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09/06/2014

L'état de l'Europe (1/2)

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Un consensus mou.

Au parlement européen, depuis trois décennies, « gauche » sociale-démocrate (PSE puis ADSE) et droite libérale-démocrate (PPE) se partagent le pouvoir et les postes, aucun des deux camps n’aspirant à une victoire nette et à une majorité claire dans le cadre d’une coalition cohérente. Ce qui est vrai à Strasbourg est aussi vrai dans plusieurs pays d’Europe, et notamment en Allemagne et en Autriche. Les libéraux allemands de la FDP se sont effondrés, empêchant toute coalition de droite à Berlin, et à Vienne, les raisons sont exactement opposées, puisqu’il s’agit d’empêcher le FPÖ de Strache, autour de 20% des électeurs, d’accéder au pouvoir.

Ce consensus mou, cette volonté de maintenir à tout prix un éternel statu quo, se retrouve en réalité dans tous les pays d’Europe, les différences programmatiques entre les deux principaux partis de chaque pays étant mineures, en particulier quand l’un comme l’autre alterne le pouvoir. Blair (Labour) n’a pas moins été libéral que Thatcher. Il a consciemment saboté la fonction publique britannique, et soumis le peuple à la puissance absolue de la City. Gordon Brown a quitté le pouvoir piteusement, ce qui sera sans doute le cas de David Cameron et de sa politique d’austérité, contre-modèle que l’Allemagne de Merkel souhaite élargir au continent entier, apportant le désastre en Espagne, au Portugal et bien sûr en Grèce. Cette austérité, que François Hollande entend appliquer aux Français, mais sans toucher aux avantages sociaux considérables accordés aux populations d’importation qui habitent les banlieues de nos villes, véritables vaches sacrées auquel il est prêt à sacrifier les Français autochtones.

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Même si de nombreux électeurs se font encore prendre par ces vieilles ficelles, cédant aux sirènes de quelques habiles démagogues du système en place, aussi vite rejetés qu’ils auront été encensés, comme Sarkozy et Berlusconi hier, Renzi aujourd’hui, pauvres en idées mais riches en arrivisme, c’est de moins en moins le cas. A moins de se doter de formes modernes d’autocrates, comme Orban en Hongrie, qui cachent leur bilan économique médiocre par des coups de menton, les électeurs n’ont le choix qu’entre deux mauvaises solutions, basculant de l’une à l’autre sans constater le moindre changement. A l’inefficacité de Sarkozy, néanmoins habile en paroles, a suivi l’inefficacité de Hollande, démuni même de cette seule qualité. Les électeurs français mais c’est vrai de leurs voisins, à l’exception des Allemands, ne pardonnent plus les errements d’une classe politique médiocre, corrompue et formant une sorte d’oligarchie entendant régir la vie des citoyens, y compris et même surtout contre leur gré. Les Européens constatent, rageurs, que des autistes les dirigent et les emmènent sereinement dans le mur si ce n’est dans l’abîme.

L’impasse populiste.

De nombreux électeurs, écœurés, choisissent alors de se tourner vers les « bons petits diables », à savoir les partis populistes, que la classe politique « bienséante » rejette avec mépris aux extrêmes. Selon les pays et les situations, ces partis représentent une gauche radicale, chauvine bien que se réclamant de l’internationalisme marxiste, ou une droite radicale, arcboutée sur la souveraineté nationale et parfois sur l’identité nationale, dans une version fétichisée.

Au Royaume-Uni, le mouvement UKiP de Nigel Farage récupère ces électeurs, même s’il n’a pas encore réussi à obtenir des représentants au parlement, en raison d’un mode de scrutin outrageusement favorable aux deux partis principaux, mais qui pourrait coûter la victoire à Cameron. En France, le FN de Marine Le Pen, qui a obtenu 25% des voix aux élections européennes mais ne dispose que de deux députés à l’assemblée nationale, s’est imposé comme troisième force du pays, et même la première en mai 2014.

En Italie, c’est Beppe Grillo, le dirigeant du « Mouvement 5 Etoiles », qui dépasse les 20%, même si son ascension a été freinée par la confiance que 40% des électeurs italiens ont accordé pour le moment à Renzi, et connaît un succès persistant. En Espagne, ce sont les nationalistes catalans qui profitent de la ruine du crédit accordé au PSOE et au PPE, mais aussi un mouvement gauchiste.

La Grèce réussit l’exploit de réunir en elle les deux formes de populisme, entre le gauchisme démagogique d’un Tsipras (Syriza), en tête des élections européennes, et la violence de rue de l’Aube Dorée, néo-fasciste. La « gauche » classique a disparu, tandis que les Conservateurs résistent tant bien que mal à cette poussée à droite.

Mais le populisme n’est pas une solution, pas même le signe d’une prochaine guérison de la psychê européenne. C’est un symptôme, celui d’une Europe qui ne sait plus qui elle est, où elle s’arrête, et vers quoi elle souhaite aller, une Europe soumise à l’influence délétère des USA qui, se suicidant, alors que les descendants des pères fondateurs européens ont élu deux fois un Obama, et seront minoritaires sur leur sol dès les années 2040, veulent nous emporter avec eux dans la tombe. Alors qu’Erdogan, le premier ministre turc, bafoue des principes élémentaires, dans un pays qui ne devrait jamais s’être vu accorder le statut de candidat à l’adhésion à l’Union Européenne, et qui se permet de faire campagne auprès de son électorat turc à Berlin et à Vienne, provoquant les dirigeants de ces pays sans que ceux-ci osent le lui reprocher, on diabolise Poutine qui a le tort de ne pas vouloir céder aux injonctions de Washington, et qui défend avec ses moyens son espace politique. Ce qu’on pardonne à Erdogan, qui musèle la presse, monte des procès pour décapiter les chefs de l’armée « laïcarde », réprime des manifestations contre ses excès autocratiques, on ne leur pardonne pas à Poutine, qui est pourtant allé beaucoup moins loin en ce sens. Nos dirigeants veulent repousser la Russie en Asie, puisque c’est ce que leurs maîtres américains souhaitent et la Russie commet en retour l’erreur de jouer la carte mortifère de la Chine.

Le populisme n’est populaire que par défaut, parce que les Européens sont désemparés et ne supportent pas la destruction de l’identité plurimillénaire de notre civilisation par des flux migratoires indésirables, encouragés par l’inertie des pouvoirs publics et nouveaux « héros » d’un christianisme en pleine déliquescence et d’un marxisme sénescent. Ils y répondent comme ils le peuvent, en votant pour ce qu’on leur présente mensongèrement comme « le mal ». Face à l’absence de réponse politique, de talent, de compétence, face à la lâcheté voire la trahison de nos dirigeants, les Européens ne savent plus vers qui se tourner.