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31/05/2014

Faut-il dédiaboliser le Front National ?

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FN-logo-municipales.jpgDepuis 2011 et l’accession à la tête du FN de Marine Le Pen, celle-ci est la promotrice d’une démarche de dédiabolisation, rompant avec la dialectique paternelle, afin de mettre fin au « cordon sanitaire » dont souffre sa formation politique, et accéder ainsi à des responsabilités. A la différence de la « dédiabolisation » version Mégret, qui était une stratégie, Marine Le Pen entreprend ce processus parce qu’elle ne veut pas être porteuse d’un message idéologique qu’elle ne partage pas. Sa volonté de « troquer » la lutte contre l’immigration, sous-entendue « extra-européenne », pour un souverainisme pur et dur doublé d’un « patriotisme » institutionnel, n’est pas non plus tactique. Cela relève au contraire d’une forme de sincérité, sans doute liée à une certaine incurie.

Néanmoins, cette « dédiabolisation » a atteint une limite, à savoir que ni la « gauche » ni la droite n’entendent mettre fin à cet ostracisme, accusant ce parti de tous les maux, et notamment de représenter une idéologie extrémiste, raciste et/ou fasciste. Même si l’UMP a choisi d’abandonner le front dit « républicain » pour un « ni PS, ni FN », ce qui le différencie de l’anti-fascisme incantatoire du PS, il maintient une solide distance de sécurité.

En vérité, ce que l’UMP et le PS condamnent, ce n’est pas le programme du FN mais un crypto-programme imaginaire qui ne s’y trouve pas, un « programme » qui en revanche reçoit l’approbation de millions d’électeurs à qui on a expliqué que le FN n’était pas un parti « comme les autres ». Dédiaboliser le FN c’est le prendre au sérieux tel qu’il est. C’est analyser sans passion, avec objectivité, son programme. Ce n’est pas lui prêter des intentions malveillantes.

Quel serait l’avantage pour l’UMP de procéder à une dédiabolisation aboutie ? Il ôterait au FN l’essentiel de ce qui fait son succès, sa dimension « sulfureuse ». Si le FN a réussi à obtenir 25% des voix aux élections européennes de 2014, c’est d’abord parce que ses électeurs se servent de ce vote pour envoyer un signal d’alarme et de colère aux autres partis. C’est parce qu’ils pensent sincèrement, puisque les media l’ont affirmé, que le FN est une alternative au système en place et qu’il souhaiterait entreprendre une politique de reflux migratoire. Le FN n’est donc pas un objet politique comme les autres puisqu’il sert de fantasme aussi bien à ses adversaires qu’à ses partisans.

A partir du moment où le FN serait traité comme les autres, les électeurs le verraient sous son vrai jour et se rendraient bien compte que ce parti n’est pas crédible tant du point de vue du programme économique que des qualités intrinsèques des individus à sa tête. En fait, la dédiabolisation du FN signifierait la mort à court ou moyen terme de ce parti. Il ne vit que grâce à ses adversaires. On comprend bien pourquoi l’UMP aurait intérêt à cette rupture, car elle lui permettrait de ne plus reculer devant la « gauche » et d’avoir à droite une réserve de voix pour le second tour. En outre, alors que la question de l’immigration a été tabouisée, sa dénonciation ayant été laissée à l’usage exclusif du FN, la dédiabolisation permettrait à la droite de reprendre à son compte ce thème.

Pour le PS, on comprend bien pourquoi cette dédiabolisation serait funeste. Elle ferait tomber le rôle de diviseur de la droite que Mitterrand a accordé au FN. La disparition du FN en outre ne supprimerait pas les causes de ce vote, qui cherchera à s’exprimer ailleurs. Cela pourrait offrir une opportunité pour l’émergence d’un courant politique réellement alternatif au système en place sur les questions d’identité et d’Europe, un courant de défense des Français et Européens de souche, par exemple, qui s’opposerait frontalement à la « gauche » mondialiste, sans être complice des victoires de cette même « gauche » par des attaques contre la droite, comme le fait le FN de Marine Le Pen.

C’est bien la peur d’un tel courant qui rend pour le PS un parti comme le FN précieux. Cela lui permet de stériliser dans le débat toutes les questions d’identité et d’immigration, et de maintenir de 15 à 25% des électeurs dans une voie politique de garage. En laissant le « monopole du réel » au FN, la droite, de peur d’être diabolisée à son tour, fait le succès de ce parti.

Un Front National réellement dédiabolisé, cela n’intéresse aucun électeur. Identique aux autres partis, dont il partage fondamentalement les travers, mais sans la compétence réelle de gouvernement, il perdrait tout crédit. C’est pourquoi la stratégie de Marine Le Pen est une erreur majeure du point de vue de son parti. Elle a eu la chance que droite et « gauche » maintiennent ce blocage et cette injustice a été le carburant de ses victoires électorales. Quand un électeur veut sanctionner les ténors de la droite ou de la « gauche » au pouvoir, quand il veut manifester sa colère contre une immigration de moins en moins maîtrisée, il vote FN. Il est alors sûr de voir la mine déconfite des dirigeants du PS et de l’UMP et, à défaut que son message soit entendu, il aura au moins eu le sentiment de l’avoir transmis.

Il n’est pas vrai que le Front National bénéficie d’un « vote de conviction » parce que ses électeurs ne votent pas pour le programme du FN mais pour ce qu’ils croient y trouver et qui en vérité n’y est pas. 88% de ses électeurs ont voté pour le FN principalement en raison de leur opposition à l’immigration, pas à cause de l’€uro ni de la volonté de ce parti de faire quitter l’Union Européenne. Or, « Marine » a interprété ce résultat comme un rejet de l’Europe et dans son discours de victoire n’a pas évoqué une seule seconde la problématique migratoire. Le souverainisme assumé représente moins de 5% de l’électorat. Si les électeurs du FN le jugeaient tel qu’il est, et non tel qu’ils croient le voir, par la faute des media et des autres partis politiques, le FN aurait réellement fait moins de 5%, mais cela aurait laissé le champ libre à des formations réellement identitaires.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

Marine Le Pen sur la trajectoire de François Hollande ?

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article_lepenhollande.jpgA l'issue des dernières européennes, la présidente du Front national se voit un destin présidentiel. Elle va disposer d'une tribune en Europe sans risquer de décevoir quiconque, puisqu'elle ne pourra pas infléchir le cours des décisions et ne sera donc pas touchée par le discrédit croissant qui va inévitablement affecter des institutions usées. Par ailleurs iI est raisonnable de penser que les quelques municipalités contrôlées par son parti s'en sortiront honorablement. Comme de plus en plus de Français souhaitent faire l'essai du Front national, si elle ne commet pas d'impair majeur, tout porte à croire que son audience va donc augmenter. Ce sera d'autant plus le cas si son parti continue d'être diabolisé par une partie de la classe politique, celle-là même dont les Français ne veulent plus.

Supposons donc que, les circonstances aidant, le parti socialiste disparaissant du jeu et l'UMP explosant en vol, Marine Le Pen arrive au pouvoir avec une assemblée hétéroclite, mais prête à tenter autre chose avec elle. Dans cette situation peu probable, mais loin d'être impossible, une chose est sûre. La présidente du Front national ne resterait pas longtemps en situation de gouverner.

En effet elle tiendrait alors son élection du même mécanisme que celui qui a mis au pouvoir François Hollande et le PS, à savoir un mensonge électoral absolu. C'est ce mensonge qui va rendre intenable la fin du mandat du président actuel. Et c'est ce mensonge qui ferait tomber la présidente bien plus vite encore.

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28/05/2014

Elections européennes 2014. Succès du souverainisme, échec du nationalisme ?

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1195901.jpgLe Front National a obtenu 24.85% des voix aux élections européennes, avec un taux de participation d’environ 43%, légèrement meilleur qu’en 2009 mais tout de même très faible. Alors que 88% de ses électeurs ont fait le choix de ce vote à cause de l’immigration, sous-entendue non-européenne, la direction du FN a considéré au contraire que le peuple avait validé ses options UE-phobes et €urophobes, ce qui n’était pas du tout le cas.

A chaque victoire de ce parti, à cause du ras le bol croissant de plus en plus d’électeurs français face à la problématique migratoire, Marine Le Pen y voit un succès de son nouveau positionnement souverainiste. C’est une erreur, une erreur qui aurait été sanctionnée dans les urnes si les media avaient fait un véritable travail d’information en révélant la vérité sur ce parti, au lieu de continuer de le diaboliser et de dramatiser sa récente réussite. Car enfin, si les électeurs du FN découvraient que le positionnement « nouveau » de ce parti sur cette question qui les taraude reposait sur la même utopie universaliste suicidaire que partage toute la classe politique, sans doute chercheraient-ils ailleurs une solution politique.

Même si le FN progresse, il ne faut pas oublier que le camp souverainiste et nationaliste a souvent été aux alentours de 23% aux européennes. Malgré la présence de Dupont-Aignan, qui obtient 3,82%, ce qui n’est pas si mal, le FN a bénéficié du report de voix des électeurs du RPF et du MPF, orphelins cette année. Cette progression n’est donc pas au final si spectaculaire, même si le camp eurosceptique (FN+DLR) obtient sept points de plus que son niveau le plus élevé.

Néanmoins, il faut reconnaître que les partis souverainistes ou post-nationalistes ont réussi à s’imposer au détriment d’un nationalisme ethnique plus classique, et en l’absence de candidats européistes identitaires, seule véritable réponse politique à la crise de civilisation que connaît l’Europe.

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22/05/2014

Thomas Ferrier, invité du journal de TV Libertés du 20/05/2014

A partir de 15' 48''.

18/05/2014

Il n'y a personne pour défendre l'Europe !

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Tunisia.jpgA quelques jours des élections européennes, aucune formation grande, moyenne ou petite ne prend la défense de l'Europe. La seule liste qui tiendrait un discours favorable en apparence est celle de l'UDI-Modem. François Bayrou ne plaide-t-il pas pour une Europe plus unie?

Hélas, on s'aperçoit tout de suite que le propos est biaisé. De quoi Bayrou se félicite-t-il? D'avoir auprès de lui l'Ukraine "en lutte" et la Tunisie. Or la Tunisie n'est pas européenne et, si l'Ukraine l'est, sa lutte est soutenue par les USA, par leur diplomatie et leurs services spéciaux. Et pourquoi faudrait-il tendre vers une Europe plus unie ? Parce que Monsieur Poutine la souhaiterait désunie. D'abord rien ne dit que la désunion des Européens soit dans l'intérêt des Russes : une Europe unie aurait chassé les Américains du jeu. Ensuite la Russie est européenne et une Europe unie ne chercherait pas à s'en faire un ennemi.

Il est possible de chercher à renforcer l'union entre les peuples européens. Il n'y a guère que deux façons pour cela. La première est révolutionnaire et définitive : elle consiste à réaliser la fusion des Etats actuels de tout le continent un peu à la manière de la première république française. La seconde est plus modeste : elle consiste à renforcer les liens entre quelques états un peu comme Wauquiez le propose. On peut toujours espérer que cela engendre un processus s'étendant et s'approfondissant. La difficulté est que le démarrage est de plus en plus ardu.

Il faudrait commencer par rapprocher la France et l'Allemagne. C'était encore envisageable il y a deux ans. Depuis la politique de Hollande a placé des obstacles infranchissables. C'est l'affirmation d'une politique européenne opposée à celle de notre voisin. C'est l'écart qui s'est creusé entre les performances de nos pays. C'est notre incapacité à tenir nos engagements. Le dernier geste en date, le patriotisme industriel de Montebourg, s'ajoute à tout cela. Personne n'a fait remarquer qu'un pays qui inclurait la France et l'Allemagne pratiquerait un aménagement du territoire, ne laissant pas les activités se concentrer en un seul endroit.

Or Bayrou, en faisant voter pour Hollande, est l'un des responsables de ces obstacles. Il ne peut prôner aujourd'hui ce qu'il a rendu impossible par son action d'hier.

