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14/11/2011

Mythe n°8 : l’ « invasion indo-européenne »

2.jpgA l’occasion de la sortie de l’ouvrage, au demeurant excellent, de Georges Sokoloff, spécialiste de l’histoire russe, « Nos ancêtres les nomades. L’épopée indo-européenne », chez Fayard, je me propose ici d’évoquer un mythe que reprend l’auteur à propos de l’origine steppique supposée des Indo-Européens, selon la théorie dite « des Kourganes ».

Rappelons en premier lieu les données dont nous disposons. Après l’époque des intuitions selon lesquelles les langues d’Europe, de la Perse et de l’Inde, étaient apparentées, idée pressentie par l’humaniste italien Filippo Sassetti au XVIème siècle, ce qui devait devenir la théorie « scythique » défendue notamment par Leibniz, le XIXème siècle s’ouvre sur des certitudes. Tant dans le domaine linguistique (Franz Bopp après l’anglais William Jones et le français Anquetil-Duperron) que dans le domaine religieux (Max Müller après Friedrich Schlegel), de nombreux auteurs prouvent une parenté linguistique entre la plupart des langues européennes, les langues iraniennes et celles du nord de l’Inde dites langues « indo-aryennes », auxquelles au XXème siècle on pourra ajouter les langues anatoliennes (hittite, louvite…).

Cette parenté témoigne de l’existence d’une langue-mère préhistorique, dont nous n’avons a priori aucune trace écrite, à moins que l’écriture de Vinca n’en soit une des rares expressions, qui a été baptisée par les linguistes proto-indo-européen. De nombreux travaux scientifiques ont permis de reconstituer une grande partie de ce vocabulaire commun, même s’il y a débat sur tel ou tel mot ou verbe, ce qui nous donne de précieux renseignements quant à la géographie de ce peuple ancestral, quant à sa religion, quant à son mode de vie. A partir de ces données, certains archéologues ont tenté de déterminer le foyer originel de ce peuple indo-européen.

Certains, comme l’archéologue allemand Gustav Kossinna, ont imaginé un foyer germano-scandinave, une théorie qui a connu des dérives calamiteuses au cours du XXème siècle, et qui a ensuite été réactivée par Jean Haudry. D’autres ont imaginé un foyer steppique ukrainien, ce qui est la thèse de la lituanienne Marija Gimbutas, du français Bernard Sergent, du franco-ukrainien Yaroslav Lebedynsky, spécialiste des nomades iranophones, thèse que reprend lui aussi le russophile Sokoloff. Certains historiens albanais ont même imaginé, par un nationalisme autant excessif que dévoyé, que c’était de leur pays que provenaient les Indo-européens.

Dans le domaine de la mythologie comparée, Max Müller a ouvert le bal en se basant sur la reconstruction linguistique du nom des anciennes divinités indo-européennes. Georges Dumézil choisit une autre méthode comparatiste, structuraliste, en renonçant au cours des années trente, à la méthode comparatiste classique (« Varuna-Ouranos », « brahmane-flamine », « Mars-Marut »), qui fut fructueuse mais incomplète. C’est Dumézil qui mettra en exergue les trois fonctions indo-européennes (souveraineté, guerre et production), synthétisée dans la vieille triade romaine Jupiter-Mars-Quirinus.

Alors que les travaux indo-européanistes avaient été repris par les saint-simoniens, premiers socialistes, et par toute une tradition de gauche en général, présentant les Indo-européens comme des sortes de républicains romains, soldats-paysans d’une société plutôt égalitaire, inventeurs d’une forme archaïque de démocratie, ils sont par la suite réutilisés par une partie de la droite nationaliste, notamment en Allemagne, les présentant au contraire comme une aristocratie guerrière, nordique ou non, partie de l’Europe de l’Est et conquérant la vieille Europe à partir du Vème millénaire avant notre ère. Cette hypothèse, dans un sens inversé, fut exploitée par Gimbutas pour opposer une artificielle Europe méditerranéenne proto-féministe à des conquérants indo-européens violemment patriarcaux tout aussi artificiels. L’idée, inspirée de Bachofen, est que les Européens préhistoriques honoraient des divinités féminines, chtoniennes et lunaires, alors que les conquérants indo-européens honoraient des divinités masculines, ouraniennes et solaires.

