Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

02/02/2014

Y aura-t-il une vague eurosceptique en mai 2014 ? 2/2

Une vague eurosceptique ?

élections européennes,mai 2014,euroscepticisme,front national,thomas ferrierDeux types de mouvements nationalistes et/ou eurosceptiques semblent émerger, selon que l’on se trouve en Europe occidentale ou en Europe centrale.

En Europe centrale, deux mouvements se distinguent, à savoir l’Aube Dorée, mouvement néo-fasciste au discours surtout centré sur le problème de l’immigration non-européenne, et le Jobbik, parti national-radical de type « hungariste », favorable à la Turquie et à l’islam au nom d’une définition eurasienne fausse de la magyarité, dans un pays où l’immigration est très réduite. Ces partis, au cœur matriciel judéophobe, connaissent un certain succès, dépassant les 13% dans les sondages. L’Aube Dorée a certes été très fragilisée par l’arrestation et la mise en examen de ses principaux ténors, ce qui n’empêchera pas la progression électorale de ce mouvement, vue la situation de la Grèce.

Mais dans le reste de l’Europe centrale, les mouvements nationalistes, qui parfois se sont retrouvés au second tour d’élections présidentielles, sont en très net recul. Le « mouvement national » polonais, en pleine reconstruction, sera très loin des scores passés de la Ligue des Familles ou de Samoobrona. En Roumanie, le PRM (« Grande Roumanie ») est en pleine déliquescence, de même qu’Ataka en Bulgarie, le Parti National Slovaque (SNS) comme son homologue slovène ou le HSP croate. Quant à l’allié traditionnel du FN en Serbie, le Parti Radical Serbe (SRS), certes d’un pays qui n’est pas encore membre de l’Union Européenne, il sombre littéralement sondage après sondage.

En revanche, en Europe occidentale, les sondages indiquent une nette progression des mouvements eurosceptiques, toutes tendances confondues, et ce autour de deux coalitions en gestation. Autour du FN de Marine Le Pen et du PVV de Geert Wilders, désormais alliés, s’organise une coalition hétéroclite de mouvements, comme Plataforma y Espana (extension espagnole du mouvement catalan) ou la Ligue du Nord, deux mouvements qui n’auront probablement aucun élu en mai 2014, mais surtout des poids lourds de la mouvance « nationale », à savoir le FPÖ de Strache, premier parti du pays selon certains sondages (autour de 25%), le Vlaams Belang belge et les Sverigedemokraterna, crédités de plus de 10% de voix dans les sondages suédois.

Une deuxième coalition, souverainiste davantage que nationaliste, repose sur la tendance UKiP de Nigel Farage, en tête dans la dénonciation de l’Union Européenne, non sans un succès indéniable, puisqu’il parvient à peser sur les Tories de David Cameron, et pourrait obtenir 20% des voix au Royaume-Uni, faisant disparaître un British National Party qui avait pourtant obtenu près de 6% des voix en 2009. Sur cette ligne, modérée sur la question migratoire, se retrouvent le DFP danois, anciennement dirigé par Pja Kjarsgaard, qui lui aussi pourrait atteindre 20% des voix, mais aussi le Perussuomalaiset finlandais de Timo Soini (16/18%).

La première a peu de chances de créer son propre groupe parlementaire à Strasbourg car il faudrait 25 députés, ce qu’ils auront, mais issus de sept pays de l’UE, ce qu’ils n’auront pas. Malgré ses prétentions, Marine Le Pen ne devrait pas parvenir à créer le dit groupe. Dans ce cadre, Wilders pourrait être tenté de rejoindre la seconde coalition une fois les élections passées. Car le second groupe ne devrait avoir aucun mal à conserver celui dont il dispose déjà.

Mais tout ça part d’un principe un peu douteux, à savoir la confiance qu’on peut avoir envers les sondages. Il est assez ironique de constater que le nouveau FN s’appuie sur des sondages, alors même qu’il avait eu dans le passé comme habitude d’en dénoncer le caractère artificiel et partisan, tant que ceux-ci lui étaient défavorables. Cela amène Marine Le Pen à se vanter de représenter le futur premier parti du pays, si les sondages où le FN est à 23% sont confirmés dans les urnes. Elle oublie que la participation est déterminante dans le résultat des partis. Si son électorat, dont elle attise l’euroscepticisme en permanence, reste chez lui au lieu de manifester son soutien en mai 2014, non seulement elle ne fera pas ses 23% mais le FN pourrait n’obtenir qu’un médiocre 12 ou 13%. Il est en effet paradoxal de dénoncer l’Union Européenne mais de bénéficier de ses institutions, lorsqu’on n’arrive pas à se faire élire député national. Pourquoi un électorat anti-UE irait-il se déplacer dans des élections pour élire le parlement de cette même UE ?

Cette vague eurosceptique, indéniable, pourrait ainsi voir son impact considérablement limité par un électorat qui ne se mobiliserait pas pour une élection dont l’intérêt ne lui sauterait pas nécessairement aux yeux. Même si le gouvernement français est à juste titre extrêmement impopulaire, il n’est pas dit que cela se manifestera dans des élections atypiques où de toute façon PS et UMP font classiquement de mauvais scores. La méthode Coué marche parfois mais il faut faire attention aussi de ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.

En outre, même si cette poussée électorale avait lieu, dans la plupart des grands pays européens, avec par exemple l’arrivée de députés allemands de l’AfD, et un FN et un UKiP en tête, les groupes eurosceptiques, même s’ils surmontaient leurs divisions historiques, auraient un poids fort limité et seraient incapables de peser. En effet, en refusant de toute façon toute alliance avec les rares mouvements nationalistes d’Europe centrale en mesure de faire rentrer des députés, et même en les acceptant d’ailleurs, ce qui est impensable pour un Geert Wilders, ils seraient trop faibles. Les mouvements nationaux en Europe Centrale ont quasiment disparu, alors même qu’en Espagne, en Irlande ou au Portugal, ils continuent d’être inexistants. Pour qu’il y ait une vague eurosceptique, il faudrait qu’elle soit le fait de partis concertés, présents sur tout le continent, et dans une coalition explicite et revendiquée.

Ainsi peut-on penser que cette « vague eurosceptique » sera très modeste, loin d’un tsunami, même si le nombre de députés eurosceptiques n’aura jamais été aussi important. Cela ne changera rien à la situation du continent, qui continuera de mourir de sa division et non d’une fédéralisation imaginaire, mais cela amènera peut-être au niveau national à quelques modifications à la marge. En effet, un FN devenu premier parti du pays, obligerait peut-être le gouvernement à une légère réorientation mais gênerait davantage la droite parlementaire que la « gauche » mondialiste. Cela reste très hypothétique. Il sera au contraire facile de relativiser un résultat avec un taux de participation qui sera de toute façon faible, donc jugé non représentatif, et le vote de 15 à 25% d’électeurs ne servira une fois de plus à rien.

 

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

Commentaires

Outre les problèmes linguistiques qui empêchent de faire circuler les idées et de mieux se connaître les uns les autres, les européens souffrent de leur intoxication à l'obscurantisme chrétien ainsi que du rôle historique voire hystérique pris par leurs pires ennemis : les anglo-saxons. L'union européenne est à présent un panier de crabes qui s'en va forcément à la (...) car c'est la mission qui lui est assignée. Quelques pays comme la France ou la Grèce sont spécialement visés, étant repérés pour leur antinomie à la mentalité nord-américaine. Etre lucide aujourd'hui, ça n'est pas donné à tout le monde, c'est le moins qu'on puisse dire. La seule divinité restant en place en Europe est Anagkê, la déesse de la fatalité.

Écrit par : Denis | 04/02/2014

L'opposition tchèque a réitéré dernièrement dans son programme de sortir le pays de l'Union Européenne dans 4 ans, à ce que je sache ce n'est pas un petit parti populiste marginal.

Écrit par : B.K | 06/02/2014

D'après moi, la forte poussée des partis "d'extrême-droite" en Europe résulte plus d'un ras-le-bol vis-à-vis du socialo-gauchisme d'une part, du cosmopolitisme et de l'immigration d'autre part, que d'un simple sentiment anti-européen. Par ailleurs je vois très bien le FN afficher un score de 23% au Parlement Européen : ce serait alors un message fort adressé à nos dirigeants, après le catastrophique mariage pour tous, les futures réformes du système éducatif et la nouvelle loi sur la parité des sexes. Une sorte d'avertissement.

Le cas de l'UKIP est particulier : c'est effectivement un parti plus souverainiste que nationaliste, dont l'essentiel du discours est anti-européen (le programme des partis nationalistes en Europe est bien plus complexe, et il est envisageable que certains de leurs électeurs pour eux pour d'autres raisons qu'un simple sentiment anti-européen). Mais n'oublions pas que les îles Britanniques sont excentrées par rapport à l'Europe Continentale, et possèdent d'importants liens culturels avec les USA, plus qu'avec la plupart des pays européens. Le fait que des souverainistes remportent un franc succès en GB ne me dérange absolument pas.

Écrit par : Tom54 | 11/02/2014

C'est surtout en des endroits comme l'Ecosse ou le Pays de Galles, sans oublier l'Irlande dont le coin Nord-Est continue d'être colonisé, que les européens seront ravis de voir se développer des mouvements souverainistes. Puisse-t-on entre-temps voir s'éloigner le porte-avions anglais. Ses politiques et ses inepties, entre autres le libéralisme (utopie ridicule), ne permettent d'attribuer à sa présence dans "l'union européenne" aucun autre sens que de la rendre, dans le meilleur des cas, parfaitement inopérante, et en réalité, de la soumettre à l'axe anglo islamique "bienpensant".

Écrit par : Denis | 12/02/2014

Sauf que UKiP constitue une tromperie sur la marchandise, et ne rend pas service au peuple britannique, un peuple européen donc dont je me soucie. Et par ailleurs les USA sont détestés au Royaume-Uni, mais pas par le gouvernement, qui est au contraire à ses ordres.

Et UKiP, qui ne dit pas un mot contre l'immigration venue du Commonwealth, traite parfois en termes orduriers les autres européens.

Écrit par : Thomas FERRIER | 12/02/2014

Le peuple britannique ? Il faudrait séparer anglais, gallois, écossais et irlandais. Ne mettons pas les peuples celtes dans le même sac que leurs anciens envahisseurs anglo-saxons.
La façon dont vous dites que l'UkiP parle au sujet des autres européens dénote probablement un sentiment similaire à celui de beaucoup de nord-américains, qui trouvent les européens "arrogants" (?!) du simple fait d'être moins disposés que les gens du tiers monde à venir leur cirer les chaussures et à se dire épaté face à chacun des éléments de leur mode de vie. Ce parti est probablement inquiet, non pas, de voir sa population remplacée par des gens du tiers monde (cela ne les soucie probablement pas) mais bien, de voir que le chapelet d'âneries qui constitue l'univers mental anglo-saxon pourrait être gravement mis en péril en présence d'européens, notamment ceux de l'Est dont la démarche n'a décidément rien de britannique.

Écrit par : Denis | 12/02/2014

Le nom même de "Britons" est comparable à celui de "Gaulois" et rappelle l'origine celte des Anglais (sous le vernis anglo-saxon qui s'est imposé à partir du VIème siècle). Il est vrai que cette origine celte est plus forte en Ecosse, au Pays de Galles, en Irlande et... en Cornouailles où, depuis quelques décennies, un renouveau de la langue cornique est constaté.

Je défends tous les Européens, et en conséquence je défends bien sûr les Anglais et tous les autres peuples indigènes composant le Royaume-Uni, contre leur gouvernement qui les trahit, comme le nôtre nous trahit. De grands anglais ont mis en garde leur peuple contre ce qu'il subit aujourd'hui et n'ont pas été écoutés.

Écrit par : Thomas FERRIER | 12/02/2014

Les commentaires sont fermés.