12/08/2014
Naissance envisagée de l’Europe unie (Géopolitique-fiction).
En 2014, l’Union Européenne est en situation d’échec, tant au niveau de ses états-membres que de sa prétendue direction bruxelloise. Les eurosceptiques ont réalisé aux élections européennes des scores importants dans plusieurs pays fondateurs en mai 2014. La question de l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union Européenne est même posée. L’Europe subit sans discontinuité depuis des mois un flux migratoire massif en provenance d’Afrique notamment via Ceuta et Melilla du côté espagnol et via Lampedusa du côté italien, sans parler de frontières très poreuses avec la Turquie à l’est. Le verrou lybien a sauté en même temps que le régime de Kadhafi. Elle est même confrontée à un conflit à ses frontières, en Ukraine, où son irresponsabilité, dictée par la politique de Washington, l’a amenée à prendre ses distances avec la Russie et surtout à attiser une guerre civile aussi absurde que meurtrière. Enfin, si la crise « grecque » semble avoir baissé en intensité, son effet de contamination étant pour le moment maîtrisé, de nombreux pays européens sont en situation économique douloureuse, la France en tête. L’Allemagne résiste mieux, certes. Mais elle dépend néanmoins de l’état de ses partenaires, dont elle bénéficie en retour par l’achat de sa production de qualité. L’€ a créé de nombreuses interdépendances et l’Allemagne ne réalise pas nécessairement qu’elle a le devoir de procéder à une meilleure redistribution de ses profits. Or l’absence d’une véritable Europe politique empêche ces rééquilibrages au profit de tous.
Nous partirons de l’idée que les années à venir démontreront l’impasse du souverainisme en même temps que la nécessité d’une refondation de l’actuelle Union Européenne sur une double base, unitaire et identitaire. Nous supposerons qu’un parti européen révolutionnaire pilote parviendra à émerger, que ce soit un parti unitaire ou une coalition de partis nationaux animés du même idéal, en substitution des populismes réactionnaires et au détriment aussi des partis de gouvernement.
Nous admettrons que la mise en place de l’Etat européen unitaire aura lieu selon un schéma structurel que j’ai établi il y a quelques années.
Le parti unitaire ou la coalition de partis obtiendrait à des élections européennes, par exemple en 2024, environ 30% des députés au sein du parlement européen, devenant le premier groupe devant les conservateurs et les sociaux-démocrates. Le contexte continental se dégradant nettement, en raison des maux non résolus que j’ai brièvement évoqués dans le premier paragraphe de cet article, le parti en question réussirait à obtenir la majorité avec le renfort de nombreux députés libéraux et conservateurs, la « gauche » sociale-démocrate, apôtre du multiculturalisme, étant largement désavouée avec l’effondrement de son utopie de « vivre-ensemble ». Ce basculement amènerait le parlement européen à s’auto-proclamer assemblée européenne constituante et à mettre en place un gouvernement européen provisoire, qu’on pourrait appeler par provocation « comité européen de salut public ». Ce gouvernement, naissant d’un coup d’état démocratique analogue par certains traits au serment du jeu de paume en 1789, aurait face à lui des gouvernements nationaux conformes à ceux auxquels nous avons désormais affaire depuis quelques décennies, c'est-à-dire profondément gangrénés de l’intérieur et d’une grande médiocrité. Désavoués, ils s’effondreront comme des fruits complètement pourris.
Ce gouvernement de l’Union Européenne romprait alors avec l’atlantisme libéral qui préside actuellement à nos destinées et renverserait ses alliances pour proposer une union avec la Russie. Dans un tel contexte, le Royaume-Uni, qu’il ait quitté l’UE entre temps ou qu’il soit resté en son sein, assistant à la mise en place d’une Europe continentale unifiée, ce à quoi il n’a jamais été confronté, se ralliera à son tour, surtout si les « petits » peuples, Ecossais, Gallois et Irlandais du nord, mais aussi les classes populaires britanniques de souche, l’y invitent. En effet, cette Europe politique aurait à cœur la restauration de l’européanité de l’Europe et donc, par conséquence, des identités régionales et nationales qui la composent. En clair, le Royaume-Uni rejoindrait l’Europe unie en rompant dans le même temps avec le multiculturalisme qui lui était imposé, ou qu’il s’était imposé à lui-même, dans son incapacité à rompre avec son ancien empire colonial, rebaptisé Commonwealth, et/ou avec son ancienne colonie rebelle, les Etats-Unis d’Amérique.
Par la remise en cause de l’alliance atlantique et des dogmes libéraux et mondialistes, et notamment du capharnaüm multiculturaliste, l’Europe unie parviendrait donc sur une base institutionnelle et juridique inédite à combattre en son sein les forces d’auto-dilution qui pour le moment la brisent.
Aux alentours de 2030 (date théorique), nous aurions donc un nouvel Etat qui s’appellerait l’Europe et se sera substitué à tous les anciens états divisant le continent. Cet état compterait en son sein entre 650 et 680 millions d’habitants, compte tenu de son déclin démographique et des politiques de reflux migratoire qu’il aura engagées et réalisées.
Même si dès 2025 ou 2030 l’Europe unie mettait en place un ambitieux plan de redressement démographique, il faudrait environ vingt ans pour que ses effets bénéfiques se fassent sentir. Ces vingt ans d’hiver démographique, qui pourront être partiellement atténués par une politique d’appel au retour envoyé à tous les européens expatriés, y compris ceux des (anciennes) colonies européennes de peuplement (Australie, Afrique du sud, Etats-Unis, Argentine…), amèneront l'Etat européen à des politiques sociales plus restrictives, comme un net allongement de la durée des cotisations pour les retraites par exemple et comme des plans d’économies structurelles. Toutefois, les politiques de reflux migratoire permettront d’alléger cette rigueur, car ce sont des économies massives qui aujourd’hui ne sont pas réalisées par attachement au dogme multiculturaliste qui seraient alors faites. Le « welfare state » serait donc exclusivement un « european state », à savoir qu’il serait restreint aux seuls ayant droits naturels.
L’Europe unie serait née. Quelle sera alors sa géopolitique, son action en dehors de son cadre géographique ? Comment réagiront ses adversaires, ses anciens partenaires, les anciens pays colonisés, les monstres démographiques que sont devenues l’Inde et la Chine ? Ce sera l’objet d’un prochain article.
Thomas FERRIER
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Quand Erdogan tourne le dos à l’Europe (partie 1/2)
Une Anatolie eurasiatique ?
La Turquie actuelle, c'est-à-dire l’Anatolie, a été marquée par de grandes civilisations, asianiques d’abord (Urartu, Arzawa). Jusqu’au XIVème siècle, elle était profondément hellénisée, ayant subi des vagues indo-européennes pendant plus de trois millénaires, Hittites et Louvites d’abord, Phrygiens, Lyciens, Lydiens et Cariens ensuite, puis Grecs et ce dès l’époque mycénienne, enfin Romains et même Celtes (Galates).
Pour rattacher la Turquie au monde européen, sans avoir à recourir à l’héritage grecque, car la population turque descend en grande partie des habitants de l’Anatolie chrétienne, turquisés et islamisés, Atatürk eut recours à l’héritage hittite, autres indo-européens. Il plaça sa nouvelle capitale sur l’ancienne Ancyre, devenue Ankara, une ville à proximité de l’ancienne capitale des Hittites, Hattusa, en remplacement d’Istanbul, trop marquée.
Par son histoire, la Turquie est donc une interface naturelle entre l’Europe et l’Asie, un espace intermédiaire marqué par des héritages successifs venus du nord-ouest comme de l’est.
La révolution kémaliste.
Lorsque Mustafa Kemal a émergé politiquement, il a dû faire face aux contrecoups de la défaite de l’empire ottoman aux côtés des forces de la triple alliance. Le traité de Sèvres démantelait littéralement le pays, sans aller toutefois jusqu’à rendre Constantinople à la Grèce. Mais ce traité avait un vice interne, le peu de volonté des pays européens de le faire accepter au prix d’une nouvelle guerre. Ainsi, l’Europe occidentale a abandonné la « petite » Grèce face à son ennemi traditionnel, aboutissant à des échanges de population et de territoire, mettant fin à la présence millénaire des Grecs à l’est de la Mer Egée. Le traité de Lausanne sera beaucoup plus favorable à la Turquie, même si elle perd toutes ses possessions mésopotamiennes et proche-orientales.
Devenu Atatürk, « le père des Turcs », Kemal aura à cœur de redonner à son pays la place à laquelle il l’estime juste. Il choisit de rompre avec l’héritage ottoman pour forger une nouvelle Turquie, puissance eurasiatique de fait, mais adoptant explicitement la culture européenne. Méprisant profondément l’islam, Atatürk n’ose pas pour autant l’attaquer de face, et se limitera à le priver de pouvoir politique, en mettant fin au califat. Il va néanmoins loin, faisant adopter l’onomastique européenne, prénom et nom, épurant la langue turque des mots arabes et perses, au point de prôner le remplacement du nom d’Allah par celui de Tanri, qu’on peut traduire par « Dieu » mais qui désigne aussi le dieu du ciel-bleu des Turcs païens, et imposant l’alphabet latin, qu’il estime plus adapté à la langue turque que l’alphabet arabe. Il interdira également le voile islamique et le port du fez, assimilés selon lui à des signes d’archaïsme.
« Père la victoire », ayant sauvé l’honneur turc face aux puissances européennes, Kemal Atatürk bénéficie du soutien indéfectible de l’armée qui, pendant soixante ans, sera la garante de ses valeurs. Il fera triompher une vision romaine de la laïcité, la soumission absolue du religieux au politique, et l’adoption des principes fondamentaux de la civilisation européenne, comme l’égalité homme-femme ou le code civil. Il se voudra même précurseur, faisant adopter le vote des femmes alors que la France y était encore rétive, craignant le triomphe d’un conservatisme clérical dans les urnes.
Mais Atatürk mourra en 1938. Inönu assurera ensuite la transition mais après 1945 il adoucira la démarche de son prédecesseur, faisant beaucoup de concessions face aux institutions islamiques. Il réintroduira ainsi par la fenêtre le loup qu’Atatürk avait expulsé par la grande porte. Mais l’armée tiendra bon. Lorsque le général De Gaulle en 1963 promettra une intégration future de la Turquie au marché commun, il est confronté à un pays qu’il estime européen mais qui ne l’est qu’en façade.
Le renouveau islamique et l’ascension d’Erdogan.
Depuis les années 70, la Turquie est marquée par la montée en puissance d’un courant islamique et conservateur, prenant racine dans le cœur anatolien, comme une réaction à quarante ans de kémalisme. L’armée y mettra fin à de nombreuses reprises par le biais de coups d’état qui heurtent la sensiblerie occidentale mais qui sont efficaces.
Pourtant, malgré les interdictions, l’islamisme tient bon et réussit même à envahir les autres partis politiques. Le MHP (« loups gris ») nationaliste, qui reposait auparavant sur un nationalisme laïc à tendances paganisantes lorsqu’il était dirigé par Alparslan Türkes, va ainsi associer à son discours une coloration islamisante. Enfin vient l’heure de la consécration avec la victoire de Necmettin Erbakan, qui à la tête du Refah, obtiendra le poste de premier ministre en 1996, suite à une coalition contre-nature avec Tansu Çiller, avec 21.4% des voix. Mais dès 1997, l’armée le chasse du pouvoir, ce dont il ne se remettra pas.
C’est à cette époque que Recep Erdogan comprend que la stratégie d’Erbakan était une impasse tant que l’armée bénéficiera d’un pouvoir et d’un crédit lui permettant d’écraser toute contestation de type islamique. Néanmoins, élu maire d’Istanbul, il sera condamné à de la prison en 1998 suite à une déclaration à forte coloration islamisante, où il reprenait une citation du nationaliste Gökalp. C’est à ce moment là qu’il choisit de rompre avec la dialectique coutumière de cette mouvance politique. Il applique ainsi la fameuse taqija, une stratégie de contournement lorsqu’il n’est pas possible de combattre l’ennemi en face.
Cette stratégie subtile, qu’il réalise d’une main de maître, consiste à tromper son adversaire sur ses intentions. En 2001, il participera ainsi à la fondation de l’AKP, un parti démocrate-« musulman », dont il dira lui-même qu’il est une sorte de CDU à la turque, où l’islam remplace simplement le christianisme. Et dès 1999 il avait rompu toutes relations avec son ancien mentor Erbakan. Il prône même une séparation de la religion et de l’état, une autre forme de laïcité (à la française) que celle prônée par Atatürk.
Mais son coup de génie sera de reprendre l’idée d’une adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, ce que le patronat voit d’un très bon œil. Or la Turquie déplaît à cette dernière en raison du poids politique dont jouit son armée, ce qui n’est le cas dans aucun autre pays européen, même la Russie.
En 2002, c’est la consécration avec la victoire de l’AKP, ayant obtenu plus de 34% des voix. Le pouvoir tombe dans les mains d’Erdogan, un pouvoir qu’il ne rendra plus jusqu’à maintenant.
Erdogan va donc mettre en place une politique destinée en apparence à plaire aux dirigeants européens, tout en fragilisant en réalité ses ennemis et notamment l’armée et la justice, dans le cadre du processus d’adhésion. Il est en ce sens grandement aidé par l’organisation Fetullah Gülen, contre laquelle il se retournera en 2013, mais aussi par l’Union Européenne qui fera preuve à son égard d’une naïveté confondante voire complice.
Néanmoins, Erdogan commet en 2008 une maladresse, sous-estimant l’affaiblissement de ses adversaires par les réformes qu’il a menées contre eux depuis six ans. Le premier ministre a souhaité en effet autoriser le voile dans les universités. Son parti est alors mis en accusation par les juges de la cour constitutionnelle, menacé de dissolution et d’une amende considérable. Il sauve sa tête d’une voix, aidé en ce sens par des pressions internationales venues des Etats-Unis et de l’Union Européenne. C’était pourtant la dernière chance des laïcs pour reprendre la main.
Erdogan a compris la leçon et ne l’oubliera pas. Il sera aidé en ce sens par les accusations contre un réseau de conspirateurs appelé Ergenekon, le nom du foyer mythique des anciens Turcs, qui aurait mis en place une opération Balyoz, « marteau de forge » pour faire tomber Erdogan. Dans ce cadre, des membres éminents de l’état-major turc mais aussi des journalistes d’opposition sont arrêtés et mis en examen. L’armée est étêtée. Elle ne s’en remettra pas.
Désormais, Erdogan a vaincu tous ses ennemis et plus rien ne résiste à cette vague de réislamisation qui envahit le pays. Sans le soutien de ces nombreux électeurs, sans ce phénomène culturel de contre-kémalisme qui domine l’Anatolie profonde, mais aussi Istanbul, rien n’aurait été possible. Même s’il a été un habile stratège, c’est bien le peuple turc qui l’a choisi comme chef.
13:30 Publié dans Analyses, Histoire, Institutions européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : turquie, ataturk, erdogan, islamisme, taqija, europe |
09/06/2014
L'état de l'Europe (2/2)
Les voyants sont rouges.
La situation de l’Europe est de plus en plus critique, tous les voyants sont au rouge. Assaillis sur leurs côtes par des vagues de miséreux (Lampedusa, Malte, Ceuta et Melilla), contre lesquelles aucune mesure de fermeté n’est prise, de peur d’être accusé de racisme, alors que les maternités se vident d’enfants d’Europe et parfois se remplissent de la descendance de ces migrants qui s’imposent aux indigènes, qui ne souhaitent par leur venue, qui ne l’estiment pas nécessaire, malgré la propagande, alors qu’ils viennent de pays qui n’ont pas eu de cesse de vouloir chasser le colonisateur européen depuis les années 50.
Cameron, Sarkozy et Merkel l’ont dit officiellement, l’ont reconnu. Le multiculturalisme (« multikulti ») est un échec et était donc une erreur, une erreur qui aurait pu pourtant être évitée en écoutant les lanceurs d’alerte qui depuis un demi-siècle ont mis notre continent en garde contre ce remake en pire de la fin de l’empire romain. Mais qu’ont-ils fait pour mettre fin à cette politique ? Quelles mesures ont-ils pris pour inverser le processus ? Aucune.