Revenons donc à la source même de ces travaux, la linguistique. Et Sokoloff est ainsi contraint de reconnaître que certaines données ne cadrent pas avec l’hypothèse dont il se fait le relai, même s’il n’ose pas aller au bout du raisonnement. Présenter ainsi les Indo-européens comme un peuple nomade d’éleveurs paraît insolite et nous verrons qu’il n’en est rien.

Le vocabulaire indo-européen commun permet de retrouver un grand nombre de termes liés à l’agriculture, comme le champ, *agros, ou le soc, *wogwhnis, ainsi que le nom de la plupart des animaux fermiers, notamment le bœuf, *gwous, et le porc qui dispose même de deux termes pour le décrire, *sus et *porkos, ainsi que la volaille, *awis. Si le mouton est bien présent, *owis, rien ne permet d’affirmer qu’il était un animal spécialement respecté, au contraire de son ennemi traditionnel, le loup (*wlkwos), qui jouit au contraire d’une image très positive, ce qui ne devrait pas être le cas si les Indo-Européens avaient été essentiellement des éleveurs. En outre, ils connaissaient la plupart des arbres et des animaux sauvages peuplant les forêts de l’Europe occidentale, septentrionale et centrale. Les PIE connaissaient aussi a priori le lion, *singhos, qu’on sait avoir peuplé notre continent avant sa disparition définitive à l’époque de l’empire romain.

Pour résumer, ils connaissaient tous les animaux des forêts, comme le cerf (*elnos), l’ours (*arktos), le sanglier (*eperos), la loutre (*utros), le renard (*loupekos), le castor (*bhebhrus), mais aussi les animaux marins, comme le dauphin (*gwelbhos) et le requin (*skwalos), et disposaient de bateaux (*naus). La maison (*domos) existe, tout comme le village (*woikos), la citadelle (*pelis) et même la ville (*wastu), vocabulaire incompatible avec l’idée d’un peuple nomade. Les institutions indo-européennes qu’on peut reconstituer sont le roi, *regs, garant du droit et sorte de président de l’assemblée, et l’assemblée elle-même, *sebhos, composée des citoyens libres (*keiwos). Il existait des prêtres (*bhlagmen) dont on ne sait pas s’il s’agissait d’une caste sacerdotale comme les druides celtes ou de citoyens disposant d’une charge religieuse comme dans l’ancienne Rome.

charsoleil3716.jpgEn matière de religion, l’hypothèse de Gimbutas ne tient pas. Si les PIE possèdent en effet des divinités célestes importantes, à l’instar du dieu du ciel (*dyeus), du dieu de l’orage (*maworts ou *perkwunos) et du dieu du soleil (*sawel), ils possèdent également des divinités féminines de premier plan, comme la déesse de l’aurore (*ausos) et plus encore comme la déesse de la terre (*dhghom). Or l’existence d’une terre-mère était selon Gimbutas la caractéristique des populations proto-européennes et non-indo-européennes, ce qui est erroné. En fait, les Indo-Européens avaient les divinités classiques des peuples polythéistes, à savoir les forces de la nature incarnées et divinisées, et aussi quelques divinités conceptuelles (« le foyer », « les chemins »… etc). Le dieu cornu, que certains mythologues avaient considéré comme non-indo-européen, préhistorique, est lui-même une divinité d’origine indo-européenne, *kernunos (de l’indo-européen *kernu, « corne ») n’étant qu’un aspect d’un dieu des chemins et de la connaissance, *pauson (équivalent de l’Hermès grec, bien que son nom se retrouve dans celui du dieu Pan, fils du précédent).