Peter Eisner (LBTF/PSUNE)

11/05/2014

« Euro » vision, une victoire du communautarisme

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eurovision.pngFinalement c’est Thomas Neuwirth, surnommé « Conchita Wurst », ce dernier terme signifiant « saucisse » (tout un symbole), représentant autrichien à l’ « euro » vision, qui s’est imposé à l’issue de cette émission télévisée au soir de ce 10 mai 2014. Ce dernier s’est présenté en femme à barbe, une provocation que la Russie notamment avait peu appréciée. Sa nette victoire interroge. Il est en effet sur le papier douteux qu’un pays comme l’Irlande, où l’avortement est encore interdit, ait pu donner douze points à ce candidat, de même que la Grèce, où l’homosexualité est extrêmement mal vue, et d’autres pays d’Europe centrale et orientale.

C’est en fait le mode de fonctionnement de cette élection, analogue au concours de Miss France mais aussi au classement des « personnalités », qui amplifie naturellement des personnalités hétérodoxes bénéficiant d’une prime idéologique et surtout d’un soutien ciblé d’une ou plusieurs communautés. L’existence par ailleurs d’un jury, qui modère le résultat des téléspectateurs, corrige un vote qui n’irait pas dans le « sens du vent ».

En clair, les téléspectateurs européens dans chaque pays vont voter pour les différents candidats, nombreux par ailleurs, chacun en fonction de son goût musical et pour divers autres raisons. Le gagnant sera celui qui aura obtenu le plus de suffrages, sans forcément atteindre un grand score. Moins de 5% peut suffire, si les téléspectateurs étaient très divisés au niveau de leur choix. C’est dire que la représentativité du vainqueur est extrêmement limitée.

Si en plus d’un jury complaisant, dont on devine qu’il est naturellement porté à être favorable à ce genre d’excentricités, et qu’il est sensible à l’impact médiatique d’une telle valorisation, une communauté en particulier se mobilise davantage que les autres en ciblant un seul candidat, non en fonction de son origine nationale mais uniquement de son orientation sexuelle, alors les jeux sont faits.

Habituellement, l’ « euro » vision est parasitée par des choix géopolitiques, valorisant le voisin scandinave, ou le voisin slave, ou le voisin orthodoxe. C’est ainsi que l’Arménie et l’Azerbaïdjan ont donné de nombreux points à la Russie, de même que la Grèce. Cette année, il a été également impacté par le vote gay. En clair, alors que les autres votants se divisent en de multiples candidats, les défenseurs de cette communauté votent unanimement pour celui qu’ils estiment les représenter, indépendamment des qualités musicales ou de la prestation réalisée. C’est un vote idéologique en faveur de la théorie du gender. Les présentateurs français ont d’ailleurs évoqué « un magnifique message de tolérance envoyé par l’Europe entière ».

Il n’y a donc pas eu besoin de fausser les résultats, mais simplement de laisser faire le principe communautaire renforcé considérablement par le rôle du jury, et ce qui était voulu médiatiquement a eu lieu.

C’est la même chose en France concernant le classement des personnalités préférées. On s’étonne de découvrir chaque année en tête des célébrités « issues de la diversité ». On s’imagine alors qu’elles ont reçu un soutien massif. Rien n’est plus faux. Le premier classé a pu n’obtenir que 3% des adhésions. Le fait qu’il soit premier ne signifie donc pas grand-chose.

Si les sondés « issus de la diversité » votent massivement pour les représentants de cette même diversité, alors que les « de souche » se divisent en choisissant les personnalités « de souche », alors le résultat est forcément celui que l’on constate.

Avec le communautarisme, à savoir le choix de privilégier l’appartenance communautaire avant l’appartenance nationale, identitaire ou simplement culturelle, alors tous les votes de ce type sont profondément faussés et donnent un résultat qui n’a aucune signification mais qui est instrumentalisé par les journalistes et par certains politiciens pour faire croire que les vainqueurs sont représentatifs du peuple, alors qu’ils ne sont que l’égérie de minorités actives.

En clair, le communautarisme, qu’il soit fondé sur l’appartenance ethnique, le sexe ou l’orientation sexuelle, reste en réalité très minoritaire, mais a un impact en revanche fondamental sur les résultats de ce type de compétitions. Ceux qui en tirent une leçon allant « dans leur sens », à savoir l’idéologie mondialiste, sont des falsificateurs.

Ce samedi soir n’a pas démontré une « tolérance européenne » mais la puissance du communautarisme gay en Europe, sans commune mesure d’ailleurs avec le soutien à la « diversité » puisque les représentants de la France ont fini bon dernier. Ceux qui voulaient la soutenir ont pu trouver dans le candidat de la Hongrie de quoi les satisfaire. On peut penser que leur résultat est toutefois la matérialisation de l’image négative de la France en Europe et aussi de leur pauvreté musicale.

Thomas FERRIER
Secrétaire Général du PSUNE

13/04/2014

Qui alimente l'euroscepticisme ?

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euroscepticisme,mondialisme,souverainisme,atlantisme,marine le pen,martin schulzLe Front National est crédité dans le dernier sondage IFOP de 24% des suffrages si les élections européennes de mai 2014 avaient lieu ce dimanche, devenant ainsi le premier parti de France à cette élection, une élection qui permit son éclosion en 1984 lorsqu’il atteignit 11% des voix, un score qu’il ne fut en mesure d’égaler qu’en 1989. En 2009, au creux de la vague, il n’obtenait même que 6,34% des voix, contre 9,8% en 2004. C’est dire si le FN en « temps normal » ne brille guère à cette élection. Avec seulement trois députés sortants, il est pourtant parti pour remporter en France les élections européennes et rafler ainsi aux alentours de vingt députés. Et ce phénomène ne concerne pas que la France, puisque de nombreux députés nationalistes et souverainistes devraient faire leur entrée à Strasbourg. C’est le cas des britanniques de UKiP, des finlandais du Perussuomalaiset, des danois du DFP, des autrichiens du FPÖ ou encore des néerlandais du PVV de Wilders. Si les nationalistes régressent en Europe centrale et orientale, ils connaissent à l’ouest une expansion sans précédent.

Qu’est-ce qui peut expliquer un tel regain d’euro-scepticisme, même si les électeurs qui votent pour ces partis le font pour des raisons multiples, et la déception de l’actuelle Union Européenne n’est pas nécessairement la cause principale de leur vote ? Est-ce la force de conviction de ces partis qui expliquerait leur capacité à convaincre un nombre croissant d’électeurs européens de leur faire confiance ?

Ce jeudi 10 avril 2014, Marine Le Pen était l’invitée de l’émission « Des paroles et des actes » sur France 2. De l’avis de tous, elle a dominé le débat. Tel n’est pas mon avis. Le Pen « fille » ne m’a pas paru brillante ni même inspirée. Ce qui m’a frappé au contraire, c’est la médiocrité de ceux qu’on a voulu lui opposer ou qu’elle a accepté de se voir opposer. Ce n’est donc pas par le talent du nouveau FN ou de sa dirigeante actuelle que ce parti a le vent en poupe. C’est parce qu’en face d’elle, il n’y a rien. Et la nature a horreur du vide. Durant l’émission, on aura eu droit aux leçons de morale d’un riche représentant de la diversité, assénant ses « vérités » au peuple parce que ce dernier vote « mal ». De même, un syndicaliste de Force Ouvrière, de cette corporation qui en France ne représente pas 6% des travailleurs, aura manifesté son ire face à un parti qui rassemble désormais près de 45% des ouvriers. Enfin, le représentant de l’Union Européenne, le tiède UMP Alain Lamassoure, se sera montré incapable de démontrer les bienfaits de la construction européenne depuis un demi-siècle.

Il nous expliquera ainsi doctement que faire l’Europe c’est utile pour encourager la paix en Palestine, ce dont 99% des électeurs se moquent. On se souvient d’un Bayrou qui avait expliqué en 2009 qu’il fallait faire l’Europe… mais pour aider l’Afrique. En clair, pour eux, les problèmes des Européens n’ont pas d’importance et la construction d’une Europe politique n’a pas lieu à leur attention et pour résoudre la crise. Alors que l’Ukraine se déchire à nos portes, parce que les Européens ont agi une fois de plus en valets de l’Amérique, l’Union Européenne propose un traité transatlantique qui nous est très défavorable et s’associe aux sanctions américaines contre la Russie voisine.

Ces technocrates déconnectés du réel, ces « bourgeois bohémiens » qui vivent dans les beaux quartiers préservés de la « diversité » dont ils font la promotion permanente mais pour les autres, ont choisi de laisser le monopole du réel au Front National, qu’ils continuent de diaboliser malgré les courbettes devant l’idéologie dominante qu’exécute Marine Le Pen, parce qu’il s’agit surtout d’enterrer les questions. Mais le peuple ne se fait plus prendre par ces méthodes surannées.

Alors certes, la démagogie du FN sur l’€uro ou sur l’Union Européenne est sans limites, mais après tout, il a bien raison de la pratiquer puisque personne n’ose se confronter à lui en regardant les faits tels qu’ils sont. L’Union Européenne a si peu d’importance aux yeux de nos dirigeants qu’on peut sans vergogne nommer « secrétaire d’état aux affaires européennes » le si médiocre Harlem Désir, en récompense de ses déloyaux services. Pour les partisans de « Bruxelles », l’immigration est une chance quand 76% des Français pensent que c’est une calamité. Pour ces technocrates, il est important, qui plus est en période de chômage, d’encourager le travail des femmes mais surtout pas la natalité européenne en berne. S’il ne faut pas rappeler les racines païennes et chrétiennes de l’Europe, au nom d’une laïcité pervertie, ce n’est pas gênant pour eux d’affirmer de prétendues racines « musulmanes ». On autorise le Kosovo à se séparer de la Serbie mais pas la Crimée à rejoindre la Russie.

Marine Le Pen a eu peur d’affronter Martin Schulz, qui lui a fait une réponse cinglante dans le Nouvel Obs mais n’est-ce pas ce même Schulz qui s’est rendu, pour sa première visite de campagne électorale en France, à Saint-Denis, au cœur même de la « diversité » dont de plus en plus de Français et d’Européens ne veulent pas.

Ce sont ces mêmes responsables qui prétendent défendre l’€uro et l’Union Européenne contre Marine Le Pen mais qui lui donnent en réalité un boulevard en refusant de se mettre au service des Européens et d’assumer ainsi une politique très différente. Il ne peut y avoir d’« Autre Europe » que si elle est bâtie sur des principes et des valeurs radicalement différents. Je rêve d’un partisan de l’Union Européenne opposant à l’immigration post-coloniale qu’acceptent une Le Pen et un Farage les principes d’une européanité assumée. Je rêve d’un partisan de l’Union Européenne qui ose prôner l’abrogation du traité de l’Atlantique Nord et exiger le démantèlement des bases américaines de l’OTAN en Europe. Je rêve d’une Europe politique qui tende la main à Vladimir Poutine et se mette avec lui autour d’une table pour régler la crise ukrainienne.

Si on veut pouvoir faire reculer l’euroscepticisme qui bénéficie à une Marine Le Pen, à un Nigel Farage ou à un Geert Wilders, il faut oser leur opposer une Europe politique déterminée à combattre les maux que la classe politique nationale a renoncé à vaincre. En clair, la seule façon de les étouffer, c’est de les priver de raisons d’être. Si l’Europe réussit demain là où l’état-nation historique a échoué hier et échoue encore, alors les souverainistes disparaîtront en même temps que les mondialistes qu’ils prétendent dénoncer.

Car le premier allié du souverainiste, c’est l’atlantiste de Bruxelles, de Paris ou de Berlin, le mondialiste qui veut livrer le peuple européen à la concurrence déloyale du « tiers-monde » émergent, celui qui veut nous céder pieds et mains liés à Washington. L’euroscepticisme c’est Le Pen mais c’est surtout Hollande et Merkel, chargés par Obama d’empêcher l’émergence de l’Europe Puissance, de la Nation Européenne en devenir. Ils se plaignent de la montée des populistes ? Ils en sont les principaux fourriers.

L’euroscepticisme est fort parce qu’il n’a en face que des menteurs et des renégats. Et pourtant, les Européens ont un impérieux besoin d’une Europe politique unie, mais pas celle-là. Opposons aux souverainistes et aux mondialistes, rejetés d’un même élan et mis dans un même sac, le discours de l’Europe authentique, celle des Européens ! Le succès de « Marine » n’est que la preuve de l’échec de l’Union Européenne. Si les Européens s’en détournent de plus en plus, pour retomber dans les vieilles lunes du nationalisme rétrograde des imbéciles qui ont détruit par deux fois notre continent et notre civilisation, à qui la faute ? A vous, les gouvernements « nationaux », de « droite » ou de « gauche », partisans d’un même projet suicidaire, d’un même ralliement à votre maître ultra-atlantique.

Pour sauver l’Union Européenne, il faut la refonder sur des valeurs vraiment européennes, et non pas universelles, et la réorienter au service de l’identité européenne authentique, plurimillénaire, non pour maintenir une paix de tièdes, mais pour forger une paix virile, avec une armée européenne crainte et respectée, des frontières qui ne seront pas considérées comme des passoires, et pour une prospérité retrouvée pour les Européens. L’Europe doit faire sa révolution. Si les Européens veulent à nouveau du pain, il leur faut d’abord du fer. Mais en attendant ce réveil salutaire, nous assisterons impuissants à ces joutes funestes, opposant tenants d’un système en place ayant échoué mais prétendant réussir, et partisans d’un « c’était mieux avant » illusoire et mensonger. La duperie, c’est de nous faire croire que l’alternative serait dans le camp souverainiste.

 
Thomas FERRIER
Secrétaire Général du PSUNE

07/04/2014

Hongrie : joueur Orban joue encore !

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orban.jpgLes élections parlementaires de ce dimanche 6 avril 2014 devaient décider de la composition de la nouvelle assemblée hongroise, après quatre ans de gouvernement de droite, mené par Viktor Orban, aux affaires. La presse annonçait une victoire indiscutable du premier ministre sortant, dont l’ampleur n’était pas en revanche très nette. Dans un contexte où le jeu se jouait à quatre partis, les autres faisant de la figuration, sans oublier les partis représentant les minorités, le suspens était limité. Néanmoins, les sondages semblent avoir surestimé le Fidesz d’Orban.

Avec 44.54% des voix, le Fidesz remporte une élection jouée d’avance, mais avec une perte de 8.2 points en quatre ans, ce qui indique une certaine lassitude des électeurs, sans remettre en cause la prépondérance du parti au pouvoir, en raison notamment d’une forte prime dévolue au vainqueur. Dans un parlement désormais à 199 places, le Fidesz dispose de 133 sièges, soit les 2/3 de l’assemblée, un résultat largement suffisant pour voter les lois d’une manière confortable, avec une majorité des plus stables.

La coalition Összefogas (Unité) autour du parti social-démocrate (MSZP) mené par Attila Mesterhazy (et Ferenc Gyurczany en n°2) réussit un score honorable avec 25.99% des voix et obtient ainsi 38 sièges dans la nouvelle assemblée. Ce score, supérieur à celui annoncé par les sondages, reste néanmoins modeste en raison notamment de plusieurs scandales financiers touchant d’anciens dirigeants du parti. Par ailleurs, si la tête de liste est nouvelle, les vieux de la vieille comme Gyurczany sont toujours présents. C’est malgré tout un échec, moins déshonorant toutefois qu’en 2010.

Le Jobbik était annoncé aux alentours de 16% dans les sondages, soit un score proche des 16.67% obtenus en 2010. Par un recentrage tactique, qui aurait pu décontenancer certains électeurs, le Jobbik réussit un score en nette progression, avec 20.54% des voix (+ 3.87), bénéficiant du vote de déçus du Fidesz ou de gens choqués par les scandales, et disposera de 23 sièges.

Loin derrière, la liste libérale et démocrate LMP obtient 5.26% des voix et 5 sièges. C’est un score inespéré dans le contexte électoral actuel. Le LMP sera la dernière formation à entrer au parlement.

C’est un échec pour le Munkaspart (Parti des Travailleurs), néanmoins en progression, avec 0.58% des voix, devant une liste centriste (KTI, 0.22% des voix), la liste autour de Maria Seres (0.45%) ou encore le Parti des Verts (Zöldek Partja) avec 0.37% des voix. Enfin, les listes représentant les minorités (tziganes et roms, allemands, slaves, arméniens, grecs…) ont obtenu en tout environ 0,6% des voix et ne disposeront d’aucune représentation.

Malgré un mode de scrutin très favorable, le Fidesz recule dans l’opinion, une érosion logique car Orban s’use au pouvoir, même s’il reste extrêmement populaire. Il n’a pas réussi à marginaliser le Jobbik qui reste la 3ème force, même s’il n’a pas réussi à passer devant la gauche. Le repositionnement de ce parti, jugé néanmoins trop radical aux yeux de l’extrême-droite occidentale pour se coaliser avec elle à l’issue des élections européennes, semble avoir payé. La gauche, qui tend à imiter ses partis frères de l’ouest, peine à s’imposer alors que le conservatisme à coloration chrétienne de Orban résiste.

La seule surprise est donc ce recul modéré du Fidesz accompagné d’une progression mesurée de l’extrême-droite. Rien ne change vraiment. Sans refondation, on voit mal la gauche en 2018 triompher.

Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)

17/03/2014

Analyse des élections parlementaires serbes de mars 2014

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made-in-serbia-logo-eagle.jpgLes résultats quasi définitifs des élections serbes qui se déroulaient ce dimanche sont désormais connus et ils sont riches d’enseignements. Avec 48,34% des voix, Aleksandar Vušič a presque réussi son parti, atteindre les 50% des suffrages. Le parti de Tomislav Nikolic, le SNS, est donc le grand vainqueur de ce scrutin, rafflant 158 sièges, ce qui lui permet de bénéficier d’une majorité absolue au parlement. En 2012, il n’avait obtenu que 24,05% et double donc son score. La stratégie hybride, mi-nationaliste, mi-européiste, du président en exercice et de son premier ministre, a payé. Il a su vider de son électorat les deux frères ennemis, le Parti Démocrate de Boris Tadic et le Parti Radical Serbe de Seselj.

Divisé en deux camps rivaux, le camp démocratique a subi un échec retentissant. La liste du Nouveau Parti Démocrate de Tadic n’obtient que 5,71% des voix et 18 sièges. Son rival, le Parti Démocrate (officiel) n’obtient guère mieux avec 6,04% des voix et 19 sièges. Leur division a été mortifère puisque le DS originel avait obtenu 22,07% des voix en 2012. De nombreux électeurs pro-européens, qui votaient Tadic,ont préféré soutenir le gouvernement en place. On peut désormais considérer la carrière de l’ancien président Tadic comme derrière lui. Les « Démocrates » doivent se refonder pour demain pouvoir à nouveau peser.

Associé au nouveau pouvoir, le Parti Socialiste de Serbie a rompu depuis longtemps avec l’époque Milosevic. Ivica Dasic avec 13,51% des voix et 44 sièges, encaisse bien, même s’il perd presque 1% et gagne en revanche un siège. Même si son appui n’est pas nécessaire, il est probable que le SNS de Vusic maintiendra sa coalition avec lui.

Le camp nationaliste connaît en revanche une sévère déconvenue. La descente aux affaires du SRS de Seselj continue. Son discours europhobe ne passe plus et son image est désormais marginalisée. Avec 2% (contre 4,62% en 2012), c’est une fin de règne. Le mouvement Dveri n’en profite puisqu’il n’obtient que 3,57% des voix (contre 4,34% en 2012) et échoue à s’implanter durablement dans le paysage politique. Le Front Patriotique avec 0,13% des voix échoue à les concurrencer.

Les autres partis politiques sont perdants et tombent à des niveaux vraiment très modestes. L’Union des Régions de Serbie avec 3,04% des voix est marginalisée, de même que le Parti Libéral Démocrate avec 3,35% des voix (contre 6,53% en 2012), qui perd ses quatorze députés et devient insignifiant. En revanche, les partis régionalistes ou micro-identitaires se renforcent légèrement, avec 2,11% pour les Hongrois de Voïvodine, 0,95% pour le mouvement du Sandjak, obtenant en tout 11 sièges.

Nikolic, par son image d’ancien nationaliste, agissant avec beaucoup de circonspection concernant le Kosovo, sans heurter les plus patriotes mais sans mettre en danger le processus d’adhésion de la Serbie à l’Union Européenne, a su transformer son image. Il oriente la Serbie dans le sens de la construction européenne, même si on ne sait pas encore quelle sera sa réaction suite à la stratégie russe en Crimée. Son parti est en tout cas considérablement renforcé et ses adversaires très sérieusement affaiblis. La Serbie semble avoir désormais rompu avec sa tradition d’un mouvement nationaliste à près de 25% des voix. Si Nikolic a rompu avec le SRS, au point où ce dernier voit en lui un véritable traître, les électeurs lui ont donné raison et il s’est révélé une personnalité pugnace et habile. En revanche la ligne Seselj est en train de devenir groupusculaire. Il faut dire que ce parti est « piloté » depuis le tribunal pénal international de La Haye. L’époque des Seselj, des Tudor ou des Siderov en Europe de l’Est est terminée.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

15/03/2014

De la Crimée et de l’Europe

http://thomasferrier.hautetfort.com/media/01/00/449511605.3.pngEmblem_of_Crimea.svg.png

Entre un article du Monde sur les extrémistes ukrainiens décérébrés qui occupent la mairie de Kiev et la vue d’une image d’un défilé moscovite de partisans russes du rattachement de la Crimée à leur pays portant une tenue sur laquelle est dessinée l’ancienne Union Soviétique, avec la mention URSS 2.0 qui plus est, je me dis que la propagande « nationaliste » au sens classique de ce dernier terme rend vraiment les gens aveugles.

Que dire en effet de ces nationalistes ukrainiens nostalgiques d’une occupation allemande qui a coûté la vie à nombre de leurs compatriotes il y a plus d’un demi-siècle, considérés comme des sous-hommes par un Reich slavophobe ? Que dire en outre de ces nationalistes russes teintant leur discours d’antifascisme néo-stalinien, passant sous silence le fait que les figures nationalistes russes les plus éminentes, à l’instar du professeur Doubrovine, ont été tuées par la police politique des bolcheviks, l’infâme Tcheka ?

Dans cette affaire, où beaucoup se trompent, et où certains mentent de manière effrontée, tous camps confondus, il est bien difficile de garder son calme et de maintenir sa neutralité au service de la réconciliation des Ukrainiens et des Russes, et bien sûr de tous les Européens. Et pourtant, ce que la politique au sens noble du terme impose, c’est de savoir se placer au-dessus de la mêlée afin d’y voir plus clair.

D’un côté, à la manœuvre depuis le début, les Etats-Unis d’Amérique. C’est eux qui depuis des décennies gouvernent la politique étrangère de l’Union Européenne. Dans le traité entre l’Union Européenne et l’Ukraine, que Yanoukovitch finit par refuser, le sort des bases ruses de Crimée semblait scellé, malgré les accords précédents pris par Kiev envers Moscou. Par ailleurs, l’idée d’un rapprochement avec l’OTAN était bel et bien présente. Ces éléments à eux seuls justifient l’inquiétude de la Russie et la peur de la simple idée d’une Crimée se ralliant au « camp atlantiste ».