Si l’électorat allemand croit en conservant Angela Merkel s’assurer un sort meilleur, il se trompe. Merkel ne suscite aucun baby boom dans son peuple, bien au contraire, et les inégalités sociales n’ont jamais été aussi fortes. L’Allemagne certes s’en sort mieux que ses voisins dans la mondialisation, mais en vivant de ses exportations à l’intérieur du continent, et elle est de plus en plus contestée. La grogne, fondée ou infondée, contre l’Allemagne, monte, parce qu’elle exige de ses partenaires qu’ils se calquent sur sa politique, sans avoir par ailleurs les moyens de leur imposer.
Economie en berne, diplomatie sous tutelle, croissance médiocre, dette explosive, l’Europe est incapable de remonter la pente, qu’elle reste dans cette Union Européenne atone ou qu’elle en sorte. Elle laisse les américains dicter sa politique en Ukraine, au risque de diviser et pour longtemps notre continent, alors que tout devrait au contraire nous encourager à nous rapprocher de la Russie. Et Poutine en retour, lassé d’avoir tendu la main sans que personne en Europe n’ait le courage de la prendre, se tourne vers de faux alliés, se raccrochant à ce qu’il peut pour contrer les manœuvres de Washington.
Un renouveau qui passe par une révolution politique et culturelle.
Dans la situation actuelle, on aura compris que les deux choix qu’on nous propose, le populisme ou le « systémisme », ne changeront rien à la situation de notre continent. La « gauche » et la droite nous emmèneront au tombeau, mais la droite nationale, nostalgique d’une Europe des années 50, à supposer qu’elle soit en mesure d’arriver au pouvoir, ce qu’elle ne pourrait faire qu’en faisant de telles compromissions qu’elles en annuleraient l’intérêt, ne freinera même pas le processus d’auto-destruction de la civilisation européenne.
Ce n’est que par l’émergence d’un courant nouveau au niveau continental que l’espoir renaîtra. Ses meneurs, qui devront réussir à être à la fois des théoriciens et des praticiens, des rhéteurs et des acteurs, devront parvenir à susciter le sentiment d’unité qui manque aux Européens, rappeler la profonde parenté qui les lie, souligner qu’ils ont les mêmes ennemis et qu’ils sont victimes des mêmes maux. Il faudra réveiller les consciences endormies, réorienter aussi les consciences éveillées vers une vraie voie de salut, et non vers le non-choix nationaliste. L’Europe ne pourra s’en sortir qu’unie mais elle ne pourra surtout s’en sortir qu’en étant enfin dirigée par de vrais chefs d’état, des visionnaires ayant une ambition démesurée pour la civilisation européenne, sûrs de son génie et prêts à s’imposer à nouveau à la face du monde.
Sortir les sortants et pour longtemps. Aborder les vrais problèmes sans tabou. Avec habileté certes mais sans atermoiement. Oser penser l’impensable. Se battre pour l’essentiel, redonner la maîtrise de l’Europe aux Européens, relancer la natalité européenne et enfin inverser les flux migratoires, afin de restituer à l’Europe son visage d’origine, en mettant fin à l’utopie mondialiste et à l’aberration « multi-culturaliste ».
En somme, il faut repenser notre logiciel mental afin de retrouver en nous l’assurance d’un sort meilleur, d’un avenir brillant pour les jeunes Européens, d’une Europe rénovée, régénérée, sortie enfin des maux qui la rongent, substitution de population et chômage de masse, corruption morale et communautarismes, oligarchies parasitaires et misère de rue.
Cela ne peut passer que par une véritable révolution culturelle, la remise en cause de toutes les fausses évidences auxquelles on veut nous soumettre, de tous les mensonges inventés par un pouvoir politico-médiatique aux abois car contesté en profondeur, mais sans que le peuple n’ait encore trouvé le moyen de le mettre à bas.
C’est pourquoi je crois que notre avenir passera nécessairement par un parti unitaire européen, par un mouvement de défense des intérêts des Européens, des indigènes/natifs d’Europe pour être précis, une force de salut continental envisageant son combat politique de l’Islande à la Russie. Nous n’en sommes qu’aux prémices mais c’est la voie qu’il faut tracer. C’est par l’union des Européens au nom de la plus longue mémoire commune, au nom d’un héritage que nous partageons entre frères nés d’un même sang, fils d’une même tradition, que nous vaincrons. Mais cette union doit être animée par une foi inébranlable dans le génie européen, dans la capacité de notre peuple, même en situation d’hiver démographique, même vieillissant, de se sublimer afin de redevenir maître chez lui, souverain absolu de sa terre, doté de chefs dignes de l’être, prêts à tout sacrifier pour le salut de notre civilisation.
Là est en vérité le combat de tous les vrais Européens ! Et c’est pour une telle Europe que les Européens seront prêts à se battre et à mourir. Alors viendra la renaissance de l’Europe qui, une nouvelle fois, étonnera le monde. A ceux qui vous vendent une souveraineté de papier, un fétiche impuissant face au mondialisme, à ceux qui vous promettent les lendemains qui chantent mais en vérité dans des nations subverties, opposez non seulement un front du refus mais une véritable foi. Cette foi, c’est en la certitude que l’Europe va s’éveiller et renaître à nouveau triomphante. Ayez foi en l’Europe, en son peuple, en son génie, en son avenir. Mais faites de cette foi qui n’est qu’une petite flamme aujourd’hui un incendie demain. L’Europe renaîtra plus forte que jamais, tel un jeune phénix sorti étincelant du feu salvateur.
Thomas FERRIER
PSUNE, le Parti des Européens
19:48 Publié dans Analyses, Elections en Europe, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : crise, effondrement, europe, multikulti, renaissance |
L'état de l'Europe (1/2)
Un consensus mou.
Au parlement européen, depuis trois décennies, « gauche » sociale-démocrate (PSE puis ADSE) et droite libérale-démocrate (PPE) se partagent le pouvoir et les postes, aucun des deux camps n’aspirant à une victoire nette et à une majorité claire dans le cadre d’une coalition cohérente. Ce qui est vrai à Strasbourg est aussi vrai dans plusieurs pays d’Europe, et notamment en Allemagne et en Autriche. Les libéraux allemands de la FDP se sont effondrés, empêchant toute coalition de droite à Berlin, et à Vienne, les raisons sont exactement opposées, puisqu’il s’agit d’empêcher le FPÖ de Strache, autour de 20% des électeurs, d’accéder au pouvoir.
Ce consensus mou, cette volonté de maintenir à tout prix un éternel statu quo, se retrouve en réalité dans tous les pays d’Europe, les différences programmatiques entre les deux principaux partis de chaque pays étant mineures, en particulier quand l’un comme l’autre alterne le pouvoir. Blair (Labour) n’a pas moins été libéral que Thatcher. Il a consciemment saboté la fonction publique britannique, et soumis le peuple à la puissance absolue de la City. Gordon Brown a quitté le pouvoir piteusement, ce qui sera sans doute le cas de David Cameron et de sa politique d’austérité, contre-modèle que l’Allemagne de Merkel souhaite élargir au continent entier, apportant le désastre en Espagne, au Portugal et bien sûr en Grèce. Cette austérité, que François Hollande entend appliquer aux Français, mais sans toucher aux avantages sociaux considérables accordés aux populations d’importation qui habitent les banlieues de nos villes, véritables vaches sacrées auquel il est prêt à sacrifier les Français autochtones.
Même si de nombreux électeurs se font encore prendre par ces vieilles ficelles, cédant aux sirènes de quelques habiles démagogues du système en place, aussi vite rejetés qu’ils auront été encensés, comme Sarkozy et Berlusconi hier, Renzi aujourd’hui, pauvres en idées mais riches en arrivisme, c’est de moins en moins le cas. A moins de se doter de formes modernes d’autocrates, comme Orban en Hongrie, qui cachent leur bilan économique médiocre par des coups de menton, les électeurs n’ont le choix qu’entre deux mauvaises solutions, basculant de l’une à l’autre sans constater le moindre changement. A l’inefficacité de Sarkozy, néanmoins habile en paroles, a suivi l’inefficacité de Hollande, démuni même de cette seule qualité. Les électeurs français mais c’est vrai de leurs voisins, à l’exception des Allemands, ne pardonnent plus les errements d’une classe politique médiocre, corrompue et formant une sorte d’oligarchie entendant régir la vie des citoyens, y compris et même surtout contre leur gré. Les Européens constatent, rageurs, que des autistes les dirigent et les emmènent sereinement dans le mur si ce n’est dans l’abîme.
L’impasse populiste.
De nombreux électeurs, écœurés, choisissent alors de se tourner vers les « bons petits diables », à savoir les partis populistes, que la classe politique « bienséante » rejette avec mépris aux extrêmes. Selon les pays et les situations, ces partis représentent une gauche radicale, chauvine bien que se réclamant de l’internationalisme marxiste, ou une droite radicale, arcboutée sur la souveraineté nationale et parfois sur l’identité nationale, dans une version fétichisée.
Au Royaume-Uni, le mouvement UKiP de Nigel Farage récupère ces électeurs, même s’il n’a pas encore réussi à obtenir des représentants au parlement, en raison d’un mode de scrutin outrageusement favorable aux deux partis principaux, mais qui pourrait coûter la victoire à Cameron. En France, le FN de Marine Le Pen, qui a obtenu 25% des voix aux élections européennes mais ne dispose que de deux députés à l’assemblée nationale, s’est imposé comme troisième force du pays, et même la première en mai 2014.
En Italie, c’est Beppe Grillo, le dirigeant du « Mouvement 5 Etoiles », qui dépasse les 20%, même si son ascension a été freinée par la confiance que 40% des électeurs italiens ont accordé pour le moment à Renzi, et connaît un succès persistant. En Espagne, ce sont les nationalistes catalans qui profitent de la ruine du crédit accordé au PSOE et au PPE, mais aussi un mouvement gauchiste.
La Grèce réussit l’exploit de réunir en elle les deux formes de populisme, entre le gauchisme démagogique d’un Tsipras (Syriza), en tête des élections européennes, et la violence de rue de l’Aube Dorée, néo-fasciste. La « gauche » classique a disparu, tandis que les Conservateurs résistent tant bien que mal à cette poussée à droite.
Mais le populisme n’est pas une solution, pas même le signe d’une prochaine guérison de la psychê européenne. C’est un symptôme, celui d’une Europe qui ne sait plus qui elle est, où elle s’arrête, et vers quoi elle souhaite aller, une Europe soumise à l’influence délétère des USA qui, se suicidant, alors que les descendants des pères fondateurs européens ont élu deux fois un Obama, et seront minoritaires sur leur sol dès les années 2040, veulent nous emporter avec eux dans la tombe. Alors qu’Erdogan, le premier ministre turc, bafoue des principes élémentaires, dans un pays qui ne devrait jamais s’être vu accorder le statut de candidat à l’adhésion à l’Union Européenne, et qui se permet de faire campagne auprès de son électorat turc à Berlin et à Vienne, provoquant les dirigeants de ces pays sans que ceux-ci osent le lui reprocher, on diabolise Poutine qui a le tort de ne pas vouloir céder aux injonctions de Washington, et qui défend avec ses moyens son espace politique. Ce qu’on pardonne à Erdogan, qui musèle la presse, monte des procès pour décapiter les chefs de l’armée « laïcarde », réprime des manifestations contre ses excès autocratiques, on ne leur pardonne pas à Poutine, qui est pourtant allé beaucoup moins loin en ce sens. Nos dirigeants veulent repousser la Russie en Asie, puisque c’est ce que leurs maîtres américains souhaitent et la Russie commet en retour l’erreur de jouer la carte mortifère de la Chine.
Le populisme n’est populaire que par défaut, parce que les Européens sont désemparés et ne supportent pas la destruction de l’identité plurimillénaire de notre civilisation par des flux migratoires indésirables, encouragés par l’inertie des pouvoirs publics et nouveaux « héros » d’un christianisme en pleine déliquescence et d’un marxisme sénescent. Ils y répondent comme ils le peuvent, en votant pour ce qu’on leur présente mensongèrement comme « le mal ». Face à l’absence de réponse politique, de talent, de compétence, face à la lâcheté voire la trahison de nos dirigeants, les Européens ne savent plus vers qui se tourner.
19:44 Publié dans Analyses, Elections en Europe, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, effondrement, populisme, systémisme, décadence |
04/05/2014
Elections européennes 2014. Le vote blanc, une nécessité malheureuse
Le 25 mai 2014 se dérouleront les huitièmes élections européennes depuis leur instauration en 1979. Selon les sondages, 73% des Français pensent que l’enjeu européen doit dominer le vote, mais ils ne seraient pour le moment que 35% à se déplacer. C’est dire si le sens de ces élections a été dénaturé par la faute des gouvernements et des partis politiques institutionnels, alors qu’elles ont permis à chaque fois l’émergence de nouvelles forces, Front National (1984) et Verts en tête.
Alors même que nous n’avons jamais eu autant besoin d’une Europe politique et de convergences stratégiques au niveau continental, nous sommes confrontés à un désaveu massif des Européens envers une construction « européenne » au ralenti, méprisée par nos dirigeants, même s’ils se prétendent tous en sa faveur, pilotée par des seconds couteaux mis en place par les Etats. C'est en effet tout l’intérêt du gouvernement de François Hollande, et du Parti Socialiste, qui s’attendent à une sévère sanction, de marginaliser cette élection, lui faisant perdre toute valeur en raison d’un taux de participation médiocre.
Or, il est fondamental de légitimer cette élection, de lui donner de l’importance, en allant voter, d’autant plus que cette année, pour la première fois en France, le vote blanc sera comptabilisé et ne sera plus assimilé à une abstention. Si le taux de participation est trop bas, l’Union « Européenne » continuera à fonctionner comme aujourd’hui, sans tenir compte de l’avis des citoyens, alors que les partis politiques nationaux et européens ont mis en avant un enjeu, l’élection du président de la commission. S’oppose ainsi le vieux cheval sur le retour Juncker au jeune loup social-démocrate Schulz, d’autres candidats faisant de la figuration, comme Bové ou Verhofstadt. A ces quatre candidats, Marine Le Pen aurait souhaité s’ajouter mais ses alliés (FPÖ, Wilders…) n’ont pas voulu la proposer ni avancer un autre candidat pour une institution dont ils contestent l’existence même.
La question est de donc se savoir s’il faut donner une consigne de vote, invitant à soutenir telle ou telle liste, pour telle ou telle raison, éventuellement tel ou tel candidat à la présidence de la commission, ou s’il faut inviter au vote blanc, en sachant que l’abstention est indéfendable dans un contexte où on prétend dénoncer un déficit démocratique, par ailleurs réel. Lorsque le peuple a l’occasion de s’exprimer, il doit le faire.
Etant donné que cette campagne européenne reste malgré tout dans un cadre national, puisque les électeurs vont voter pour des partis nationaux et pas pour des partis européens, ce qui est fondamentalement une anomalie qui démontre par ailleurs que l’UE n’est pas fédérale, donner une consigne aux autres Européens n’aurait pas beaucoup de sens. C’est donc le contexte français que je vais ici analyser.
Deux camps opposés apparaissent en premier lieu. Celui du souverainisme, représenté notamment par le Front National et par Debout La République, l’un promis à un score très élevé, au-dessus de 20% des voix, l’autre à un score médiocre, entre 1,5% et 3%, plus fort sans doute à Paris, lui permettant éventuellement de disposer d’un élu. Celui de l’ « européisme » officiel, de centre-droit, représenté par la liste « Les Européens », union du Mouvement Démocrate et de l’Union des Démocrates Indépendants.
Le FN combat le principe même d’une Europe politique au nom d’une définition fétichisée de la nation, et appelle à l’abandon de l’€uro et à la disparition pure et simple de l’Union Européenne. Jadis, ce parti dénonçait l’immigration comme le principal facteur de régression sociale et de dépense publique. Aujourd’hui, la construction européenne est accusée d’être responsable et coupable de politiques nationales datant parfois de plusieurs décennies. C’est donc une europhobie de principe que défendent ces partis souverainistes, une europhobie que combattent les prétendus « européistes » mais aussi les européistes authentiques, dont nous sommes.
La liste « Les Européens » pourrait en effet tromper les électeurs, car ils n’ont pas l’Europe unie comme finalité et la voient au contraire comme un moyen de favoriser le mondialisme. C’est un Bayrou qui disait en 2009 qu’il fallait construire l’Europe « pour aider l’Afrique ». Désormais on nous explique en 2014 qu’elle est nécessaire « pour maintenir la paix », alors même qu’elle est à la remorque de la stratégie américaine de déstabilisation de l’Ukraine. Leur Union « Européenne » c’est celle des droits universels, au détriment des droits des Européens, celle de l’ouverture des frontières, non seulement à l’intérieur de l’Europe mais surtout vis-à-vis de l’extérieur. Et en réalité, ils ne sont pas prêts à passer à l’étape fédérale et à nous doter ainsi d’un Etat européen.
Ce reproche est tout aussi fondé vis-à-vis de « Europe Ecologie », qui est à l’écologie ce que le cobra est au rongeur, avec comme chef de file l’alter-mondialiste, donc mondialiste, Bové, en remplacement de Cohn-Bendit, désormais reconverti en commentateur de matchs de football. Avant de partir, Cohn-Bendit s’est fait photographier enroulé par le drapeau européen. Faux écologistes, mais gauchistes reconvertis dans une fausse modération, les « Verts » défendent une « Europe » dénaturée en profondeur, car submergée par les flux migratoires, qu’ils contesteront pour toutes les espèces animales sauf l’humaine.
Entre les anti-européens et les faux européens, on ne peut choisir. Les uns combattent notre idéal quand les autres le dénaturent.
12:42 Publié dans Communiqués, Elections en Europe, Institutions européennes | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : elections européennes 2014, consigne, vote blanc, psune, thomas ferrier, europe |
17/03/2014
Analyse des élections parlementaires serbes de mars 2014
Les résultats quasi définitifs des élections serbes qui se déroulaient ce dimanche sont désormais connus et ils sont riches d’enseignements. Avec 48,34% des voix, Aleksandar Vušič a presque réussi son parti, atteindre les 50% des suffrages. Le parti de Tomislav Nikolic, le SNS, est donc le grand vainqueur de ce scrutin, rafflant 158 sièges, ce qui lui permet de bénéficier d’une majorité absolue au parlement. En 2012, il n’avait obtenu que 24,05% et double donc son score. La stratégie hybride, mi-nationaliste, mi-européiste, du président en exercice et de son premier ministre, a payé. Il a su vider de son électorat les deux frères ennemis, le Parti Démocrate de Boris Tadic et le Parti Radical Serbe de Seselj.
Divisé en deux camps rivaux, le camp démocratique a subi un échec retentissant. La liste du Nouveau Parti Démocrate de Tadic n’obtient que 5,71% des voix et 18 sièges. Son rival, le Parti Démocrate (officiel) n’obtient guère mieux avec 6,04% des voix et 19 sièges. Leur division a été mortifère puisque le DS originel avait obtenu 22,07% des voix en 2012. De nombreux électeurs pro-européens, qui votaient Tadic,ont préféré soutenir le gouvernement en place. On peut désormais considérer la carrière de l’ancien président Tadic comme derrière lui. Les « Démocrates » doivent se refonder pour demain pouvoir à nouveau peser.
Associé au nouveau pouvoir, le Parti Socialiste de Serbie a rompu depuis longtemps avec l’époque Milosevic. Ivica Dasic avec 13,51% des voix et 44 sièges, encaisse bien, même s’il perd presque 1% et gagne en revanche un siège. Même si son appui n’est pas nécessaire, il est probable que le SNS de Vusic maintiendra sa coalition avec lui.
Le camp nationaliste connaît en revanche une sévère déconvenue. La descente aux affaires du SRS de Seselj continue. Son discours europhobe ne passe plus et son image est désormais marginalisée. Avec 2% (contre 4,62% en 2012), c’est une fin de règne. Le mouvement Dveri n’en profite puisqu’il n’obtient que 3,57% des voix (contre 4,34% en 2012) et échoue à s’implanter durablement dans le paysage politique. Le Front Patriotique avec 0,13% des voix échoue à les concurrencer.
Les autres partis politiques sont perdants et tombent à des niveaux vraiment très modestes. L’Union des Régions de Serbie avec 3,04% des voix est marginalisée, de même que le Parti Libéral Démocrate avec 3,35% des voix (contre 6,53% en 2012), qui perd ses quatorze députés et devient insignifiant. En revanche, les partis régionalistes ou micro-identitaires se renforcent légèrement, avec 2,11% pour les Hongrois de Voïvodine, 0,95% pour le mouvement du Sandjak, obtenant en tout 11 sièges.
Nikolic, par son image d’ancien nationaliste, agissant avec beaucoup de circonspection concernant le Kosovo, sans heurter les plus patriotes mais sans mettre en danger le processus d’adhésion de la Serbie à l’Union Européenne, a su transformer son image. Il oriente la Serbie dans le sens de la construction européenne, même si on ne sait pas encore quelle sera sa réaction suite à la stratégie russe en Crimée. Son parti est en tout cas considérablement renforcé et ses adversaires très sérieusement affaiblis. La Serbie semble avoir désormais rompu avec sa tradition d’un mouvement nationaliste à près de 25% des voix. Si Nikolic a rompu avec le SRS, au point où ce dernier voit en lui un véritable traître, les électeurs lui ont donné raison et il s’est révélé une personnalité pugnace et habile. En revanche la ligne Seselj est en train de devenir groupusculaire. Il faut dire que ce parti est « piloté » depuis le tribunal pénal international de La Haye. L’époque des Seselj, des Tudor ou des Siderov en Europe de l’Est est terminée.
Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)
23:14 Publié dans Analyses, Elections en Europe | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : elections parlementaires en serbie, 2014, nikolic, vusic, sns, nationalisme, europe, thomas ferrier, psune |
15/03/2014
300. Naissance d’une nation
La suite attendue du film « 300 » de Zach Snyder, intitulée « l’Avènement d’un Empire » (Rise of an empire), est récemment sortie sur nos écrans. A la musique, Tyler Bates a cédé la place à Junkie XL, qui nous propose une bande originale brillante, finissant en apothéose en mêlant son dernier morceau à une mélodie de Black Sabbath.
Comme dans le premier film, c’est un récit qui nous est proposé, jusqu’à l’extrême fin. La reine spartiate Gorgo raconte ainsi la vie de Thémistocle, le héros athénien du film, jusqu’à ce que ses troupes interviennent d’une manière décisive à Salamine. Les nombreuses invraisemblances et les libertés prises avec l’histoire sont ainsi justifiées. Il faut les admettre pour profiter pleinement du message optimiste du film.
L’ouverture avec un Xerxès décapitant Léonidas mort correspond au récit traditionnel. Quant à la « naissance » du dieu-roi, concept contraire à la tradition zoroastrienne, grande oubliée du film, la jeunesse de Xerxès, assistant impuissant au parcours d’une flèche de Thémistocle perforant l’armure de Darius, son père, est narrée, ainsi que la manipulation dont il est la victime par Artémise, jouée par Eva Green, mégère inapprivoisée avide de sang vengeur.
A l’incendie de Sardes par les Athéniens, qui sera le véritable déclencheur de la guerre avec les Perses, le scénariste a préféré « accuser » Thémistocle, personnage tragique, à la fois responsable des malheurs de son peuple et vainqueur ultime de ses ennemis.
A la grandeur sobre et un peu égoïste de Léonidas dans le premier film, Thémistocle est un idéaliste, rêvant d’une Grèce rassemblée et même d’une nation grecque. Le voici émule avant l’heure d’Isocrate. Son discours sur la nécessaire unité de la Grèce au-delà des querelles de cités rappelle celui des véritables européistes, partisans d’une Europe-Nation. Gorgo est davantage souverainiste, estimant que Sparte a « assez donné », mais elle saura faire son devoir et venir en renfort. C’est ainsi que Spartiates et Athéniens unis écrasent la marine perse, tandis qu’Artémise meure dans les bras de son ennemi.
Et même le traître du premier film, le bossu Ephialtès, sert à sa manière la Grèce en invitant Xerxès à attaquer Thémistocle, alors qu’il sait que ce dernier a prévu un piège dans lequel les Perses vont s’engouffrer. Les Spartiates, à l’instar des Rohirrim menés par Gandalf dans « Les deux tours », arrivent à la rescousse, avec à leur tête une nouvelle Valkyrie, une Gorgo marchant l’épée dressée. Même si la Sparte historique traitait ses femmes avec une quasi égalité, on ne verrait pourtant jamais une femme au combat.
Si le message du premier film était celui opposant 300 Européens au monde entier, la dimension cosmopolite de l’armée perse a été adoucie. A l’exception d’un émissaire perse, vu dans le premier film, les généraux et soldats perses pourraient passer pour des Iraniens. En revanche, le message du second est offensif. Après la résistance, la reconquête. Certes, au bord de l’abîme, tout comme l’Europe ne s’unira qu’à proximité du tombeau, selon Nietzsche. La reconquête et l’unité. Tous les Grecs combattent désormais ensemble. Historiquement, c’est bien sûr faux. Thessaliens et Grecs d’Asie mineure étaient dans l’armée perse, et Thèbes jouait double jeu. La mort héroïque de Léonidas, habilement exploitée par Thémistocle, sert de mythe mobilisateur. La Grèce a eu ses martyrs. L'Europe n'a pas encore eu les siens.
Le message politique de Thémistocle, appliqué à la Grèce mais qui pourrait tout aussi bien l’être à l’Europe, est fort. La ruine d’Athènes, incendiée par Xerxès, est également un moment décisif du film. Bien que nous sachions que Salamine fut une victoire grecque, la dimension tragique de leur combat apparaît nettement. Monté sur un cheval de guerre qui saute de bâteau en bâteau comme s’il était Pégase, Thémistocle pourfend les ennemis de son épée, jusqu’à combattre et vaincre Artémise, tandis que Xerxès s’éloigne, sentant l’ombre de la défaite.
Le film est un hymne à l’unité de l’Europe, ce qui est bien surprenant pour une production américaine, au cœur même de l’assemblée d’Athènes. En pleine crise, la Grèce se retrouve à nouveau comme préfiguration de l’Europe de demain, qui reste à bâtir. Une Grèce qui lutte pour la démocratie autour d’Athènes, aidée d’une Sparte qui pourtant n’y croit guère. L’alliance d’Athènes et de Sparte, c’est l’alliance de l’Union Européenne et de la Russie face à un empire qui menace ses libertés, un empire qui a reçu l’aide de renégats (Artémise, Ephialtès) qui agissent contre leur propre peuple.
Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)
17:17 Publié dans Cinéma, Institutions européennes | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : 300 rise of an empire, thémistocle, grèce, europe, nation |
De la Crimée et de l’Europe
Entre un article du Monde sur les extrémistes ukrainiens décérébrés qui occupent la mairie de Kiev et la vue d’une image d’un défilé moscovite de partisans russes du rattachement de la Crimée à leur pays portant une tenue sur laquelle est dessinée l’ancienne Union Soviétique, avec la mention URSS 2.0 qui plus est, je me dis que la propagande « nationaliste » au sens classique de ce dernier terme rend vraiment les gens aveugles.
Que dire en effet de ces nationalistes ukrainiens nostalgiques d’une occupation allemande qui a coûté la vie à nombre de leurs compatriotes il y a plus d’un demi-siècle, considérés comme des sous-hommes par un Reich slavophobe ? Que dire en outre de ces nationalistes russes teintant leur discours d’antifascisme néo-stalinien, passant sous silence le fait que les figures nationalistes russes les plus éminentes, à l’instar du professeur Doubrovine, ont été tuées par la police politique des bolcheviks, l’infâme Tcheka ?
Dans cette affaire, où beaucoup se trompent, et où certains mentent de manière effrontée, tous camps confondus, il est bien difficile de garder son calme et de maintenir sa neutralité au service de la réconciliation des Ukrainiens et des Russes, et bien sûr de tous les Européens. Et pourtant, ce que la politique au sens noble du terme impose, c’est de savoir se placer au-dessus de la mêlée afin d’y voir plus clair.
D’un côté, à la manœuvre depuis le début, les Etats-Unis d’Amérique. C’est eux qui depuis des décennies gouvernent la politique étrangère de l’Union Européenne. Dans le traité entre l’Union Européenne et l’Ukraine, que Yanoukovitch finit par refuser, le sort des bases ruses de Crimée semblait scellé, malgré les accords précédents pris par Kiev envers Moscou. Par ailleurs, l’idée d’un rapprochement avec l’OTAN était bel et bien présente. Ces éléments à eux seuls justifient l’inquiétude de la Russie et la peur de la simple idée d’une Crimée se ralliant au « camp atlantiste ».
La Crimée est, selon les données de 2001, peuplée de 24% d’Ukrainiens, de plus de 60% de Russes et de 12% de Tatars de Crimée, descendants probables des autochtones indo-européens de la région, mais turquifiés sous le joug ottoman. Cela signifie que bien que les Russes y soient majoritaires, que l’armée russe soit présente, bien avant les derniers évènements, que la Russie dispose d’une grande base navale à Sébastopol, ce n’est pas au sens strict une province russe. La volonté majoritaire de cette province de se rattacher à la « maison-mère », aussi légitime soit-elle, n’est pas le souhait de l’ensemble de la population de cette péninsule. On sait bien que le référendum en Crimée de demain manifestera comme résultat un tel souhait et non l’indépendance pure et simple. Il n’est pas encore sûr de savoir ce que la Russie de Poutine fera, mais on sent bien qu’elle est prête à assumer cette annexion aux yeux du monde entier.
Il faut donc dès maintenant anticiper les conséquences de cette annexion plus que probable de la Crimée par la Russie, avec le soutien, précisons le, d’une grande partie de la population. Cette annexion ne sera pas reconnue par la communauté internationale, et la Crimée rejoindra ainsi la liste des états sans reconnaissance, comme l’Ossétie du sud, qui pourrait demain demander son rattachement à la Russie et à la région d’Ossétie du nord, l’Abkhazie et la Transnistrie moldave. Nous payons là les soubresauts de l’effondrement rapide de l’Union Soviétique et des Etats qui naquirent de sa ruine, dans les frontières des anciennes républiques soviétiques, frontières en grande partie artificielles.
Face à une Union Européenne inféodée aux intérêts outre-atlantiques, sans un De Gaulle ou un Adenauer pour proposer une voie médiane, la Russie s’est sentie obligée, afin de plaire à son opinion publique, de jouer la carte du nationalisme, ce qui n’est pas la démonstration d’un régime russe serein au pouvoir, et de protéger les intérêts réels ou supposés des russophones d’Ukraine, d’intervenir d’une manière décisive dans cette crise ukrainienne, y défendant d’abord sa propre stratégie. La Russie a le sentiment en effet que les USA veulent l’étouffer en l’entourant d’ennemis. Elle réagit donc en forteresse assiégée ayant toutefois encore les moyens de faire d’efficaces sorties, en Géorgie en 2008, en Ukraine en 2014. Lorsque l’on veut priver un ours de son pot de miel, il faut s’attendre à recevoir de sérieux coups de griffe. En outre, la Russie, qui a le sentiment d’avoir été trahie lors de la crise du Kosovo, ne fait que renvoyer à son adversaire les coups que celui-ci lui a auparavant envoyés.
Au lieu de jouer la carte de manière sincère de la nouvelle Russie, les Occidentaux ont profité de sa faiblesse pour mettre en œuvre une politique qu’ils n’auraient jamais osé faire du temps de l’Union Soviétique. Les années Eltsine ont été ruineuses pour la Russie, le paradoxe étant que cet ancien président est celui qui a mis le pied à l’étrier à un certain Vladimir Poutine. Les Russes savent d’où ils viennent et à quoi ils ont échappé. Mais la Russie de 2014, certes fragile, a retrouvé une partie de ses forces et suffisamment de volonté pour se faire respecter a minima. Malheureusement cette stratégie a un coût, à savoir qu’elle risque bien d’élargir encore l’espace entre la Russie et le reste de l’Europe, au plus grand plaisir des USA.
Si la Russie n’avait rien fait dans l’affaire de Crimée, elle aurait assisté impuissante au démantèlement de ses bases. Elle aurait perdu tout crédit auprès de ses alliés. Mais en agissant elle s’éloigne de l’Europe alors que son avenir est en son sein. Elle n’a rien à attendre de bon d’une alliance contre-nature avec la Chine. Dans les deux cas, qu’elle agisse ou qu’elle n’agisse pas, elle était perdante. Alors, elle a préféré agir.
C’est nous, Européens de l’ouest et du centre, qui devons réagir intelligemment dans cette affaire. Mais nous ne pourrons le faire que par une révolution politique nous permettant de nous libérer de ceux qui aujourd’hui président pour notre malheur à nos destinées. Contre un François Hollande, rejeté par l’écrasante majorité des Français, mais qui se maintient au pouvoir d’une manière autiste, et une Angela Merkel, au service des intérêts privés, qui souhaite accélérer l’union économique transatlantique, aberration totale qui nous lie encore davantage à une puissance étrangère qui ne souhaite pas notre épanouissement, nous sommes impuissants, tant que nous ne renverserons pas ceux qui sont au pouvoir pour les remplacer par des gens au service de l’Europe et des Européens, et d’eux seuls !
La solution de la crise en Crimée n’est pas du côté des Russes, qui font ce qu’ils estiment nécessaire, même si le résultat aboutit à les éloigner encore davantage de nous, ce qui est une erreur majeure, pour eux comme pour nous, et elle n’est pas non plus du côté des Ukrainiens, jeune démocratie n’ayant eu à sa tête que des gens médiocres et corrompus. La solution est européenne, mais elle passe par notre affranchissement, afin que les Européens soient à nouveau maîtres chez eux, souverains de leur avenir, au sein d’une grande Europe unie et européenne, sociale et démocratique, allant des fjords de l’Islande jusqu’aux montagnes de l’Oural et par extension jusqu’aux volcans du Kamchatka.
Si la Russie a en face d’elle une union européenne politique amie, dirigée par des gens responsables, honnêtes et au service des seuls Européens, elle saura évoluer dans un sens qui nous plaira davantage, dans le même temps que nous évoluerons aussi dans son sens. L’avenir de l’Europe n’est pas dans l’extension de la décadence « occidentale » au continent tout entier, mais dans une involution de cette décadence, involution à laquelle la Russie pourra œuvrer utilement.
Nous devons donc faire preuve d’une amitié indéfectible tant vis-à-vis des Ukrainiens que des Russes, et vis-à-vis des habitants de Crimée, qu’ils choisissent l’Ukraine, la Russie ou l’indépendance. Notre problème n’est pas à l’est. Notre problème est à l’ouest de l’Océan Atlantique et au sud de la Mer Méditerranée, avant qu’il ne soit au-delà du fleuve Amour.
Thomas FERRIER
Secrétaire général du PSUNE
15:49 Publié dans Analyses, Institutions européennes, Mes coups de gueule, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (83) | Tags : crimée, russie, annexion, ukraine, europe, thomas ferrier |
02/03/2014
Pour la paix en Ukraine et la réconciliation avec la Russie
Cela fait plusieurs semaines maintenant que la crise ukrainienne occupe nos écrans radar, avec son lot de suspens et de retournements. Désormais, la Russie s’apprête à lancer une intervention armée, non pour rétablir le sinistre Yanoukovitch, démonétisé de Paris à Moscou, mais pour protéger ses intérêts en Crimée et éventuellement dans les autres régions dans lesquelles les russophones sont nettement majoritaires. Une telle action unilatérale, acceptée lorsque la France souhaite intervenir en Centrafrique ou au Mali, devient inacceptable dès lors que c’est la Russie qui est à la manœuvre. Le gouvernement ukrainien provisoire, qui parle d’un casus belli et annonce mobiliser, n’est probablement pas menacé.
Cette crise présente plusieurs dimensions qu’il faut bien avoir à l’esprit lorsqu’on prétend l’analyser. Il faut se garder d’un jugement partisan de principe, pro-ukrainien ou pro-russe, car qui ne voit que la position d’un des camps ne voit rien.
Du point de vue ukrainien
D’un côté, des manifestants mobilisés, réunissant des citoyens de l’extrême-gauche à l’extrême-droite, en passant par tout le spectre politique, veulent chasser un président certes élu mais qui a tout d’un autocrate, corrompu à l’extrême, et au bilan économique des plus médiocres. Sa volonté de s’aligner sur la Russie, en rompant tout rapprochement avec l’Union Européenne, a mis le feu aux poudres. Certains militants sont prêts à des actions violentes auxquelles répond une contre-offensive gouvernementale encore plus violente. Le sang coule et c’est par dizaines, peut-être par centaines, que des Ukrainiens meurent. Il s’agit surtout de militants de Svoboda ou du « Pravyi Sektor », des nationalistes radicaux prêts à en découdre avec le pouvoir.
Même si l’Ukraine et la Russie prennent leurs racines communes dans la Rus’ de Kiev, au Xème et XIème siècles, elles ont connu de longues périodes où elles étaient séparées. Si l’ukrainien et le russe ne diffèrent guère, ce sont tout de même deux langues distinctes. Et sous les tsars et plus encore sous le régime soviétique, une russification linguistique et culturelle a été très vigoureuse. L’identité ukrainienne est celle d’un peuple meurtri, et s’apparente à la situation des Irlandais face à l’empire britannique.
Pour toutes ces raisons et pour bien d’autres, l’Ukraine est coupée en deux, entre les russophones qui se sentent indéfectiblement liés à la Russie voisine, et des ukrainophones qui tentent de se rapprocher de l’Europe occidentale et prétendent rejoindre l’Union Européenne, même si les nationalistes de Svoboda sont en vérité des souverainistes, pour marquer une rupture plus nette avec la Russie.
Mais ce nationalisme reste animé d’un esprit revanchard et la preuve en est la décision du parlement de supprimer le statut de langue officielle du russe au profit du seul ukrainien. C’est un acte d’une maladresse extrême, alors qu’il fallait au contraire rassurer les russophones dès la chute de Yanoukovitch. L’effondrement du Parti des Régions ne devait pas faire place à des vexations outrancières contre les russophones.
Du point de vue russe
Pour Vladimir Poutine, aucun doute n’est permis, les russophones d’Ukraine et les russes de Crimée sont potentiellement menacés d’une répression à leur encontre. La chute de Yanoukovitch a amené à des manifestations de soutien de nombreux Ukrainiens des régions orientales du pays en faveur d’une action russe, voire d’une sécession.
Poutine n’entend pas perdre la Crimée, qui bénéficie d’un statut particulier et qui a conservé des liens politiques et même militaires avec la Russie, abritant sur son sol de nombreux soldats russes et des navires de combat. Il a tout à gagner à une intervention armée, qui permettra de stabiliser sa frontière occidentale, d’unir par un élan patriotique le peuple russe derrière lui, faisant taire les contestations internes, et de rappeler aux occidentaux que dans son espace il entend être respecté.
L’Union Européenne a été très mal avisée de négliger la susceptibilité russe en la matière. En apportant un soutien sans discernement aux manifestants de Maïdan, dont certains expriment une russophobie explicite, au-delà de la question du départ d’un dirigeant médiocre, en laissant faire une forme de coup d’état à Kiev, sans respecter les accords mis en œuvre dans lesquels les Russes avaient été partie prenante, les occidentaux ont gravement attenté aux intérêts vitaux de la Russie. Poutine devait donc réagir et il ne pouvait le faire par des demi-mesures. Même s’il n’a pas encore donné son feu vert officiel à une intervention que son parlement soutient, maîtrisant les risques à provoquer d’une manière trop brutale les USA, il ne fait aucun doute qu’il entend se faire respecter. S’il annonce vouloir conserver l’unité de l’Ukraine, refusant ainsi de céder à toute tentative d’annexion, on sent bien se profiler une Transnistrie II, un partage non officiel de l’Ukraine en deux parties, la seconde pouvant être limitée à la Crimée ou élargie à Donetsk et même Kharkiv.
Rappelons dans le cas de la Crimée que son rattachement à la république soviétique d’Ukraine en 1954 était purement arbitraire car ne tenant pas compte du caractère massivement russe de la population de cette presque-île. Lorsque l’URSS s’est effondrée, la nouvelle Ukraine a conservé les frontières dont elle disposait sous le régime précédent. C’était une erreur qui aujourd’hui est en train d’être réparée au forceps.
Des accusations d’extrémisme qui sonnent faux
Toute crise comme celle que vit l’Ukraine apporte son lot de discours extrémistes. Mais il serait trop facile d’opposer de bons russes à des néo-nazis, ou de bons patriotes ukrainiens à des communistes. Aux provocations extrémistes du « Pravyi Sektor » où s’affiche le portrait de Stepan Bandera, répondent les nostalgies néo-communistes, certains vieux membres de l’Armée Rouge allant jusqu’à monter la garde devant une statue de Lénine, pourtant responsable de la mort de nombreux ukrainiens… et russes. Ni le drapeau à croix gammée ni le drapeau soviétique ne devraient être brandis, ça n’a aucun sens.
En fait, les extrémistes sont l’alibi que chaque camp envoie à l’autre pour justifier l’un de son éloignement de la Russie, l’autre de son action militaire. L’antifascisme promu par certains russophones sonne faux. L’anticommunisme de certains ukrainiens sonne tout autant faux. C’est la preuve d’une immaturité politique profonde de certaines franges de la population, dans un pays pauvre, miné par la crise économique, et tiraillé entre deux tendances lourdes agissant comme deux centrifugeuses.
Une Europe absente, des USA trop présents
Dans cette équation, il ne faudrait pas non plus négliger le rôle détestable des Etats-Unis, qui récupèrent à leur profit cette crise ukrainienne pour continuer leur stratégie d’endiguement de la Russie, finissant par celle de l’anaconda, de l’étranglement pur et dur. A Washington, on s’interroge déjà sur des sanctions à prendre contre Moscou. Mais la Russie n’agit pas d’une manière différente de celle des USA qui interviennent lorsque leurs intérêts sont menacés sans se préoccuper de l’opinion internationale. On peut regretter que Moscou ait choisi cette voie et on aurait pu espérer une démarche plus rassurante. Mais la Russie s’adapte à ses interlocuteurs d’en face.
Or l’Union Européenne, une fois de plus, est incapable de répondre d’une seule voix, et se montre impuissante. C’est bien sûr le cas des pantins de Bruxelles, qui n’ont que le pouvoir que les gouvernements leur accordent, c'est-à-dire aucun, mais c’est surtout celui des dirigeants même des Etats. Hollande a eu un rôle totalement marginal, Cameron et Merkel ont été dépassés. Ils ont laissé leur « allié » américain mener la dance. On se souviendra du mot d’une responsable américaine disant en privé que l’Union Européenne pouvait « aller se faire foutre ».
Tant que l’Union Européenne ne sera pas capable de se doter à sa tête d’autres personnes qu’un Barroso aujourd’hui ou un Schulz demain, elle ne sera pas prise au sérieux et n’aura son mot à dire en rien. Elle assistera démunie, si ce n’est complice, aux actions des USA sur son sol ou à ses frontières.
Seul un européisme pur et dur pourra ramener la paix
Il n’y a qu’une seule position tenable dans ce conflit, une voix de la raison à faire entendre, c’est celle de la paix et de la réconciliation en Ukraine et entre Ukrainiens et Russes. Ce n’est de l’intérêt de personne que ce pays implose, créant des séquelles pouvant mettre des décennies à être digérées. Nous devons reconnaître à la fois la pleine légitimité du peuple ukrainien dans sa volonté de chasser du pouvoir un président corrompu et celle des russophones qui expriment une inquiétude non feinte quant à leur avenir dans l’Ukraine actuelle. Il aurait été nécessaire qu’ils soient rassurés et ménagés, associés de plein pied dans la reconstruction politique du pays.
Vouloir régler le problème ukrainien sans associer la Russie à cette démarche était non seulement illusoire mais relevait d’une faute d’analyse grave. C’est autour d’une table que les responsables du mouvement « Euromaïdan », des représentants sérieux de l’Union Européenne et des représentants de la Russie que l’avenir du pays devait se décider. Les inquiétudes russes devaient être écoutées et prises en compte. Le statut de la Crimée devait être garanti, tout comme celui de la langue russe.
L’absence d’Europe politique, l’inféodation des dirigeants des Etats européens de l’ouest ou des « dirigeants » de l’Union Européenne aux USA, tout cela est détestable. C’est malheureux de voir l’Europe, une fois de plus, manipulée et instrumentalisée afin de la maintenir divisée.
Si, comme je le pense, l’avenir de l’Europe se joue dans une convergence Union Européenne/Russie, jusqu’à la fusion qui transformerait notre continent en première puissance mondiale, alors cette division au cœur de l’Ukraine n’est pas acceptable. Et tout doit être fait pour y remédier dans les meilleurs délais et avec le moins de victimes possible. Il n’y a qu’une seule façon de décourager Poutine de mener une intervention armée, c’est de lui proposer une alternative acceptable pour lui comme pour les russophones. Mais surtout, il faut que ce soit les Européens ensemble, Russes et membres de l’UE, qui dialoguent, les USA devant être écartés de toute discussion et réduits à un rôle de spectateur extérieur.
Contrairement à ce que prétendent les souverainistes, la crise ukrainienne montre qu’une Europe divisée sera toujours une proie et l’instrument de sa propre destruction. Une démarche vraiment européiste, c’est de défendre tous les Européens, et donc de défendre et les positions ukrainiennes et les positions russes en même temps. On peut dire que cela demande un certain talent d’équilibriste, mais c’est la seule attitude responsable. C’est ainsi que nous pourrons garantir une paix sincère et durable, et ensuite une réconciliation dans l’honneur.
Si la Russie intervient en se limitant à des objectifs légitimes, la protection de la Crimée et des régions russophones, il faudra considérer cette action comme un mal, mais comme un mal nécessaire. Il faudra trouver les mots pour que cette situation temporaire trouve une résolution acceptable par tous.
Poutine a tendu la main depuis 2005 à l’Union Européenne, évoquant l’Europe « de l’Islande à l’Oural et par extension jusqu’au Pacifique ». Mais cette main, personne n’a pu et n’a su la saisir. Au contraire, la Russie a le sentiment, à tort ou à raison, que le reste de l’Europe est dans une situation de décadence bien plus avancée, qu’il est sous tutelle, et qu’il s’efforce de refouler la Russie en Asie. C’est notre faiblesse qui inquiète les Russes, non « nos » menaces pathétiques dictées par « nos » maîtres.
Face à une Europe politique unie, puissante, responsable, libre et souveraine, la Russie pourra dialoguer d’égal à égal, en toute franchise, et nous trouverons ensemble des solutions qui satisferont tous les citoyens de notre continent. Et l’Ukraine redeviendra un pont de l’amitié entre nous. Alors la Russie et le reste de l’Europe s’uniront pour forger le XXIème siècle européen, pour la paix et la prospérité, de Reykjavik à Moscou.
Je ne peux que souhaiter que les Ukrainiens et les Russes trouvent assez de ressources en eux pour sortir grandis de cette crise. Ils méritent mieux. Et je ne peux qu’inviter les dirigeants des autres pays européens à agir avec davantage de prudence à l’avenir, à respecter nos frères de l’est et à se libérer de chaînes « outre-atlantiques » de plus en plus insupportables. Malheureusement, je sais que ceux qui actuellement président à nos destinées n’en feront rien. C’est pourquoi il faudra les chasser du pouvoir, tout comme les Ukrainiens ont su chasser Yanoukovitch. Vive la Russie, vive l’Ukraine et vive l’Europe libre, bientôt libre !
Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)
Nota Bene: la troisième image est celle du drapeau de la Rus de Kiev, où on retrouve le rouge et or de la Macédoine antique et de la Rome républicaine.
23:20 Publié dans Analyses, Billets, Elections en Europe, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (62) | Tags : russie, ukraine, réconciliation, crimée, atlantisme, europe, thomas ferrier |
16/02/2014
Une votation suisse identitaire mais non europhobe
L’Union Démocratique du Centre, die Schweizerische Volkspartei (« Union du Peuple Suisse ») en allemand, un nom clairement plus significatif de l’orientation de ce mouvement dans cette langue, proposait au vote une « initiative populaire » de lutte contre « l’immigration de masse ». L’expression était relativement vague, regroupant sous un même vocable aussi bien l’immigration européenne que non-européenne. L’UDC a certainement dû choisir, pour des raisons de légalité, une terminologie relativement obscure afin de ne pas encourir le risque d’être accusé de discrimination, comme elle aurait pu l’être si elle avait ciblé par exemple « l’immigration extra-européenne ». Pour s’opposer à celle-ci, il fallait donc s’opposer aussi à l’immigration européenne.
Avec 50,3% des voix, d’extrême justesse donc, la proposition de l’UDC a été acceptée par les électeurs suisses, suscitant émotion et tollé au sein de l’Union Européenne, mais rappelant surtout à des gouvernements faisant promotion de « multiculturalisme », à l’instar du gouvernement Ayrault, l’impopularité d’une politique qu’ils imposent de fait à leurs concitoyens et sur laquelle ils se gardent bien de les interroger. Là encore, une oligarchie politico-médiatique s’arroge le monopole du bien et refuse au peuple le droit de s’exprimer sur une question cruciale. Elle refuse ce droit parce qu’elle connait déjà la réponse négative et ne veut surtout pas être contrainte d’en tenir compte. En ce sens, les Suisses ont voté pour tous les Européens.
Du fait de l’ambigüité de ce texte, les électeurs les plus concernés par l’immigration ne sont pas nécessairement ceux qui ont voté « oui ». Ce paradoxe en apparence s’explique. Dans les cantons francophones, de nombreux frontaliers français travaillent. Ils ne se distinguent pas nécessairement des citoyens suisses, ni par la langue, ni par le comportement. Les électeurs ont donc été sensibles à leur situation. Si la proposition UDC n’a obtenu que 39,1% de oui à Genève, 38,9% dans le canton de Vaud, 39,3% dans celui de Neuchâtel, et 48,3% dans celui du Valais, ce qui représente néanmoins une opinion importante, c’est pour cette raison. Ceux qui ont voté « oui » l’ont fait pour cibler l’immigration extra-européenne.
En revanche, à l’exception de Zürich, où le oui n’a obtenu que 47,3% des voix, les cantons germanophones, moins touchés par une immigration européenne, ont voté massivement en faveur de la proposition de l’UDC, seul parti pourtant à la défendre et ce contre tous les autres. Si la capitale fédérale Berne a donné un petit 51,1% des voix, le canton d’Appenzell a donné 63,5% au oui, celui d’Obwald 59 ,1%, celui de Thurgovie 57,8%, le canton emblématique de Schwyz 63,1%, et Uri 58,2%. Les Italophones du Tessin ont fait mieux, en donnant 68,2% au oui. On retrouve la division classique ouest/est, francophone/germanophone, avec un PSS fort dans le premier camp et une UDC/SVP forte dans le second. Cela rappelle aussi la situation belge opposant Wallonie et Flandre. On peut considérer que la « France » universaliste a un effet idéologique délétère sur les francophones voisins, à l’exception sans doute du Val d’Aoste.
Ce vote massif des cantons germanophones et italophobes traduit un rejet net de toute immigration, dans un environnement où le chômage progresse (7% dans le Tessin), et une manifestation identitaire de défense face à une évolution sociétale du continent européen, et notamment de sa partie occidentale, qui inquiète. Là encore, ce n’est pas spécialement l’immigration européenne qui pose question, à l’exception de quelques groupes nationaux ou religieux mal vus, que l’immigration moderne. Face à des pays qui confèrent leur nationalité à n’importe qui et de manière laxiste, les Suisses savent que l’ouverture aux Européens n’est pas l’ouverture qu’aux Européens et que Schengen, en l’absence de frontières européennes continentales, est une boîte de Pandore. Or la Suisse a des avantages géostratégiques qui lui permettent de limiter l’impact du mondialisme, même si elle est touchée comme les autres, et de bénéficier d’avantages avec l’Union Européenne dans le même temps. Certes, la Suisse est aussi menacée que les autres Européens face aux phénomènes contemporains, dénatalité criante et flux migratoires illégaux, mais elle a au moins quelques moyens de ralentir cette involution. Et quand on pose aux Suisses la question, ils répondent en ce sens.
Le vote suisse doit donc nous faire réfléchir sur le sens et la définition de la nationalité, des droits et devoirs qu’elle confère et qu’elle devrait être seule à conférer, sur l’immigration de travail en période de chômage et de crise économique, sur les principes fondateurs de la démocratie, trop souvent bafoués en France, mais respectés a minima en Suisse, et sur le fonctionnement et les buts de l’Union Européenne.
Si les Suisses sont nombreux à rejeter désormais toute perspective d’adhésion à l’Union, s’ils sont prêts à limiter l’immigration européenne pour limiter l’extra-européenne, c’est avant tout par la faute de l’Union elle-même, incapable de défendre vraiment les Européens en Europe. C’est parce que nous ferons évoluer l’Union Européenne dans un sens vraiment européen que demain la Suisse voudra en être, pour les mêmes raisons qui font qu’elle refuse aujourd’hui l’idée même d’adhésion. Si elle pense, et elle a raison de le penser, que l’Union Européenne ne les protège pas, et ne résoudra pas des questions que même la démocratie suisse ne parvient pas à résoudre, et elles sont nombreuses, elle préférera rester seule, même au risque d’être victime de sanctions économiques dont on doute que l’Union Européenne osera les mettre en œuvre.
Le vote suisse, que les media français veulent présenter comme un vote hostile aux travailleurs français en Suisse, ce qui est un mensonge, est bien, comme l’a expliqué le politologue Pascal Sciarini (Le Monde.fr du 09/02/2014), un vote identitaire, « contre l’immigration, pas contre l’Europe », et il faut le comprendre comme tel. Ne laissons pas ceux qui refusent que nous puissions nous exprimer à ce sujet l’interpréter autrement.
Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)
12:05 Publié dans Analyses, Anti-mythes, Elections en Europe | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : initiative populaire, immigration de masse, suisse, 9 février 2014, europe |
30/11/2013
Guillaume FAYE et la Russie
Thomas FERRIER: Guillaume, vous connaissez bien la Russie. Joue-t-elle à nouveau le rôle de rempart de l’Europe, mais contre elle-même, cette fois ? La Russie est-elle toutefois capable de survivre seule ou devrait-elle sagement rejoindre l’Europe unie, à partir du moment où cette dernière sera établie sur des bases solides et sur une idéologie saine ?
Guillaume FAYE: La Russie est probablement le pays encore le plus sain parmi les peuples européens. 70 ans de communisme n’ont pas détruit l’âme russe ni le bon sens russe. C’est normal : le communisme était superficiel parce que complètement erroné. Le communisme soviétique était une glaciation, un congélateur. En revanche, les Européens de l’Ouest ont vu leur âme laminée en profondeur par ce que vous savez. Le régime actuel russe de W.Poutine est présenté comme une dictature en Occident. C’est une plaisanterie. Quand je vais en Russie, je peux parler librement dans des conférences publiques, ce qui n’est pas du tout le cas en France. Le régime russe est diabolisé en Occident parce qu’il n’est pas politiquement correct, parce qu’il n’est pas ”de gauche”. Extraordinaire paradoxe puisque M. W.Poutine était un cadre communiste du soviétique KGB. M. Poutine parle de patriotisme, de renaissance de la Russie, de relance de la démographie ; il essaie de remettre son pays dans le club des grandes puissances ; il fustige la ”décadence” des mœurs en Occident . Et puis, quelle horreur : les Pussy Riots ont été condamnées à 2 ans de prison parce qu’elles ont profané le sanctuaire du Saint-Sauveur. Elles auraient fait la même chose à La Mecque ou dans n’importe quelle mosquée d’un pays arabe, leurs os blanchiraient actuellement dans une fosse commune.
Bref, il existe en Russie une force de renaissance. Mais les dirigeants occidentaux ne veulent rien savoir. La russophobie est à l’œuvre. C’est la nouvelle guerre froide, beaucoup plus grave et profonde, en fait, que la guerre froide contre le soviétisme, tigre de papier . La Russie est une menace parce qu’elle défend des valeurs anti-décadentistes, ethno-nationalistes, affirmatives, saines, naturelles, évidentes, où les mariages homosexuels sont interdits (péché "anti-droitdelhommiste"), et où les ONG financées par les USA sont taxées etc. Bref, la Russie choque et inquiète l’oligarchie et l’intelligentsia européenne, politique et culturelle.
Au cours de la présentation de quelques uns de mes essais traduits en russe par l’intermédiaire du Pr. Toulaev, j’ai pu discuter avec des académiciens et députés. Tous ont approuvé l’idée d’une alliance stratégique euro-russe mais tous se sont montrés sceptiques sur la fiabilité d’une Europe molle, décadente et se complaisant dans son jus tiède.
TF: Que pense le Russe moyen de l’état de l’Europe occidentale ? Craint-il que la Russie n’évolue dans le même sens ? En clair, les Russes se sentent-ils solidaires des autres Européens et prêts le jour venu à les aider ?
GF: Le Russe moyen, quand il débarque à Roissy et qu’il prend le RER vers la Gare de Nord pour arriver à Paris, il a l’impression de ne pas être en Europe. De même que moi, quand je me ballade quai de Sofia ou à Novy Arbat à Moscou, ou à Petrograd, je me sens beaucoup plus « chez moi » que dans beaucoup de quartiers de Paris, de Bruxelles ou de Londres. Mais effectivement, il y a une crainte diffuse que la Russie ne subisse le même sort, à terme.
Je vais même vous dire une chose qui va vous choquer ou vous faire réfléchir : un jour, une Ukrainienne (pas tellement russophile, car de l’ouest du pays) m’a avoué : « Je n’aimerais pas trop que mon pays fasse partie de l’Union européenne ».
– Ah bon, et pourquoi ?
– -Ben...à cause de l’immigration...on risque de se faire envahir.
Beaucoup de gens de l’Est pensent ainsi quand ils voient le spectacle des sociétés occidentales. Phénomène complètement ignoré de nos brillants sociologues en chambre froide. Globalement, les Russes (à part une intelligentsia moscovite snobinarde, pseudo-démocrate et issue –paradoxe –de la nomenclature soviétique) sont effrayés par la dégénérescence des sociétés de l’Europe de l’Ouest (les USA ne les intéressent pas). L’idée de ”venir nous aider un jour” pourrait flatter certains mais beaucoup pensent qu’il faut d’abord s’occuper de la Russie. Cependant, je vais vous raconter une brève histoire : à la suite d’un de mes cours à l’université de Saint Petersbourg, les étudiants m’ont offert une hache de combat varègue, en pierre noire du Caucase. « C’est un symbole, parce qu’il faudra combattre ensemble un jour », m’a dit celui qui me l’offrit. Intéressant.
TF: Que pensez-vous des idées eurasistes d’Alexandre Douguine ? Je vous précise y être radicalement hostile.
GF: Moi aussi. L’Eurasie est un concept géopoliquement négatif pour la Russie parce qu’il nie l’appartenance européenne des Russes et parce qu’il soumet la Russie à la polarité chinoise. N’oublions pas que l’objectif de la Chine, qui joue au jeu de go, est de mettre la main sur l’Etrême-Orient russe. Par des manœuvres économiques, mais aussi par l'immigration, la ”conquête par le bas”. Il faut opposer à la notion d’Eurasie celle d’Eurorussie. Douguine (qui a fréquenté la Nouvelle Droite française en touriste) a interprété l’anti-occidentalisme de manière primaire : nous sommes des Asiatiques ! Mais ses théories sont dangereuses parce qu’elles éloignent la Russie de ses vraies racines. Il y a, là encore, un anti-américanisme de béotiens. Douguine est à la géopolitique ce que son ami Alain de Benoist est à la philosophie politique : la conceptualisation creuse.
16:02 Publié dans Analyses, Guillaume Faye, Histoire | Lien permanent | Commentaires (58) | Tags : guillaume faye, russie, europe, eurorussie |
10/11/2013
Guillaume Faye: le Serment de Delphes
Guillaume FAYE: C’est une réalité absolue, qui a été mythifiée par la suite, et tant mieux. Pour en connaître l’histoire, je vous renvoie à l’article que j’ai écrit dans la revue des amis de Jean Mabire ainsi qu’à la collection de la revue Éléments. Au cours d’un voyage en Grèce, en 1979, Pierre Vial, alors Secrétaire général du GRECE, avait eu l’idée de faire prononcer un serment de fidélité au cœur même de l’Europe : le sanctuaire d’Apollon.
Il y avait là des Français, des Belges, des Grecs et des Italiens. Mais tous les autres Européens étaient présents en esprit.
22:01 Publié dans Guillaume Faye, Religion | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : guillaume, serment de delphes, paganisme, europe, identité |
29/10/2013
Guillaume Faye et l'Europe unie (4)
Guillaume Faye est le théoricien le plus représentatif de l'européisme identitaire, à savoir que l'Europe est sa patrie, et pas une simple construction politique ou économique. Auteur du Nouveau discours à la Nation Européenne (nouvelle édition en 1999), et de nombreux autres ouvrages dédiés à la défense de notre civilisation, son dernier étant Mon Programme, écrit pour enrichir le débat au moment des élections présidentielles de 2012. Il répond aux questions du blog LBTF.
LBTF: Bonjour Guillaume Faye. En 1999, vous ressortiez votre « Nouveau discours à la nation européenne », et en 2012 « Mon programme ». En 1999, vous affirmiez que « l’Union Européenne (…) est la mise en œuvre du projet d’union des cités grecques ». En 2012, dans le cadre de la campagne électorale, en revanche, vous déclarez ne plus défendre « la thèse des Etats-Unis d’Europe ». Qu’est-ce qui a changé, selon vous ?
Guillaume FAYE: Ce qui a changé, c'est l'histoire. L'idée d'union européenne a été dévoyée de l'intérieur. Mais ce n'est pas une raison pour l'abandonner. Quand vous aimez une femme et qu'elle vous trompe, ce n'est pas forcément une bonne raison pour cesser de l'aimer et de la détester. Pour l'instant, les États–Unis d'Europe doivent être mis entre parenthèses provisoires. Ce n'est pas néanmoins un argument pertinent pour être souverainiste. J'ai conscience qu'étant profondément machiavélien (au vrai sens du terme et non pas vulgaire), ma position peut poser problème.
LBTF: Dans « Mon programme », au chapitre sur la France et l’Europe, vous émettez des propositions que pourraient soutenir les souverainistes, avec un « conseil des gouvernements de l’Union », l’abolition du parlement européen, l’abrogation des accords de Schengen, même si vous prônez le maintien de l’€uro, avec exclusion des Etats surendettés, ce qui les amènerait objectivement à la ruine. Vous-êtes-vous converti au souverainisme ou est-ce simplement que, le cadre choisi par l’ouvrage, se plaçant dans une logique nationale, en lien avec les élections présidentielles, amène nécessairement à restaurer la « souveraineté nationale », en attendant une (éventuelle) souveraineté européenne ?
GF: La véritable Union européenne, de puissance, ne pourra se construire qu'autour d'institutions lisibles et simples. Nous sommes actuellement dans une situation ingérable, bureaucratique. Sans vrai fédérateur. L'essentiel est l'Idée Européenne qui, comme je l'ai répété est d'abord ethnique avant d'être économique, institutionnelle ou administrative. On a mis la charrue avant les boeufs. Le sentiment détermine les institutions et non l'inverse. Les Cités grecques ne se sont unies que face à un ennemi commun. En réalité, il faudrait la naissance d'un souverainisme européen. Mais il y a loin de la coupe à la bouche. L'idée européenne ne fonctionnera jamais tant qu'elle ne sera pas affectivement présente chez nos peuples. Ou alors, c'est du calcul de technocrates, sans aucune chance de réalisation. L'histoire a pour matière une certaine exaltation. L'Union européenne ne propose aucun idéal mobilisateur, pas plus – voire beaucoup moins, hélas – que les États qui la composent. Ce qui ne veut pas dire que j'abandonne mon idéal central de Nation Européenne (souveraine).
L'idée officielle actuelle d'Union européenne est l'inverse même de celle de Nation européenne. C'est contradictoire, mais c'est le jeu de la dialectique historique. Compliqué, n'est-ce pas ? Les institutions nouvelles que j'ai proposées dans ce livre procèdent du réalisme. Je me méfie de ce paradoxe qu'est le romantisme technocratique. Maintenant, je ne suis pas un gourou, j'ai une analyse variable. Qui peut prétendre avoir raison alors même que nous ne connaissons pas l'avenir et que nous voyons assez mal le présent ? La détermination de Thomas Ferrier pour des États-Unis d'Europe est une position qui doit être poursuivie, tentée. L'essentiel est l'unité de l'Europe, ethniquement, quelle que soit sa forme. Machiavel, suivant Aristote son maître, disait que seul compte le but. Les formes sont toujours assez secondaires.
LBTF: Même si le parlement européen n’a aucun pouvoir, il dispose d’une relative légitimité démocratique, en ce sens où des formations politiques marginales au sein de l’assemblée nationale, en raison d’un mode de scrutin majoritaire, peuvent y être représentées. En ce sens, à l’instar des Etats généraux en 1789, le parlement européen ne peut-il être l’antichambre d’une assemblée européenne constituante par auto-proclamation pour peu que des européistes authentiques y soient majoritaires ou en tout cas une forte minorité mobilisatrice (30% des députés par exemple) ? Une institution n’est-elle pas en mesure de s’émanciper et de prendre le pouvoir, malgré ses traités fondateurs ?
GF: Cette remarque est théoriquement vraie mais pratiquement problématique. Les institutions européennes ne sont pas démocratiques puisque la Commission viole en permanence les traités en passant du rôle d'exécution à celui d'ordonnancement. Le Parlement européen ressemble à une chambre d'enregistrement napoléonide. Bien sûr, une révolution serait possible. Le problème est que le Parlement européen n'est qu'une coquille vide. L'idée d'une assemblée européenne constituante et révolutionnaire ? Pourquoi pas ? Piste à suivre. Mais ce genre de situation ne sera possible que dans un contexte de crise très grave.
Il faudrait étudier sérieusement la possibilité juridique d'une révolte parlementaire européenne. L'idée est intéressante, on ne peut que la souhaiter même si l'on en doute. L'idée est brillante mais elle se heurte à la pesanteur d'une opinion publique matraquée et d'élites médiocres. Cela dit, en cas de crise très grave, une prise de conscience européenne globale est possible. Le recours au Parlement européen serait intéressant. Qui sait ? Dans les situations tragiques, l'ordre juridique et institutionnel connaît une distorsion bien connue des historiens. Voir à ce propos la remarquable biographie de Pompée par Éric Thessier (Perrin). Le Parlement européen pourrait-il devenir une instance révolutionnaire ? Dans l'histoire romaine (où le Sénat fut nul) comme dans d'autres, c'est un Princeps qui rétablit l'ordre de marche.
LBTF: En 1999, vous prôniez la subversion de l’Union Européenne et non la confrontation avec elle, « montons dans l’avion européen et jouons aux pirates de l’air, en montant en douce, puis braquons le pilote ». En 2012, vous évoquez l’idée que la France « fasse chanter » l’Union Européenne pour exiger d’elle une refonte totale.
GF: C'est vrai. Mais le problème, c'est que, tragiquement, l'avion européen n'a pas de réacteurs (contrairement à ce que j'avais cru) et ne peut même pas décoller. On ne s'amuse pas à braquer un avion au sol. En réalité, l'Union européenne est un être politique virtuel. Contrairement aux souverainistes français, je ne ne me réjouis pas de l'impuissance de l'UE. Celle de l'État français est la même. Le mal est global. Bien sûr, j'ai prôné une refonte totale de l'UE. Dans un sens machiavélien : reculer en apparence pour avancer en réalité. Il faut refonder complètement les institutions de l'UE, selon mes principes. Pour renforcer l'Europe.
LBTF: Demeurez-vous un européiste qui attend que la flamme de la foi en l’Europe se réveille ? Ou avez-vous abandonné l’espoir d’une révolution européenne, d’une république européenne ?
GF: Mon espoir est évidemment celui d'une nation européenne globale. Tout mon courant de pensée a toujours été celui du nationalisme européen, respectueux de tous les autres.
08:50 Publié dans Analyses, Entretiens, Guillaume Faye | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guillaume faye, thomas ferrier, nation européenne, europe |
27/10/2013
Guillaume Faye et le PSUNE (3)
Nous avons interrogé Guillaume Faye et sollicité son opinion concernant le projet européiste du PSUNE. Tel est son avis sur l'utilité de notre modeste mouvement.
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LBTF: L’Europe ? De l’Islande à la Russie, ou sans la Russie ? Avec le Caucase ou sans ? Avec la Turquie ?
Guillaume FAYE: La Grande Europe, c’est-à-dire l’idée impériale, doit évidemment inclure la Russie. J’avais nommé cela l’ « Eurosibérie ». Mais mes amis russes de l’association Athenaeum, notamment le Pr. Pavel Toulaev, proches de l’Académie des Sciences de Russie, a préféré le terme d’ « Eurorussie ». Bien préférable au terme « Eurasie ». Les mots comptent car ils sont l’interface entre l’esprit humain et les choses. Une union entre l’Europe péninsulaire, l’Europe centrale et la partie est-ouralienne de la Fédération de Russie (en gros UE-Russie), constituerait le plus grand ensemble ethno-économique de la Terre. La question centrale, c’est l’affectivité d’appartenance, qu’on nomme aussi « patriotisme ». Tant que les peuples apparentés de souche, de même origine globale ethno-culturelle, « de l’Ibérie à la Sibérie », de Dublin à Vladivostok ne se sentiront pas membres d’un même homeland, d'un même volk global, les choses seront difficiles. Et puis, dans l’histoire, il a été démontré qu’il faut aussi la conjonction d’une menace globale perçue et d’un égregor, un chef mobilisateur.
La fantastique « union de peuples apparentés » qu’est l’Union Européenne, après tant de guerres entre nous, ne pourra jamais être féconde dans la mollesse prosaïque de réglementations économiques. C’est vrai, on peut penser que l’UE est un début, position dialectique hégélienne défendue par certains mais on peut aussi estimer que c’est une impasse. C’est-à-dire une mauvaise voie pour un bon projet. Il est extrêmement difficile de conclure. L’idée européenne est un grand projet et comme tout grand projet, sa solution demande de pouvoir sortir du labyrinthe.
L’idée européenne est un chantier, un chantier très difficile. Même s’il est assez mal parti, on ne peut pas y échapper. Votre projet, au PSUNE, me semble en tout cas différent dans son orientation idéologique de celle de l’eurocratie actuelle, qui correspond d’ailleurs exactement à l’idéologie des gouvernements des États membres et qui ne s’impose nullement à ces derniers, contrairement à ce que prétendent les souverainistes. Dans mon essai Mon Programme (Éd. du Lore), je formule une critique acerbe des institutions de l’UE, qui ne doit pas du tout être prise comme un renoncement à l’idée européenne.
LBTF: Que pensez-vous du projet européiste révolutionnaire du PSUNE ? Et (facultativement) de son dirigeant ?
Guillaume FAYE: C’est une belle initiative. Elle est nécessaire parce que les grandes idées doivent nécessairement à leur début avoir un caractère impensable et irréalisable. De Gaulle en 1940 avait une position impensable mais qui s’est révélée gagnante. L’essentiel est de bien sentir la réalité et de soumettre l’idéologie à la praxis, ce que n’a pas fait Lénine, contrairement à ce qu’il avait écrit. La vraie révolution suppose une certaine froideur, une analyse rigoureuse des faits. Un pragmatisme. Mais en même temps une vision, un idéal à long terme. Le PSUNE me semble posséder ces caractères. Thomas Ferrier, son dirigeant, s’inscrit dans un profil humain à la fois idéaliste et réaliste, ce qui correspond aux deux jambes de la démarche politique. Le PSUNE, à côté d’une démarche politique, doit penser à faire un long travail métapolitique d’influence.
LBTF: Que pensez-vous de l’idée de « nationalité européenne » qui permettrait de refonder sur des bases juridiques une citoyenneté que les Etats ont dévoyée en la conférant à n’importe qui ? La tabula rasa, qu’implique la naissance d’une Europe-Nation vierge juridiquement ne permettrait-elle pas de rendre tout possible, nous libérant non seulement de traités internationaux contraignants mais aussi des constitutions des Etats, véritables machines à enfermer et à trahir le peuple ?
Guillaume FAYE: Cette solution est parfaite d’un point de vue théorique, mais il est long le chemin de la coupe aux lèvres. D’autre part, attention : c’est aujourd’hui Bruxelles qui défend une ouverture des frontières à l’immigration, avec l’accord des États membres qui pourraient le refuser, et ce, pour la fausse bonne raison de compenser le déficit démographique européen. Fausse bonne raison, car le Japon, qui est dans la même situation refuse l’immigration. Il n’en meurt pas, au contraire, cela l’incite à l’innovation . Comme je l’expose dans « Mon programme » (Éd. du Lore), il faut revoir de fond en comble le fonctionnement de l’Union européenne. L’idée est bonne, mais la forme ne l’est pas. Par exemple, la garde à vue simplifiée pour les clandestins exigée par la Commission européenne et les mesures pro-immigration exigées par la Cour européenne de justice sont catastrophiques pour l’Europe elle-même. En l’état actuel, un pouvoir français qui, par exemple, appliquerait en matière d’immigration, d’expulsions, de statut des étrangers, etc. quelques unes des mesures que je prône, serait obligé d’affronter les institutions européennes et de contrevenir aux règles juridiques de l’UE.
Dans l’absolu, une nationalité européenne différente d’une citoyenneté nationale-étatique, plus restrictive que cette dernière, et donnant droit à des statuts juridiques spécifiques, supposerait un processus de rupture révolutionnaire par rapport à la philosophie du droit de l’UE. Il y aurait « rupture d’égalité ». Car refuser la nationalité européenne aux citoyens non-européens d’origine des États-Nations ne s’inscrit pas dans les principes généraux du droit de l’actuelle UE. Je suis donc bien d’accord : il s’agirait d’un passage en force révolutionnaire. Abolissons l’édit de Caracalla !
16:42 Publié dans Analyses, Guillaume Faye, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (41) | Tags : guillaume faye, psune, thomas ferrier, europe, europe-nation, russie, union européenne |
Guillaume Faye et la gouvernance "française" (1)
Le politiste engagé Guillaume FAYE, partisan de l'Europe comme nation, comme le rappelle l'intitulé d'un de ses anciens ouvrages, "Nouveau discours à la nation européenne", a accepté notre invitation à évoquer sa conception du monde à partir des questions thématiques que nous lui avons posées. Chaque jour, Le Blog Thomas FERRIER publiera ses réponses. Vous pouvez également retrouver ses analyses sur son propre blog, www.gfaye.com . Je précise à toutes fins utiles que les propos de Guillaume Faye ne réflètent pas nécessairement les positions de notre blog.
Nous ouvrons le bal par le thème de la politique française et notamment de la présidence "Hollande".
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LBTF: Juste quelques mots sur ce que vous inspire l’actualité politique du moment : affaire Cahuzac, bilan de François Hollande, « mariage pour tous », baisse programmée des allocations familiales, taxation future et probable des Smartphones et plus généralement de tout appareil connecté, laxisme judiciaire, affaire du « mur des cons », affaire du RER de Grigny, émeutes à Trappes, Colombes, Stockholm, agression islamique d’un militaire à Londres, Paris, situation de guerre civile à Marseille, affaire Méric, affaire Vikernes, affaire syrienne (faut-il intervenir ou pas ? Intérêt ou pas pour l’Europe ?)…
Guillaume FAYE: Pour tous ces commentaires politiques, vous voyez mon blog, J’ai Tout Compris ou gfaye.com Le gouvernement socialiste mène sa politique catastrophique dans la plus parfaite inconscience. C’est l’idéologie qui dirige, mêlée aux calculs politiciens classiques, à l’improvisation, etc. L’affaire Cahuzac est très amusante et reflète les terrifiantes contradictions de la gauche et de ce pays : voilà donc un ministre chargé de taxer et d’assommer fiscalement ses concitoyens qui, lui-même, fraude le fisc qu’il estime (d’ailleurs à juste titre) confiscatoire et racketteur. C’est l’arroseur arrosé, le gendarme-voleur. L’État le savait et l’a protégé en vain. La commission parlementaire d’enquête, entièrement truquée par le PS, a essayé de limiter les dégâts.
Mariage pour tous ? Ça fait plus de dix ans que j’avais dit que ça arriverait inéluctablement. C’est un symptôme, il faut s’attaquer aux causes. Sur l’insécurité et la criminalité (dues au mélange détonnant d’immigration incontrôlée et de laxisme judiciaire) nous allons monter vers des niveaux stratosphériques. Comme je l’ai souvent dit, nous nous dirigeons (pas seulement en France) vers soit une rupture, aux conséquences révolutionnaires, soit une mort tiède (Warmtod, concept éthologique lorenzien) , un effondrement mou. Il ne faut pas exclure , sous des formes imprévisibles, la révolte populaire massive des Européens de souche. Un phénomène viral, épidémique, transpolitique, qui ne toucherait pas que la France mais pourra se répandre comme une nuée ardente, au ras du sol, dans l’Union européenne. L’Histoire est ouverte, l’avenir est détectable mais non pas prévisible, l’impensable peut se produire. Mais l’Histoire, quand elle déchaine ses vagues, « n’épargne pas le sang », comme disait Jules César.
LBTF: En règle générale, comment voyez-vous le fonctionnement de l’actuelle présidence ?
Guillaume FAYE: François Hollande n’est pas à la hauteur d’un chef d’État, encore moins que ses prédécesseurs. Le dernier homme à la hauteur fut Pompidou. Pourquoi cette situation ? La cause est sociologique. Les élites, les vraies, se détournent de la carrière politique. Elles se destinent à la carrière économique (y compris à l’étranger). Les élus, le personnel des cabinets ministériels, les ministres sont d’un niveau plutôt en dessous de la moyenne requise par la fonction. Le plus étonnant, c’est au gouvernement, dont les membres (surtout les femmes) sont nommées au regard de critères (y compris la ”diversité”) qui n’ont rien à voir avec la compétence. Mme Duflot, Mme Taubira, Mme Touraine, Mme Filipetti, Mme Belkacem etc. sont des militantes, des idéologues, mais toutes atteintes par le principe de Peter : dépassement du niveau de compétence (c’était la même chose avec Rama Yade, un vrai gag ambulant). Ce n’est pas nouveau : un Kouchner aux Affaires étrangères était aussi inapte qu’un Douste-Blazy ou aujourd’hui que le prétentieux Fabius (rien à voir avec Hubert Védrine). Bref, pas de pros ou trop peu. La sphère politicienne souffre globalement d’un manque de niveau. Autant que d’une absence de vision, d’intuition et de bon sens.
Second élément, très grave aussi : la pollution de la classe politique, droite et gauche, par les briques idéologiques de la vulgate mortifère que nous connaissons bien., notamment sur la question de la préservation de l’identité ethnique européenne. En rupture avec les sentiments intuitifs d’un peuple de souche, invisible et sans droit à la parole.
LBTF: Par son côté « inamovible », par l’autisme dont semble faire preuve le Président de la République vis-à-vis d’un mécontentement croissant, illustré par une côte de popularité au plus bas, ne peut-on pas y voir là une certaine dérive monarchique, spécifique à la France, a contrario par exemple des Etats-Unis, où il existe, gravé dans le marbre constitutionnel et juridique, une procédure pouvant destituer le Président de ses fonctions (impeachment).
Guillaume FAYE: Le problème n’est pas tant constitutionnel que relevant du ”peuple français” lui-même, qui est très pusillanime. On mérite ceux qu’on élit. La France est une république monarchique, la Grande Bretagne, une monarchie républicaine. Cela dit, deux rois de France sur trois n’étaient pas à la hauteur, pas plus qu’un Princeps Augustus romain ( on traduit faussement pas ”Empereur”) sur deux. Le problème réside plus dans la solidité de la société civile et de la congruence du corps social autour de la Nation. Aux USA, la destitution est exceptionnelle. En France, elle est remplacée par la cohabitation : le Chef de l’État, le PR, rendu impuissant par une majorité parlementaire hostile. Si, après l’élection de M. Hollande, l’électorat avait élu une majorité non-socialiste au Palais Bourbon, M. Hollande n’aurait pas pu appliquer son programme. Il aurait passé ses journées à l’Élysée, à tourner en rond.
Guillaume FAYE: Les réponses à ces questions sont largement exprimées dans mon blog J’ai Tout Compris. Le FN recueille des voix non-politiques, protestataires. Sa critique des actuelles institutions européennes est exacte, mais la vision de l’Europe qu’il en tire est erronée. D’ailleurs, (contradiction) le FN a prospéré sur les élections européennes tout en étant anti-européiste. Passons. Le vote FN est essentiellement motivé par les problèmes d’immigration massive, d’islamisation et d’insécurité, toutes choses liées. Les positions du FN sur l’économie et le social sont erratiques et irréalistes. Le FN occupe une position symbolique dans la dramaturgie politique française mais pas encore gouvernementale. Il y a une forme de jacquerie dans le vote FN.
Concernant la question européenne, le FN rejette en bloc l’UE et l’Euro, parfois pour de bonnes raisons critiques. Cependant, les solutions du FN sont techniquement inappropriées. Sortir de l’€uro, c’est 40% d’inflation pour le Franc de retour et la fonte des neiges pour toutes les épargnes. La cata. Il vaut mieux modifier la structure du navire Europe en construction que de le couler. Encore une fois, l’idée européenne est la bonne mais les institutions européennes doivent être corrigées, comme l’idéologie qui les anime. La question centrale est d’ailleurs l’idéologie : une France souverainiste sans UE avec l’idéologie actuelle, il n’y aurait aucune différence. Le poison, ce n’est pas l’UE ou Bruxelles, c’est la mentalité générale qui nous corrompt. Elle est présente au cœur de toutes les élites de chacun de nos pays. Le problème, ce n’est pas l’UE, pas Bruxelles, pas le souverainisme, c’est l’idéologie dominante : le renoncement à l’identité ethnique et culturelle. L’ennemi, ce n’est pas l’ « Europe », c’est une pathologie mentale. Et, si une révolution surgit, une révolte, elle ne pourra être qu’européenne, c’est à dire épidémique – avec la Russie en arrière cour, derrière le décor.
Concernant Aymeric Chauprade et sa remarque que vous citez, je dirais que le problème migratoire a atteint un point de non-retour en Europe. Exactement comme un processus thérapeutique qui doit passer des médicaments à l’intervention chirurgicale. Pour résoudre ce problème, il faudra instaurer des protocoles douloureux. Inverser la tendance, repasser le film à l’envers, effectivement, C’est un processus révolutionnaire, qui relèvera d’une polémologie lourde. Je n’en dirai pas plus.
13:30 Publié dans Analyses, Entretiens, Guillaume Faye | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guillaume faye, politique française, europe, françois hollande, front national |
13/10/2013
Diaboliser ou dédiaboliser le FN ? PS vs UMP 2.0
De Libération accusant le FN d’être « 100% extrême-droite » et Marine Le Pen d’être une faf (« fasciste ») à des élus socialistes partis en croisade contre ce parti (Désir, Carlotti qualifiant le FN de « fasciste », Mandon évoquant « un parti national-fasciste » donc mussolinien, Assouline… etc), la « gauche » a décidé d’axer son plan de communication dans sa lutte contre un « fascisme » imaginaire, dans un anti-fascisme de bazar, une attitude que Lionel Jospin avait fustigée il y a quelques années, révélant qu’il n’avait jamais été autre chose qu’une stratégie.
Le FN avait survécu aux années 70 en restant un groupuscule alliant néo-fascistes et nationaux conservateurs. Avec François Mitterrand aux affaires, ex-volontaire national du mouvement du colonel de La Rocque, et qui avait défilé dans les années 30 contre « l’invasion métèque » aux côtés de camelots du roi, le FN allait se voir propulser en haut des écrans. Pour le président « socialiste », qui connaissait bien l’extrême-droite, et connaissait parfaitement aussi sa profonde médiocrité, il s’agissait de conserver le pouvoir en divisant la droite. Il ne s’agissait pas de favoriser un PFN ou une « nouvelle droite » prêts à s’allier avec armes et bagages avec la droite classique, mais de mettre en avant un provocateur né du nom de Jean-Marie Le Pen.
Et pour que ce Front National ne puisse pas être tenté de jouer la carte d’une « droite plurielle », Mitterrand a aussi inventé SOS-Racisme, officine du PS chargée de mettre en plan la fameuse diabolisation, face à laquelle la droite, RPR comme UMP, se retrouvera démunie, de peur d’assumer un discours plus ferme. Sans le talent rhétorique de Le Pen, malgré tout, et de ses lieutenants, le FN n’aurait été qu’un feu de paille. Avec les 11% obtenus aux élections européennes de 1984, puis le gain d’une trentaine de sièges de députés en 1986, grâce à l’introduction du scrutin proportionnel sous Mitterrand, le FN s’installe durablement dans le paysage politique national.
En 1987, le dérapage de Le Pen concernant le fameux « détail » donne un formidable élan à l’opération de diabolisation, qui n’avait pas encore pris corps. Désormais, Le Pen est devenu un paria au sein de la vie politique. Mais il commence vite à découvrir les avantages de la diabolisation, qui lui permet d’incarner un vote anti-système. Il n’y a pas que des désavantages à jouer le rôle du diable, d’autant plus qu’il est désormais convaincu que le « détail » va définitivement contrarier le destin national qu’il imaginait pouvoir jouer. Pour le PS, la diabolisation permet non seulement d’empêcher toute alliance droite/FN mais aussi d’accuser la droite de « faire le jeu du FN », alors même qu’elle tente de donner tous les gages possibles pour s’en distancer.
A la fin des années 80, la droite pense avoir trouvé la parade, en durcissant le ton sur la question migratoire. Chirac et « le bruit et les odeurs », Giscard dénonçant en 1991 l’immigration-invasion et prônant le droit du sang, vont tenter d’affaiblir ce FN si infréquentable. Pour que cette stratégie fonctionne, ce qui ne sera le cas qu’un bref instant pendant la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, il faut des actes et non des paroles. Or les actes ne viendront pas. Au contraire, la droite se place toujours à la remorque de la « gauche » et ne revient jamais sur les décisions politiques prises par ses adversaires lorsqu’ils ont été au pouvoir. Tétanisés par une peur qui les paralyse, la peur d’être associée à « la bête », le RPR, l’UDF puis l’UMP n’ont jamais su mettre en œuvre une politique qui puisse faire reculer son adversaire à sa droite. Au contraire, le centre-droit à la Chirac et à la Juppé, fort peu éloigné sur les questions sociétales de la « gauche », a tout fait pour établir un cordon sanitaire entre lui et le FN. Et aujourd’hui encore Fillon est vigoureusement critiqué pour avoir laissé entendre pouvoir préférer un candidat FN à un candidat PS, alors que Copé a rappelé la règle du jeu, le refus de toute alliance sous aucun prétexte avec le FN, et l’exclusion de tout candidat ou militant qui enverrait un signal politique en ce sens.
Le plan ourdi par Mitterrand a fonctionné mieux qu’il ne pouvait l’imaginer puisque, même s’il est mort depuis dix-sept ans, sa stratégie lui a survécu au point d’être réactivée par un François Hollande au plus bas des sondages. Car la campagne médiatique que mène le PS contre le FN ne doit pas nous tromper. Elle permet de faire monter le FN qui se pose en victime d’attaques injustes, Marine Le Pen faisant son possible pour épurer son parti de tous les nationalistes, offrant sa tribune à des anciens du PS, de l’UMP ou du MoDem propulsés candidats à peine leur adhésion validée. Lorsqu’un sondage annonce un FN à 24% aux élections européennes, ce qui ne doit pas surprendre vu l’état du pays depuis l’élection d’Hollande, on devine un jeu dangereux mené par le PS. On devine qu’Hollande, pour être réélu en 2017, doit par tous les moyens éviter une candidature Sarkozy et surtout faire monter une Marine Le Pen, afin que cette dernière se retrouve au second tour face à lui et lui assure ainsi une réélection dans un fauteuil, au prix de faire imploser la droite classique et d’offrir à « Marine » un bon 40%.
De fait, une alliance objective a eu lieu entre le PS et le FN, même s’ils s’affrontent durement sur un plan médiatique. Mais en 2012, les dirigeants du FN ont appelé en interne au vote Hollande. Et la campagne médiatique contre eux sert remarquablement leurs intérêts, faisant de Marine Le Pen l’opposante en chef au gouvernement, alors que la droite classique est meurtrie par des querelles d’ego et par une totale incohérence stratégique. Fillon prône dans son programme le rétablissement du droit du sang alors que dans le même temps il dénonce à Valeurs Actuelles une campagne trop droitière de Sarkozy en 2012. Copé évoque un enfant à qui on aurait volé un pain au chocolat pendant le ramadan, pour ensuite expliquer à quel point les idées du FN le répugnent. Les électeurs de l’UMP, dont une majorité est favorable à des alliances locales avec le FN, n’y comprennent plus rien.
Si le PS a inventé la diabolisation du FN pour nuire gravement à la droite, cette dernière aurait dû contre-attaquer par une politique de dédiabolisation, traitant le FN comme n’importe quel autre parti de droite et en se calquant sur l’attitude du PS vis-à-vis du Front de Gauche. Le problème c’est que l’UMP imagine avoir besoin des centristes, par exemple ceux de l’UDI, pour gagner les élections, et craint donc de les perdre en marquant le curseur trop à droite, et sait aussi avoir besoin d’un bon report des électeurs du FN au second tour. Cette position instable, qui oblige les leaders de l’UMP à adopter des attitudes contradictoires, est vouée à l’échec. Patrick Buisson avait bien compris quelle stratégie il était nécessaire d’adopter, ce qu’a fait Nicolas Sarkozy avec succès en 2007. Il n’y en a pas d’autre.
Si Nicolas Sarkozy a perdu les élections en 2012, c’est entre autres choses parce qu’il n’a pas su maintenir de manière déterminée cette ligne, s’affublant comme directrice de campagne de la centriste Kosciuszko-Morizet, au discours très conformiste. Lorsqu’il a compris qu’il était nécessaire à nouveau de durcir le ton, il était trop tard, surtout que la déception des électeurs avait été à la hauteur de l’espoir que Sarkozy avait suscité en 2007. Sa crédibilité sur les questions « identitaires » était émoussée. Sarkozy avait réussi à faire quasiment disparaître le FN de la scène politique nationale, tombant même à 4,3% des voix aux législatives de 2007, mais son incapacité à mener la politique qu’il avait promise, ses compromissions avec la « gauche » bobo, préférant choisir ses ministres chez ses adversaires que dans son propre camp, son ralliement objectif à l’idéologie mondialiste et à son arrogance financière, l’ont amené au désastre. Le FN, après être tombé de la roche tarpéienne, a réussi à remonter le capitole et désormais pourrait être devenu le premier parti du pays.
Sarkozy aura été le fossoyeur de la droite nationale mais aussi celui qui aura permis sa résurrection, comme si l’UMP avait été le bûcher d’où a pu renaître ce sombre phénix. Mais la leçon n’a pas été apprise par ceux qui s’envisagent comme ses successeurs, Fillon en tête.
Pour parer les coups de la « gauche », qui accuse l’UMP de collusions avec le FN, la droite devrait s’affirmer et prôner officiellement la fin de la diabolisation et l’ouverture à droite. Il convient de traiter le FN comme un parti comme les autres, ce qui ne signifie pas le ménager sur ses propositions les plus mauvaises, comme son rejet de la construction européenne et de l’€uro, mais être prêt au cas par cas à des alliances avec lui. En faisant tomber le mur entre les deux formations, la stratégie de la « gauche » sera vaincue et la droite pourra envisager un avenir. Dans le même temps, les électeurs seront contraints de voir le FN tel qu’il est et non pas tel que ses adversaires et les media le présentent. Le capital de sympathie dont jouit ce parti parce que les Français l’imaginent autrement qu’il n’est en vérité s’effondrera.
Il ne faut pas oublier que, contrairement à ce qu’affirme le PS, qui accuse le chômage et la précarité d’être la cause du vote FN, la raison principale et quasi unique pour laquelle de plus en plus de Français votent FN est la question de l’immigration extra-européenne et de l’insécurité qu’elle génère. Or, sur ces questions qui bâtissent son socle électoral, le FN de « Marine » est en train de virer sa cutille et au nom d’une vision universelle de la France, associée à un nationalisme europhobe, renoncer à son opposition à cette immigration là. Le FN accepte de fait l’idéologie de la diversité qu’il a prétendu fustiger depuis de nombreuses années, mais les électeurs ne s’en rendent pas compte puisque la « gauche » et les media affirment que le FN est un parti raciste.
En faisant sauter le verrou de la diabolisation, les électeurs du FN verront que « leur » parti est comme les autres, qu’il n’est qu’une variante de chevènementisme, et que la solution ne s’y trouve pas. Et même s’ils ne se tournent pas vers la droite classique, qui n’est pas plus lucide que le FN sur cette question essentielle qui tourmente les électeurs, ils pourront contribuer à l’émergence d’une véritable alternative politique au système en place.
Dédiaboliser le FN, c’est redonner à la démocratie toute sa place, en condamnant les anathèmes et en arrêtant de persécuter toute personne qui à un moment ou à un autre croit trouver dans le FN une solution à nos problèmes. Les réactions suite aux propos d’Alain Delon ou de Jean Roucas sont scandaleuses. Un citoyen doit avoir le droit de choisir librement quel parti il veut soutenir, sans être inquiété dans sa vie professionnelle comme dans sa vie personnelle. Ces réactions indignes que relaie la presse à chaque ralliement font d’ailleurs le jeu du FN.
Lorsque le FN aura été traité comme les autres partis, lorsqu’affirmer son soutien à ce parti n’aura aucune conséquence, il apparaîtra sous son vrai jour. Non pas comme un parti d’extrême-droite. Mais pas plus comme une alternative au fameux « UMPS ». Il apparaîtra comme un parti qui n’a pas compris les causes de l’effondrement de notre civilisation et en conséquence n’y apporte pas les bonnes solutions. C’est parce que le FN a l’image d’un parti « pas comme les autres » qu’il devient populaire. Si le FN apparaît comme le parti du système qu’il est, une fois l’image de radicalité qui lui est associée par les media évaporée, il s’effondrera car la dédiabolisation aboutie, que souhaite pourtant Marine Le Pen, c’est la mort du FN.
14:06 Publié dans Analyses, Elections en Europe, Histoire | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : front national, diabolisation, dédiabolisation, ump, démocratie, europe |
07/10/2013
Il faut une alternative au Front national !
Dans la première moitié de l’émission, consacrée aux affaires mondiales et la sécurité, Marine Le Pen, sans pour autant montrer une quelconque finesse d’analyse, a tenu tête à des journalistes enfermés dans des stéréotypes éculés, juste capables de lui envoyer des remarques caricaturales, pour renforcer finalement son emprise sur le débat.
Dans la seconde moitié, les mêmes journalistes, rouges de colère, n’ont cessé de l’interrompre, posant question sur question dans un total désordre, sans parvenir à la déstabiliser vraiment, lui rendant service au contraire. Dans cette partie, consacrée notamment à l’Europe, on aurait pu penser le terrain défavorable à l’invitée. Or ses opposants n’ont rien réussi contre elle.