L’homme indo-européen était donc à la fois citoyen, soldat et paysan, assurant ainsi les trois fonctions indo-européennes mises en exergue par Dumézil, mais qui n’étaient probablement pas séparées. Il vivait dans des villes ou des villages, comme les Européens modernes. Il maîtrisait l’agriculture et l’élevage en ferme des animaux domestiques, même si certains étaient bergers (*poimen). Il connaissait la roue et l’utilisation du cheval (*ekwos), dont la domestication est probablement ancienne, et du chien (*kwon). Enfin, il était également marin et/ou pêcheur à l’occasion. En revanche, on ignore s’il connaissait déjà le chat, même si on reconstitue péniblement un *katos, dont le nom pourrait ceci dit avoir été emprunté aux Egyptiens de très bonne heure.

Son foyer originel n’était donc pas spécialement l’Europe septentrionale, tout nom du renne par exemple étant inconnu, et encore moins l’Europe orientale, la région des steppes étant exclue pour les nombreuses raisons linguistiques évoquées. En outre, une école archéologique menée par l’italien Mario Alinei tend à démontrer qu’il n’y a eu aucune rupture civilisationnelle en Europe, invalidant l’idée d’invasion « indo-européenne », selon l’hypothèse de la continuité paléolithique européenne, qui est séduisante malgré certaines faiblesses, car on ignore comment le proto-indo-européen a pu demeurer intact pendant plusieurs millénaires sur une grande partie de notre continent et comment de nouveaux termes, désignant des découvertes technologiques, ont pu enrichir ce même vocabulaire.

Il faut donc admettre que, au contraire de cette théorie faisant des Indo-Européens de nomades de l’est de l’Europe envahissant le reste du continent en plusieurs vagues, et imposant leur langue, théorie qui a servi hier à justifier tous les extrémismes et aujourd’hui à rejeter l’héritage indo-européen pour les mêmes raisons, les Indo-Européens ont inventé la démocratie, la république (à la romaine) et une forme archaïque de socialisme. Ainsi les vieux Romains de la république, les Athéniens du temps de Périclès, les sociétés paysannes balto-slaves, les islandais du Xème siècle de notre ère, sont certainement restés les plus proches du modèle ancestral indo-européen que j’ai décrit. Les présenter comme une aristocratie guerrière venue de l’étranger ne tient donc plus.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

Commentaires

Mon cher Ferrier
j'vous ai un peu lâcher
pour un bout d'temps

trop de politique pour moi
(de chose qui vous concerne)
car rien n'ai-je a dire sur l'Europe
Moi, sans patrie!

au Daimon (génie?),
chez Socrate peut-être qu'une voix qui dit NON
un ne pas faire (Krishna c'est l'agir)
vous opposiez quelque chose comme Deus Come

j'entends Divin à venir???

Ai-je des oreilles pour entendre?!?

Écrit par : will | 21/05/2014

Massive migration from the steppe was a source for Indo-European languages in Europe, "Nature" (2015)


http://arxiv.org/pdf/1502.02783.pdf

Écrit par : Anton Cusa | 13/03/2015

Sauf que le vocabulaire commun reconstitué est celui de la forêt. Et pas de la steppe. Et d'une société agricole et pas spécialement pastorale.

Écrit par : Thomas FERRIER | 14/03/2015

Sauf que ces données de paléolinguistique, qui renvoient à une région mitoyenne, entre les steppes pontico-caspiennes, les steppes boisées ainsi que les forets du nord de l'Europe orientale, ont été largement intégrées à la théorie des Kourganes par ses très nombreux partisans. Aucun spécialiste ne soutient par ailleurs que les proto-indo-européens (de l'âge du cuivre donc) étaient des cavaliers montés archers de pasteurs nomades. Ce mode de vie, qui prenait il est vrai ses racines dans le terreau commun initial des IE indivis d'Europe orientale, n'est apparu que bien plus tard, et chez quelques peuples seulement (Iraniens orientaux, Cimmériens, et sans doute aussi, dans une moindre mesure, chez les proto-Thraco-Daco-Gètes et les proto-Illyriens). Bien que familiers de la guerre à cheval (sur des chars), ainsi que l'élevage intensif et extensif, le signalement des IE indivis différait néanmoins beaucoup de la figure du pasteur nomade archer monté apparue seulement à l'âge du fer.

Écrit par : Anton Cusa | 14/03/2015

L'article postule que les steppes ne seraient qu'une partie des Indo-Européens. La partie la plus orientale de l'Europe "indo-européenne", tout simplement. Ce n'est pas dans ce cas incompatible avec le foyer européen (au sens large).

Écrit par : Thomas FERRIER | 14/03/2015

les steppes = la partie initiale d'où provient, après l'éclatement du noyau nucléaire, l'apport humain, génétiquement identifié, porteur des langues IE...

Écrit par : Anton Cusa | 14/03/2015

Difficile en revanche d'admettre un foyer européen unique pour des ensembles ethno-culturels si différents (différences attestées aussi par l'archéologie, la génétique que l'anthropologie physique). Difficile d'imaginer par exemple que les porteurs de la culture des tombes en fosse (dite de Yamma) formaient un même "peuple" avec les porteurs des cultures de Cucuteni ou de Vinca...

Écrit par : Anton Cusa | 14/03/2015

sauf à déconstruire la notion de peuple avec cet idéologue de Demoule, pour qui les réalités ethno-linguistico-culturelles ne sont jamais que des flottements indéterminés perpétuellement instables...

Écrit par : anton Cusa | 14/03/2015

Je me suis toujours méfié de ceux qui mélangent "génétique" et "linguistique".

Écrit par : Thomas FERRIER | 15/03/2015

Pour dire les choses autrement, cette étude présente un intérêt évident en ce sens qu'elle décèle un apport humain massif en provenance de la steppe sur un axe européen d'indo-européanisation précoce et majeur (centre-nord = Culture de la céramique cordée) où l'archéologie ne décèle pas encore à ce jour des traces aussi nettes de "kourganisation" que sur l'autre axe majeur (balkano-danubien), où l'apport humain proprement indo-européen semble avoir été en revanche bien plus modeste.

Écrit par : Anton Cusa | 16/03/2015

Mais le fait de lier la culture des Kourganes aux seuls Indo-Européens est déjà un postulat de principe. De toute façon, je ne pense pas qu'il faille excessivement différencier les "cultures européennes" entre elles. Ce sont des populations caucasiennes donc apparentées, au-delà de ces expressions divergentes.

Écrit par : Thomas FERRIER | 16/03/2015

C'est bien plus qu'un postulat, car aucun substrat pré-indo-européen n'est identifiable chez les héritiers les plus directs de la tradition des Kourganes (Cimmériens et Iraniens orientaux). Quant à la différentiation entre la tradition des Kourganes et les traditions contemporaines européennes plus occidentales, celle-ci apparait aussi bien à la lumière de la culture matérielle, de l'anthropologie physique (proto-europoïdes IE vs méditerranéens/nordiques de la "veille Europe") que de la génétique (R1a/R1b des Indo-Européens vs I1/I2/J-2/E1b1b des proto-Européens, etc).

Il est vrai que toutes ces populations étaient des europoïdes, mais cette réalité relève d'une profondeur chronologique et historique beaucoup plus grande, qui déborde d'ailleurs clairement les frontières de l'Europe (inclusion des Sémito-Chamites, etc.).

Écrit par : Anton Cusa | 16/03/2015

J'en reste à une définition surtout linguistique et mythologique de l'indo-européanité. Je ne crois pas trop aux "vertus" de la génétique en ce domaine. Il n'y a pas plus de grammaire haplotypale que d'allèle à désinences.

Quant au type physique, il est clair que le modèle "nordique" a servi à représenter les dieux et les déesses, ce qui ne préjuge pas des caractéristiques de la population IE.

Écrit par : Thomas FERRIER | 16/03/2015

Le problème est moins de croire ou de ne pas croire que d'admettre que la diffusion et l’extension spatio-temporelles des langues et des cultures IE correspond "grosso modo" à la diffusion et l’extension spatio-temporelles des haplogroupes R1a et R1b.

Votre définition "immobiliste" est paradoxalement assez proche de celle de Demoule : des langues et des mythes apparentés sans groupe humain concret porteur de cette culture...

Écrit par : Anton Cusa | 16/03/2015

Le problème est moins de croire ou de ne pas croire que d'admettre que la diffusion et l’extension spatio-temporelles des langues et des cultures IE correspondent "grosso modo" à la diffusion et l’extension spatio-temporelles des haplogroupes R1a et R1b.

Votre définition "immobiliste" est paradoxalement assez proche de celle de Demoule : des langues et des mythes apparentés sans groupe humain concret porteur de cette culture...

Écrit par : Anton Cusa | 16/03/2015

Je défends l'idée d'un macro-groupe IE sur l'Europe entière, ces différences "haplogroupales" étant alors internes au groupe. Et rien ne dit en effet que les haplogroupes concernés soient bien ceux des IE.

Écrit par : Thomas FERRIER | 16/03/2015

J'avais compris que vous défendiez l'idée, qui vous est plus utile idéologiquement, d'une continuité européenne depuis le paléolithique...Bon courage, car l'accroissement des connaissances ne cesse de la réduire comme peau de chagrin.

Écrit par : Anton | 16/03/2015

La thèse de la continuité paléolithique doit être amendée. Je pense davantage à une koinê continentale.

Écrit par : Thomas FERRIER | 16/03/2015

Vous voulez réaliser la quadrature du cercle là, car l'idée d'une langue véhiculaire pour faciliter la communication entre des vastes groupes humains peu apparentés à un point de vue anthro-biologique, linguistique et macro-culturel invalide "ipso facto" l'idée, défendue à juste titre par vous, d'une communauté ethnique IE initiale. Par ailleurs, une koinê n'est jamais qu'une standardisation centripète inter-dialectale pour faciliter la communication entre groupes déjà apparentés linguistiquement, je ne vois donc pas l'utilité de cette notion banale pour votre raisonnement. Bonne nuit.

Écrit par : Anton Cusa | 16/03/2015

Une communauté ethnique large.

Écrit par : Thomas FERRIER | 17/03/2015

Impossible d'imaginer au Chalcolithique une parenté éthno-culturelle, linguistique et anthropo-biologique sur un tel espace (du Rhin à l'Altaï, de la Céramique cordée à la culture d'Afanasievo) en ignorant le modèle centrifuge, largement observé à l'époque historique, de la dispersion migratoire depuis une matrice originelle ethnogénétique, glottogénétique et topogénétique beaucoup plus restreinte.

Écrit par : Anton Cusa | 17/03/2015

Je ne parle pas du chalcolithique mais d'une époque plus ancienne. Après, qu'il y ait eu une extension vers l'est, cela me paraît évident. Mais je crois qu'une bonne partie de l'Europe était indo-européenne au moins depuis le néolithique. Il faudrait donc revoir la chronologie de quelques millénaires en arrière.

Écrit par : Thomas FERRIER | 17/03/2015

Mais rien ne permet d'affirmer qu'une communauté ethno-linguistico-culturelle PIE existait avant le Chalcolithique...Quant au schéma des migrations, c'est un peu énorme de le réduire à une extension vers l'Est en provenance de l'Ouest, et ce d'autant plus que les cultures IE les plus caractéristiques étaient justement situées, et solidement enracinées, à l'Est (horizons de Samara, de Mykhaïlivka, de Kemi-Oba, de Maïkop, d'Afanasievo, des Tombes en Fosse, des Tombes à Catacombes, d'Andronovo, des Tombes à Charpente, etc.). Quant à la théorie des agriculteurs responsables de la néolithisation, elle se heurte à difficultés majeures, car l'archéologie et la génétique attestent que ceux-ci provenaient du Proche-Orient.

Écrit par : Anton Cusa | 17/03/2015

En quoi sont-elles caractéristiques des IE. C'est un présupposé, exactement comme la thèse de Gimbutas sur la "grande déesse".

Quant à l'idée d'une néolithisation proche-orientale, c'est une théorie là encore. Elle n'est ceci dit pas incompatible si on admet une origine paléolithique d'une forme très archaïque (alors) de proto-indo-européen.

Écrit par : Thomas FERRIER | 17/03/2015

En quoi sont-elles caractéristiques des IE ? Mais la continuité est parfaite, sans qu'on puisse y déceler aucun substrat ou intrusion étrangers, entre leur apparition au Chalcolithique et l’émergence, à l'âge du Fer, sur les mêmes territoires, des peuples IE des Cimmériens et des Iraniens orientaux. Il est utile de rappeler que l' expansion de ces cultures à l'âge du Bronze est fort bien documentée archéologiquement sur l'axe balkano-danubien, où s'individualisent de nombreux autres peuples IE au contact d'un puissant fond ethno-culturel local préexistant. Inutile de rappeler que cette expansion reçoit depuis peu une confirmation nette de la part de la génétique.

La néotilisation proche-orientale est quant à elle bien plus qu'une simple théorie, car cette mutation technique, socio-économique, démographique et culturelle est, cette fois encore, très bien documentée archéologiquement et génétiquement.

Écrit par : Anton Cusa | 17/03/2015

...néolithisation...

Écrit par : anton cusa | 17/03/2015

Qu'est-ce donc que cette découverte récente, dans le Pôle Nord, d'inscriptions proto-indo-européennes datant du quatrième millénaire ? Un poisson d'avril ? Toujours est-il que l'idée d'un premier foyer de dispersion localisé dans cette région polaire asiatique expliquerait pourquoi on décèle assez peu d'indices de "kourganisation" sur l'axe nord-européen d'indo-européanisation...Les steppes ne seraient donc qu'un foyer secondaire (évidement majeur) ? Voilà qui serait de nature à me déprimer.

Écrit par : Anton Cusa | 02/04/2015

Cela ressemble en effet à un poisson d'avril (une seule source). Origine nordique, cheveux et yeux clairs, grande taille, écriture proto-runique... ça me rappelle quelque chose... La chronologie ne convient pas non plus (Hittites dès 2500 avant J.C au moins en Anatolie).

Écrit par : Thomas FERRIER | 03/04/2015

D'autant plus qu'il n'existe pas la moindre autre inscription en proto-indo-européen découverte à ce jour...Les IE indivis auraient commencé à écrire dans leur foyer initial pour ensuite abandonner complétement leurs pratiques scripturaires ? Difficile d'admettre aussi un foyer originaire si "excentré" pour ces proto-europoïdes qu'étaient incontestablement les IE indivis. Pareil foyer polaire eurasien les distinguerait d'ailleurs encore bien davantage des proto-Européens. La chronologie n'est peut-être pas quant à elle totalement incompatible avec la datation des premières cultures attribuées hypothétiquement aux IE indivis, localisées sur les rives de la Volga.

Écrit par : Anton Cusa | 03/04/2015

http://www.slate.fr/story/100087/europeen-blanc-depuis-8000-ans

Bonsoir, que pensez-vous de ces analyses en tant qu'Européen engagé ?

Écrit par : Fjodor | 08/04/2015

Que ce sont des foutaises. :) Je ne peux pas être plus explicite.

Écrit par : Thomas FERRIER | 08/04/2015

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