La Crimée est, selon les données de 2001, peuplée de 24% d’Ukrainiens, de plus de 60% de Russes et de 12% de Tatars de Crimée, descendants probables des autochtones indo-européens de la région, mais turquifiés sous le joug ottoman. Cela signifie que bien que les Russes y soient majoritaires, que l’armée russe soit présente, bien avant les derniers évènements, que la Russie dispose d’une grande base navale à Sébastopol, ce n’est pas au sens strict une province russe. La volonté majoritaire de cette province de se rattacher à la « maison-mère », aussi légitime soit-elle, n’est pas le souhait de l’ensemble de la population de cette péninsule. On sait bien que le référendum en Crimée de demain manifestera comme résultat un tel souhait et non l’indépendance pure et simple. Il n’est pas encore sûr de savoir ce que la Russie de Poutine fera, mais on sent bien qu’elle est prête à assumer cette annexion aux yeux du monde entier.

Il faut donc dès maintenant anticiper les conséquences de cette annexion plus que probable de la Crimée par la Russie, avec le soutien, précisons le, d’une grande partie de la population. Cette annexion ne sera pas reconnue par la communauté internationale, et la Crimée rejoindra ainsi la liste des états sans reconnaissance, comme l’Ossétie du sud, qui pourrait demain demander son rattachement à la Russie et à la région d’Ossétie du nord, l’Abkhazie et la Transnistrie moldave. Nous payons là les soubresauts de l’effondrement rapide de l’Union Soviétique et des Etats qui naquirent de sa ruine, dans les frontières  des anciennes républiques soviétiques, frontières en grande partie artificielles.

Face à une Union Européenne inféodée aux intérêts outre-atlantiques, sans un De Gaulle ou un Adenauer pour proposer une voie médiane, la Russie s’est sentie obligée, afin de plaire à son opinion publique, de jouer la carte du nationalisme, ce qui n’est pas la démonstration d’un régime russe serein au pouvoir, et de protéger les intérêts réels ou supposés des russophones d’Ukraine, d’intervenir d’une manière décisive dans cette crise ukrainienne, y défendant d’abord sa propre stratégie. La Russie a le sentiment en effet que les USA veulent l’étouffer en l’entourant d’ennemis. Elle réagit donc en forteresse assiégée ayant toutefois encore les moyens de faire d’efficaces sorties, en Géorgie en 2008, en Ukraine en 2014. Lorsque l’on veut priver un ours de son pot de miel, il faut s’attendre à recevoir de sérieux coups de griffe. En outre, la Russie, qui a le sentiment d’avoir été trahie lors de la crise du Kosovo, ne fait que renvoyer à son adversaire les coups que celui-ci lui a auparavant envoyés.

Au lieu de jouer la carte de manière sincère de la nouvelle Russie, les Occidentaux ont profité de sa faiblesse pour mettre en œuvre une politique qu’ils n’auraient jamais osé faire du temps de l’Union Soviétique. Les années Eltsine ont été ruineuses pour la Russie, le paradoxe étant que cet ancien président est celui qui a mis le pied à l’étrier à un certain Vladimir Poutine. Les Russes savent d’où ils viennent et à quoi ils ont échappé. Mais la Russie de 2014, certes fragile, a retrouvé une partie de ses forces et suffisamment de volonté pour se faire respecter a minima. Malheureusement cette stratégie a un coût, à savoir qu’elle risque bien d’élargir encore l’espace entre la Russie et le reste de l’Europe, au plus grand plaisir des USA.

Si la Russie n’avait rien fait dans l’affaire de Crimée, elle aurait assisté impuissante au démantèlement de ses bases. Elle aurait perdu tout crédit auprès de ses alliés. Mais en agissant elle s’éloigne de l’Europe alors que son avenir est en son sein. Elle n’a rien à attendre de bon d’une alliance contre-nature avec la Chine.  Dans les deux cas, qu’elle agisse ou qu’elle n’agisse pas, elle était perdante. Alors, elle a préféré agir.

C’est nous, Européens de l’ouest et du centre, qui devons réagir intelligemment dans cette affaire. Mais nous ne pourrons le faire que par une révolution politique nous permettant de nous libérer de ceux qui aujourd’hui président pour notre malheur à nos destinées. Contre un François Hollande, rejeté par l’écrasante majorité des Français, mais qui se maintient au pouvoir d’une manière autiste, et une Angela Merkel, au service des intérêts privés, qui souhaite accélérer l’union économique transatlantique, aberration totale qui nous lie encore davantage à une puissance étrangère qui ne souhaite pas notre épanouissement, nous sommes impuissants, tant que nous ne renverserons pas ceux qui sont au pouvoir pour les remplacer par des gens au service de l’Europe et des Européens, et d’eux seuls !

La solution de la crise en Crimée n’est pas du côté des Russes, qui font ce qu’ils estiment nécessaire, même si le résultat aboutit à les éloigner encore davantage de nous, ce qui est une erreur majeure, pour eux comme pour nous, et elle n’est pas non plus du côté des Ukrainiens, jeune démocratie n’ayant eu à sa tête que des gens médiocres et corrompus. La solution est européenne, mais elle passe par notre affranchissement, afin que les Européens soient à nouveau maîtres chez eux, souverains de leur avenir, au sein d’une grande Europe unie et européenne, sociale et démocratique, allant des fjords de l’Islande jusqu’aux montagnes de l’Oural et par extension jusqu’aux volcans du Kamchatka.

Si la Russie a en face d’elle une union européenne politique amie, dirigée par des gens responsables, honnêtes et au service des seuls Européens, elle saura évoluer dans un sens qui nous plaira davantage, dans le même temps que nous évoluerons aussi dans son sens. L’avenir de l’Europe n’est pas dans l’extension de la décadence « occidentale » au continent tout entier, mais dans une involution de cette décadence, involution à laquelle la Russie pourra œuvrer utilement.

Nous devons donc faire preuve d’une amitié indéfectible tant vis-à-vis des Ukrainiens que des Russes, et vis-à-vis des habitants de Crimée, qu’ils choisissent l’Ukraine, la Russie ou l’indépendance. Notre problème n’est pas à l’est. Notre problème est à l’ouest de l’Océan Atlantique et au sud de la Mer Méditerranée, avant qu’il ne soit au-delà du fleuve Amour.

 

Thomas FERRIER

Secrétaire général du PSUNE

02/03/2014

Pour la paix en Ukraine et la réconciliation avec la Russie

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Flag-Pins-Ukraine-Russia.jpgCela fait plusieurs semaines maintenant que la crise ukrainienne occupe nos écrans radar, avec son lot de suspens et de retournements. Désormais, la Russie s’apprête à lancer une intervention armée, non pour rétablir le sinistre Yanoukovitch, démonétisé de Paris à Moscou, mais pour protéger ses intérêts en Crimée et éventuellement dans les autres régions dans lesquelles les russophones sont nettement majoritaires. Une telle action unilatérale, acceptée lorsque la France souhaite intervenir en Centrafrique ou au Mali, devient inacceptable dès lors que c’est la Russie qui est à la manœuvre. Le gouvernement ukrainien provisoire, qui parle d’un casus belli et annonce mobiliser, n’est probablement pas menacé.

Cette crise présente plusieurs dimensions qu’il faut bien avoir à l’esprit lorsqu’on prétend l’analyser. Il faut se garder d’un jugement partisan de principe, pro-ukrainien ou pro-russe, car qui ne voit que la position d’un des camps ne voit rien.

Du point de vue ukrainien

D’un côté, des manifestants mobilisés, réunissant des citoyens de l’extrême-gauche à l’extrême-droite, en passant par tout le spectre politique, veulent chasser un président certes élu mais qui a tout d’un autocrate, corrompu à l’extrême, et au bilan économique des plus médiocres. Sa volonté de s’aligner sur la Russie, en rompant tout rapprochement avec l’Union Européenne, a mis le feu aux poudres. Certains militants sont prêts à des actions violentes auxquelles répond une contre-offensive gouvernementale encore plus violente. Le sang coule et c’est par dizaines, peut-être par centaines, que des Ukrainiens  meurent. Il s’agit surtout de militants de Svoboda ou du « Pravyi Sektor », des nationalistes radicaux prêts à en découdre avec le pouvoir.

Même si l’Ukraine et la Russie prennent leurs racines communes dans la Rus’ de Kiev, au Xème et XIème siècles, elles ont connu de longues périodes où elles étaient séparées. Si l’ukrainien et le russe ne diffèrent guère, ce sont tout de même deux langues distinctes. Et sous les tsars et plus encore sous le régime soviétique, une russification linguistique et culturelle a été très vigoureuse. L’identité ukrainienne est celle d’un peuple meurtri, et s’apparente à la situation des Irlandais face à l’empire britannique.

Pour toutes ces raisons et pour bien d’autres, l’Ukraine est coupée en deux, entre les russophones qui se sentent indéfectiblement liés à la Russie voisine, et des ukrainophones qui tentent de se rapprocher de l’Europe occidentale et prétendent rejoindre l’Union Européenne, même si les nationalistes de Svoboda sont en vérité des souverainistes, pour marquer une rupture plus nette avec la Russie.

Mais ce nationalisme reste animé d’un esprit revanchard et la preuve en est la décision du parlement de supprimer le statut de langue officielle du russe au profit du seul ukrainien. C’est un acte d’une maladresse extrême, alors qu’il fallait au contraire rassurer les russophones dès la chute de Yanoukovitch. L’effondrement du Parti des Régions ne devait pas faire place à des vexations outrancières contre les russophones.

Du point de vue russe

Pour Vladimir Poutine, aucun doute n’est permis, les russophones d’Ukraine et les russes de Crimée sont potentiellement menacés d’une répression à leur encontre. La chute de Yanoukovitch a amené à des manifestations de soutien de nombreux Ukrainiens des régions orientales du pays en faveur d’une action russe, voire d’une sécession.

Poutine n’entend pas perdre la Crimée, qui bénéficie d’un statut particulier et qui a conservé des liens politiques et même militaires avec la Russie, abritant sur son sol de nombreux soldats russes et des navires de combat. Il a tout à gagner à une intervention armée, qui permettra de stabiliser sa frontière occidentale, d’unir par un élan patriotique le peuple russe derrière lui, faisant taire les contestations internes, et de rappeler aux occidentaux que dans son espace il entend être respecté.

L’Union Européenne a été très mal avisée de négliger la susceptibilité russe en la matière. En apportant un soutien sans discernement aux manifestants de Maïdan, dont certains expriment une russophobie explicite, au-delà de la question du départ d’un dirigeant médiocre, en laissant faire une forme de coup d’état à Kiev, sans respecter les accords mis en œuvre dans lesquels les Russes avaient été partie prenante, les occidentaux ont gravement attenté aux intérêts vitaux de la Russie. Poutine devait donc réagir et il ne pouvait le faire par des demi-mesures. Même s’il n’a pas encore donné son feu vert officiel à une intervention que son parlement soutient, maîtrisant les risques à provoquer d’une manière trop brutale les USA, il ne fait aucun doute qu’il entend se faire respecter. S’il annonce vouloir conserver l’unité de l’Ukraine, refusant ainsi de céder à toute tentative d’annexion, on sent bien se profiler une Transnistrie II, un partage non officiel de l’Ukraine en deux parties, la seconde pouvant être limitée à la Crimée ou élargie à Donetsk et même Kharkiv.

Rappelons dans le cas de la Crimée que son rattachement à la république soviétique d’Ukraine en 1954 était purement arbitraire car ne tenant pas compte du caractère massivement russe de la population de cette presque-île. Lorsque l’URSS s’est effondrée, la nouvelle Ukraine a conservé les frontières dont elle disposait sous le régime précédent. C’était une erreur qui aujourd’hui est en train d’être réparée au forceps.

Des accusations d’extrémisme qui sonnent faux

Toute crise comme celle que vit l’Ukraine apporte son lot de discours extrémistes. Mais il serait trop facile d’opposer de bons russes à des néo-nazis, ou de bons patriotes ukrainiens à des communistes. Aux  provocations extrémistes du « Pravyi Sektor » où s’affiche le portrait de Stepan Bandera, répondent les nostalgies néo-communistes, certains vieux membres de l’Armée Rouge allant jusqu’à monter la garde devant une statue de Lénine, pourtant responsable de la mort de nombreux ukrainiens… et russes. Ni le drapeau à croix gammée ni le drapeau soviétique ne devraient être brandis, ça n’a aucun sens.

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En fait, les extrémistes sont l’alibi que chaque camp envoie à l’autre pour justifier l’un de son éloignement de la Russie, l’autre de son action militaire. L’antifascisme promu par certains russophones sonne faux. L’anticommunisme de certains ukrainiens sonne tout autant faux. C’est la preuve d’une immaturité politique profonde de certaines franges de la population, dans un pays pauvre, miné par la crise économique, et tiraillé entre deux tendances lourdes agissant comme deux centrifugeuses.

Une Europe absente, des USA trop présents

Dans cette équation, il ne faudrait pas non plus négliger le rôle détestable des Etats-Unis, qui récupèrent à leur profit cette crise ukrainienne pour continuer leur stratégie d’endiguement de la Russie, finissant par celle de l’anaconda, de l’étranglement pur et dur. A Washington, on s’interroge déjà sur des sanctions à prendre contre Moscou. Mais la Russie n’agit pas d’une manière différente de celle des USA qui interviennent lorsque leurs intérêts sont menacés sans se préoccuper de l’opinion internationale. On peut regretter que Moscou ait choisi cette voie et on aurait pu espérer une démarche plus rassurante. Mais la Russie s’adapte à ses interlocuteurs d’en face.

Or l’Union Européenne, une fois de plus, est incapable de répondre d’une seule voix, et se montre impuissante. C’est bien sûr le cas des pantins de Bruxelles, qui n’ont que le pouvoir que les gouvernements leur accordent, c'est-à-dire aucun, mais c’est surtout celui des dirigeants même des Etats. Hollande a eu un rôle totalement marginal, Cameron et Merkel ont été dépassés. Ils ont laissé leur « allié » américain mener la dance. On se souviendra du mot d’une responsable américaine disant en privé que l’Union Européenne pouvait « aller se faire foutre ».

Tant que l’Union Européenne ne sera pas capable de se doter à sa tête d’autres personnes qu’un Barroso aujourd’hui ou un Schulz demain, elle ne sera pas prise au sérieux et n’aura son mot à dire en rien. Elle assistera démunie, si ce n’est complice, aux actions des USA sur son sol ou à ses frontières.

Seul un européisme pur et dur pourra ramener la paix

Il n’y a qu’une seule position tenable dans ce conflit, une voix de la raison à faire entendre, c’est celle de la paix et de la réconciliation en Ukraine et entre Ukrainiens et Russes. Ce n’est de l’intérêt de personne que ce pays implose, créant des séquelles pouvant mettre des décennies à être digérées. Nous devons reconnaître à la fois la pleine légitimité du peuple ukrainien dans sa volonté de chasser du pouvoir un président corrompu et celle des russophones qui expriment une inquiétude non feinte quant à leur avenir dans l’Ukraine actuelle. Il aurait été nécessaire qu’ils soient rassurés et ménagés, associés de plein pied dans la reconstruction politique du pays.

russie,ukraine,réconciliation,crimée,atlantisme,europe,thomas ferrierVouloir régler le problème ukrainien sans associer la Russie à cette démarche était non seulement illusoire mais relevait d’une faute d’analyse grave. C’est autour d’une table que les responsables du mouvement « Euromaïdan », des représentants sérieux de l’Union Européenne et des représentants de la Russie que l’avenir du pays devait se décider. Les inquiétudes russes devaient être écoutées et prises en compte. Le statut de la Crimée devait être garanti, tout comme celui de la langue russe.

L’absence d’Europe politique, l’inféodation des dirigeants des Etats européens de l’ouest ou des « dirigeants » de l’Union Européenne aux USA, tout cela est détestable. C’est malheureux de voir l’Europe, une fois de plus, manipulée et instrumentalisée afin de la maintenir divisée.

Si, comme je le pense, l’avenir de l’Europe se joue dans une convergence Union Européenne/Russie, jusqu’à la fusion qui transformerait notre continent en première puissance mondiale, alors cette division au cœur de l’Ukraine n’est pas acceptable. Et tout doit être fait pour y remédier dans les meilleurs délais et avec le moins de victimes possible. Il n’y a qu’une seule façon de décourager Poutine de mener une intervention armée, c’est de lui proposer une alternative acceptable pour lui comme pour les russophones. Mais surtout, il faut que ce soit les Européens ensemble, Russes et membres de l’UE, qui dialoguent, les USA devant être écartés de toute discussion et réduits à un rôle de spectateur extérieur.

Contrairement à ce que prétendent les souverainistes, la crise ukrainienne montre qu’une Europe divisée sera toujours une proie et l’instrument de sa propre destruction. Une démarche vraiment européiste, c’est de défendre tous les Européens, et donc de défendre et les positions ukrainiennes et les positions russes en même temps. On peut dire que cela demande un certain talent d’équilibriste, mais c’est la seule attitude responsable. C’est ainsi que nous pourrons garantir une paix sincère et durable, et ensuite une réconciliation dans l’honneur.

Si la Russie intervient en se limitant à des objectifs légitimes, la protection de la Crimée et des régions russophones, il faudra considérer cette action comme un mal, mais comme un mal nécessaire. Il faudra trouver les mots pour que cette situation temporaire trouve une résolution acceptable par tous.

Poutine a tendu la main depuis 2005 à l’Union Européenne, évoquant l’Europe « de l’Islande à l’Oural et par extension jusqu’au Pacifique ». Mais cette main, personne n’a pu et n’a su la saisir. Au contraire, la Russie a le sentiment, à tort ou à raison, que le reste de l’Europe est dans une situation de décadence bien plus avancée, qu’il est sous tutelle, et qu’il s’efforce de refouler la Russie en Asie. C’est notre faiblesse qui inquiète les Russes, non « nos » menaces pathétiques dictées par « nos » maîtres.

Face à une Europe politique unie, puissante, responsable, libre et souveraine, la Russie pourra dialoguer d’égal à égal, en toute franchise, et nous trouverons ensemble des solutions qui satisferont tous les citoyens de notre continent. Et l’Ukraine redeviendra un pont de l’amitié entre nous. Alors la Russie et le reste de l’Europe s’uniront pour forger le XXIème siècle européen, pour la paix et la prospérité, de Reykjavik à Moscou.

Je ne peux que souhaiter que les Ukrainiens et les Russes trouvent assez de ressources en eux pour sortir grandis de cette crise. Ils méritent mieux. Et je ne peux qu’inviter les dirigeants des autres pays européens à agir avec davantage de prudence à l’avenir, à respecter nos frères de l’est et à se libérer de chaînes « outre-atlantiques » de plus en plus insupportables. Malheureusement, je sais que ceux qui actuellement président à nos destinées n’en feront rien. C’est pourquoi il faudra les chasser du pouvoir, tout comme les Ukrainiens ont su chasser Yanoukovitch. Vive la Russie, vive l’Ukraine et vive l’Europe libre, bientôt libre !

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

Nota Bene: la troisième image est celle du drapeau de la Rus de Kiev, où on retrouve le rouge et or de la Macédoine antique et de la Rome républicaine.

16/02/2014

Elections européennes en France : étude du sondage Opinionway de février 2014

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élections européennes,mai 2014,euroscepticisme,FN,PS,UMP,centre-droit,déception,euroSelon le dernier baromètre Opinionway/LCI/Le Figaro, à un peu plus de trois mois avant l’élection, l’UMP sortirait vainqueur du scrutin avec 22% des voix, contrairement à un sondage précédent d’un autre institut qui mettait le FN en première position avec 23%. Le FN serait second avec 20% des voix environ, auxquels il faudrait rajouter les 3% de voix en faveur de la liste de Debout La République animé par le non-candidat Nicolas Dupont-Aignan, pour comptabiliser le vote « souverainiste ». Néanmoins, l’UMP perdrait 5 points environ par rapport à 2009 en faveur du Front National, qui en prendrait 6 au PS, à l’extrême-gauche et surtout aux petites listes.

Le Parti Socialiste connaîtrait une sévère déconvenue avec 16% des voix, un score malgré tout proche de celui qu’il avait obtenu en 2009 (16,5%) mais c’était à l’époque où Europe-Ecologie avait obtenu dans le même temps 16,3% des voix. Il n’en obtiendrait plus que 9%, ce qui veut dire que le camp de la gauche « modérée » perdrait sept points. Le Front de Gauche, avec 9% des voix, en reprendrait 3. En revanche, le Nouveau Parti Anticapitaliste aurait 4%, score important par rapport à leur poids politique en France, mais plus faible que les 6,1% obtenus en 2009. Cela place l’extrême-gauche à 13%, ce qui n’est pas négligeable.

Connus pour leur positionnement pro-« européen » mais en version mondialiste, le Modem et l’UDI, désormais associés, obtiendraient 12% des voix (+3,5%). Cette modeste progression par rapport au score antérieur du seul Modem montre le poids réel de l’UDI et du centre-droit (3/4%) par rapport à la droite UMP (22%).

Ce sondage pose également d’autres questions qui matérialisent le désaveu de l’actuelle Union Européenne par un nombre d’électeurs croissant. Ainsi, 45% des Français se disent déçus, et 11% manifestent une nette opposition alors que 12% s’en désintéressent purement et simplement. 32% seulement semblent plus ou moins satisfaits ou espèrent une évolution davantage positive de la construction européenne. La fierté d’être membre de l’Union se limite à 5% des citoyens, ce qui est très peu. 3% sont satisfaits. On peut penser que c’est le socle de gens satisfaits aussi du président Hollande.

Sur la question de l’€, la démagogie eurosceptique et l’incapacité des dirigeants pro-« européens » à expliquer convenablement les choses aboutissent à ce que 26% des citoyens (+6) souhaitent le « retour au franc » et 20% se moquent de la disparition de l’€ sans la souhaiter pour autant. Les opposants à une sortie de l’€ ne sont plus que 53% (-9). Sortir de l’€ est une lubie qui cache un rejet idéologique de toute monnaie européenne par les dirigeants des partis nationalistes et/ou souverainistes, et qui ne repose sur des prétendues analyses économiques partiales de gens par ailleurs opposés à l’idée européenne par principe. Mais l’absence de pilotage démocratique de l’€ n’est pas pour autant durable et crédible.

Pour 22% des Français, l’appartenance de la France à l’Union Européenne est une mauvaise chose. Ce score reste constant, mais les neutres augmentent, 35% (+6) pensant que cela n’a aucun impact, ni en bien, ni en mal. Ils ne sont plus que 42% à estimer qu’il s’agit d’une bonne chose. Mais ils sont 45% à craindre que l’identité française soit menacée par la construction européenne.

Par ailleurs, une fois de plus, l’élection européenne est détournée des enjeux continentaux par les enjeux nationaux, en clair par la volonté de nombreux électeurs de sanctionner la classe politique nationale, le gouvernement et le président, dans les urnes. Si les électeurs semblent vouloir centraliser les élections municipales sur le choix d’un maire, indépendamment de son étiquette, ils souhaitent visiblement se rabattre sur l’élection suivante pour manifester leur colère. Cela pourrait amener à un FN fort, même si, pour des raisons de participation, j’en doute, comme je l’ai expliqué dans un article précédent. Mais je doute que la participation aux élections européennes soit bonne, mais dans ce cadre. Ils sont 68% à vouloir voter en fonction des questions nationales, et seulement 31% (-9) sur des questions d’enjeu européen.

La faute en est, là encore, à l’absence de campagne européenne, au fait que ce sont les partis nationaux et non les coalitions européennes qui se présentent au suffrage, qu’il y a des arrangements « entre amis » pour décider du futur président de la commission, indépendamment du résultat. Mais même si les électeurs votent national aux européennes, le gouvernement aura beau jeu de relativiser ce vote en accusant l’euroscepticisme. Pourtant, si la gauche devait être sanctionnée en mai 2014, c’est bien à cause de la politique du gouvernement et non de la médiocrité incontestable des actuels dirigeants de l’Union Européenne. Par ailleurs, Barroso pourrait être dépassé en nocivité par le « socialiste » allemand Schulz, c’est dire, si les électeurs européens n’y prennent pas garde.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

Une votation suisse identitaire mais non europhobe

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drapeau_ue_ch1.jpgL’Union Démocratique du Centre, die Schweizerische Volkspartei (« Union du Peuple Suisse ») en allemand, un nom clairement plus significatif de l’orientation de ce mouvement dans cette langue, proposait au vote une « initiative populaire » de lutte contre « l’immigration de masse ». L’expression était relativement vague, regroupant sous un même vocable aussi bien l’immigration européenne que non-européenne. L’UDC a certainement dû choisir, pour des raisons de légalité, une terminologie relativement obscure afin de ne pas encourir le risque d’être accusé de discrimination, comme elle aurait pu l’être si elle avait ciblé par exemple « l’immigration extra-européenne ». Pour s’opposer à celle-ci, il fallait donc s’opposer aussi à l’immigration européenne.

Avec 50,3% des voix, d’extrême justesse donc, la proposition de l’UDC a été acceptée par les électeurs suisses, suscitant émotion et tollé au sein de l’Union Européenne, mais rappelant surtout à des gouvernements faisant promotion de « multiculturalisme », à l’instar du gouvernement Ayrault, l’impopularité d’une politique qu’ils imposent de fait à leurs concitoyens et sur laquelle ils se gardent bien de les interroger. Là encore, une oligarchie politico-médiatique s’arroge le monopole du bien et refuse au peuple le droit de s’exprimer sur une question cruciale. Elle refuse ce droit parce qu’elle connait déjà la réponse négative et ne veut surtout pas être contrainte d’en tenir compte. En ce sens, les Suisses ont voté pour tous les Européens.

Du fait de l’ambigüité de ce texte, les électeurs les plus concernés par l’immigration ne sont pas nécessairement ceux qui ont voté « oui ». Ce paradoxe en apparence s’explique. Dans les cantons francophones, de nombreux frontaliers français travaillent. Ils ne se distinguent pas nécessairement des citoyens suisses, ni par la langue, ni par le comportement.  Les électeurs ont donc été sensibles à leur situation. Si la proposition UDC n’a obtenu que 39,1% de oui à Genève, 38,9% dans le canton de Vaud, 39,3% dans celui de Neuchâtel, et 48,3% dans celui du Valais, ce qui représente néanmoins une opinion importante, c’est pour cette raison. Ceux qui ont voté « oui » l’ont fait pour cibler l’immigration extra-européenne.

En revanche, à l’exception de Zürich, où le oui n’a obtenu que 47,3% des voix, les cantons germanophones, moins touchés par une immigration européenne, ont voté massivement en faveur de la proposition de l’UDC, seul parti pourtant à la défendre et ce contre tous les autres. Si la capitale fédérale Berne a donné un petit 51,1% des voix, le canton d’Appenzell a donné 63,5% au oui, celui d’Obwald 59 ,1%, celui de Thurgovie 57,8%, le canton emblématique de Schwyz 63,1%, et Uri 58,2%. Les Italophones du Tessin ont fait mieux, en donnant 68,2% au oui. On retrouve la division classique ouest/est, francophone/germanophone, avec un PSS fort dans le premier camp et une UDC/SVP forte dans le second. Cela rappelle aussi la situation belge opposant Wallonie et Flandre. On peut considérer que la « France » universaliste a un effet idéologique délétère sur les francophones voisins, à l’exception sans doute du Val d’Aoste.

Ce vote massif des cantons germanophones et italophobes traduit un rejet net de toute immigration, dans un environnement où le chômage progresse (7% dans le Tessin), et une manifestation identitaire de défense face à une évolution sociétale du continent européen, et notamment de sa partie occidentale, qui inquiète. Là encore, ce n’est pas spécialement l’immigration européenne qui pose question, à l’exception de quelques groupes nationaux ou religieux mal vus, que l’immigration moderne. Face à des pays qui confèrent leur nationalité à n’importe qui et de manière laxiste, les Suisses savent que l’ouverture aux Européens n’est pas l’ouverture qu’aux Européens et que Schengen, en l’absence de frontières européennes continentales, est une boîte de Pandore. Or la Suisse a des avantages géostratégiques qui lui permettent de limiter l’impact du mondialisme, même si elle est touchée comme les autres, et de bénéficier d’avantages avec l’Union Européenne dans le même temps. Certes, la Suisse est aussi menacée que les autres Européens face aux phénomènes contemporains, dénatalité criante et flux migratoires illégaux, mais elle a au moins quelques moyens de ralentir cette involution. Et quand on pose aux Suisses la question, ils répondent en ce sens.

Le vote suisse doit donc nous faire réfléchir sur le sens et la définition de la nationalité, des droits et devoirs qu’elle confère et qu’elle devrait être seule à conférer, sur l’immigration de travail en période de chômage et de crise économique, sur les principes fondateurs de la démocratie, trop souvent bafoués en France, mais respectés a minima en Suisse, et sur le fonctionnement et les buts de l’Union Européenne.

Si les Suisses sont nombreux à rejeter désormais toute perspective d’adhésion à l’Union, s’ils sont prêts à limiter l’immigration européenne pour limiter l’extra-européenne, c’est avant tout par la faute de l’Union elle-même, incapable de défendre vraiment les Européens en Europe. C’est parce que nous ferons évoluer l’Union Européenne dans un sens vraiment européen que demain la Suisse voudra en être, pour les mêmes raisons qui font qu’elle refuse aujourd’hui l’idée même d’adhésion. Si elle pense, et elle a raison de le penser, que l’Union Européenne ne les protège pas, et ne résoudra pas des questions que même la démocratie suisse ne parvient pas à résoudre, et elles sont nombreuses, elle préférera rester seule, même au risque d’être victime de sanctions économiques dont on doute que l’Union Européenne osera les mettre en œuvre.

Le vote suisse, que les media français veulent présenter comme un vote hostile aux travailleurs français en Suisse, ce qui est un mensonge, est bien, comme l’a expliqué le politologue Pascal Sciarini (Le Monde.fr du 09/02/2014), un vote identitaire, « contre l’immigration, pas contre l’Europe », et il faut le comprendre comme tel. Ne laissons pas ceux qui refusent que nous puissions nous exprimer à ce sujet l’interpréter autrement.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

02/02/2014

Y aura-t-il une vague eurosceptique en mai 2014 ? 2/2

Une vague eurosceptique ?

élections européennes,mai 2014,euroscepticisme,front national,thomas ferrierDeux types de mouvements nationalistes et/ou eurosceptiques semblent émerger, selon que l’on se trouve en Europe occidentale ou en Europe centrale.

En Europe centrale, deux mouvements se distinguent, à savoir l’Aube Dorée, mouvement néo-fasciste au discours surtout centré sur le problème de l’immigration non-européenne, et le Jobbik, parti national-radical de type « hungariste », favorable à la Turquie et à l’islam au nom d’une définition eurasienne fausse de la magyarité, dans un pays où l’immigration est très réduite. Ces partis, au cœur matriciel judéophobe, connaissent un certain succès, dépassant les 13% dans les sondages. L’Aube Dorée a certes été très fragilisée par l’arrestation et la mise en examen de ses principaux ténors, ce qui n’empêchera pas la progression électorale de ce mouvement, vue la situation de la Grèce.

Mais dans le reste de l’Europe centrale, les mouvements nationalistes, qui parfois se sont retrouvés au second tour d’élections présidentielles, sont en très net recul. Le « mouvement national » polonais, en pleine reconstruction, sera très loin des scores passés de la Ligue des Familles ou de Samoobrona. En Roumanie, le PRM (« Grande Roumanie ») est en pleine déliquescence, de même qu’Ataka en Bulgarie, le Parti National Slovaque (SNS) comme son homologue slovène ou le HSP croate. Quant à l’allié traditionnel du FN en Serbie, le Parti Radical Serbe (SRS), certes d’un pays qui n’est pas encore membre de l’Union Européenne, il sombre littéralement sondage après sondage.

En revanche, en Europe occidentale, les sondages indiquent une nette progression des mouvements eurosceptiques, toutes tendances confondues, et ce autour de deux coalitions en gestation. Autour du FN de Marine Le Pen et du PVV de Geert Wilders, désormais alliés, s’organise une coalition hétéroclite de mouvements, comme Plataforma y Espana (extension espagnole du mouvement catalan) ou la Ligue du Nord, deux mouvements qui n’auront probablement aucun élu en mai 2014, mais surtout des poids lourds de la mouvance « nationale », à savoir le FPÖ de Strache, premier parti du pays selon certains sondages (autour de 25%), le Vlaams Belang belge et les Sverigedemokraterna, crédités de plus de 10% de voix dans les sondages suédois.

Une deuxième coalition, souverainiste davantage que nationaliste, repose sur la tendance UKiP de Nigel Farage, en tête dans la dénonciation de l’Union Européenne, non sans un succès indéniable, puisqu’il parvient à peser sur les Tories de David Cameron, et pourrait obtenir 20% des voix au Royaume-Uni, faisant disparaître un British National Party qui avait pourtant obtenu près de 6% des voix en 2009. Sur cette ligne, modérée sur la question migratoire, se retrouvent le DFP danois, anciennement dirigé par Pja Kjarsgaard, qui lui aussi pourrait atteindre 20% des voix, mais aussi le Perussuomalaiset finlandais de Timo Soini (16/18%).

La première a peu de chances de créer son propre groupe parlementaire à Strasbourg car il faudrait 25 députés, ce qu’ils auront, mais issus de sept pays de l’UE, ce qu’ils n’auront pas. Malgré ses prétentions, Marine Le Pen ne devrait pas parvenir à créer le dit groupe. Dans ce cadre, Wilders pourrait être tenté de rejoindre la seconde coalition une fois les élections passées. Car le second groupe ne devrait avoir aucun mal à conserver celui dont il dispose déjà.

Mais tout ça part d’un principe un peu douteux, à savoir la confiance qu’on peut avoir envers les sondages. Il est assez ironique de constater que le nouveau FN s’appuie sur des sondages, alors même qu’il avait eu dans le passé comme habitude d’en dénoncer le caractère artificiel et partisan, tant que ceux-ci lui étaient défavorables. Cela amène Marine Le Pen à se vanter de représenter le futur premier parti du pays, si les sondages où le FN est à 23% sont confirmés dans les urnes. Elle oublie que la participation est déterminante dans le résultat des partis. Si son électorat, dont elle attise l’euroscepticisme en permanence, reste chez lui au lieu de manifester son soutien en mai 2014, non seulement elle ne fera pas ses 23% mais le FN pourrait n’obtenir qu’un médiocre 12 ou 13%. Il est en effet paradoxal de dénoncer l’Union Européenne mais de bénéficier de ses institutions, lorsqu’on n’arrive pas à se faire élire député national. Pourquoi un électorat anti-UE irait-il se déplacer dans des élections pour élire le parlement de cette même UE ?

Cette vague eurosceptique, indéniable, pourrait ainsi voir son impact considérablement limité par un électorat qui ne se mobiliserait pas pour une élection dont l’intérêt ne lui sauterait pas nécessairement aux yeux. Même si le gouvernement français est à juste titre extrêmement impopulaire, il n’est pas dit que cela se manifestera dans des élections atypiques où de toute façon PS et UMP font classiquement de mauvais scores. La méthode Coué marche parfois mais il faut faire attention aussi de ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.

En outre, même si cette poussée électorale avait lieu, dans la plupart des grands pays européens, avec par exemple l’arrivée de députés allemands de l’AfD, et un FN et un UKiP en tête, les groupes eurosceptiques, même s’ils surmontaient leurs divisions historiques, auraient un poids fort limité et seraient incapables de peser. En effet, en refusant de toute façon toute alliance avec les rares mouvements nationalistes d’Europe centrale en mesure de faire rentrer des députés, et même en les acceptant d’ailleurs, ce qui est impensable pour un Geert Wilders, ils seraient trop faibles. Les mouvements nationaux en Europe Centrale ont quasiment disparu, alors même qu’en Espagne, en Irlande ou au Portugal, ils continuent d’être inexistants. Pour qu’il y ait une vague eurosceptique, il faudrait qu’elle soit le fait de partis concertés, présents sur tout le continent, et dans une coalition explicite et revendiquée.

Ainsi peut-on penser que cette « vague eurosceptique » sera très modeste, loin d’un tsunami, même si le nombre de députés eurosceptiques n’aura jamais été aussi important. Cela ne changera rien à la situation du continent, qui continuera de mourir de sa division et non d’une fédéralisation imaginaire, mais cela amènera peut-être au niveau national à quelques modifications à la marge. En effet, un FN devenu premier parti du pays, obligerait peut-être le gouvernement à une légère réorientation mais gênerait davantage la droite parlementaire que la « gauche » mondialiste. Cela reste très hypothétique. Il sera au contraire facile de relativiser un résultat avec un taux de participation qui sera de toute façon faible, donc jugé non représentatif, et le vote de 15 à 25% d’électeurs ne servira une fois de plus à rien.

 

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

Y aura-t-il une vague eurosceptique en mai 2014 ? 1/2

Pourquoi l’Union Européenne est impopulaire.

union européenne,euroscepticisme,mondialisme,front nationalTous les sondages en Europe annoncent une forte poussée des mouvements eurosceptiques ou europhobes aux élections européennes de 2014. L’Union Européenne est en train de payer son incapacité à parler d’une seule voix et à se placer au service véritable et exclusif des Européens, des indigènes/autochtones du continent européen. Car en vérité, nous n’avons pas bâti l’Europe politique, qui reste à construire. En l’absence de toute transparence démocratique, limitée dans ses pouvoirs d’action par des traités contraignants qui ont maintenu le véritable pouvoir au niveau de chaque état-« nation », état de plus en plus autoritaire au fur et à mesure qu’il devient de moins en moins « national » d’ailleurs, l’Union Européenne ne peut qu’être contestée. Et en outre, elle se refuse à accuser les véritables responsables de son impopularité, les gouvernements des Etats.

L’Union Européenne sert à faire le sale « boulot » pour les gouvernements, qui souhaitent la même politique libérale et atlantiste, mais n’ont pas le courage de l’assumer directement devant le peuple. Qui peut croire ainsi que le PS actuel est « socialiste » et « démocrate » ? Mais il ne l’est pas non parce que la « méchante Union Européenne » l’obligerait à renier son identité, mais parce que l’Union Européenne est à l’image des chefs de gouvernement et de partis. Quel est le pouvoir du président du PPE ou de l’ADSE sur les partis membres ? Strictement aucun. Gustavo Barroso, le président de la Commission, est redevable d’un pouvoir qu’il ne tient que des chefs d’état et de gouvernement, et pas du véritable pouvoir que confère le suffrage universel. Il est la courroie de transmission de Paris et de Berlin… mais aussi de Washington.

L’Union Européenne n’ayant pas de réel pouvoir et n’étant pas dirigée par de véritables européistes, elle est accusée de tous les maux sans avoir les moyens de se défendre efficacement contre une propagande europhobe aussi mensongère que la propagande « euro »-mondialiste à laquelle la dernière prétend s’opposer.

En attaquant l’Union Européenne, « nain politique » par la faute des Etats, on exonère ainsi facilement de toutes responsabilités le gouvernement en place. En accusant l’€ de la ruine économique du continent, alors que l’€ n’a pas empêché le relèvement irlandais, et n’est la cause ni de l’effondrement économique de l’Islande ni de la politique d’extrême rigueur budgétaire appliquée à Londres, on se sert de la monnaie unique comme d’un bouc émissaire afin de ne pas aborder les sujets qui fâchent.

Le nouveau Front National a ainsi troqué le thème de la lutte contre l’immigration, sous-entendue extra-européenne, pour la lutte contre l’Union Européenne. Ce faisant, il trahit ses électeurs qui votaient ou votent pour lui pour la seule raison qu’ils croient que ce parti va résoudre cette question. Le néo-chevènementisme symbolisé par le ralliement opportun de Florian Philippot, mais qui n’est pas nouveau, ne fait que matérialiser l’acceptation d’une définition universaliste et néo-colonialiste de la France. Le mouvement UKiP, qui n’a pas un mot contre l’immigration issue du Commonwealth, s’en prend quant à lui aux travailleurs européens, Polonais, Roumains et Bulgares, comme si c’était eux qui étaient le problème. Cette démagogie europhobe, qui trahit en réalité un ralliement total à l’idéologie mondialiste, celle d’une définition « multiculturelle » de l’identité « nationale » des Etats européens, est évidemment insupportable mais contre elle l’Union Européenne ne fait rien. Elle préfère à l’instar d’une Viviane Reding exciter les colères justifiées des Européens contre une immigration non désirée en exigeant davantage encore d’ouverture des frontières, quand le peuple souhaite le contraire.

Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, l’Union Européenne est, souvent à juste titre mais parfois fort injustement aussi, impopulaire. C’est donc logique qu’elle suscite en réaction une montée de mouvements hostiles à l’UE, même si pour des raisons malhonnêtes intellectuellement et en trahissant les intérêts de leurs propres électeurs. Le ralliement du FN à l’idéologie souverainiste sera sans doute sa perte mais pour le moment, dans le contexte actuel, ce n’est pas le cas.

L’Ukraine prise en tenailles entre l’Occident et la Russie

ukraine,russie,union européenne,alliance euro-russe,thomas ferrier,psuneLa situation de l’Ukraine s’est profondément dégradée pendant le mois de janvier, alors que la résistance aux décrets liberticides votés par les parlementaires en catimini n’avait jamais été aussi forte. Des morts regrettables, des violences militantes autant que policières, ont entaché de sang un mouvement politique complexe, aux formes multiples, regroupant des libéraux occidentalistes aussi bien que des nationalistes radicaux.

La réaction du président Yanoukovitch est celle d’un pouvoir aux abois, sans la légitimité populaire d’un Poutine lui permettant de conserver son calme, et qui a été contraint de reculer. Il a contraint son premier ministre à démissionner, proposant l’ouverture à ses adversaires, à l’exception d’Oleh Tiahnybok, le dirigeant de Svoboda. Les députés ont aboli les lois qui restreignaient le droit de manifester. C’est un recul total ou presque, Yanoukovitch se refusant toutefois pour le moment à modifier le calendrier électoral et ainsi à prendre le risque d’être politiquement balayé, même s’il reste fort dans les zones russophones.

Yanoukovitch risque bien de subir le même désaveu que l’orangiste Sakashvili en Géorgie et pour les mêmes raisons, à savoir la volonté de mettre en place un régime restreignant les libertés. Or le souvenir de l’Union Soviétique n’est pas si loin. Poutine sait d’ailleurs ménager sa popularité en Russie en libérant ses adversaires, comme l’ex-milliardaire Khodorkovski ou les Pussy Riot, et en respectant en tout cas dans les formes les principes de la démocratie moderne. Mais il est vrai qu’il a le peuple derrière lui. Ce n’est pas le cas des tyranneaux des anciennes républiques soviétiques, qu’ils soient pro-USA ou pro-Russie.

L’Ukraine se trouve, on l’a dit, dans un positionnement géo-stratégique difficile, coupé en deux par un tropisme européen à l’ouest et par un tropisme russe à l’est, ravivant cette opposition, fondamentalement factice néanmoins, entre « occidentalistes » (zapadniki) et « slavophiles ». Entre volonté de rejoindre l’Union Européenne et crainte de perdre les avantages acquis de la relation ukraino-russe, le gouvernement en place n’a pas pu faire un choix clair entre deux options qui lui sont apparues comme incompatibles. La Russie a une part de responsabilité dans le sens où elle fait monter la pression vis-à-vis de l’Union Européenne, mais cette dernière a une responsabilité bien plus importante en se faisant le relai des intérêts américains dans la région. Poutine a très bien compris la politique de l’endiguement (« anaconda ») que les USA veulent mener contre la nouvelle Russie, comme ils l’ont fait dans le passé contre l’Union Soviétique.

Formé par le KGB, Vladimir Poutine sait très bien démasquer derrière des stratégies opaques les véritables chefs d’orchestre, ce qui ne veut pas dire qu’il faut tomber dans un autre piège qui est celui du « complotisme » et voir des plans ourdis par de mystérieux commanditaires derrière ce qui se passe aujourd’hui.

Tourner le dos à l’Union Européenne serait pour l’Ukraine une grosse erreur, mais cela en serait également de tourner le dos à la Russie. Ce serait comme tenter de s’unir en commençant par se couper en deux. Ces deux composantes, « europhiles » et « russophiles », ne devraient pas être opposées mais servir pour une synthèse originale, faisant alors de sa géographie une force et non plus une faiblesse.

Un gouvernement ukrainien digne de ce nom devrait se présenter comme un pont entre l’Union Européenne et la Russie, un espace intermédiaire d’échanges, un lieu où surtout Russes et (autres) Européens pourraient se parler et enfin s’entendre. Ceux qui sèment la division, là où les vrais européistes parlent d’unité, ce sont les USA et ceux qui leur servent de courroies de transmission. L’alliance Bruxelles/Moscou (ou Strasbourg/Moscou d’ailleurs) contre Washington, voilà qui aurait une autre « gueule », et dans un tel cadre, la situation de l’Ukraine serait nécessairement pacifiée et le pays en bien meilleure posture.

Yanoukovitch devrait s’en aller, comme Ioutchenko avant lui, et pour la même raison, qui est l’aliénation du pouvoir ukrainien à des intérêts étrangers, qui plus est des intérêts qui instrumentalisent le pays pour mener des manœuvres géopolitiques « conflictuelles ».

Car cette opposition que j’évoquais entre « occidentalistes » et « slavophiles » en Russie, comme en Ukraine, avec la mise en avant du courant « eurasien » qui relève de la seconde idéologie, est une idiotie conceptuelle totale. Les Slaves, et les Russes au premier plan, sont des Européens, tout comme les Français ou les Allemands. En affirmant leur slavité et leur orthodoxie, ils ne tournent pas le dos à l’Europe, mais ils s’y rattachent en vérité. Ivan Groznyi et Pierre le Grand ont toujours été du même camp, celui d’une Russie européenne dans une Europe européenne, une Russie qui certes s’étend à l’est de l’Oural mais toujours au nom d’une Europe expansive. Car si on gratte le russe, on trouve un varègue ou un bogatyr slave mais jamais un tatar.

L’Ukraine devra avoir l’audace de s’inventer un régime nouveau, avec une personnalité courageuse mais restant modeste, capable de maîtriser les dissensions et de susciter un « rêve ukrainien », celui d’une réconciliation entre l’ouest et l’est, mais aussi entre l’Union Européenne et la Russie. Cela implique de bien distinguer la volonté de rejoindre l’UE et tout lien avec l’OTAN. En clair, le gouvernement ukrainien devra veiller à rassurer le frère russe tout en orientant le frère européen (de l’ouest et du centre) dans le sens des intérêts strictement européens, qui sont ceux d’une grande alliance, en attendant une fusion, entre l’Union Européenne et la Russie. Et de la même façon, le tropisme atlantiste de Cameron, comme auparavant celui de Thatcher, de Majors, de Blair et de Brown, qui se cache derrière cette volonté de rupture avec l’UE, n’est pas au service du peuple britannique, ce dernier ayant vocation à restaurer son européanité au sein d’une Europe unie, en rompant avec le Commonwealth. C’est là où des mouvements comme UKiP servent manifestement la stratégie américaine en Europe, au nom d’une souveraineté britannique pervertie.