Cette émission, après bien d’autres, a fait apparaître une évidence. Désormais, en France, face au Front national de Marine Le Pen, il n’y a plus de pensée politique. Cela fait un moment qu’on s’en doutait, vu que les partis dits de gouvernement étaient incapables de se définir autrement que par rapport au Front. Le PS ne sait rien proposer d’autre que de lutter contre lui --- alors qu’il en assure la promotion par ses paroles et ses actes. L’UMP, au dire de certains de ses dirigeants, aurait comme ligne fondatrice la barrière qu’il défend et qui le sépare dudit parti.
Déjà on a souvent dit que le Front national aurait le monopole du réel. Il serait le seul à oser parler ouvertement de la situation explosive dans les banlieues, de l’exécution très relative de peines pourtant réduites au minimum, de l’absence de respect de la laïcité et de quelques autres anomalies qui montrent le décalage entre la réalité et le discours officiel.
Il faut désormais ajouter que, dans une classe politique médiocre, le Front national de Marine Le Pen se verrait, paradoxalement, concéder une sorte de monopole de la cohérence. C’est, de fait, l’incohérence de ses adversaires que l’auditeur pouvait constater lors de l’émission dons nous parlons.
L’incohérence en politique extérieure.
A propos de l’attentat à Nairobi, Marine Le Pen n’a eu aucune peine à expliquer que nous déplorons ici l’action de ceux que nous avons soutenu ailleurs. Alors que nous combattons les terroristes islamistes au Mali, nous les avons aidés en Libye et nous ne cessons de les aider en Syrie, avec les conséquences que l’on peut craindre en retour sur notre territoire. Elle a expliqué notre aide aux « rebelles » syriens par l’allégeance au Qatar, dont la France serait devenue la « catin » par le choix de ses dirigeants. Elle aurait pu ajouter que notre position au Mali, certes plus cohérente avec nos intérêts, n’était guère plus glorieuse, puisque dictée par une vision colonialiste, qu’on désigne sous le néologisme de Françafrique ; elle ne l’a pas fait parce qu’elle partage, hélas, cette vision. Heureusement pour elle, ses contradicteurs n’ont rien relevé, puisqu’ils la partagent aussi, comme la classe politique dirigeante.
L’incohérence en matière sécuritaire.
Sur le terrain de la sécurité, abordé à propos de la montée de la criminalité de sang à Marseille, Marine Le Pen n’a eu aucune peine non plus à dénoncer le double langage des dirigeants, fermes dans leurs allocutions, certains élus allant jusqu’à appeler l’armée, mais timorés sur le terrain, interdisant à la police d’exercer son métier. En effet si l’on a peur que des délinquants poursuivis se réfugient dans un transformateur ou s’aventurent sur la voie ferrée, que leur scooter conduit à sa limite vienne buter un véhicule, si l’on a peur qu’une intrusion policière dans certains quartiers suscite des révoltes, si l’on ne veut en aucun cas construire des prisons, alors il faut interdire à la police d’agir et à la justice de sévir. Cependant Marine n’a pas été très claire sur ce que devraient assumer des dirigeants qui renonceraient au laxisme. Bien sûr, ses contradicteurs ne pouvaient la mettre en défaut là-dessus puisqu’ils nient en bloc tous les problèmes.
L’incohérence en matière européenne.
On s’attendait surtout à voir Marine Le Pen en difficulté sur les chapitres de l’économie et de l’Europe. Or il n’en a rien été non plus. Il est vrai qu’elle a su modérer un peu son discours, se contentant de présenter quatre exigences qu’elle voudrait négocier, notamment, avec Angela Merkel :
- la possibilité, pour la France, de recourir à un protectionnisme intelligent,
- le retour aux frontières nationales pour contrôler les entrées des personnes,
- la priorité des lois nationales,
- le patriotisme économique, avec notamment la restriction des marchés publics.
Evidemment personne n’a demandé à Marine Le Pen si elle serait favorable à une union un peu protectionniste, à un contrôle sans faiblesse des frontières européennes par une police européenne, à un parlement européen votant les lois et représentant démocratiquement les citoyens de l’union, à un patriotisme économique européen. Dans ces conditions, que peut-on lui reprocher ?
Et alors ?
Compte tenu de ce qui vient d’être dit, on pourrait s’attendre à une déferlante "Front national" lors des prochaines élections. Elle n’aura pas lieu parce que la propagande relayée par les médias est toujours très puissante. Etant donnée la médiocrité des autres, l’électeur ne pourrait logiquement que voter pour ce parti, mais on saura l’en dissuader.
En tout cas, si le Front national venait à gagner une élection majeure, ce ne serait pas un scandale en soi. Ce serait un fait de démocratie banal, un acte républicain comme beaucoup d’autres. Etant donné ce que sont ses adversaires, le dit parti l’aurait simplement mérité.
Une erreur d’analyse sur la politique française.
Marine Le Pen ne parle que de l’UMPS, renvoyant dos-à-dos les deux grands partis de gouvernement. Elle n’a pas tort sur tout. Dans bien des cas, l’UMP est tétanisée par le discours de la « gauche » et les mêmes consignes proviennent des mêmes loges. Mais elle n’a pas raison non plus.
Son attitude a deux explications toutes simples. D’un côté, c’est au PS de François Mitterrand que le FN doit son démarrage électoral. De l’autre, l’UMP, comme avec Nicolas Sarkozy, chasse souvent sur ses propres terres et lui dispute les électeurs. Pour toutes ces raisons, en 2012, le FN a favorisé l’élection de François Hollande.
Une erreur majeure d’analyse sur l’Europe.
Dans l’émission dont nous parlons, Marine Le Pen a été relativement discrète sur l’Europe. Elle n’a pas été agressive envers Angela Merkel. Il reste que son europhobie est structurante dans sa pensée : c’est l’Europe qui nous interdit ceci, l’Europe qui nous interdit cela.
Or, n’en déplaise à notre invitée, la faute de l’Europe est qu’il n’y a pas d’Europe. Ou bien elle est aux abonnés absents ou elle se contente de renvoyer le discours de dirigeants nationaux qui n’osent pas s’exprimer à titre personnel et assumer leurs choix.
Prenons un exemple qui a servi à Marine Le Pen, celui de l’intervention en Libye. A ceux qui l’accusaient de cautionner les massacres programmés par Kaddhafi sur la population de Benghazi, elle a opposé une remarque très pertinente : accusez vous l’Allemagne, qui n’a rien fait, de complicité dans ces massacres, accusez-vous l’Italie, accusez-vous l’Espagne ? Y a-t-il meilleure démonstration du fait que la position française ne doit rien à l’Europe ? Que si Europe il y avait eu, la France n’aurait peut-être pas pu aider les islamistes ? C’est la même chose avec la Syrie. D’ailleurs, dans les deux cas, les Etats-Unis sont plus modérés que la France. Dans le second, David Cameron a eu le mérite de s’en remettre à la représentation populaire. Nos voisins, comme l’Union, ne sont pas responsables de nos errements.
Des propositions inadaptées.
Nous n’allons pas expliquer en détail pourquoi la solution aux difficultés justement relevées par Marine Le Pen ne peut pas se trouver à l’échelle de la France alors qu’en revanche elle est tout à fait imaginable à l’échelle de l’Europe, pour peu qu’on le veuille bien, évidemment. Notre cadre national est trop petit ; nous ne faisons pas le poids, même avec la meilleure volonté du monde ; nous ne pouvons pas agir sur les règles du jeu, celles qui nous écrasent.
En réalité, seul le programme du PSUNE apporte les réponses adaptées aux problèmes mortifères qui menacent le continent tout entier.
00:25 Publié dans Analyses, Elections en Europe, Institutions européennes, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : fn, impasse, europe, solution, psune |
01/09/2013
Le PSUNE, parti des Européens, mouvement pour l’Europe Nation
L’ère des nations (1815-1945), débutant avec l’effondrement de l’empire napoléonien et finissant dans les ruines de Berlin, a emmené l’Europe au bord du précipice, détournant son génie créateur vers la volonté de détruire son voisin, alors même que dans le domaine de l’industrie, elle rayonnait, et qu’elle imposait sa volonté au monde entier, dans un phénomène de colonisation dont nous allions payer par la suite le prix des décennies après l’indépendance de ces pays auparavant sous tutelle.
Pourtant, les pères fondateurs de l’actuelle Union Européenne (Schuman, Monnet, De Gasperi, Adenauer, Spaak… etc) ont échoué à construire l’Europe unie dont ils se voulaient les promoteurs. Face au refus de toute Europe fédérale par un Etat français empêtré dans des guerres coloniales et craignant davantage un sursaut allemand qu’une vassalisation américaine, l’Europe politique a été abandonnée en chemin dès 1954, au profit d’une Europe exclusivement économique.
Pris en étau entre des Etats prêts à mettre en commun des politiques économiques libérales que tous les dirigeants partageaient, mais refusant toute concession concernant leur souveraineté politique, et une opinion publique désinformée par des media restés « nationaux », la construction européenne n’a pas avancé.
En un demi-siècle, l’Europe politique est toujours aussi absente alors même qu’elle n’a jamais été aussi nécessaire. La CEE puis l’UE n’ont pas été en mesure d’émanciper l’Europe du joug américain, alors même que le bloc soviétique, seule justification de l’existence de l’OTAN, s’était effondré. La monnaie unique (€uro) est certes monnaie « nationale » de 17 états du continent, mais elle ne bénéficie d’aucun pilotage démocratique et d’aucun appui, car l’Europe politique est inexistante, limitée à un parlement européen sans pouvoir où les partis « nationaux » remisent leurs politiciens en fin de carrière afin de leur offrir un revenu complémentaire, des parlementaires élus certes démocratiquement mais dans le cadre des (anciens) Etats.
Alors que les Etats n’ont jamais cessé d’être souverains, ils ont laissé croire que l’Union Européenne actuelle était responsable de politiques qu’ils souhaitaient mais savaient impopulaires. Nain politique, l’UE est pourtant accusée d’être une sorte de dictateur non élu imposant sa volonté à des peuples privés de parole. Or, c’est l’Etat « national », dirigé par une oligarchie politico-économico-médiatique, à l’idéologie ouvertement mondialiste, qui est le principal responsable et coupable de l’avilissement de notre civilisation.
L’Europe est en effet, prise dans sa globalité aussi bien qu’analysée au niveau de chaque état, dans une situation de déclin qui pourrait paraître irréversible aux yeux d’une classe politique dévoyée et corrompue, veule et se soumettant au plus offrant. Déclin démographique avec un taux de natalité européen extrêmement bas, et qui plus est surévalué par la prise en compte de la démographie des populations issues de l’immigration post-coloniale installées sur notre continent, sans consultation démocratique des Européens. Déclin économique, avec une production qui s’exile de plus en plus dans les pays à l’économie émergente et au faible coût de main d’œuvre, et alors que ses meilleurs chercheurs s’en vont aux USA. Déclin moral, avec la promotion de modes de vie incompatibles avec une civilisation cherchant à se relever, avec une corruption endémique et une insécurité chronique, essentiellement due à l’échec d’un modèle multiculturel utopique que nos dirigeants veulent imposer contre tout bon sens. Déclin militaire, avec une armée française et une armée britannique en hiver budgétaire, et une armée russe disposant d’un matériel vieilli.
Face à ces maux qui s’accumulent, menaçant à terme la civilisation européenne toute entière dans son existence même, les Etats ne sont pas seulement impuissants mais complices de cet effondrement, s’ils n’en sont pas les promoteurs, vendant leur peuple aux intérêts d’un mondialisme criminogène. Et l’Union Européenne, dont les dirigeants ne sont que les pions placés par les gouvernements, et sans légitimité démocratique pour asseoir un quelconque pouvoir, n’est que la courroie de transmission de politiques « nationales » suicidaires.
C’est face à ce déclin, qui est réversible si des Européens et des Européennes de bonne volonté engagent la contre-décadence et prennent démocratiquement les rênes du pouvoir, que le PSUNE est né. Ce mouvement a pour ambition d’œuvrer à l’unité politique de l’ensemble du continent européen, de l’Islande à la Russie, de bâtir ainsi la Nation Européenne, sublimation des anciennes nations et Etat nouveau dont la mission est de préserver puis de restaurer notre civilisation afin qu’elle retrouve la grandeur qui a été la sienne. Mais il a aussi pour mission de défendre les Européens, en Europe d’abord mais aussi dans le monde, d’assurer le relèvement politique, économique, démographique et moral de notre terre.
Seule une Europe unie, disposant d’un Etat démocratique légitime à sa tête, peut être en mesure de vaincre les périls qui s’annoncent et de mettre fin au pourrissement intérieur qui est en train de mettre notre civilisation à genoux. Les politiques nécessaires demandent en effet une action au plus haut niveau, qui est celui de l’Europe, et pas à l’intérieur de chacun des anciens Etats. Il est trop tard pour une solution « nationale » et il est inimaginable que chaque pays évolue d’une manière parallèle. Non seulement le temps manque mais la division politique de notre continent permet aux puissances d’involution de ruiner petit à petit des pans entiers de notre civilisation. Les USA aussi bien que la Chine ou l’umma islamiya jouent les uns contre les autres.
Face à ce déclin, le PSUNE propose la mise en place d’un Etat européen unitaire, bâti sur des bases démocratiques, rompant avec l’idéologie mondialiste au profit d’une conception eurocentrée, n’ayant à cœur que la défense des stricts intérêts des Européens. Cet Etat a vocation à réunir en son sein tous les (anciens) Etats du continent, y compris à moyen terme la Russie, faisant de l’Europe la première puissance mondiale.
L’Europe du PSUNE rompra avec l’atlantisme des dirigeants actuels de l’UE, ce qui ne signifie pas qu’elle ne cherchera pas à maintenir dans la mesure du possible un lien d’amitié, d’égal à égal, avec son ancienne colonie américaine. Elle cherchera à encercler le cœur de l’islamisme par une alliance de revers, avec Israël, le Liban, la Syrie et un Iran libéré du joug du régime des héritiers de Khomeiny et réconcilié avec son ancienne mémoire, comme le souhaitait le dernier shah, et en outre avec l’Inde, que nous concevons comme un partenaire davantage que comme un concurrent, et dont nous n’oublions pas l’antique parenté de nos deux civilisations.
Une Europe eurocentrée, c’est une Europe qui rompra avec les anciens liens coloniaux des anciens Etats. Elle mettra fin à toute Françafrique, repositionnera l’Espagne sur son destin européen, éloignera le Royaume-Uni des USA et le rapprochera du continent qui est le sien, et elle engagera la Russie à se retourner vers l’ouest et à rompre avec tout eurasisme suicidaire. Le fleuve Amour n’est pas une zone tampon mais la frontière entre deux mondes.
L’Europe de demain affirmera les valeurs européennes les plus ancestrales, et non les pseudo-valeurs mondialistes de l’après-1945, une époque où une Europe divisée n’avait plus son destin en mains. Elle défendra son européanité, ce qui est son essence profonde, et protégera son peuple contre toutes les submersions et contre toutes les subversions. Elle mettra en avant son héritage, son bien commun le plus fondamental, et tout en respectant les identités régionales et (ex-)nationales, unira ceux qui sont intimement apparentés, à savoir les Européens.
Dans ce cadre, elle instituera une nationalité européenne fondée sur les critères démocratiques, ceux de l’Athènes du Vème siècle, matrice de notre civilisation, afin que les Européens, frères nés d’un même sang, en soient les détenteurs naturels, gardiens d’un noble patrimoine. Elle mettra ainsi fin au dévoiement des anciennes nationalités, données à n’importe qui pour n’importe quelle raison, comme s’il s’agissait d’un droit et non d’un héritage et d’un devoir.
C’est sur ces questions et sur bien d’autres encore que le PSUNE entend œuvrer, même si sa voix est pour le moment inaudible au sein d’un silence mortifère.
Nous sommes la voix de l’Europe. Et nous allons réussir à ce qu’à nouveau notre continent puisse se faire entendre… et respecter.
Dans l’unité, nous triompherons, car dans la division, nous périrons.
L’Europe vaincra.
Thomas FERRIER, secrétaire général du PSUNE
13:52 Publié dans Elections en Europe, Institutions européennes, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : psune, thomas ferrier, great europe, présentation du parti, europe, européens |