02/03/2014
Pour la paix en Ukraine et la réconciliation avec la Russie
Cela fait plusieurs semaines maintenant que la crise ukrainienne occupe nos écrans radar, avec son lot de suspens et de retournements. Désormais, la Russie s’apprête à lancer une intervention armée, non pour rétablir le sinistre Yanoukovitch, démonétisé de Paris à Moscou, mais pour protéger ses intérêts en Crimée et éventuellement dans les autres régions dans lesquelles les russophones sont nettement majoritaires. Une telle action unilatérale, acceptée lorsque la France souhaite intervenir en Centrafrique ou au Mali, devient inacceptable dès lors que c’est la Russie qui est à la manœuvre. Le gouvernement ukrainien provisoire, qui parle d’un casus belli et annonce mobiliser, n’est probablement pas menacé.
Cette crise présente plusieurs dimensions qu’il faut bien avoir à l’esprit lorsqu’on prétend l’analyser. Il faut se garder d’un jugement partisan de principe, pro-ukrainien ou pro-russe, car qui ne voit que la position d’un des camps ne voit rien.
Du point de vue ukrainien
D’un côté, des manifestants mobilisés, réunissant des citoyens de l’extrême-gauche à l’extrême-droite, en passant par tout le spectre politique, veulent chasser un président certes élu mais qui a tout d’un autocrate, corrompu à l’extrême, et au bilan économique des plus médiocres. Sa volonté de s’aligner sur la Russie, en rompant tout rapprochement avec l’Union Européenne, a mis le feu aux poudres. Certains militants sont prêts à des actions violentes auxquelles répond une contre-offensive gouvernementale encore plus violente. Le sang coule et c’est par dizaines, peut-être par centaines, que des Ukrainiens meurent. Il s’agit surtout de militants de Svoboda ou du « Pravyi Sektor », des nationalistes radicaux prêts à en découdre avec le pouvoir.
Même si l’Ukraine et la Russie prennent leurs racines communes dans la Rus’ de Kiev, au Xème et XIème siècles, elles ont connu de longues périodes où elles étaient séparées. Si l’ukrainien et le russe ne diffèrent guère, ce sont tout de même deux langues distinctes. Et sous les tsars et plus encore sous le régime soviétique, une russification linguistique et culturelle a été très vigoureuse. L’identité ukrainienne est celle d’un peuple meurtri, et s’apparente à la situation des Irlandais face à l’empire britannique.
Pour toutes ces raisons et pour bien d’autres, l’Ukraine est coupée en deux, entre les russophones qui se sentent indéfectiblement liés à la Russie voisine, et des ukrainophones qui tentent de se rapprocher de l’Europe occidentale et prétendent rejoindre l’Union Européenne, même si les nationalistes de Svoboda sont en vérité des souverainistes, pour marquer une rupture plus nette avec la Russie.
Mais ce nationalisme reste animé d’un esprit revanchard et la preuve en est la décision du parlement de supprimer le statut de langue officielle du russe au profit du seul ukrainien. C’est un acte d’une maladresse extrême, alors qu’il fallait au contraire rassurer les russophones dès la chute de Yanoukovitch. L’effondrement du Parti des Régions ne devait pas faire place à des vexations outrancières contre les russophones.
Du point de vue russe
Pour Vladimir Poutine, aucun doute n’est permis, les russophones d’Ukraine et les russes de Crimée sont potentiellement menacés d’une répression à leur encontre. La chute de Yanoukovitch a amené à des manifestations de soutien de nombreux Ukrainiens des régions orientales du pays en faveur d’une action russe, voire d’une sécession.
Poutine n’entend pas perdre la Crimée, qui bénéficie d’un statut particulier et qui a conservé des liens politiques et même militaires avec la Russie, abritant sur son sol de nombreux soldats russes et des navires de combat. Il a tout à gagner à une intervention armée, qui permettra de stabiliser sa frontière occidentale, d’unir par un élan patriotique le peuple russe derrière lui, faisant taire les contestations internes, et de rappeler aux occidentaux que dans son espace il entend être respecté.
L’Union Européenne a été très mal avisée de négliger la susceptibilité russe en la matière. En apportant un soutien sans discernement aux manifestants de Maïdan, dont certains expriment une russophobie explicite, au-delà de la question du départ d’un dirigeant médiocre, en laissant faire une forme de coup d’état à Kiev, sans respecter les accords mis en œuvre dans lesquels les Russes avaient été partie prenante, les occidentaux ont gravement attenté aux intérêts vitaux de la Russie. Poutine devait donc réagir et il ne pouvait le faire par des demi-mesures. Même s’il n’a pas encore donné son feu vert officiel à une intervention que son parlement soutient, maîtrisant les risques à provoquer d’une manière trop brutale les USA, il ne fait aucun doute qu’il entend se faire respecter. S’il annonce vouloir conserver l’unité de l’Ukraine, refusant ainsi de céder à toute tentative d’annexion, on sent bien se profiler une Transnistrie II, un partage non officiel de l’Ukraine en deux parties, la seconde pouvant être limitée à la Crimée ou élargie à Donetsk et même Kharkiv.
Rappelons dans le cas de la Crimée que son rattachement à la république soviétique d’Ukraine en 1954 était purement arbitraire car ne tenant pas compte du caractère massivement russe de la population de cette presque-île. Lorsque l’URSS s’est effondrée, la nouvelle Ukraine a conservé les frontières dont elle disposait sous le régime précédent. C’était une erreur qui aujourd’hui est en train d’être réparée au forceps.
Des accusations d’extrémisme qui sonnent faux
Toute crise comme celle que vit l’Ukraine apporte son lot de discours extrémistes. Mais il serait trop facile d’opposer de bons russes à des néo-nazis, ou de bons patriotes ukrainiens à des communistes. Aux provocations extrémistes du « Pravyi Sektor » où s’affiche le portrait de Stepan Bandera, répondent les nostalgies néo-communistes, certains vieux membres de l’Armée Rouge allant jusqu’à monter la garde devant une statue de Lénine, pourtant responsable de la mort de nombreux ukrainiens… et russes. Ni le drapeau à croix gammée ni le drapeau soviétique ne devraient être brandis, ça n’a aucun sens.
En fait, les extrémistes sont l’alibi que chaque camp envoie à l’autre pour justifier l’un de son éloignement de la Russie, l’autre de son action militaire. L’antifascisme promu par certains russophones sonne faux. L’anticommunisme de certains ukrainiens sonne tout autant faux. C’est la preuve d’une immaturité politique profonde de certaines franges de la population, dans un pays pauvre, miné par la crise économique, et tiraillé entre deux tendances lourdes agissant comme deux centrifugeuses.
Une Europe absente, des USA trop présents
Dans cette équation, il ne faudrait pas non plus négliger le rôle détestable des Etats-Unis, qui récupèrent à leur profit cette crise ukrainienne pour continuer leur stratégie d’endiguement de la Russie, finissant par celle de l’anaconda, de l’étranglement pur et dur. A Washington, on s’interroge déjà sur des sanctions à prendre contre Moscou. Mais la Russie n’agit pas d’une manière différente de celle des USA qui interviennent lorsque leurs intérêts sont menacés sans se préoccuper de l’opinion internationale. On peut regretter que Moscou ait choisi cette voie et on aurait pu espérer une démarche plus rassurante. Mais la Russie s’adapte à ses interlocuteurs d’en face.
Or l’Union Européenne, une fois de plus, est incapable de répondre d’une seule voix, et se montre impuissante. C’est bien sûr le cas des pantins de Bruxelles, qui n’ont que le pouvoir que les gouvernements leur accordent, c'est-à-dire aucun, mais c’est surtout celui des dirigeants même des Etats. Hollande a eu un rôle totalement marginal, Cameron et Merkel ont été dépassés. Ils ont laissé leur « allié » américain mener la dance. On se souviendra du mot d’une responsable américaine disant en privé que l’Union Européenne pouvait « aller se faire foutre ».
Tant que l’Union Européenne ne sera pas capable de se doter à sa tête d’autres personnes qu’un Barroso aujourd’hui ou un Schulz demain, elle ne sera pas prise au sérieux et n’aura son mot à dire en rien. Elle assistera démunie, si ce n’est complice, aux actions des USA sur son sol ou à ses frontières.
Seul un européisme pur et dur pourra ramener la paix
Il n’y a qu’une seule position tenable dans ce conflit, une voix de la raison à faire entendre, c’est celle de la paix et de la réconciliation en Ukraine et entre Ukrainiens et Russes. Ce n’est de l’intérêt de personne que ce pays implose, créant des séquelles pouvant mettre des décennies à être digérées. Nous devons reconnaître à la fois la pleine légitimité du peuple ukrainien dans sa volonté de chasser du pouvoir un président corrompu et celle des russophones qui expriment une inquiétude non feinte quant à leur avenir dans l’Ukraine actuelle. Il aurait été nécessaire qu’ils soient rassurés et ménagés, associés de plein pied dans la reconstruction politique du pays.Vouloir régler le problème ukrainien sans associer la Russie à cette démarche était non seulement illusoire mais relevait d’une faute d’analyse grave. C’est autour d’une table que les responsables du mouvement « Euromaïdan », des représentants sérieux de l’Union Européenne et des représentants de la Russie que l’avenir du pays devait se décider. Les inquiétudes russes devaient être écoutées et prises en compte. Le statut de la Crimée devait être garanti, tout comme celui de la langue russe.
L’absence d’Europe politique, l’inféodation des dirigeants des Etats européens de l’ouest ou des « dirigeants » de l’Union Européenne aux USA, tout cela est détestable. C’est malheureux de voir l’Europe, une fois de plus, manipulée et instrumentalisée afin de la maintenir divisée.
Si, comme je le pense, l’avenir de l’Europe se joue dans une convergence Union Européenne/Russie, jusqu’à la fusion qui transformerait notre continent en première puissance mondiale, alors cette division au cœur de l’Ukraine n’est pas acceptable. Et tout doit être fait pour y remédier dans les meilleurs délais et avec le moins de victimes possible. Il n’y a qu’une seule façon de décourager Poutine de mener une intervention armée, c’est de lui proposer une alternative acceptable pour lui comme pour les russophones. Mais surtout, il faut que ce soit les Européens ensemble, Russes et membres de l’UE, qui dialoguent, les USA devant être écartés de toute discussion et réduits à un rôle de spectateur extérieur.
Contrairement à ce que prétendent les souverainistes, la crise ukrainienne montre qu’une Europe divisée sera toujours une proie et l’instrument de sa propre destruction. Une démarche vraiment européiste, c’est de défendre tous les Européens, et donc de défendre et les positions ukrainiennes et les positions russes en même temps. On peut dire que cela demande un certain talent d’équilibriste, mais c’est la seule attitude responsable. C’est ainsi que nous pourrons garantir une paix sincère et durable, et ensuite une réconciliation dans l’honneur.
Si la Russie intervient en se limitant à des objectifs légitimes, la protection de la Crimée et des régions russophones, il faudra considérer cette action comme un mal, mais comme un mal nécessaire. Il faudra trouver les mots pour que cette situation temporaire trouve une résolution acceptable par tous.
Poutine a tendu la main depuis 2005 à l’Union Européenne, évoquant l’Europe « de l’Islande à l’Oural et par extension jusqu’au Pacifique ». Mais cette main, personne n’a pu et n’a su la saisir. Au contraire, la Russie a le sentiment, à tort ou à raison, que le reste de l’Europe est dans une situation de décadence bien plus avancée, qu’il est sous tutelle, et qu’il s’efforce de refouler la Russie en Asie. C’est notre faiblesse qui inquiète les Russes, non « nos » menaces pathétiques dictées par « nos » maîtres.
Face à une Europe politique unie, puissante, responsable, libre et souveraine, la Russie pourra dialoguer d’égal à égal, en toute franchise, et nous trouverons ensemble des solutions qui satisferont tous les citoyens de notre continent. Et l’Ukraine redeviendra un pont de l’amitié entre nous. Alors la Russie et le reste de l’Europe s’uniront pour forger le XXIème siècle européen, pour la paix et la prospérité, de Reykjavik à Moscou.
Je ne peux que souhaiter que les Ukrainiens et les Russes trouvent assez de ressources en eux pour sortir grandis de cette crise. Ils méritent mieux. Et je ne peux qu’inviter les dirigeants des autres pays européens à agir avec davantage de prudence à l’avenir, à respecter nos frères de l’est et à se libérer de chaînes « outre-atlantiques » de plus en plus insupportables. Malheureusement, je sais que ceux qui actuellement président à nos destinées n’en feront rien. C’est pourquoi il faudra les chasser du pouvoir, tout comme les Ukrainiens ont su chasser Yanoukovitch. Vive la Russie, vive l’Ukraine et vive l’Europe libre, bientôt libre !
Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)
Nota Bene: la troisième image est celle du drapeau de la Rus de Kiev, où on retrouve le rouge et or de la Macédoine antique et de la Rome républicaine.
23:20 Publié dans Analyses, Billets, Elections en Europe, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (62) | Tags : russie, ukraine, réconciliation, crimée, atlantisme, europe, thomas ferrier |
Commentaires
Oui en effet, les Russes ont de quoi se faire du souci à nous voir si faibles face aux ennemis qui se prétendent nos alliés (les anglais et les américains).
Oui en effet, il est lamentable que les américains viennent une fois de plus se pointer, comme dans les républiques bananières.
Oui en effet, une Europe européenne serait tout naturellement portée à s'entendre avec la Russie.
Nuance : alliance, plutôt qu'union.
La Russie est porteuse de sa propre vision du "politiquement correct" qui ne manque pas de lourdeur et qui est, quoiqu'on en dise, directement issue de l'univers mental soviétique. On dirait que les nationalistes ukrainiens y sont particulièrement sensibles ce qui se comprend car ils sont particulièrement ciblés.
Bref ... tant mieux si ce pays se divise en deux. La partie Ouest serait rattachée à l'Europe de l'Est, l'autre partie serait russe, avec bien entendu de possibles conflits concernant les régions intermédiaires mais on ne fait pas d'omelette sans casser d'oeuf et l'essentiel est d'éteindre cette source de querelles.
Écrit par : Denis | 03/03/2014
Je ne crois pas que la Russie ait un destin différent du nôtre. C'est dans l'union au sens fort que nous vaincrons. La Russie doit digérer son époque soviétique mais nous l'y aiderons :)
Écrit par : Thomas FERRIER | 03/03/2014
Une pensée paradoxale est parfois nécessaire. L'union pour l'union y compris avec des gens tels que les scandinaves, les allemands et les polonais, ne produit que la zizanie. C'est spécialement évident si on inclut également les anglais dans l'affaire. Ce peuple est radicalement ennemi de l'Europe. Bienvenue par contre aux gallois, aux irlandais et aux écossais, ces peuples celtes qui ont été les premiers à souffrir de l'intrusion anglo-saxonne.
Écrit par : Denis | 03/03/2014
Une armée a un chef à sa tête, et non deux, cinq ou quarante chefs de guerre. L'Europe unie de l'Islande à la Russie doit avoir un seul pilote, à savoir un seul gouvernement (démocratique).
Le problème, ce sont "nos" Etats et "nos" gouvernements, pas l'écrasante majorité des Européens.
Écrit par : Thomas FERRIER | 03/03/2014
Pour en revenir à l'Ukraine, voici un récent message de Taras Osaulenko du parti Svoboda. A l'en croire l'épuration est déjà en cours : "J'invite vous tous en Ukraine pour discuter, après avoir visite les endroits de mort des nationalistes Ukrainiens dans les rue de Kyiv, qui ont ete tues par les forces schovitistes prorusses." Au passage on note cet étrange élément de culture politiquement correcte russe : traiter les nationalistes (prorusses en l'occurrence) de chauvinistes.
Écrit par : Denis | 03/03/2014
Les nationalistes ukrainiens, comme tous les nationalistes, divisent l'Europe au lieu de l'unir. Ils rendent ainsi un bien mauvais service à leur peuple.
Écrit par : Thomas FERRIER | 03/03/2014
Écrit par : Denis | 03/03/2014
Les gens ne demandent pas une "Europe des patries" mais un avenir, collectif ou non.
L'UE actuelle est une "Europe des Etats" et c'est cela qui ne marche pas car aucun pays n'a été privé de sa souveraineté contrairement à ce qu'affirment les souverainistes. En fait, on ne peut pas dire qu'embarquer "les nations" ne marche pas puisqu'on n'a pas vraiment essayé de le faire.
L'euro-timidité est au moins aussi problématique que l'euro-scepticisme. Il faut oser car c'est en osant que nous vaincrons. :)
Écrit par : Thomas FERRIER | 04/03/2014
De plus on ne peut pas faire l'économie d'une réflexion concernant la tendance plus qu'appuyée des allemands à se faire les fidèles valets de leurs maîtres et cousins anglo-saxons ... notamment à des moments clé comme lors de la destruction de la Yougoslavie (guerre du Kosovo) ou le montage de partis ukrainiens ayant pour mission de semer le chaos.
Les autrichiens et les allemands ont été des fauteurs de trouble de première classe. La situation de l'Europe leur est dûe. S'ils font tout pour que ça perdure il faudra les virer. Beaucoup d'entre eux le souhaitent : entendons nous avec eux.
Écrit par : Denis | 04/03/2014
Écrit par : Anton Cusa | 04/03/2014
Écrit par : Anton Cusa | 04/03/2014
Je continue d'avoir à long terme une approche "jacobine", de fusion de l'ensemble européen (y compris la Russie) en une seule nation, mais face à l'urgence de la situation je demande de considérer que jusqu'à présent la charrue a été mise avant les boeufs et qu'il faut commencer par laisser chaque nation se renforcer, avec ses propres frontières et ses propres lois. Les nids de valets de l'Amérique tels que l'UE ou l'OCDE (sans parler de l'Otan, siégeant à Bxl comme l'UE) sont à dissoudre. C'est impérieux.
Écrit par : Denis | 04/03/2014
En cassant le peu d'Europe que l'on a, on se retrouvera sans rien et avec des incapables "nationalistes", on ne sera pas en meilleure posture qu'avec des incapables "mondialistes".
Les partisans du retour au "cadre national" ne sont pas différents des partisans d'une construction "européenne" mal faite et sous tutelle US.
Je n'ai rien à ajouter à ma conclusion, c'est un problème d'hommes avant même d'institutions. Nous avons besoin de visionnaires, non de boutiquiers. Nous avons besoin d'un avenir et pas de "réalisme". Le "réalisme" c'est Sarkozy expliquant qu'on ne peut rien faire contre l'immigration, c'est Christophe Colomb qui reste à quai.
Il n'y a pas de solution nationale, il n'y a pas d'avenir mondialiste. Il n'y a qu'une seule voie possible, l'européisme identitaire, la transformation de la chenille Europe divisée en un papillon Europe unitaire. Ce n'est pas simple, mais c'est nécessaire.
Par ailleurs, les souverainistes ne sont pas moins inféodés aux USA que ceux qu'ils prétendent pourfendre. Il suffit de penser hier à Declan Ganley ou aux Kaczynski, et aujourd'hui à Farage ou à Wilders.
Cordialement.
Écrit par : Thomas FERRIER | 04/03/2014
Écrit par : Anton Cusa | 04/03/2014
"Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait."
(Mark Twain)
Écrit par : Thomas FERRIER | 04/03/2014
"En cassant le peu d'Europe que l'on a, on se retrouvera sans rien et avec des incapables nationalistes, on ne sera pas en meilleure posture qu'avec des incapables mondialistes."
Ces boutades et ces formules à l'emporte-pièce que vous lancez ressemblent trop à des coups de menton. Aujourd'hui le temps du chaos et de la panique est venu. Le temps de créer des frontières, ne serait-ce que pour lutter contre l'immigration. Le temps de faire le ménage. De drainer le terrain. Il va falloir l'assumer et trouver un équilibre entre cela et les finalités européennes. Là commence le vrai travail d'édification de l'Europe, lorsqu'il faut convaincre plutôt que contraindre.
Vous ne mettez probablement pas en cause le modèle économique en vigueur ce qui vous empêche d'imaginer une autre Europe que celle actuelle, ouverte à tous les vents.
Écrit par : Denis | 04/03/2014
Vous dites qu'il faut "lutter contre l'immigration", alors que ce dernier terme n'a aucun sens puisqu'il ne tient pas compte des naturalisations et ne fait aucune distinction entre les Européens et ceux qui ne le sont pas. Le problème c'est l'absence de frontières autour de l'Europe, et pas à l'intérieur. Le problème c'est dans la définition de la nationalité, de l'état civil, du mariage. Les mots ont perdu leur véritable sens et lorsqu'on croit s'appuyer sur eux, on est sur une terre meuble.
Vous prenez le problème à l'envers, cher Denis. C'est l'absence d'Europe politique qui nous démunit face à ces maux que vous dénoncez à raison. C'est en bâtissant l'Europe unie, l'Etat européen, qu'on pourra les résoudre et pas autrement.
Je ne défends pas l'Europe actuelle, mais l'Europe-Nation bâtie sur des paradigmes différents de ceux en vigueur, mais ça ne veut pas dire qu'on ne pourra pas passer de l'une à l'autre. Je suis pour une Europe européenne, avec des frontières très solides autour d'elle. Je suis pour une Europe qui rompe non seulement avec le mondialisme mais avec la mondialisation économique au profit d'une relative autarcie des grands espaces.
Concevez mon cher Denis que c'est par le rejet simultané des nationalistes obtus (style "Marine" Le Pen) et des mondialistes invétérés (style Barroso) que nous nous en sortirons, et non en choisissant les premiers de peur des seconds. Ce sont les deux faces d'un même nihilisme.
Craindre l'Europe unie, se rassurer faussement par un retour à une "identité" nationale fantasmée et qui plus est corrompue, à des frontières auxquelles on prêterait des pouvoirs magiques, mais qui ne relanceront pas la natalité européenne ni n'inverseront les flux déjà entrés, ce serait une grave erreur.
Le génie européen est capable d'inventer un modèle d'Europe unie qui réussisse, pour peu que ses promoteurs soient animés d'une foi inébranlable dans leur civilisation. Ne faisons pas l'erreur des Grecs qui après leur victoire sur les Perses n'ont pas su s'unir et, après les guerres du Pélopponèse, où ils se sont entredéchirés, comme les Européens en 14/18 et en 39/45, ont perdu leur liberté. Mais eux ont pu dans une certaine mesure préserver leur identité alors que les Européens modernes n'auraient probablement même pas cette chance.
Il faut une Europe unie mais entourée d'un solide limes.
Bien cordialement.
Écrit par : Thomas FERRIER | 04/03/2014
Bien à vous,
Thomas
Écrit par : Thomas FERRIER | 04/03/2014
Le projet unitaire européen doit aller de pair avec une idéologie "localiste". Laurent Ozon et son mouvement Maison Commune en jètent les bases, sur base d'idées à la fois écologistes et identitaires. C'est une orientation intéressante. Elle intègre naturellement une réflexion sur l'économie, ou plus précisément, sur une sortie du "libéralisme", en mettant une fin au mythe des sociétés ouvertes, celle du "tout est permis et rien n'est possible".
Mais dites-moi ... par rapport à de tels enjeux, où en êtes-vous ?
Unifiée, l'Europe n'en sera pas moins découpée en districts, à la façon des préfectures françaises. Ce sera d'ailleurs un moyen de dissoudre les identités régionales.
Écrit par : Denis | 05/03/2014
http://www.polemia.com/le-grand-deracinement/
"Médiocre" ? Chrétien ça oui, certes. Mais une large majorité de ses commentaires et intentions sont remplis d'une intelligence typiquement européenne. C'est intéressant. Il mentionne la large série de mensonges auxquels ont été exposés les européens, leur double perte de souveraineté et d'identité, il aborde les thèmes militaire, démographique, etc. L'Europe a largement été menée à sa perte sous le prétexte d'être plus "unie". Ne soyons pas assez naïfs pour penser qu'on convaincra les européens de suivre à nouveau cette piste. L'idée européenne doit suivre d'autres chemins.
Écrit par : Denis | 05/03/2014
Article paru dans Novopress : "comprendre Maïdan".
Novopress est parfois à prendre avec des pincettes ...
Ils décrivent les nationalistes de Svoboda et de Pravyi Sektor comme des gens qui veulent purement et simplement l'indépendance, ce qui semble faux. Ce sont des valets de l'Amérique, taille XXL.
Analyse faussement modérée. Verdict : catégorie faux cul.
Avec cependant quelques points intéressants, comme par exemple d'indiquer que les tatars de Crimée sont, bien évidemment, soutenus par la CIA. Qui s'en surprendra ?
Écrit par : Denis | 10/03/2014
Concernant l'Ukraine : une belle occasion pour les européens de venir à la rescousse des russes et des pro-russes se présente. Il nous faut nous en réjouir. Le temps de faire boire la tasse aux polonoïdes "nationalistes" va venir.
Écrit par : Denis | 10/03/2014
Écrit par : Denis | 11/03/2014
Écrit par : Denis | 12/03/2014
Il n'y avait point de saucissonnage là...Vous sembliez admettre alors l'historicité de l'Europe, le fait qu'elle ne peut que se trouver à une étape précise de son chemin culturel, identitaire et historique, le fait qu'elle ne peut agir qu'à partir de certains acquis qui lui viennent d'un certain passé, etc.
Écrit par : Anton Cusa | 12/03/2014
J'ai nettoyé le fil de tous les hors sujets, tous auteurs confondus.
Je serai désormais beaucoup plus vigilant sur le hors-sujet, en veillant aussi à ne pas l'alimenter de mon côté.
En outre, je maintiens, que ceux qui n'arrivent pas à s'entendre s'ignorent. S'il y a des propos qui me dérangent, je suis à même d'y répondre.
Écrit par : Thomas FERRIER | 12/03/2014
Je sais que beaucoup de blogs n'ouvrent plus les commentaires. Je trouve cela dommage.
Écrit par : Thomas FERRIER | 12/03/2014
Que la Crimée soit russe, ukrainienne ou indépendante, on s'en moque. Elle est et elle restera européenne dans tous les cas. Ne tombons pas dans les égoïsmes nationaux. L'Europe est une et c'est unie qu'elle vaincra !
Écrit par : Thomas FERRIER | 12/03/2014
Soit dit en passant : amusant de penser que le concept "uniate" pouvait être au départ une idée de trait d'union entre Occident et Orient. Une fois de plus, soulignons-le : théorie et réalité ça fait deux, voire trois, dans l'esprit judéochrétien. La sainte trinité ... duplicité, sournoiserie, hypocrisie.
Écrit par : Denis | 13/03/2014
Écrit par : Anton Cusa | 13/03/2014
http://www.truth-out.org/buzzflash/commentary/the-business-of-america-is-giving-countries-like-ukraine-the-business
Il y est grandement question de l'entreprise pétrolière Chevron et de Condoleeza Rice, une personne en qui les "nationalistes" uniates ukrainiens se reconnaissent forcément (tout comme leurs chers amis spirituels les islamistes tchétchènes).
J'aime la conclusion de cet article qui, non sans quelque perfidie, signale que dans d'autres pays par contre, déjà sous la botte de l'Amérique, le niveau de corruption ou d'inefficacité du gouvernement ne suscite pas le moindre commentaire de la part des "Condi Rice" et autres hypocrites anglo-américains.
"The banal truth is that America’s long-standing policy is to help people anywhere and everywhere when those people just so happen to be living on or near valuable resources. Unless, of course, it’s Bahrain, Nigeria, Kazakhstan or anywhere else repressive and corrupt governments are already interdependent upon U.S. corporate interests."
Écrit par : Denis | 13/03/2014
Écrit par : Denis | 14/03/2014
http://french.ruvr.ru/2014_03_13/Mercie-a-McCain-davoir-decouvert-la-meche-7027/
Soit dit en passant ... la Voix de la Russie, si ça n'existait pas, il faudrait l'inventer. Fameux aussi, Russia Today (interdite en Amérique du Nord : c'es bon signe) que j'écoute en espagnol ... hélas elle n'existe pas en français.
http://actualidad.rt.com/
On y parle abondamment de l'Ukraine.
Écrit par : Denis | 14/03/2014
Écrit par : Anton Cusa | 14/03/2014
Écrit par : Anton Cusa | 14/03/2014
+ "maintes et maintes fois"
+ "continent"
Écrit par : Denis | 14/03/2014
Écrit par : Denis | 14/03/2014
Écrit par : Denis | 14/03/2014
L'antisémitisme en Ukraine inquiète les israéliens tandis que les américains par contre ne détectent rien de particulier.
Ils ont besoin de passer à l'opticien.
Le bon vieux paradigme "antisioniste", devenu synonyme d'islamisme (avec des "penseurs" comme Alain Soral), puis de soumission à l'axe anglo-islamique, est en bout de course.
D'intéressants retournements pourraient s'opérer, ou bien peut-être, d'intéressantes occasions de jouer à l'arroseur arrosé.
Écrit par : Denis | 14/03/2014
http://french.ruvr.ru/news/2014_03_14/269269372/
Un peu comme les fabuleux résistants du "printemps arabe" en Syrie gazaient des gens pour en accuser le gouvernement, les subtiles et très spirituels amis des américains en Ukraine semblent avoir fait de main, en tirant sur la foule pour ensuite affirmer que ces vilains mécréants, dans le camp opposé, doivent décidément être punis. Ah mon Dieu qu'ils sont fins.
Écrit par : Denis | 14/03/2014
Vous avez gagné toute mon estime http://thomasferrier.hautetfort.com
Écrit par : Anton Cusa | 14/03/2014
Il faut le reconnaître, le français est rempli d'inutiles subtilités mais je pensais que vous le saviez, AC, vous qui en êtes un spécialiste (des inutiles subtilités).
NB le "correcteur" ce fut moé (en québécois).
Écrit par : Denis | 14/03/2014
Écrit par : Anton Cusa | 14/03/2014
P.S les livres de cet auteur nullement prolifique qu'est Cioran ne sont en rien épais. Voilà que je me suis encore pris à répondre à votre insignifiante personne, c'est folie de ma part !
Écrit par : Anton Cusa | 14/03/2014
Écrit par : Denis | 14/03/2014
Les Serbes : noyau dur de la future Europe, nettoyée de l'Ombre anglo-islamique.
Écrit par : Denis | 14/03/2014
"Quand les grands acteurs mondiaux ont besoin d’intégrité territoriale, ils exigent que ce principe soit respecté, et quand ils ont besoin du principe d’autodétermination, ils disent que l’indépendance du Kosovo est un phénomène normal."
... Mais dites-moi, Môôôssieu Anton Cusa, qu'en dites-vous ? Avez-vous quelque chose à ce sujet dans un de vos beaux livres ?
Écrit par : Denis | 14/03/2014
http://french.ruvr.ru/2014_03_14/Quand-Cohn-Bendit-veut-interdire-Schr-der-de-s-exprimer-sur-l-Ukraine-3594/
L'obscurantiste Cohn-Bendit rêve de fermer la gueule de Schröder, qui ose parler en faveur de la Russie.
Les valets de l'Amérique dévoilent leur face grimaçante d'inquisiteurs : ne nous en plaignons pas. Cirons plutôt nos bottes, qu'attendent impatiemment leurs derrières.
Écrit par : Denis | 14/03/2014
Écrit par : Thomas FERRIER | 14/03/2014
Puissent-ils s'y décider, pour le bien de l'Europe, non celle des valets de l'Ombre mais celle de demain.
Écrit par : Denis | 15/03/2014
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2014/03/10/pour-la-paix-en-ukraine-et-la-reconciliation-avec-la-russie.html
Écrit par : Thomas FERRIER | 14/03/2014
Écrit par : Anton Cusa | 15/03/2014
PS je me suis déjà exprimé sur ces fortes lignes de fractures historiques, idéologiques, culturelles, géopolitiques, etc., qui divisent l'Ukraine (et l'Europe), celles-là mêmes dont vous niez totalement l'existence. Je vois que Thomas censure lorsque l'on déplore et condamne les appels implicites à l'autodafé des livres de Cioran. Qu'il est beau cet avenir que vous avez...derrière vous.
Écrit par : Anton Cusa | 15/03/2014
Écrit par : Thomas FERRIER | 15/03/2014
Écrit par : Anton Cusa | 15/03/2014
Et si sur un sujet personne n'a à apporter d'éléments supplémentaires l'enrichissant, alors il vaut mieux ne pas poster de message nouveau.
Écrit par : Thomas FERRIER | 15/03/2014
Écrit par : Anton Cusa | 15/03/2014
http://french.ruvr.ru/news/2014_03_15/Ukraine-Le-referendum-sur-la-Crimee-na-aucune-valeur-legale-affirme-Hollande-3711/
Écrit par : Denis | 15/03/2014
Quant à François Hollande, doit-on commenter ses déclarations, franchement ?
Écrit par : Thomas FERRIER | 15/03/2014
Inversément la Moldavie revient à la Roumanie et l'Ouest de l'Ukraine a le droit à se séparer du reste. Curieusement ces débiles "nationalistes" uniates ne veulent pas en parler.
Selon des explications vues à ce sujet dans la Voix de la Russie, ce serait parce que l'industrie (donc la richesse) est surtout présente dans la partie russophone.
Écrit par : Denis | 15/03/2014
Écrit par : Thomas FERRIER | 15/03/2014
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