront.

Il convient donc pour sauver l’Europe et les Européens de bâtir vraiment l’état-nation Europe mais sur la mise à bas, la table rase juridique complète, des traités et des constitutions des états. De l’intérieur, rebâtissons l’Union Européenne en la fondant sur des principes solides et sur une vraie légitimité populaire. Le problème de l’Europe, ce sont les états nationaux. La solution pour l’Europe, c’est l’état national-européen.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE