01/01/2020
Bilan européen 2019.
Des élections européennes renforçant le Système.
Les élections parlementaires européennes de 2019 auraient pu être l’occasion d’un choc salutaire au niveau de l’actuelle Union Européenne. Il n’en a rien été. Aucun parti national, aucune coalition de partis nationaux non plus, n’ont pu bouleverser l’équilibre instauré depuis 1979, avec la domination des deux grands pôles de droite (PPE) et de gauche (S&D) qui se répartissent les postes principaux.
La grande vague populiste annoncé n’a pas été au rendez-vous. Si la Lega de Salvini et les « Démocrates suédois » progressent nettement, le FPÖ suite au scandale lié à son désormais ex-dirigeant Hans-Christian Strache s’est effondré. Le RN de Marine Le Pen réalise 23% contre 27% en 2014, même s’il reste à un point près premier devant « En marche ». Le Brexit Party obtient un score important, à plus de 27% des voix, dans un contexte lié au brexit, mais qui reste au même niveau qu’UKIP en 2014. En Finlande et au Danemark, la droite nationale recule fortement, et en Espagne Vox a fait une contre-performance aux élections européennes. La « vague populiste » a donc été une vaguelette.
Certes, il y a toujours des surprises à toutes les élections européennes et un jour viendra je l’espère où le Parti des Européens, que j’ai l’honneur de diriger, sera cette surprise. Ce fut celle des écologistes de gauche, dans un contexte médiatique favorable avec la promotion artificielle de Greta Thunberg. 12% au Royaume-Uni (+ 5 points), 20,5% et 21 sièges en Allemagne, 20% des voix en Wallonie pour Ecolo et 12,4% des voix en Flandre, 13,5% des voix en France. Cette vague verte, certes limitée mais constatée dans presque tous les pays de l’UE, n’était pas attendue mais elle n’est pas si surprenante considérant l’importance du thème écologique, détourné par la gauche.
A l’issue de ces élections, c’est logiquement Manfred Weber qui aurait dû être proposé à la tête de la commission européenne, puisqu’il était la tête de liste du PPE, premier parti du parlement. Pourtant c’est Ursula von der Leyen, ancienne ministre CDU de la défense du gouvernement Merkel, qui a été proposée, à l’issue d’une négociation franco-allemande où Christine Lagarde, soutenue par Macron, a été nommée à la BCE. Pour gêner Matteo Salvini, le parlement européen s’est doté d’un président issu du Parti Démocrate italien et donc très hostile à la Lega, en la personne de David Sassoli.
Quant à la présidence de l’Union Européenne, poste honorifique généralement confié à un homme politique en fin de carrière ou rejeté dans son pays, afin qu’il ne fasse aucune ombre aux dirigeants des gouvernements nationaux, Donald Tusk a été remplacé par le belge Charles Michel, dont le gouvernement était tombé quelques mois auparavant dans son pays. Enfin le haut représentant en matière d’affaires étrangères est le socialiste espagnol Josep Borrell. La gauche, pourtant en net recul, a été finalement bien récompensée.
L’élection d’Ursula von der Leyen à la tête de la commission européenne fut compliquée. De nombreux partis politiques et groupes lui étaient hostiles. Avec 383 voix, elle a été élue de justesse (il lui fallait 374 voix au minimum). Son désaveu aurait été utile pour la démocratie européenne et on aurait pu espérer un sursaut des parlementaires, même si la personne qui aurait été élue à sa place aurait pu être pire. C’était d’ailleurs la crainte de Viktor Orban. Finalement Ursula von der Leyen fut sauvée grâce au vote du Fidesz d’Orban, du M5S italien et du PiS polonais. Le peu de courage des partis au pouvoir du groupe de Visegrad est assez révélateur.
Autres sujets européens (en vrac).
Russie-Ukraine.
Aucune évolution favorable de la situation entre l’Ukraine et la Russie malgré l’élection d’un nouveau président ukrainien, Zelensky. Les sanctions économiques contre la Russie ont été maintenues par les USA et l’Union Européenne. La Russie est même exclue du sport international, ses athlètes devant désormais se présenter en compétition sans leurs couleurs. Enfin, ces derniers jours, une querelle historiographique oppose durement Poutine et la Pologne à propos de l’attitude ambigüe qu’aurait eu cette dernière vis-à-vis de l’Allemagne hitlérienne, dont pourtant elle fut par la suite l’une des principales victimes. Malheureusement, la Russie semble toujours davantage s’éloigne de l’Union Européenne, par la faute de cette dernière qui n’a pas voulu ou su trouver les mots de réconciliation et a été incapable en 2019 de s’émanciper des USA.
Balkans.
Douche froide pour les espérances d’adhésion des Balkans de l’ouest. Le président français Macron a clairement gelé tout processus dont l’Albanie et la Macédoine auraient pu bénéficier, malgré les efforts de la Macédoine pour calmer le jeu avec la Grèce, en prenant désormais le nom de Macédoine du Nord. Quant à la Serbie et au Monténégro, le processus d’adhésion n’est pas gelé mais ne semble guère évoluer. Ce mépris de peuples européens, qui ont une vocation naturelle à nous rejoindre, est choquant de la part d’un prétendu pro-européen. Par ailleurs, même s’il est au point mort de manière probablement définitive, le processus d’adhésion de la Turquie à l’UE n’a toujours pas été officiellement abandonné.
Allemagne et Autriche.
Malgré la progression de l’AfD dans les différents Länder, et sa forte représentation au Bundestag, le gouvernement Merkel est toujours en place et les Grünen (Verts) ont le vent en poupe. Il se dit que la CDU pourrait choisir de s’allier avec eux, malgré leur tropisme de gauche et leurs positions sociétales très décadentistes. La preuve par l’Autriche, où le conservateur Sebastian Kurz (ÖVP) propose une coalition avec les équivalents écologistes autrichiens, au détriment du FPÖ populiste, fragilisé par le scandale plus ou moins artificiel Strache, sortant opportunément à une semaine des élections européennes.
Sebastian Kurz, qui aux yeux de la droite nationale était devenu une référence, a montré son visage opportuniste, et après s’être allié avec un parti anti-immigration s’allie avec un parti qui y est favorable.
Italie.
Pas d’élections en vue pour Salvini. Le très médiatique dirigeant de la Lega, connu pour sa volonté d’empêcher les bâteaux de migrants de débarquer en Italie, succès médiatique cachant néanmoins un bilan contrasté, a mis fin à la coalition au pouvoir avec le M5S. Ce dernier, qui va en payer le prix dans les urnes, a alors retourné sa veste, plutôt que de soutenir de nouvelles élections, comme le souhaitait Salvini, en s’alliant avec le Parti Démocrate que le M5S dénonçait durement auparavant. Cet opportunisme sera puni et l’est déjà dans les différences élections provinciales.
Dans les sondages, la coalition de droite Lega/Fratelli d’Italia/Forza Italia dépasse désormais les 50%, et à côté de Salvini naît un phénomène Giorgia Meloni, la dirigeante de Fratelli d’Italia, que les sondages placent parfois à 12%.
Espagne.
Les socialistes minoritaires autour de Sanchez restent au pouvoir et préparent une alliance avec Podemos, la gauche radicale pourtant en recul. Symboliquement, Sanchez a fait déplacer la sépulture de Franco, réveillant les blessures de la guerre civile, et ce dans un contexte où Vox, parti national espagnol très hostile au séparatisme catalan, progresse avec autour de 15% des voix dans les différents sondages. La chute de Sanchez serait une excellente nouvelle, tout comme celle du nouveau gouvernement Conte en Italie d’ailleurs.
Brexit.
Annoncé désormais pour la fin janvier 2020 à l’issue d’une élection parlementaire anticipée où le conservateur baroque Boris Johnson a enfin obtenu une majorité. S’ouvriront ensuite des mois voire des années de négociation dossier par dossier entre l’UE et le Royaume-Uni, mais sur le plan symbolique il ne fera plus partie de l’Union Européenne dans un petit mois. Johnson a obtenu in extremis de l’UE un « soft brexit » qui lui a permis d’organiser ces élections en bénéficiant aussi du rejet du candidat du Labour, Jeremy Corbyn, très contesté. Le Brexit Party, qui dénonçait l’accord comme celui d’un « faux brexit » a choisi de se sacrifier afin de faire gagner Johnson. Farage (UKIP) pourra donc retourner aux USA (comme en 2016) et bénéficiera sans doute, le comble pour un eurosceptique, d’une retraite de député européen d’une UE qu’il aura combattue et dont il se félicite que son pays le quitte.
En matière d’immigration post-coloniale issue de l’ancien empire, la situation restera inchangée ou s’aggravera. Ce brexit identitaire finira bien en brexit hyper-globaliste. Et ce « soft brexit » a rassuré les marchés internationaux.
Ailleurs en Europe.
En Grèce, Tsipras a été dégagé par la Nouvelle Démocratie en pleine renaissance. La droite radicale, divisée en deux formations rivales, résiste. Le procès contre l’une d’entre elles d’ailleurs est en train de tourner vers l’acquittement des mis en examen.
Au Portugal, une petite formation populiste (« Chega » pour dire « Assez ! ») a réussi à entrer au parlement mais avec 1,3% des voix. Dans le dernier sondage, il est crédité d’environ 3% des voix en cas d’élection anticipée.
Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)
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03/11/2019
Etude des systèmes nationaux subsidiaires: le cas de la Russie.
Concentrons-nous enfin sur le cas de la Russie.
Cas intéressant comme nous l’avons dit puisque tant sur le plan ethnique qu’institutionnel et historique, la Russie ou « Fédération de Russie » est le plus vaste espace territorial au monde.
La Russie post-soviétique, celle qui existe depuis bientôt près de trente ans, a dû composer pour son équilibre avec un système fédéral.
Avec des « Etats », entités gouvernementales (républiques autonomes), qui représentent leur propre peuple. Des ethno-états donc, unis dans un État.
D’autres parts, des États qui tiennent une légitimité historique et politique en Russie, dénommés oblasts.
Et d’autres, plus récents, russes sur le plan ethnoculturel, dénommés kraïs.
Tout d’abord, pour les États historico-culturels, nous avons outre la Moscovie (qui servit de base comme siège du pouvoir central unitaire russe, de Ivan IV à aujourd’hui), le Novgorod, autrefois célèbre république aristocratique médiévale (1136/1478) qu'a construit le célèbre prince (862/879) païen Riourik, fondateur de la dynastie des Riourikides.
Notons aussi les principautés de Riazan (1097/1521), Vladimir-Souzdal (1168/1389), Iaroslavl (1218/1463), Tver (1247/1485) ou encore la République aristocratique de Pskov (XIIIe/XVIe), où chacune d’entre elles ont retrouvé leur entité dans la Russie contemporaine, sous forme d’oblasts, depuis 1935 (pour Tver), 1936 (pour Novgorod et Iaroslavl), 1937 (pour Riazan) et 1944 (pour Pskov et Vladimir).
Donc les États historiques sont nommés aujourd’hui « oblasts ».
Pour leur accorder un statut particulier, les « ethno-états », on utilise le concept de république autonome.
Comme il serait long d’énumérer tous les ethno-Etats autochtones de Russie, il en sera énuméré une petite partie seulement pour en faire comprendre l’idée générale.
Parmi les ethno-états mongols, il y a la Bouriatie (république autonome depuis 1932), qui représente les Bouriates et la Kalmoukie (république autonome depuis 1957), représentant les Kalmouks.
Parmi les ethno-états turciques, il y a le Tatarstan (république autonome depuis 1920), représentant les Tatars, le Daghestan (depuis 1921), qui représente les Daghestanais et la Bachkirie (depuis 1919, 100 ans donc), pour les Bachkirs.
Parmi les ethno-états caucasiens, il y a l’Ingouchie (république autonome depuis 1992) pour les Ingouches et l’Adyguée (ou Tcherkessie, république autonome depuis 1922) qui représente les Tcherkesses.
Pour la particularité ouralienne, il y a l’Oudmourtie (depuis 1920) représentant les Oudmourtes.
Pour aller plus loin, la Nénétsie par exemple n’est pas une république autonome mais un « district autonome » (depuis 1929), représentant les Nénets, peuple autochtone ouralien, rattachée à l’oblast d’Arkhangelsk.
Deux autres régions frontalières historiquement ont été divisées et rattachées directement à la Russie, comme l’Ossétie du Nord (depuis 1924 et qui ne doit pas être confondue avec l’autre partie où l’Ossétie du Sud avait fait sécession de la Géorgie en 1992), qui représente les Ossètes, peuple indo-iranien (donc indo-européen), ainsi que la Carélie, a cheval avec la Finlande où la partie orientale est russe (depuis 1956) et qui représente les Caréliens, peuple ouralien (finno-ougrien).
Mais également il y a des États qui sont la fusion (superficielle) de deux entités différentes présentes dans le Caucase.
Comme la Kabardino-Balkarie (république autonome depuis 1936), regroupant les Kabardes (caucasiens) et les Balkars (turciques).
Et comme la Karatchaïévo-Tcherkessie (république autonome depuis 1957), regroupant les Karatchaïs (turciques) et Tcherkesses/Adyguéens (caucasiens).
Malgré cette disparité pluriethnique, ces « États dans l’État » sont affiliés à l’État russe, où outre la langue subsidiaire, la langue unitaire et officielle, le russe donc, est imposée, et d’autre part au « président fédéral », affilié au parti gouvernemental « Russie Unie » depuis 2000.
Eugène Guyenne (Le Parti des Européens)
13:53 Publié dans Analyses, Institutions européennes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : subsidiarité, russie, fédéralisme |
Etude des systèmes nationaux subsidiaires: le cas de la Suisse.
Passons maintenant au cas de l’équilibre subsidiarité/unité qu'a trouvé un autre État européen, modèle aux yeux de beaucoup, la Suisse.
La Suisse est l’Etat européen idéal tant sur le plan démocratique qu’institutionnel (subsidiaire).
Et il y a une part de vérité tant la « diversité » indo-européenne existe à travers ses régions historiques (Romandie, Alémanie, Suisse italienne) qui ont déterminé la place de ses langues officielles sur l’ensemble du territoire et par l’histoire commune, où les différentes expressions de celle-ci dans les cantons n'ont pas été un facteur de division et où chacun, à partir de 1291, a pu rejoindre librement la Confédération, souvent suite aux « guerres d’indépendance » que la Suisse a menées, et aussi à travers les évènements du XIXe siècle (révolutions de 1789, 1848) et ce malgré le différent religieux et culturel.
L’Histoire de la Suisse est intimement liée à l’histoire de ses cantons.
L’Histoire « nationale » jacobine est alors quasi inexistante si ce n’est lors de la période napoléonienne, ce qui était contextuel, propre aux peuples européens tentant de ne faire qu'un, avec l’influence de la Révolution française de 1789, mêlant aspirations nationales et libérales (démocratiques) inspirant le courant du romantisme.
Pour le côté historique, il est quelque peu anachronique de parler de « Suisse » avant 1291 (date de l’unification de 3 cantons qui avaient fait sécession de l’Alémanie, dont on peut considérer en ce sens sur le même plan que la Suisse est à l’Alémanie ce que l’Autriche est à la Bavière) puisque vivaient divers peuples, que ce soit soit les Rhètes (habitant la région romaine de Rhétie dont une partie se situait dans l’actuel canton des Grisons), les Burgondes et les Alamans (qui étaient venus au Ve siècle).
Et après la mort de Charlemagne, le Traité de Verdun (843) a divisé l’Europe occidentale en trois parties dont la Suisse faisait partie de la Francie médiane (Lotharingie), propriété de Lothaire Ier.
En 1291, les cantons de Schwyz, Uri et Unterwald font sécession de l’Alémanie pour s’unir et créer une confédération et réitèrent ensuite leur unité (en 1315) par le Pacte de Brunnen après la bataille gagnée à Morgarten (contre le duché autrichien).
En 1332, la Confédération connait son premier élargissement, à cinq cantons de plus dont quatre germaniques (Lucerne, Zurich, Glaris, Zoug) et un « latin » (Berne).
En parallèle, la Confédération (de 1450 à 1799) vit l’existence d’un État à part, composé de trois ligues (Ligue Grise, Ligue des Dix-Juridictions, Ligue de la Maison-Dieu).
La bataille gagnée à Grandson (1476) contre le duché bourguignon permit d’autres élargissements et les cantons de Fribourg et Soleure (1481) et Schaffhouse (1501) se joindront eux aussi à la Confédération.
La première division, « guerre civile » intervenait lors des Guerres de Kappel (1529/1531) entre les cantons catholiques et les cantons protestants.
La deuxième division arrivera au moment de l’époque napoléonienne, avec une éphémère « république nationale » helvétique (1798/1803) où d’autres cantons se joindront pour reformer la Confédération après l’Acte de Méditation, avec des territoires germaniques (Argovie, Saint-Gall, Thurgovie), romanche (Vaud), italophone (le Tessin) et un diversifié (le canton des Grisons).
A la veille du Congrès de Vienne, d’autres territoires francophones se joindront come Genève, Neuchâtel et le Valais.
Puis à la veille de la « contagion révolutionnaire », contre les volontés jacobines de la Confédération, les cantons catholiques conservateurs (Lucerne, Fribourg, Valais, Uri, Schwytz, Unterwald, Zoug) vont créer la ligue (sécessionniste) du Sonderbund (1845/1847), allant même engager une guerre qu’ils perdront.
Politiquement, dans les plus hautes instances institutionnelles, la Suisse, dispose :
De conseillers fédéraux (de l’ordre de 7), d’un président de la Confédération (élu par l’Assemblée fédérale, composée du Conseil national et du Conseil des États, mandaté pour 1 an), d’un vice-président et d’un chancelier.
Eugène GUYENNE (Le Parti des Européens)
13:37 Publié dans Analyses, Institutions européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : subsidiarité, fédéralisme, suisse |
Etude des systèmes nationaux subsidiaires: le cas de la Belgique.
Si durant l’Antiquité, la notion de « belge » renvoyait à une partie des gaulois, il aura fallu attendre l’époque contemporaine seulement (1830) pour disposer d'une entité subsidiaire (et indépendante) belge, reflet de son identité (or qu’est-ce que l’identité belge ? », la question se pose éternellement).
Face à ce genre de problématique, elle a depuis 1980 adopté un modèle subsidiaire « fédéral », en institutionnalisant 3 régions : la région de Bruxelles-Capitale, la région wallonne et la région flamande.
Si les principales questions sont réglées à Bruxelles, chacun possède son lot de pouvoir.
Avec un « gouvernement régional » (gouvernement wallon, gouvernement flamand) qui est le siège du pouvoir exécutif de leur région, composé de 8 ministres (sauf à Bruxelles-Capitale : 4 ministres dont 2 francophones et 2 néerlandophones) et d’un « ministre-président » pour chacun, avec un Parlement unicaméral, où Liesbeth Homans (N-VA, Flandre), Jean-Claude Marcourt (PS, Wallonie) et Rachid Madrane (PS, Bruxelles-Capitale) en sont respectivement les présidents.
Étant donné qu’il existe aussi une communauté germanophone, elle possède aussi une existence politique là où elle est, en Wallonie, avec un « Gouvernement de la Communauté germanophone de Belgique », élu par le « Parlement de la Communauté germanophone de Belgique », présidé actuellement par le socialiste Karl-Heinz Lambertz.
Et grâce à la Constitution belge (article 139) il est possible à cette dernière d’exercer politiquement certaines compétences régionales en Wallonie (comme dans le patrimoine, l’emploi et la tutelle sur les communes, fonds des communes, mais pas pour l’emploi des langues dans l’administration).
Ce qu’elle a pu mettre en œuvre déjà à trois reprises.
Cette approche institutionnelle de la subsidiarité correspond beaucoup plus à la réalité historico-politique et humaine de la Belgique, tant les identités (culturelles, linguistiques, religieuses) y sont fortes.
Eugène GUYENNE (Le Parti des Européens)
13:29 Publié dans Analyses, Institutions européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : subdidiarité, fédéralisme, belgique |
05/08/2019
Pour un souverainisme européen
Si le Parti des Européens (LPE), et en premier lieu son dirigeant Thomas Ferrier, dénonce le souverainisme français (et toute forme de souverainisme stato-national dans sa forme actuelle), il n’en reste pas moins que le « souverainisme » en soi, n’est pas un problème.
En effet, la volonté d’être « souverain » chez soi, est naturel.
Puisqu’elle affirme la défense de son identité et de son entité politique (cette dernière est très courante aujourd’hui, de façon centraliste) qui nous représente, ou du moins est censé nous représenter.
C’est donc l’identité qui fonde la souveraineté et non l’inverse, erreur récurrente des souverainistes français, en omettant l’identité intégrale de la France, à savoir qu'elle est fondamentalement de nature européenne (celtique, romaine, germanique, gréco-latine et pagano-chrétienne avec des particularités régionales spécifiques).
En tant que défenseur de l’Europe et de son unité politique, le LPE doit pouvoir se revendiquer « souverainiste européen » !
Puisque le LPE affirme l’identité européenne (native, civilisationnelle, ethnique) qui, comme la française, l'anglaise ou la russe, n’est pas « nationale » au sens second, d’unique et centralisée.
Par ce biais de la défense de l’identité européenne, il faut revendiquer la légitimité (certes factuelle, concept vu précédemment dans l’article sur la légitimité des provinces européennes), la souveraineté de l’Europe et des Européens, sur le plan ethnique, culturel, géopolitique et institutionnel (politique, militaire, économique).
Ces deux premières parts de la « souveraineté européenne » sont factuelles et il faut pouvoir les maintenir.
Reste la question de la souveraineté institutionnelle.Le LPE la revendique aussi.
Certes elle n’existe pas intégralement, puisqu’au sein de l’UE seules les institutions économiques (monnaie euro + banque BCE) et juridiques (CJE) existent. Mais une structure qui n’a que le corps et pas de tête n’a pas de sens !
Et c’est pourquoi le LPE, qui paraît très UE-phile aux yeux de certains, veut prendre les rênes de l’UE en se servant seulement d'elle comme d'un outil pour doter l'Europe de cette tête politique qui fait défaut et avec comme finalité un gouvernement européen, donc un État européen, avec ses ministères et ses pouvoirs régaliens et où les actuelles banque et cour de justice européennes auraient enfin tout leur sens.
Et par modification à leur tête, les stratégies idéologiques changeraient de fait, puisque la réalité d’hier n’est pas forcément celle d’aujourd’hui et la réalité d’aujourd’hui n’est pas forcément celle de demain.
On peut critiquer l’UE, à juste titre car elle ne reflète pas aujourd'hui réellement l’Europe et les Européens, mais rien ne dit qu’elle ne changera pas à l’avenir, dans un sens positif justement, où la nature de l’Europe (la nature se remarquant par son identité) serait véritablement incarnée par le LPE.
C’est pourquoi il est bon de pouvoir se revendiquer « souverainiste européen » à l’heure où le seul champ de la promotion politique européenne est incarné par les macronistes (qui sont purement dans une logique manichéenne de division) !
Eugène Guyenne (Le Parti des Européens)
19:17 Publié dans Analyses, Institutions européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : souveraineté européenne |
29/04/2019
Le respect des identités: la réussite de la décentralisation
S'il a été évoqué il y a plusieurs mois à juste titre de nommer et penser les choses en "décentralisation" plus qu'en "fédéralisme", cette décentralisation de la future République européenne est nécessaire afin de préserver les identités à l'intérieur de cette institution, tout en gardant le monopole des principaux enjeux.
Penser "fédéralisme" implique qu'il y ait un ensemble homogène de territoires pas forcément dépendants d'un État comme on l'a vu avec la Confédération Livonienne (1228/1561) ou Germanique (1806/1848), bien que les actuelles Fédération de Russie et Confédération suisse démontrent le contraire.
L'actuelle Union Européenne le démontre en tant qu'exemple d'indépendance politique puisque certes elle est une "union", a des apparences étatiques (banque, monnaie, parlement, armée, frontières) mais il lui manque l'essentiel: un gouvernement et une armée indépendante. Ce sont les États qui la composent qui sont souverains sur le plan politique et militaire. Le premier, étant nommé par le chef d'État. Or ni l'un, ni l'autre n'existent sur un pan européen. Celui-ci gère la diplomatie et est le chef des armées. Le second, étant un préalable pour le bon fonctionnement d'un État, souverain, permettant de gérer concrètement la diplomatie comme dit plus haut, donc à la fois au niveau européen et local.
Sans parler de tout ce qui va avec pour un État: carte d'identité, basée juridiquement sur le principe du droit du sang ou du sol.
Penser "décentralisation" permet d'avoir un État qui a toujours du pouvoir mais celui-ci est moins centralisé, et permet une vraie concordance entre les localités, les régions (incarnées chacune par leurs identités propres), d'avoir un réel pouvoir à la fois politique via la municipalité ou le parlement provincial, et économique via la régulation localiste et régionale (penser pourquoi pas sur du très long terme à une monnaie locale et facile d'usage comme c'était le cas durant le Moyen-Âge), tout en étant encore une fois dépendante de l'État dans le domaine politique, économique, fiscal, administratif, dont les enjeux d'envergure européenne prendront le dessus, comme la question migratoire extra-continentale, les frontières (donc le régalien), les relations internationales favorables à des pays tels que directement la Russie et le Japon, l'Inde et l'Iran sur du très long terme et défavorables (comme les États du Golfe et la Chine) et l'armée, qui est l'une des clés de voûte de la souveraineté d'un État, servant à protéger ses frontières, son peuple, puisque l'autre souveraineté d'un État se base sur son identité.
Il est évident qu'un territoire comme l'Europe avec les fortes identités actuelles (Alsace, Lorraine, Occitanie, Pays-Basque, Catalogne, Bretagne, Normandie, Corse, Flandres, Wallonie, Sicile, Sardaigne, Bavière, Souabe, Écosse...), s'impose la décentralisation tout en n'oubliant pas que le Bien-Commun (l'Europe) doit primer avant tout, celui-ci passant politiquement par un État, souverain, garant de la pérennité du territoire au niveau européen, régional et local.
Eugène Guyenne (Le Parti des Européens)
21:15 Publié dans Analyses, Institutions européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : décentralisation, subsidiarité, europe |
06/03/2019
Manifeste pour une vraie renaissance européenne.
Prolégomènes.
Emmanuel Macron dans une tribune a évoqué une renaissance européenne. Pour qu’il faille une renaissance européenne, il faudrait déjà préciser en quoi il y a décadence. Or son propos passe sous silence tous les maux qui rongent l’Europe et tous les périls qui s’annoncent. Sa « renaissance » n’est qu’un linceul blanc posé sur le corps de l’Europe en voie d’agonie.
Les maux qui rongent l’Europe ? La dénatalité endémique qui ravage notre continent. Les flux migratoires de substitution, issus notamment des anciennes colonies et/ou des sociétés islamiques, qui la dénaturent, engendrant crise identitaire et crise sécuritaire sur le sol de l’Europe. Les périls qui s’annoncent ? Que les Européens (Russie incluse) finissent minoritaires sur leur propre sol au cours du XXIème siècle. Que leur civilisation s’éteigne. Quels autres maux ? La guerre froide larvée entre l’Europe et la Russie, par le biais de la stratégie américaine de division des Européens, jouant les uns contre les autres, et d’encerclement de la Russie par des états hostiles.
La tutelle américaine, par le biais de l’OTAN, par le biais aussi de son influence diplomatique et culturelle, et enfin par la menace de sanctions économiques contre nos entreprises si elles ne jouaient par son jeu, a même contraint les Européens à exercer des sanctions économiques contre la Russie. Pire, nos dirigeants vont encore plus loin dans la soumission aux USA, au point de souhaiter une domination encore plus forte en soutenant les interventionnistes du parti démocrate au lieu de préférer profiter de l’isolationnisme de Trump pour se libérer de leur tutelle.
Illusions et mensonges.
Lorsque ces périls ne sont pas purement et simplement niés par nos dirigeants, et même lorsqu’un constat honnête, comme la déclaration d’Angela Merkel sur l’échec de la société multiculturelle, est énoncé, qui n’est pas le moins du monde suivi d’actes ou qui est démenti dans les faits quelques mois après pour accueillir des centaines de milliers de migrants, ils sont ignorés. Dans la tribune d’Emmanuel Macron, pas un mot n’est consacré à l’immigration ou à l’islam.
Les mondialistes qui nous dirigent ne veulent rien changer à leur gouvernance mais ils veulent renforcer les moyens de museler l’opposition. Au nom des droits de l’homme, ils restreignent les libertés du peuple. Le projet Macron pour l’Europe se limite à créer des gadgets institutionnels supplémentaires, parfaitement inutiles et sans doute destinés à récompenser ses affidés en créant des postes bien rémunérés grâce à nos impôts. C’est l’Europe de l’impotence et de la stagnation. L’Europe politique est renvoyée aux calendes grecques. Aucune avancée significative n’est proposée. Il s’agit seulement de l’empêcher. Macron consolide ainsi l’aspect technocratique et mondialiste de l’Europe en créant des institutions parasitaires et en fermant l’horizon d’une véritable renaissance.
Les souverainistes en face, s’ils nient moins ces périls, les placent de toute façon au second plan au nom de leur obsession économique consistant à tout voir par ce seul prisme, rassurant car il ne demande pas le courage politique que serait celui consistant à dénoncer le péril migratoire. Le péril pour eux vient davantage du voisin européen qu’ils regarderont en chiens de faïence, que de l’immigration extracontinentale et de ses conséquences. Ils restent dans un cadre politique qui était celui d’une Europe qui pesait 25% de l’humanité et qui dominait les trois-quarts de la planète. Les temps ont changé mais ils ne veulent pas le voir, de peur de devoir franchir des Rubicons idéologiques qu’ils refusent par nostalgie incapacitante. Ils prêtent à une UE impuissante un pouvoir exorbitant, exonérant à bon compte les gouvernements de leurs responsabilités, et accusent l’euro de tous les maux. Que l’immigration post-coloniale ait été organisée en France depuis 1946, au Royaume-Uni depuis 1948 ou en Allemagne depuis 1963, sans le moindre rôle joué par la CEE puis par l’UE, ne les intéresse pas. Ils rêvent justement de renvoyer au voisin européen le dernier migrant entré.
Notons enfin que l’émergence des populismes et des nationalismes centrifuges est d’abord un symptôme de l’échec de cette Union européenne là et des principes qui la président depuis l’origine. Il ne faut donc pas s’opposer à eux par principe mais prendre acte du fait que leur existence est le reflet de politiques désirées par les peuples européens et que l’oligarchie leur refuse par dogme mondialiste, et notamment du rejet croissant des flux migratoires par ces mêmes peuples, à qui les premiers flux de travail depuis les années 50 avaient été présentés comme temporaires et dont la pérennité n’a jamais été ni désirée ni acceptée.
Trois pactes pour le salut et l’avenir de l’Europe.
Au plus tôt…
Un pacte de liberté.
Un pacte pour finaliser la décolonisation et émanciper réellement les anciennes colonies. Commençons par émanciper complètement les départements et territoires d’outre-mer afin d’affirmer notre destin européen et de rendre la souveraineté à des peuples dont l’identité est autre. Abandonnons le franc CFA et les politiques de francophonie, d’anglophonie et de lusophonie. Si l’identité de l’Europe nous importe, nous devons admettre que l’identité de l’Afrique importe aux Africains et la respecter. Dans ce cadre, les pays émetteurs de flux migratoires de l’Afrique vers l’Europe doivent aussi respecter notre identité et encourager leurs ressortissants expatriés à retourner dans leur pays. Pour ce faire, il faut bien sûr que l’Europe agisse en cohérence en coupant l’appel d’air et en arrêtant les pompes aspirantes, en recentrant ses politiques publiques sur ses propres citoyens. L’Europe se désengagera totalement des affaires africaines et arrêtera d’influencer les politiques de ce continent.
L’avenir de l’Europe n’est pas lié à celui de l’Afrique et réciproquement. L’avenir des Européens est en Europe et l’avenir des Africains est en Afrique. Liberté pour les uns comme pour les autres de demeurer eux-mêmes sur la terre de leurs ancêtres.
Un pacte d’égalité.
Les Européens doivent assumer leur destin par eux-mêmes sans la tutelle d’une puissance étrangère qui se veut amie mais qui les oppresse notamment depuis la chute du bloc soviétique. L’OTAN aurait dû disparaître en 1991 au moment où l’URSS redevenait la Russie et où Gorbatchev proposait de faire de l’Europe une « maison commune ». Il est donc temps que l’Europe dénonce le traité de l’Atlantique-nord et bâtisse une véritable armée européenne indépendante. La présence des forces américaines en Europe, qui déstabilise notre relation avec la Russie et aliène notre souveraineté, doit cesser. A terme, cette armée européenne intégrera jusqu’à l’armée russe.
Ce pacte d’égalité, c’est que l’Europe sera respectée par les USA comme un égal, que les USA ne mèneront pas de rétorsions économiques contre l’Europe sans réponse en retour de sa part, qu’ils respecteront notre richesse culturelle, dont ils s’inspirent pour leur cinéma du fait de leurs origines européennes, et qu’un cinéma européen digne de ce nom, qui reste à rebâtir, sera accueilli aussi largement aux USA que le cinéma américain l’est en Europe.
Un pacte de fraternité.
Nous refusons cette guerre froide larvée entre l’Union européenne et la Russie qu’attisent tactiquement les USA. Nous proposerons donc un pacte de fraternité à l’ensemble des pays de l’Europe orientale et en particulier à la Russie. Mais nous tiendrons compte aussi des légitimes inquiétudes des pays d’Europe centrale qui ont subi jadis le joug du bolchevisme, qu’ils confondent à tort avec la Russie.
Il s’agira dans le cas des pays baltes de rassurer ces derniers sur leur identité en encourageant la Russie à faire revenir les russophones de ces pays, dont la présence trop forte attise une russophobie nocive, et dans ce cadre l’Union Européenne devra engager un plan d’investissement économique important en partenariat avec la Russie.
Toutes les sanctions économiques contre la Russie, qui en plus nuisent à l’économie ouest-européenne, seront levées et les visas entre l’Union Européenne et la Russie, comme avec l’Ukraine et le Belarus, seront levés. Une réconciliation Ukraine/Russie sous l’égide de l’Union européenne, à partir de la situation établie, sera engagée. Un plan européen d’action économique sur le Donbass, qui restera en Ukraine, sera mis en place.
A terme, l’intégration complète à une Union européenne refondée de manière simultanée de l’Ukraine, du Belarus et de la Russie, est envisagée comme un objectif fondamental. Nous n’avons pas à craindre l’élargissement de l’Union européenne à des pays européens, que ce soit ceux des Balkans occidentaux, Serbie en tête, ou que ce soit ceux de l’Europe orientale.
Une vraie ambition pour l’Europe.
A plus long terme…
Une Europe unie et démocratique.
L’Union européenne sera réorientée dans un sens démocratique et toutes les institutions non élues seront abrogées. Les deux conseils et la commission de Bruxelles seront supprimés. Le parlement européen de Strasbourg deviendra l’institution principale de cette Union refondée. A partir de lui, sera proposée une véritable constitution européenne aux citoyens d’Europe, qui permettra de doter le continent européen d’institutions démocratiques fortes.
Cette Union européenne refondée sera une « nouvelle Athènes ». Une nationalité européenne définie par l’ascendance sera instituée afin de pérenniser l’identité native de l’Europe et de garantir un espace européen de libertés, de droits et de devoirs, entre personnes ayant un destin commun par leur origine commune. Une présidence élue au suffrage universel direct sera institué. Un sénat européen représentera les régions et les nations d’Europe.
L’euro deviendra la monnaie nationale de l’Union européenne puis de l’Europe unie. Il sera contrôlé par la Banque nationale européenne (ex-BCE) elle-même pilotée par le ministère européen des finances. Le budget européen se substituera intégralement aux anciens budgets nationaux, permettant ainsi une politique de meilleure répartition de la ressource en Europe et des économies d’échelle massives. La bonne gestion budgétaire impliquera un plan européen d’économies sur toutes les dépenses supplémentaires de nature « humanitariste » que l’Europe s’est imposée à elle-même pour plaire aux globalistes et sur toutes les dépenses liées à la question migratoire et qui n’auront plus lieu d’être.
Une Europe unie et identitaire.
Il s’agira d’affirmer le caractère européen de l’Europe et de toutes les nations et régions qui la composent, l’Europe elle-même étant considérée comme une nation par l’unité de peuplement et de civilisation qui la caractérise depuis des millénaires.
Il faudra également empêcher la propagande consistant à encourager l’aliénation et le remplacement de l’Europe, à laquelle on opposera une grande politique continentale de réaffirmation identitaire.
Par le biais de la nationalité européenne et des droits et devoirs exclusifs dont disposeront ses détenteurs, des politiques encourageant des logiques remigratoires seront mises en place afin de garantir le caractère européen de l’Europe pour l’avenir et démentir ainsi les prospectives sombres annoncées pour l’Europe au cours du XXIème siècle selon les paradigmes actuels.
Il s’agira enfin de relancer la natalité européenne et non d’encourager une natalité de substitution. La détention de la nationalité européenne conditionnera les aides sociales et les allocations en ce domaine, mais aussi dans le domaine de l’emploi et de l’éducation.
Une Europe unie et continentale.
L’objectif est que l’Europe soit unie, dotée de son Etat unitaire stratège et de son gouvernement légitime, sur un espace compris entre l’Islande et la Russie. Aucune nation d’Europe, aucun peuple d’Europe, ne sera laissé à nos portes.
En revanche, les pourparlers d’adhésion avec la Turquie, même s’ils sont actuellement au point mort, seront officiellement abandonnés.
Cet espace continental unitaire respectera les identités de chaque région et nation historique par l’adoption d’un principe de subsidiarité identitaire et si la liberté de circulation à l’intérieur de cet espace sera absolue, le droit d’installation en revanche sera conditionné à l’acceptation pleine et entière au préalable des habitants, au niveau de la cité ou de la région. Les cultures d’Europe n’ont pas vocation à disparaître par fusion mais au contraire à se renforcer mutuellement.
Conclusion.
Il est temps d’engager une véritable renaissance de l’Europe en osant doter cette dernière des institutions européennes puissantes et efficaces dont elle manque cruellement, et d’affirmer une souveraineté européenne réelle, qui ne se limite pas à des paroles mensongères de politiciens en berne dans les sondages.
Ce n’est pas par des petits pas ou par des déclarations que l’Europe s’unira mais par une volonté politique de fer, une vision d’avenir, et le soutien des Européens, alors réveillés et convaincus. Pour que l’Europe en 2050 soit toujours l’Europe, il faut l’unir mais sur les bonnes bases et la doter d’une tête et d’un cadre.
Pour l’Europe éternelle, pour l’Europe européenne, agissons et forgeons à nouveau notre destin en hommes libres, en Européens !
Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)
17:56 Publié dans Institutions européennes, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : manifeste européen |
18/11/2018
Pour la nation européenne (1ère partie)
Si on se réfère à sa définition, la nation est « l’ensemble des êtres humains vivant dans un même territoire, ayant une communauté d'origine, d'histoire, de culture, de traditions, parfois de langue, et constituant une communauté politique ». L’Europe en est-elle une ? Non, si on se réfère à cette définition, puisque la nation, c’est l’unité de tous ces critères et que la communauté politique est la clé de voûte qui rassemble des individus, symbolisée par un État. Et l’Europe n’a pas d’État, quand bien même sa structure (l’Union Européenne) en possède certaines composantes. Mais il manque des critères essentiels, ce qui ne la définit pas comme un État.
A l’État, s’ajoutent les symboles propres à la nation. A l’État, s’ajoutent l’aspect de puissance, l’impact que la nation (symbolisée politiquement par son État) peut avoir sur le plan international à l’étranger. Et comme il n’a jamais existé dans l’histoire de puissance unique (malgré l’Empire romain, le Saint-Empire ou même les États-Unis), il y a une autre notion rattachée au concept de puissance, qui est le rapport de force, au niveau politique et diplomatique, économique et commercial, militaire et j’en passe.
Prenons la période contemporaine où c’est à ce moment que la plupart des nations européennes ont émergé et se sont distinguées notamment sur la période 1848/1945. Paradoxalement, c’est à cette période que l’Europe s’est le plus déchirée, divisée et que les dégâts humains et matériels ont été les plus considérables. Perdant de facto leur « souveraineté » puisque l’on est rentré dans une nouvelle ère de faire la guerre qui est totale, avec une volonté d’anéantissement des peuples, ces États européens ont perdu considérablement leur puissance au profit des États-Unis, autre grande hégémonie qui a relancé à elle seule l’Europe occidentale (par le Plan Marshall), et qui sont incapables de rivaliser sur le plan international dans tous les domaines.
C’est par cette « Europe des nations » (existant depuis les Traités de Westphalie de 1648, quoi qu’en disent les souverainistes pour critiquer l’Europe dite « bruxelloise »), que ces Etats qui la composent rendent cette Europe-politique qu’est l’UE impotente, impuissante et désunie. D’ailleurs si je devais donner mon avis, je trouve une certaine similitude entre l’Union Européenne actuelle et l’ancienne Confédération germanique. La Confédération germanique fut une « confédération », union officieuse d’États qui la composent à l’intérieur. La similitude se trouve dans la composition de cette appellation. Car l’UE est aussi une structure qui marque une « union », fédérale certes ou « confédérale », puisque les Etats membres décident d’avoir une même monnaie ou pas (exemple de la Suède), d’être membres ou pas de l’Espace Schengen (exemple de la Croatie) et de signer ou pas les traités.
Face à ce constat dramatique, nous, au sein du Parti des Européens, voulons redorer le nom de l’Europe. En se servant déjà des éléments qui composent l’UE pour s’en emparer et donner à l’Europe cette unité politique qui lui fait défaut. Par les symboles du drapeau aux douze étoiles de forme circulaire sur fond bleu, l’hymne, extrait de la 9e symphonie de Ludwig von Beethoven (« Ode à la joie »), le Parlement Européen basé à Strasbourg, des cours de justice basées à Luxembourg et à Strasbourg, une BCE basée à Francfort, l’armée Eurocorps et l’Espace Schengen (qui n’existe actuellement qu’officieusement car pas défendu par son armée).
Appuyer sur les liens qui unissent les européens où sauf la communauté politique et la langue, tous les autres critères qui font la nation, sont applicables à l’Europe : - un même territoire : l’Europe ; toujours considéré comme allant de l’Islande à la Sibérie - la communauté d'origine : européenne, voire indo-européenne si on veut remonter aux premières traces d’Hommes en Europe (cf Marija Gimbutas, James Mallory, Kristian Kristiansen) - l'histoire : les Européens ont un lien entre eux depuis 30 000 ans si on en croit le livre de Dominique Venner, « Histoire et tradition des Européens ». Et quand bien même il existe des histoires locales, régionales, nationales, impériales (des Romains antiques aux Russes actuels), il existe une histoire commune, civilisationnelle, qui malgré les différences, restant mineures à l’échelle civilisationnelle, malgré les « guerres fratricides ». Les Européens partagent donc la même histoire.
Eugène GUYENNE (Le Parti des Européens)
13:42 Publié dans Analyses, Elections en Europe, Institutions européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : eugene guyenne, nation européenne |
02/08/2018
La notion d'hybris dans notre conception de l'Etat européen
Par Eugene Guyenne (pour Le Parti des Européens)
Aujourd'hui en France, certaines personnes par naïveté et/ou malhonnêteté pour la plupart, pourraient penser que concevoir un État européen comme le fait le Parti des Européens, est un acte hybris. Déjà il s'agit de replacer ce qu'est l'hybris (húbris), qui vient du grec, c'est-à-dire "la démesure", "l'excès". Historiquement on sait à quoi se rattache la notion d'hubris et de démesure. À la Grèce et la Rome antique et leurs impérialismes respectifs, avec la notion coloniale.
Ensuite, il s'agit de comparer deux conceptions que sont "État européen" et "hybris".
L'État européen n'existe pas actuellement - puisque l'Union Européenne est simplement une structure qualifiée de "supra-nationale" par certains, ayant une fonction financière et très politique et intégrale dans ses institutions - mais certaines personnes travaillent à la réflexion de celui-ci. Donc l'État européen serait-il une marque d'hybris au prétexte d'une grandeur ?
Que peut-on dire des anciens empires récents - qu'ils soient ottoman, russe (tsariste ou soviétique), yougoslave (communiste ou nationaliste) et austro-hongrois ? Que dire des anciens empires coloniaux français et britannique, dont par ailleurs la France et la Grande-Bretagne ne s'en sont toujours pas débarrassés voire pire, continuant même de s'y appuyér respectivement par le biais des DOM/TOM et de la francophonie d'un côté, et le Commonwealth d'un autre. Que dire d'états tels que le Canada et de la Russie actuelle puisque ceux-ci sont deux des plus grands territoires dans le monde ? Et non sans réveiller certaines consciences, de l'annexion russe de la Crimée au cas du Haut-Karabakh.
Et du point de vue régionaliste, puisque l'État français est jacobin, n'y a-t-il pas une forme de démesure de l'État français depuis l'Ancien-Régime, d'avoir annexé des anciennes provinces telles que la Gascogne, la Provence, le Dauphiné, la Normandie, la Bretagne, les Flandres, puis à une époque plus récente la Corse, l'Alsace/Lorraine et j'en passe ? De la part de l'État allemand d'avoir annexé à l'époque moderne, les duchés du Schleswig, du Holstein, de Bavière, de Bade et de Wurtemberg ?
Qui sont réticents parce qu'ils ne défendent qu'une vision nationale, de leur nation et de leur peuple, une nation par ailleurs jacobine. Ceci explique entre autres leur réticence à propos de l'Union Européennecomme des États-Unis, en dehors de leurs idéologies véhiculées. Dont leur principal argument est la démesure de celles-ci.
Mais il n'en est rien puisque cet État européen souhaité, réellement européen à tous les points de vue, n'est pas une forme de démesure. Puisque c'est la conservation d'un territoire européen déjà existant dont cet État, protecteur de celui-ci, n'a aucune volonté impériale.
L'Union Européenne n'est pas non plus une manifestation d'hybris puisque si certains reconnaissent en elle une structure "supra-nationale" (vis-à-vis de leur nation), elle n'a aucun pouvoir politique et n'a qu'un pouvoir économico-financier (et encore !) puisqu'à l'intérieur certains ne font pas partie de la zone-euro et que par conséquent, ce sont les États européens (membres ou pas de l'UE) qui décident de leur propre politique et sont les responsables de leurs laxismes notamment en matière migratoire.
Donc d'aucune manière, l'État européen ne présente une forme d'hybris puisque celui-ci ne présente aucun caractère impérial et encore moins colonial mais simplement la conservation d'un territoire, d'une civilisation, d'un peuplement et d'identités respectives a l'intérieur de celui-ci, représenté par un État.
20:16 Publié dans Analyses, Institutions européennes, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : eugene guyenne, hybris, état europée |
26/12/2017
Election de Laurent Wauquiez : économie, identité, Europe.
Au lendemain de l’élection de Laurent Wauquiez, tous les commentateurs reviennent sur le positionnement du nouveau président comme principal opposant à Emmanuel Macron et comme incarnation du retour de la droite. Le constat est que la politique suivie par le premier ministre Edouard Philippe et le ministre des finances Bruno Lemaire, eux-mêmes issus des républicains, est de droite sur le plan économique et qu’on ne peut alors s’en démarquer que sur le plan identitaire. Or cette division de la politique entre les questions d'économie et celles d’identité relève d’une erreur d’analyse grave.
Il a été dit que Macron favorisait, sur le plan économique, les ultra-riches et les assistés. Les premiers font partie du cercle qui lui a donné les moyens de faire campagne. Les seconds constituent la foule censée permettre sa réélection. C’est ainsi que la base de l’ISF a été réduite au patrimoine immobilier, qui constitue une part importante de la richesse des classes moyennes supérieures alors qu’il est très minoritaire dans la fortune des plus aisés. C’est encore ainsi que l’augmentation de la CSG sur les retraites va frapper dès les classes moyennes inférieures. C’est toujours ainsi que la suppression de la taxe d’habitation concentrera cet impôt sur les revenus moyens dans leur ensemble.
Or le choix fait par Macron n’est pas seulement le résultat d’un calcul électoraliste. C’est la traduction économique d’un modèle de société de type féodal. D’un côté les seigneurs, ceux qui ont réussi, ont droit à tous les avantages pour former une caste fermée où l’on sait se reconnaître entre pairs. De l’autre les manants, ceux qui ne sont rien, peuvent être n’importe qui, venir de n’importe où ; on n’a pas à s’en soucier puisqu’ils n’ont pas vocation à se mêler aux seigneurs ; ce sont l’ouvrière taxée d’illettrisme, le travailleur étranger assimilé à une marchandise, le fauteur de bordel, le fainéant ; ils ne comptent que pour donner leur voix à un chef qui leur offre le spectacle gratifiant de sa parade en toute occasion, tout en leur accordant des aides en tout genre comme ce "pass culture" qui fait penser au "panem et circenses" de l’empire romain. Et il ne faut pas mélanger torchons et serviettes : il y a "eux" et "nous", les "out" et les "in", les "exclus" et les "inclus", comme Ivan Rioufol se plait à le rappeler.
Ce modèle s’oppose au modèle républicain, lequel tient sur les classes dites moyennes. Il s’agit des classes issues des classes populaires par l’effet d’un ascenseur social qui fonctionne réellement, les deux classes constituant le même peuple. L’ensemble doit alors respecter une certaine homogénéité, les classes populaires devant vivre de l’espoir de s’élever par l’ascenseur social. Autrement dit les deux classes réunies doivent mériter leur nom de peuple, et ne plus être un agglomérat informe et non identifiable de populations.
Le choix du modèle républicain finissant par s’imposer sur celui du modèle féodal est un trait de l’identité européenne. Cette identité est niée par Macron. Elle n’est pas davantage acceptée par les syndicats de gauche, lesquels se focalisent sur la défense des "manants" sans se rendre compte qu’ils ne pourront jamais leur offrir autre chose que de rester des manants.
Cette identité sera-t-elle suffisamment mise en avant et de la bonne façon par Wauquiez? C’est un point à suivre.
La politique de baisse des charges sur les entreprises initiée par François Hollande avec le CICE sera reprise par Macron sous une forme sans doute différente. Même si les choses ne sont pas toutes tranchées, il est à craindre que la baisse des charges reste plus ou moins ciblée sur les bas salaires. Évidemment cela aura sans doute pour résultat de faire un peu baisser le chômage dans un premier temps, ce dernier touchant principalement les emplois peu qualifiés.
Or le choix n’est pas seulement ici seulement dicté par une politique à court terme. Il s’inspire également d’un modèle de société de type féodal. D’un côté les seigneurs vivent sur les bons résultats à l’étranger de grandes sociétés éventuellement nationales, leurs profits étant placés de façon telle que la populace ne pourra pas y toucher. De l’autre on rassure les "serfs" en protégeant tant bien que mal leurs emplois peu compétitifs. Ces malheureux ont la garantie d’un SMIC qui est insuffisant pour vivre selon les standards que des européens seraient en droit d’attendre, dans une société où le progrès technique devrait pouvoir leur offrir de meilleures conditions que celles qu’ont connu leurs parents. Et qui est en même temps trop élevé dans la concurrence avec les pays voisins. On le constate avec la dégradation constante de l’équilibre des échanges commerciaux.
Le modèle féodal s’oppose aussi à ce qui pourrait être un modèle républicain dans lequel l’écueil précédent ne se rencontrerait pas. Dans ce dernier modèle, la qualité de la production et la qualification des travailleurs auront monté en gamme. C’est un petit peu ce qui cherche à se faire aujourd’hui en Allemagne, où, par conséquent, le coût du travail est en moyenne supérieur dans l’industrie à ce qu’il est en France, non pas parce que les charges y sont plus lourdes mais parce que le travail y est plus qualifié. Contrairement à ce qu’on lit souvent, ce n’est pas l’usage de machines-outils qui est le moteur de la différence entre les deux pays, mais l’investissement dans le facteur humain. C’est un petit peu aussi ce que soutenait Valéry Giscard d’Estaing quand il se décrivait, assez maladroitement, comme le premier ouvrier de France. Dans ce modèle tout travail doit être qualifié, quelle que soit sa nature. Évidemment il faut pour cela une société tirée vers le haut par une école qui transmet un patrimoine partagé et qui prépare au service d’un dessein commun. Autrement dit une société qui bénéficie d’une identité construite au cours des siècles et ayant vocation à poursuivre sa construction.
Le choix féodal est celui de Macron et de tous ceux qui, venant de droite, l’ont rejoint ou tentent de prospérer dans son sillage. La critique adressée par les syndicats de gauche manque la cible, quand elle propose d’augmenter le SMIC sans changer le paradigme du travail, ce qui ne peut que conduire à la catastrophe. Le résultat est qu’ils restent les bras croisés face à la menace de délocalisation. La gauche, qui a été dans le passé l’initiatrice du modèle républicain, s’inscrit aujourd’hui dans un modèle féodal qu’elle imagine pouvoir adapter. C’est ainsi que la politique économique de Macron est conforme à la nouvelle matrice de gauche, contrairement à ce que l’on entend partout dire, même si des mesures comme la dérégulation du travail ou la baisse des APL donnent une image contraire. Sachant, par ailleurs, que le choix judicieux de son ministre de l’éducation vient comme l’exception qui confirme la règle. Brice Couturier, dans un dialogue avec Ivan Rioufol pour le journal Le figaro en décembre, oppose très bien ce qui est « combattre les inégalités en amont, assurer l’égalité des chances en équipant les individus de compétences qui leur permettront de faire valoir leur valeur sur un marché du travail réanimé » et ce qui est « réparer les maux sociaux en aval ». Mais il se trompe doublement. En attribuant la seconde à la « vision classique de la gauche » alors qu’il s’agit de celle d’une gauche ayant perdu ces idéaux, une gauche réduite aux symboles ou une « gauche libérale » comme celle de Terra Nova. Et en attribuant la première à Macron, alors que toute son action et ses paroles prouvent le contraire. Notre débatteur serait-il prêt de reprendre la formule du « cancer de l’assistanat », qui soulève tant de critiques de la part d’une droite se prétendant « humaniste », en rangeant Macron sous cette bannière ?
Maintenant le choix républicain sera-t-il celui de Wauquiez ? On le verra.
Évidemment on notera que la situation actuelle de France n’est pas calée sur l’un des modèles. Si la certains cherchent à la faire évoluer vers un modèle féodal, elle conserve encore des acquis de son passé républicain. Par ailleurs, dans le modèle féodal du moyen-âge, les manants n’avaient pas le pouvoir. Or personne ne cherche à remplacer le suffrage universel, qui donne en principe aux manants le loisir de désigner leurs dirigeants. Mais si l’on regarde de près, on s’apercevra que la politique est organisée de façon telle que ce pouvoir est plus théorique que réel. Cela met en jeu un tas de mécanismes subtils. Ainsi le pouvoir médiatique est-il aux mains d’une caste ; c’est elle qui décide qui est respectable et qui ne l’est pas. Le pouvoir judiciaire est lui-même très politisé à gauche, à savoir du côté des bien-pensants. On a vu, avec l’affaire Fillon, comment il pouvait décider d’une élection. Par ailleurs il faut rassembler des fonds importants pour faire campagne. On les trouvera auprès des seigneurs, ce qui n’est pas spécifique à la France : Barack Obama a reçu beaucoup d’argent des électeurs afro-américains, mais sans le soutien de la haute finance il n’aurait pas existé ; si Donald Trump a pu s’en passer, c’est parce qu’il disposait d’une fortune personnelle. Dans les démocraties occidentales, les débats télévisés font que les électeurs se décident sur une personne plus que sur une ligne. Ceux qui ont voté pour Emmanuel Macron ont-ils retenu du programme de leur candidat autre chose que des formules comme « en même temps » ou « de droite et de gauche » ? Ils ont voté pour l’homme providentiel. Quand il a fallu élire un président pour le mouvement de La république en marche, les "manants" qui avaient milité au moment de l’élection ont tôt appris qu’ils n’étaient que des manants. On a tiré au sort une poignée d’entre eux, pour imposer à ceux-là d’approuver à main levée le choix du monarque.
Ceux qui critiquent le plus fort la ligne de Wauquiez lui reprochent son euro-scepticisme, qu’ils associent à une ligne identitaire. Dans la pure confusion entre identitaires et souverainistes. Quel contresens ! La vision souverainiste est indissociable d’une enfermement nostalgique de la France dans son empire colonial. C’est le contraire de la vision identitaire qui fait de l’Europe la référence pour la définition d’un peuple, d’un peuple qui partage sur le même continent le même patrimoine et le même dessein.
Pour autant le rejet de l’actuelle union européenne est aujourd’hui une évidence. Dans son livre sur "Le destin de l’Europe" qu’analyse un article de Frédéric Lemaître pour le journal Le monde paru en octobre, Ivan Krasnev explique le scepticisme des pays de l’Est : « ce que craignent les gens, c’est que les méritocrates, en cas de grandes difficultés, choisissent de partir plutôt que de rester et d’assumer les conséquences de certains choix ». Ce faisant, commente le journaliste, il n’oppose pas l’Europe « d’en haut » et celle « d’en bas », mais « les gens » de « quelque part » et ceux qui sont partout chez eux.
Voilà une bonne définition de la nouvelle féodalité ! Les nouveaux seigneurs, ceux qui ont réussi, ne sont plus attachés à une terre. Ils forment une caste internationale, comme les familles régnantes de l’ancien régime. Les nouveaux manants, en revanche, restent enracinés. A l’Ouest, s’ils ne font pas l’affaire, les seigneurs les remplacent. A l’Est ces mêmes manants ne veulent pas connaître cette forme d’abandon. Or c’est ce que leur propose une Europe qui n’est jamais qu’un club de seigneurs. On est très loin d’une Europe portée par un peuple européen.
Se trouvera-t-il, en soutien de Wauquiez, quelques européistes convaincus, porteurs d’un projet ambitieux, à même de dénoncer tous ces euro-béats qui détestent en profondeur l’Europe ? C’est l’avenir qui le dira.
Pierre EISNER (Le Parti des Européens)
22:17 Publié dans Analyses, Editoriaux, Institutions européennes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : wauquiez, macron, thomas ferrier |
16/10/2017
Défense et illustration du drapeau européen.
En 1987, l’alsacien Arsène Heitz, membre de l’équipe de création du drapeau européen, affirmait avoir été inspiré par la couronne mariale. C’est possible. Mais ce n’est pas la seule inspiration qui a abouti à ce résultat. L’organisation Pan Europe prônait un drapeau bleu avec un cercle jaune en son centre et une croix rouge en son sein, unissant le soleil d’Apollon et la croix des croisés.
Le bleu est la couleur de l’Europe, par ses aspirations célestes et par les mers qui l’entourent. C’est la couleur du firmament, c’est la couleur de Zeus venu sur terre conquérir le cœur d’Europe. Les douze étoiles en cercle représentent la concorde entre les douze « dii consentes » olympiens du lectisterne de 217 avant J.C (dédicace romaine aux dieux pour conjurer la menace représentée par Hannibal), six dieux et six déesses à parité, également cités par le poète latin Ennius.
C’est aussi le nombre de travaux héroïques accomplis par Héraclès, et il est certain que l’effort pour unir l’Europe est digne de Prométhée et d’Héraclès réunis. Le nombre 12, qui résulte de 3*4, de la trinité indo-européenne, puis chrétienne, et des quatre éléments, est un symbole de perfection cosmique. Le cercle représente le disque solaire aussi bien que l’harmonie, qui est dans la mythologie grecque fille d’Arès et d’Aphrodite. Cela rappelle la couronne d’Astrée, la déesse de la justice (et des étoiles), qui régnait sur terre du temps de l’âge d’or aux côtés de Cronos/Saturne.
Jean-Luc Mélenchon s’indigne que le drapeau européen soit arboré à l’assemblée nationale. Il déclare : « C’est la république française, pas la vierge Marie ». Et s’insurge de devoir être « obligé de supporter ça ». Il oublie que les révolutionnaires de 1789 voulaient étendre leur révolution à toute l’Europe, avant le virage chauvin de Valmy (1792) et la terreur.
Il propose que ce drapeau soit remplacé par le drapeau de l’ONU, symbole du mondialisme par excellence. On songera à Asselineau en campagne présidentielle aux côtés du drapeau français et du drapeau onusien. Marine Le Pen avait exigé sur le plateau de TF1 que le drapeau européen soit retiré et avait annoncé, élue présidente, qu’elle le ferait retirer de tous les bâtiments publics.
Mélenchon a donc proposé de faire retirer ce drapeau, et Macron s’y est clairement opposé. Dupont-Aignan rappela que le statut du drapeau européen était mentionné dans le traité que les Français avaient refusé par référendum en 2005. Je doute pourtant qu’un seul électeur ait voté non pour cette raison. Enfin Louis Aliot a soutenu mollement cette proposition en indiquant que « nous sommes dans l’assemblée nationale, c’est normal qu’il n’y ait que le drapeau français ». Le repositionnement pro-européen du FN à 180° de la position antérieure et que Marine Le Pen a officialisé dans son discours de Carpentras, a encore du mal à rentrer dans les esprits.
D’un point de vue juridique et institutionnel, il est indiscutable que la présence du drapeau européen à l’assemblée nationale pose question. Mais il rappelle l’engagement européen des dirigeants et parlementaires français mais aussi le caractère européen du peuple français. C’est un symbole fort, exactement comme la statue de Minerve/Athéna sise devant l’assemblée. Qu’une déesse païenne, symbole même de la religion native européenne, s’y trouve, devrait indigner ce laïcard de gauche.
Le drapeau européen n’a pas à être associé mentalement à la politique des actuels dirigeants de l’Union Européenne, qui sont choisis par les chefs d’état et de gouvernement, qui plus est. Sinon, il faudrait refuser de la même façon le drapeau français sous prétexte qu’il a été instrumentalisé par des gens dont on condamne la politique.
Ce drapeau est innocent de l’exploitation qu’en font des dirigeants incapables par ailleurs de le brandir et encore moins de mourir en son nom. C’est à nous, les vrais européens de sang et d’âme de le reprendre à ceux qui ne sont pas dignes de le brandir. Le drapeau européen bleu aux douze étoiles doit devenir le symbole de la résistance de l’Europe au mondialisme. Au lieu d’y voir le symbole de l’oppression globaliste sur l’Europe, voyons-y le symbole de la liberté demain retrouvée, dans l’unité politique et la réconciliation morale du continent. J’ai rappelé que ce drapeau était lui aussi porteur de la longue mémoire européenne.
Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)
11:55 Publié dans Analyses, Institutions européennes, Religion | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : drapeau européen, mélenchon, le pen, heitz, européisme, identité |
02/10/2017
Elections parlementaires en Allemagne : le Bundesrat sans majorité.
Angela Merkel a gagné mais en version Pyrrhus. Avec 33% des voix (26,8% pour la CDU et 6,2% pour le CSU, sa variante bavaroise), obtenant 246 députés (sur 709), la démocratie chrétienne réalise son plus mauvais score de l’après-guerre. C’est dire si la chancelière est devenue impopulaire en quelques années, et une CDU plus courageuse aurait déjà changé de dirigeante, faisant avec elle ce que cette dernière avait fait avec Helmut Kohl.
Son seul motif de satisfaction est d’avoir amené la SPD, avec laquelle elle formait une grande coalition depuis plusieurs années, au plus bas à son tour. Avec 20,5% des voix et 153 députés, la SPD connaît l’un des résultats les plus médiocres de son histoire. Son candidat, l’ancien président du parlement européen Schulz, restera finalement à la tête du parti, au prix du refus de participer à une nouvelle coalition avec la CDU. Cette dernière doit donc se trouver de nouveaux alliés.
Le grand vainqueur de cette élection, par sa marge de progression (+ 7.9 points), est l’AfD dont la campagne fut menée sur un ton identitaire par le tandem gagnant Gauland/Weidel. Même si l’ancienne dirigeante Frauke Petry, à peine élue, claquait la porte du parti en emmenant son député européen de mari, l’AfD est renforcée, avec ses 12,6% des voix et ses 94, et donc désormais 93, sièges. L’extrême-droite classique est laminée, la NPD ne faisant que 0,4% des voix (- 0.9 points) et les REP étant simplement absents, la plupart de leurs adhérents ayant rejoint l’AfD.
Avec 10,7% des voix et 80 sièges, le FDP (libéraux) revient en fanfare au Bundestag. Son jeune dirigeant dynamique, Christian Lindner, qui revendique le ministère de l’économie, a su dynamiser son parti sur une ligne libérale et identitaire, limitant sans doute la marge de progression de l’AfD. Il est devenu faiseur de roi et allié indispensable de Merkel. Mais il va certainement négocier très chèrement sa place.
Les Verts (Grünen) avec 8.9% (+0.5 points) des voix et 67 sièges (+4) sortent également renforcés de ce scrutin, au détriment des sociaux-démocrates. Merkel souhaiterait sans doute les associer au pouvoir pour bâtir sa nouvelle coalition, mais les options très à gauche du parti rendent l’alliance avec la FDP et même avec la CSU très hypothétique. Si elle échoue à bâtir ce que la presse appelle une coalition « jamaïque », elle devra se tourner à nouveau vers les urnes, ce qui serait inédit en Allemagne depuis 1933.
Mais le regroupement de partis aux options antagonistes est très aléatoire et surtout sans stabilité. La CSU pourrait choisir de passer dans l’opposition afin de redorer son blason. De même la CDU pourrait être tentée en cours de mandature de faire tomber Merkel et de changer de dirigeant. Son résultat médiocre ne peut que les y inciter, surtout si l’AfD continue d’accroître son audience à droite.
La gauche radicale de « Die Linke » avec 69 sièges (+5) et 9.2% (+ 0.6 points) se maintient à un niveau élevé. Exclue depuis toujours du pouvoir, même à gauche, son rôle sera le même que celui de l’AfD, faire de la figuration. L’AfD néanmoins pourrait, en cas de coalition minoritaire CDU-CSU-FDP, peser sur la politique du gouvernement, comme le fait le DFP au Danemark.
Dans tous les cas, Angela Merkel a en même temps gagné et perdu les élections. Le désaveu est cuisant. Otage de ses alliés potentiels (Verts et FDP) auxquels elle devra beaucoup céder, au point d’irriter son propre parti, son destin ne lui appartient plus vraiment. Elle ne pourra pas non plus donner suite aux propositions de Macron de refonder l’Union Européenne, certes sur des bases pas plus satisfaisantes que les actuelles.
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26/07/2017
Des libertés publiques, de la justice et de l'inéligibilité
Une loi dite de « moralisation » de la vie politique a été votée par l’assemblée nationale ce mardi. Parmi les motifs d’inéligibilité d’un candidat ont désormais été ajoutées les condamnations liées ce que Philippe Bilger qualifie de « délits relevant de la liberté d’expression ».
De la liberté d’opinion et d’expression.
Celle-ci est normalement garantie par l’article X de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, par l’article 4 de la Constitution de la cinquième république et par l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Ces textes ont tous une valeur juridique dans le droit français. En conséquence de quoi, toutes les lois qui cherchent à limiter la libre expression de l’opinion d’autrui contreviennent à ces principes, peu importe le motif, même à prétentions vertueuses, de leur mise en place. Toute loi qui condamnerait un individu pour avoir exprimé son opinion ne pourrait alors qu’être inique.
Aux Etats-Unis, cette liberté d’opinion et d’expression, dans une nation née notamment de gens fuyant les persécutions religieuses, est garantie par le premier amendement.
Pourquoi ne faut-il pas porter atteinte à ce principe de liberté d’expression en démocratie, même lorsqu’il s’agit de s’opposer à des opinions extrêmes ou blessantes à l’égard d’une partie de la population ? En vérité, la raison est simple, c’est qu’on ne sait jamais où doit s’arrêter le curseur. Au final, c’est à toujours plus de répression que mène ce processus dès qu’on l’entame. Il n’est pas acceptable qu’en Europe occidentale, au XXIème siècle, des citoyens aient peur d’exprimer librement leur opinion, peur d’être bannis des réseaux sociaux, peur de perdre leur travail ou d’être privés d’accès aux media parce qu’ils n’auront fait qu’exprimer une opinion dérangeante aux yeux de l’opinion de minorités ou de ligues de vertu suffisamment puissantes pour qu’une loi soit faite en leur faveur et pour ainsi définir les « opinions admises ».
La liberté d’expression dès qu’elle est enchaînée, même pour les « meilleures raisons du monde », est en danger et c’est au final la démocratie elle-même qui est menacée. La révolution française a refusé que des tables de la loi dictent quoi penser, et les droits de l’homme d’ailleurs n’ont jamais cherché à l’origine à en devenir de nouvelles. Or c’est bien une idéologie de la bien-pensance qui est désormais à l’œuvre au niveau français et même européen.
En décidant que la représentation nationale devait respecter les opinions médiatiquement admises, la loi de « moralisation » porte atteinte par ce biais aux principes fondateurs de la démocratie moderne. Ce n’est pas en effet à des juges, non élus qui plus est, de décider qui peut être élu par les Français et qui ne peut l’être. Que leur éventuelle condamnation pour des propos tenus doive être obligatoirement mentionnée sur leur profession de foi peut s’admettre. Qu’elle interdise au candidat de se présenter ne saurait l’être.
De la séparation des pouvoirs.
L’affaire Fillon a révélé un problème profond au niveau des relations entre la justice et la politique. Le principe de partage des pouvoirs est pourtant à la base de nos institutions. Or il y a de fait une confusion entre ces deux pouvoirs en faveur du pouvoir judiciaire lorsque celui-ci intervient dans la vie des partis politiques. François Fillon a vu sa campagne électorale profondément altérée par une enquête menée à son endroit à la suite de dénonciations venues de la presse. C’est une des raisons de sa défaite électorale par ailleurs. Or une telle intervention de la part d’une justice qui en France est soumise au pouvoir en place est dérangeante. Ce ne sont pas aux juges de déterminer quel doit être le prochain président de la république, mais aux électeurs.
Il faut également reconnaître que l’annonce de François Fillon de se retirer s’il était mis en examen, engagement qu’il n’a d’ailleurs pas respecté, était maladroite. C’était ainsi dépendre de l’institution judiciaire dans un domaine sur lequel elle n’a pas à intervenir.
A partir du moment où la justice n’est pas élue, donc contrôlée par les citoyens, et que la part d’interprétation dans ses décisions en matière de libre expression est considérable, jugeant l’intention davantage même que le propos, donc jugeant en fait le propos en fonction de l’individu qui le tient, selon qu’il s’agit par exemple d’Éric Zemmour ou d’un rappeur, la démocratie est menacée. Songeons ainsi au procès dont a été l’objet le professeur Georges Bensoussan, qui s’est fort heureusement soldé par un non-lieu en sa faveur, sous prétexte qu’une association avait estimé que son propos était illégal car discriminatoire à l’égard d’une religion. Nos lois actuelles encouragent ces associations à ester en justice contre des particuliers, y compris éminents dans leur domaine, et ainsi à dépenser l’argent public dans des procédures longues et coûteuses alors même que la justice souffre d’un déficit de moyens et de magistrats.
Comment agir ?
Au niveau européen, il serait bon d’introduire l’équivalent d’un premier amendement afin de garantir sur tout l’espace de l’Union Européenne la même liberté d’expression et d’opinion. Seule la diffamation personnelle d’un citoyen à l’égard d’un autre citoyen devrait pouvoir être poursuivie. Les associations et autres personnalités morales, à l’exception de l’Etat, ne devraient pas avoir le droit de se tourner en justice contre des personnalités physiques.
En garantissant la liberté d’expression, même à l’égard de propos qui nous heurtent ou nous blessent, nous garantissons ainsi nos libertés et le salut de la démocratie. C’est là un sacrifice bien modeste qu’il convient de faire pour l’intérêt de tous.
Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)
17:03 Publié dans Analyses, Institutions européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liberté d'expression, démocratie, moralisation |
19/06/2017
Elections parlementaires britanniques : le demi-échec de Theresa May.
Ce devait être le scrutin du renforcement pour les Conservateurs de Theresa May en route vers un « hard brexit ». Malgré le peu de charisme de ce premier ministre qui après avoir été opposé au brexit est devenu partisan d’un brexit radical, Theresa May espérait s’imposer largement et c’est ce qui était prévu selon les sondages de l’époque où elle a décidé d’organiser un scrutin anticipé.
Mal lui en a pris car le candidat du Labour Jeremy Corbyn, qui a lancé des attaques sur l’économie et sur la sécurité, sans évoquer le brexit contre lequel il s’était très timidement opposé, a bénéficié alors d’une dynamique favorable.
Avec 42,4% (+5,5 points), les Conservateurs l’emportent mais ils n’obtiennent que 318 sièges (contre 331 auparavant) et perdent ainsi la majorité absolue (326 sièges). Leur progression se fait surtout au détriment du parti UKIP. Ils devront s’allier pour gouverner avec probablement le parti DUP d’Irlande du Nord, les protestants d’Ulster, qui obtient 0,9% des voix (+0.3) et 10 sièges (+2). Mais même leur soutien éventuel n’offrirait qu’une majorité très faible. En outre, le DUP est assez dur et pourrait relancer la crise en Irlande du Nord.
Avec 40% des voix (+ 9,5) et 262 sièges (+30), le Labour de Jeremy Corbyn fait presque jeu égal avec les conservateurs même s’ils ont moins d’élus. Ils progressent notamment au détriment d’UKIP mais surtout des nationalistes écossais du SNP. Ceux-ci avec 3% des voix (-1,7) et 35 sièges (-21) sont ainsi fragilisés et la perspective d’obtenir un nouveau référendum sur l’indépendance semble pour le moment s’éloigner. Réunis, Labour et SNP ne sont pas en mesure de gouverner.
Les Libéraux Démocrates, seuls partisans de l’Union Européenne, n’obtiennent que 7,4% des voix (-0,5) et devront se contenter de 12 sièges (+4). Leur rôle sera modeste dans cette nouvelle assemblée.
UKIP s’effondre littéralement, tombant à 1,8% (-10,8) et perdant son seul siège. C’est une sévère déconvenue pour la formation souverainiste qui avec le Brexit perd sa seule raison d’être, après avoir tué la seule voix un peu identitaire, le BNP n’obtenant que 4000 voix et donc 0%. Le départ de Nigel Farage a également fait beaucoup. Présents avec 25 députés à Bruxelles, qu’ils perdront avec le brexit en 2019, ils seront absents du parlement national. L’impasse souverainiste, qu’on constate aussi dans le cas français, est ainsi démontrée.
Les nationalistes gallois obtiennent 0,5% (-0,1) et 4 sièges (+1), le Sinn Fein irlandais 0,7% (+0,2) et 7 sièges (+3). Les Verts avec 1,6% (-2,1) et un siège demeurent à un niveau très bas, en dehors de leur seule implantation locale.
Minoritaires ou avec une majorité fragile, Theresa May n’est donc pas du tout renforcée à l’issue de ce scrutin. Au contraire, dans le cadre des négociations avec le Brexit, elle aura du mal à se présenter en position de force. Le Brexit n’est d’ailleurs pas si certain que tous semblent le dire. Beaucoup d’eau coulera avant 2019.
Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)
00:12 Publié dans Analyses, Elections en Europe, Institutions européennes | Lien permanent | Commentaires (45) | Tags : theresa may, jeremy corbyn, dup, ukip |
19/03/2017
L’Europe sous le bouclier d’Achille. L’Institut Iliade réuni à Paris.
La 3ème édition du colloque annuel de l’Institut Iliade, école de formation identitaire fondée à l’initiative notamment de Jean-Yves Le Gallou, Philippe Conrad et Bernard Lugan, afin d’honorer les Mânes de Dominique Venner suite à son sacrifice volontaire destiné à éveiller la conscience européenne assoupie, s’est réunie ce samedi 18 mars, mois du dieu guerrier. Cette année était placée sous l’angle de la transmission de l’héritage européen et du respect de la tradition.
« Transmettre ou disparaître ». Renaître ou mourir. 1500 personnes sont venues écouter une dizaine d’orateurs évoquer chacun une dimension de ce combat culturel pour une Europe qui ne veut pas s’éteindre malgré la hargne de ses ennemis, intérieurs et extérieurs, en vue de sa fin. L’éducation était au cœur de cette journée, autour de cette païdeia ancestrale qu’évoquera avec talent Christopher Gérard.
Ils sont aussi venus s’abreuver de savoir aux nombreux stands présents à l’extérieur de la salle principale, découvrant ou redécouvrant l’art européen, des revues de qualité, et un ouvrage inédit, en avant-première, « Le chant des alouettes », une anthologie des grands poètes français et européens, notamment des Parnassiens, proposée par Thibaud Cassel, préfacée par Christopher Gérard, aux éditions Pierre-Guillaume de Roux, en collaboration avec l’Institut Iliade. Ceux qui n’ont pas fait le déplacement ne pourront se procurer l’ouvrage dans les bonnes librairies que début mai.
L’ouverture assurée par Philippe Conrad, maître de cérémonie de cette messe européenne au nom de la tradition éternelle, insista sur la nécessité de transmettre l’héritage européen aux jeunes générations, d’en faire le socle du relèvement futur d’un continent en perdition, sur la « reconquête de notre mémoire commune », « retrouver le fil nécessaire vers nos sources pérennes ». A l’issue de onze interventions, dont deux tables rondes, l’Européen présent a pu découvrir les égarements de l’école dite « républicaine » et assister à la mise à bas du mythe de la prétendue assimilation « républicaine » .
Sous la tutelle de Christopher Gérard, il aura redécouvert la sagesse antique d’une éducation exigeante où chaque enfant grec pouvait citer Homère dès l’âge de six ans. Il aura appris avec Fabien Niezgoda que ce savoir survécut aux temps obscurs et irrigua l’âme de l’Europe médiévale. Et avec Jean-François Chemain, il apprit que l’éducation nationale devait se placer au service de l’éducation antique, que l’Europe de demain donc serait l’Athènes du XXIème siècle. Patrick Péhèle, en présence des Antigones, valorisa la femme européenne dans son rôle fondamental de transmission du savoir aux jeunes générations. Philippe Cristèle proposa de relire l’entreprise sous un angle nouveau, comme une société humaine modèle, en rejetant la caricature marxiste qui prévaut trop souvent en France.
Cet héritage européen, qui est aussi musical comme le précisa avec brio Jean-François Gautier, est intimement lié à l’enseignement de l’histoire. Philippe Conrad opposa ainsi le récit national au roman national, à la connotation implicitement péjorative. Et Lionel Rondouin de nous proposer un nouveau récit civilisationnel européen, valorisant nos périodes de gloire et nos figures majeures, mais aussi évoquant nos défaites, comme celle de Tsushima en 1905 où le Japon impérial triompha de notre sœur russe en usant des armes que les Européens eux-mêmes avaient construites, et d’un savoir que les ingénieurs allemands notamment avaient transmis aux Japonais. A ce sujet d’ailleurs, j’invite le lecteur à découvrir un ouvrage de l’euro-député (PPE) Philippe Juvin qui avait sorti en novembre 2014 « Notre histoire. Les cent dates qui ont fait la nation européenne », ouvrage salutaire.
En Atropos coupant le fil du colloque, Jean-Yves Le Gallou annonça le retour du soleil sur la vieille Europe, cette force de régénération qui permettra de vaincre les ténèbres. Prophète du redressement d’Europê, il annonça ainsi qu’au dernier homme succédera « le temps de l’homme européen » qui ainsi « reviendra ». Nous survivrons. Parce que nous transmettrons. Et aussi parce que nous vaincrons. Dans la réconciliation entre ceux qu’un peu d’histoire divisa mais que beaucoup d’histoire unira, les Européens. Le film diffusé à l’occasion de ce colloque montra ainsi des Européens et des Européennes en marche au sein d’une forêt d’hiver, chacun avec au bras le drapeau d’une nation de notre continent, un ukrainien aux côtés d’un russe, rappelant aussi les meurtrissures entre gens d’une même souche par des conflits entre nous qui devront désormais cesser.
Autour du feu protecteur, tous réunis, en un cercle comme les douze étoiles sur le drapeau de l’Europe, tous de rire, de chanter, de se parler. La famille européenne ainsi réunie, c’est ainsi que le soleil, invincible et éveillé, s’imposa. Car cet esprit (européen) renaîtra et ce sera le jour de la résurrection (de l’homme européen).
Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)
13:12 Publié dans Analyses, Culture, Histoire, Institutions européennes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : europe, institut iliade, dominique venner, jean-yves le gallou, philippe conrad |
17/03/2017
L’avenir des Etats européens.
A l’émission de Radio Courtoisie du mardi 28 février, on a entendu Guillaume Faye et Renaud Camus, tous deux adeptes de la cause d’un peuple européen, soutenir le maintien des actuels Etats. A l’inverse l’organisateur du débat prônait la disparition de ces Etats au profit d’un Etat européen unitaire. Y avait-t-il vraiment divergence de vues ou était-ce seulement le reflet de positions présentées, par manque de temps, d’une façon trop schématique ? La question qui se pose est ici celle de l’avenir des actuels Etats, comme la France, dans un Etat unitaire européen. Il se trouve qu’il y a aussi bien une place au maintien qu’une place à la disparition.
Que faut-il maintenir d’abord ? Les Etats doivent absolument conserver deux choses. Ils doivent rester les porteurs d’une identité propre ainsi que le lieu d’une expression démocratique. C’est cette démocratie qui sera le garant de leur identité. Cela signifie qu’un champ très large de questions seront de leur responsabilité. Pour y répondre, ils disposeront d’assemblées votant des lois et seront administrés par des élus. Subsidiairement ils délégueront une partie de leurs responsabilités auprès de provinces. Cela signifie qu’il y aura une double hiérarchie de régions européennes : les euro-régions et les provinces. L’organisation des provinces relèvera toujours des euro-régions.
Déjà les grandes euro-régions auront gagné en pouvoir par rapport aux actuels états. L’état unitaire, fort de l’assise de sa population, de son poids économique et de son organisation militaire, leur apportera des leviers dont ils ne disposent actuellement pas. Pour ne prendre que quelques points mineurs, la protection des modes de vie contre la pression universaliste, celle des sites contre l’appétit des grands groupes immobiliers, celle des petites exploitations et des industries locales contre le rouleau compresseur des grandes fermes et des entreprises internationales, tout cela pourra s’appuyer sur des règles mises à leur disposition par l’état unitaire.
Il y encore autre chose. L’Etat unitaire comportera deux chambres. L’une d’elles, un peu analogue au Sénat français ou au Bundesrat allemand, sera une émanation des régions. Il y aura donc aussi un contrôle des euro-régions sur l’Etat unitaire. C’est par cette instance que sera développé un appel permanent auprès de ce dernier pour la mise en place de nouveaux outils de protection.
En revanche il ne faudrait pas croire que la part de souveraineté que conservent actuellement les Etats de l’Union permette d’éviter leur décomposition, l’abandon de leur culture, de tout ce fait leur identité, s’il leur arrive d’élire un gouvernement dont la vision est post-nationale, entièrement orientée par l’adaptation au mondialisme, comme l’engouement suscité par tel candidat aux présidentielles françaises le laisse présager.
Que faut-il faire disparaître ensuite ? Ce ne sont pas vraiment les Etats qui sont visés, mais plutôt ce que l’on pourrait appeler les matrices étatiques. Par cette expression il faut entendre tout ce qui est au-dessus du vote populaire, comme les grands principes, les grandes institutions, et qui se traduit dans une constitution et des traités. Par dessus tout, il faut changer le sens de la subsidiarité. Aujourd’hui l’Union Européenne se voit comme un super-Etat qui tire sa légitimité des Etats qui la composent : l’Union est une émanation des Etats. A la place il faut un Etat unitaire qui confère une légitimité à des euro-régions qui en seront des émanations. Autrement dit la matrice institutionnelle doit être située au niveau de l’Europe. Cela passe par la disparition de tout l’arsenal juridique lié aux actuels Etats.
Bien sûr les euro-régions qui se substitueront aux actuels Etats ne signeront pas de traités. Le point déterminant est qu’elles ne devront pas avoir de constitution. La seule constitution sera celle de l'Etat unitaire européen. Les grands principes, comme la séparation des pouvoirs, n’auront pas de sens en dehors du niveau européen. En particulier les grandes institutions, comme la justice, n’auront de sens qu’à ce niveau. Rien ne devra limiter le vote populaire dans les euro-régions, si ce n’est le respect de la constitution européenne. La disparition des matrices étatiques se traduira ainsi, paradoxalement, par davantage de souveraineté locale.
Aussi étrange que cela puisse paraître, ces impératifs sont presque réalisés, pour leur partie négative, dans la caricature que représente l’actuelle Union Européenne. On a vu, à propos du CETA et du TAFTA, que les Etats actuels ne pouvaient pas signer eux-mêmes des accords commerciaux. Ils n’ont pas le loisir de traiter. Ils ont bien une constitution, mais elle comporte une clause, selon laquelle les lois de l’Union Européenne sont supérieures aux lois nationales, qui est complètement contradictoire avec la qualité de loi fondamentale attribuée à leur constitution. La souveraineté des Etats actuels n’est qu’un leurre. Sachant par ailleurs qu’aucune souveraineté collective n’est venu en prendre le relais. Lesdits Etats sont ainsi dépouillés de toute possibilité de se défendre. Le Brexit, aussi dommageable soit-il, n’est que la conséquence logique d’une gestion hypocrite d’un projet européen qui ne veut pas dire où il veut aller.
Est-il alors nécessaire de supprimer ces constitutions qui n’en sont plus ? La réponse est absolument oui pour deux raisons. D’abord il faut qu’il existe une constitution et, pour la clarté, elle ne peut se trouver qu’à un seul niveau. Ou bien c’est au niveau des états et il faut renoncer à l’actuelle Union, comme les souverainistes le demandent, ou bien c’est au niveau de l’Europe et d’elle seule, et il faut alors aller jusqu’au bout du raisonnement. Ensuite, s’il y a deux niveaux, il faut mettre un sens à la subsidiarité. Ou bien on maintient, en tout ou partie, des éléments institutionnels au niveau des Etats, qui seront alors des entraves à la perspective européenne, faisant le jeu des ennemis de l’Europe, ou bien on fait tout disparaître et il faut alors oser l’annoncer.
Il faut encore comprendre qu’une organisation efficace de l’Europe ne peut être que positive. Il ne faut pas partir d’une feuille surchargée dans laquelle on retire point après point sans contrepartie : les frontières nationales sans avoir la garantie de frontières européennes, les monnaies nationales sans disposer d’une union politique pour contrôler la monnaie commune, avec un plafonnement de l’endettement national sans disposer d’un outil commun pour le limiter. Il faut au contraire partir d’une feuille blanche, sur laquelle une assemblée constituante européenne viendra écrire la constitution unitaire et que viendront compléter des lois européennes, puis des lois locales, dans la plus grande cohérence.
Faut-il, en même temps, faire table rase des institutions européennes ? La réponse est nuancée. On doit conserver le principe général d’une assemblée unitaire, la monnaie unique représentée par l’€uro, comme les quelques symboles que sont l’hymne et le drapeau. En revanche on ne gardera rien des règlements, lesquels n’ont été conçus que comme des contraintes appliquées aux Etats. Même la règle de libre circulation des travailleurs n’a pas de raison d’être intégralement conservée. Il n’est pas souhaitable que les travailleurs européens se déplacent en masse dans la période transitoire où l’équilibre des salaires n’aura pas été réalisé.
Ce qui vient d’être dit ne touche pas à la substance des Etats actuels. En effet ce sont bien les simulacres de leurs constitutions et le cortège des principes et institutions gravitant autour qui les pourrissent. On a vu, avec la récente affaire Fillon, comment quelques magistrats très engagés pouvaient décider du processus démocratique, en se protégeant des critiques derrière le paravent sacré des institutions. On voit tous les jours comment les propositions de tel candidat sont dénigrées au nom de leur inconstitutionnalité. Qui profite de ces simulacres ? Ce sont quelques clans et sectes qui ont su infiltrer les médias et les institutions. Ce ne sont pas les populations des Etats.
Ainsi rendre le pouvoir démocratique aux Etats actuels, et in fine leur permettre de survivre, passe par la création d’un Etat unitaire fort. Il n’y a pas de véritable contradiction entre les deux positions dont il a été question au début.
Pierre EISNER (Le Parti des Européens)
22:06 Publié dans Analyses, Institutions européennes, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : états, europe, souveraineté, identité, euro-régions |
12/02/2017
L’Union Européenne, un bouc émissaire un peu trop facile.
A chaque fois qu’une politique européenne réussit, chaque gouvernement national s’attribue tout le mérite. En revanche dès qu’une politique nationale se révèle un échec, ou rencontre de très grandes difficultés alors l’Union Européenne est la seule responsable et bien sûr coupable. Que cela soit l’attitude des gouvernements nationaux au pouvoir est parfaitement logique. Ils fuient leurs responsabilités à chaque fois que c’est possible. Que les partis d’opposition, et notamment ceux de droite nationale, qui font désormais du souverainisme le cœur de leur message, agissent de la même façon, est étrange.
Au lieu en effet d’accuser les dirigeants nationaux de mettre en œuvre des politiques nocives pour les peuples, ils les exonèrent d’une certaine manière en accusant la « toute puissante Union Européenne » de leur dicter des politiques auxquelles sinon ils s’opposeraient. Ces souverainistes fétichisent ainsi l’Etat national qui par définition à leurs yeux ne peut pas faire d’erreur. Avec eux, l’Union Européenne, qui a certes souvent tort ces dernières années, est toujours en faute, quoi qu’elle fasse ou ne fasse pas d’ailleurs. Elle est accusée de tout et son contraire. On lui reproche son ultra-libéralisme et sa soumission aux dogmes du libre-échange mais elle serait la nouvelle URSS. On l’accuse d’être permissive face aux flux migratoires, mais dans le même temps d’être raciste, en voulant distinguer les Européens et ceux qui ne le sont pas.
Prenons l’exemple de l’immigration, thème qui est à la base du vote populaire croissant dont les partis de droite nationale bénéficient puisque le reste de la classe politique nationale et « européenne » leur laisse ce thème en monopole. Est-ce que l’Union Européenne en est responsable par le biais de l’espace Schengen, dont le Royaume-Uni n’a jamais fait partie, ce que les défenseurs du « brexit » oublient généralement de dire ?
Schengen définit l’absence de frontières à l’intérieur de son espace mais laisse aux Etats limitrophes de l’espace extérieur à l’UE (Grèce, Espagne, Italie notamment) la responsabilité de leur protection. Or il est un fait que ces pays sont dirigés par des gouvernements très permissifs en ce domaine et qui souhaitent simplement que le migrant ne fasse que transiter par leur territoire jusqu’à arriver dans des pays plus laxistes en matière d’accès aux aides sociales, comme la France ou la Belgique, et plus récemment l’Allemagne.
L’Union Européenne est-elle donc responsable d’un appel d’air migratoire ? Notons d’abord que c’est Angela Merkel qui, de son propre chef et sans en informer ses partenaires ou les dirigeants de l’UE, a décidé d’ouvrir ses frontières aux migrants prétendument venus de Syrie, bien que beaucoup viennent de partout sauf de Syrie. C’est donc une dirigeante nationale qui, de manière souveraine, a décidé de cette politique d’un nombre croissant d’Allemands lui reproche. Mais il en a toujours été ainsi.
C’est en effet dans le pays le plus europhobe d’Europe, le Royaume-Uni, dont le vote en faveur d’un « brexit », prôné depuis des années par tous les grands quotidiens britanniques, qui n’ont cessé d’accuser l’UE de tous les maux, illustre le peu de popularité dont jouit l’Union Européenne, à tort ou à raison, dans ce pays, que l’immigration post-coloniale a commencé, de par la volonté de la gauche travailliste, le Labour. Déjà dans les années 50, des émeutes « ethniques » ont commencé à éclater et ceux qui s’en sont émus, à l’instar du conservateur Enoch Powell, ont très vite été diabolisés.
En France, dès la Libération, le patronat, dans une alliance surprenante avec les communistes, a commencé à prôner une immigration post-coloniale pour « reconstruire la pays ». De Gaulle, avant sa démission en 1946, prônait au contraire une immigration strictement européenne. De même, c’est en 1963 que le gouvernement allemand a signé un accord avec la Turquie pour faire venir des centaines de milliers de travailleurs turcs en Allemagne, à une époque où régnait à Berlin le principe du « droit du sang » jusqu’à ce que Schröder en 2000 y ajoute un droit du sol.
Ce sont donc bien les Etats « nationaux » qui sont responsables de cette politique migratoire, ayant amorcé le processus et créé les pompes aspirantes qui n’ont désormais jamais cessé de fonctionner. Notons aussi que les pays d’Europe non membres de l’UE sont confrontés au même phénomène, et le cas de la Norvège est emblématique, ce qui démontre bien que l’UE n’en est pas spécialement responsable, même si elle ne fait rien, et structurellement ne peut rien faire, contre.
L’Union Européenne est une « Europe des Etats » (cf. Jean-Paul Jacqué) donc elle est à l’image des Etats qui la composent et qui sont liés entre eux par des traités. Elle n’est donc aucunement une entité politique et n’est représentée en tant que telle ni à l’ONU ni à l’OTAN. Même si le traité prétendument « constitutionnel » de 2005 avait été voté, elle serait restée la même organisation.
Qui dirige l’Union Européenne ? Trois structures principales peuvent être évoquées. Il y a le Conseil Européen, composé des chefs d’état et de gouvernement des 28. Il y a ensuite le Conseil de l’Union Européenne qui réunit tous les ministres des 28 en chargé d’un domaine précis, par exemple l’agriculture. Ces deux organisations sont donc supranationales certes, mais surtout composées des élus des nations. Il y a enfin la Commission Européenne, dont le président est choisi par consensus par les chefs d’état et de gouvernement, qui choisissent aussi les commissaires, chaque commissaire représentant un état membre. C’est ainsi que François Hollande a imposé Pierre Moscovici à Bruxelles.
Certes le parlement européen dispose désormais de la possibilité de rejeter le président de la commission européenne proposé par les Etats et de refuser également les commissaires. Il n’a jamais vraiment utilisé ce droit de veto sauf pour barrer la route à un commissaire italien potentiel qui avait tenu des propos hostiles à l'homosexualité, Rocco Buttiglione. Si c’était un vrai parlement, c’est-à-dire composé de députés courageux, et non de recalés des élections nationales, dédommagés par leur parti en les envoyant à Strasbourg toucher des émoluments intéressants, ou des députés anti-européens incapables d’être élus aux élections législatives en raison d’un mode de scrutin défavorable, il rejetterait par principe le candidat des Etats. Il ne l’est pas mais pourrait le devenir.
Espérer de l’Union Européenne qu’elle mette en place la politique que les gouvernements nationaux exigent est en l’état illusoire. Elle n’est qu’une courroie de transmission. Contrairement à ce que prétendent les souverainistes, l’UE ne commande à personne. Elle obéit au contraire aux injonctions des gouvernements. C’est dans le rapport de force entre Etats que tout se joue. Il est sûr qu’Angela Merkel a aujourd’hui du poids mais celui-ci s’exprime en dehors de l’UE.
Or si les Etats sont les principaux responsables des politiques que les citoyens refusent, à quoi servirait donc de quitter l’Union Européenne ? A quoi cela servirait-il de suivre la ligne d’un Royaume-Uni qui ne résoudra aucun de ses problèmes de fond par son « brexit » ? En quoi l’euro est-il responsable du déficit français qui est essentiellement lié à l’effondrement de son modèle social, grevé par le coût immense d’une immigration post-coloniale qui pèse de plus en plus sur son économie, sur sa politique de sécurité, et génère structurellement un chômage de masse ?
Si la France et l’Allemagne sont dans la situation actuelle, ce n’est pas de la faute de l’Union Européenne, qui n’en est pas coupable même si elle n’est en aucune manière salvatrice non plus, c’est d’abord de la responsabilité de leur gouvernement respectif. Or peut-on « sortir de son Etat national » ? Car selon cette logique, c’est ce qu’il faudrait donc faire. Si le pouvoir réel était à Bruxelles, les media ne donneraient pas autant d’importance aux élections présidentielles en France ou législatives en Allemagne en 2017. Or les dirigeants des partis nationaux n’aspirent pas à devenir président de l’Union Européenne ou président de la commission, mais chancelier allemand ou président français. C’est donc que pour eux le véritable pouvoir est bel et bien resté au niveau national.
Et si l’Union Européenne demain pouvait au contraire servir de point de bascule pour renverser les politiques des gouvernements « nationaux » ? Et si elle était le bélier qui permettait de renverser le système dont elle est elle-même le fruit ? Cela voudrait dire qu’il faudrait s’emparer de l’Union Européenne, grâce aux élections européennes qui sont la seule porte d’entrée existante, de jouer ainsi Strasbourg contre Bruxelles, et en réalité contre Paris et contre Berlin. Au lieu de sortir de l’Union Européenne, ce qui ne résoudra aucun problème, en prendre le contrôle et la retourner contre ceux qui en furent les promoteurs serait beaucoup plus sage. Car les périls dont tous les Européens souffrent nécessitent une grande politique qui ne sera vraiment efficace qu’au niveau européen, du fait qu’une Europe unie sera capable de tenir tête aux USA et au monde entier, surtout si elle cultive en outre une forte amitié avec la Russie.
Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)
22:31 Publié dans Analyses, Anti-mythes, Institutions européennes, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : bouc émissaire, union européenne, souverainistes, immigration, révolution |
23/01/2017
Pour une armée européenne, pilier d’une défense européenne.
L’élection de l’isolationniste revendiqué Donald Trump à la présidence des USA est une excellente nouvelle pour tous les vrais défenseurs de l’Europe. La pérennité de l’OTAN, organisation atlantiste destinée à empêcher toute émergence d’une Europe de la défense, toute diplomatie européenne indépendante et notamment en faveur d’un rapprochement avec la Russie, est en question. C’est l’occasion de pouvoir s’en émanciper en œuvrant pour bâtir enfin l’armée européenne. Voici quelques propositions en ce sens du Parti des Européens.
1- Dénoncer le traité fondateur de l’OTAN (1949), ce qui implique le départ de tous les pays européens de cette organisation.
2- Construire une armée européenne regroupant sous un commandement intégré (unique) l’ensemble des armées des 28 états membres de l’Union Européenne, en supposant que le Royaume-Uni renoncera en définitive à mettre réellement en œuvre le brexit.
3- Créer un budget militaire européen, correspondant à 3% du budget de chaque état membre de l’Union Européenne, afin de la doter des crédits nécessaires à sa mise en place et d’investir dans du matériel nouveau ainsi que dans la recherche et le développement de nouvelles technologies dans le domaine de l’armement de pointe. Soulignons que le budget allemand consacré à la défense n’est actuellement que de 1,16%, ce qui est dérisoire, et que le budget cumulé pour toute l’Europe, Russie comprise, correspond à 30% environ du budget américain dédié.
4- Établir une alliance stratégique entre l’Union Européenne et la Russie, un partenariat qui présuppose de notre part des gestes forts à l’égard d’une puissance européenne, qu’est la Russie, qui s’estime menacée à ses frontières. Cela passe par l’abandon des sanctions économiques à l’égard de la Russie, la reconnaissance de l’annexion de la Crimée par la Russie et la suppression des visas de l’Union Européenne pour les citoyens russes. En échange, Kaliningrad serait considéré comme un espace ouvert, démilitarisé. En outre, afin de rassurer les pays baltes en préservant leur identité, la Russie inciterait la minorité russe installée en Lettonie et Estonie à privilégier une réinstallation en Russie même.
La création d’une armée européenne, qui reprendrait là où a été arrêtée en 1954 la CED (Communauté européenne de défense), serait une avancée significative en faveur d’une Europe unie. Mais il est évident que dans le cadre de l’Union Européenne actuelle, rien ne pourra être fait. En outre, il n’a rien de plus souverain que la défense. L’idée même d’armée européenne implique celle d’Etat européen unitaire, que nous prônons par ailleurs. Ceux qui, comme Angela Merkel, annoncent des avancées en matière de défense, mentent outrageusement.
Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)
00:45 Publié dans Défense, Institutions européennes, Programme du Parti des Européens | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : armée européenne, russie, otan, partenariat |