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21/10/2012

Hollande/Le Pen, même combat


Hollande Le Pen, même combat - 17 oct 2012 par PSUNE-NEUSP

14/10/2012

Chroniques européennes du 14 octobre 2012

LITUANIE

Ce 14 octobre 2012, les électeurs lituaniens votaient pour élire leur nouveau parlement (la seimas) et les sondages annonçaient une victoire de la coalition de gauche sur la droite sortante, incarnée notamment par les démocrates chrétiens de l’Union de la Patrie (Tevynes Sajunga).

Selon les sondages sortis des urnes, en attendant les résultats définitifs au cours de la nuit, les travaillistes (Darbo partija) avec 19,8% constitueraient le premier parti du pays, devant leurs alliés sociaux-démocrates (LSDP), qui auraient obtenu 17,8% des voix. La droite libérale et conservatrice est largement perdante, puisque les démocrates chrétiens (TS-LKS) n’obtiennent que 16,7% des voix, les libéraux républicains (LRLS) 8,5%. Le parti néo-libéral « La voie du courage » (Drasos kelias) créent la surprise en obtenant plus de 8,5% des voix. D’autres formations de droite libérale et/ou conservatrice ferment la marche avec 3% pour le LiCS (« libéraux centristes »), 4,7% pour les agrariens du LVZS et enfin 1,3% pour une petite formation démocrate chrétienne du nom de « Sajunga Taip ».

L’extrême-gauche, incarnée par le Front Socialiste du Peuple (Socialistinis Liaudies Frontas), correspondant à peu près au Front de Gauche français, avec 1,2% des voix, échoue à représenter une force politique significative.

Les différents mouvements souverainistes et/ou nationalistes connaissent un succès mitigé. « Ordre et Justice » (PTiT), un mouvement eurosceptique et conservateur, obtient le score estimable de 8,4% des voix. En revanche, les nationalistes de l’Alliance Nationale (Nacionalinis Susivienijimas « Uz Lietuva Lietuvoje ») échouent dans leur tentative unitaire, n’obtenant que 1,2% des voix, souffrant principalement d’un phénomène de vote utile en faveur d’ « Ordre et Justice », de même que le Parti des Républicains (Respublikonu partija), petit mouvement souverainiste, qui n’obtient que 0,4% des voix. Enfin la minorité polonaise, avec 4,8% des voix, rassemble son camp.

Dans un contexte de crise économique, les électeurs ont voulu sanctionner le pouvoir en place en offrant le pouvoir à une coalition de gauche modérée. Alors que les écologistes allemands ont pu obtenir du gouvernement Merkel l’arrêt du nucléaire, lors d’un référendum qui a eu lieu ce même jour, les électeurs ont choisi de soutenir l’industrie nucléaire.

BELGIQUE

Des élections locales se déroulaient également en Belgique, dans un contexte particulier, à savoir la montée prévisible du parti indépendantiste flamand NVA, dirigé par Bart De Wever, historien connu pour avoir réussi à perdre près de soixante kilos en quelques mois. Il était candidat à la mairie d’Anvers, ville connue pour avoir été l’un des fiefs historiques du Vlaams Belang, parti nationaliste flamand anti-immigration. C’est à Anvers en effet que Filip Dewinter avait fait ses meilleurs scores. En 2006, il obtenait même 33,5% des voix.

Bart De Wever a réussi son pari. Il obtient plus de 37% des voix, loin devant le candidat socialiste sortant Patrick Janssens, qui passe sous la barre des 30% (29,1% précisément). Il est vrai qu’il a été gêné par une dissidence de gauche, le candidat du PVDA social-démocrate obtenant 8,2% environ. Ces voix manquantes expliquent à elles seules l’échec du PS. Le Vlaams Belang est également le grand vaincu de cette soirée, puisqu’il n’obtient que 9,9%, soit une perte sèche de près de 24 points. Cette chute considérable, que Filip Dewinter expliquait par un scrutin marqué par une forte dichotomie entre le NVA et le PS, n’est pas spécifique à Anvers, même si elle y est très importante. Le VB perd 9% à Ostende, 11% à Bruges, 11,5% à Gand, 8% à Louvain, 5% à Tongres. Enfin, si les Verts (Groen) progressent (8,1%), le mouvement libéral Open VLD perd quatre points (avec 5,7% des voix).

La gauche socialiste domine en revanche nettement les élections municipales à Bruxelles même, mais aussi à Charleroi, à Mons, à Tournai, et à Liège, avec des scores en progression significative. Seule Namur, parmi les grandes villes de Wallonie, échappe au PS en faveur de CDH.

La droite nationale wallonne, fortement affaiblie par l’interdiction des « fronts nationaux » sous la pression de Marine Le Pen, qui a bénéficié de l’étrange bienveillance de la justice belge en sa faveur, s’est effondrée. A Charleroi, elle obtient toutes chapelles confondues 4,4% des voix (Nation : 0,87%, RW : 0,74%, Wallonie d’abord : 0,67%, FNW : 2,21%) et 2,4% à Namur (Wallonie d’abord).

Les élections municipales belges ont ainsi confirmé à la fois la nette progression du NVA et le renforcement en Wallonie du PS, accentuant le clivage social et politique entre les deux entités. En revanche, l’extrême-droite sort extrêmement affaiblie, le Vlaams Belang reculant considérablement, et les nationalistes wallons disparaissant presque complètement du terrain électoral.

Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)

07/10/2012

Abu Hamza, symbole de la permissivité maladive de l’Europe

Hamza.jpgAprès huit ans de procédure, le « citoyen britannique » Abu Hamza a enfin été envoyé aux Etats-Unis pour y être jugé. Abu Hamza, cet égyptien naturalisé britannique par on ne sait quel délire, était bien connu comme prêcheur de haine dans ce qu’il est convenu d’appeler le « Londonistan ». Ce n’est qu’avec les évènements du 11 septembre 2001 que la presse commence à s’intéresser à ce sinistre personnage, puisque ce dernier a approuvé l’action des islamistes.

Son cas est intéressant car il représente bien la permissivité de l’Europe, et le Royaume-Uni, membre un peu à part au sein de l’Union Européenne, et référence des souverainistes, n’échappe pas du tout à la règle. Cet islamiste, qui prônait l’instauration de la sharia en Grande-Bretagne, est même devenu citoyen britannique, une « citoyenneté » qu’il décrivait de manière très objective comme, je cite, une « identité superficielle », une commodité lui permettant de voyager, et qu’il réduisait à des simples « papiers » bien utiles.

Alors que les sociétés démocratiques anciennes, et les sociétés européennes modernes jusqu’il y a quelques décennies, étaient économes en naturalisation, considérant cette dernière comme un acte exceptionnel, elles ont depuis largement ouvert les vannes des naturalisations de masse, offrant sa nationalité à n’importe qui. En France 120.000 personnes par an en moyenne sont naturalisées pour des motifs les plus variés mais se résumant généralement à un temps de présence « suffisant » sur notre territoire. Le PS, à peine en place depuis quelques mois, a d’ailleurs à nouveau assoupli les règles de naturalisation, la droite ayant introduit quelques légers freins par le biais d’un questionnaire de culture générale sur notre pays. Il faut dire que cela lui procure des électeurs supplémentaires, même si on naturalise des gens qui ne parlent même pas français, qui sont entrés illégalement sur notre territoire ou des musulmans fondamentalistes. Ce fut le cas au Royaume-Uni d’Abu Hamza.

Non content de cracher sur son pays d’adoption à chaque allocution, ce personnage n’a jamais manifesté la moindre compatibilité avec la civilisation européenne, qu’il méprise de toute son âme. Et pourtant, lorsque les Etats-Unis le réclament, il faut huit ans de procédure pour pouvoir enfin le faire partir de ce pays. Il a utilisé tous les recours possibles, nationaux et internationaux, en appelant même à la CEDH. Il faut toutefois noter que bien que « citoyen britannique », le gouvernement a pu au final l’extrader, preuve qu’il ne l’a jamais vraiment considéré comme tel d’ailleurs. On apprend par ailleurs par la presse britannique que la reine d’Angleterre elle-même était contrariée par la présence de cet extrémiste.

Parce que le droit est devenu fou, parce que les procédures de recours sont bien trop nombreuses et surtout accessibles à n’importe qui, la civilisation européenne n’est plus capable de se faire respecter sur son propre sol. Elle confère la nationalité des états à n’importe qui, elle donne des droits à des gens qui n’ont jamais rien fait pour les mériter. Il faut donc huit ans pour qu’un fanatique puisse être expulsé. Mais combien d’années ont en revanche été nécessaires pour le naturaliser ? Qui a pris cette décision ? Qui a signé le décret de naturalisation ?

Theresa May, le ministre conservateur de l’Intérieur, a déclaré que ce délai trop long était frustrant. Cela veut bien dire que, UE ou pas, l’Etat britannique n’est plus depuis longtemps un état souverain, et ce même si David Cameron lance une croisade aussi excessive qu’injuste contre le fédéralisme européen. Est-ce l’Union Européenne qui a fait naturaliser Abu Hamza ? Est-ce que l’Union Européenne qui a inventé la CEDH, née à Londres au sortir de la seconde guerre mondiale, CEDH qu’a utilisée Abu Hamza pour retarder pendant des années son extradition ?

Et même quand enfin le gouvernement britannique peut l’envoyer aux Etats-Unis, il le fait en exigeant des Américains qu’il n’envoie pas en détention Abu Hamza à Guantanamo et qu’il ne le condamne pas à la peine capitale. Le « Capitaine Crochet » a enfin quitté le navire de sa majesté mais visiblement le Royaume-Uni continue de le choyer au-delà de l’Atlantique.

Combien cette procédure a-t’elle coûté au contribuable britannique ? Et aux autres européens qui financent par leurs impôts la CEDH et autres institutions du même style, dont la tâche principale est de nous désarmer juridiquement contre des individus de ce genre ? Et qui se soucie des droits que les Européens devraient avoir sur leur sol ?

L’exemple d’Abu Hamza nous montre que l’Europe actuelle est enchaînée par les propres traités et conventions d’ordre juridique qu’elle a signée. Il faut que l’Europe s’unisse mais il faut aussi que l’Europe se refonde sur une base juridique plus saine, moins laxiste, moins permissive, et qui permette aux Européens de se faire respecter chez eux !

Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)

De la laïcité en politique...

flamines.jpgLe débat sur la laïcité est redevenu d’actualité depuis que Marine Le Pen s’en est emparé, ce qui lui est contesté notamment par la gauche. Lorsque « Marine » déclare que « nos valeurs républicaines sont issues de notre culture chrétienne », alors même qu’elle peut déclarer par ailleurs que la laïcité est une neutralité vis-à-vis des religions, exigeants des français de confession juive qu’ils renoncent à porter la kippa pour qu’elle puisse faire interdire le voile islamique, on lui reproche de « déguiser sa xénophobie en défense de la laïcité » (Renaud Dely). En liant laïcité et christianisme, Marine Le Pen défend implicitement le christianisme face à l’islam en s’appuyant sur la « République ».

En réalité, la laïcité n’est pas et n’a jamais été un traitement neutre et équitable entre toutes les religions. Ce n’est pas un hasard si Maurice Allard, député socialiste, et l’un des partisans les plus durs de la loi de 1905 sur l’Eglise et l’Etat, ne cachait pas son apologie implicite du paganisme issu de la tradition indo-européenne et rendait hommage à l’empereur Julien. La laïcité est la défense du peuple contre les clercs, mais surtout la défense des valeurs populaires contre les dogmes religieux. Le « laos » est en grec « le peuple », et la laïcité est stricto sensu « la chose du peuple », comme la république d’ailleurs (« res publica »).

La laïcité est donc la défense de la religion populaire, qui en Europe est un mélange de paganisme et de christianisme (fonds païen, forme chrétienne), une « double foi » (une dvoeverie en russe, terme désignant la synthèse de ces deux spiritualités). Il s’agit ni plus ni moins que d’affirmer les valeurs traditionnelles européennes, dans lesquelles la femme est considérée comme l’égale de l’homme (depuis Pénélope attendant le retour de son époux à Ithaque), dans lesquelles la nudité n’insulte pas la divinité, dans lesquelles les plaisirs de la vie ne sont pas diabolisés, dans lesquelles le sexe n’est pas synonyme d’impureté et dans lesquelles représenter la divinité n’est pas un blasphème mais un acte de piété.

En liant la laïcité au christianisme, Marine Le Pen se trompe complètement dans le sens qu’on peut accorder à cette notion positive. Mais elle se trompe encore davantage en reprenant le sens courant donné à ce terme par la fausse « gauche ». L’Etat n’a pas à être neutre et à traiter équitablement toutes les religions. L’Etat a comme mission de défendre le peuple, les valeurs et les conceptions du peuple.

Ce n’est pas à une laïcité chrétienne, augustinienne (« rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu »), qu’il faut faire référence, pas plus qu’à une « laïcité » égalitariste moderne, mais bien à la laïcité européenne dans son authenticité, la laïcité antique, gréco-romaine. A Rome, les Juifs pouvaient porter la kippa et pratiquer la circoncision, par dérogation de la loi générale, afin de respecter les coutumes ancestrales de ce peuple, à partir du moment où celui-ci ne cherchait pas les imposer aux Romains. En revanche, ceux qui s’opposaient à la loi commune au nom des principes de leur religion, et qui ne pouvaient se prévaloir d’une clause d’exception, étaient condamnés.

Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)

Thomas FERRIER et le mythe de la christianisation pacifique


L'historien Thomas Ferrier à propos de la... par enquete-debat

14:40 Publié dans Analyses, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) |

23/09/2012

Entre euroscepticisme et eurofuturisme…

sondage,IFOP,Le Figaro,euroscepticisme,européisme,opinion,Union Européenne,euroAlors que 76% des membres du conseil fédéral d’ « Europe » Ecologie – Les Verts ont voté contre le traité budgétaire européen promu par François Hollande et Angela Merkel, au grand dam d’un Cohn-Bendit qui en profite pour prendre ses distances avec ce mouvement, le thème européen n’apparaît décidément plus comme un élément fédérateur.

Un sondage IFOP, commandé par Le Figaro et consacré à la question européenne, de septembre 2012, matérialise ce désaveu dont l’idée européenne semble souffrir de la part du peuple français.

En premier lieu, le sentiment d’européanité, qui est ainsi confondu avec celui d’appartenance à l’Union Européenne, est au plus bas, puisque 7% seulement des personnes interrogées se considèrent comme européennes avant tout, et 9% de plus se considèrent comme européens parmi d’autres référents identitaires. Néanmoins, le fait d’être membre de l’UE reste intéressant pour 49% des français, contre 27% qui pensent le contraire. Cela ne signifie pas que pour autant l’UE reste crédible puisque sa gestion de la crise économique ne convient qu’à 24% des sondés, contre 76% qui l’estiment peu ou pas efficace. L’€, principal élément tangible de la construction européenne, n’est plus un atout que pour 23% des gens, 45% estimant au contraire qu’elle est un élément de handicap. Il l’est selon la majorité des sondés en matière de compétitivité de l’économie française (négatif pour 61% d’entre eux), de chômage (63%) et surtout en matière de niveau des prix, ce vieux mythe eurosceptique, l’€uro étant négatif à 89%. Néanmoins, aussi négatif soit l’€uro à leurs yeux, ils ne sont que 35% pour penser qu’il faudrait revenir au franc (l’expression adaptée aurait dû être de « retrouver une monnaie nationale ») contre 65% qui estiment le contraire. L’€-phobie reste néanmoins à un niveau assez haut, même s’il est inférieur à septembre 2011 et plus encore à mai 2010, mais elle n’a pas progressé d’une manière déterminante pour autant.

Le manque de solidarité européenne s’exprime nettement lorsque le cas grec est évoqué, l’idée d’une exclusion d’Athènes si elle ne parvient pas à réduire sa dette et son déficit, étant soutenue par 65% des personnes interrogées.

Enfin, en interrogeant les seules personnes en âge de voter en 1992, lors du référendum sur le traité de Maastricht, le non aurait été de 64% (contre 49% dans la réalité) et le oui aurait été largement dominé avec seulement 36% des voix (contre 51% dans la réalité). Ce résultat témoigne que parmi les partisans de l’Europe politique en 1992, beaucoup sont désabusés et regrettent l’introduction de l’€uro, même si les partisans d’un retour au franc demeurent minoritaires.

Toutefois, même si ces résultats ne sont pas encourageants, les citoyens ne sont néanmoins pas nécessairement cohérents. Le fédéralisme européen séduit encore 40% des sondés, contre 60% qui souhaitent au contraire moins d’intégration européenne. C’est le score le plus bas pour cette question, mais cela reste une option crédible. L’idée d’une politique économique et budgétaire unique n’est pas repoussée, même si elle est minoritaire. Et on peut même parler d’ « eurofuturisme » pour 44% des français, qui estiment probable la mise en place d’un état européen unique, tel que le prône par exemple le PSUNE. Et c’est même le cas pour 46% des sympathisants du Front National, alors que 40% de ceux du Front de Gauche partagent leur avis.

Quant à la question de l’appartenance de la Turquie à l’Union Européenne, le rejet des citoyens n’a jamais été aussi fort. 84% des personnes interrogées sont opposées à l’adhésion turque. La politique intérieure turque, avec la réislamisation de plus en plus évidente de la rue turque, mais aussi avec l’autoritarisme accru de Recep Erdogan, rentre sans doute en ligne de compte. Mais c’est au moins une bonne nouvelle car toute initiative du gouvernement « socialiste » en faveur de cette option ne peut qu’être refroidie par cette opinion si hostile. Néanmoins 37% des sympathisants du Front de Gauche restent favorables à cette adhésion, sans doute et on le verra dans d’autres sondages, parce qu’il a en son sein le plus grand nombre d’islamotropes.

Ce sondage n’illustre pas seulement un clivage entre eurosceptiques et européistes, mais divise les familles politiques et même les genres. Ainsi, les hommes sont les plus favorables à l’Europe politique. 10% se sentent d’abord européens, 54% estiment que l’appartenance à l’UE est intéressante, 31% que l’€ est un atout, 40% auraient voté oui à Maastricht (contre 33% des femmes), 47% souhaiteraient une Europe plus intégrée (mais seulement 33% des femmes) et ils sont même 54% à croire à un état européen unique pour l’avenir.
Le sentiment d’européanité est le plus fort au MODEM et à Europe-Ecologie, en revanche il est inexistant au FN, preuve que la propagande europhobe de Marine Le Pen en a écarté les éléments pro-européens (Nouvelle Droite et autres), et faible au Front de Gauche (4%). En revanche, le Front de Gauche reste moins défavorable à l’UE (47% sont pour) alors que le FN y est très hostile (21% seulement des sympathisants FN considèrent l’UE d’une manière favorable).

Concernant le « retour au Franc », 37% des partisans du Front de Gauche le souhaitent, ce qui est à peine plus élevé que la moyenne, alors que 78% des partisans du FN y sont favorables. L’€uro est d’ailleurs un point de clivage entre l’UMP (20% d’anti-€) et le FN (80% d’anti-€).

Alors que les sympathisants FN semblent les plus opposés à l’UE, ils souhaitent pourtant l’exclusion de la Grèce de la zone €uro, à laquelle ils disent ne pas croire, à 81% et même à 85% si on ne compte que les électeurs FN. Le Front de Gauche est en revanche solidaire des Grecs à 54%.

Parmi ceux qui souhaitent une intégration européenne accrue, 15% des partisans du FN et 28% des partisans du FG s’y montrent favorables, ce qui monte que même au sein d’une mouvance europhobe, comme le FN, il reste malgré tout des partisans de l’idée européenne. 55% des partisans de l’UMP comme du PS sont également favorables à cette intégration. Enfin, parmi les 44% des français pronostiquant un état européen unique à terme, on retrouve ce pourcentage aussi bien à gauche qu’à droite, au Front de Gauche comme au Front National, mais c’est une idée surtout masculine.

La tradition politologique classique a toujours considéré l’électorat féminin comme davantage conservateur, et c’est pourquoi la République n’a instauré le vote des femmes qu’en 1946, ce qui est très tardif. Elle avait craint un temps que les femmes favorisent la victoire des monarchistes ou des cléricaux. Force est de constater que ce sondage IFOP renforce cette idée, même si demeure un socle solide de citoyennes favorables à l’Europe politique. Toutefois, l’exclusion de la Grèce si nécessaire est soutenue majoritairement par des hommes (à 69%), les femmes étant légèrement plus modérées (62%), et surtout par ceux pour qui l’esprit de solidarité aurait dû être le plus fort, ouvriers (72%), employés (69%) et professions intermédiaires (70%).

Un autre sondage IFOP pour Atlantico, consacré à la question du vote des étrangers aux élections locales est également intéressant à analyser. Rappelons que les citoyens des états membres de l’Union Européenne disposent déjà du droit de vote aux élections municipales et européennes en France. 61% des français s’opposent à l’attribution de ce vote aux étrangers « non européens », l’expression « non européens » pouvant d’ailleurs être comprise par certains sondés comme un synonyme d’« allogènes ». 41% sont même farouchement opposés à cette idée. Ils n’étaient que 45% en décembre 2011 à le refuser. De quoi faire réfléchir le PS alors que plus de soixante-dix de ses députés poussent le gouvernement à instaurer ce droit de vote.

Sur cette question, hommes et femmes sont à égalité dans leur refus d’un tel vote, le clivage étant essentiellement entre la gauche et la droite. 72% des électeurs de gauche souhaitent une telle innovation mais seulement 31% y sont très favorables. En revanche, 89% des électeurs de droite refusent cet élargissement du droit de vote, dont 89% des électeurs UMP et 92% des électeurs FN. Enfin, le MD de Bayrou est favorable au droit de vote des étrangers extra-communautaires à 53%, alors qu’une telle mesure, mettant citoyens de l’UE et étrangers hors UE à égalité est fondamentalement la négation de l’idée européenne. Autre clivage, l’âge. 45% des moins de 35 ans sont pour le vote des étrangers contre 37% des plus de 35 ans. Cela illustre aussi la montée en puissance du vote d’origine immigrée. Gauchistes et écologistes sont en pointe dans ce combat (à 76%), le PS étant légèrement plus prudent (71%), mais les plus acharnés sont clairement les Verts (41% de très favorable).

En conclusion, ces sondages montrent que si l’opinion majoritaire est plutôt dans le camp des eurosceptiques à court terme, cela ne va pas jusqu’à remettre en cause majoritairement la monnaie unique et cela n’implique pas véritablement un refus d’une Europe politique pour l’avenir, en tout cas un refus définitif. Même au sein de la formation la plus europhobe, on constate qu’entre 15 et 20% de ses partisans ne sont pas opposés à l’idée européenne, même si le sentiment d’européanité semble pourtant absent.

Si l’Union Européenne telle qu’elle est actuellement gouvernée déplaît et nuit fondamentalement à l’idée européenne, l’idée qu’une autre Europe est possible, et même l’idée qu’une autre Europe verra nécessairement le jour, avec un état européen unitaire à la tête du continent. L’esprit prométhéen des Européens n’est pas encore mort. En revanche, les français sont déterminés, et de plus en plus, à préserver leur identité, en disant non à la Turquie et non au vote des « étrangers non-européens » et c’est plutôt rassurant. Il reste à leur faire comprendre que c’est dans une Europe politique forte que cette identité sera la mieux préservée et que l’Etat français est leur principal adversaire en vérité, alors que les eurosceptiques leur font croire qu’il est leur protecteur. Confondre un bourreau avec un protecteur, voilà le mensonge naïf que Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen en tête voudraient nous faire avaler.

Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)

22/09/2012

Provocations...

 
peter eisner,psune,laïcité,islam,charlie hebdo,marine le penLa publication par Charlie Hebdo de caricatures touchant à l’Islam a suscité, en France, beaucoup de réactions de la part de nos élites. Certaines intelligentes, comme celle de Christophe Barbier, interrogé dans l’émission C’est Dans l’Air, et d’autres hypocrites, comme celle d’Olivier Mazerolle débattant avec Ruth Elkrief.

La première erreur généralement commise est de penser que cette publication était adressée aux musulmans. Un représentant du journal s’est même trompé en disant qu’il voulait attaquer les intégristes. En réalité, c’est la population française dans son ensemble, sa classe politique et médiatique en particulier, qui en était le destinataire. Charlie Hebdo, que je n’ai jamais lu ni feuilleté car je n’ai aucune raison de l’apprécier, a fait pour une fois œuvre utile. Il a posé, sans le savoir, la question suivante aux Français : tenez-vous réellement aux principes fondamentaux qui font notre civilisation et nos modes de vie ? Ou alors êtes-vous prêts à toutes les compromissions ?

Là au moins, Christophe Barbier a été clair. Nous devons être intransigeants sur le liberté d’expression, même si cela nous fait prendre des risques. Notre liberté vaut bien de les prendre. Il a répondu « oui » à la question.

De son côté, Olivier Mazerolle, parmi beaucoup d’autres mais peut-être plus que d’autres, a répondu « non » en essayant de nous faire prendre ce « non » pour un « oui ». Selon lui, l’hebdomadaire n’aurait pas dû publier : c’était irresponsable. En revanche il faudrait, toujours selon lui, se montrer très ferme sur le respect de nos règles, refusant, par exemple, la pression sur les médecins hommes amenés à examiner des femmes. Il est vrai que nos dirigeants ne sont pas très clairs sur les sujets de ce genre. On a interdit la burqa dans l’espace public, mais on ne fait pas de zèle pour l’empêcher. On n’a rien fait contre l’abattage hallal généralisé. On ne parle plus des horaires séparés dans les piscines. On a accepté des exceptions dans les sports etc. Cependant Mazerolle croit-il nous duper en nous laissant imaginer que la fermeté qu’il préconise sera plus facile à installer que la liberté d’expression ? Mettons-nous à la place du musulman qui veut respecter les préceptes religieux qu’on lui a appris. Il n’est pas obligé de lire Charlie Hebdo ; de plus les insultes contre sa religion ne sont pas de son fait. En revanche, s’il permet qu’un homme examine sa femme, c’est lui qui commet l’offense. N’est-ce pas plus douloureux pour lui ?

En fait, tout est lié. Le respect de la place de la femme dans la société et la liberté d’expression ne sont pas séparables. Si l’on capitule sur l’un, on capitulera sur l’autre.

Marine Le Pen a lancé un autre pavé dans la mare, en proposant d’interdire les signes religieux dans la rue. La classe politique a réagi négativement dans sa quasi totalité. En revanche, comme un sondage de BFM semble le montrer, les Français y seraient favorables. Elle ajoute ceci : il faut interdire le voile, donc aussi la kippa. Elle fait ainsi œuvre utile en lançant le débat, même si elle n’a pas étudié sérieusement la question et y apporte une réponse inadaptée.

La seconde erreur généralement, qu'elle commet par ailleurs, est de placer sur le même pied les religions juive et musulmane. Cette erreur dérive d’une autre, celle qui consiste à interpréter la laïcité sous un angle exclusivement universaliste : soit une laïcité de combat qui s’oppose à toutes les religions, soit une laïcité d’empathie qui est ouverte à toutes, celle qui est choisie aujourd’hui par les anciens laïcards.

Or la laïcité, prise dans son sens authentique, est ce qui vient du peuple, par opposition à ce que prêchent les clercs. En Europe, la démonstration publique d’un christianisme populaire est laïque ; à l’intérieur du christianisme, les réminiscences de paganisme chez les gens du peuple sont des signes de laïcité. Comme un nombre important de Juifs a partagé la vie des Européens pendant des siècles et contribué à la culture européenne, leur pratique religieuse ne contredit pas la laïcité. Sachant, toutefois, que le port de signes extérieurs est surtout le fait de gens récemment arrivés.
 
L’Islam européen, celui des Albanais par exemple, n’a jamais posé de problèmes, mais il est très minoritaire. C’est au contraire un Islam d’importation, étranger au peuple européen, qui est en cause. Il ne peut pas se prévaloir des excuses que l’on accordera au Judaïsme.

Cette seconde provocation nous ramène à la première. La différence majeure, chez nous, entre le Judaïsme et l’Islam est que le second est prosélyte quand le premier ne l’est pas. Un article de Thomas Ferrier en a fait récemment la démonstraton. Ainsi la notion de « terre d’Islam », qui désigne toute terre sur laquelle un musulman a posé le pied, n’a-t-elle rien en commun avec la « terre d’Abraham ». En fait, la question posée par Charlie Hebdo se résume ainsi : la France, et par extension l’Europe, est-elle terre d’Islam ?
 
Peter Eisner (LBTF/PSUNE)

16/09/2012

Millet + Breivik ou l’équation insoluble

millet.jpgDix-sept pages qui déchaînent une tempête médiatique. Dix-sept pages pour un étrange essai « littéraire » dédié au criminel Anders Breivik, célèbre pour avoir assassiné dans la fleur de l’âge une jeunesse européenne insouciante. C’est peu dire que l’ouvrage de Millet pose de manière abrupte la question des responsabilités, mais fallait-il pour autant se servir du cas Breivik pour dénoncer la décadence de la civilisation européenne ? C’est la question fondamentale qui se pose à propos de cet essai « littéraire ».

Pour l’éditeur Jean Robin, l’essai de Millet est « mauvais » et même fondamentalement banal. Bruno Larebière, journaliste, va beaucoup plus loin, dénonçant l’élitisme arrogant de l’auteur, sa gallophobie (« francophobie ») son absence de souci de l’intérêt du peuple. Sa conclusion est terrible car, affirme-t’il, « Camus comme Millet ne font que propager leurs pulsions suicidaires ». En revanche, Dominique Venner, directeur de la « Nouvelle Revue d’Histoire », estime que Millet a fait preuve de courage intellectuel en dénonçant le suicide de l’Europe par le biais de l’immigration.

Ces critiques dures ou ces soutiens mesurés restent dignes et élèvent le débat comme la réflexion. En revanche, la dénonciation par Annie Ernaux de Richard Millet dans Le Monde du 10 septembre est un modèle de ce qu’il ne faut pas faire. Le qualifier de « fasciste » qui déshonorerait la littérature est grotesque. Qu’elle ne soit pas dupe des intentions politiques qu’on peut trouver dans cet essai de Millet est son droit. Qu’elle considère que la dénonciation de l’immigration extra-européenne à laquelle procède l’auteur heurte ses convictions cosmopolites, c’est aussi son droit. En revanche, elle dépasse les bornes lorsqu’elle suggère implicitement une collusion idéologique entre Millet et Breivik, que le premier se serait même « mis au service du fusil d’assaut d’Anders Breivik ». La médiocrité de son analyse, qui se limite au fond à traquer le « raciste » et le « fasciste » caché selon elle en Millet, est le reflet même d’une société européenne incapable de penser par elle-même. Enfin, le comble de la naïveté est atteint lorsque Mme Ernaux nous assène son amour de la diversité, qu’elle cotoierait en grande banlieue, alors que les électeurs français qui y vivent, se tournent vers le vote en faveur du FN, manifestant par là un sentiment bien différent. Cela démontre qu’elle ne sait simplement pas de quoi elle parle, et qu’elle se gargarise de poncifs « bobos » déconnectés du réel. Citant une de ses amies, elle affirme que Millet attaque « le multiculturalisme et le métissage ». C’est indiscutablement ce qu’il fait, et ce que l’on ne veut pas lui pardonner. Or c’est, malheureusement pour Mme Ernaux, là où Millet est le moins contestable.

Pour autant, je vois dans l’essai de Millet une énorme erreur d’analyse de sa part. Son éloge « littéraire » n’a fondamentalement rien de littéraire. Ce n’est que l’analyse politique engagée d’un acte terroriste, Breivik n’étant qu’un prétexte à une attaque en règle contre l’idéologie dominante. Etait-ce habile d’associer l’opposition à l’immigration extra-européenne à l’action d’un déséquilibré assassinant de sang froid de jeunes compatriotes ? Cela ne l’était évidemment pas. Etait-ce habile de cacher derrière ce mot « littéraire » un discours strictement politique mais qui n’ose pas s’affirmer comme tel ? Je vous laisse juges.

Millet nous parle ainsi des « nations européennes », lesquelles seraient « inquiètes d’une immigration extra-européenne, le plus souvent musulmane, qui entretient une intimidation victimaire, voire une peur quotidienne, donc un ferment de guerre civile, en même temps que l’illusion oxymorique d’un islamisme modéré ». Il évoque avec des mots durs « la fracture idéologico-raciale que l’immigration extra-européenne a introduite en Europe depuis une vingtaine d’années ».

Par le biais de Breivik, il s’en prend aussi aux journalistes qui ont attaqué les fondements de la tradition scandinave, ceux qui ont affirmé que Breivik était l’héritier de Knut Hamsun ou de l’Edda. En réalité, l’idéologie néo-templière de ce tueur, alibi pour une crise existentielle qui l’a conduit au crime, n’a rien à voir avec la morale scandinave d’un viking du Xème siècle. Sur cette distinction, là encore, Millet est inattaquable.

S’étant montré idéologue, et non pas critique littéraire, Millet s’est essayé dans un domaine où il n’est pas maître, avec la lourdeur d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Il n’est donc pas étonnant qu’il soit férocement attaqué par tout ce que la profession d’écrivain a d’indignés professionnels, cachant leur médiocrité littéraire derrière un discours bien pensant, serviteurs zélés d’une classe politique médiocre dont ils se font les relais médiatiques et dogmatiques.

Il faut voir que Millet n’assume pas publiquement ses propres thèses, qui sont contestables dans la forme ou dans le fond. Car Millet est un hexagonaliste doublé d’un occidentaliste. S’il admet dans son vocabulaire le mot « extra-européen », en revanche le mot « européen » seul lui écorche la gorge. Occidentaliste quand il faudrait être européiste, libéral quand le modèle « libéral » a du plomb dans l’aile, et en plus chrétien, il est l’antagoniste classique du monde islamique dans sa caricature. Il chérit fondamentalement les causes de ce qu’il déplore. S’il dénonce le marxisme comme l’un des éléments d’une « ouverture à l’autre » qu’il conteste, il épargne en revanche la religion catholique, le christianisme en général, de cette critique, alors qu’elle serait aussi justifiée dans ce cas.

En outre, Millet ne propose aucune solution à ce qu’il dénonce d’une manière si dure et, au final, si maladroite. Dans le nihilisme absolu, l’auteur, tout comme le Céline des temps sombres, s’expose à nu. Le résultat n’est pas nécessairement heureux. Il est vrai que le contexte général rend très difficile toute finesse d’interpréation à propos des actes de Breivik. C’est parfaitement illustré par la démission/exclusion de Laurent Ozon du FN après avoir fait un lien implicite entre la hausse de l’immigration en Norvège et ce drame.

Avec le déchaînement médiatique contre lui, qu’il a en partie justifié par la faiblesse de sa réponse ultérieure, n’assumant pas les passages les plus provocateurs par exemple, déchainement qui fait aussi de son ouvrage un succès de librairie, on aurait pu penser que son éditeur, Antoine Gallimard, lui aurait apporté son soutien, comme ses premières réactions le laissaient supposer. En réalité, Le Monde du 15 septembre 2012 nous fournit une précieuse indication. Gallimard aurait ainsi écrit à Millet qu’il ne saurait « approuver aucune de [ses] thèses politiques » et qu’il exige « le respect d’une idéologie confraternelle », expression qu’on peut traduire par un « politiquement correct ». Il est vrai que la maison Gallimard, qui a offert à Drieu La Rochelle la direction de la NRF pendant l’occupation, puis édité après-guerre des auteurs célèbres mais controversés comme Céline, lequel dénonçait après-guerre lui aussi l’immigration extra-européenne, dans une même logique nihiliste qu’on retrouve chez Millet et Renaud Camus, ou comme Jouhandeau et Montherlant, cette maison ne peut se permettre de donner la leçon.

En un mot comme en cent, Millet a été lâché. Il a ainsi dû se résoudre à démissionner du comité de lecture de Gallimard, ce qui ne suffira pas à ses détracteurs, comme Ben Jelloun ou Le Clézio, lesquels vont vouloir sa tête, et qui l’auront.

Quoi qu’on puisse penser de l’essai de Millet, ou de l’idéologie qui est la sienne, cet autodafé symbolique est insupportable et s’inscrit dans une démarche totalitaire où un Zemmour est privé d’antenne, où un Ménard est rejeté comme un malpropre. En faisant de lui un martyr de plus de la liberté d’expression, de médiocres inquisiteurs donnent une audience immense à ses thèses. La peur paranoïaque, qui fait dire à Annie Ernaux que « si ces idées devaient prendre corps et réalité, nous serions bien seuls », prouve que Millet est paradoxalement gagnant pour avoir démontré, par la haine dont il a été l’objet, qu’il y a bien quelque chose de pourri en république de France.

Thomas FERRIER (PSUNE)

Elections parlementaires néerlandaises : le souverainisme ne paie pas !

élections parlementaires néerlandaises,Geert Wilders,VVD,PvdA,PVV,Le Pen,Dupont-AignanLe 12 septembre 2012, les électeurs néerlandais votaient pour les élections législatives et régionales dans un contexte européen de crise économique, de rigueur budgétaire et de déstabilisation de la monnaie unique. Il y a un mois, les sondages annonçaient un succès de la gauche radicale, le Parti Socialiste, qui devait être le principal parti du pays et un léger recul de la formation populiste de Geert Wilders, le PVV (« Parti de la Liberté ») en faveur du premier. Les deux formations avaient axé leur programme sur l’euroscepticisme et le refus de la rigueur, mais Wilders avait choisi d’adopter une ligne intégralement souverainiste, défendant à la fois l’abandon de l’euro et la sécession de l’Union Européenne.

Au contraire de ces prévisions, les électeurs néerlandais ont préféré « jouer la sécurité » en apportant leur soutien aux deux partis classique de gauche et de droite, à savoir les travaillistes (PvdA) et les libéraux (VVD), progressant chacun d’environ un peu plus de 5%. Les libéraux, avec 26,5% des voix (+6,1%) et 41 sièges, redeviennent le premier parti du pays, alors que les travaillistes, avec 24,7% des voix (+5,1%) et 39 sièges distancent davantage la gauche dure. Incapables cependant par leurs propres forces de créer un gouvernement de rassemblement, VVD et PvdA sont contraints de mettre en place une grande coalition, chargée d’appliquer un programme de redressement des finances publiques par la diminution des dépenses de l’Etat, un programme que l’on sait impopulaire mais qui a le mérite de la crédibilité économique.

Les socialistes (SP) avec 9,6% des voix (-0,2%) et 15 sièges ne connaissent pas le succès escompté et reculent même légèrement. C’est la même chose pour le PVV de Wilders, qui s’effondre avec 10,1% des voix et 15 sièges parlementaires seulement (-5,3%, - 9 députés). Le dernier grand vaincu est le CDA (chrétiens-démocrates), qui n’obtient que 8,5% des voix (-5,1%) et paye le vote utile en faveur du VVD.

Le mouvement D66 (démocrates), le seul parti ouvertement pro-européen, progresse légèrement avec 7,9% des voix (+1%) malgré le vote utile. C’est plutôt dans un tel contexte un succès pour cette petite formation.

A droite, les mouvements chrétiens autres que le CDA résistent plutôt bien. La ChristenUnie avec 3,1% des voix (-0,1%) et le SGP protestant avec 2,1% des voix (+0,4%) maintiennent leur représentation. 50PLUS, parti de défense des retraités, et formation nouvelle, avec 1,9% des voix, émerge de manière modérée et aux dépens du PVV de Wilders.

Les écologistes de « gauche » (GroenLinks) s’effondrent avec seulement 2,3% des voix contre 6,7% en 2010. Ils payent eux aussi le vote utile mais cette fois en faveur du PvdA. En revanche, le parti de défense des animaux (PvdD) avec 1,9% des voix (+0,6%), qui bénéficie d’un électorat motivé, conserve sa petite audience.

Ces élections infirment l’idée que les souverainistes, de « gauche » ou de droite, devraient nécessairement profiter de la crise politique due aux troubles économiques de la zone euro (et hors zone euro). Les électeurs ont préféré apporter un soutien plus net aux formations politiques classiques, et rassurantes, dans une campagne dans laquelle les thèmes des problèmes sociaux et de l’Europe ont dominé au détriment des problématiques identitaires qui avaient été le cœur du succès de Wilders en 2010. Ce dernier, comme cela a été reconnu par la plupart des politologues, a payé le prix d’une campagne où l’islamisation et l’allogénisation n’ont quasiment pas été évoqués par le candidat populiste, thèmes qui pourtant avaient été la clé de son crédit aux yeux de nombreux électeurs. Cela démontre bien qu’à droite, ce sont les questions d’identité nationale, et je dirais même d’identité ethno-civilisationnelle, qui représentent les préoccupations principales de ces électeurs. En revanche, l’europhobie ne paie pas.

Néanmoins, si le contexte économique devait s’aggraver, malgré les mesures prises au niveau de l’Union Européenne, en l’absence d’autre opposition que les mouvements souverainistes, cette bonne nouvelle de leur insuccès n’est pas forcément rassurante. On constate bien en deux ans une grande variabilité des réactions des électeurs, cette instabilité pouvant très bien demain se faire en faveur de ceux qui aujourd’hui ont mordu la poussière. De plus, le PVV de Wilders va nécessairement réorienter son action vers ses thèmes de prédilection.

Ces élections sont néanmoins une leçon intéressante pour les partis populistes et eurosceptiques français, le Front de Gauche et le Front National. En effet, si Jean-Luc Mélenchon axe davantage son discours sur la critique sociale et économique du programme du nouveau président socialiste, Marine Le Pen développe désormais un programme ultra-souverainiste à la Wilders, tapant systématiquement sur l’€ et sur l’UE, au détriment de la critique de l’immigration extra-européenne qui a fait le succès passé du FN. Alors qu’elle a fait le ménage des éléments les plus nationalistes, mais aussi identitaires, demeurés au sein de son parti, elle a ouvert la porte à différents représentants de la ligne souverainiste, et notamment le créateur même du terme, Paul-Marie Couteaux. Avec l’arrivée de l’étatiste et ex-chevènementiste Florian Philippot au premier rang du nouveau FN, avec le choix d’une illustre inconnue, Tamou « Charlotte » Soula, d’origine algérienne et proche par ailleurs du souverainiste UMP Henri Guaino, comme directrice de cabinet de la présidente du FN, Marine Le Pen prend le pari d’un effondrement de l’euro.

Or, après les émeutes d’Amiens, les révolutions islamiques dans le monde arabe, les manifestations islamiques suite à la diffusion sur internet d’un film très hostile à l’islam et à son fondateur Muhammad, l’électorat FN attendrait que le parti qu’il soutient soit plus présent sur ces thèmes. Celui-ci les néglige parce qu’il s’efforce à tout prix de donner l’image d’un parti profondément anti-raciste. Aux présidentielles, Marine Le Pen a pu néanmoins faire un bon score, 17,9% des voix, mais avant tout parce qu’au dernier moment, suite aux dérives immigrationnistes de Mélenchon, elle a pu rectifier le tir.

Si Nicolas Dupont-Aignan, qui a obtenu moins de 2% des voix aux présidentielles de 2012 (1,79% précisément), prône aujourd’hui un rapprochement de sa formation avec le FN, sous réserve par cette dernière de « couper le cordon avec l’obsession identitaire » ou encore d’ « abandonner sa logique identitaire », c'est-à-dire de mettre fin à son fonds de commerce, même si elle le délaisse actuellement. Dupont-Aignan, comme tous les souverainistes, est désormais contraint de chercher un espace entre l’UMP et le FN, mais cet espace est d’environ 2,5% des voix au maximum, score classique d’un MNR ou d’un MPF jadis. Et à la différence de Villiers, il n’a pas réussi à faire la différence aux élections européennes de 2009 (1,77%). Si la ligne souverainiste de Marine Le Pen continue de dominer les thèmes de son parti, Dupont-Aignan finira comme satellite du néo-FN, mais son apport électoral sera faible par rapport à une hémorragie électorale d’un électorat qui dénonce l’immigration extra-européenne et n’a jamais voté FN que pour envoyer un signal de colère aux partis de gouvernement.

Thomas FERRIER (PSUNE)

22/08/2012

Brèves européennes… dossier spécial « religions »

pussy riot,mariage gay,circoncisionRUSSIE

Trois membres féminins composant le groupe musical provocateur « Pussy Riot », qui pourrait se traduire en français par « émeute de minou », un nom très « poétique », ont finalement été condamnés par le tribunal de Moscou pour leur dernière manifestation au sein d’une église orthodoxe à deux ans de détention dans un centre pénitentiaire. A partir du moment où la machine judiciaire était lancée, où les faits étaient incontestables et même revendiqués, et où les accusées n’ont manifesté aucun remords, elles ne pouvaient pas être condamnées à moins, la législation russe ne prévoyant pas de peine inférieure. Le seul autre choix aurait été de les reconnaître innocentes contre les faits, et ce n’était évidemment pas imaginable.

Il est toutefois intéressant de noter le contenu idéologique de la fameuse « prière punk » qui leur vaut aujourd’hui une condamnation. Il s’agit d’une démarche strictement politique, puisqu’elles appelaient à chasser le président élu en exercice du pouvoir et dénonçaient la collusion entre l’église orthodoxe et le Kremlin. Au-delà de cette revendication classique au sein de l’opposition, elles dénoncent l’interdiction de la gay-pride et prônent le féminisme tout en dénonçant la politique nataliste, pourtant indispensable, du régime. Même si elles usent de l’expression « chiasse de Dieu », le discours n’est pas complètement anti-chrétien puisqu’il présente la vierge Marie comme une figure émancipatrice.

Même si on peut légitimement penser que la peine est lourde, d’autant plus que leur propos n’est pas si anti-chrétien qu’on pourrait le croire en apparence, mais relevant davantage du christianisme première version, celui que certains auteurs ont pu qualifier de « bolchevisme de l’antiquité », elle était logique. En revanche, si ces jeunes femmes avaient demandé à bénéficier de la grâce présidentielle, il est certain que Vladimir Poutine leur aurait accordée. Elles souhaitaient donc être punies et ainsi témoigner (dans le sens originel du mot « martyr ») qu’elles étaient porteuses d’une vérité politique. Or elles auraient pu éviter de subir cette peine et ainsi ne pas être privées de leur famille.

On sait désormais, si on creuse un peu derrière la propagande russophobe des media occidentaux dans cette affaire, que « Pussy Riot » fait partie d’une mouvance d’extrême-gauche, le groupe « Voïna » (russe « guerre »), spécialiste des actions provocatrices en tous genres, souvent pornographiques. D’ailleurs, parmi les manifestants venus les soutenir devant le tribunal, il y avait les dirigeants et les militants du « Front de gauche » russe (Левый Фронт), une organisation gauchiste.

Soutien à l’homosexualité, apologie d’un féminisme anti-nataliste, attaque contre la religion établie et les institutions politiques, et demain soutien aux immigrés clandestins ?, le groupe « Voïna » représente une idéologie extrême qui déplait foncièrement aux russes. Il leur suffit de se souvenir des émeutes parisiennes de 2005, largement retransmises par les medias russes, pour voir à quelle situation ce genre de discours pouvait mener.

Il existe en outre une autre façon de remettre en cause la religion chrétienne, et notamment en Russie, c’est de rejoindre les différents mouvements relevant de la rodnoverie, « foi native slave », qui sont actuellement en plein essor dans les grandes villes du pays. Mais ce n’était pas l’intention de ces « punkettes ». Elles souhaitent certainement que la Russie de demain ressemble à la France d’aujourd’hui, où on débat désormais du mariage gay tout en cédant aux revendications des émeutiers d’Amiens et d’ailleurs. La Russie se défend. La cause de « pussy riot » reste heureusement très minoritaire, et tous les partis politiques ont condamné leur geste, y compris le KPFR (communistes) de Ziouganov.

Deux ans, c’est lourd et cher pour une provocation en elle-même mineure, mais l’absence de repentir, le fait de vouloir assumer une action politique, et le fait que ce n’est pas le premier acte de ce groupuscule, et que le tribunal a voulu marquer le coup, expliquent cette sanction. Il est vrai qu’elle paraît inhabituelle dans la France « PS » où on n’applique plus les petites peines, ou dans la Belgique voisine où l’ex-épouse du psychopathe pédophile, Dutroux, pourrait être très bientôt libérée.

FRANCE

La « gauche » s’offusque, approuvée par une partie du centre-droit, avec en tête Roselyne Bachelot, parce que l’église catholique a voulu, le 15 août, organiser une prière contre le projet de « mariage homosexuel » que veut instituer la « gauche ». A moins qu’il ne soit obligé d’en passer par une réforme constitutionnelle, ce qui est possible, et à la convocation du congrès ou d’un référendum, le gouvernement ne devrait avoir aucun mal à l’instituer, puisque toute la « gauche » est unanime et qu’une partie de la droite est prête à la soutenir.

Rappelons tout de même quelques éléments de contexte. En premier lieu, la revendication d’un mariage « gay » n’est que le fait d’une petite minorité, quasi exclusivement masculine, et n’est motivée que par le droit à l’adoption, qui est en vérité l'exigence prioritaire cachée derrière ce projet. C’est pourquoi les personnalités de droite qui, comme Nadine Morano, sont pour le mariage gay et contre l’adoption agissent en idiots utiles. Ce sera les deux ou aucun. Et nous souhaitons en conséquence que cela ne soit ni l’un ni l’autre.

Un député UMP, issu du clan de Boutin, Franck Margain, a évoqué en particulier cette problématique dans Le Monde daté du 17 août, où il dénonce la volonté du gouvernement de céder aux demandes de quelques milliers de « couples » homosexuels (les guillemets sont de ce député) et rappelle le caractère social du mariage. Il estime en effet que le droit d’adopter engendrera un « marché de l’enfant », mais c’est véritablement d’un risque d’une nouvelle « traite » qu’il faudrait dénoncer, car aujourd’hui 80% des enfants adoptés en France viennent d’Afrique ou d’Asie, et en conséquence il s’agit de fait d’un surplus d’immigration, dans un pays qui n’arrive plus du tout à la réguler et qui connait une crise identitaire profonde.

Margain a été immédiatement mis en cause, par exemple par le juriste Pierre Cassan, qui suggère que ce député chrétien démocrate est « homophobe », mot qui comme celui de « raciste » permet de tuer le débat dans l’œuf. Il est vrai que si un chrétien, ou l’église, se permet de refuser le « mariage gay », c’est forcément en raison de sa religion, et pas pour des raisons d’utilité publique. En fait, l’Eglise catholique a bien joué puisqu’elle n’a pas mis en avant des arguments théologiques, mais l’intérêt général et le bien des enfants.

Toutefois, ne nous le cachons pas, Christine Boutin, avec sa fameuse bible, avait fait beaucoup de mal à l’opposition au PACS et que l’Eglise s’empare de ce thème même si, pour cette fois, elle a agi avec discernement, ne va pas rendre service à ceux qui ont de très bonnes raisons de refuser ce type de mariage et l’adoption induite. Or, il s’agit bien d’une revendication communautaire, une communauté fondée sur l’orientation sexuelle, primant sur son identité nationale ou européenne par exemple. Il ne me viendrait pas à l’esprit de me définir prioritairement comme « hétérosexuel » mais d’abord comme un homme européen, ensuite comme un païen, enfin comme un socialiste, faisant primer mon identité civilisationnelle avant ma spiritualité et ma spiritualité avant mon opinion politique. Je ne suis donc pas convaincu que ce soit une bonne chose que l’Eglise catholique soit en première ligne.

Enfin, profitons de ce fil pour rappeler quelques vérités sexologiques dans ce monde médiatique où règne l’indifférenciation, c'est-à-dire la négation du débat. En premier lieu, au-delà du fait qu’elle se pratique entre gens de même sexe, ce qui est la définition de base de l’homosexualité, sa forme masculine et sa forme féminine n’ont rien en commun. Chez les autres mammifères, à ma connaissance, seule l’homosexualité masculine existe, et elle relève toujours d’un principe de domination, par exemple au sein d’une meute de loups. Cette homosexualité repose donc sur le principe dominant/dominé, exactement comme chez l’homme lorsqu’elle a lieu dans un milieu exclusivement masculin, prison ou école unisexe, et aussi dans les sociétés antiques. On croit savoir que la Grèce et Rome étaient particulièrement tolérantes à cet égard. C’est faux. L’homosexualité masculine moderne existait peut-être de manière marginale dans l’antiquité grecque, où elle était condamnée. En Grèce, le dominant était nécessairement un homme adulte, et à Rome un homme libre, et à l’un comme à l’autre, il était interdit sous peine de mort d’être en position de « dominé ».

L’homosexualité féminine, relevant davantage en fait de la bisexualité, est une spécificité humaine et ne repose pas sur un rapport de violence ou de hiérarchie. Sappho elle-même était bisexuelle, et le tribadisme (le mot antique pour « lesbianisme ») était connu dans l’antiquité gréco-romaine. Même les régimes totalitaires, hostiles à l’homosexualité masculine, semblent avoir été en revanche globalement indifférents à cette pratique, qui ne semblait pas avoir influencé négativement la natalité. On sait que les lesbiennes, au sein des lobbies pro-gays, sont en outre marginalisées face à une domination masculine écrasante, par gynophobie sans doute.

Juvénal dans ses Satires évoque de manière détaillée les pratiques homosexuelles dans la Rome du début du IIème siècle. Toutefois, il soulignait que jamais personne n’aura eu l’idée d’organiser un mariage homosexuel, même s’il me semble qu’un empereur romain avait en revanche voulu épouser son cheval (Caligula). Le « mariage gay » est une idée proprement moderne qui aurait paru insensée aux anciens Grecs et Romains. Il faut d’ailleurs savoir que l’interdiction de la pratique homosexuelle est apparue avant que le christianisme ne devienne religion de l’empire ; elle est ainsi prônée par le médecin Galien pour des raisons hygiénistes.

Ainsi, l’église catholique a pris position contre le « mariage gay ». Les hindous polythéistes partagent le même avis, comme les zoroastriens, comme les autorités religieuses juives et musulmanes. Et je ne doute pas que les païens hellènes rappelleront qu’Arès n’a pas épousé Apollon et Aphrodite ne s’est pas unie à Artémis.

ALLEMAGNE

Faut-il interdire la circoncision, assimilée par un tribunal allemand à des « coups et blessures volontaires » ? Le rabbin israélien Yona Metzger a expliqué que non. Il évoque « la racine de l’âme juive », c'est-à-dire le caractère identitaire de cette pratique. Les grands partis politiques, à l’exception notable de Die Linke, s’accordent à penser que l’interdiction de la circoncision donne une très mauvaise image de l’Allemagne, pour laquelle tout ce qui touche au judaïsme est évidemment extrêmement sensible. Rappelons que la circoncision existe aussi dans l’islam.

Mais c’est en vérité en raison de son caractère identitaire que la circoncision devait continuer d’être autorisée. Il s’agit d’une pratique probablement proto-sémitique, même si on ignore si les Akkadiens, le premier peuple sémitique historiquement attesté, la connaissaient, donc très ancienne. Même si les Romains l’assimilaient à une « mutilation volontaire », ils l’ont permise par dérogation pour les Juifs, sauf pendant la fin du règne d’Hadrien, où celui-ci a interdit la circoncision, mais c’était dans le contexte d’une grande révolte juive.

Toutefois, dès l’antiquité, certains juifs trouvaient cette pratique peu compatible avec les valeurs grecques et romaines à l’époque dominantes. La mode fut pour eux de se faire fabriquer un « faux prépuce », lorsqu’ils étaient amenés à apparaître nus, par exemple dans le cadre de l’éphébie ou de pratiques sportives. C’est donc un très vieux débat.

Il me semble que la sagesse romaine en l’occurrence est préférable à toute interdiction. Mais il y a toutefois questionnement, car qu’est-ce qui empêcherait demain une communauté africaine d’exiger la légalisation de l’excision s’ils peuvent prouver qu’il s’agit d’une pratique ancestrale ?

07/08/2012

De la Hongrie et de son caractère prétendument « asiatique »

gabor_vona_hun.jpgViktor Orban, le chef d’état hongrois, a expliqué récemment sa conception de la démocratie, opposant la notion de volonté qu’il prête aux démocraties scandinaves avec la notion de force qu’il prête au peuple hongrois, qu’il qualifie de peuple « semi-asiatique ». Recyclant le thème classique d’une conception asiatique fondée sur l’autorité, Orban nie dans le même temps le caractère strictement européen de la Hongrie.

Cette erreur d’analyse historique profonde du dirigeant n’est que le reflet d’une conception tordue propre au nationalisme hongrois contemporain. Le mouvement nationaliste Jobbik, qui a pris le relai avec davantage de succès du MIEP, et qui obtiendrait plus de 20% des voix en cas d’élections législatives anticipées, défend ainsi des conceptions pantouraniennes qu’on retrouvera aussi au sein de l’extrême-droite turque, le MHP.

Le Jobbik, dernier né de l’extrême-droite hongroise, a construit une partie de son succès sur la problématique de la criminalité tzigane et sur les nostalgies de la Grande Hongrie d’avant 1918 ou tout au moins sur l’idée d’un regroupement de tous les Hongrois, y compris ceux de Slovaquie et de Roumanie, dans un même état. Cette idéologie est donc totalement incompatible avec l’Union Européenne, dont le Jobbik est un opposant absolu, allant jusqu’à faire brûler le drapeau bleu étoilé.

En outre, paradoxalement, ce parti est favorable à l’adhésion turque à l’UE, par pantouranisme, et soutient la scandaleuse occupation de Chypre par l'armée turque, rêvant même d'une "Union touranienne". En tournant le dos à l'Europe, la Hongrie selon le Jobbik se vend à l'Asie, comme le nationalisme français europhobe implique au final de soutenir la "Françafrique". C'est ainsi que le nationalisme, en rejetant l'Europe, trahit la nation qu'il prétend défendre. 

En effet, certaines écoles linguistiques avaient par le passé postulé l’existence d’un groupe linguistique ouralo-altaïque comprenant les langues finno-ougriennes et les langues turques. Cette théorie est désormais totalement abandonnée par l’écrasante majorité des linguistes au profit d’une vision selon laquelle les langues ouraliennes (ou finno-ougriennes) constituent un groupe à part, avec une certaine proximité avec le groupe indo-européen.

En conséquence, les nationalistes hongrois, à l’instar de Gabor Vona déguisé en guerrier hun (voir image), prétendent être parents des Turcs par leur prétendue ascendance hunnique. Vona a même déclaré cette contre-vérité ridicule, "je suis hongrois, petit-fils d'Attila". En réalité, Hongrois et Huns n’ont aucun rapport et ne relèvent pas de la même matrice civilisationnelle. Les Hongrois ne viennent pas d’Asie centrale mais de l’ouest de l’Oural, et sont proches des Finlandais et des Estoniens. Lorsqu’ils sont arrivés en Europe centrale, ils ne différaient en aucune manière des populations européennes présentes, même si leur langue n’était pas indo-européenne. En outre, les envahisseurs ont toujours été peu nombreux, et il est donc permis de considérer les Hongrois modernes comme des Pannoniens magyarisés. Les Pannoniens (Pannonii) étaient un peuple indo-européen dont la langue était proche de l’illyrien et qui ont ensuite perdu leur langue native au profit du latin puis du hongrois. Ils sont les ancêtres des Hongrois, comme les Daces sont ceux des Roumains (de langue latine) et comme les Thraces le sont des Bulgares (même si ces derniers sont de langue slave et que leur nom ethnique est turc).

En outre, la mythologie hongroise, malgré ses spécificités, n’est pas fondamentalement différente des mythologies indo-européennes, avec l’importance accordée au dieu du ciel (Isten) mais aussi à la déesse de la terre, aux divinités astrales (soleil, lune) et surtout au dieu de l’orage et de la guerre, Hadur. La christianisation de la Hongrie, qui a suscité les mêmes révoltes païennes que dans le reste de l’Europe, s’est rajoutée à cette mythologie traditionnelle, faisant qu’en religion les Hongrois ne diffèrent là encore en rien des autres Européens. Quant aux runes hongroises, très en l’honneur chez les nationalistes hongrois se réclamant du paganisme, elles ne différent guère des runes germano-scandinaves ou des runes balto-slaves, et ne matérialisent pas une quelconque ascendance asiatique du peuple hongrois.

Enfin, rappelons que les Huns, peuple eurasiate nomade de langue turque, mais dont l’essentiel des troupes était constitué de peuples soumis, essentiellement germaniques et sarmatiques, ne se sont pas implantés durablement dans l’ancienne Pannonie romaine puisque, vaincus par les légions romaines d’Aetius, et à la suite de la mort d’Attila, elles sont retournées vers l’Asie. Les Bulgares slaves, radicalement turcophobes, sont les seuls qui pourraient éventuellement se réclamer d’une parenté extrêmement mineure d’avec les nomades turcs d’Asie Centrale. Mais ils sont au contraire fiers d’affirmer leur européanité, comme d’ailleurs la majorité des Hongrois.

Par ailleurs, l’extrême-droite hongroise prend en la matière des positions contraires au mouvement hungariste d’avant-guerre, qui se réclamait au contraire de l’ « aryanité », même si déjà une petite tendance associait, contre les évidences et tout bon sens, les Hongrois à des peuples asiatiques… et même aux Japonais. Il est vrai que « nos ancêtres les Pannoniens » n’a pas été le mantra éducatif de la Hongrie historique.

Le Jobbik, qui par ailleurs a pris des positions plutôt pro-turcs et même pro-islam, a enfin une autre caractéristique détestable, un antisémitisme sous-jacent. Il est vrai que ce parti se réclame d’un christianisme plutôt dur, même s’il contient en son sein une tendance néo-païenne, mais aussi de cet hungarisme qui dès les années 20 s’était coloré de cette haine. Mais le récent scandale Szegedi a démontré à quel point ce positionnement était grotesque. Csanad Szegedi est ce jeune député européen du Jobbik qui a découvert récemment qu’il avait aussi des origines juives, un point problématique pour quelqu’un qui avait défendu auparavant les thèses du Jobbik à ce sujet. Désormais en rupture de ban de son parti, il a retourné sa veste à 180 degrés et vient même de présenter ses excuses à la communauté juive de Budapest.

L’europhobie, dont le nationalisme du Jobbik témoigne de manière systématique, montre bien qu’elle ne peut amener au final qu’à tourner le dos aux intérêts des Européens dans leur ensemble et de son propre peuple en particulier. Et voilà que le chef du gouvernement, l’eurosceptique Viktor Orban, prend la suite.

Il convient donc de rappeler le caractère strictement européen du peuple hongrois, sa plus longue mémoire, son identité profonde, qu’elle soit pannonienne, romaine ou magyare, contre ces prétendus nationalistes qui font le jeu de l’islamisme et remettent en cause les frontières en Europe centrale, ranimant des haines endormies. En promettant la nationalité hongroise à tous les citoyens slovaques d’origine hongroise, le gouvernement hongrois avait déjà créé des tensions avec son voisin, et de même le soutien aux Hongrois de Roumanie n’est pas un facteur de paix, à l’heure où la classe politique roumaine se déchire entre les partisans du président Basescu d’un côté et la majorité gouvernementale de l’autre. Entre le mondialisme qui livre l’Europe pieds et mains liés aux flux migratoires et à la concurrence déloyale des pays émergents, et le nationalisme rétrograde qui menace, la crise de l’€ et de l’Union Européenne aidant, de relancer les conflits du XIXème siècle, seul un européisme pur et dur permettra de renouer avec la paix, la prospérité et un avenir à nouveau rayonnant.

Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)

Chroniques européennes du 7 août 2012

Italie, Allemagne,Europe fédérale,immigration,insécurité,François Hollande,Christine Taubira,adhésion turque,mariage gay

ITALIE

Alors que Mario Monti semble décidé à ne pas se présenter devant les suffrages des électeurs italiens et que Silvio Berlusconi sort à nouveau du bois, aspirant à diriger la campagne de la droite mais sur une ligne plutôt europhobe, l’opinion italienne apparaît bouleversée, même si la « gauche » semble disposer d’un certain avantage.

Selon les différents instituts de sondage (SWG, Data Monitor…) sur la période comprise entre la fin juillet et le début août, le Parti Démocrate est crédité d’entre 24 et 27,9% des voix, ce qui le place largement devant le Peuple de la Liberté (PdL), crédité quant à lui d’entre 17% et 20,3% des voix, subissant une véritable hémorragie électorale. La situation de la droite parlementaire est encore plus dramatique si on songe que son allié traditionnel, la Ligue du Nord, oscille entre 4,5% et 7,6% des voix, avec une moyenne autour de 5%, barre fatidique s’il en est, et est donc durablement fragilisée par sa crise interne et surtout par la perte de crédit de son ancien dirigeant, devenu président d’honneur, et accusé de corruption, le populiste Umberto Bossi, et ce malgré l’élection comme nouveau président de Roberto Maroni.

Cet affaiblissement de la Ligue profite essentiellement à La Destra (« La Droite »), formation nationaliste issue d’une scission d’Alliance Nationale, qui est annoncée à entre 3% et 4,5% des voix, alors qu’en revanche les néo-fascistes de Fiamme Tricolore stagnent à 0,7% des voix environ. En outre, la formation Futuro e Liberta de Gianfranco Fini se situe entre 2,5 et 3,4% des voix, et échoue à représenter une quelconque alternative à la droite « berlusconienne ». De même, les centristes de l’UDC, avec entre 5 et 5,5% des voix, ne réussissent pas à peser, et ce malgré l’affaiblissement considérable du PdL. Enfin, l’Italie des Valeurs de l’ancien juge Di Pietro, associée à la gauche démocratique, avec entre 4,4 et 7% des voix, ne parvient pas à retrouver son plus haut niveau.

Cette situation étrange, avec une droite en pleine récession et une gauche qui ne parvient pas au plus haut niveau, s’explique avant tout par l’apparition d’une formation politique populiste, difficile à classer à gauche ou à droite, à savoir le mouvement « 5 étoiles » du trublion Beppe Grillo, axé sur une ligne radicalement europhobe et notamment sur l’abandon contre tout bon sens de l’€. Grillo a bénéficié en outre des sorties €-phobes d’un Berlusconi voulant faire parler de lui. Si l’ancien président du conseil adopte les mêmes thèses que Grillo, celui-ci devient automatiquement plus crédible. Son mouvement, nouveau et sans niche électorale précise, est crédité d’entre 13,9 et 19,5%. Il s’inscrit dans cette longue tradition italienne d’émergence régulière de mouvements protestataires, à savoir le fascisme première version de 1919, le qualunquisme (mouvement Uomo Qualunque) d’après-guerre ou encore la Ligue du Nord.

L’extrême-gauche quant à elle continue de faire dans la figuration. Sinistra e Liberta (SeL) obtiendrait entre 5,5 et 6,2% des voix, et Refondation Communiste (RC + PDCI) est située aux alentours de 3,5% des voix, alors que le parti des Pirates, avec 1,8% des voix, échouerait à obtenir des députés, à la différence de l’Allemagne, tout en pesant infiniment plus que son homologue français. Enfin, le PSI réapparaît sous sa forme traditionnelle mais est situé entre 0,4 et 2% selon les différents instituts de sondages.

Malgré le succès croissant de la formation de Beppe Grillo, si des élections législatives avaient lieu ce mois-ci, c’est la « gauche » qui l’emporterait, tout en s’alliant avec le « troisième pôle » centriste. En effet, la traditionnelle alliance entre les centristes et la droite ne permettant pas à cette dernière d’accéder au pouvoir, il est très vraisemblable que le centre se tourne vers la « gauche », exactement comme François Bayrou en France a appelé à soutenir le candidat du PS au second tour des élections présidentielles.

Tout comme en France, les conséquences d’une victoire de la « gauche » en Italie seraient à peu près semblables, à savoir mariage homosexuel, régularisation massive des clandestins (mais à ce sujet, Monti semble ne pas attendre la victoire du PD pour y procéder), abandon du droit du sang (ce que prône par exemple un Gianfranco Fini, passé du post-fascisme au néo-centrisme) et laxisme migratoire sous toutes ses formes.

ALLEMAGNE

Malgré une opinion très favorable en faveur de la chancelière allemande Angela Merkel, les élections législatives allemandes, prévues en 2013, paraissent mal engagées, et ce si la situation de l’opinion demeure semblable à celle d’aujourd’hui.

La CDU/CSU reste largement dominante avec 36% des voix environ, mais ce n’est plus le grand parti démocrate chrétien qu’on a connu, et surtout sa composante CSU, de plus en plus eurosceptique, apparaît affaiblie. Cependant, son principal allié, qui avec près de 16% aux dernières élections législatives lui avait offert la chancellerie, le parti libéral (FDP), est considérablement décrédibilisé, avec entre 4 et 5% d’opinions favorables. Il pourrait ainsi être exclu du parlement, empêchant ainsi à une alliance CDU + FDP de se former à nouveau.

La SPD (sociaux-démocrates) reste assez forte, avec entre 27 et 29% d’opinions favorables, mais ne semble pas actuellement en mesure de disputer la première place avec la CDU. En revanche, son allié traditionnel écologique, Die Grünen, est crédité d’environ 13% des voix, et en outre, Die Linke (« La Gauche »), avec laquelle la SPD refuse par principe toute alliance, est en perte de vitesse, annoncé entre 6 et 7% seulement.

En revanche, un nouvel allié potentiel en la personne du « Parti des Pirates » (Piraten Partei) est apparu. Crédité d’entre 7 et 9% des voix, ce parti est quasiment assuré de rentrer au parlement, et il est probable qu’il rejoigne une coalition formée de la SPD et des Verts. Premier parti du pays, la CDU serait pourtant exclu du pouvoir, au profit d’une SPD qui se veut davantage fédéraliste européenne, mais qui est surtout prête à faire le jeu du PS français. Or, dans la situation actuelle, la mutualisation des dettes serait une erreur si préalablement une politique européenne convergente en matière de réduction des déficits n’était pas mise en œuvre. Le PS français souhaite ainsi faire payer aux contribuables allemands son laxisme migratoire débridé et son achat de la paix civile dans les banlieues.

FRANCE

Alors que les propositions allemandes en faveur d’une fédéralisation accrue de l’Europe sont de plus en plus pressantes, la SPD et la CDU en soutenant fermement l’idée, même si sur des bases différentes, le gouvernement français fait dans l’hexagonalisme le plus obtus. Hollande veut bien que l’Allemagne paie, reprenant à sa manière ce vieux slogan germanophobe des années 20, mais ne veut surtout pas céder le moindre pouce de souveraineté. En effet, dans une Europe fédérale, il est probable qu’Hollande ne pourrait plus mener la politique démagogique qu’il souhaite.

J’avais craint ici même qu’une élection de la « gauche » française n’apporte que des catastrophes. Le premier mois du nouveau président avait paru invalider ma réflexion, celui-ci semblant faire preuve d’une certaine inertie qui n’était pas forcément la pire des politiques. Malheureusement, j’avais eu raison, et le véritable visage du PS a fini par réapparaître.

Sur la Turquie, il est évident que François Hollande semble ménager Erdogan. Il s’était pourtant engagé auprès de la communauté arménienne à faire rapidement voter une nouvelle loi pour sanctionner le négationnisme du génocide dont les Arméniens ont été victimes dans l’empire ottoman en 1915. Même si j’ai expliqué par ailleurs être opposé au principe des lois mémorielles, je suis aussi partisan de tout ce qui peut éloigner la Turquie de l’Europe. Hollande temporise et je ne sais pas ce qu’il a cédé pour obtenir la libération de cette jeune franco-kurde détenue en Turquie. En vérité, je crains qu’avec Hollande, dont le parti est férocement partisan de l’adhésion turque, tout comme la SPD allemande, la cause d’Erdogan soit bien défendue.

Sur la problématique migratoire, le « dur » Manuel Valls est en train d’encourager à nouveau l’immigration, légale comme clandestine, puisqu’il s’attaque déjà à la maigre politique préventive de son prédécesseur Claude Guéant. Alors que le projet de vote des étrangers extra-communautaires aux élections municipales semble en difficulté, car il faudrait le proposer aux électeurs par référendum, et tout le monde en connaît le résultat par avance, la « gauche » préfère donc une politique de régularisation des clandestins et de naturalisation de masse des étrangers. En outre, le garde des sceaux, Christine Taubira, ne cesse de fragiliser un peu plus l’appareil judiciaire. Elle s’oppose par ailleurs à toute politique répressive, et semble ne considérer les délinquants que comme des victimes de l’injustice sociale, ce qui s’applique en particulier aux gens issus de la diversité que la « gauche » voit avant tout comme victimes de discrimination. Les délinquants ont d’ailleurs parfaitement compris le message.

Enfin, le projet de mariage homosexuel est désormais en chantier. Le ministre chargé de le porter annonce son vote pour l’automne 2013. A ce sujet, ce ministre, Dominique Bertinotti, a été explicite, de même que le premier ministre. Il s’agira de permettre aux personnes homosexuelles de se marier, avec tous les droits inhérents, et d’adopter. Mme Kosciusko-Morizet, qui est à la droite ce que le lapin est au renard, vient de se déclarer favorable au mariage, mais pas à l’adoption. Le problème c’est que l’un va avec l’autre. A partir du moment où les couples mariés peuvent adopter, le refuser aux couples mariés homosexuels serait illégal car discriminatoire. C’est donc l’un et l’autre ou bien ni l’un ni l’autre. La droite la plus bête du monde est donc, sur cette question comme sur tant d’autres, en train de ramper devant les idées de son adversaire.

Sabotage du mariage, sabotage de la nationalité, laxisme migratoire et sécuritaire généralisé, refus de la politique allemande de fédéralisation européenne, écrasement par l’impôt des classes moyennes pour financer les banlieues, la « gauche» la plus folle du monde est de retour. Félicitations aux électeurs qui ont rendu tout cela possible.

Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)

29/07/2012

Restaurer des Jeux Olympiques authentiques

 
discobole.jpgEn 394 après J.C, l’empereur Théodose, revenu vainqueur d’Italie après avoir écrasé l’armée romaine occidentale d’Eugène, avec l’appui de ses nombreux mercenaires orientaux et huns, décide de mettre fin aux Jeux Olympiques, une des plus estimables traditions millénaires du peuple grec, un moment de paix et de saine concurrence entre les athlètes, un symbole de ce panhellénisme vanté par Isocrate mais qui avait échoué à se réaliser politiquement. Les autorités chrétiennes sous lesquelles l’empereur s’était de son plein gré placé ne supportaient plus ces cérémonies païennes en l’honneur de Zeus Olympien.

Il est vrai que si la tradition place la naissance des Jeux Olympiques en 776 avant J.C, date qui servira d’année zéro selon le calendrier hellénique, il s’agissait déjà de nouveaux jeux olympiques, réinstaurés notamment par l’intervention du spartiate Lycurgue. Les premiers jeux olympiques eurent en effet lieu à Olympie mais avec des athlètes un peu particuliers, à savoir les dieux eux-mêmes, autour du fils de Zeus, le héros et demi-dieu Héraclès en personne. C’est ainsi que la mythologie évoque les victoires d’Apollon, qui surpasse Hermès à la course et triomphe d’Arès au pugilat. Que ce soit l’initiative de Zeus en personne, d’Héraclès ou encore du père fondateur Pélops, dont le Pélopponèse porte le nom, leur dimension sacrée a toujours été affirmée. C’est en l’honneur de Zeus Olympien, dont la statue chryséléphantine ornait un temple considéré comme l’une des sept merveilles du monde, que les athlètes venus de toutes les cités de la Grèce s’affrontaient dans des joutes. Le vainqueur, démontrant ainsi qu’il avait la faveur des dieux, avait droit à sa statue personnelle, et même si sa cité était flattée de sa victoire, c’était l’athlète et lui seul qu’on honorait. Isocrate voit dans ces Jeux la base même de l’idée panhellénique, et la trève sacrée qui obligeait toutes les cités à cesser leurs opérations militaires durant les Jeux, était une belle manière de souligner la parenté profonde entre tous les citoyens grecs.

Bien sûr, les autres divinités du panthéon grec étaient aussi à l’honneur, et notamment les divinités hippioi par paire (« équines »), liées notamment aux combats, à savoir d’une part Arès Hippios et Athéna Hippia, et d’autre part Poséidon Hippios et Héra Hippia, mais aussi la Terre-Mère en personne, Déméter Chamynè (« la déesse qui dort à même le sol »).

Lorsque le baron de Coubertin entreprend avant 1896 de restaurer les antiques Jeux Olympiques, animé par une profonde foi en l’esprit européen et en une nostalgie sincère pour l’ancienne tradition hellénique, il cherche explicitement à s’extraire du cadre chrétien et bourgeois du sport. C’est naturellement qu’il songe à Athènes comme lieu des premières Olympiades modernes, et c’est ainsi qu’en 1896, un millénaire et demi après le décret infâme de Théodose, que les jeux en l’honneur de Zeus, mais sans que la référence aux dieux ancestraux soit explicite, voient à nouveau le jour.

En 1896, à l’exception de l’Ethiopie et du Japon, et des colonies européennes de peuplement en Amérique, les nations olympiques sont les nations d’Europe car le reste du monde est colonisé, en cours de colonisation ou simplement soumis à une tutelle européenne, comme la Chine. Lorsque le baron de Coubertin invente l’olympisme moderne, il le crée en européen décidé à éclairer les autres européens et à créer une solidarité de fait entre les peuples du continent. Malheureusement, son initiative n’empêchera pas la première guerre mondiale, qui se résume là encore à une guerre civile européenne.

Le drame c’est que le principe d’une représentation nationale était un facteur de concurrence détestable, de fierté nationaliste mal placée, et non l’hommage rendu à la civilisation européenne et aux athlètes. L’Allemagne nazie en 1936 s’emparera de son flambeau pour glorifier son idéologie mortifère, détournant ainsi la matrice hellénique pour magnifier ses objectifs conquérants, mais elle sera imité par les Etats-Unis et l’Union Soviétique au cours de la guerre froide, et désormais par la Chine (2008). A Moscou, à Los Angeles puis à Pékin, chaque régime, chaque modèle politique et économique, essaie d’avoir la suprématie. C’est d’ailleurs pourquoi les media donnent tant d’importance au classement des médailles par pays.

En outre, le capitalisme mondialisé a tout envahi, les droits télévisuels créant une manne financière artificielle considérable. Et le fait que le lieu où se déroulent les Jeux change à chaque fois a des conséquences en matière d’environnement particulièrement désastreuses, amenant à construire des infrastructures qui ne serviront plus jamais, mais aussi de graves conséquences économiques. La crise de la Grèce est ainsi intimement liée aux Jeux Olympiques de 2004 qui s’y sont déroulés.

Refonder les Jeux Olympiques, dans un esprit de rupture total avec la mondialisation libérale qui s’en est emparée, mais aussi dans celui d’un retour à la matrice grecque et à la volonté originelle de Coubertin de ranimer cette flamme sacrée, c’est mettre à bas le pseudo-olympisme contemporain, et dont on voit une nouvelle manifestation à Londres en cette année 2012.

La première mesure forte serait de décider que les Jeux Olympiques se dérouleront systématiquement tous les quatre ans à Athènes. Cela permettrait d’aider les Grecs à sortir de leur marasme économique en rentabilisant des installations coûteuses qui ne servent plus à rien.

La seconde mesure serait de décider de briser le caractère international des Jeux Olympiques modernes et d’en affirmer en revanche le caractère strictement européen. Cela implique de restreindre les JO aux seuls athlètes européens et d’en exclure également les sports étrangers ou non traditionnels. Les JO se substitueront ainsi par exemple au Championnat d’Europe d’athlétisme.

La troisième mesure serait d’affirmer le caractère amateur des JO, en clair revaloriser le sport amateur au détriment du sport professionnel. Ce sera privilégier l’importance de la victoire plutôt que celle du temps de référence, du record, chose inconnue des Grecs anciens. En particulier, l’athlétisme en Europe cesserait d’être professionnel. On peut imaginer l’organisation de pré-olympiades dans chaque ville, dans chaque euro-région, mettant en concurrence des sportifs européens amateurs, tout en supprimant l’idée de représentation nationale. Un athlète gagnera en tant que citoyen européen et non en tant que représentant de telle nation, de telle région. Dans l’antiquité, les vainqueurs d’Olympie étaient honorés de la même manière, qu’ils viennent d’Athènes, de Sparte ou de Thèbes, non en tant qu’athéniens, spartiates ou thébains, mais en tant que grecs.

Le vainqueur d’une compétition ne gagnera pas d’argent, ne bénéficiera d’aucun sponsoring, n’aura pas le droit de participer à des compétitions internationales rétribuées, mais se verra doté d’une couronne de feuilles de chêne dorées.

Par ailleurs, le principal problème c’est l’argent corrupteur du sport, lié aux droits de retransmission. Les nouveaux Jeux Olympiques devront alors voir leur système de diffusion totalement modifié, à savoir l’existence d’une seule retransmission officielle, identique au niveau européen, selon un format unique diffusé exclusivement par les chaînes publiques en Europe. La publicité sera totalement bannie aussi bien des retransmissions qu’au sein des lieux de compétition sportive ou sur les maillots. Tout gain éventuel généré par ces Jeux Olympiques servira à l’entretien des installations et éventuellement sera reversé aux caisses du futur Etat européen.

zeus.jpgEnfin, la dernière réforme, sans doute la plus provocatrice, sera de restaurer la dimension sacrée des Jeux Olympiques, allant au-delà de la cérémonie « néo-païenne » actuelle consistant à allumer la flamme olympique par les rayons du soleil. Mikis Theodorakis, lorsqu’il composa pour les JO son « Hymne à Zeus », avait déjà introduit implicitement cette dimension jovienne. Des cérémonies traditionnelles, conformes au rite antique, pourraient être introduites, afin que les Jeux Olympiques retrouvent leur sens vraiment « olympique », en l’honneur des Olympioi, et premiers vainqueurs des Jeux.

Les compétitions de natation ou de sports nautiques seraient exclues des Jeux Olympiques mais se dérouleraient lors des Jeux Isthmiques (en l’honneur de Poséidon, dans l’antiquité) et ce la même année. Les Jeux Olympiques d’hiver seraient parallèlement maintenus, avec deux modifications principales, leur dimension strictement européenne et leur caractère amateur. On peut enfin imaginer réintroduire les Jeux Pythiens (concours de poésie, de théâtre et pourquoi pas de cinéma) et les Jeux Néméens, afin que les quatre fêtes sportives de l’antique Hellade soient réintroduites, et pas seulement celle d’Olympie.

Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)

08/07/2012

De Soler, d’Onfray et de leurs détracteurs. Sur le monothéisme.

moses.jpgJean Soler est un remarquable historien spécialisé dans l’étude des origines du monothéisme. Acteur engagé de la société civile, dans ses deux derniers ouvrages, « La violence monothéiste » et « Qui est Dieu ? », il s’attaque aux trois monothéismes abrahamiques, en insistant sur la violence et l’exclusion qui leur seraient naturellement associées. Sa thèse n’est pas nouvelle et s’inscrit dans la plus pure tradition voltairienne, puis « néo-droitière », mais dans une version mise à jour à la suite des travaux novateurs d’archéologues israéliens (les auteurs de « La Bible dévoilée »). Ce n’est pourtant pas Soler qui crée le scandale mais l’éloge que Michel Onfray a prononcé dans Le Point à propos de son dernier ouvrage, reprenant en les vulgarisant les principales thèses de l’auteur dans son dernier opus.

Onfray nous a habitués à son combat contre l’obscurantisme religieux, lui-même professant un athéisme explicite et revendiqué, ce que nous ne partageons pas avec lui, partisans que nous sommes d’une vision bien au contraire ouvertement polythée. Il n’est pas étonnant que Soler lui ouvre de nouvelles perspectives, lui qui prend modèle sur le philosophe à coups de marteau, le démolisseur des idoles « galiléennes », pour reprendre l’expression de l’empereur Julien.

Depuis plusieurs jours, de nombreux intellectuels, notamment issus de la communauté juive, dénoncent Onfray comme un antisémite. Rien ne permet dans la pensée d’Onfray de le qualifier de tel puisque, très bon connaisseur de Nietzsche, il partage avec lui le refus absolu de l’antisémitisme, considéré comme d’essence chrétienne. Et son choix de privilégier Athènes à Jérusalem ne saurait en aucune manière être considéré comme une démarche d’hostilité mais comme un souci naturel de se relier à une tradition antique issue du génie européen propre.

Jean Soler, dans la conclusion de son pénultième ouvrage, annonce un retour à l’héritage grec, un peu comme Pléthon prédisant que la religion de l’avenir ne différerait guère de la religion grecque antique, déclarant qu’ « ils arriveront à cette conclusion, qu’en abandonnant le modèle gréco-romain pour le modèle judéo-chrétien, l’ère monothéiste aura été, avec ses ombres et ses lumières, ses ombres surtout, une erreur de parcours dans l’histoire de l’humanité ». Mais il ne pousse pas son raisonnement jusqu’au bout, évitant le choix courageux d’un Louis Ménard ou d’un marquis de Sade, celui de retrouver la matrice antique en renouant avec le polythéisme hellénique, avec l’olympisme. Et alors que dans quelques jours auront lieu de nouvelles olympiades, selon le vœu du baron de Coubertin de ramener à la vie ces jeux en l’honneur de Zeus, cela aurait été la cerise sur le gâteau. Car c’est un vœu pieux de croire qu’on pourrait retrouver la liberté de pensée des Grecs si on ne remet pas en cause et de manière absolue la marque que le monothéisme a laissée sur le visage lumineux d’Europê, si on ne renoue pas avec les dieux immortels qu’honoraient les philosophes grecs, au même titre que les simples citoyens.

Et pourtant Soler et Onfray commettent dès le départ une erreur de méthode, à savoir qu’ils se refusent à séparer le judaïsme du christianisme et de l’islam, et qu’ils ne perçoivent pas l’impact de l’universalisme comme vecteur de violence, contestant l’ethnocentrisme qu’ils prêtent aux Juifs, et s’indignant des lois hostiles à la mixité ethnique contenus dans les textes sacrés juifs, mais qu’on retrouve aussi bien dans l’Avesta iranien et dans les Lois de Manu en Inde. En effet, c’est bien l’universalisme, chrétien ou musulman, annoncée aussi à leur manière par Socrate et par l’empire romain, qui est la principale cause de violence, puisque l’autre n’est plus respecté en tant qu’autre mais se voit contraint de cesser de l’être et de se rallier à la nouvelle religion. Le caractère non-prosélyte (au sens moderne) du judaïsme, comme du zoroastrisme et de l’hindouisme, ce dernier étant une religion par ailleurs polythéiste et apparentée à l’hellénisme, change complètement la donne. Et Onfray, en ne renonçant pas à l’universalisme, se montre malgré lui disciple de Paul de Tarse pour qui il n’y a plus « ni juif, ni grec », déclarant ainsi la guerre religieuse tant à l’olympisme qu’au yahvisme.

Il y a eu certes, indéniablement, aux origines du yahvisme, une part de violence et de persécution. Mais c’est se méprendre que de prendre en compte le récit du VIIème siècle avant J.C selon lequel les Hébreux seraient venus d’Egypte et auraient décimé les Cananéens avant de s’installer dans une nouvelle terre promise. En vérité, non seulement nous savons aujourd’hui que ces récits de destruction des cités cananéennes n’ont aucune réalité historique, mais cela témoigne en réalité d’un conflit religieux au sein des Cananéens eux-mêmes.

C’est en effet au sein du peuple cananéen que va naître la scission yahviste, la mise en place d’un culte rendu à un dieu ethnarque reprenant les fonctions d’El Elyon, le dieu suprême du ciel, dieu honoré sur l’acropole de Jérusalem, et de Baal Adad, le maître de l’orage. Le panthéon cananéen était très riche en divinités masculines et féminines, parmi lesquelles des dieux souverains, ceux que je viens d’évoquer, mais aussi de grandes déesses, comme Elat Asherah, épouse d’El puis de Yahweh dans les premiers temps du judaïsme, la guerrière Anat, sœur et amante de Baal, et la merveilleuse Ashtoreth, celle-là même honorée à Babylone sous le nom d’Ishtar, toutes divinités remontant à au moins 6000 avant J.C, du temps où l’on parlait encore le proto-sémitique en Arabie.

Pendant des siècles, chaque souverain alternant philo-paganisme ou yahvisme intransigeant, prêtres de Yahweh et prêtres de Baal s’affronteront afin de convaincre les uns d’adopter la nouvelle religion, les autres de maintenir l’antique tradition. C’est en 620 avant J.C que le roi de Judée, Josias, prend position en faveur des yahvistes, ceux-ci se définissant comme hébreux et réservant désormais le terme tribal « cananéen » aux seuls païens. Lorsque la Bible dénonce les cananéens, elle dénonce uniquement les païens, de même qu’avec la christianisation de l’empire romain le nom ethnique d’ « hellènes » servit à désigner les fidèles des dieux de l’Olympe. Ainsi, le peuple juif n’est autre que le peuple cananéen devenu monothéiste et adepte du seul Yahweh, les autres dieux ayant été abandonnés et jusqu’à l’épouse même de Yahweh. Le mythe de la disparition des Cananéens doit se comprendre comme la conversion accomplie de l’ensemble de ce peuple.

Une fois que les cananéens sont devenus les judéens (yehudim), l’expansion du yahvisme s’arrête totalement, et à cette phase de prosélytisme violent succède une phase d’ethnocentrisme modéré, d’indépendance affirmée, jusqu’à ce que les empires voisins, aux appétits conquérants, s’intéressent à leur terre. Ce sera la domination des Assyriens, des Perses, des royaumes hellénistiques et de Rome. A aucun moment, les Judéens ne déclareront la guerre mais ils subiront ces jougs étrangers, rêvant d’un nouveau David libérateur, certains réussissant comme Judas Macchabée, et d’autres échouant lamentablement comme Simon Bar Koshba.

Si l’empire romain, à la différence d’un empire perse plus complaisant, s’oppose aux judéens, c’est parce que la Judée est une province romaine turbulente et révoltée. Du jour où la rébellion est totalement vaincue, avec la destruction de Jérusalem par Hadrien, cité transformée en une ville païenne, Aelia Capitolina, dédiée à Jupiter Capitolin et Zeus Olympien, le site du temple d’El Elyon puis de Yahweh étant désormais doté d’un temple de Zeus, la judéophobie des autorités romaines cessa rapidement. Les vexations sont supprimées par Antonin le Pieux. Et face au christianisme des Constantinides, païens et juifs combattront ensemble, au point où l’empereur Julien entamera la reconstruction du Temple, se révélant le premier sioniste.

Ainsi, si la phase de conversion des cananéens polythéistes a été de nature violente, comparable à la christianisation de l’Europe ou à l’islamisation du Moyen-Orient, le judaïsme cesse de l’être une fois ce processus accompli. Bien au contraire, au même titre que le paganisme, le judaïsme est persécuté, et notamment par les chrétiens et les musulmans, et ce n’est pas un hasard si le seul havre de paix dans l’Occident médiéval pour les juifs d’Europe a été la Lituanie païenne. Onfray et Soler, tout comme Voltaire, pensent qu’en s’attaquant aux racines juives du christianisme, et de l’islam, ils pourront triompher du monothéisme. Ils se trompent. C’est en renonçant à tout universalisme, en se recentrant sur l’Europe, qu’ils pourront redécouvrir les charmes de l’antiquité.

Mais il ne faut pas simplement choisir le camp d’Athènes, mais aussi celui de la Rome de Romulus, de Tara (sanctuaire druidique renommé), d’Uppsala (haut lieu de culte des dieux d’Asgard) et d’Arkona (sanctuaire slave). C’est en (re)devenant païens que cette haine stupide qui a pour nom « antisémitisme » cessera simplement d’exister. Elle était inconnue de nos ancêtres d’avant le christianisme, car ceux-ci ne se sentaient pas en religion des vassaux. Le judaïsme, lorsqu’ils étaient amenés, rarement, à le connaître, leur paraissait sans doute bien étrange, avec son absence de représentation de la divinité, comme Pompée entrant dans le saint des saints s’en étonnera, et les troupes romaines occupant la Judée, dans un contexte difficile, n’étaient pas nécessairement très judéophiles, à l’instar de Ponce Pilate. Il est vrai que, face aux nationalistes judéens, ils jouaient leur vie. Et si Jésus, à supposer qu’il ait réellement existé, a été exécuté par les autorités romaines, c’est parce qu’ils voyaient en lui, par sa revendication de « roi des Juifs » et de descendant de David, revendication qui avait aussi été celle de Judas Macchabée, un nationaliste rebelle, un indépendantiste menaçant la paix romaine dans la région. Ce n’est alors pas un hasard qu’il ait connu le sort des compagnons de Spartacus, ce dernier étant toutefois mort au combat et non sur la croix, contrairement à la légende.

C’est par le retour à ses (anciens) dieux que l’Europe, renouant ainsi avec sa plus longue mémoire, et Israël pourront renforcer leur amitié, malgré un passé douloureux difficile à faire passer. L’occupation romaine de la Judée puis le christianisme nous ont séparés, alors qu’Alexandre, César et Auguste étaient des amis du peuple juif, considérés comme tels, et étaient en même temps de solides polythéistes. Le judaïsme, parce que c’est une religion nationale, celle d’un peuple, n’est pas comparable au christianisme et à l’islam, même si ces derniers se sont appuyés sur le monothéisme israélite pour se bâtir. Les Juifs ne sont pas responsables de ce que leurs prétendus héritiers, qui les ont persécutés par ailleurs, ont pu commettre.

Par ailleurs, un courant idéologique original n’a jamais cessé d’animer le mouvement sioniste, au sein même de la Haganah par exemple, celui des « Cananéens », c'est-à-dire des Judéo-païens. Inspiré par l’œuvre du poète israélien Adyah Gurevitch (1907-1975), ceux-ci souhaitent le retour au polythéisme des anciens Hébreux, du temps où ils étaient encore des Cananéens. Il s’agit du sionisme le plus accompli, puisqu’il vise à un réenracinement total dans la terre de leurs ancêtres, jusqu’à retrouver les dieux des pères de leurs pères. Car, on oublie bien souvent que le judaïsme est l’héritier d’un polythéisme, et que les principales fêtes du calendrier juif remontent à une époque antérieure au yahvisme, même si ces fêtes ont été recouvertes, tout comme les fêtes « païennes » en Europe, d’un voile monothéiste.

La violence monothéiste nécessite une logique universaliste, celle du principe de conversion. Le païen, le kafîr, doit adopter la nouvelle religion ou périr s’il conserve son attachement aux dieux de ses ancêtres. Le christianisme, synthèse d’une dérive universaliste du yahvisme (celle de Paul) et de l’universalisme de l’imperium romanum, et l’islam, ne supportent pas l’altérité en religion. Et cette dimension semble échapper à l’analyse, habituellement brillante, d’Onfray, tout simplement parce que ce dernier n’a pas renoncé à tout universalisme et a du mal à concevoir qu’on puisse sérieusement revenir au polythéisme, tout comme le « païen » Alain de Benoist considère qu’il est « ridicule de croire en Jupiter ». Au cœur de tourments identitaires profonds, et alors que tout laisse à penser que l’Europe approche en ce XXIème siècle d’un abîme dans lequel elle risque d’être précipitée, et qu’Onfray fait tout pour ne pas voir, il suffit de songer à ses engagements politiques à l’extrême-« gauche », la religion européenne de l’avenir ne sera plus le christianisme, qui ne l’aura pas protégée, et ne sera pas non plus l’athéisme dont Onfray espère le succès. Mais le culte de ceux que les super-héros ont remplacé dans l’imaginaire contemporain, le culte des dieux immortels, qu’ils soient descendus de l’Olympe ou d’Asgard.

Thomas FERRIER

24/06/2012

Mes coups de gueule… (2)

LE FRONT NAZIONAL SELON DOMINIQUE REYNIE ?

ETU_4155_L148.jpgLa politologie, comme toute science humaine, doit s’efforcer d’adopter une démarche scientifique de neutralité et de prise de distance. Lorsqu’il s’agit du FN, de nombreux politologues agissent malheureusement en militants, ce qui fait que leur critique perd de sa pertinence.

Lorsque Claude Guéant qualifie le FN de mouvement « nationaliste et socialiste », cherchant à créer des passerelles artificielles entre le PS et le FN, il agit en dirigeant de l’UMP. Lorsque Jean-Luc Mélenchon qualifie le FN de « fasciste », reprenant la terminologie communiste classique, il agit en dirigeant d’un mouvement qui se réclame de l’anti-fascisme et de l’opposition à l’extrême-droite.

En revanche, lorsque Dominique Reynié dénonce un « vertige social-nationaliste » symbolisée par le rejet du texte constitutionnel « européen », il agit également en militant et en idéologue. Il est alors difficile de vouloir à la fois conserver l’image d’un chercheur indépendant et d’acteur de la vie publique, engagé dans le rejet du FN.

Pour analyser le néo-FN de Marine Le Pen, Dominique Reynié parle d’un « tournant ethno-socialiste » du FN (Etudes, novembre 2011), dénonçant « l’association du socialisme et du nationalisme ». Jean-Paul Gautier qualifie le programme du FN de « national » et « social » (Les Temps Nouveaux, Hiver 2012), le présentant comme prenant la suite du programme du PPF de Jacques Doriot.

Rattacher le FN à la grande synthèse « nationale et sociale » n’est autre qu’une volonté de fasciser le Front National, de pratiquer à son encontre une « reductio ad Hitlerum », processus dénoncé en son temps par Leo Strauss, en se parant des qualités, réelles au demeurant, propres à un politologue. Le « socialisme national », analysé par Zeev Sternhell et Marc Crapez comme la base idéologique des fascismes italiens et français, rattachant le fascisme à un phénomène issu de la gauche, mais dont ils excluent de manière plus ou moins arbitraire le national-socialisme allemand, s’est certes retrouvé comme matrice idéologique du jeune Maurice Barrès et a ensuite inspiré les fascistes et divers courants nationaux-révolutionnaires ultérieurs.

De plus, l’expression « ethno-socialiste » n’est pas neutre non plus, même si j’imagine que Dominique Reynié la popularise en français. En premier lieu, l’ « ethnico-socialisme » n’est autre en grec moderne que l’ εθνίκο-σοσίαλισμος, terme revendiqué par le fasciste grec Georgios Mercouris en 1934 (père de la célèbre Melina Mercouri), et qui se traduit explicitement par « national-socialisme ». On retrouve sous la plume du suédois Sven Lindholm, fondateur du Svensk Socialistisk Samling (« Union socialiste suédoise ») mais surtout fasciste affirmé, l’expression « Folksocialisten », revendiquée ensuite par un groupuscule néo-nazi allemand (« Freundeskreis Revolutionärer Volkssozialisten »), bien que l’expression Volkssozialismus ait été originellement employée par le politologue allemand Richard Löwenthal en 1936 lorsqu’il procéda à l’analyse du nouveau régime allemand.

Je ne pense pas que fasciser le FN, le rattacher à des mouvements d’avant-guerre de nature bien différente, contribuera à une meilleure compréhension du phénomène. Et de même, pour ceux qui entendent combattre le FN sur le plan des idées, dans le cadre du débat démocratique, c’est user d’une facilité dialectique qui se retourne contre ses auteurs. Analyser le FN c’est d’abord chercher à comprendre sa mécanique interne, son histoire, ses thématiques et leur utilisation. Le diaboliser, c’est lui rendre au final service et c’est en rester à une observation superficielle. C’est le jour où le FN sera vraiment dédiabolisé et qu’on le verra tel qu’il est en vérité, qu’il s’effondrera, non parce qu’on l’aurait découvert crypto-fasciste mais parce que son électorat l’imagine autrement qu’il n’est en vérité. Les électeurs doivent pouvoir choisir en conscience quel avenir ils souhaitent, ce qui n’est possible que par une information objective et complète. Orwell qualifiait la vérité de « révolutionnaire » et elle l’est en vérité. Car ce n’est pas seulement le FN qu’il faut montrer sous son vrai jour mais le PS, le Front de Gauche et l’UMP, et en vérité la société française en général. Il faut que les Européens voient en face la décadence actuelle de leur civilisation et de cette prise de conscience viendra la renaissance.

UN FRONT EUROPHOBE

Le FN est avant tout un parti explicitement anti-européen et c’est sa caractéristique principale, la thématique de l’immigration n’ayant été introduite par ce parti que par pur opportunisme, Le Pen père étant opposé au départ à sa mise en avant. Les artisans de celle-ci furent Duprat puis Stirbois et enfin les ralliés issus de la Nouvelle Droite, mais surtout le PS et le RPR, en lui offrant ce thème inexploitée sur un plateau d’argent. Désormais, l’électeur qui veut manifester son opposition à l’immigration est automatiquement rattaché au FN et ce dernier aux pires idéologies du XXème siècle, en raison notamment des provocations sémantiques de son ancien président.

Dans une interview publiée dans un journal autrichien, Kurier, Marine Le Pen expose sa vision de l’Europe et apporte son soutien au FPÖ de Strache, également en pointe en matière d’europhobie. Elle souhaite une fois de plus l’effondrement de l’Union Européenne, donc le malheur des européens car les conséquences seraient dramatiques et notamment parce que la fin de l’€ aurait des répercussions économiques désastreuses. Pour elle, cet effondrement rendrait possible la (non-)Europe des Nations, non-Europe car une Europe dans laquelle les (anciennes) nations la composant conserveraient l’intégralité de leur souveraineté, une Europe réduite à une vague coopération, ce n’est pas une Europe du tout.

Elle refuse le principe même d’une réforme de l’Union Européenne, qualifiée encore une fois d’ « Union Soviétique », reprenant ainsi l’expression de l’agent américain Boukovski. Elle se décrit comme « EU-Phobikerin », ce qui a été traduit maladroitement par « europhobe », alors que c’est « UE-phobe ». Son rejet de l’UE et de l’euro, qu’elle a tenté de masquer durant sa campagne, reste absolument entier. Or, comme l’a fait à juste titre remarquer Elie Barnavi, « l’Europe, c’est le Graal ». L’incapacité à penser l’Europe unie s’apparente en effet à une « phobie », c'est-à-dire à une peur irrationnelle, au nom de spécificités fétichisées. La négation par Marine Le Pen de l’européanité, au-delà des questions institutionnelles, est l’aveu d’un échec intellectuel. Elle la partage avec Geert Wilders, avec Declan Ganley et tant d’europhobes militants, alors même que la division de l’Europe sert ouvertement les intérêts américains.

Selon un article du journal américain Stratfor, « les Etats-Unis ne veulent pas d’un effondrement européen (…) mais en revanche ils trouvent un intérêt certain à la crise financière (…) maintenir les Européens dans un état de difficulté de longue durée est acceptable aux yeux des Etats-Unis. » En termes clairs, les USA ne souhaitent pas que l’Europe explose, car ils en seraient impactés immédiatement, mais que l’Europe reste dans le marasme le plus longtemps possible. En ce sens, les réactions de « petty nationalism » de Marine Le Pen et de ses homologues des pays voisins servent explicitement les intérêts américains.

Que l’Union Européenne soit loin d’être parfaite est une évidence. Son manque de légitimité démocratique, son absence de vision à long terme, son incapacité à définir des frontières cohérentes, la corruption idéologique qui domine ses institutions, sont les matérialisations évidentes d’une UE déficiente, mais à l’image des états qui la composent. Tout cela ne dérange pas Marine Le Pen. Députée au parlement de Strasbourg, alors qu’elle est incapable d’être élue députée nationale, elle profite pourtant bien d’institutions dont elle conteste toute legitimité et jusqu’à l’existence même.

Que l’Union Européenne doive être réformée en profondeur relève d’une attitude raisonnable, pour ne pas abolir cinquante ans de construction européenne, et je rappelle que, pour reprendre l’image de l’effondrement de l’Union Soviétique, puisque c’est elle qui choisit cette comparaison absurde, cela ne s’est pas fait sans heurts, et la Russie d’aujourd’hui paye encore un lourd tribut. L’irresponsabilité présentée comme une solution absolue à un système mondialisé d’une complexité extrême, c’est la caractéristique principale des mouvements populistes, comme les provocations anti-€ de Beppe Grillo ou les coups de menton de Jean-Luc Mélenchon. Alexis Tsirpas, par exemple, le jeune dirigeant de Syriza, souhaite que la Grèce reste dans l’€ sans réformer quoi que ce soit, sans les efforts nécessaires pour remédier à une dépense publique incontrôlée. « Faire payer les riches » ou « souhaiter la chute de l’UE », c’est la même chose. Ca n’engage à rien puisque les portes du pouvoir restent très éloignées.

L’europhobie de Marine Le Pen, « paradoxalement », est partagée par le PS. Alors qu’Angela Merkel propose courageusement une Europe politique au sens fort, et lui répondre « chiche » l’obligerait à un début de commencement de proposition, car cela reste un effet d’annonce, François Hollande au nom d’une « exception française » traîne des pieds et manifeste sa plus mauvaise volonté au risque de faire chanceler l’édifice communautaire tout entier. Ayant fait son lot de promesses inconsidérées, il sait désormais qu’il joue gros s’il déçoit aussi rapidement son élection.

TURQUIE ET HOLLANDE

Alors que Chypre va présider à partir du 1er juillet l’Union Européenne, la Turquie est menaçante. Elle réitère sa volonté de procéder au boycott des réunions communautaires si Chypre y est présente. Les déclarations des dirigeants islamistes de la Turquie en cours de « dékémalisation » devraient recevoir une réponse cinglante des chefs d’état et de gouvernement de l’Union.

Or le nouveau président français, qui avait pourtant annoncé qu’une de ses premières mesures serait le vote d’une loi condamnant la négation du génocide arménien, est devenu bien silencieux à ce sujet. Erdogan lui propose donc de venir visiter son beau pays, ce dernier y voyant un « privilège ». Le premier ministre turc a tout de suite vu dans l’élection du « socialiste » Hollande un moyen de réactiver le processus d’adhésion à l’UE. Il s’agit surtout de profiter des dissensions entre le nouvel élu et Angela Merkel, celle-ci étant opposée à cette adhésion, à la différence de la SPD allemande.

Alors que la Turquie s’éloigne de plus en plus de ce que l’on appelle communément l’état de droit, avec des arrestations arbitraires et des procès truqués, personne dans l’UE n’ose réagir. Les provocations permanentes du duo Erdogan/Davutoglu, Gül étant discret depuis qu’il est devenu président, et notamment à l’égard d’un état membre, Chypre, sont inacceptables et pourtant ne reçoivent aucune sanction. Au contraire, c’est Erdogan lui-même qui a pris l’initiative de sanctionner économiquement la France en raison de l’opposition de Sarkozy à l’adhésion turque et pour avoir voté un texte de restriction de la liberté d’expression, certes discutable, jugé défavorable à la Turquie.

Même si le processus d’adhésion est actuellement au point mort, 13 chapitres ont néanmoins été ouverts, et en aucune manière l’objectif d’une Turquie membre de l’UE n’est remis en question. En Hollande, Erdogan pense en tout cas avoir trouvé un allié potentiel. Et même si Hollande n’est pas le partisan le plus déterminé de cette intégration, le PS y est bien davantage favorable. Si Angela Merkel devait concéder une grande coalition, ou si la SPD gagnait les élections en 2013, la Turquie reprendrait son chemin vers l’UE, avec tout ce que cela peut signifier, tant au niveau des libertés publiques en Turquie même que dans l’image détestable qu’a l’UE, au sujet de cette question, auprès de nombreux citoyens européens.

Qui va enfin avoir le courage de dénoncer cette adhésion comme une erreur monumentale, et pour le peuple européen, et pour le peuple turc ? Qui va oser montrer le vrai visage du gouvernement turc actuel ? Cela m’étonnerait que ce soit François Hollande.

Thomas FERRIER

24/06/2012

Gauche contre "gauche" !

Message aux lecteurs du blog.

Pericles.jpgCertains lecteurs ont du mal à comprendre mon positionnement politique et pense que je suis proche de l’UMP, malgré une étiquette « euro-socialiste » pleinement assumée. En effet, si je tape d’abord, et en priorité sur le PS et sur le FN c’est parce que, plus que l’UMP, ils se présentent comme ce qu’ils ne sont pas. Le PS n’a de « socialiste » que le nom puisqu’il est totalement rallié au libéralisme économique et au mondialisme idéologique, sa seule différence avec l’UMP étant qu’il y ajoute en outre le libertarisme moral. Le FN prétend quant à lui défendre notre « identité nationale », alors qu’il nie l’européanité du peuple français, met les européens et ceux qui ne le sont pas dans le même sac sous le vocable de « immigrés », et que la seule raison pour laquelle des millions de français votent pour lui, la problématique de l’immigration extra-européenne, est abandonné au profit d’une conception néo-colonialiste et impériale de l’ « identité », celle de la France coloniale, car le FN défend à sa manière la même « diversité » que le PS mais restreint cette diversité au fait de posséder la citoyenneté française. Il y a donc dans les deux cas tromperie sur la marchandise. L’UMP, libérale et conservatrice, défendant l’idéologie du Système en place, ne trompe pas. Je préfère un ennemi qui ne se cache pas à de faux amis prêts à me poignarder dans le dos à la moindre occasion.

Mais lorsqu’un véritable homme de gauche apparaît, un authentique socialiste, même s’il ne partage pas l’européisme que je défends, même s’il reste encore pris dans un cadre national, je sais qu’il est de mon camp, qui est celui de Saint-Simon, celui de Pierre Leroux, celui de Benoît Malon, celui de Louis Ménard (pour ne citer que des socialistes français), ou encore de Giovanni Mazzini ou de Jack London. A l’imitation de ce dernier, je dirais que je suis socialiste et européen, mais que je suis européen avant d’être socialiste.

Alors qui sont ces véritables socialistes d’Europe, européistes ou pas ? Je pourrais citer le socialiste danois Thor Möger Pedersen, ministre des finances issu du Parti Socialiste Populaire (gauche radicale), âgé de seulement 26 ans, et qui ose défendre son identité danoise et européenne. Je pourrais citer le socialiste polonais, et explicitement païen, disciple de Ian Stachniuk, défenseur de son identité slave et pourfendeur de l’impérialisme américain, l’historien Mateusz Piskorksi, ancien membre de Samoobrona et désormais membre du Parti du Travail Polonais (gauche radicale), ou encore le socialiste allemand Oskar Lafontaine (Die Linke), remis de son cancer et en piste pour de nouvelles aventures. Et même si je ne partage pas du tout sa défiance envers l’Union Européenne, je reconnais que le social-démocrate controversé Thilo Sarrazin est un socialiste bien plus authentique. Et le russe Dmitri Rogozine, ancien dirigeant du mouvement socialiste patriote Rodina, et travaillant désormais dans l’équipe de Poutine, représente un véritable avenir pour le peuple russe.

Vous l’aurez compris, la gauche authentique est représentée par ceux qui incarnent un socialisme identitaire, potentiellement ou ouvertement européen, libéré des utopies marxisantes, rejetant le libertarisme des pseudo-socialistes « occidentaux » et défendant réellement le peuple. Le PS applique la politique migratoire désirée par le patronat, tout en mentant au peuple par des promesses sociales dont on ne le fait pas en vérité profiter, puisque réservées à acheter la paix civile dans les banlieues.

Nous savons bien qu’il n’y a jamais eu autant de privatisations en France que sous le gouvernement Jospin (1997-2002) et nous avons eu comme président « de gauche » un ancien volontaire national des Croix de Feu, qui s’est découvert une vocation de résistant en 1943, après avoir reçu l’insigne emblématique du régime d’un ancien maréchal de France, reconverti en chef d’état. C’est parce que la « gauche » n’est plus la gauche que l’électorat populaire lui a tourné le dos, que le peuple de gauche est contraint d’exprimer sa colère ou son désespoir par un vote populiste et notamment en faveur de la droite nationale et radicale. Le FN, premier parti ouvrier de France, c’est une réalité. Et c’est aussi vrai du FP norvégien, du DFP danois, du PVV de Wilders, et c’était vrai de la Ligue du Nord italienne. Le BNP et les SD suédois connaissent leurs meilleurs scores chez les ouvriers, tout comme les PS (« vrais finlandais ») finnois.

001.jpgSi on se désole, comme c’est mon cas, du succès de formations politiques europhobes et/ou eurosceptiques, alors que l’Europe est notre seule planche de salut, il faut aussi en expliquer les causes et trouver un remède. Que dit Terra Nova, ce think-tank proche du PS ? Que le patriotisme est nécessairement extrémiste, que le FN et l’UMP ont vocation à ne plus faire qu’un, qu’il faut que le PS laisse tomber l’électorat populaire, naturellement réactionnaire, pour ne s’intéresser qu’à deux électorats, à savoir l’électorat allogène d’une part, remplaçant l’électorat populaire de souche européenne, et la « jeune » bourgeoise européenne décadente des beaux quartiers, favorable à la « diversité » (pour les autres) mais qui met ses enfants dans des écoles privées pour ne pas avoir à la côtoyer.

Le socialisme européen que nous défendons est du côté du peuple, même quand il pense « mal ». Nous soutenons les Européens, et notamment les plus faibles, contre ce système qui cherche à les prendre en tenailles, entre une bourgeoisie parasitaire et un néo-prolétariat d’importation, à les étouffer. Socialistes mais européens !

Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)

Victoire de la fausse gauche "allo/bobo"

 
PS,Europe-Ecologie,François Hollande,UMP,FN,Jean-Luc Mélenchon,Marine Le Pen,Terra Nova,élections législativesLes « bourgeois bohême » parisiens peuvent être satisfaits à tous points de vue, même s’ils ne se rendent pas compte qu’ils creusent davantage encore leur propre tombe. La fausse « gauche » PS/Europe-Ecologie, avec l’appui implicite du PCF/Front de gauche, l’a emporté au second tour des législatives. Comme après la victoire de leur candidat aux présidentielles, François Hollande, les « banlieues » ont hurlé leur joie, prenant cette nouvelle victoire comme un blanc-seing, la nomination de Christiane Taubira, dont les positions sur la colonisation et en faveur de la promotion de la « diversité » sont bien connues, comme garde des sceaux, en étant l’illustration. Le jeune Killian, assassiné à l’âge de treize ans, par un individu dont la presse tait jusqu’au prénom, en sait quelque chose.

D’un côté, l’europhobie fanatique des souverainistes, Marine Le Pen en tête. De l’autre, l’europhobie meurtrière, celle dont a été victime notamment Killian et tant d’autres avant lui, cette europhobie, la seule phobie que SOS-Racisme semble refuser de combattre, comme si la violence de haine n’était que dans un seul sens. En effet, pour son (ancien) président Dominique Sopo, le « racisme anti-blancs », c'est-à-dire l’europhobie, est je cite « une notion forgée par le FN ». Je suppose donc que, si on appliquait le principe de réciprocité, le racisme contre les noirs serait par exemple une invention de Kemi Seba. Ce deux poids deux mesures, selon la race du criminel et celle de la victime, est intolérable. Dominique Sopo a récemment démissionné de la présidence de SOS-Racisme et se déclare tenté par un poste de ministre du gouvernement Ayrault. Finalement, il n’aura pas eu gain de cause… pour cette fois.

Le véritable vainqueur de ces élections.

Le vainqueur, c’est le parti des abstentionnistes. Au premier tour des élections, 42,77% des électeurs ont refusé de se prononcer et même de se déplacer. Au second tour, c’est même 43,7% des électeurs qui sont restés chez eux. Cette abstention est un record depuis 1973, et a augmenté de trois points par rapport à 2007. Et surtout, que l’abstention ait été plus forte au second tour qu’au premier est très significatif. Ces 1% de participation en baisse sont essentiellement le fait d’électeurs de droite du premier tour et qui n’avaient pas envie de s’opposer à la vaguelette rose, accroissant ainsi la marge de manœuvre du camp adverse.

Ce manque de participation s’explique par les querelles d’appareil à droite, entre une ligne qui veut conserver la stratégie Buisson, qui n’a pas été si mauvaise aux présidentielles, malgré l’échec du président sortant, et une ligne centriste, très politiquement correcte, menée notamment par Juppé, Kocziusko-Morizet et Raffarin. Pris entre ces deux tendances irréconciliables, Sarkozy n’avait pu choisir son camp. Or, s’il a échoué, c’est avant tout en raison du mauvais report de voix des électeurs FN, report qui aura aussi coûté des sièges à des candidats UMP lors des élections législatives.

Il s’explique enfin par la réforme du quinquennat et surtout cette concomitance entre les élections présidentielles et législatives. Le président élu, les électeurs se détournent des enjeux parlementaires, renforçant l’image monarchiste de notre « république ». Les législatives ne font que confirmer les présidentielles, beaucoup d’électeurs voulant laisser sa chance au nouveau dirigeant en lui donnant une majorité à l’assemblée, indépendamment du programme du président, du parti politique dont il est l’émanation, et des candidats eux-mêmes, élus sur leur étiquette uniquement, même s’ils sont sans expérience.

Un premier tour qui lamine les petites formations politiques.

Ce nouveau système des élections législatives, un mois après les présidentielles, a tué les enjeux. En conséquence de quoi, le scrutin majoritaire à deux tours, qui était très défavorable aux petites formations politiques, est désormais sans pitié. Les électeurs n’avaient que trois manières de voter possible, à savoir le vote de confirmation, c'est-à-dire le vote PS, le vote de réticence, c'est-à-dire le vote UMP, et enfin le vote de résistance, c'est-à-dire le vote FN.

Les deux autres formations de gauche, ne représentant pas une menace pour le nouveau pouvoir en place, ou ralliées totalement à lui, n’ont pas été trop victimes du vote utile. Il faut dire que Europe-Ecologie avait négocié ses places avec le PS. Ses seulement 5,65% des voix, c'est-à-dire plus du double du score d’Eva Joly aux présidentielles, s’expliquent uniquement parce que, à l’image de Cécile Duflot, Europe-Ecologie a bénéficié de cet accord auquel le PS n’était en rien obligé. En réalité, sans cet accord, Europe-Ecologie aurait sans doute disparu du jeu politique national. C’est ce qui est ainsi arrivé au Modem de Bayrou, qui n’a obtenu que 1,76% des voix et n’a pu sauver que deux députés, son chef de file étant même sévèrement battu dans sa circonscription. Les autres écologistes n’ont obtenu que 0,96% des voix dont 0,11% pour le MEI de Waechter (lui-même obtenant 10,52% à Altkirch) et 0,05% pour CAP 21.

Le Front National en revanche, avec un score très convenable, même si inférieur à celui obtenu en 1997, obtient malgré tout 13,6% des voix, contre 4,29% des voix en 2007 et 11,34% en 2002. Seule une soixantaine de ses candidats a pu atteindre le second tour, en duel ou en triangulaire. Cela s’explique notamment par le fait qu’il faut désormais 12,5% des inscrits et non plus 12,5% des votants pour passer au second tour. Le FN avait sept circonscriptions où ils étaient réellement en mesure d’obtenir des élus, essentiellement en Provence. Marine Le Pen a fait dans la circonscription autour de Hénin-Beaumont 42,36% des voix, ce qui était inattendu.

Le FN a aussi bénéficié dans son camp d’un vote utile, car les différentes chapelles de l’extrême-droite, à savoir essentiellement le trio NDP/MNR/PDF et la Ligue du Sud, n’ont obtenu que 0,19% des voix, et ce en tenant compte de l’excellent score de Jacques Bompard mais aussi du score plus modeste de Jacques Peyrat à Nice (16,2%). Bompard a fait 23,5% des voix au premier tour, victime de la candidate FN qui a obtenu plus de 16% des voix. Il était en revanche idéalement placé pour s’imposer au second tour, FN et UMP étant éliminés. Les candidats identitaires n’ont obtenu que 0,02% des voix, pour environ une vingtaine de candidats, ceux-ci oscillant entre 0,2% et 1,1% des voix selon les cas. Philippe Vardon (Bloc Identitaire) aurait sans doute fait un score de même nature s’il avait maintenu sa candidature à Nice, d’où son retrait avant l’échéance. La candidate FN choisie à son détriment a réussi à obtenir 21,41% des voix. Les figures principales de la droite radicale, Carl Lang (1,09%) et Roland Hélie (0,9%), ont été laminées. Il n’y a désormais plus d’opposition de droite nationale au FN, légitimé par les urnes.

Les mouvements souverainistes sont également durablement affaiblis avec seulement 0,43% pour Debout La République, mouvement qui sauve néanmoins son financement public, 0,2% pour le MPF (1 siège), 0,05% pour CPNT, 0,01% pour le RPF et 0,01% également pour l’Alliance Royale.

L’extrême-gauche est également victime d’un effet Mélenchon. Le PCF/FG obtient 6,91% des voix (contre 4,82% en 2002 et 4,29% en 2007). Le paradoxe est qu’avec un meilleur score, le PCF a perdu des députés. En 2007, il avait sauvé son groupe avec 15 élus. En 2012, il n’aura obtenu que 10 sièges et ne sauvera son groupe que par le ralliement d’élus domiens. Ce bon score, nuancé par l’échec de Jean-Luc Mélenchon à atteindre le second tour à Hénin-Beaumont, se fait au détriment de l’extrême-gauche, LO et NPA réunis n’obtenant que 0,98% des voix et perdant ainsi tout financement public. Les Pirates avec 0,06% des voix ont quant à eux échoué à représenter une alternative politique, à la différence de leurs homologues allemands qui pourraient rentrer au Bundestag en 2013. Seules les élections européennes en France permettent à de nouveaux mouvements politiques d’émerger (le FN en 1984, les Verts, le MPF… etc), les élections législatives étant verrouillées.

Les victimes d’un second tour sans saveur.

Le mauvais report de voix des électeurs FN amène à l’éviction hors du parlement de nombreux députés UMP, et notamment les membres de la Droite Populaire. Hervé Novelli, Eric Raoult, Nadine Morano sont les victimes principales de cette situation, alors même qu’ils avaient tenté d’envoyer des signaux favorables au FN. Marine Le Pen préférait, sauf cas particuliers, les faire battre et y a réussi. Claude Guéant est également vaincu par un dissident de droite, payant ainsi sa proximité avec le président déchu et un bilan contesté en matière de lutte contre l’insécurité. En revanche, Henri Guaino sauve sa peau. A Nancy, ville qui m’est tout particulièrement chère, la droite valoisienne est battue, les trois circonscriptions de la ville étant au PS, et six circonscriptions sur sept en Meurthe et Moselle. Les élections municipales de 2014 s’annoncent mal pour les héritiers d’André Rossinot, qui sera probablement candidat une dernière fois pour tenter d’empêcher la mairie de basculer.

Ségolène Royal est battue par un opposant socialiste à La Rochelle. Son candidat, Olivier Falorni, était au second tour alors que l’UMP était éliminée. Royal souhaitait son désistement, ce qui l’aurait fait élire avec le score très stalinien de 100%. La gauche étant sure d’avoir un député, on ne voit pas pourquoi Falorni aurait dû se retirer, sous prétexte que Ségolène Royal s’était rendue si détestable aux yeux de la droite locale que celle-ci était prête à tout pour la faire battre. Les électeurs, qu’importe leur vote du premier tour, ont exprimé de manière souveraine leur choix. Royal ne sera pas présidente de l’assemblée nationale, où elle aurait pu jouer la directrice d’école autoritaire auprès des élus.

François Bayrou est puni pour son soutien apporté à François Hollande au second tour des présidentielles. Ce soutien était incompréhensible pour la plupart de ses électeurs, qui ont préféré choisir l’UMP plutôt que de le réélire. Il a lui-même reconnu avec beaucoup de franchise que son électorat ne l’avait pas suivi dans un choix personnel bien inutile car le PS n’a pas cherché à sauver sa tête, bien au contraire. Il est difficile en effet d’expliquer aux électeurs qu’on prône l’alliance de la carpe et du lapin. Jean Lassalle, le sympathique centriste, sauve en revanche sa tête.

Jean-Luc Mélenchon aurait pu, en étant au second tour, offrir paradoxalement à son ennemie chérie un fauteuil de député. C’est finalement le socialiste Philippe Kemel qui s’impose de justesse face à Marine Le Pen, cette dernière n’obtenant que 49,89% des voix. En duel pur, le FN n’arrive pas à s’imposer, puisque Stéphane Ravier (49,01%) et Valérie Laupies (48,71%) échouent aussi. Ce n’est que dans le cas de triangulaires que le FN peut s’imposer, lorsque des conditions exceptionnelles s’y prêtent. Dans le Gard, Gilbert Collard est élu grâce au soutien implicite du candidat UMP, qui s’est maintenu pour obéir aux consignes de son parti, et Marion Maréchal (Le Pen) grâce au maintien d’une candidate socialiste qui n’avait pourtant aucune chance de l’emporter. Avec une élue issue de « la famille », l’image népotique du FN est renforcée. La victoire de Collard, qui a été membre de presque tous les partis politiques, et qui refuse de rejoindre le FN, pourrait quant à elle être à la Pyrrhus, car il est peu probable que Collard respecte la ligne que souhaitera voir impulsée Marine Le Pen. Enfin, Jacques Bompard (Ligue du Sud, ex-FN et ex-MPF) est élu député avec une avance confortable (58,77%), de même que Nicolas Dupont-Aignan (61,39%), récompensés par leur travail d’implantation.

Au final, la « gauche » l’emporte, le PS obtenant la majorité parlementaire seul. Il doit ce succès à l’absence totale de mobilisation de l’électorat de droite. Avec 343 sièges sur 577, soit moins de 60% des sièges, dont 302 sièges pour le PS et les divers gauches, le gouvernement Ayrault est conforté. Le Front de Gauche obtient 10 sièges, les radicaux de gauche 13 sièges, et Europe-Ecologie 18 sièges. Le MD de Bayrou n’a plus que deux sièges, le Nouveau Centre en obtient 14, les radicaux valoisiens 9 , et l’UMP ainsi que les divers droite 205 sièges. Les nationaux et souverainistes ont 5 sièges (2 FN, 1 DLR, 1 LS, 1 MPF), ce qui est un résultat inédit dans le cadre du scrutin majoritaire.

Marine Le Pen, battue, tente à nouveau sa chance mais au tribunal, afin de faire annuler le scrutin. Elle aurait préféré abandonner Strasbourg pour découvrir les charmes du Palais Bourbon. Elle fait néanmoins partie pour le moment des vaincus de juin 2012. Elle aura au moins le plaisir de partager cette situation avec Jean-Luc Mélenchon, qu’elle vient d’ailleurs de retrouver au tribunal après que ce dernier l’ait qualifiée de « fasciste ». François Bayrou est désormais un homme seul, tout comme Ségolène Royal est une femme seule, contrainte à une prise de distance forcée d’avec la vie politique nationale.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE

18/06/2012

Quand la Grèce évite le Tartare

Samaras.jpgLes élections législatives grecques, les secondes en un mois, qui se sont déroulées ce dimanche 17 juin 2012, étaient décisives quant à l’avenir du pays, comme la presse internationale l’a rappelé. Certes, les menaces d’une éviction de la Grèce hors de la zone euro, cas qui n’est pas prévu par les traités communautaires, étaient prématurées. Elles étaient surtout destinées à avoir un impact émotionnel sur le choix des électeurs. Le PASOK ayant une image durablement écornée, associée à l’épouvantable gestion du « socialiste » Papandreou, seule la Nouvelle Démocratie d’Antonis Samaras était en mesure de l’emporter et de mettre en œuvre les mesures décidées au niveau de Bruxelles et des instances internationales pour « aider la Grèce ».

Le choix « mélenchonien » était en revanche de soutenir le jeune Alexis Tsirpas, leader du mouvement de « gauche » radicale Syriza. Son programme démagogique promet de mettre fin au mémorandum européen sur la crise grecque, un ensemble de mesures que le gouvernement d’Athènes devrait engager afin de bénéficier de l’aide de ses partenaires, tout en garantissant le maintien de la Grèce dans la zone euro. Tsirpas en outre est particulièrement ambigu quant à la gestion des flux migratoires, préoccupation essentielle de la population grecque au même titre que la crise.

Les Grecs ont préféré à 29,7% soutenir le parti de droite conservatrice, qui avait su s’unir à la fois à plusieurs anciens députés du Laos nationaliste, dont Makis Voridis, et à des libéraux modérés. Néanmoins, Syriza obtient 26,9% des voix, ce qui constitue un remarquable succès pour cette formation politique. Son succès se fait peu au détriment du PASOK, qui perd un point à 12,3% (contre 13,2% en mai) mais en revanche est réalisé en défaveur du reste de l’extrême-gauche. Les communistes du KKE ne font que 4,5% des voix (contre 8,5% en mai) et évitent de peu la disqualification. Les écologistes, Antarsya (extrême-gauche), les Pirates, les communistes dissidents du KKE-ML, s’effondrent.

A droite, le Laos continue sa descente aux enfers avec seulement 1,6% (contre 2,9% en mai), ayant par ailleurs perdu une partie importante de ses leaders, toute représentation nationale à la Vouli, et ce au profit des conservateurs mais probablement aussi de l’Aube dorée. Les Indépendants Grecs (Anexartiti Ellines) avec 7,5% perdent trois points ; ils faisaient 10,6% des voix il y a un mois. Issus d’une scission plus nationaliste de la Nouvelle Démocratie, une partie de leur électorat a rejoint par vote utile la maison mère.

Deux surprises, dans ce contexte de vote utile et de bipolarité ND/Syriza, sont néanmoins apparues. En premier lieu, avec 6,92% des voix contre 6,97% un mois auparavant, l’Aube Dorée, mouvement néo-fasciste radical et violent, maintient son haut niveau de soutien. C’est le résultat d’une exaspération des Grecs vis-à-vis des flux migratoires extra-européens. Malgré les déclarations négationnistes de son dirigeant, malgré les cas de violence avérés de ses représentants contre des adversaires politiques, malgré les agressions physiques dont certains membres se sont rendus coupables, ce mouvement extrême conserve son aura pleine et entière.

C’est en Laconie et à Sparte que l’Aube Dorée réalise ses meilleurs scores, alors que l’immigration y demeure marginale, avec 10,6% des voix. La Laconie est le berceau des Lacédémoniens/Spartiates mais aussi de l’école philosophique byzantine de Mistra, où Gémiste Pléthon au XVème siècle prêcha le retour aux dieux de l’Olympe et à un mode de vie à l’antique où les paysans libres constitueraient un vivier de soldats pour que l’Hellade retrouve sa liberté, et c’est à Areopoli en Laconie que le dirigeant grec Petros Mavromichalis sonna en 1829 l’heure de la révolution pour chasser l’occupant ottoman hors de l’Hellade. Néanmoins, Aube Dorée perd trois sièges, avec 18 députés contre 21 en mai, en raison de la prime accordée au parti vainqueur, à savoir la Nouvelle Démocratie.

La Gauche Démocratique (Dimokratiki Aristera) progresse quant à elle légèrement avec 6,3% des voix (6,1% en mai 2012) et maintient sa représentation nationale avec 17 députés. Cette formation de gauche modérée pourrait s’associer à la grande coalition qui va très certainement se mettre en place dans les prochains jours autour de Samaras. En effet, la ND seule n’a que 129 députés sur 300, ce qui est insuffisant pour gouverner. Elle aura besoin a minima des 33 députés du PASOK dans le cadre d’une coalition de crise destinée à faire appliquer les mesures de rigueur préconisées, et de l’appui de cette petite formation afin de donner l’image d’un gouvernement rassemblé. En seront naturellement exclus Syriza, le KKE et les nationalistes radicaux de la Hrysi Avgi.

L’attachement des Grecs à l’€ et à l’Union Européenne a été une fois de plus signalé par les électeurs. Ceux-ci n’ont pas voulu prendre majoritairement le risque de l’aventure avec Syriza. Les pressions européennes ont été décisives aux yeux d’un grand nombre de citoyens qui savaient au fond d’eux-mêmes qu’il n’y avait pas de solution alternative en l’état à cette politique de restriction budgétaire légitimement impopulaire. Mais les Grecs en ont en revanche assez de devoir se serrer la ceinture alors que l’immigration clandestine, et notamment musulmane, explose. Antonis Samaras, qui s’est distingué d’Alexis Tsirpas par sa fermeté affichée pour combattre ce problème, devra réussir à mener une telle politique tout en respectant les canons du droit occidental actuel. S’il devait échouer en ce domaine, l’exaspération grecque serait à son comble. C’est un peuple qui est prêt à beaucoup de sacrifices mais qui n’acceptera pas qu’on lui prenne ce que l’on est prêt en revanche à donner à d’autres.

Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE