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13/11/2016

Trump vainqueur du globalisme coalisé.

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trump-thumb-575x410.jpgHe made it. Donald Trump est devenu le 45ème président des Etats-Unis d’Amérique. Il s'est imposé avec 306 grands électeurs contre 232 seulement pour son adversaire Hillary Clinton, remportant 32 Etats dont certains avec une marge très conséquente (65% dans l’Oklahoma, 63% dans l’Alabama, 59% dans l’Idaho, et 69% en Virginie occidentale), même si son score est inférieur de 0,2% à son adversaire au niveau national, ce qui n’a pas beaucoup de sens aux USA, où certains électeurs républicains ne votent pas dans des États où ils savent que les démocrates sont imbattables (New York, Californie).

Victime d’une campagne de diffamation comme jamais on n’a pu connaître dans l’histoire des USA, une telle attitude ayant été limitée à des candidats très à droite, comme Buchanan ou Duke, alors que Trump est une figure très connue et un entrepreneur respecté, le candidat républicain s’est néanmoins imposé. Il a vaincu non seulement le clan Clinton, qui pensait gagner sans combattre, mais toute l’hyper-classe occidentale qui ne lui donnait aucune chance. François Hollande n’avait même pas prévu de discours au cas où. Et le magazine Newsweek avait préparé à l’avance une couverture et un dossier à la gloire de la future présidente, « Madam President », dont tous les exemplaires ont dû atterrir dans une déchetterie.

Il a obtenu 58% des voix chez les blancs, dont 53% chez les femmes blanches, même si 42% seulement des femmes (toutes origines confondues) ont voté pour lui, même si son score est plus faible chez les jeunes et dans l'électorat des grandes métropoles. C’est un vote identitaire, masculin comme féminin, d’une Amérique qui ne veut pas mourir ni se faire remplacer sur son propre sol. Et Donald Trump incarnait remarquablement le rêve américain, celui d’un homme qui s’est bâti par lui-même et a vaincu tous les obstacles. C’est cette opiniâtreté qui a fait de lui un président. Il n’a jamais renoncé, jamais cessé de croire en son étoile. Les électeurs américains ont rêvé d’une Amérique qu’ils pensaient disparue. Et le temps d’un instant, en votant pour Trump, ils ont eu le sentiment de retrouver leur patrie.

Les minorités ethniques et sexuelles ont bien sûr rejeté Trump. 88% des Noirs, 65% des Asiatiques et des Latinos, 78% des Homosexuels et 71% des Juifs ont voté Clinton. C’était prévu. Même si Trump était le plus favorable à Israël et a été chaudement félicité en conséquence pour son succès par Benyamin Netanyahu, Naftali Bennett et Ayelet Shaked, beaucoup de Juifs américains restent « de gauche ». Mais la perspective de voter Clinton n’a pas enchanté ces électeurs, et beaucoup sont restés chez eux. Leur manque de motivation pour une candidate qu’Obama avait vaincue il y a huit ans aux primaires explique pour partie la victoire de Trump.

Si Trump a été accusé de populisme par son adversaire et par les media du monde entier, alors que seule la Russie semblait s’enthousiasmer pour sa victoire, faisant preuve d’un style percutant, Trump ne s’est jamais aventuré sur des terrains glissants. Il n’a jamais fait preuve de mépris à l’égard de minorités pour lesquelles il savait ne pas pouvoir compter sur le vote. Rien ne permettait objectivement de le qualifier de raciste ou d’extrémiste de droite. La manipulation médiatique a été totale.

Il était prévu qu’une femme devienne président après un noir. Clinton était convaincue qu’elle serait élue. Son seul argument de campagne ? « Je suis une femme. » Comme si cette caractéristique la rendait nécessairement compétente. En revanche le procès en incompétence de Trump fut constamment répété, y compris par le président en exercice Barack Obama. Mais la politique n’est pas un métier. C’est un art. Et à ce jeu Trump a été le meilleur. Il a su séduire et incarner l’Amérique profonde, l’Amérique désespérée qui attendait un sauveur. Il est difficile de savoir s’il sera à la hauteur de cette confiance et s’il ne décevra pas rapidement.

Face à Clinton donc, mais face aussi aux caciques du parti républicain qui l’ont attaqué à chaque prétendu dérapage, Paul Ryan et John McCain en tête, alors qu’il était désavoué par les Bush et combattu par les néo-conservateurs, et que même Schwarzenegger s’est dégonflé, ne bénéficiant dès lors que du soutien explicite de Clint Eastwood et de Steven Seagal, et du soutien implicite des Stallone, Willis, Norris et autres acteurs des films d’action, il a vaincu. Il a remporté les primaires, humiliant les Kasich et les Jeb Bush. Il a su obtenir le ralliement de Ted Cruz, son adversaire le plus déterminé mais qui, une fois vaincu, s’est montré ensuite d’un soutien sans faille. Il a su conserver le soutien aussi de Priebus, le président du parti républicain, face aux manœuvres des Romney et Ryan qui voulaient au mépris du vote des citoyens le renverser.

Personne ne le pensait capable de gagner les primaires. Personne ne le pensait capable de mener une campagne tambour battant. Personne ne l’imaginait à la Maison Blanche. Sa réussite est un démenti cinglant à tous ces prétendus analystes. Et encore, sans la candidature parasite du libertarien Gary Johnson, la victoire était encore plus humiliante pour Clinton. En effet, six états de plus (Colorado, Maine, Minnesota, Nevada, New Hampshire et Nouveau-Mexique) dont certains démocrates de longue date, n’ont pas été gagnés par Trump de justesse en raison du vote Johnson, que certains républicains appelaient à soutenir. La vague Trump a donc été particulièrement puissante malgré tout. A part les grandes villes comme New York, Washington ou Los Angeles qui se refusèrent nettement à lui, l’Amérique a choisi explicitement Trump.

Les manifestations extrémistes de gauchistes et alter-mondialistes qui refusent de considérer Trump comme leur président, au mépris des traditions américaines et des règles fondamentales de la démocratie, et qui défilent en exigeant son retrait, agacent au plus haut point une Amérique qui a fait son choix. Un choix contre Soros. Un choix contre le globalisme qui détruit les emplois et encourage l’immigration clandestine mexicaine. Pour le meilleur ou pour le pire, l’Amérique a choisi Trump. Et tous doivent l’accepter.

La victoire de Trump que les élites « européennes » décrépies fustigent est pourtant un signe fondamental, un arrêt du globalisme là où il se croyait le plus fort et implanté. C’est une occasion historique, et Poutine ne s’y est pas trompé, de mettre fin à ce projet totalitaire. L’Europe devrait en profiter pour assumer son destin, rompre avec des politiques qui la mènent à un sort funeste, se réconcilier avec la Russie et engager une politique de renaissance de sa civilisation. L’isolationnisme de Trump est un moyen de mettre fin à l’OTAN, qui a perdu toute légitimité d’existence depuis 1991, de calmer les ardeurs manipulées d’une partie de l’Europe de l’Est contre les Russes. Même Le Monde écrit un éditorial intitulé « Europe 1st ». Prenons le au mot.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens).

15/03/2015

Elections départementales : 3 stratégies à l’œuvre en vue de 2017

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Stratégie-médias-sociaux.jpgLes 22 et 29 mars prochains, les électeurs français, à l’exception des parisiens et des lyonnais, éliront leurs conseillers généraux dans le cadre de la réorganisation géographique des cantons. Remplaçant les élections cantonales, qui se déroulaient à chaque fois sur la moitié du pays, ces départementales sont donc devenues de fait un enjeu national, une façon pour les partis politiques de juger de leur poids dans l’opinion. Elles seront suivies en fin d’année des élections régionales, qui se dérouleront là encore dans des circonscriptions qui ont été profondément modifiées. Restera alors un an et demi avant les présidentielles de 2017. Les trois grands partis (FN, PS et UMP) ont chacun un plan de bataille.

Le plan du Front National.

La stratégie générale de Marine Le Pen a été déterminée par Florian Philippot. Elle consiste à récupérer les 55% d’électeurs qui avaient voté non au référendum sur le traité (prétendument) constitutionnel européen. Il s’agit donc de réactiver le slogan « ni droite ni gauche » sur une ligne socialisante, étatiste et souverainiste, donc anti-européenne. En revanche, les thèmes identitaires, qui forment la raison principale du vote FN pour beaucoup d’électeurs, sont minimisés, même s’il faut continuer d’envoyer quelques signaux en direction de cet électorat. Cela est grandement facilité par la « diabolisation » médiatique qui laisse penser à l’existence d’un crypto-programme plus dur, une vue de l’esprit mais à laquelle beaucoup d’électeurs « identitaires » croient pour se rassurer.

Dans un article précédent, alors publié sous anonymat sur un autre blog, j’avais expliqué que la ligne europhobe du néo-FN amènerait naturellement ce dernier à renoncer à toute idée de lutte contre l’allogénisation. C’est le « grand renoncement » qui serait nécessaire pour que s’ouvrent les portes du pouvoir. En réalité, la stratégie la plus efficace serait sans doute l’inverse, à savoir renoncer au programme démagogique anti-€ et anti-UE tout en maintenant un discours ferme sur la question migratoire.

Crédité dans les sondages d’un résultat entre 28 et 33%, avec une abstention record, le Front National confirmera donc probablement sa place de premier parti électoral, même s’il en est loin en nombre de militants et de cadres. La stratégie Philippot, qui n’aura été pour rien en réalité dans ce résultat, se verra donc confortée ainsi que le poids de son concepteur, désavoué en interne par les militants mais soutenu mordicus par sa dirigeante.

S’il me paraît difficile qu’il puisse gagner suffisamment de duels, surtout face à la droite UMP, pour emporter des conseils généraux, il pourrait en revanche éliminer le PS de nombreux seconds tours, ce qui au moins aurait une certaine utilité pour désavouer le pouvoir en place. Et surtout l’hypothèse que le FN emporte en fin d’année des régions (Nord-Picardie, Normandie, Grand-Est ou PACA) est plus que probable. Les conditions seront donc idéales pour assurer à Marine Le Pen un gros score au premier tour des présidentielles 2017 et un résultat très honorable au second tour. Mais ses chances de victoire sont nulles, en raison justement de son programme économique, à la fois démagogique et anxiogène.

Le plan du Parti Socialiste.

Le PS n’a qu’une option, assurer au président sortant sa réélection, même s’il est sans doute le plus mauvais président de la Vème république. Or ce même président est largement rejeté par l’opinion et son premier ministre, en première ligne, ne lui servira plus très longtemps de bouclier. Ses chances d’une réélection sont donc extrêmement faibles, même si personne en interne ne lui contestera d’être candidat. Valls sait qu’il devra attendre 2022. On devine qu’un Sarkozy 2 servirait plutôt ses intérêts.

La seule solution pour le PS est de faire diminuer la droite suffisamment pour espérer passer devant et se retrouver au second tour face au FN. C’est ce qu’espère Hollande car c’est sa seule chance de réélection. En clair, il veut nous rejouer Chirac 2002 mais cette fois avec la droite éliminée. Or Sarkozy n’a pas vraiment réussi son retour, c’est le moins qu’on puisse dire.

C’est pourquoi le PS a clairement joué la carte du FN, le faire monter au maximum au détriment de l’UMP, ce qui n’est pas très difficile tant l’UMP est molle sur presque tous les sujets et en outre très divisée. On pourra alors s’étonner du ton très martial de Valls contre le FN depuis plusieurs semaines. Peut-être est-ce là encore une façon de le faire progresser, tant un tel sectarisme est contre-productif. Ou alors, à l’annonce d’une débâcle électorale sans précédent, Valls tente-t-il de conserver son poste par une surenchère dialectique. Il pourra alors expliquer ensuite que lui seul a osé attaquer le FN et se doter ainsi d’un brevet de « résistant ». Le plus probable est néanmoins que la stratégie du PS est en train de se retourner contre lui.

En effet, il apparaît de plus en plus évident que le FN ne mord pas seulement sur l’électorat UMP mais aussi sur l’électorat de gauche, y compris celui du PS. Cela annule alors tout intérêt à le soutenir. C’est ainsi que le PS est en train de revoir sa position et est en mode panique. Dans de telles conditions, la réélection de Hollande est encore plus compromise. A force d’avoir voulu jouer avec le feu, il arrive qu’on s’y brûle. Et la démarche égocentrique du président, qui ne souhaite sa réélection que pour bénéficier des avantages du poste élyséen, ne trompe personne.

Le plan par défaut de l’UMP.

Sarkozy lui-même a dû établir par défaut une stratégie pour son parti, en l’absence des conseils d’un Buisson écarté depuis l’affaire des « écoutes ». Il n’est pas dit toutefois que Buisson aurait pu lui offrir une bonne stratégie. Il est peu probable que l’UMP parvienne à récupérer des électeurs partis au FN. En revanche, il doit tenter de maîtriser l’hémorragie.

Mais l’ancien président doit surtout ménager son aile gauche. La principale menace vient de l’UDI. Si les centristes s’avisent de proposer un candidat, les chances de la droite d’être au second tour sont limitées. Aussi Sarkozy les ménage. Il a mis en avant NKM pour les conserver alors que Wauquiez est là pour colmater la brèche vers le FN. Il n’est pas sûr que cette stratégie « mi-figue mi-raisin » soit très convaincante. En outre, il lui faut neutraliser à tout prix Juppé. Tenir un discours trop droitier serait donc dangereux, même s’il rassurerait au moins 50% des électeurs UMP.

La stratégie de l’UMP est donc faible, incohérente et même dangereuse. Mais c’est la seule possible. Tenir encore plus de deux ans sur cette ligne paraît très difficile. Sarkozy devra négocier entre des tendances opposées afin d’éviter un 21 avril à l’envers. S’il parvient à neutraliser tout candidat centriste, à l’exception d’un Bayrou incontrôlable mais très fragilisé par son soutien à Hollande en 2012, les chances d’un duel Sarkozy/Le Pen en 2017 seront très probables. Mais le président sera élu par défaut là aussi, comme Hollande en 2012 l’a été par rejet de son adversaire. Il aura alors bien du mal à gouverner le pays et risque d’être impopulaire à peine élu. La France peut-elle encore se le permettre ? Marine Le Pen en 2022, à condition d’avoir mis de côté certaines lubies, aurait alors ses chances.

L’UMP est le mouvement le plus menacé par son absence de réelle stratégie. Sa refondation envisagée par Sarkozy, avec un nouveau nom, est donc indispensable. Mais il n’est pas sûr qu’elle soit suffisante. L’UMP devra donc marquer davantage sa différence d’avec le PS, sans aller trop loin dans un discours identitaire qui lui aliénerait sa « gauche ». C’est un véritable combat d’équilibriste.

En revanche, ces élections départementales offriront sans doute un beau succès aux candidats UMP et ce grâce au FN et non malgré lui. Ce dernier permettra d’éliminer de nombreux candidats PS offrant des conseils généraux à la droite. En revanche, là où le FN est plus faible, notamment dans les grandes villes, il risque d’aider de fait le PS à limiter la casse, sauf si la punition électorale du PS est féroce.

Conclusion.

Les départementales de 2015 se concluront sans doute par une belle victoire UMP et par un succès grandissant du FN. Le PS ne devrait même pas limiter la casse. Pourtant Hollande ne changera rien ou à la marge. Il conservera Valls sauf si le PS devait perdre 80% de ses conseils généraux et probablement même Taubira. Le président l’a d’ailleurs annoncé. Cela devrait encore lui aliéner quelques soutiens car un tel manque d’écoute de l’électorat est digne de Louis XVI enfermé dans son château. Il ne dissoudra pas l’assemblée, il est trop tard pour ça. Désormais le pouvoir est aux abois et sans stratégie crédible. Jouer la carte du FN est en train de se retourner contre lui. Réponse partielle dès dimanche prochain.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

01/04/2012

Elections présidentielles 2012 : état de la situation à trois semaines du premier tour

 
Image-3-copie-2.pngA maintenant vingt et un jours du premier tour des élections présidentielles, plusieurs tendances semblent caractériser l’état de la campagne. Bien qu’il faille demeurer méfiant par rapport aux données fournies par les instituts de sondage, ils constituent malgré tout des outils d’analyse dont il convient de tenir compte. Le sondage quotidien IFOP/Fiducial/Paris Match me paraît en ce sens le plus pertinent pour déterminer les tendances générales à l’œuvre, sans préjuger du résultat.

En janvier 2012, Marine Le Pen se situait dans ce sondage aux alentours de 21,5% en moyenne au premier tour, ce qui faisait dire à la candidate sa certitude d’être au second tour. Si les sondages sont erronés, alors ils le sont dans tous les cas de figure, et pas seulement quand ils sont en défaveur d’un candidat. Cette semaine, elle se trouvait entre 16 et 16,5% selon les jours, ce qui constitue une baisse de près de cinq points en trois mois. Entre temps, la campagne a commencé, et la stratégie entreprise par Marine Le Pen dans le cadre de sa politique dite de « dédiabolisation » commence à montrer ses limites. Dans le sondage LH2 d’avril 2012, Marine Le Pen tombe même à 13,5%, score pronostiquée le 20 mars par CSA, avant qu’elle ne remonte dans le sondage CSA suivant (Vague 20) à 15%. Harris Interactive lui pronostiquait cette semaine un score de 16%. Enfin, dans le sondage BVA du mois de mars, Marine Le Pen n’est créditée que de 13% des intentions de vote. Malgré et peut-être même à cause des évènements de Toulouse, sa cote est désormais fortement dévaluée.

Dans le même temps, Jean-Luc Mélenchon progresse nettement dans tous les sondages. Il atteint désormais 15% des intentions de vote dans le sondage LH2 du 1er avril 2012, 14% dans le dernier sondage BVA, 14% puis 13,5% chez IFOP jeudi et vendredi derniers, 12,5% seulement chez CSA (contre 13% une semaine auparavant). Cette progression d’environ quatre points résulte d’une excellente campagne, très à gauche, du candidat du Front de Gauche. Alors que des pans entiers de son programme devraient faire fuir les électeurs populaires, en raison d’une démarche libertaire, défendue notamment par Clémentine Autain pour qui, la première mesure n’est pas d’ordre économique, pour combattre le chômage ou la précarité, mais le mariage gay, en complet décalage des aspirations des électeurs les plus modestes, le meeting de Bastille du 18 mars, à forte coloration symbolique, a été très efficace. Il faut dire que dans le même temps Marine Le Pen a déboussolé son électorat ouvrier par un discours incohérent sur les problématiques migratoires. Le « lepénisme de gauche » lorsqu’il se réduit à un discours socialisant ne tient pas longtemps face au « mélenchonisme » d’un homme politique crédible sur son terrain naturel.

Expliquer le recul de Marine Le Pen et parallèlement la montée de Jean-Luc Mélenchon n’est pas chose facile. On peut en premier lieu considérer que la candidate du FN est attaquée sur ses deux fronts, d’une part par Nicolas Sarkozy qui a repris à son compte un discours plus dur sur l’immigration, et surtout plus ethnicisant, d’autre part sur le terrain social par le candidat de la « gauche » radicale, au détriment également des deux candidats trotskystes, réduits à peau de chagrin (entre 0% et 1% chacun dans les sondages pour Arthaud et Poutou), et de la candidate « pastèque » Eva Joly. Il faudrait donc à la candidate du FN mettre en œuvre une double contre-offensive, à savoir être plus socialiste que Mélenchon et en même temps plus dure sur la question de l’immigration extra-européenne que Sarkozy, ce qui ne serait tout de même peu difficile. Lors des évènements de Toulouse, la modération de Marine Le Pen l’a desservie. Ses appels à l’aide des « français musulmans » contre le « fascisme vert » sont incompréhensibles aux yeux d’un électorat populaire de souche européenne excédé. Sa promesse d’appliquer la « priorité nationale » en faveur des français d’origine immigrée ne lui apporte aucun crédit au sein des populations concernées, mais en revanche là encore la dessert vis-à-vis de l’électorat populaire. En se défendant, certes à juste titre, de prôner une « priorité ethnique » aux indigènes, elle n’a pas compris que son électorat souhaitait en vérité une telle politique.

Sa volonté de dédiabolisation, qui aurait pu se limiter à arrêter tout excès de langage et à se démarquer des positions idéologiques de la vieille extrême-droite, tout en restant dure sur son fond de commerce, rappelle les égarements d’Argenteuil de son père en 2007. En reproduisant les mêmes erreurs qu’en 2007, en abandonnant son électorat naturel aux habiles conseillers sarkozystes, comme l’a théorisé Patrick Buisson, elle fait une campagne à contre courant de ce que souhaitent ses électeurs traditionnels. Ce n’est pas sa campagne « à gauche » en matière économique qui lui nuit, bien au contraire, mais d’abord sa confusion sur les problématiques migratoires, et surtout son europhobie quotidienne, liée d’ailleurs « paradoxalement » au thème précédent. C’est bien parce qu’elle se refuse à opposer européens et non-européens, qu’elle ne voit l’Europe que comme un mal insupportable, qu’elle ne parle même plus de la question de l’adhésion turque, que Sarkozy devrait relancer d’ailleurs, qu’elle baisse sensiblement dans les sondages. Une analyse de la French Politics de Londres propose une prospective intéressante à ce sujet. Selon eux, Marine Le Pen devrait faire environ entre 15 et 17% des voix, avec une forte probabilité à 15%. Pour eux, cela signerait une « sous-performance » et donc la manifestation d’un « échec patent de la stratégie personnelle de Marine Le Pen (pour) dédiaboliser le parti ». Cette hypothèse n’est pas à exclure. Jean-Marie Le Pen n’avait-il pas prédit qu’un « Front gentil » n’intéresserait personne ?

Mélenchon, lui, n’est pas « gentil », au point d’en inquiéter la patronne du MEDEF, Laurence Parisot, qui le compare à un révolutionnaire de la Terreur (1793). C’est sans doute à ses yeux le plus grand compliment qu’on peut lui faire. Et pourtant, il serait facile de le démasquer, notamment en s’attaquant à son soutien à l’immigration massive et aux excentricités libertaires de son programme, mais aussi à son enrichissement personnel. Seul Jean Quatremer, journaliste à Libération, est parvenu à trouver son point faible, déclenchant contre lui l’ire du disciple français de Die Linke. Reste qu’un Oskar Lafontaine sera mille fois plus sympathique, et vraiment socialiste, que « Jean-Luc ». La gauche « Sarrazin » (du nom de ce social-démocrate allemand) serait d’ailleurs facilement prête à voter FN ou UMP dans un autre contexte. Mais la crise économique a abouti à une radicalisation de l’opinion. Si les extrémistes de l’Aube dorée sont aux portes du parlement à Athènes, c’est dire ce qu’un discours « FN old school » aurait pu obtenir dans ces élections.

Le souverainisme n’a vraiment aucune espèce d’avenir en France. Dupont-Aignan, dernier vestige du triumvirat Pasqua-Seguin-Villiers de 1992, est promis à une déculottée électorale, crédité qu’il est dans les sondages d’entre 0,5% et 1,5% maximum. C’est d’ailleurs la campagne anti-€ qui plombe notamment Marine Le Pen. Mélenchon, tenté de les suivre sur cette voie, a rapidement compris l’impasse. Sarkozy quant à lui choisit un positionnement euro-critique, proposant ainsi de rétablir les contrôles aux frontières s’il ne parvient pas à obtenir des garanties contre l’immigration clandestine de la part de ses partenaires de l’UE, mais sans tomber dans l’europhobie qui caractérise NDA et MLP.

Les évènements de Toulouse ont profité nettement à Nicolas Sarkozy, qui est désormais en tête dans la plupart des sondages, en tout cas pour le premier tour, le second annonçant toujours une victoire du candidat du PS, mais de moins en moins large. Président en exercice, choisissant une position rassurante face à la crise comme face à cette tragédie, même si ses services n’ont pas été capables de détecter le terroriste avant qu’il ne frappe, il donne le sentiment d’incarner mieux que les autres candidats la fonction de président. Hollande est très loin d’avoir la même crédibilité, sa cote s’expliquant d’abord par le rejet viscéral du style Sarkozy par beaucoup d’électeurs. On vote Hollande non pour lui mais contre Sarkozy, et ce phénomène, lors du débat du second tour, peut s’effondrer si le programme du PS apparaît trop mortifère.

Le choix du PS de soutenir le vote des étrangers extra-communautaires aux élections locales ou encore sa position sur le mariage gay et l’adoption, sans parler de son choix d’une imposition accrue, peuvent être rédhibitoires pour Hollande au second tour. Les résultats du premier tour auront une incidence décisive. Si Mélenchon obtient un gros score, Hollande en bénéficiera nettement et deviendra le nouveau président de la république. Si Le Pen réussissait, il n’est pas sûr qu’elle ne parviendrait pas à, de fait, contribuer à la défaite de Sarkozy. En revanche, si elle connaît une déconvenue, son électorat pourrait considérer Sarkozy comme le seul recours et se reporter très massivement vers lui, assurant ainsi sa réélection.

Enfin, François Bayrou ne parvient pas à créer de sursaut en sa faveur. Après avoir bien progressé, une fois sa candidature annoncée, il stagne entre 10,5% et 13% des intentions de vote. Il sera certainement victime, plus que tout autre candidat, du vote utile, son positionnement idéologiquement illisible le desservant. Sa grande année a été 2007. L’électorat de centre-droit choisira Sarkozy par défaut, d’ailleurs toutes ses figures se rallient, les unes après les autres, le dernier ralliement en date étant celui de Rama Yade. L’électorat de centre-gauche sera naturellement porté vers le candidat Hollande. Dans ce contexte, on peut considérer que si Bayrou parvient à obtenir 12% des voix, ce sera malgré tout un moindre mal.
 

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE