22/09/2012
Provocations...
La première erreur généralement commise est de penser que cette publication était adressée aux musulmans. Un représentant du journal s’est même trompé en disant qu’il voulait attaquer les intégristes. En réalité, c’est la population française dans son ensemble, sa classe politique et médiatique en particulier, qui en était le destinataire. Charlie Hebdo, que je n’ai jamais lu ni feuilleté car je n’ai aucune raison de l’apprécier, a fait pour une fois œuvre utile. Il a posé, sans le savoir, la question suivante aux Français : tenez-vous réellement aux principes fondamentaux qui font notre civilisation et nos modes de vie ? Ou alors êtes-vous prêts à toutes les compromissions ?
Là au moins, Christophe Barbier a été clair. Nous devons être intransigeants sur le liberté d’expression, même si cela nous fait prendre des risques. Notre liberté vaut bien de les prendre. Il a répondu « oui » à la question.
De son côté, Olivier Mazerolle, parmi beaucoup d’autres mais peut-être plus que d’autres, a répondu « non » en essayant de nous faire prendre ce « non » pour un « oui ». Selon lui, l’hebdomadaire n’aurait pas dû publier : c’était irresponsable. En revanche il faudrait, toujours selon lui, se montrer très ferme sur le respect de nos règles, refusant, par exemple, la pression sur les médecins hommes amenés à examiner des femmes. Il est vrai que nos dirigeants ne sont pas très clairs sur les sujets de ce genre. On a interdit la burqa dans l’espace public, mais on ne fait pas de zèle pour l’empêcher. On n’a rien fait contre l’abattage hallal généralisé. On ne parle plus des horaires séparés dans les piscines. On a accepté des exceptions dans les sports etc. Cependant Mazerolle croit-il nous duper en nous laissant imaginer que la fermeté qu’il préconise sera plus facile à installer que la liberté d’expression ? Mettons-nous à la place du musulman qui veut respecter les préceptes religieux qu’on lui a appris. Il n’est pas obligé de lire Charlie Hebdo ; de plus les insultes contre sa religion ne sont pas de son fait. En revanche, s’il permet qu’un homme examine sa femme, c’est lui qui commet l’offense. N’est-ce pas plus douloureux pour lui ?
En fait, tout est lié. Le respect de la place de la femme dans la société et la liberté d’expression ne sont pas séparables. Si l’on capitule sur l’un, on capitulera sur l’autre.
Marine Le Pen a lancé un autre pavé dans la mare, en proposant d’interdire les signes religieux dans la rue. La classe politique a réagi négativement dans sa quasi totalité. En revanche, comme un sondage de BFM semble le montrer, les Français y seraient favorables. Elle ajoute ceci : il faut interdire le voile, donc aussi la kippa. Elle fait ainsi œuvre utile en lançant le débat, même si elle n’a pas étudié sérieusement la question et y apporte une réponse inadaptée.
La seconde erreur généralement, qu'elle commet par ailleurs, est de placer sur le même pied les religions juive et musulmane. Cette erreur dérive d’une autre, celle qui consiste à interpréter la laïcité sous un angle exclusivement universaliste : soit une laïcité de combat qui s’oppose à toutes les religions, soit une laïcité d’empathie qui est ouverte à toutes, celle qui est choisie aujourd’hui par les anciens laïcards.
Or la laïcité, prise dans son sens authentique, est ce qui vient du peuple, par opposition à ce que prêchent les clercs. En Europe, la démonstration publique d’un christianisme populaire est laïque ; à l’intérieur du christianisme, les réminiscences de paganisme chez les gens du peuple sont des signes de laïcité. Comme un nombre important de Juifs a partagé la vie des Européens pendant des siècles et contribué à la culture européenne, leur pratique religieuse ne contredit pas la laïcité. Sachant, toutefois, que le port de signes extérieurs est surtout le fait de gens récemment arrivés.
Cette seconde provocation nous ramène à la première. La différence majeure, chez nous, entre le Judaïsme et l’Islam est que le second est prosélyte quand le premier ne l’est pas. Un article de Thomas Ferrier en a fait récemment la démonstraton. Ainsi la notion de « terre d’Islam », qui désigne toute terre sur laquelle un musulman a posé le pied, n’a-t-elle rien en commun avec la « terre d’Abraham ». En fait, la question posée par Charlie Hebdo se résume ainsi : la France, et par extension l’Europe, est-elle terre d’Islam ?
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24/06/2012
Gauche contre "gauche" !
Message aux lecteurs du blog.
Certains lecteurs ont du mal à comprendre mon positionnement politique et pense que je suis proche de l’UMP, malgré une étiquette « euro-socialiste » pleinement assumée. En effet, si je tape d’abord, et en priorité sur le PS et sur le FN c’est parce que, plus que l’UMP, ils se présentent comme ce qu’ils ne sont pas. Le PS n’a de « socialiste » que le nom puisqu’il est totalement rallié au libéralisme économique et au mondialisme idéologique, sa seule différence avec l’UMP étant qu’il y ajoute en outre le libertarisme moral. Le FN prétend quant à lui défendre notre « identité nationale », alors qu’il nie l’européanité du peuple français, met les européens et ceux qui ne le sont pas dans le même sac sous le vocable de « immigrés », et que la seule raison pour laquelle des millions de français votent pour lui, la problématique de l’immigration extra-européenne, est abandonné au profit d’une conception néo-colonialiste et impériale de l’ « identité », celle de la France coloniale, car le FN défend à sa manière la même « diversité » que le PS mais restreint cette diversité au fait de posséder la citoyenneté française. Il y a donc dans les deux cas tromperie sur la marchandise. L’UMP, libérale et conservatrice, défendant l’idéologie du Système en place, ne trompe pas. Je préfère un ennemi qui ne se cache pas à de faux amis prêts à me poignarder dans le dos à la moindre occasion.
Mais lorsqu’un véritable homme de gauche apparaît, un authentique socialiste, même s’il ne partage pas l’européisme que je défends, même s’il reste encore pris dans un cadre national, je sais qu’il est de mon camp, qui est celui de Saint-Simon, celui de Pierre Leroux, celui de Benoît Malon, celui de Louis Ménard (pour ne citer que des socialistes français), ou encore de Giovanni Mazzini ou de Jack London. A l’imitation de ce dernier, je dirais que je suis socialiste et européen, mais que je suis européen avant d’être socialiste.
Alors qui sont ces véritables socialistes d’Europe, européistes ou pas ? Je pourrais citer le socialiste danois Thor Möger Pedersen, ministre des finances issu du Parti Socialiste Populaire (gauche radicale), âgé de seulement 26 ans, et qui ose défendre son identité danoise et européenne. Je pourrais citer le socialiste polonais, et explicitement païen, disciple de Ian Stachniuk, défenseur de son identité slave et pourfendeur de l’impérialisme américain, l’historien Mateusz Piskorksi, ancien membre de Samoobrona et désormais membre du Parti du Travail Polonais (gauche radicale), ou encore le socialiste allemand Oskar Lafontaine (Die Linke), remis de son cancer et en piste pour de nouvelles aventures. Et même si je ne partage pas du tout sa défiance envers l’Union Européenne, je reconnais que le social-démocrate controversé Thilo Sarrazin est un socialiste bien plus authentique. Et le russe Dmitri Rogozine, ancien dirigeant du mouvement socialiste patriote Rodina, et travaillant désormais dans l’équipe de Poutine, représente un véritable avenir pour le peuple russe.
Vous l’aurez compris, la gauche authentique est représentée par ceux qui incarnent un socialisme identitaire, potentiellement ou ouvertement européen, libéré des utopies marxisantes, rejetant le libertarisme des pseudo-socialistes « occidentaux » et défendant réellement le peuple. Le PS applique la politique migratoire désirée par le patronat, tout en mentant au peuple par des promesses sociales dont on ne le fait pas en vérité profiter, puisque réservées à acheter la paix civile dans les banlieues.
Nous savons bien qu’il n’y a jamais eu autant de privatisations en France que sous le gouvernement Jospin (1997-2002) et nous avons eu comme président « de gauche » un ancien volontaire national des Croix de Feu, qui s’est découvert une vocation de résistant en 1943, après avoir reçu l’insigne emblématique du régime d’un ancien maréchal de France, reconverti en chef d’état. C’est parce que la « gauche » n’est plus la gauche que l’électorat populaire lui a tourné le dos, que le peuple de gauche est contraint d’exprimer sa colère ou son désespoir par un vote populiste et notamment en faveur de la droite nationale et radicale. Le FN, premier parti ouvrier de France, c’est une réalité. Et c’est aussi vrai du FP norvégien, du DFP danois, du PVV de Wilders, et c’était vrai de la Ligue du Nord italienne. Le BNP et les SD suédois connaissent leurs meilleurs scores chez les ouvriers, tout comme les PS (« vrais finlandais ») finnois.
Si on se désole, comme c’est mon cas, du succès de formations politiques europhobes et/ou eurosceptiques, alors que l’Europe est notre seule planche de salut, il faut aussi en expliquer les causes et trouver un remède. Que dit Terra Nova, ce think-tank proche du PS ? Que le patriotisme est nécessairement extrémiste, que le FN et l’UMP ont vocation à ne plus faire qu’un, qu’il faut que le PS laisse tomber l’électorat populaire, naturellement réactionnaire, pour ne s’intéresser qu’à deux électorats, à savoir l’électorat allogène d’une part, remplaçant l’électorat populaire de souche européenne, et la « jeune » bourgeoise européenne décadente des beaux quartiers, favorable à la « diversité » (pour les autres) mais qui met ses enfants dans des écoles privées pour ne pas avoir à la côtoyer.
Le socialisme européen que nous défendons est du côté du peuple, même quand il pense « mal ». Nous soutenons les Européens, et notamment les plus faibles, contre ce système qui cherche à les prendre en tenailles, entre une bourgeoisie parasitaire et un néo-prolétariat d’importation, à les étouffer. Socialistes mais européens !
Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)
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28/05/2012
Sauvons l’Hellade ou Thermopylae 2012.
La Grèce doit-elle se retrouver seule et démunie face à cet empire menaçant qui est la finance internationale, face à une agression économique dont les Etats-Unis d’Amérique sont, par le biais des agences internationales, c’est-à-dire américaines, de notation, qui font depuis des mois la pluie et le beau temps, le chef d’orchestre, afin de fragiliser l’Europe toute entière en s’en prenant à ses maillons les plus faibles (Irlande, Grèce et Portugal) ? L’Union Européenne doit-elle s’attendre à connaître le sort de la petite bien que courageuse Islande ? La question dépasse et de loin le seul € puisque le Royaume-Uni a annoncé il y a quelques jours qu’il était à nouveau en récession. La crise des dettes souveraines, qui se résume en fait aux dettes contractées par les Etats européens auprès de puissances extra-européennes, Chine en tête, est cependant en train de déstabiliser l’économie de la zone € et par extension de l’Europe toute entière. L’ancien président Boris Tadic paye ainsi un bilan économique désastreux, qui n’a pas pu être compensé par la promesse d’une adhésion future à l’Union Européenne, au profit de son éternel adversaire, le post-nationaliste Tomislav Nikolic. Et de même, tous les gouvernements sortants sont les uns après les autres sanctionnés. La défaite de Nicolas Sarkozy en France, les sondages médiocres en faveur des conservateurs britanniques ou la coalition CDU/CSU/FDP outre-rhin, l’illustrent remarquablement.
De nombreux dirigeants, dont le nouveau président François Hollande, ont dû reconnaître que des plans d’exclusion de la Grèce de la zone euro étaient à l’étude. Cette perspective, contraire d’ailleurs aux traités communautaires en exercice qui ne prévoient pas de retrait forcé de cette zone, déclencherait de toute évidence un effet domino, le Portugal et l’Espagne étant alors immédiatement attaqués à leur tour. L’euro n’y survivrait pas et probablement ce semblant d’Europe politique en gestation qu’on appelle Union Européenne. Les souverainistes, ennemis de toute Europe politique, pourraient se réjouir d’une telle perspective, même si le coût humain pour les européens serait terrible, ce qui prouve bien qu’aux yeux des souverainistes, le sort de leur peuple n’est pas important par rapport à leurs lubies nationalitaires, meilleures alliées des USA. Un véritable européen, attaché à défendre les intérêts de son peuple, même celui opposé à l’origine à la mise en place de l’€ en l’absence d’Europe politique, devrait naturellement prendre la défense de l’euro contre cette agression dissimulée contre les Européens.
Les véritables européistes que nous sommes, à rebours des égoïsmes nationaux stériles, mais aussi des délires mondialistes dont Mme Lagarde nous a donnés ce week-end quelques exemples, ne peuvent que prendre la défense de la Grèce, et telle l’alliance antique entre Sparte et Athènes contre les appétits du grand roi, exprimer leur solidarité de combat à l’égard de ces Européens que le serpent financier veut prendre à la gorge. Bien sûr, les dirigeants grecs, PASOK ou ND, ont menti aussi bien à leur peuple qu’à leurs partenaires européens, même si ces derniers le savaient pertinemment et ont laissé faire, mais ce n’est pas une raison pour que les Grecs subissent une régression sociale dans tous les domaines comme aujourd’hui. Certes l’aide venant des autres Européens doit être conditionnée à des réformes structurelles en profondeur, mais par une mise en place progressive, équitable et humaine. Et on voit bien que l’Etat grec en est incapable.
Il faudrait donc clairement le mettre sous tutelle, mettant fin à sa souveraineté nationale, sans pour autant remettre en cause les principes de la démocratie. Il n’y a qu’une seule possibilité de le faire, c’est que rapidement se crée un Etat européen, mettant la dette vis-à-vis des pays extra-européens en commun afin de la renégocier au plus haut niveau et un principe de convergence en matière de dépenses publiques. Il serait par exemple interdit d’embaucher de nouveaux fonctionnaires, exit alors le projet d’Hollande de recruter 60.000 enseignants supplémentaires, de financer l’immigration clandestine par des aides sociales, et de mettre fin à différentes situations d’assistanat abusif, particulièrement intolérable en période de crise. Dans le cas grec, il n’est pas normal, et sur ce point Jean-Luc Mélenchon a raison, que les armateurs grecs et l’église orthodoxe ne contribuent pas de manière significative à renflouer les caisses de l’Etat, plutôt que ne faire porter les efforts que sur l’homme du peuple (uomo qualunque en italien), au prix d’insupportables sacrifices.
Lorsque Wolfgang Schaüble propose l’élection d’un président européen au suffrage universel, proposition qui était celle de François Bayrou lors des élections présidentielles, nous lui rétorquerons qu’un président sans pouvoir, même élu au suffrage universel, n’est qu’un pantin, et qu’il faut bâtir une véritable Europe politique, qui ne se limitera pas à un président, mais qui aura l’ensemble des pouvoirs et des caractéristiques d’un Etat souverain. Cela veut dire assemblée européenne, cela veut dire armée européenne, cela veut dire budget européen. Et c’est ainsi que nous sauverons la Grèce et que nous sauverons l’Europe.
Au cœur de ce désastre, et de ce drame humain, les déclarations récentes de Mme Lagarde ont mis de l’huile sur le feu, alors que les Grecs vont voter à nouveau le 17 juin. Et pourtant, Mélenchon et Tsirpas n’ont aucune raison de la critiquer, puisqu’elle n’a fait qu’énoncer à haute voix l’idéologie mondialiste. Et selon cette dernière, indéniablement, le sort des enfants grecs est meilleur que celui des enfants nigériens. Ce n’est donc pas Christine Lagarde qu’il faut critiquer, car elle sert un système dont elle n’est qu’une des représentantes, mais c’est sa fonction qu’il faut dénoncer, et c’est l’organisation qui l’emploie. Or Jean-Luc Mélenchon n’est-il pas un alter-mondialiste, c’est-à-dire un mondialiste, donc un partisan d’organisations internationales sans légitimité démocratique ? Et ne préfère-t-il pas le travailleur immigré clandestin à un ouvrier français et/ou européen qui aurait le tort de critiquer l’immigration ? Quant à François Bayrou, sa réaction est parfaitement légitime et adaptée à la situation, à savoir que ce n’est pas acceptable de s’attaquer à un peuple tout entier, première victime après tout de ses gouvernements. Et de toute façon, Christine Lagarde aurait dû faire passer les intérêts de l’Europe et des Européens avant toute chose. Un européiste authentique n’aurait de toute façon jamais accepté de faire partie d’une organisation europhobe par sa nature même.
Tout cela démontre qu’en définitive le salut de l’Europe passe notamment par la remise en question de l’existence même d’organisations comme le FMI. D’ailleurs, dans la crise grecque, il n’était pas acceptable que le FMI s’en mêle, le problème devant être traité et réglé entre européens. En revanche, quand la Russie manifeste son inquiétude, elle est dans son rôle, car elle exprime sa solidarité européenne naturelle. Il faudrait d’ailleurs l’associer aux travaux en vue de sauver l’euro et de remédier au drame hellène, alors qu’en revanche aucune leçon ne devrait être admise de la part du voisin atlantique qui, en matière de déficit public, est en situation bien plus problématique que la notre, mais qui bénéficie d’un poids diplomatique sans commune mesure d’avec celui d’une Europe apolitique divisée en 27 états souverains.
Bien sûr, Christine Lagarde a fait preuve en la matière d’incompétence, car son propos était inutilement vexatoire et qui plus est perturbant à quinze jours d’une élection législative cruciale en Grèce, et aussi de déloyauté vis-à-vis d’une Europe à laquelle elle doit tout, son corps et son âme, et aussi sa fonction actuelle. Elle préfère défendre l’idéologie mondialiste, dont sa fonction au FMI est le symbole, que sa patrie. Et c’est en ce sens et en ce sens seulement qu’elle devrait démissionner. Parce qu’un européen doit être au service de l’Europe et d’elle seule, et ne faire preuve d’aucune allégeance envers un « machin ».
Sauver la Grèce, et l’Europe avec elle, ce n’est certes pas mentir aux citoyens grecs en leur promettant des lendemains qui chantent, le beurre et l’argent du beurre, comme le fait Alexis Tsirpas en Grèce (Syriza), l’€ sans la rigueur, mais écouter leur souffrance et leur apporter de vraies solutions. Ce n’est possible que si l’Europe politique, l’Europe souveraine, voie enfin le jour, même si elle doit s’établir sur la disparition totale des souverainetés nationales et l’ostracisme de toute la classe politique « européenne » actuelle. Et par ailleurs, il est possible en Europe de réduire les dépenses budgétaires sans que cela ne porte préjudice au portefeuille des citoyens. Or les Etats dépensent l’argent public au service d’intérêts qui ne sont pas les nôtres. On demande aux Grecs de rembourser jusqu’au dernier euro, mais on annule les dettes colossales des pays africains et on vend des pans entiers de notre économie à la Chine ou au Qatar, ou on finance l’état palestinien à perte. L’argent des travailleurs européens ? Pour les Européens !
L’Europe politique devient de plus en plus urgente. Elle ne naîtra pas avec un Hollande ou une Merkel aux affaires. Et ce n’est pas la croissance artificielle par la consommation, relancée par de nouveaux déficits, ni la rigueur extrême prônée par la chancelière allemande, qui nous sortiront du gouffre.
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
17:44 Publié dans Analyses, Editoriaux, Elections en Europe, Institutions européennes, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fmi, lagarde, tsirpas, europe, crise grecque, dettes souveraines, euro, thomas ferrier, psune |
08/05/2012
Bilan des élections présidentielles 2012 (conclusion).
Certains camarades se sont étonnés que le PSUNE, que je représente, n’ait pas pris position pendant ces élections. C’est l’heure de m’en expliquer. En premier lieu, nous n’avons rien à attendre en positif d’une élection présidentielle. Sur ce seul point, je partage l’avis des souverainistes, à savoir que le président français n’est plus que le gouverneur d’une province. Mais cela n’est pas tant dû à l’Union Européenne qu’au fait que la France seule n’a aucun moyen de se faire entendre à moins de disposer du soutien de ses partenaires. La France n’a plus les moyens de ses ambitions, et ce même si François Hollande affirme, par une sorte de chauvinisme très mal à propos, que la France n’est pas n’importe quel pays, qu’il y a un rêve français universel, et que les valeurs de la république ont vocation à s’étendre au monde entier. Idée funeste, responsable de toutes les colonisations et de tous les échecs, idée folle dont on paye aujourd’hui tous les jours les conséquences.
Il faudrait constitutionnaliser le principe que « la France est un pays européen », un pays comme les autres, ni meilleur ni pire, et dont l’avenir passe par l’émergence d’une Europe puissante, sociale et surtout vraiment européenne. Le PS incarne, même si en paroles il se proclame pro-européen, dans ses positions politiques même, l’Anti-Europe. Il est en ce sens le meilleur allié des souverainistes. Et aussi détestable soit la politique de la CDU de Merkel, cette dernière représente malgré tout l’Europe.
C’est en bâtissant une véritable Europe unitaire, plus ou moins fédérale, que le salut viendra. Aucun des candidats de cette élection n’a compris l’Europe, même si Sarkozy fut sans doute, et de fait, le moins anti-européen des candidats. Quand la caricature du Monde le présente en train de discuter avec Marine Le Pen, il oppose à sa préférence nationale une préférence européenne, le « buy european act ». Et il souhaite réformer Schengen pour que les frontières de l’Europe soient bien gardées, ce que tout véritable européen devrait souhaiter. On voit actuellement en Grèce avec le rejet de l’immigration extra-européenne, matérialisé par les 7% obtenus par un parti extrémiste, ce qu’il en coûte de nier la réalité des problèmes.
En second lieu, je ne souhaitais pas que le parti soit impacté par cette élection. En notre sein, chacun peut avoir des opinions différentes, même si nous avons tous un objectif commun, et il ne me semblait pas opportun de nous diviser là où il n’y a pas pour nous d’enjeu. Il allait naturellement de soi qu’on ne pouvait cautionner ni le discours europhobe de Marine Le Pen, ni la démagogie « antifasciste » de Jean-Luc Mélenchon. Bayrou par son « Achetons français » avait prouvé qu’il n’était européiste que de façade. De toute façon, son obsession présidentielle passe clairement chez lui avant l’enjeu européen. Le PSUNE toutefois, mouvement au sens fort républicain, ne pouvait pas en revanche appeler à l’abstention. Le choix ne pouvait donc être qu’entre le vote blanc, vote de conviction, et le vote Sarkozy, vote stratégique destiné à choisir le moindre mal pour empêcher un mal plus grand encore. Car, en tant que socialiste européen, j’ai honte de ce que la « gauche » est devenue depuis des décennies. Je préfère l’adversaire qui ne se cache pas que le faux ami qui, prétendant faire mon bien, n’a fait que mon malheur.
En Europe, nous avons une tâche immense à accomplir. Refonder la gauche sur ses vraies valeurs, à savoir la défense de l’européanité en même temps que des travailleurs de notre peuple (européen). Rejeter le libertarisme, volet moral du libéralisme économique. Rejeter les communautarismes, les individualismes, au nom de l’intérêt général, ce qui est cela « être républicain ». Tous se disent « républicains », mais aucun ne l’est dans les faits. Les politiciens restent dans les querelles de clocher, se disputent sur la couleur du mur, mais l’intérêt de tous les français, de tous les européens, passe après. Le FN contribue à l’élection de Hollande parce qu’il préfère l’intérêt du parti à l’intérêt de la France. Le PS soutient l’immigration parce qu’elle y puise un nouvel électorat, au détriment de l’intérêt de la France (et pour le PSE, de l’Europe), alors que c’est une mesure anti-sociale par excellence. Aucun socialiste authentique ne pourrait être favorable à l’immigration de travail, qui pèse sur les salaires et qui est insupportable en période de fort chômage.
L’Europe sera socialiste ou ne sera pas, mais l’Europe sera européenne ou ne sera plus, et avant d’être socialiste, avant d’être républicain, je suis d’abord et avant tout un européen, au service de tous mes compatriotes, solidaire avec eux car tous frères nés d’un même sang ! Et en tant qu’européen, sans avoir la moindre complaisance pour le président sortant, je me suis senti ce dimanche soir comme Juvénal face à la décadence de Rome. Parce que, derrière Sarkozy, ce représentant de la droite libérale et conservatrice dont je combats au plus profond de mon cœur l’idéologie, il y avait l’Europe. Et parce que, derrière Hollande, même si le nouveau président me paraît un homme honnête et sympathique, ce n’était pas l’Europe. On ne choisit sans doute pas ses alliés, et sans eux Hollande aurait perdu ce dimanche. Mais être républicain, c’est choisir de perdre au nom de l’intérêt général plutôt que de gagner au détriment de celui-ci.
Et la France a perdu quelque chose ce 6 mai 2012.
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
15:33 Publié dans Analyses, Présidentielles 2022, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : thomas ferrier, psune, élections présidentielles 2012, consignes de vote |
09/04/2012
La Hellfest sous le feu de la critique chrétienne
Comme chaque année, ce festival français de musique metal est attaqué par des organisations manifestement chrétiennes, comme le collectif « Provocs Hellfest, ça suffit ». Par le passé, j’avais déjà réagi à ce sujet, expliquant qu’il ne fallait pas confondre par exemple Pagan metal et « Satanic » metal. Il y a plusieurs années, j’avais en outre écrit « sur la toile » un article de fond dénonçant explicitement le satanisme.
Toutefois, je ne suis pas dupe des manœuvres qui se cachent derrière des appels à censure qui cachent leur nom. Je n’ai aucune envie de défendre des groupes musicaux provocateurs, même si je leur reconnais le droit à l’expression, dans la mesure où aucun préjudice n’est à déplorer. Or, à ma connaissance, aucun chrétien n’est obligé d’assister à ce festival, n’est obligé de se procurer les CD des groupes qui vont y jouer. On pourrait certes me rétorquer que ce festival reçoit des financements publics et que les chrétiens n’ont pas envie de le payer dans leurs impôts, ce qui est compréhensible. Mais les païens payent bien, comme tous les citoyens responsables, leurs impôts, qui servent aussi à financer la réfection des églises.
Au moment où j’écris ces lignes, je suis d’ailleurs en train d’écouter l’excellent album Helvetios du groupe suisse de pagan metal Eluveitie, album portant sur le récit de la Guerre des Gaules et écrit en collaboration avec des historiens. Il symbolise bien toutes les qualités artistiques et intellectuelles de ce courant musical original. Il n’y a pas un mot sur le christianisme, ni en positif ni en négatif, dans cet opus. C’est pourquoi je ne peux que déplorer et dénoncer les amalgames.
Si je boycotte personnellement les groupes d’inspiration satane, qui musicalement me paraissent en outre assez pauvres, je sais aussi que les amalgames ont lieu dans tous les sens. Ainsi, sur le site du collectif chrétien, le 24 mars 2012, je découvre un article attaquant le paganisme et le reliant explicitement à la Nouvelle Droite et au GRECE d’Alain de Benoist (écrit chez eux Benoît). On comprend bien la manœuvre, qui relève d’une double reductio ad hitlerum. On fascise le GRECE, qui sert ensuite à fasciser le paganisme. Or les groupes païens n’attaquent jamais le christianisme, ou alors se limitent à dénoncer les effets objectivement désastreux de la christianisation du continent. Le récapitulatif des destructions dues au christianisme sous l’empire romain est fourni par l’historien grec Vlassis Rassias dans son ouvrage de 2000 intitulé « Ες Έδαφος Φέρειν… » (mot à mot « détruisez les… »).
L’auteur chrétien de cet article relie donc le paganisme à la Nouvelle Droite, et s’il est vrai que ce courant de pensée a jadis fait promotion d’un paganisme intellectualisé, il n’est absolument pas lié au courant de paganisme reconstructionniste qui émerge depuis plusieurs décennies, reconnu comme religion dans plusieurs pays européens, à commencer par l’Islande en 1973, date de la reconnaissance par les autorités du paganisme germano-scandinave reconstitué, Asatru (« foi envers les dieux Ases »). Je rappelle qu’il y a quelques années Benoist lui-même avait déclaré qu’il était ridicule « de croire en Jupiter ». L’auteur évoque ensuite la revue du GRECE, Eléments, pour n’en retenir que la promotion supposée du dieu Cronos – ce qui ne repose objectivement sur rien – et des allusions à Drieu La Rochelle et à Gripari.
Tant que ces pétitionnaires dénonçaient une atteinte à leur foi, ils étaient cohérents. Désormais, ils chassent aussi l’islamophobie, ce qui est nouveau. Et surtout, ils dévoilent désormais leurs objectifs, en s’en prenant aux païens. Pour dénoncer les excès de la Hellfest, il ne faut pas être juge et partie. Et sous couvert de les critiquer à juste titre, ils en profitent pour régler leurs comptes avec les païens. Cela invalide il me semble l’ensemble de leur démarche.
Thomas Ferrier (PSUNE)
13:03 Publié dans Analyses, Dépêches, Histoire, Religion | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : hellfest, provocs hellfest ça suffit, paganisme, christianisme, thomas ferrier, psune, eluveitie, helvetios |
La Colère des Titans ou l’athéisme militant
La suite du Choc des Titans était attendue ; malheureusement, le changement de réalisateur a modifié en profondeur de nombreux aspects du premier film, au point tel que la jonction entre les deux n’est pas des plus aisées, et en premier lieu, la vision donnée des dieux olympiens n’est plus du tout la même.
Dans le premier film, à l’exception des scènes coupées où les dieux sont omniprésents, les olympiens en armures divines apparaissent inspirées en partie de l’univers de Saint Seiya, mais leur divinité n’est en aucune manière niée, même si leur puissance semble dépendre de la foi des mortels à leur égard. Dans le second film, la plupart des dieux ont disparu ou sont déchus. Et surtout l’étrange principe de dieux mortels est affirmé. Cela va même beaucoup plus loin. Si les mortels ont une âme immortelle, les dieux n’auraient qu’une âme éphémère. Une fois morts, ils disparaissent purement et simplement. Or, dans la religion grecque, c’est la mortalité et uniquement elle qui distingue dieux et hommes, les dieux étant éternellement jeunes, et de corps comme d’âme, immortels. Non seulement les dieux peuvent vieillir et s’affaiblir, mais dans le film ils meurent et se transforment en poussière.
La négation de la divinité des dieux est la principale caractéristique d’un film qui est réussi sur un plan graphique, et aussi sur l’utilisation de la 3D, et qui offre de belles scènes d’action. Revenons sur les principaux aspects de ce thème dans le film. En premier lieu, Zeus est trahi par son propre fils, Arès, le dieu de la guerre, trahison qui ne s’explique pas par la nature même du dieu mais par le fait qu’il est un fils mal aimé, jaloux de l’amour qu’a Zeus pour son autre fils, le héros Persée. Des autres fils de Zeus il n’est plus fait question, ni d’Apollon ni d’Athéna, que l’on voit dans le premier film. Il est également trahi par son frère Hadès, qui se venge ainsi de s’être vu reléguer aux enfers, ceux-ci étant d’ailleurs d’esprit fort chrétien, à la fois sombres et rougeoyant de lave incandescente. L’objectif des deux comploteurs est de libérer Cronos, père de Zeus, d’Hadès et de Poséidon. Il faudrait d’ailleurs m’expliquer comment une forme de géant de lave a pu donner naissance à des dieux anthropomorphes ayant la même taille et apparence que les mortels.
Au final, Arès est tué par Persée en combat singulier, et Zeus et Hadès combattent ensemble leur père une dernière fois, même si c’est là encore Persée muni d’un trident de combat synthétisant les trois sceptres des trois dieux principaux (Zeus, Hadès et Poséidon), idée tout à fait originale d’ailleurs. Héphaïstos quant à lui apparaît comme un vieillard un peu fou mais courageux, tué au final par Arès. Les dieux apparaissent donc davantage comme de puissants êtres, mais fondamentalement mortels, rappelant ainsi l’évhémérisme antique, ce courant de pensée repris par les chrétiens et présentant les dieux comme des anciens rois et héros divinisés. C’est la vision exactement contraire de celle du film « Les immortels », où les héros rejoignent les dieux en accédant ainsi à l’immortalité par le fait de mourir au combat. Le directeur de la Colère, Jonathan Liebesman, n’a pas choisi d’adopter la même approche que celui des Immortels, l’indien Tarsem Singh. Le fait que ce dernier soit un indien, certes sikh, a certainement joué de manière déterminante dans la vision qu’il offre des dieux, dont la divinité n’est pas remise en question.
A la fin du film, le père (Zeus) et le fils (Persée) se réconcilient avant que le dieu suprême ne meure dans ses bras. De mémoire, c’est la première fois dans un film que le dieu du ciel meure. Il y a toutefois une allusion christique qui est faite à plusieurs reprises. Au début du film, Zeus est ainsi attaché à une forme d’arbre au cœur du Tartare et voit ses forces littéralement absorbées par Cronos. L’image rappelle étrangement la crucifixion. En outre, à plusieurs reprises, Zeus apparaît comme un vieillard à la barbe blanche, image classique qu’on utilise pour représenter Dieu dans la tradition chrétienne, à rebours du premier film où il apparaît sous une forme majestueuse.
La Colère des Titans se révèle donc un film profondément athée et dans lequel le héros agit sans noblesse et en ne s’affirmant tel qu’à l’extrême fin, où il accepte enfin son destin. Il paraît vraiment de plus en plus difficile aux Etats-Unis de proposer un film, ou une série télévisée, dans lequel on prend les dieux vraiment au sérieux, et on les présente conformément à leur nature telle que présentée dans la tradition gréco-romaine, ou même germano-scandinave. Le film de Leterrier n’était pas tombé dans ses travers, mais les annonçait par ce lien fait entre la foi des mortels et la puissance des dieux. Liebesman pousse le raisonnement jusqu’au bout, les mortels n’ayant plus besoin des dieux. Le seul cas de prière, une femme priant Arès de la secourir, n’est d’ailleurs pas récompensé, puisque Arès intervient mais dans le sens exactement contraire, exécutant cette fidèle de son épée. Ceci dit, l’image selon laquelle prier une divinité lui permet de venir à vous immédiatement et en personne est assez innovante.
Il faut enfin souligner que dans la vision donnée des dieux olympiens, le film original « La Colère des Titans », avec notamment Ursula Andress dans le rôle d’Aphrodite et Laurence Olivier dans celui de Zeus, restait conforme à la tradition antique quant à la vision qu’il proposait des dieux. On aurait pu moderniser cette image sans pour autant remettre en question le caractère divin des Olympiens. Il est dommage qu’en la matière il y ait eu régression. De tous les péplums modernes, Gladiator reste un film inégalé, par les manifestations de piété religieuse de base qui s’y trouvent. La scène où le chef des gladiateurs prie Mars en touchant le pied d’une statue du dieu en l’appelant « vieux camarade » est mémorable. Maximus honorant les dieux lares, c'est-à-dire ses ancêtres morts, à plusieurs reprises, en est une autre. Dans la version originelle, Scott avait su également ne pas du tout évoquer le christianisme. Dans la version longue en revanche, les poncifs classiques sur les persécutions réapparaissent, avec notamment une scène coupée puis réintroduite où un enfant chrétien est dévoré par un lion. Il est plus que probable que Scott ait au final voulu céder au lobby chrétien.
Thomas Ferrier (PSUNE)
12:14 Publié dans Analyses, Cinéma, Histoire, Religion | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : la colère des titans, liebesman, leterrier, singh, zeus, arès, persée, le choc des titans, thomas ferrier, psune |
Un parlement européen à la démarche totalitaire ?
Je me suis très souvent élevé contre cette comparaison aberrante à laquelle procèdent les souverainistes et autres europhobes consistant à mettre en parallèle l’Union Européenne et l’Union Soviétique. Mais lorsque malheureusement certains parlementaires européens cherchent à tout prix, par leurs actions, à leur donner raison, alimentant ainsi la mauvaise réputation d’une pourtant vénérable institution, il faut aussi le dénoncer. Et c’est en l’occurrence le cas concernant les subventions accordées aux partis européens.
Rappelons les données générales. Par la faute des Etats, la notion d’association européenne à caractère politique, donc de parti politique européen, n’existe pas. Elle aurait pourtant le mérite de donner vraiment à l’Europe une dimension politique dans l’opinion publique continentale. En son absence, la notion la plus proche est celle d’une coalition de partis politiques de différents pays d’Europe, comme c’est le cas par exemple du PPE (« Parti populaire européen ») ou du PSE (« Parti socialiste européen »), qui coalisent les partis conservateurs et les partis sociaux-démocrates. Dans ce cadre, Bruno Gollnisch (FN) est parvenu à coaliser au moins sept partis politiques nationalistes dans le cadre d’une AEMN (« Alliance européenne des mouvements nationaux »), et a donc obtenu conformément aux règles en vigueur une subvention de l’Union Européenne.
Quoi qu’on puisse penser de cet homme politique et du rassemblement de mouvements pour la plupart résolument eurosceptiques si pas totalement europhobes, opposants donc aux institutions dont ils bénéficient des fonds, à partir du moment où une formation respecte les règles en vigueur lui accordant cette subvention, elle est de droit. Or, une majorité de parlementaires européens a voté un texte dénonçant cet état de fait, au motif qu’il ne faudrait accorder de subvention qu’à des partis qui, je cite, « respectent les principes fondateurs de l’Union ainsi que la charte des droits fondamentaux », et demande une révision de fait rétroactive des statuts.
C’est là que nous tombons bel et bien dans une forme de totalitarisme, car pour être un « parti politique » européen reconnu, c'est-à-dire une alliance de partis (pour être précis), il faudrait respecter une idéologie d’état et des tables de la loi. Ce n’est pas seulement un état totalitaire en gestation, mais aussi une théocratie. Rappelons en premier lieu que la Pologne et le Royaume-Uni ont obtenu concernant la charte des droits fondamentaux une clause d’exemption, ce qui nuance fortement la valeur du dit texte. La Pologne notamment craignait qu’on lui impose par ce biais d’autoriser l’avortement. Un parti politique doit pouvoir, librement, contester une « vérité politique établie », considérer que les valeurs dominantes actuelles ne sont pas les bonnes, et souhaiter réorienter l’Union Européenne dans une autre direction que celle qu’elle prend actuellement. Si on ne se reconnaît pas dans tout ou partie des principes fondateurs de l’Union, si on considère que la charte des droits fondamentaux n’est pas satisfaisante ou que le principe même d’une telle charte est contestable du point de vue de la démocratie et de la liberté d’opinion, on doit pouvoir le faire.
Tout cela est déplorable. Là encore, les institutions européennes sont confrontées à des stratégies habiles de la part des droites nationales-populistes qui savent « jouer le jeu ». Et au lieu d’y répondre en se montrant plus démocrates qu’elles, elles tombent dans le même excès, à savoir l’intolérance. Ce faisant, elles donnent raison aux eurosceptiques qui dénoncent le déficit démocratique de l’Union Européenne. Il y aurait pourtant une autre réponse à apporter, c’est d’enfin autoriser le principe de véritables partis européens, déclarés en tant que tels au niveau de l’Union, et seuls habilités à obtenir des subventions européennes aux prorata de leurs résultats électoraux. Il est évident que les mouvements europhobes auraient été incapables de se dissoudre au profit d’un mouvement unique, leur souverainisme leur interdisant de mettre en place une « droite euro-populiste ».
Le PSUNE, en tant que parti européen par ses objectifs et ses idées, mais pas au niveau de son statut juridique, pour les raisons évoquées précédemment, demande au parlement européen de revoir rapidement sa copie, et souhaite que les états membres de l’Union Européenne mettent en place le statut d’association européenne, et par ce biais de parti politique européen. A terme, ce sont ces partis là qui devraient se présenter aux élections européennes, mais aussi aux élections nationales. Sarkozy n’aurait plus besoin de se justifier lorsqu’il appelle Merkel à son aide, puisque celle-ci ferait partie de la même formation politique que lui.
Dotons enfin l’Europe d’authentiques partis européens qui devront s’opposer réellement, au lieu de négocier en catimini dans l’enceinte du parlement de Strasbourg les bonnes places ; mettons fin à ce système de présidence tournante du parlement européen (deux ans et demi le PPE, deux ans et demi le PSE), et faisons enfin rentrer au parlement européen une véritable opposition politique, résolument européiste, au lieu de voir s’affronter nationalistes et mondialistes dans une arène sans pouvoir législatif, l’initiative des lois venant de la commission européenne, qui n’a rien de démocratique.
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
11:26 Publié dans Analyses, Editoriaux, Institutions européennes, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : parlement européen, aemn, totalitarisme, ppe, pse, psune, thomas ferrier |
01/04/2012
L’ « initiative européenne citoyenne » (ICE), une fausse bonne idée
Comment remédier au déficit démocratique de l’Union Européenne, principal axe d’ailleurs, et seul vraiment efficace, de la dénonciation eurosceptique ? Le traité de Lisbonne introduit une nouvelle disposition, applicable dès aujourd’hui, à savoir l’initiative européenne citoyenne qui permet aux citoyens de l’UE de disposer d’un droit de pétition, afin de faire remonter une problématique au niveau des institutions. Hélas, dans une Union Européenne qui n’est ni une nation, ni une république, à la différence de la Suisse, ce dispositif n’a véritablement aucun sens.
En premier lieu, même si l’initiative a obtenu le nombre de signatures requises, elle ne donne lieu à un débat qu’à la condition que la commission de Bruxelles considère la question comme légale puis comme légitime. En premier lieu, il existera une procédure d’enregistrement de l’initiative, ce qui constituera un premier sas. De l’aveu même de ses promoteurs, tout ce qui ne rentrera pas dans les compétences de l’UE telles que définies par les traités sera rejeté. De même, toute disposition qui voudra s’opposer à l’idéologie dominante, par exemple en vue de restaurer la peine de mort, de s’opposer au laxisme migratoire, de relancer la natalité européenne par exemple, sera également rejetée, au motif de non-respect de la Charte des Droits Fondamentaux par exemple ou de toute autre disposition contenue dans un traité.
Quel peut être le sens d’une « initiative citoyenne » qui n’a aucun droit de remettre quoi que ce soit de pré-établi en cause ? En clair, on pourra proposer par exemple une ICE pour légaliser le mariage gay ou régulariser les clandestins, mais pas une ICE en sens contraire. Et surtout, une initiative souhaitant engager l’UE dans un autre chemin que celui défini par les traités actuels sera neutralisée. Les citoyens de l’UE pourront faire une pétition qui ou bien ira dans le sens du vent, et ne servira donc à rien, ou ira à rebours et finira dans la déchetterie de Bruxelles.
La vraie innovation aurait été le référendum européen d’initiative populaire, nécessitant de récolter un million de signataires, référendum contraignant que des institutions non démocratiques ne pourraient pas empêcher. Ce référendum reposera sur le principe d’une liberté totale d’opinion et d’expression, dont les institutions actuelles de l’UE prétendent être défenseurs alors qu’elles le bafouent constamment. Tout ce qui a pu être décidé doit pouvoir être annulé. Toute erreur doit pouvoir être corrigée à tout moment et ce par l’assentiment populaire.
Moralité : il n’y a qu’une seule façon de mettre en place une véritable démocratie européenne, un pouvoir réel de contrôle des institutions par les citoyens, c’est d’instaurer la République Européenne, de mettre fin au pouvoir exorbitant de la commission, des deux conseils représentant les Etats, et des Etats eux-mêmes, qui en matière de démocratie ne peuvent d’ailleurs pas donner de leçons à l’UE. Il suffit de songer au mode de fonctionnement des institutions françaises, et notamment au mode de scrutin en vigueur aux élections présidentielles et législatives. Ce carcan juridique, ce totalitarisme nouveau d’un droit devenu fou, est le principal ennemi de la démocratie et un argument offert aux europhobes de tous poils.
Il ne faut pas opposer une prétendue démocratie des Etats membres avec une prétendue oligarchie bruxelloise. Ce sont en vérité les deux faces de la même pièce. L’ICE est une tromperie sur la marchandise, une ouverture « démocratique » qui cache une démarche liberticide, une façon de faire croire aux gens qu’ils auront du pouvoir alors qu’on les dupe sciemment. Il y a pire que l’absence explicite de démocratie, c’est de faire croire aux citoyens qu’ils sont en démocratie. Le meilleur esclave est celui qui ne sait pas qu’il l’est. Contre ces ersatz de pseudo-démocratie, opposons leur un projet démocratique européen de grande envergure. A l’Union Européenne des ventres mous et des pieds tendres, opposons leur la République Européenne, union européenne en mode fédéral et unitaire, l’Europe des Européens, par le peuple, pour le peuple.
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
16:40 Publié dans Analyses, Editoriaux, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : initiative citoyenne européenne, commission de bruxelles, thomas ferrier, psune, 1er avril 2012 |
Elections présidentielles 2012 : état de la situation à trois semaines du premier tour
En janvier 2012, Marine Le Pen se situait dans ce sondage aux alentours de 21,5% en moyenne au premier tour, ce qui faisait dire à la candidate sa certitude d’être au second tour. Si les sondages sont erronés, alors ils le sont dans tous les cas de figure, et pas seulement quand ils sont en défaveur d’un candidat. Cette semaine, elle se trouvait entre 16 et 16,5% selon les jours, ce qui constitue une baisse de près de cinq points en trois mois. Entre temps, la campagne a commencé, et la stratégie entreprise par Marine Le Pen dans le cadre de sa politique dite de « dédiabolisation » commence à montrer ses limites. Dans le sondage LH2 d’avril 2012, Marine Le Pen tombe même à 13,5%, score pronostiquée le 20 mars par CSA, avant qu’elle ne remonte dans le sondage CSA suivant (Vague 20) à 15%. Harris Interactive lui pronostiquait cette semaine un score de 16%. Enfin, dans le sondage BVA du mois de mars, Marine Le Pen n’est créditée que de 13% des intentions de vote. Malgré et peut-être même à cause des évènements de Toulouse, sa cote est désormais fortement dévaluée.
Dans le même temps, Jean-Luc Mélenchon progresse nettement dans tous les sondages. Il atteint désormais 15% des intentions de vote dans le sondage LH2 du 1er avril 2012, 14% dans le dernier sondage BVA, 14% puis 13,5% chez IFOP jeudi et vendredi derniers, 12,5% seulement chez CSA (contre 13% une semaine auparavant). Cette progression d’environ quatre points résulte d’une excellente campagne, très à gauche, du candidat du Front de Gauche. Alors que des pans entiers de son programme devraient faire fuir les électeurs populaires, en raison d’une démarche libertaire, défendue notamment par Clémentine Autain pour qui, la première mesure n’est pas d’ordre économique, pour combattre le chômage ou la précarité, mais le mariage gay, en complet décalage des aspirations des électeurs les plus modestes, le meeting de Bastille du 18 mars, à forte coloration symbolique, a été très efficace. Il faut dire que dans le même temps Marine Le Pen a déboussolé son électorat ouvrier par un discours incohérent sur les problématiques migratoires. Le « lepénisme de gauche » lorsqu’il se réduit à un discours socialisant ne tient pas longtemps face au « mélenchonisme » d’un homme politique crédible sur son terrain naturel.
Expliquer le recul de Marine Le Pen et parallèlement la montée de Jean-Luc Mélenchon n’est pas chose facile. On peut en premier lieu considérer que la candidate du FN est attaquée sur ses deux fronts, d’une part par Nicolas Sarkozy qui a repris à son compte un discours plus dur sur l’immigration, et surtout plus ethnicisant, d’autre part sur le terrain social par le candidat de la « gauche » radicale, au détriment également des deux candidats trotskystes, réduits à peau de chagrin (entre 0% et 1% chacun dans les sondages pour Arthaud et Poutou), et de la candidate « pastèque » Eva Joly. Il faudrait donc à la candidate du FN mettre en œuvre une double contre-offensive, à savoir être plus socialiste que Mélenchon et en même temps plus dure sur la question de l’immigration extra-européenne que Sarkozy, ce qui ne serait tout de même peu difficile. Lors des évènements de Toulouse, la modération de Marine Le Pen l’a desservie. Ses appels à l’aide des « français musulmans » contre le « fascisme vert » sont incompréhensibles aux yeux d’un électorat populaire de souche européenne excédé. Sa promesse d’appliquer la « priorité nationale » en faveur des français d’origine immigrée ne lui apporte aucun crédit au sein des populations concernées, mais en revanche là encore la dessert vis-à-vis de l’électorat populaire. En se défendant, certes à juste titre, de prôner une « priorité ethnique » aux indigènes, elle n’a pas compris que son électorat souhaitait en vérité une telle politique.
Sa volonté de dédiabolisation, qui aurait pu se limiter à arrêter tout excès de langage et à se démarquer des positions idéologiques de la vieille extrême-droite, tout en restant dure sur son fond de commerce, rappelle les égarements d’Argenteuil de son père en 2007. En reproduisant les mêmes erreurs qu’en 2007, en abandonnant son électorat naturel aux habiles conseillers sarkozystes, comme l’a théorisé Patrick Buisson, elle fait une campagne à contre courant de ce que souhaitent ses électeurs traditionnels. Ce n’est pas sa campagne « à gauche » en matière économique qui lui nuit, bien au contraire, mais d’abord sa confusion sur les problématiques migratoires, et surtout son europhobie quotidienne, liée d’ailleurs « paradoxalement » au thème précédent. C’est bien parce qu’elle se refuse à opposer européens et non-européens, qu’elle ne voit l’Europe que comme un mal insupportable, qu’elle ne parle même plus de la question de l’adhésion turque, que Sarkozy devrait relancer d’ailleurs, qu’elle baisse sensiblement dans les sondages. Une analyse de la French Politics de Londres propose une prospective intéressante à ce sujet. Selon eux, Marine Le Pen devrait faire environ entre 15 et 17% des voix, avec une forte probabilité à 15%. Pour eux, cela signerait une « sous-performance » et donc la manifestation d’un « échec patent de la stratégie personnelle de Marine Le Pen (pour) dédiaboliser le parti ». Cette hypothèse n’est pas à exclure. Jean-Marie Le Pen n’avait-il pas prédit qu’un « Front gentil » n’intéresserait personne ?
Mélenchon, lui, n’est pas « gentil », au point d’en inquiéter la patronne du MEDEF, Laurence Parisot, qui le compare à un révolutionnaire de la Terreur (1793). C’est sans doute à ses yeux le plus grand compliment qu’on peut lui faire. Et pourtant, il serait facile de le démasquer, notamment en s’attaquant à son soutien à l’immigration massive et aux excentricités libertaires de son programme, mais aussi à son enrichissement personnel. Seul Jean Quatremer, journaliste à Libération, est parvenu à trouver son point faible, déclenchant contre lui l’ire du disciple français de Die Linke. Reste qu’un Oskar Lafontaine sera mille fois plus sympathique, et vraiment socialiste, que « Jean-Luc ». La gauche « Sarrazin » (du nom de ce social-démocrate allemand) serait d’ailleurs facilement prête à voter FN ou UMP dans un autre contexte. Mais la crise économique a abouti à une radicalisation de l’opinion. Si les extrémistes de l’Aube dorée sont aux portes du parlement à Athènes, c’est dire ce qu’un discours « FN old school » aurait pu obtenir dans ces élections.
Le souverainisme n’a vraiment aucune espèce d’avenir en France. Dupont-Aignan, dernier vestige du triumvirat Pasqua-Seguin-Villiers de 1992, est promis à une déculottée électorale, crédité qu’il est dans les sondages d’entre 0,5% et 1,5% maximum. C’est d’ailleurs la campagne anti-€ qui plombe notamment Marine Le Pen. Mélenchon, tenté de les suivre sur cette voie, a rapidement compris l’impasse. Sarkozy quant à lui choisit un positionnement euro-critique, proposant ainsi de rétablir les contrôles aux frontières s’il ne parvient pas à obtenir des garanties contre l’immigration clandestine de la part de ses partenaires de l’UE, mais sans tomber dans l’europhobie qui caractérise NDA et MLP.
Les évènements de Toulouse ont profité nettement à Nicolas Sarkozy, qui est désormais en tête dans la plupart des sondages, en tout cas pour le premier tour, le second annonçant toujours une victoire du candidat du PS, mais de moins en moins large. Président en exercice, choisissant une position rassurante face à la crise comme face à cette tragédie, même si ses services n’ont pas été capables de détecter le terroriste avant qu’il ne frappe, il donne le sentiment d’incarner mieux que les autres candidats la fonction de président. Hollande est très loin d’avoir la même crédibilité, sa cote s’expliquant d’abord par le rejet viscéral du style Sarkozy par beaucoup d’électeurs. On vote Hollande non pour lui mais contre Sarkozy, et ce phénomène, lors du débat du second tour, peut s’effondrer si le programme du PS apparaît trop mortifère.
Le choix du PS de soutenir le vote des étrangers extra-communautaires aux élections locales ou encore sa position sur le mariage gay et l’adoption, sans parler de son choix d’une imposition accrue, peuvent être rédhibitoires pour Hollande au second tour. Les résultats du premier tour auront une incidence décisive. Si Mélenchon obtient un gros score, Hollande en bénéficiera nettement et deviendra le nouveau président de la république. Si Le Pen réussissait, il n’est pas sûr qu’elle ne parviendrait pas à, de fait, contribuer à la défaite de Sarkozy. En revanche, si elle connaît une déconvenue, son électorat pourrait considérer Sarkozy comme le seul recours et se reporter très massivement vers lui, assurant ainsi sa réélection.
Enfin, François Bayrou ne parvient pas à créer de sursaut en sa faveur. Après avoir bien progressé, une fois sa candidature annoncée, il stagne entre 10,5% et 13% des intentions de vote. Il sera certainement victime, plus que tout autre candidat, du vote utile, son positionnement idéologiquement illisible le desservant. Sa grande année a été 2007. L’électorat de centre-droit choisira Sarkozy par défaut, d’ailleurs toutes ses figures se rallient, les unes après les autres, le dernier ralliement en date étant celui de Rama Yade. L’électorat de centre-gauche sera naturellement porté vers le candidat Hollande. Dans ce contexte, on peut considérer que si Bayrou parvient à obtenir 12% des voix, ce sera malgré tout un moindre mal.
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
16:13 Publié dans Analyses, Billets, Présidentielles 2022 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : elections présidentielles, 22 avril 2012, nicolas sarkozy, françois hollande, marine le pen, jean-luc mélenchon, françois bayrou, thomas ferrier, psune |
13/03/2012
Bilan provisoire de la campagne présidentielle française au 13 mars 2012
Ce 16 mars, nous devrions connaître la liste officielle et définitive des candidats aux élections présidentielles d’avril 2012. Marine Le Pen a annoncé ce mardi qu’elle avait enfin obtenu le précieux sésame, à savoir les 500 parrainages d’élus, mettant fin ainsi à un suspense qui durait depuis plusieurs semaines sur l’éventualité de son absence de la compétition. Philippe Poutou les aurait également, et Nicolas Dupont-Aignan assure « à 99,9% » qu’il aura les parrainages nécessaires avant cette date fatidique. Les seules inconnues sont de savoir si Dominique de Villepin et Corinne Lepage disposeront des signatures requises et à temps. Leur absence ne bouleverserait toutefois pas l’échiquier politique.
Certaines tendances commencent à apparaître à la lecture des différents sondages que publient les instituts statistiques. En premier lieu, Nicolas Sarkozy, notamment suite à son discours de Villepinte, remonte la pente, puisqu’il est crédité aujourd’hui selon IFOP de 28,5% des voix, alors que son adversaire « socialiste », François Hollande, est désormais dépassé, avec seulement 27% des intentions de vote.
Marine Le Pen voit son potentiel électoral s’effriter en faveur du président sortant. Entre le 12 janvier 2012 et le 13 mars 2012, elle est ainsi passée de 21,5% (résultat maximal) à 16% des voix, selon cet institut qui procède à un sondage quotidien. Ce tassement, que constatent les autres instituts, semble donner raison aux conseillers droitiers de Nicolas Sarkozy, à savoir Patrick Buisson et Guillaume Peltier. Buisson dans Le Monde daté du 14 mars annonce qu’au final François Hollande sera battu plus nettement que Ségolène Royal. Cela paraît néanmoins difficile à croire, même si la victoire du « socialiste » semble moins nette (54,5% contre 46,5%) qu’il y a quelques semaines. Le « hold-up » de 2007 semble néanmoins en passe de se réaliser à nouveau, Marine Le Pen, visiblement éprouvée par une campagne démarrée très tôt, ayant du mal à retrouver un nouveau souffle. Même si elle a durci le ton sur la question migratoire, son europhobie plus générale, que ne partage pas le président, ne la rend pas crédible. Par ailleurs, son entêtement à apparaître comme la plus anti-raciste des candidates de la droite rend son discours confus vis-à-vis de son électorat naturel, pour qui cette subtilité de langage ne correspond pas aux attentes qu’il exprime. Elle a été notamment silencieuse sur la question de Mayotte, qui est pourtant un moyen efficace de critiquer Nicolas Sarkozy.
Jean-Luc Mélenchon fait quant à lui une campagne très dure à gauche. Il est désormais crédité de 10% d’intentions de vote par plusieurs instituts de sondage. Cela s’explique essentiellement par les maladresses d’Eva Joly, qui s’est mise à dos beaucoup d’électeurs, et par l’assèchement de l’extrême-gauche. Arthaud (LO) est à 0.5% d’intentions de votes, et Poutou (NPA) est régulièrement à 0%. Ainsi, Mélenchon est-il parvenu à rassembler sur son nom toute l’extrême-gauche. Eva Joly quant à elle sombre, incapable de dépasser les 2.5% et commence à être lâchée par son propre camp. Noël Mamère a ainsi récemment exprimé son souhait de voir cette candidate se retirer au profit du candidat du PS. En se maintenant jusqu’au bout, et en réalisant un piètre résultat, Joly met en danger l’accord électoral Europe Ecologie/Parti socialiste pour les législatives. Toutefois, Cécile Duflot maintient sa confiance dans la candidate franco-norvégienne à l’accent si particulier.
François Bayrou, qui alterne des positions européistes, comme l’élection du président européen au suffrage universel direct, et des positions francocentrées, comme un protectionnisme national, qui est analogue à celui prôné par Marine Le Pen, pouvait profiter d’un affaiblissement de Nicolas Sarkozy pour apparaître comme le seul capable d’empêcher François Hollande d’accéder à l’Elysée. Le sursaut de l’UMP rend sa stratégie difficile à crédibiliser. Il est crédité dans ce sondage de 13% des voix, ce qui est un signal encourageant mais insuffisant. Villepin est à 1% et Dupont-Aignan oscille entre 0.5 et 1%. Son propos selon lequel il pourrait prendre Marine Le Pen comme premier ministre, même s’il a tenté par la suite de préciser son propos en l’élargissant à Chevènement et Montebourg, pourrait amener ses électeurs à lui préférer Marine Le Pen, seule en mesure, bien que cela apparaisse de plus en plus comme hors de portée, d’être au second tour. La candidature de Corinne Lepage, dont on peine à déterminer le sens, est limitée quant à elle à un 0.5% honorifique, mais il n’est pas sûr qu’elle puisse être présente dans cette compétition.
2012 apparaît donc comme la manifestation du retour en force du clivage UMP/PS, le FN apparaissant comme un outsider à la peine, après un démarrage en fanfare. Les faiblesses de la candidate Le Pen apparaissent au fur et à mesure de ses prestations télévisées, dans un contexte où Sarkozy durcit le ton. La volonté de « dédiabolisation » de cette candidate, à peine entamée par quelques provocations de son père, n’a pas que des effets positifs, surtout lorsque celle-ci se fait non seulement sur la forme mais aussi sur le fond. Sarkozy, remarquablement aiguillé par ses conseillers, semble en passe, du moins pour le premier tour, de contenir la poussée nationaliste et peut-être au final de l’endiguer. Marine Le Pen est attendue au tournant par son électorat, et si elle retrouvait le score paternel de 15% des voix, qui reste un bon résultat sur le principe, elle aurait du mal à s’en relever et le paierait aux législatives. Quant à Mélenchon, le PCF peut-être satisfait, n’en déplaise au courageux André Gérin, de son choix qui pour le moment semble payant, à la différence des Verts, qui semblent perdre tout crédit.
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
15:51 Publié dans Analyses, Editoriaux, Présidentielles 2022 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : thomas ferrier, psune, présidentielles 2012, sarkozy, hollande, mélenchon, le pen, 16 mars 2012, parrainages |
08/01/2012
Des élections présidentielles (bilan de début d’année)
La multiplication des candidatures a engendré un phénomène naturel de lassitude de la part des édiles susceptibles d’apporter leur parrainage aux candidats aux élections présidentielles. Même s’il ne faut pas être dupe des annonces alarmistes de Marine Le Pen, il est évident que le risque pour beaucoup de candidats marginaux de ne pas être en mesure de se présenter est réel. La colère de Christine Boutin, qui aura beaucoup de mal à obtenir les 500 signatures nécessaires, annonçant une « bombe atomique » et laissant entendre qu’elle serait prête à se rallier à François Bayrou, qui a fait savoir qu’il n’en voulait pas, n’est pas feinte.
Un autre problème est que le vote utile va être extrêmement fort cette année, même si on peut aussi s’attendre à une participation en nette baisse. Le jeu politique est désormais à quatre ; il était encore à trois au mois de novembre 2011, chacun dans son espace privilégié et étouffant toute concurrence. François Hollande réduit l’extrême-gauche à une marginalité totale, bénéficiant en outre du retrait d’Olivier Besancenot. Joly s’effondre dans les sondages (3%) et Mélenchon recule légèrement. François Bayrou est passé de 6% à 12% des intentions de vote en seulement deux mois, asséchant le potentiel électoral de Morin, Villepin, Lepage ou encore Boutin. Marine Le Pen maintient Dupont-Aignan à 0,5%, Nihous en dessous même de ce seuil, obtient le soutien du mouvement Nissa Rebela, rattaché à la mouvance identitaire, et ne risque pas d’avoir un concurrent à sa droite, Carl Lang étant absent des sondages et incapable de toute évidence d’obtenir le nombre de parrainages requis. Nicolas Sarkozy a quant à lui réussi à éviter les candidatures à droite, limitant la nocivité de la candidature de Dominique de Villepin, bloquant celle de Christine Boutin, et ayant convaincu Borloo de renoncer à être candidat.
A l’issue de 2012, il est probable que plusieurs formations politiques succombent, comme le NPA dont le candidat Poutou devrait atteindre péniblement 0,5% des voix, s’il obtient les signatures pour se présenter, ou encore comme Debout la République (DLR), le Mouvement des Citoyens (MDC) et le Parti Chrétien Démocrate (PCD). Lutte Ouvrière retombera à la marginalité extrême, mais comme il s’agit d’un objet politique non identifié, ce mouvement ne disparaîtra pas et sa candidate, Nathalie Arthaud, qui obtiendra très certainement ses parrainages, sera présente en 2017.
Dans un tel contexte, se porter candidat à l’élection présidentielle relève du suicide politique. Europe-Ecologie va regretter amèrement de ne pas avoir apporté son soutien dès le premier tour à François Hollande, car l’accord signé avec les Verts par le candidat socialiste sera caduque si les écologistes font un score dérisoire. Leur intérêt serait d’ailleurs de retirer rapidement leur candidate du jeu, Eva Joly n’étant manifestement pas la personne adéquate pour permettre une percée électorale de leur mouvement. Chevènement n’ira pas au bout, sa candidature étant un moyen de pression sur le PS. Jean-Luc Mélenchon, qui a le mérite de proposer une ligne plus cohérente, devrait résister davantage à l’effet de vote utile en faveur d’Hollande, mais dépassera péniblement les 5%.
La barre de qualification du second tour paraît haute, aux alentours de 25%. Même si François Bayrou réalisait 18% des voix, en prenant de manière égale à la gauche et à la droite, Hollande serait aux alentours de 25% et Nicolas Sarkozy aux alentours de 23%. Marine Le Pen, créditée par IFOP d’un score compris entre 19% et 20%, même si ce score est peut-être sous-estimé, ne devrait donc pas pouvoir se qualifier, à moins d’une poussée de Bayrou telle qu’on se retrouverait dans un cas de figure inédit, un second tour sans PS et UMP opposant le MD (Mouvement démocrate) de Bayrou au FN de Marine Le Pen. Ce cas extrême paraît toutefois peu probable, à moins que la colère des Français, qui s’exprime davantage dans l’abstention, explose. En tout cas, Bayrou, qui n’a rien de sérieux à proposer, pourrait à nouveau réaliser une certaine percée, alors que le FN devrait dépasser ses scores antérieurs et probablement la barre des 20%. Autant dire que les petits candidats seront laminés comme jamais ils l’ont été aux élections présidentielles. Gare au score à la Cheminade pour plusieurs d’entre eux.
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
12:21 Publié dans Analyses, Billets, Sondage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : élections présidentielles 2012, thomas ferrier, psune |
07/01/2012
Jeanne d’Arc ou le fétiche nationaliste
Dominique de Villepin se fait poète pour chanter la geste johannique, alors que Nicolas Sarkozy vient de lui rendre hommage comme symbole de la France, suivi par Jean-Marie Le Pen qui la fête depuis maintenant près de trente ans chaque premier mai. Pour les 600 ans d’anniversaire de sa naissance, la droite encense la pucelle de Domrémy. Elle est un odieux symbole ultra-nationaliste selon Eva Joly, toujours mal à l’aise vis-à-vis de l’histoire nationale, et qui devrait s’intéresser aussi au saint patron de la Norvège, le roi Olaf, honni à juste titre par les Asatruar (néo-païens scandinaves) pour avoir voulu imposer de force la religion chrétienne à ses compatriotes.
A la différence de l’actuel président français, je ne me réveille pas européiste le matin pour me faire nationaliste le soir. Je suis européiste du soir au matin, au lever et au coucher. Croire, comme doivent le penser ses conseillers issus de l’extrême-droite, que la récupération du mythe johannique amènerait les électeurs nationaux à voter UMP au premier ou au second tour des élections présidentielles, est d’une naïveté confondante. Si MLP capitalise malheureusement, de plus en plus, les voix populaires, c’est parce que l’immigration n’est pas maîtrisée et que l’insécurité explose. Les paroles comptent moins que les actes, et Nicolas Sarkozy a certes beaucoup parlé mais n’a guère agi. Qu’il explique aux français ce qui l’a enchaîné serait la seule façon de se justifier. Mais cela l’obligerait à remettre en question tout le cadre constitutionnel français et institutionnel européen.
Aussi Jeanne d’Arc n’est-elle pas une figure semi-historique qui m’intéresse beaucoup, à vrai dire. Je n’oublie pas qu’à la cour du roi d’Angleterre on parlait français, que Richard Cœur de Lion, qui était suzerain dans tout l’ouest de la France, parlait donc la même langue que son complice des croisades et ennemi mortel Philippe Auguste. L’image d’une Jeanne libératrice de la France est elle aussi lorraine, d’Epinal pour être précis. Et d’ailleurs, ce ne sont pas des « anglais » qui l’ont mise à mort, même s’ils ont intrigué en ce sens, mais des « français ». Ici l’usage des guillemets est indispensable, car ces notions n’étaient pas si popularisées à l’époque, et le mythe de Jeanne prend tout son sens au XIXème siècle.
En fait, lorsqu’on connaît bien les mythologies indo-européennes, on repère immédiatement derrière Marianne et Jeanne des figures bien connues. Symbole de la république, Marianne n’est que Cérès, la fameuse semeuse de la pièce de 1 Franc, et son nom, certes issu de Marie, devrait au contraire être rapproché du mot « mère ». C’est Déméter qui nourrit et protège le peuple, et qui est la mère de tous les citoyens. La déesse Raison mise en avant par les hébertistes n’était-elle pas Minerve/Athéna. Et Jeanne la pucelle rappelle la version guerrière de la déesse indo-européenne de l’aurore. C’est Artémis la déesse vierge, chasseresse et sauvage, l’amazone par excellence. C’est surtout Athéna Parthenos, c'est-à-dire « Pucelle », avec son casque, sa lance et son bouclier, déesse de la guerre galvanisant les guerriers. C’est la Morrigan celte accompagnée de ses corbeaux, ou la Valkyrie envoyée sur le champ de bataille par Odhinn.
Jeanne n’est donc de fait qu’un énième avatar de la déesse Athéna, et de ses homologues modernes, à l’instar de Britannia et de Germania. C’est ainsi que Jeanne est Francia, de même que Francus, tout comme Enée, aurait amené en Gaule la statue de la déesse, le fameux Palladion de Troie, selon une version médiévale tardive de l’origine de la nation, reprise par Ronsard. A l’époque des nationalismes d’Europe du XIXème siècle, la nation devient une sorte de déité païenne à laquelle il faut rendre un culte. Jeanne n’est donc en aucune manière un symbole catholique, les « anglais » de l’époque étant d’ailleurs autant catholiques que les « français » et on pourrait en faire une sorte de prêtresse guerrière païenne ayant entendu sous un chêne le dieu Taranis en personne lui demander de défendre les Gaulois contre l’envahisseur (grand-)breton.
Mais le symbole de Jeanne aujourd’hui est nécessairement europhobe, et c’est en ce sens qu’il est exploité par le Front National. Elle est celle qui a chassé des frères européens, dont les élites parlaient français, de notre sol, au service d’un souverain qui ne valait pas plus qu'un autre. C’est de cette guerre de cent ans que naît d’ailleurs l’animosité entre anglais et français, et que l’Angleterre commence à se détourner du continent pour devenir la thalassocratie qu’on connaît.
Notre symbole c’est Europa, qui est à la fois mère et guerrière, en tant que Déméter nourricière fécondée par le génie créateur de Zeus apparu sous forme taurine, et en même temps Athéna, guerrière en armes, incarnation de la suprême sagesse, protectrice des fils d’Arès que nous sommes, nous Européens, gardienne souveraine de la démocratie, qui fait de notre continent la terre de la liberté par excellence, conformément à notre nature, comme l’avait bien compris le premier européiste, Hippocrate. Et le 9 mai de chaque année, nous défilerons pour elle et pour personne d’autre.
Nicolas Sarkozy a commis une erreur majeure en voulant se jouer plus nationaliste que les nationalistes, alors même qu’il prétend défendre l’Union Européenne dans cette crise des dettes souveraines qui nous touche de plein fouet. Français, encore un effort pour (re)devenir vraiment européens ! Car c’est au niveau de l’Europe que pourra venir le salut et nulle part ailleurs. Il n’y gagnera aucun électeur supplémentaire, mais contribuera au contraire à l’europhobie ambiante.
Ni la France ouverte sur le monde entier des prétendus « socialistes » ni la France fermée de la droite ne doivent devenir notre avenir. C’est à la « France européenne » que nous nous adressons, c’est à l’Europe toute entière.
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
12:18 Publié dans Editoriaux, Histoire, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jeanne d'arc, nicolas sarkozy, front national, europa, athéna, nationaliste, européiste, thomas ferrier, psune |
31/12/2011
MEILLEURS VOEUX 2012 - OPTIMVS DIES FESTVS
Chers compatriotes européens,
Pour cette nouvelle année 2012, MMDCCLXV ab urbe condita en année romaine, au nom du Parti Socialiste Unitaire pour la Nation Européenne, le Parti des (vrais) Européens, je vous souhaite d’excellentes fêtes.
Les politiciens professionnels français vous promettent une année 2012 décisive, afin de faire croire qu’ils ont encore un quelconque pouvoir et que les élections présidentielles à venir seront un enjeu. Cela n’est aucunement le cas. 2012 sera encore l’année des non-choix, entre un vote pour les partis en place, qui ont échoué et continuent d’échouer depuis des décennies, et des partis contestataires qui leur disputent des symboles de pouvoir.
Ainsi certains agitent-ils une « menace Le Pen », alors que l’héritière du parti incarné par son géniteur n’est aucunement en position de triompher, même si elle pourrait en revanche faire élire son adversaire en accédant au second tour. Tous les ténors des partis politiques nationaux sont partis en campagne, à l’exception du président sortant, qui semble vouloir faire durer le plus longtemps le suspens, façon sans doute de tirer parti de sa fonction. Là où ces hommes politiques vous disent la vérité, à la différence de la susnommée, c’est que l’enjeu est européen et n’est plus national depuis longtemps. Mais une fois le constat fait, que proposent-ils ? Rien. On a pu voir en 2011 qu’ils étaient incapables, Merkel et Sarkozy en tête, de se mettre d’accord sur une réforme d’envergure, un fédéralisme budgétaire européen, alors même que la crise des dettes souveraines s’amplifie. Le pouvoir n’est plus national, en effet, mais n’est toujours pas européen. Dans un tel contexte, ce sont les organisations mondialistes, et notamment les agences de notation, toute géographiquement situées, comme par hasard, aux Etats-Unis, qui tirent les ficelles. Ainsi, l’Italie et la Grèce se sont-elles dotées de premiers ministres technocrates, sans ambitions idéologiques mais tous formés par le groupe américain Goldman Sachs.
A ceux qui rêvent d’une France seule, à nouveau « conquérante » par magie, sous prétexte qu’elle serait libérée des contraintes communautaires, mais pas des contraintes constitutionnelles, à ceux qui en revanche croient à une solution mondiale à la crise, faisant allégeance à des organisations comme le FMI, nous devons leur opposer un argument massue, l’Europe. En effet, si la France seule, mais ce serait aussi vrai pour l’Allemagne, est incapable de trouver en elle-même son salut, n’en déplaise aux bonimenteurs souverainistes, l’Europe seule peut en revanche y réussir. Elle le pourra d’autant plus si elle est enfin dotée d’une structure institutionnelle digne de ce nom, en clair d’un véritable gouvernement unitaire européen.
Pour 2012, le PSUNE entre en ordre de bataille pour préparer les élections européennes de 2014 pour lesquelles il espère être présent et proposer enfin une véritable alternative au système politique européen gangréné, afin que de vrais députés européens fassent leur entrée à Strasbourg, de vrais députés parce qu’ils auront sur leurs épaules le poids d’une grande responsabilité politique. Face aux députés souverainistes, assis confortablement sur leurs sièges au parlement et touchant leurs émoluments, alors même qu’ils rejettent profondément ces institutions, face aux députés systémiques, dédommagés par leurs pairs pour leurs échecs (ou parce qu’ils dérangent) par un mandat rémunérateur, à l’instar de cette ancienne ministre de la justice UMP bien connue, qui ne rêve que de Paris, il serait bon qu’un pôle d’opposition sincèrement européiste, face au camp de Charybde et à celui de Scylla, voie le jour et soit la voix de l’Europe au cœur d’une assemblée qui se veut « européenne ».
Dans ce cadre, le PSUNE proposera au premier trimestre 2012 un ambitieux programme de renaissance européenne, afin de doter l’Union Européenne d’institutions ambitieuses et de remettre l’Europe sur les bons rails civilisationnels, par des mesures indispensables en matière sociétale et économique. Se donner les moyens de susciter une relance de la natalité européenne, préserver et restaurer l’européanité de l’Europe dans tous les domaines, combattre l’individualisme au nom de l’intérêt général et du bien commun, au service de sa patrie (européenne) et pour l’avenir de sa famille.
Cette Europe politique nouvelle à bâtir à partir de l’Union Européenne existante, sera ouverte à tous les peuples du continent, mais rien qu’à eux. Le PSUNE continuera ainsi de prêcher l’amitié renforcée entre la Russie et le reste de l’Europe et continuera dans le même temps de s’opposer à l’intégration turque à l’UE. Dans ce cadre, nous n’hésiterons plus à travailler avec des mouvements associatifs ou politiques ayant à cœur l’émergence d’une Europe puissante et unie, et ayant à cœur, tout comme nous, la préservation de notre européanité.
Un nouveau site, un blog régulièrement achalandé, et un programme européen, et voilà le PSUNE en marche. Il nous reste le plus gros du travail, nous faire connaître et accéder aux media nationaux et internationaux. Souhaitons que l’année 2012 soit celle de l’émergence sur la scène politique française et européenne du PSUNE.
Nous avons encore bien des montagnes à escalader. Alors, en avant !
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
14:55 Publié dans Communiqués, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bonne année 2012, meilleurs voeux, thomas ferrier, psune |
29/12/2011
De l'avenir de la Russie
A l’issue des élections législatives russes, qui ont été principalement caractérisées par une nette baisse du pourcentage de voix obtenu par le parti gouvernemental Russie Unie (Единая Россия), tombé en dessous du seuil de 50%, de nombreuses et régulières manifestations ponctuent depuis la vie politique russe, menées notamment par le trentenaire russe Alexeï Navalnyi, présenté comme libéral dans les media occidentaux mais comme nationaliste dans les media russes, puisque présent régulièrement aux « marches russes » organisées par la droite nationale russe. Ce dernier a indiqué son intention de se présenter aux élections présidentielles russes face à Vladimir Poutine.
Ces manifestations, qui réunissent un horizon très varié allant de l’extrême-gauche à l’extrême-droite, mais auxquelles ni la KPFR (communistes) ni la LDPR (nationalistes de Jirinovski) ne se sont jointes, sont parfois qualifiées de « révolution orange », expression désormais décriée pour désigner des manifestants libéraux et/ou atlantistes, par leurs adversaires. C’est un raisonnement arbitraire et inacceptable car on pourrait ainsi soutenir à ce titre et sous ce prétexte n’importe quel gouvernement, même si ce dernier opprime son peuple. Il faut donc admettre par principe, mais sans naïveté, la sincérité de l’engagement de ceux qui défilent contre le pouvoir en place.
Même si on peut suspecter à la marge des bourrages d’urnes ou des pressions, ce qui existe dans toutes les démocraties, le résultat de Russie Unie demeure valable et significatif, pour une raison évidente, à savoir l’absence totale de crédibilité des partis concurrents. En effet, les alternatives proposées étaient pour l’essentiel bien moins démocratiques encore. Ce qui est sûr, c’est qu’au moins 15% des électeurs russes ont sanctionné le roque Medvedev/Poutine, qui a été, il faut le reconnaître, une erreur stratégique majeure. Un second mandat présidentiel de Medvedev, qui n’aurait en rien empêché Poutine d’être sous le statut de premier ministre le véritable chef d’orchestre, aurait été positif. Medvedev a su très habilement se doter d’une authentique carrure de chef d’état pendant les quatre années de son mandat, ce qui au final a peut-être inquiété son mentor, expliquant alors sa volonté de redevenir président.
Poutine sera certainement (ré)élu président mais sans doute avec un score bien inférieur, concédant peut-être un second tour face à Ziouganov, le KPFR étant à l’issue des élections législatives le principal parti d’opposition. Il n’a cependant aucun adversaire susceptible de devenir président. Qui en effet pourrait souhaiter l’élection du candidat communiste, qui ramènerait la Russie vingt ans en arrière, puisque Ziouganov est animé d’une démarche nostalgique à l’égard de l’URSS et a été incapable de fonder un parti social-démocrate ? Le KPFR n’a rien appris de l’échec du communisme en Russie. Qui pourrait souhaiter de la même façon l’élection du candidat nationaliste en la personne de Vladimir Jirinovski, candidat depuis 1993, tout comme Ziouganov d’ailleurs, aux différentes élections, et dont le programme ne pourrait amener qu’à des conflits ? Qui enfin pourrait réellement vouloir prendre le risque de mettre à nouveau les libéraux au pouvoir, comme ils l’ont été durant les années Eltsine, où ils vendaient littéralement le pays aux intérêts étrangers et ruinaient le peuple ? Enfin, si l’objectif des « démocrates » et « libéraux » russes est que la Russie imite la France actuelle, alors disons le tout net, dans ce cas, il vaut mieux que Poutine reste longtemps aux affaires.
En clair, Poutine est, faute de mieux, l’homme de la situation, non seulement pour les Russes mais aussi pour les vrais Européens. Certes, son bilan politique de ces dernières années n’est guère satisfaisant, et les dérives autoritaires constatées demeurent problématiques. Beaucoup restent notamment à faire en matière de justice sociale et de redistribution des richesses au plus grand nombre de citoyens. Pourtant, aucune alternative salutaire n’est actuellement envisageable. D’ailleurs, certains nationalistes ne s’y sont pas trompés, à l’instar du dynamique Dmitri Rogozine, qui vient d’être nommé comme l’équivalent de ministre de la défense, mais aussi des Patriotes de Russie (Патриоты Россий), dont le dirigeant renonce à se porter candidat aux présidentielles. En revanche, d’autres nationalistes commettent l’erreur majeure de s’associer à des gens bien peu recommandables, à des provocateurs évidents, à des oligarques en disgrâce, au nom de slogans extrémistes, à l’instar de Belov et de Dyomouchkine, dirigeants de la coalition extra-parlementaire Les Russes (Русские), perdant ainsi leur maigre crédit.
Il existe toutefois pour l’avenir de la Russie une alternative à bâtir, et qui est de rejoindre une Europe politique unitaire enfin émancipée des Etats-Unis, en rupture avec le libéralisme mondialisé et ses funestes compagnons (dénatalité, chômage et immigration). Dans une Europe euro-socialiste dans laquelle la Russie aurait naturellement toute sa place, le peuple russe saurait choisir une nouvelle voie. L’Union Européenne actuelle, empêtrée dans ses crises institutionnelles et économiques, dirigée par des technocrates incompétents et des politiciens conformistes, ne saurait séduire en revanche les russes. Seul l’européisme authentique, tel que défendu par exemple par notre modeste formation, pourra amener la Russie et le reste du continent à joindre leurs efforts et à ne faire plus qu’un. D’ailleurs c’est officiellement la ligne défendue par Medvedev et Poutine, quoi qu’on puisse penser de leur sincérité à ce sujet, continuant ainsi la démarche en vue d’une « maison commune européenne ». C’est l’Europe qui est le véritable remède de la Russie, tout comme la Russie constitue un remède pour le reste de l’Europe.
La Russie abandonnera vis-à-vis de l’Europe politique sa real-politik quand l’Union Européenne la découvrira enfin. Car si l’Europe doit en interne s’en abstenir, elle doit en revanche vis-à-vis de l’extérieur s’assumer à nouveau. Dmitri Rogozine a rappelé récemment que la ligne stratégique des Etats-Unis en Europe se résumait à « les Etats-Unis en son sein, la Russie en dehors, l’Allemagne à genoux ». Et les vrais européistes de répondre désormais, « les Etats-Unis en dehors, la Russie en son sein, et l’Europe (enfin) debout ». En effet, russophobie, germanophobie et europhobie servent de fait les intérêts américains, et si certains nationalistes russes font leur jeu, c’est aussi le cas des nationalistes et souverainistes français.
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
16:30 Publié dans Analyses, Editoriaux, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : russie, poutine, medvedev, ziouganov, navalnyi, jirinovski, rogozine, europe, psune, thomas ferrier |
26/12/2011
Du principe contesté des lois mémorielles et de la Turquie en particulier
La proposition de loi n°3842 portant « transposition du droit communautaire sur la lutte contre le racisme et réprimant la contestation de l’existence du génocide arménien » a été adopté en première lecture par l’assemblée nationale la semaine dernière, suscitant une réaction extrême du gouvernement turc. Le texte de loi propose de transposer une directive communautaire en droit français, directive qui ne vise pas spécialement la question de l’arménocide de 1915 mais qui élargit les dispositions de la loi dite « Gayssot » antérieures, celle-ci étant dédiée exclusivement au judéocide commis par le régime national-socialiste allemand. Si cette nouvelle loi inclut de fait des sanctions accrues contre la « négation ou la banalisation grossière » de crimes de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre, et si elle offre la possibilité à des associations de se porter partie civile, elle ne concerne qu’accessoirement le négationnisme turc. Il s’agit avant tout d’une nouvelle loi à vocation antiraciste, destinée à sanctionner pénalement l’expression de certaines idées et de certains propos.
A partir de ce constat, deux attitudes seulement sont cohérentes. Ou bien on est favorable par principe à la liberté d’expression, et alors non seulement il faut s’opposer à cette nouvelle loi mais il faut alors demander aussi l’abrogation de la loi précédente de 1993, même si le sujet est délicat à aborder. Ou bien on considère que la liberté d’expression doit être encadrée par la loi, et alors il n’y a aucune raison de ne pas traiter la négation de l’arménocide à égalité avec celle du judéocide, comme le fait à juste titre remarquer Caroline Fourest dans un article du journal Le Monde daté de samedi.
En vérité, lorsqu’on fait le choix de limiter la liberté d’expression des citoyens, et y compris leur droit à affirmer des contre-vérités, on se dote d’un mandat sans légitimité, au nom d’une conception du bien qui n’appartient qu’à vous. Le censeur, même animé des meilleures intentions du monde, ne doit pas exister en démocratie. Aussi, les européistes que nous sommes proposeront dans la constitution de la future république européenne que nous appelons de nos vœux l’affirmation de la liberté d’expression, la seule entrave étant naturellement la diffamation envers une personne en particulier, comme principe constitutionnel, à l’instar du premier amendement américain. Ce n’est pas au législateur de décréter ce qu’il doit être permis d’écrire ou de dire, et il n’est pas normal que des associations auto-proclamées légitimes puissent intervenir au tribunal pour faire taire tel ou tel.
En outre, ces lois mémorielles ne rendent pas service aux causes qu’elles prétendent défendre, puisque les contre-vérités s’appuient toujours sur un martyrat pervers, et condamner des gens pour ce qu’ils ont dit ou écrit, c’est les mettre en position de victimes de l’injustice, ce qui implique de donner d’une certaine manière crédit à leurs mensonges. Je ne souhaite pas que des falsificateurs puissent se donner l’image de martyrs, et c’est par le mépris et le travail historique qu’il faut leur répondre.
L’opinion française est manifestement majoritairement opposée à cette nouvelle loi, ce qui implique qu’elle est tout autant opposée à la loi précédente. Mais lorsque François Bayrou ou Dominique de Villepin rejettent cette nouvelle loi, sans remettre en cause l’autre loi évoquée, ils ne sont pas cohérents et manquent de courage dans l’affirmation de leur point de vue. Ou bien les deux lois, ou bien aucune. Cette loi contestée a en revanche le mérite de la cohérence, puisqu’elle est dans la continuité des principes du droit actuel, s’appuyant sur des conventions internationales signées par la France, sur des directives communautaires, et aussi sur la loi française, et complète et élargit les textes antérieurs.
Maintenant, puisque l’un des principaux arguments des opposants à cette loi étant qu’elle serait de circonstance, et purement électoraliste, interrogeons-nous honnêtement à ce sujet. Je ne crois pas qu’elle soit destinée à encourager le vote de la communauté arménienne envers Nicolas Sarkozy, cette dernière étant animée par bien d’autres considérations, comme tous les autres citoyens, que cette question certes liée à une immense et incontestable tragédie. Il serait extrêmement naïf de s’imaginer qu’une loi, qui ne concerne pas spécifiquement ce sujet, comme cela a été montré, amènerait des citoyens responsables à choisir leur président en conséquence.
En vérité, Nicolas Sarkozy avait une autre idée en tête, qui était de pousser le gouvernement turc à l’excès. Sarkozy étant incapable, alors qu’il s’y était engagé, de mettre fin de manière unilatérale au processus d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, s’est servi d’une question sensible pour pourrir la situation. Lorsqu’on constate la réaction outrancière d’Erdogan et de ses amis, lorsqu’on assiste avant et après ce vote à des pressions inadmissibles, lorsqu’on apprend que la députée qui a proposé cette loi, Valérie Boyer, est menacée par des extrémistes, lorsque le gouvernement turc accuse la France de génocide en Algérie, passant sous silence trois siècles d’occupation coloniale ottomane antérieure, on voit la Turquie contemporaine sous un autre jour. Peut-on souhaiter que ce pays rejoigne l’Union Européenne une fois que tout cela a été constaté. Et je n’évoque pas les menaces turques sur Chypre, le discours radical d’Erdogan sur Israël, la mansuétude dont il témoigne à l’égard du gouvernement iranien voisin.
Un autre élément à rappeler, c’est que de tous les partis turcs, le seul à être opposé à l’adhésion à l’Union est le MHP (« mouvement d’action nationale ») nationaliste, qui oblige Erdogan à surveiller sa droite. C’est le MHP qui au final est le principal bénéficiaire de ce vote français, la fierté nationale turque outragée sachant qu’elle est défendue vigoureusement par ce parti, qui a obtenu près de 15% des voix aux dernières élections législatives.
La manœuvre de Nicolas Sarkozy est donc évidente, à savoir contourner le refus de ses partenaires de dire non à la Turquie en provoquant cette dernière par une loi de circonstance, une loi qui par ailleurs restreint la liberté d’expression selon un principe mémoriel, ce qui suscite un large débat en France, débat qui me paraît une excellente chose si cela permet de discuter de la préservation des libertés individuelles.
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
12:24 Publié dans Communiqués, Editoriaux, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lois mémorielles, arménocide, gayssot, liberté d'expression, république européenne, premier amendement, turquie, erdogan, psune, thomas ferrier |
18/12/2011
De l’europhobie actuelle...
La crise européenne des dettes souveraines, relevons d’ailleurs ce terme de dettes souveraines, a réveillé les crispations europhobes d’une partie de la classe politique et médiatique française. Cette europhobie transcende par ailleurs les différents partis politiques à l’exception notable de l’UMP, soutenant la défense de la zone euro par le président de la république et la chancelière allemande. Celle-ci a d’ailleurs fort à faire pour maîtriser les europhobes de son camp, une partie de la FDP (libéraux) notamment et la CSU bavaroise. Au Royaume-Uni, une majorité de britanniques, excitée par le veto de Cameron au nouveau traité, souhaitent un référendum sur l’appartenance même à l’Union Européenne. Le libéral-démocrate Clegg a bien du mal à faire entendre une autre musique, tout en veillant à ne pas mettre en danger la coalition actuelle. Son parti est désormais crédité de seulement 14% dans les sondages, attestant d’une démobilisation de son électorat au profit des conservateurs ou des travaillistes. Menacé à sa droite par l’aile la plus eurosceptique des Tories et par la pression de UKip, David Cameron a pris le risque de mettre le Royaume-Uni aux portes de l’Union. Comme l’enjeu européen n’a jamais pu être convenablement expliqué au peuple britannique, alors que les Ecossais sont en revanche très favorables à la construction européenne, il se braque et se fait berner par la mélodie nostalgique d’une « UK First ». Or les intérêts de la City ne sont pas du tout ceux du peuple britannique.
Deux manifestations politiques de l’europhobie émergent. La première est d’ordre politique, à savoir une opposition radicale, obsessionnelle même, vis-à-vis de l’Union Européenne. En 2007, cette ligne était représentée par le candidat du Parti des Travailleurs, Gérard Schivardi prônant le départ de la France hors de l’UE. Aujourd’hui, en 2011, elle est représentée par le souverainiste François Asselineau de l’UPR (Union Populaire Républicaine), désormais candidat aux élections présidentielles sur une ligne 100% anti-européenne. En version douce, le rejet de l’UE s’exprime par la volonté de revenir aux monnaies nationales, sans remettre officiellement en cause la construction européenne dans sa globalité. C’est la ligne choisie par Marine Le Pen et par Nicolas Dupont-Aignan. Un « argument » avancé est de s’opposer à une ligne prétendument fédéraliste du gouvernement français.
Une autre europhobie, qu’on retrouve étrangement à « gauche », c’est de nier la parenté profonde entre les européens, au nom d’options implicitement néo-colonialistes ou simplement d’une méconnaissance du sujet. Arnaud Montebourg, tenant de la démondialisation, s’est ainsi laissé aller à des propos germanophobes comparant Merkel à Bismarck et dénonçant une Allemagne à nouveau nationaliste. Le PS, qui prône le vote des étrangers extra-communautaires aux élections locales, les mettant ainsi sur le même plan que les citoyens de l’UE, choisit ainsi de nier les spécificités européennes et préfère de fait une France mondialiste à une France européenne. Ainsi Jack Dion, dans Marianne en date du 3 décembre, partisan de cette mesure, déclare ainsi dans un article intitulé « un Marocain vaut bien un Tchèque », au nom de quoi un immigré algérien ou marocain n’aurait-il pas les mêmes droits qu’un Letton ou un Tchèque. Mais c’est la négation même de la construction européenne, qui présuppose que les Européens ont entre eux un destin commun, une vocation à s’unir.
Nicolas Sarkozy, et Henri Guaino a tenu à le rappeler aujourd’hui, se place concrètement dans une définition inter-étatique de l’Europe, et rejette de fait, tout comme son homologue allemand, tout pas décisif en vue d’une Europe fédérale. C’est d’ailleurs l’une des raisons principales de l’échec des différents sommets dits « de la dernière chance ». Sa défense de l’euro s’inscrit ainsi dans la stricte défense des intérêts nationaux. François Hollande de la même manière voit le problème d’un point de vue francocentré. Il est donc bien clair que nous avons affaire en l’occurrence à des euro-réalistes mais certainement pas à des fédéralistes. Il est donc particulièrement aberrant de lire les déclarations de Marine Le Pen à propos de ses deux adversaires principaux. Hollande est ainsi qualifié d’ « extrémiste du fédéralisme européen », souhaitant « remplacer le super-européisme [de Sarkozy] par l’ultra-européisme ». De la même façon, Marine Le Pen est en croisade contre « l’empire européiste », adepte qu’elle est d’une France seule. Malgré son hostilité permanente à l’Europe, il est des souverainistes comme Laurent de Boissieu qui la trouve encore trop pro-européenne. Sous prétexte qu’elle a affirmé que malgré son hostilité à l’Union Européenne « l’Europe est une civilisation » et affirmé que « nous sommes des européens », il n’en fallait pas plus pour qu’elle soit accusée de racialisme. En termes clairs, s’affirmer en tant qu’européen renverrait aux pages les plus sombres de notre histoire.
Dans le même temps, Nicolas Dupont-Aignan, dont les propos sont rapportés par un article du Monde de ce jour, relayés par Pierre Jaxel-Truer, dénonce un « pétainisme ambiant » avant de prôner l’émergence d’un « droite nationale et sociale». Il se présente par ailleurs comme la synthèse d’Arnaud Montebourg et de Marine Le Pen, tout comme cette dernière se réclame du dirigeant socialiste lorsqu’elle prône à son tour la démondialisation, donc unissant elle aussi le « national » et le « social » dans une synthèse qui n’a rien d’originale.
Enfin, François Bayrou, dans son tropisme présidentiel, ne se réclame plus du tout de l’Europe. Le voilà qui, comme un communiste du début des années 80, prône le « achetez français ». On pourrait lui faire remarquer que dans beaucoup de domaines, il est difficile d’acheter français, qu’en outre beaucoup d’entreprises dites françaises réunissent des capitaux et des actionnaires du monde entier. Nicolas Sarkozy a repris au vol cette remarque mais en la nuançant en « acheter ce qui est produit en France ». Personne n’a eu l’idée, malheureusement, de leur opposer un « achetons européen ». Les sondages favorables à Marine Le Pen, certains la plaçant à 20% des voix, attisent les déclarations eurosceptiques de toutes natures, même chez ceux qu’on croyait être pro-européens et qui désormais cachent à peine leur europhobie.
Or cette dialectique est profondément malhonnête et une politique de cette nature ne permettrait nullement de résoudre les problèmes dont souffrent désormais de nombreux compatriotes européens, en Grèce, en Irlande, en Espagne en Italie, au Portugal mais aussi en France, au Royaume-Uni et aussi, on l’oublie trop souvent, en Allemagne. Ce n’est pas un problème de fédéralisme européen mais bien de son absence. On constate d’ailleurs amèrement que Sarkozy et Merkel ne sont pas les responsables politiques adaptés à la situation.
Il est vrai que le libéralisme économique affiché par les institutions européennes contribue grandement à l’image délétère dont jouit l’Union Européenne au sein de l’électorat le plus populaire. Certains libéraux pourraient toutefois à juste titre dénoncer les blocages étatistes excessifs, l’imposition abusive dont sont victimes les citoyens européens. J’aurais tendance à penser que nous sommes à la fois confrontés aux mauvais aspects conjugués du libéralisme et de l’étatisme.
Le mythe de la monnaie salvatrice a encore la vie dure alors que l’€ n’a jamais été présenté comme une panacée. Certes, la démarche allemande d’une BCE indépendante et de la lutte contre l’inflation, n’est pas adaptée et il est évident que la Banque Centrale devrait prendre ses responsabilités en la matière. La situation ne doit donc pas être si désespérée pour que nos dirigeants puissent perdre leur temps en palabres au lieu d’agir. Face au libéralisme outrancier et au souverainisme exacerbé, il y a place pour un socialisme européen responsable. Mais ce n’est ni le PS ni la SPD, pas plus que le Labour d’ailleurs, qui peuvent en être les moteurs, en raison de leur dérive libertaire associée à leur ralliement de fait au mondialisme économique. Face à la droite nationaliste, qui n’hésite plus à se prétendre « socialiste », mais qui enferme les européens dans des cellules nationales improductives, au lieu de les protéger, face à la « gauche » mondialiste et à la droite impuissante, la synthèse d’un sain européisme et d’un socialisme moderne est plus que jamais nécessaire. Si on veut éviter des synthèses « sociales-nationales » qui ne feront qu’accentuer le déclin dramatique de l’Europe, il faut leur opposer un euro-socialisme de renaissance.
Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE
18:25 Publié dans Editoriaux, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : europhobie, cameron, montebourg, dupont-aignan, marine le pen, européisme, thomas ferrier, psune |
11/12/2011
Brèves européennes… (10)
UNION EUROPEENNE
Enfin un accord… Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et vingt et un autres chefs d’état et/ou de gouvernement sont parvenus à un accord afin de mettre en place une politique économique européenne commune fondée sur l’application de la rigueur budgétaire et de la lutte contre les déficits. Ils espèrent ainsi mettre fin à la déstabilisation des marchés, suite aux conséquences de la crise de la dette grecque. Suite à la décision de David Cameron d’opposer son veto à la mise en place d’un nouveau traité permettant d’appliquer cet accord, Sarkozy et Merkel ont été contraints de proposer un traité limité aux dix-sept membres de la zone euro, et d’en exclure ainsi les pays n’ayant pas adopté la monnaie unique. Ainsi écartés, la pression sur les gouvernements de ces pays fut telle que leurs dirigeants demandèrent à rejoindre les états signataires, même le Danemark, qui avait jadis refusé l’€ et bénéficié d’une clause dérogatoire. Enfin, on apprenait en fin de soirée que la Hongrie, la Suède et la Tchéquie avaient annoncé leur volonté de rejoindre les signataires, mais ont choisi d’obtenir la confiance de leur parlement national avant d’officialiser leur décision.
Ainsi, le Royaume-Uni de David Cameron s’est-il de fait exclu de lui-même des décisions. En posant à ses partenaires des conditions inacceptables, il a isolé son pays au sein du continent et a obligé Sarkozy et Merkel à oser l’impensable, ne pas céder aux pressions britanniques. Cameron a voulu s’éviter un désaveu national en présentant un projet d’esprit fédéral aux parlementaires britanniques, mais surtout éviter tout conflit interne au sein des Tories. Les libéraux-démocrates faisant partie de sa coalition, et depuis ayant considérablement régressé dans les sondages, ne peuvent pas protester, sinon ils prennent le risque de faire chuter le gouvernement de coalition et provoquer ainsi de nouvelles élections dont ils seraient les grands perdants. Les souverainistes les plus durs quant à eux ont été entendus, ce qui devrait limiter toute progression du mouvement UKip et éviter un débordement par la droite.
ROYAUME UNI
David Cameron s’est présenté comme celui qui voulait défendre avant tout les intérêts britanniques, selon un postulat souverainiste des plus classiques, sans se demander de quels britanniques il voulait défendre les intérêts, mais aussi si l’Union Européenne pouvait elle aussi préserver les dits intérêts. Et c’est là que le bât blesse. La presse explique ainsi que Cameron a voulu défendre les intérêts de la City, mais la City n’est pas le peuple anglais, ni la nation britannique. Ce n’est que l’expression financière de l’hyper-classe mondialiste, dans un pays qui a renoncé à son industrie et saboté son service public à la seule fin de plaire à une caste d’oligarques internationaux. Des bénéfices de la City, le peuple britannique n’en voit pas la couleur. La paupérisation de la population anglaise est une évidence, et le pays est devenu si décourageant pour son propre peuple que les retraités britanniques préfèrent s’installer en France, même si la crise actuelle limite désormais ce choix. Enfin, les récentes émeutes qui ont touché Londres et quelques autres villes ont démontré à quel point l’Angleterre a été trahie par ses dirigeants, travaillistes comme conservateurs, et que Thatcher a fait beaucoup de dégâts, tout comme le « New Labour » de Blair.
Le « Labour » a abandonné le socialisme britannique, cette idéologie qui naît avec Owen (socialism apparaît en 1831 sous sa plume) mais aussi avec la Fabian Society originelle, et dont le dernier authentique représentant au XXème siècle fut Henry Hyndman. Il a libéralisé à outrance le service public, comme le souhaitent les plus libéraux en France, et a ouvert large les portes du royaume à un prolétariat importé, ce qui avait déjà été commencé par ses prédécesseurs de « gauche » comme de droite, et avait amené un conservateur du nom de Powell à briser sa carrière politique pour avoir osé remettre en question un choix sur lequel le peuple britannique n’avait jamais été consulté. Ceci explique pourquoi les ouvriers britanniques, désespérés, sont contraints de tourner le dos à la « gauche » et se tourner vers les nationalistes qui, à l’instar de la version française, ne les défendent pas davantage, mais profitent de leur désarroi. C’est quand la gauche n’est plus de « gauche » que le peuple se tourne vers la droite nationaliste.
Le socialisme européen est la réponse véritable aux angoisses qui assaillent le peuple britannique et aux maux qui rongent leur société et les démunissent face à la mondialisation économique et migratoire. C’est par son exemple que le socialisme anglais renaîtra de ses cendres, et à ses côtés un socialisme gallois et un socialisme écossais. Cameron comme Blair ne servent pas les intérêts du peuple, de même que Sarkozy et Merkel font in extremis un pas fédéral, contraint forcé, parce qu’il y a des élections en 2012 et 2013 dans lesquelles ils jouent leur avenir, et n’auraient aucune chance d’être réélus si le chaos financier engloutissait la vieille Europe.
Le peuple britannique ne doit pas se réfugier dans un nationalisme sourcilleux, dans un souverainisme europhobe, car cela sert les intérêts de ceux qui les ont trahis. Ils vous ont convaincu, citoyens anglais, écossais et gallois, que l’€ était un danger, que la souveraineté britannique était un joyau qu’il faut préserver, alors que ce dit joyau, ils l’ont vendu depuis longtemps au monde entier. Ceux qui ont le mot « souveraineté » plein la bouche, ce sont ceux qui servent une politique atlantiste de soumission aux Etats-Unis et une politique mondialiste en matière économique au service des oligarques internationaux mais certainement pas du peuple. A la souveraineté de papier du Royaume-Uni d’aujourd’hui, il faut lui opposer une souveraineté d’acier, celle dont l’Europe demain pourra bénéficier.
L’entité politique qui défendra et protégera les travailleurs britanniques, les travailleurs européens, au Royaume-Uni, c’est l’Europe ! Vos élites vous ont fait croire qu’il fallait tourner le dos à l’€ et à l’UE. Ils vous ont mentis. Mais il est vrai que l’UE actuelle ne servirait pas plus vos intérêts. C’est la république européenne, et elle seule, qui vous permettra de résoudre réellement vos problèmes.
SERBIE
Alors que les 27 dirigeants ont officialisé l’acceptation de la Croatie en leur sein, qui devrait avoir lieu, si le référendum en ce sens confirme la décision d’adhésion, à la mi-2013, le processus d’adhésion d’avec la Serbie a été repoussé à février 2012, en l’attente d’une amélioration des relations entre la Serbie et le Kosovo. En avril 2005, quand des dirigeants irresponsables ont entamé le processus d’avec la Turquie, ils n’ont pas mis de conditions, ni par rapport à la question kurde, ni par rapport au sujet arménien. Et la Turquie n’est pas vraiment un pays européen, et à nos yeux pas du tout même. La Serbie a fait des efforts considérables pour pouvoir rejoindre l’UE. Sa demande en tant qu’authentique pays européen est légitime et par ailleurs il faut soutenir le gouvernement de Boris Tadic. Repousser dans le temps l’acceptation de ce pays, c’est faire le jeu des europhobes serbes (du Parti Radical Serbe [SRS]), fragiliser le gouvernement en place, et ne rien résoudre quant au problème kosovar.
Le PSUNE apporte son soutien plein et entier à Boris Tadic, qui œuvre patiemment pour que son pays rejoigne l’Europe politique, même si l’UE actuelle n’est en aucun cas la panacée. Symboliquement, il est important que la Serbie soit à nos côtés et serve de pont de l’amitié avec la Russie. Osons le dire à haute voix : « Serbie oui, Turquie non ! ».
RUSSIE
Suite aux résultats annoncés en Russie, selon lesquels le parti Russie Unie aurait obtenu 49,34%, soit près de quinze points de moins qu’en 2007, des manifestations plus ou moins spontanées ont eu lieu dans plusieurs grandes villes du pays. Les accusations de fraude massive, certaines organisations parlant d’un score de Russie Unie surévalué de dix à vingt points, en sont la source. Certains affirment (comme l’Observateur Citoyen) que Russie Unie n’aurait obtenu en réalité que 29,8% des voix, les communistes du KPRF 22,6%, le LDPR nationaliste 14%, Russie Juste 21% et Yabloko 8,3%.
Il est bien évident que dans un grand pays comme la Russie, qui ne découvre la démocratie que depuis le début des années 90, et qui a connu une période effroyable d’effondrement économique durant l’ère Eltsine, les fraudes existent. Elles sont certes moins hypocrites qu’en France où la fraude consiste en fait à une manipulation médiatique, comme on l’a constaté dans l’entre deux-tours de l’élection présidentielle de 2002, quoi qu’on puisse penser du challenger face au président sortant. Mais même si beaucoup de russes n’ont pas apprécié le roque entre Poutine et Medvedev, ils reconnaissent que cette décennie leur a permis de retrouver leur fierté et d’arpenter à nouveau le chemin vers une relative prospérité, même si le chemin est encore long. L’oligarchie russe est certes détestable, comme elle l’est en version anglaise à Londres ou en version française à Paris, où elle n’y est pas moins arrogante. Et là encore, les européens de l’ouest n’ont aucune leçon à donner.
Poutine et Medvedev sont-ils moins dignes que Sarkozy et Merkel ? Certainement pas. Maintenant, ce duo est celui de la situation de la Russie d’aujourd’hui. Les russes ont pu constater les méfaits du libéralisme économique et donc se méfient pour beaucoup du libéralisme politique, de cette croyance dans une prétendue démocratie sous prétexte que le compte des voix est honnête. Les images de la télévision russe quant aux évènements de nos banlieues en 2005 ont montré ce qu’il fallait penser du « modèle » français. Certes Poutine n’est en aucune manière la panacée, loin de là, mais qu’y a-t-il en face de lui. L’éternel (national-)communiste Ziouganov, candidat depuis maintenant près de deux décennies, tout comme le provocateur ex-« rouge-brun » Jirinovski, dont la seule raison d’être est d’empêcher l’émergence d’une droite radicale contestataire ? Il y eut jadis Lebed, qui aurait pu proposer une autre voie à la Russie, et demain peut-être Rogozine. Mais pour le moment, Poutine est là.
Mais l’avenir de la Russie ne passe pas par un pouvoir national, certainement pas autoritaire, mais bien par l’adhésion à la République Européenne qu’il faut fonder et dans laquelle le peuple russe a naturellement toute sa place. Quand on voit ce qu’est actuellement l’Union Européenne, il est toutefois difficile de proposer aux russes de nous rejoindre. Mais leur avenir est là. Et certainement pas en remplaçant Poutine par un Eltsine plus jeune, qui aura à cœur d’autres intérêts que ceux du peuple. Car ne soyons pas dupes des manœuvres américaines derrière cette contestation. De même qu’il ne faut pas s’imaginer que c’est le fruit du hasard si les agences de notation ménagent les USA, qui sont dans le rouge en matière de dette souveraine, alors qu’ils s’acharnent sur l’Europe.
14:47 Publié dans Analyses, Editoriaux, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, cameron, sarkozy, merkel, république européenne, poutine, medvedev, boris tadic, owen, labour, socialisme européen, psune |
27/11/2011
Brèves européennes… (8)
UNION EUROPEENNE
Pour tous les défenseurs d’un internet libre, outil d’information peu onéreux et non soumis au diktat de la « (non-)pensée unique », cette nouvelle réconforte. Elle apporte surtout un démenti absolu aux souverainistes qui prétendent que « la nation protège », alors que la liberté d’expression sur internet est menacée par ces mêmes états. Ce n’est pas l’Union Européenne qui a inventé « Hadopi » mais l’Etat français lui-même, sur une proposition de son président, Nicolas Sarkozy. A ceux qui prônent censure et filtres, la Cour Européenne de Justice a opposé un démenti catégorique. Sa décision va dans le sens des intérêts des fournisseurs d’accès, l’obligation qui leur est faite dans certains pays membres de l’Union Européenne de restreindre les accès aux utilisateurs pour empêcher les téléchargements illicites étant considérée comme anormale. La Cour réaffirme ainsi le principe de liberté d’accès à l’information.
Suite à cette décision, les états nationaux devront mettre leur législation en conformité et supprimer les lois qui iraient en sens contraire. La loi « Hadopi » étant en contradiction flagrante, elle devra être amendée et en grande partie vidée de sa substance. Il est vrai que cette décision manifeste une fois de plus la supériorité, dans les domaines prévus par les traités, du droit communautaire sur le droit national, mais pour une fois, elle va dans le bon sens. Ainsi, la problématique n’est pas d’opposer l’Union Européenne aux états-nations, en présentant l’une ou les autres comme des défenseurs du peuple, mais de montrer qu’en la matière tout manichéisme est absurde. Non, l’état-nation n’est pas spécialement le garant de nos libertés, la question d’internet le démontre aisément.
ITALIE
La chute du gouvernement Berlusconi, pour des raisons essentiellement économiques, a ouvert une boîte de Pandore particulièrement dangereuse pour l’Italie. Alors que celle-ci subit depuis des mois un afflux de migrants clandestins, notamment à Lampedusa, le nouveau gouvernement veut de fait encourager ce flux en modifiant son code de la nationalité. Le gouvernement technique de Mario Draghi, mondialiste autrefois au service du groupe Goldman Sachs, souhaite en effet, selon les vœux du président communiste italien Giorgio Napolitano et sous la pression du Vatican, alliés pour la circonstance, mais aussi avec le soutien de l’ex-post-fasciste Gianfranco Fini, introduire le « droit du sol » à côté du « droit du sang » en Italie. Rappelons qu’avant 2000, Allemagne, Italie et Grèce pratiquaient le ius sanguinis et devaient recourir à des procédures de naturalisation dans les autres cas. Ces garde-fous permettaient à ces pays d’envoyer un signal aux populations migrantes, leur faisant comprendre que leur citoyenneté n’était pas un droit et qu’ils ne souhaitaient pas devenir des pays d’immigration.
La fausse « gauche » en Allemagne, en 2000, incarnée par le gouvernement « social-démocrate » et « écologiste » de Gerhard Schröder, avait déjà introduit le ius soli pour faire de nombreux jeunes turcs des citoyens allemands. En 2010, la fausse « gauche » de Georghios Papandreou, a à son tour introduit ce même code dans son droit, trahissant le principe fondateur de la démocratie hellénique, établi par Périclès il y a 2500 ans. Rappelons qu’en 451 avant J.C, Périclès, qui allait devenir le principal responsable politique d’Athènes, avait mis en place un code de la citoyenneté très rigoureux puisque, pour devenir citoyen athénien, il fallait avoir ses deux parents athéniens. Depuis cette malheureuse décision, Athènes est confrontée à un flux migratoire important et à des émeutes régulières entre mouvements grecs d’auto-défense et « sans-papiers ». Les candidats de l’Aube Dorée (« Hrisi Afgi »), mouvement extrémiste de droite, ont même obtenu plus de 5% des voix aux dernières élections municipales de la capitale grecque, preuve de l’exaspération de nombreux athéniens face à ce phénomène. Tout cela avait lieu avant que la crise accable le pays ; les citoyens grecs, désormais désemparés et appauvris, en ont assez.
La chute du gouvernement de « gauche » du technocrate Romano Prodi en 2008, gouvernement qui souhaitait mettre en place une mesure analogue, a préservé pendant plusieurs années les Italiens d’une telle folie. Lorsqu’on constate aux Etats-Unis les conséquences délétères de ce « droit du sol » et que le « modèle » français, comme le « modèle » britannique, a été incapable d’empêcher des émeutes, il serait en effet proprement irrationnel de vouloir les imiter. Et c’est pourtant ce que souhaitent l’ex-communiste Napolitano et l’ex-fasciste Fini, acclamés par les mouvements « altermondialistes » et par les associations catholiques. Berlusconi, soutenu par la Ligue du Nord, avait toujours su s’y opposer. Maintenant qu’il n’est plus en place, le nouveau gouvernement est tenté de céder et d’appliquer cette mesure démagogique. Pour Napolitano, « refuser la nationalité (…) pour les enfants nés en Italie de parents immigrés (…) est une absurdité ». Bien au contraire, c’est mettre en place une telle mesure, dont on a vu le résultat piteux en France, qui est absurde. La droite italienne aura-t’elle suffisamment de fierté pour savoir s’y opposer ? Rappelons que la droite républicaine française avait souhaité dans son programme de 1986 mettre fin au « droit du sol », proposition que certains ténors de la Droite Populaire souhaitent remettre bien tardivement en avant, confrontés à la montée menaçante d’un populisme souverainiste incarné par Marine Le Pen.
BULGARIE
L’impasse populiste apparaît dans sa quintessence dans le cas bulgare. Le « Le Pen » bulgare en la personne de Volen Siderov a connu un score très médiocre, aux alentours de 3,5%, aux dernières élections présidentielles, alors qu’aux précédentes il avait été au second tour. En cours de divorce, lié selon la presse à sa relation avec une jeune députée de sa formation, il vient de mettre à la porte un de ses députés européens en la personne de Dimitar Stoyanov. La cause ? Ce dernier a mis en cause son président et la gestion des dernières élections par le parti. Il aurait dû pourtant savoir que dans ces partis, le chef a toujours raison. Ataka va donc connaître le sort du Parti de la Grande Roumanie (PRM) de Vadim Tudor, tombé à 3% des voix alors qu’il avait été également présent au second tour d’une élection présidentielle. Le populisme est une impasse politique dans tous les pays du continent européen, et il l’est bien sûr en France. Ses candidats ne sont pas crédibles et profitent simplement du désarroi des citoyens face à la mondialisation et aux maux ravageurs qui l’accompagnent. En prenant l’Union Européenne ou l’€uro comme boucs émissaires, ils détournent la légitime colère des citoyens vers des voies sans issue où leur vote se perd.
FRANCE
Et un de plus ! Après que Jean-Pierre Chevènement ait annoncé sa candidature, c’est le tour du centriste Hervé Morin. La multiplication des candidatures aux élections présidentielles légitime une élection qui ne le mérite pas et où tout est joué d’avance, à savoir que le futur président sera PS ou UMP. Nicolas Sarkozy, à peine élu président, a pu constater à quel point son rôle était en vérité mineur. La marge de manœuvre en ce début de XXIème siècle d’un président de la république française est nulle. Il n’est là que pour appliquer les mesures économiques dictées par le patronat, par les banques, par la finance internationale en général et ses agences de notation en particulier. Issu de la fausse « gauche » ou de la vraie droite, le président est contraint de mener la même politique économique, la « gauche » ayant abandonné son combat contre le capitalisme au profit d’une vision libérale/libertaire de la société, prônant la régularisation des clandestins, la légalisation des drogues prétendument « douces », l’adhésion turque à l’Union Européenne, le vote des étrangers extra-communautaires aux élections locales, l’arrêt programmé du nucléaire civil et le mariage homosexuel. Quand on ne peut pas s’opposer au libéralisme économique, on applique le libéralisme politique qui est son associé naturel. La « gauche » et la droite libérale se renforcent l’une et l’autre sur le dos des travailleurs européens.
A ce jeu de dupes, les pseudo-socialistes du Front de Gauche et les pseudo-nationalistes du Front National manifestent une ire très artificielle. N’ayant aucune chance de se substituer aux deux partis préalablement cités, par leur candidature, Mélenchon et Le Pen (Marine) renforcent le système qu’ils prétendent combattre. Les « petits » candidats donnent aux électeurs l’illusion d’une véritable pluralité de choix. Il y a le camp souverainiste, qui tape sur l’Union Européenne en épargnant de fait le gouvernement (Dupont-Aignan, Chevènement, [Carl] Lang, Nihous). Il y a le camp gauchiste (LO, NPA) qui dénonce le libéralisme tout en partageant avec lui les mêmes postulats sociétaux, ou les pseudo-écologistes d’ »Europe »-« Ecologie ». Eva Joly a la phobie du nucléaire comme Marine Le Pen a la phobie de l’Europe. Mais ce sont deux ennemis fantasmés et qui au contraire assurent l’un l’indépendance énergétique du pays et l’autre l’indépendance politique (potentielle) et la puissance économique du continent. Ensuite, il y a les candidats centristes, qui incarnent la technocratie bruxelloise et l’oligarchie financière (Bayrou, Morin), et surtout naviguent sans ligne politique directrice. Il ne faudrait pas oublier les candidatures symboliques sans le moindre sens (Boutin, Lepage) ou encore les candidats communautaristes (Lozès du « CRAN »).
Le Bloc Identitaire, désormais rallié à un positionnement européiste assumé, et le Mouvement Ecologiste Indépendant, incarné par le classique Waechter, seront très certainement les absents de ce jeu électoral « truqué ». Les autres candidats feront de la figuration, permettant de donner l’illusion à encore de trop nombreux électeurs qu’il y a quelque chose à attendre des présidentielles 2012. Voulez-vous être pris en traître par la fausse « gauche » ou par la vraie droite ? 100% des votants, c’est 100% de perdants, 100% de cocus. Est-ce que vous préférez la politique économique mondialiste appliquée par la « gauche » ou par la droite, alors que c’est à peu de choses près la même ? Au premier tour, on vote blanc. Au second tour, on vote blanc. Et aux élections européennes, on vote européen, on soutient le PSUNE !
17:15 Publié dans Analyses, Communiqués, Editoriaux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : internet, hadopi, cour de justice européenne, mario draghi, droit du sang, droit du sol, schröder, élections présidentielles 2012, volen siderov, psune |