Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/08/2016

La Turquie contre l’Union Européenne.

http://thomasferrier.hautetfort.com/media/00/01/3571613594.png

Erdo.JPGLes derniers évènements du mois de juillet nous invitent à revisiter une nouvelle fois la question turque à la fois sur sa profondeur historique et sur son devenir probable. Cette analyse sera suivie d’un autre article faisant le constat de la situation réelle de l’Union Européenne et des solutions radicales qu’il faudra oser mettre en œuvre.

Kémalisme et contre-kémalisme.

En 1921, le traité de Sèvres organise le démantèlement de l’empire ottoman, vaincu de la première guerre mondiale aux côtés de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie. Outre l’indépendance sous tutelle des pays arabes qui lui appartenaient encore, la naissance d’un Kurdistan, l’extension de l’Arménie, était prévu le rattachement de la Thrace, sauf Istanbul, et de la région de Smyrne à la Grèce ainsi que l’annexion de la Cilicie par l’Italie, pour la remercier de son soutien de 1915.

Face à cette opération organisée par les vainqueurs, le peuple turc autour de la figure de Mustafa Kemal réagit in extremis, amenant à une douloureuse défaite pour les Grecs, avec des échanges de population, et la perte de tout ce que le traité leur avait promis. En 1923, le traité de Lausanne sera beaucoup plus favorable à la Turquie, qui a remplacé l’empire ottoman.

Atatürk n’avait pas comme ambition de faire de la Turquie un pays européen, mais de s’inspirer de l’Europe pour rendre son pays plus fort, un peu comme les Meiji firent au Japon. S’il avait sur un plan personnel la religion islamique en horreur, il n’était pas non plus question de désislamiser son pays mais simplement de neutraliser les éléments de la religion qui entreraient en conflit avec son projet.

Comme référent identitaire, Atatürk voulait démontrer que son pays était de civilisation indo-européenne (« aryenne ») mais il ne pouvait pas aller jusqu’à considérer les Turcs modernes comme descendants des Grecs et des Arméniens qu’il avait combattus. Aussi fit-il de ces derniers des Hittites, et le choix de la capitale Ankara, l’ancienne Ancyre, à proximité de la capitale hittite Hattusa n’était pas dû au hasard. Dans le même temps, il favorisa l’héritage turc païen « tengriste » en mettant en avant les mythes fondateurs (Ergenekon, la louve Asena), les runes oghuz et le nom du dieu céleste turc Tanrı (ancien turc Tengri, le « ciel bleu »), traduit par « Dieu », au lieu du nom arabe d’Allah.

Arrivé au pouvoir en 1921 et mort en 1938, Atatürk supprima le califat, fit adopter l’alphabet latin et une onomastique à l’européenne, abolit jusqu’au fez et interdit le voile islamique à l’école. En 17 ans, il fit avance au forceps son pays au XXème siècle, allant jusqu’à reprendre le code civil de la Suisse et accordant le droit de vote aux femmes, alors que la France ne le fit qu’en 1946. Seulement les mentalités évoluent plus lentement et le meilleur des hommes ne peut changer les hommes autant qu’ils le voudraient. Si Inönu sut préserver la Turquie d’un soutien à l’Allemagne qui lui aurait coûté très cher, il n’eut pas la volonté de réformer qu’avait son prédécesseur. Et dès les années 60, la Turquie commença lentement mais sûrement à revenir en arrière.

L’islamisme, la réponse au kémalisme.

Dans les années 30, le monde musulman se mettait à l’école de la Turquie, à l’instar de Reza Shah en Iran et d’Amanullah Shah en Afghanistan. Le baasisme arabe lui-même voulut ramener l’islam à la mosquée et le sortir de la rue. Mais un ennemi se mit en travers de la route de la modernité, à savoir l’islamisme sous ses différentes formes. Si l’islamiste Erbackan, dix ans avant Erdogan, a pu même pendant quelques mois accéder au pouvoir, c’est bien que la Turquie se réislamisait. Et songeons à la « contre-révolution » de 1979 en Iran, par la faute des USA, même si leur créature se retourna ensuite très vite contre eux.

Il serait excessif dès lors de considérer que la victoire de l’AKP de Recep Erdogan au début des années 2000 a réislamisé le pays. Il a plutôt bénéficié d’un recul du sentiment laïc dans la population, avec l’arrivée dans les grandes villes de populations rurales qui n’avaient été touchées qu’en surface, et encore, par la révolution kémaliste. Bien entendu, sa victoire encouragea le phénomène qui l’avait permise et la réislamisation continua avec ses encouragements.

C’est là que Recep Erdogan eut une idée de génie, sans doute en prison lorsqu’il y purgeait sa peine, condamné pour avoir repris à son compte un propos islamiste, à savoir se servir de la démocratie et d’un processus d’adhésion à l’Union Européenne pour briser les résistances nationales, et notamment l’armée gardienne des dogmes kémalistes, et les carcans juridiques. Force est de constater que le génie d’Erdogan réside dans cette lecture brillante de la situation. Et en août 2016, on peut affirmer qu’il a amplement réussi.

L’Union Européenne, allié involontaire de l’islamisme turc.

Or cette stratégie de réislamisation rampante était évidente pour de nombreux analystes européens. Faire le jeu de l’AKP, sous prétexte que cette dernière voulait rapprocher la Turquie de l’Union Européenne, alors que la promesse d’adhésion de 1963 faite par Adenauer et De Gaulle n’avait à l’époque visé que la question du marché commun, était dangereux. Et pourtant, sous l’impulsion des USA, en 2005 l’Union Européenne ouvrir les pourparlers d’adhésion, malgré l’opposition de nombreux Européens et même d’une figure éminente comme Giscard d’Estaing. L’Autriche fit mine de résister avant de céder en échange d’une accélération du processus d’adhésion de la Croatie.

Ce grand succès d’Erdogan ne fut pas pour rien dans sa popularité en Turquie. Néanmoins, en 2007 il échappa de peu, à un juge près, à l’interdiction de son parti, ce qui aurait signifié sa perte. Dès lors, plus rien ne devait lui résister. Au nom de l’adhésion, dont le principal obstacle était le poids de l’armée, il réussit à affaiblir l’opposition et à emporter sans discontinuité toutes les élections. Des procès bien opportuns suite à la dénonciation de complots douteux (dont le complot « Ergenekon ») lui permirent de mettre l’armée et la presse au pas. Le coup d’épée dans l’eau d’une partie de l’armée en juillet 2016, insuffisamment soutenue pour réussir, afin de faire tomber Erdogan, ne fit que le renforcer. Et il a pu dès lors officiellement jeter le masque.

Alors même que les pourparlers d’adhésion sont au point mort, Erdogan a trouvé une parade aux critiques occidentales en inventant le protocole « migrants ». Le laxisme migratoire de nos dirigeants, même si ces derniers sont obligés de « limiter la casse », a permis à Erdogan, dans le contexte de la guerre en Syrie, de faire chanter toute l’Union Européenne, ayant le doigt sur le bouton de pression lui permettant de faire déferler sur notre continent 2.5 millions de migrants.

L’adhésion turque abandonnée de fait.

Désormais Erdogan n’a plus besoin de jouer le jeu d’une adhésion théorique à l’Union Européenne, même si cette dernière était devenue dans les faits une véritable Arlésienne, même s’il espérait officiellement qu’elle ait lieu en 2023. Il peut donc lui parler mal, railler ouvertement ses dirigeants, se moquer ainsi de Steinmeier ou d’Ayrault, et même menacer les USA si ceux-ci ne cèdent pas à son injonction de lui livrer Fetullah Gülen.

Il exige que l’Union Européenne abolisse les visas turcs, ce qui permettra à n’importe quel turc d’Asie centrale muni d’un passeport turc de venir chez nous, alors même qu’il est incapable de respecter les normes en vigueur en la matière, sinon il remettra en cause l’accord sur les migrants, accord qui a permis à la Turquie de toucher plusieurs milliards d’euros quand même.

Après avoir écarté non seulement l’opposition (CHP et MHP) mais aussi ses camarades de l’AKP devenus gênants, Abdullah Gül ayant été marginalisé et même Ahmed Davutoglu limogé, après avoir soutenu l’opposition islamique à Bachar-El-Assad avant de se raviser progressivement, il négocie désormais avec Vladimir Poutine, trop heureux de mettre de son côté un pays membre de l’OTAN.

En conséquence, Danemark et Autriche ont exigé l’arrêt officiel de l’adhésion turque, ce que Juncker, Merkel et Hollande leur refusent, ménageant cet « allié » de circonstance qui n’en est pas un. Personne n’ose toucher à l’idole sacrée, à remettre en cause ce processus fantasmatique ou son appartenance à  l’OTAN. Le Conseil de l’Europe apporte son soutien à Erdogan. L’OTAN également. Pourtant, les dirigeants de l’UE et des USA n’auraient pas été malheureux si leur ex-poulain avait été débarqué et Erdogan le sait pertinemment. Mais avec plusieurs millions de Turcs venus le soutenir dans les rues d’Istanbul, il n’a peur de rien. Sa dernière provocation est d’évoquer le rétablissement de la peine de mort, le tabou absolu au sein de l’Union Européenne, son rétablissement dans un pays membre pouvant amener ce dernier à être sanctionné par ses partenaires.

L’Union Européenne a permis à la stratégie d’Erdogan de réussir et elle en paie désormais le prix. Elle en est la seule responsable, sachant que nombreux étaient ceux qui avaient mis en garde ses dirigeants contre une évolution probable. Erdogan n’a jamais voulu que son pays adhère à l’Union Européenne, dont il connaissait les faiblesses et les défauts, et dont il a d’ailleurs profité. Désormais seul maître à bord, il ne partagera ce pouvoir durement gagné avec personne. Il n’a plus d’adversaires à l’intérieur du pays, aucun adversaire en tout cas capable ou déterminé à lui tenir tête. Beau succès de l’UE en vérité. Tout l’héritage d’Atatürk est désormais en danger. Erdogan n’en laissera que des lambeaux.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

12/08/2014

Quand Erdogan tourne le dos à l’Europe (partie 1/2)

http://thomasferrier.hautetfort.com/media/02/00/1476763163.png

Une Anatolie eurasiatique ?

Turquie,Ataturk,Erdogan,islamisme,taqija,EuropeLa Turquie actuelle, c'est-à-dire l’Anatolie, a été marquée par de grandes civilisations, asianiques d’abord (Urartu, Arzawa). Jusqu’au XIVème siècle, elle était profondément hellénisée, ayant subi des vagues indo-européennes pendant plus de trois millénaires, Hittites et Louvites d’abord, Phrygiens, Lyciens, Lydiens et Cariens ensuite, puis Grecs et ce dès l’époque mycénienne, enfin Romains et même Celtes (Galates).

Pour rattacher la Turquie au monde européen, sans avoir à recourir à l’héritage grecque, car la population turque descend en grande partie des habitants de l’Anatolie chrétienne, turquisés et islamisés, Atatürk eut recours à l’héritage hittite, autres indo-européens. Il plaça sa nouvelle capitale sur l’ancienne Ancyre, devenue Ankara, une ville à proximité de l’ancienne capitale des Hittites, Hattusa, en remplacement d’Istanbul, trop marquée.

Par son histoire, la Turquie est donc une interface naturelle entre l’Europe et l’Asie, un espace intermédiaire marqué par des héritages successifs venus du nord-ouest comme de l’est.

La révolution kémaliste.

Lorsque Mustafa Kemal a émergé politiquement, il a dû faire face aux contrecoups de la défaite de l’empire ottoman aux côtés des forces de la triple alliance. Le traité de Sèvres démantelait littéralement le pays, sans aller toutefois jusqu’à rendre Constantinople à la Grèce. Mais ce traité avait un vice interne, le peu de volonté des pays européens de le faire accepter au prix d’une nouvelle guerre. Ainsi, l’Europe occidentale a abandonné la « petite » Grèce face à son ennemi traditionnel, aboutissant à des échanges de population et de territoire, mettant fin à la présence millénaire des Grecs à l’est de la Mer Egée. Le traité de Lausanne sera beaucoup plus favorable à la Turquie, même si elle perd toutes ses possessions mésopotamiennes et proche-orientales.

Devenu Atatürk, « le père des Turcs », Kemal aura à cœur de redonner à son pays la place à laquelle il l’estime juste. Il choisit de rompre avec l’héritage ottoman pour forger une nouvelle Turquie, puissance eurasiatique de fait, mais adoptant explicitement la culture européenne. Méprisant profondément l’islam, Atatürk n’ose pas pour autant l’attaquer de face, et se limitera à le priver de pouvoir politique, en mettant fin au califat. Il va néanmoins loin, faisant adopter l’onomastique européenne, prénom et nom, épurant la langue turque des mots arabes et perses, au point de prôner le remplacement du nom d’Allah par celui de Tanri, qu’on peut traduire par « Dieu » mais qui désigne aussi le dieu du ciel-bleu des Turcs païens, et imposant l’alphabet latin, qu’il estime plus adapté à la langue turque que l’alphabet arabe. Il interdira également le voile islamique et le port du fez, assimilés selon lui à des signes d’archaïsme.

« Père la victoire », ayant sauvé l’honneur turc face aux puissances européennes, Kemal Atatürk bénéficie du soutien indéfectible de l’armée qui, pendant soixante ans, sera la garante de ses valeurs. Il fera triompher une vision romaine de la laïcité, la soumission absolue du religieux au politique, et l’adoption des principes fondamentaux de la civilisation européenne, comme l’égalité homme-femme ou le code civil. Il se voudra même précurseur, faisant adopter le vote des femmes alors que la France y était encore rétive, craignant le triomphe d’un conservatisme clérical dans les urnes.

Mais Atatürk mourra en 1938. Inönu assurera ensuite la transition mais après 1945 il adoucira la démarche de son prédecesseur, faisant beaucoup de concessions face aux institutions islamiques. Il réintroduira ainsi par la fenêtre le loup qu’Atatürk avait expulsé par la grande porte. Mais l’armée tiendra bon. Lorsque le général De Gaulle en 1963 promettra une intégration future de la Turquie au marché commun, il est confronté à un pays qu’il estime européen mais qui ne l’est qu’en façade.

Le renouveau islamique et l’ascension d’Erdogan.

Depuis les années 70, la Turquie est marquée par la montée en puissance d’un courant islamique et conservateur, prenant racine dans le cœur anatolien, comme une réaction à quarante ans de kémalisme. L’armée y mettra fin à de nombreuses reprises par le biais de coups d’état qui heurtent la sensiblerie occidentale mais qui sont efficaces.

Pourtant, malgré les interdictions, l’islamisme tient bon et réussit même à envahir les autres partis politiques. Le MHP (« loups gris ») nationaliste, qui reposait auparavant sur un nationalisme laïc à tendances paganisantes lorsqu’il était dirigé par Alparslan Türkes, va ainsi associer à son discours une coloration islamisante. Enfin vient l’heure de la consécration avec la victoire de Necmettin Erbakan, qui à la tête du Refah, obtiendra le poste de premier ministre en 1996, suite à une coalition contre-nature avec Tansu Çiller, avec 21.4% des voix. Mais dès 1997, l’armée le chasse du pouvoir, ce dont il ne se remettra pas.

C’est à cette époque que Recep Erdogan comprend que la stratégie d’Erbakan était une impasse tant que l’armée bénéficiera d’un pouvoir et d’un crédit lui permettant d’écraser toute contestation de type islamique. Néanmoins, élu maire d’Istanbul, il sera condamné à de la prison en 1998 suite à une déclaration à forte coloration islamisante, où il reprenait une citation du nationaliste Gökalp. C’est à ce moment là qu’il choisit de rompre avec la dialectique coutumière de cette mouvance politique. Il applique ainsi la fameuse taqija, une stratégie de contournement lorsqu’il n’est pas possible de combattre l’ennemi en face.

Cette stratégie subtile, qu’il réalise d’une main de maître, consiste à tromper son adversaire sur ses intentions. En 2001, il participera ainsi à la fondation de l’AKP, un parti démocrate-« musulman », dont il dira lui-même qu’il est une sorte de CDU à la turque, où l’islam remplace simplement le christianisme. Et dès 1999 il avait rompu toutes relations avec son ancien mentor Erbakan. Il prône même une séparation de la religion et de l’état, une autre forme de laïcité (à la française) que celle prônée par Atatürk.

Mais son coup de génie sera de reprendre l’idée d’une adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, ce que le patronat voit d’un très bon œil. Or la Turquie déplaît à cette dernière en raison du poids politique dont jouit son armée, ce qui n’est le cas dans aucun autre pays européen, même la Russie.

En 2002, c’est la consécration avec la victoire de l’AKP, ayant obtenu plus de 34% des voix. Le pouvoir tombe dans les mains d’Erdogan, un pouvoir qu’il ne rendra plus jusqu’à maintenant.

Erdogan va donc mettre en place une politique destinée en apparence à plaire aux dirigeants européens, tout en fragilisant en réalité ses ennemis et notamment l’armée et la justice, dans le cadre du processus d’adhésion. Il est en ce sens grandement aidé par l’organisation Fetullah Gülen, contre laquelle il se retournera en 2013, mais aussi par l’Union Européenne qui fera preuve à son égard d’une naïveté confondante voire complice.

Néanmoins, Erdogan commet en 2008 une maladresse, sous-estimant l’affaiblissement de ses adversaires par les réformes qu’il a menées contre eux depuis six ans. Le premier ministre a souhaité en effet autoriser le voile dans les universités. Son parti est alors mis en accusation par les juges de la cour constitutionnelle, menacé de dissolution et d’une amende considérable. Il sauve sa tête d’une voix, aidé en ce sens par des pressions internationales venues des Etats-Unis et de l’Union Européenne. C’était pourtant la dernière chance des laïcs pour reprendre la main.

Erdogan a compris la leçon et ne l’oubliera pas. Il sera aidé en ce sens par les accusations contre un réseau de conspirateurs appelé Ergenekon, le nom du foyer mythique des anciens Turcs, qui aurait mis en place une opération Balyoz, « marteau de forge » pour faire tomber Erdogan. Dans ce cadre, des membres éminents de l’état-major turc mais aussi des journalistes d’opposition sont arrêtés et mis en examen. L’armée est étêtée. Elle ne s’en remettra pas.

Désormais, Erdogan a vaincu tous ses ennemis et plus rien ne résiste à cette vague de réislamisation qui envahit le pays. Sans le soutien de ces nombreux électeurs, sans ce phénomène culturel de contre-kémalisme qui domine l’Anatolie profonde, mais aussi Istanbul, rien n’aurait été possible. Même s’il a été un habile stratège, c’est bien le peuple turc qui l’a choisi comme chef.

05/02/2010

L'armée turque a perdu sa mainmise sur le pouvoir

... et la Turquie a perdu sa laïcité.

03/02/2010 | Par Selcan Hacaoglu (CP) | BASE NAVALE D'AKSAZ, Turquie — L'armée turque, longtemps considérée comme l'épine dorsale du régime laïc mis en place par Ataturk, est en pleine zone de turbulences: louée pour ses missions à l'étranger, elle a vu son image ternie par les allégations de complot en vue de renverser le gouvernement issu de la mouvance islamiste.

L'élite militaire des "Pachas", ainsi nommée en référence au titre honorifique utilisé depuis l'époque de l'Empire ottoman, ne serait plus intouchable, à en juger par les peines de prison prononcées contre certains d'entre eux.

L'armée turque, qui a renversé quatre gouvernements depuis 1960, était en effet considérée comme la détentrice réelle du pouvoir dans la République strictement laïque fondée par Mustafa Kemal Ataturk sur les décombres de l'Empire ottoman.

Une petite révolution est donc en cours dans le pays, depuis que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan s'en est pris au pouvoir des militaires pour satisfaire aux demandes de l'Union européenne. Dans l'optique d'appuyer la candidature de son pays à l'UE, M. Erdogan a récemment proposé une série de nouvelles mesures en ce sens.

LIRE LA SUITE (GOOGLE HOSTED NEWS/CANADIAN PRESS)