 

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

15/12/2013

Paganisme et christianisme / Européanité vs universalisme

marteau_de_thor.jpgPeut-on être européen et demeurer (encore) chrétien ? Tant que le christianisme, né en orient et imposé à nos ancêtres par le fer et par le feu, avait été contraint de composer avec la résistance ou du moins la pregnance païenne, ce qui a abouti à cette religiosité hybride qu’on a appelé pagano-christianisme ou double foi (двоеверие en russe), il modérait ses accents universalistes et incarnait « la religion de l’homme européen ». Sa nocivité était maîtrisée, cette « moraline » ou mos seruorum dénoncée avec force par Nietzsche, étouffée par la haute opinion d’elle-même qu’avait la civilisation européenne.

Cette religion retournant depuis quelques décennies à ses racines archéo-anarchistes, son universalisme est revenu en force, à une époque où pourtant le christianisme recule en Europe mais où notre civilisation connaît une grave crise de conscience, entre un post-colonialisme mal assumé et l’impact mémoriel de la seconde guerre mondiale.

Désormais, l’Eglise, protestante comme catholique, et dans une moindre mesure et avec retard orthodoxe, trahit une Europe qui n’aura été christianisée qu’en surface et cherche à se développer par de nouveaux marchés, africain comme asiatique, sud-américain comme immigré. Imaginer aujourd’hui que le salut de l’Europe pourrait passer par le recours à une religion fondamentalement étrangère à l’esprit de notre civilisation, même si elle a pu un temps prendre nos couleurs comme un caméléon machiavélien, cette religion dont la génuflexion et l’auto-flagellation permanentes sont des principes de base, est non seulement naïf mais simplement illusoire et même totalement hétérotélique.

L’Europe meure de cet universalisme malade, qui n’était pas dangereux lorsqu’elle se sentait très supérieure, qui corrompt et/ou détruit son identité, l’ouvre à toutes les déchéances et à toutes les migrations. Une religion universelle, négatrice des identités, est inadaptée pour engager une contre-involution. Seule une religion identitaire européenne, pleinement native, née de notre génie propre, pourra assurer le renouveau spirituel qui servira d’assise à un renouveau civilisationnel. La « voie des dieux » (via ad deos) est la réappropriation par chaque européen de son passé païen, de sa religiosité indigène authentique, afin de trouver dans les valeurs ancestrales les réponses à nos interrogations, en même temps que le vecteur d’un redressement et la foi envers un avenir à nouveau lumineux pour l’Europe.

L’européanité menacée trouvera son salut en elle-même, dans l’affirmation identitaire de son génie. Par sa seule origine, le christianisme est inadapté car il place les Européens dans la situation de « vassaux en religion » d’une autre famille civilisationnelle. Or l’Europe païenne n’avait pas à rougir de son être et n’avait rien à apprendre, bien au contraire, d’un orient qui n’était plus porteur d’une dynamique civilisationnelle comme il avait pu l’être du temps de Sumer.

En clair, l’Europe n’attendait pas le christianisme, n’en avait nullement besoin et a largement perdu du fait de cette implantation contre-nature qui nous a été imposée par l’absence de lucidité et la volonté de se faire pardonner leurs crimes d’un Constantin, d’un Théodose et de divers rois « barbares ».

Thomas FERRIER (LBTF)

1. mos seruorum = "morale d'esclaves"

01/12/2013

L’Ukraine entre Union Européenne et Russie

Ukraina.jpgL’Ukraine connaît une situation géopolitique originale puisqu’elle unit deux peuples slaves en un seul. Bien qu’elle ait recherché l’indépendance à deux reprises au XXème siècle, mais sans succès, tentant de s’allier d’abord avec les « blancs » pendant la guerre civile puis avec les allemands pendant le seconde guerre mondiale, elle n’y a accédé que dans les derniers soubresauts de la fin de l’Union Soviétique.

Berceau du peuple russe, Kiev fut le lieu de jonction entre les Ruthènes et les Suédois, entre le monde slave et le monde germano-scandinave, et c’est là que le tsar Vladimir choisit de rénover le panthéon traditionnel puis de se convertir au christianisme. Kiev et Novgorod, les deux grandes capitales de l’ancienne Rus’, sont à nouveau séparés par l’histoire, mais la Russie contemporaine souhaite mettre fin d’une manière ou d’une autre à ce divorce.

L’Ukraine occidentale cultive ses différences, car elle a été historiquement liée à l’Europe centrale, à l’Autriche-Hongrie comme à la Pologne libre de 1918. L’orthodoxie y affronte le courant chrétien uniate. C’est là qu’est d’ailleurs le fief principal du parti nationaliste Svoboda. L’Ukraine orientale, comme la Crimée d’ailleurs, a en revanche subi une russification très forte. On y parle donc le russe et on rêve de rejoindre la Mère Russie. Le Parti des Régions du président Yanoukovitch y domine, en partage avec les néo-communistes. Kiev est entre les deux feux.

Parfois, c’est le courant « occidentaliste » et atlantiste qui domine, avec la coalition Ioutchenko/Timochenko. Mais depuis quelques années, le courant « orientaliste » a repris le dessus. L’Ukraine rêve de deux unions contradictoires, l’Union Européenne et son marché intérieur d’une part, l’Union Eurasienne en gestation de Poutine d’autre part. Elle voudrait avoir les avantages de l’une et de l’autre, mais la politique de Bruxelles et celle de Moscou sont loin de converger. Parce qu’elle n’a pas su prendre la main de Poutine lorsque celui-ci évoquait la « grande Europe » (2005) ni œuvrer pour la « maison commune » espérée par Gorbatchev, l’Union Européenne a raté une occasion historique de réconcilier l’ensemble du continent. Au contraire, elle joue la carte américaine en cherchant à isoler la Russie, à la « repousser en Asie », comme le souhaitaient à leur manière les doctrinaires nazis.

Ce n’est pas l’autoritarisme, médiatiquement exagéré, de Poutine, que l’Union Européenne devrait dénoncer mais sa propre mise sous tutelle américaine. Ce ne sont d’ailleurs pas les services russes qui ont écouté les téléphones de François Hollande ou d’Angela Merkel, mais ceux de Washington. Sarkozy et Berlusconi avaient su au contraire se concilier Poutine.

La Russie de Poutine est devenue méfiante envers l’Union Européenne, pourtant son peuple se sait européen et craint l’Asie autant que les USA, mais ses dirigeants préfèrent jouer la carte de l’Inde et même de la Chine, pour leur malheur. Car si l’Union Européenne a tort de rejeter la Russie, la Russie a également tort de ne pas vouloir dépasser les mauvaises querelles. Et l’Ukraine se retrouve une fois de plus entre les deux feux, faute d’avoir des dirigeants visionnaires.

Yanoukovitch, face à la contestation urbaine de l’opposition, a reculé en expliquant que le peuple ukrainien était un peuple européen et qu’il aspirait lui aussi à l’adhésion à l’Union Européenne, mais dans le respect et l’égalité. Il n’a pas voulu céder aux injonctions de l’UE concernant le cas Timochenko, ce qui a permis à Poutine de reprendre la main dans ce bras de fer bien inutile. La Russie veut elle aussi être respectée et en particulier à ses frontières. Elle ne veut pas que demain l’Ukraine rejoigne l’OTAN, comme les républiques baltes l’ont fait. C’est d’ailleurs pourquoi elle ménage l’autocrate de Minsk. Et elle a raison de le faire.

L’Union Européenne avait les moyens de proposer un accord honnête à l’Ukraine, que même la Russie de Poutine aurait été prête à admettre, pour peu que des garanties lui soient offertes. Mais elle n’est pas crédible, ni dans son mode de fonctionnement, ni dans ses objectifs. Il faut bien comprendre que le « partenariat oriental », n’y intégrant pas la Russie, est une insulte permanente pour les autorités du Kremlin. Les Russes veulent être ménagés et écoutés et, pour le moment, ils n’ont pas confiance.

Pour que l’Ukraine et le Belarus, mais aussi la Moldavie et la Géorgie, n’aient pas à souffrir de cette situation géopolitique intolérable, l’Union Européenne et la Russie doivent se réunir autour d’une table. Mais quel pourrait être l’interlocuteur crédible de Poutine du côté de l’UE ? Il n’y en a malheureusement aucun, et ce par la faute des gouvernements « nationaux », eux-mêmes inféodés aux intérêts américains. Voilà une raison de plus pour laquelle les vrais européistes doivent exiger une réorientation en profondeur de la construction européenne dans un sens eurocentré. Il est plus que temps, depuis la fin de la guerre froide, de mettre fin à l’OTAN, qui a perdu toute raison d’être si ce n’est nous maintenir sous une insupportable tutelle, et de construire l’armée européenne. Il convient aussi d’affirmer haut et fort la vocation européenne de la Russie, qu’importe la nature de son gouvernement.

Pour que l’Union Européenne et la Russie puissent travailler en bonne entente, il faut donc changer les têtes de l’UE, les institutions aussi, et l’émanciper tant de la gouvernance « mondiale » que du contrôle des Etats membres. Il faut que l’UE rompe avec le libertarisme maladif qui la gangrène, avec la folle ouverture de ses frontières aux flux migratoires issus des anciens empires coloniaux. Les manifestants ukrainiens qui brandissent le drapeau de l’Union Européenne, ce que je ne cesse de préconiser aux européistes identitaires, ont raison d’affirmer leur européanité mais ne doivent pas être dupes sur la nature actuelle de cette Union. Je ne pense pas que le « mariage pour tous », l’ « ouverture des frontières », la « théorie du gender » et le laxisme judiciaire, toutes idées fausses qui dominent l’Europe occidentale, soient enviables. Et d’ailleurs les électeurs croates viennent de donner un formidable coup d’arrêt symbolique à cette décadence morale favorisée par les ennemis de l’Europe.

Lorsqu’on constate le comportement absolument lamentable des « Femen », hébergées à nos frais par un gouvernement « socialiste » qui encourage leurs actions provocatrices, comme celles de salir la mémoire de Dominique Venner, d’agresser des familles avec poussettes, et désormais d’uriner sur les photographies du président ukrainien en exercice, ce n’est pas cette Ukraine là qu’on a envie d’aimer.

Pour toutes ces raisons, Yanoukovitch tergiverse et s’il veut se ménager Moscou, ne cherche pas non plus à rompre avec Bruxelles. Mais le soutien « occidental » aux manifestants de ces derniers jours n’aidera pas au rapprochement et n’est pas un facteur de paix pour la région. Tant que la Russie verra l’élargissement à l’Est comme une menace, elle fera tout son possible pour l’en empêcher, au prix de tourner le dos à l’Europe matricielle, dont elle n’est qu’une extension. Au contraire, en rappelant que la Russie est européenne, et ne cessera jamais de l’être, en ménageant ses susceptibilités, et surtout en réaffirmant de notre côté l’européanité de l’Europe, c'est-à-dire en rompant ouvertement et de manière unilatérale avec l’atlantisme et avec le mondialisme, nous pourrons œuvrer vers cette fusion UE/Russie à quoi tous les patriotes russes et tous les européistes authentiques aspirent. La Russie n’acceptera jamais toutefois de rejoindre une UE décadente. Il faut donc « muscler notre jeu » afin de crédibiliser à nouveau ce rêve d’une grande Europe, de l’Islande à l’Oural, et par extension jusqu’à Vladivostok.

La Russie doit rompre avec l’Asie alors que dans le même temps le reste de l’Europe rompra avec l’Amérique. Et demain, dans l’Europe unie, Russes et Ukrainiens se retrouveront en frères, aux côtés des Allemands et des Français, des Italiens et des Espagnols… et même des Britanniques. Levons bien haut le drapeau de l’unité et de la réconciliation, le drapeau d’une Europe régénérée, d’une Europe à nouveau conquérante, une Europe avec les Russes, et non contre eux. La situation de l’Ukraine nous rappelle en tout cas qu’à Bruxelles et à Strasbourg nous n’avons pas les hommes (et les femmes) qu’il faut.

Thomas FERRIER (PSUNE)