Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/10/2015

Elections parlementaires polonaises. Succès massif du PiS, effondrement du PO et de la gauche historique

http://thomasferrier.hautetfort.com/media/01/00/449511605.3.png

Elections parlementaires polonaises 2015,Kaczynski,PiS,PO,Kukiz,Korwin,KopaczA cette heure, nous ne connaissons que le sondage IPSOS sorti des urnes. Mon analyse va donc se fonder sur ces données. Aucun site gouvernemental ou de presse n’indique de résultats, même partiels. Il est vrai que le vote n’a pris fin qu’à 21h00. Cet article sera mis à jour au fur et à mesure de l’arrivée des résultats.

Le PiS (« Loi et Justice »), le parti fondé par les frères Kaczynski, et dont l’actuel président polonais Andrzej Duda est issu, a remporté comme les sondages l’annonçaient les élections parlementaires avec 39% des voix environ et 242 sièges, soit 12 sièges de plus que la majorité absolue. Il succède en conséquence au Parti Libéral (PO) de Donald Tusk. Ce dernier, désormais président de l’Union Européenne, a été remplacé par Ewa Kopacz, tandis que Jaroslaw Kaczynski s’était mis en retrait derrière sa candidate, Beata Szydło, qui devrait donc devenir premier ministre.

Le PO (« Plateforme civique ») connaît comme prévu une chute vertigineuse (-16%), avec seulement 23.4% des voix et 133 sièges (-74). Il est douloureusement sanctionné par les électeurs qui attendaient une alternance, dans un contexte anxiogène avec la crise des migrants aux portes du pays. Pour de nombreux Polonais, seule la droite conservatrice et ultra-catholique pourra protéger la nation. Je doute que l’euroscepticisme de cette formation politique soit néanmoins populaire. Le défaite de Komorowski aux élections présidentielles était un signe précurseur évident de ce basculement de l’opinion.

Avec 9% environ des voix et 44 sièges (selon les estimations), la liste Kukiz’ 15 connaît un succès notable. Animé par l’ancien chanteur de rock Paweł Kukiz, cette formation politique nouvelle, qualifiée de populiste, s’impose à la troisième place. Les électeurs polonais aiment laisser leur place à de nouveaux venus (comme la liste Palikot en 2011) avant de s’en lasser. Le mouvement « Moderne » (Nowoczesne) est en revanche sur une ligne de centre-droit, libérale et pro-européenne. Avec 7.1% des voix et 22 sièges, il rentre pour la première fois à la Sejm (parlement).

Enfin, le désormais classique PSL (Parti du Peuple Polonais), un mouvement agrarien de droite modérée, préserve sa place au parlement, avec 5.2% des voix et 18 sièges, même s’il perdrait trois points et dix sièges. Il était il est vrai associé au gouvernement sortant.

L’échec le plus surprenant vient de la gauche unie (Lewica Razem) qui n’obtient que 6.6% des voix et surtout ne se voit attribué aucun siège dans la future assemblée, à la différence de la minorité allemande (1 représentant). La liste de gauche alternative Razem n’obtient quant à elle que 3.9% des voix et là encore aucun siège.

A droite, la liste menée par Janusz Korwin-Mikke (« Korwin ») échoue également, n’ayant obtenu que 4.9% des voix et aucun siège. C’est une déconvenue pour le député européen. Il a été victime de la division de son camp et de l’implosion de son parti. Ses provocations dialectiques ne lui ont pas permis d’émerger, dans un contexte de forte polarité PiS/PO. Beaucoup de ses électeurs potentiels auront préféré voter utile. Aucune information n’est parvenue concernant les autres listes de droite nationale, durablement marginalisées à l’image de Samoobrona ou du Camp National (Ruch Narodowy).

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

---

Mise à jour: bien que non officiels, les résultats donnent finalement 37,6% au PiS et 232 sièges (sur 460) soit deux sièges de plus que la majorité, ce qui est fragile. Le PO obtient 24,1% des voix et 137 sièges, la liste Kukiz' 15 8.8% des voix et 42 sièges, le mouvement "Moderne" (Nowoczesna) 7,6% et 30 sièges et enfin le PSL agrarien 5,13% des voix et 18 sièges (ayant de justesse franchi la barre fatidique des 5%). La liste Lewica ("Gauche unie") étant une coalition, il lui fallait obtenir 8% des voix pour avoir des élus. Avec 7,55% des voix, elle se retrouve donc sans députés. Ainsi la gauche sociale-démocrate tout comme la liste de gauche Razem (3,6%) se retrouve absente du parlement, ce qui est une première en Pologne et même en Europe.

Victime de sa division, la liste "Korwin" de Janusz Korwin-Mikke, n'obtient que 4,76% des voix et en conséquence aucun élu. Avec 0,86% des voix, dont le KNP dissident (0,03% des voix) et les vestiges de Samoobrona (0,03% aussi), les autres listes sont marginales. Le "Ruch Narodowy" (Camp National) était également absent.

En conséquence, le PiS se retrouve sans alliés à droite pour renforcer sa position au parlement. S'il devait perdre quelques députés, il se retrouvera alors en situation minoritaire.

11/10/2011

Elections polonaises: nouvelle victoire pour Donald Tusk

Region-tusk.jpgLes élections législatives polonaises qui se sont déroulées ce dimanche ont mobilisé relativement peu les électeurs, le taux de participation atteignant péniblement les 49%. Contrairement à son habitude dans ce cas, le PiS n’a pas vu son électorat se précipiter dans les urnes pour le plébisciter. De ce scrutin, dans une Pologne encore relativement épargnée par la crise financière, il y a néanmoins plusieurs enseignements à tirer.

C’est d’abord un succès personnel pour le premier ministre sortant Donald Tusk (PO), qui est conforté dans son rôle et qui a été écouté des électeurs après avoir reconnu avec une certaine franchise qu’il n’avait pu réaliser tout ce sur quoi il s’était engagé. Avec 39.18% des voix, il réalise un score toutefois inférieur à ses 41.51% de 2007, et s’il conserve 206 sièges, il en perd trois. Son adversaire Jaroslaw Kaczynski (PiS) recule également avec 29.89% des voix contre 32.11% il y a quatre ans. Avec 158 sièges, il en perd huit par rapport à la précédente mandature. Son allié traditionnel, le Parti du Peuple Polonais (PSL), avec 8.36% des voix recule de quelques décimales et perd trois sièges avec 28 sièges conservés seulement. En tout, PO (libéraux) et PSL, qui formait la coalition sortante, avec 234 sièges contre 240 en 2007, sont majoritaires mais seulement de quatre sièges.

Le principal perdant est le parti social-démocrate (SLD) qui perd près de cinq points, passant de 13.15% à seulement 8.24% seulement, perdant près de la moitié de ses sièges ; il n’a plus que 27 députés sur 53 au départ. Il est notamment victime d’un parti libertaire, le Ruch Palikota, dirigé par Janusz Palikot, personnage trouble qui a notamment fait campagne sur une ligne anti-cléricale et provocatrice, étant partisan du mariage gay et de la légalisation des drogues douces, et ayant réussi à faire élire dans la nouvelle Sejm le premier député transsexuel. Avec 10.02% des voix et désormais 40 sièges, il est le grand vainqueur de ce scrutin, même si le gouvernement devrait probablement se passer de ses services.

Les deux partis de droite nationale (la Nowa Prawica ou « Nouvelle droite » et Prawica ou « La droite ») font respectivement 1.06 et 0.24% des voix, soit un total de 1.3%, un score comparable aux résultats en 2007 de Samoobrona et de la Ligue des Familles. Samoobrona était finalement présente à ces élections et a atteint le score exceptionnel de 0.07%, contre 1.53% en 2007 (et surtout 11.4% en 2005). La mort de son fondateur, lui-même auparavant décrédibilisé par plusieurs scandales, en plus du départ de nombreux cadres, a fini de solder l’héritage de Lepper. Il faut dire que Samoobrona n’était présent que dans 9 circonscriptions sur 41. Là où il était présent, il oscille entre 0.16% et 0.49%. Autre absent de taille, la Ligue des Familles Polonaises (LPR). Avec 8% en 2005 mais seulement 1.3% en 2007, la LPR a préféré jeter l’éponge et n’a présenté qu’un seul candidat pour le Sénat, Maria Sendecka, qui a obtenu 5.64%. Enfin le néo-fasciste NOP, représenté par sa candidate Anetta Stemler, là aussi pour le sénat, a fait 3.1%.

Plus surprenante a été la candidature de Mateusz Piskorski, issu de la gauche nationaliste et païenne, héritière d’Ian Stachniuk, député de 2005 à 2007 de Samoobrona, et qui a été tête de liste à ces élections pour… le Parti Polonais du Travail (Polska Partia Pracy – Sierpien 80), parti de gauche radicale, avec toutefois certaines colorations nationales. Ce parti a obtenu 0.55% des voix seulement, et le seul Piskorski a fait 0.47% des voix. Piskorski ne fut pas le seul puisque des membres d’une scission de Samoobrona appelée la Samoobrony Patriotyczna, se sont alliés avec le PPP afin d’y ajouter une composante agrarienne.

Au bilan, la gauche traditionnelle est laminée, au profit d’un mouvement libertaire qu’on pourrait comparer à « Europe »-Ecologie en France, la droite conservatrice a résisté et le centre-droit au pouvoir est réélu mais avec une faible majorité. Enfin, la droite nationale (1.37% en ajoutant toutes ses composantes) et la gauche radicale (0.55%) sont marginalisées. Le PiS n’ayant plus d’alliées, il aurait de toute façon été écarté du pouvoir même s’il avait dépassé le PO. La campagne germanophobe (mais aussi europhobe et russophobe), au-delà de la caricature, de Jaroslaw Kaczynski, a mobilisé les électeurs pour donner à Donald Tusk l'avantage. Mais son adversaire vaincu ne désespère pas de prendre sa revanche.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE