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16/10/2017

Elections autrichiennes : la barre à droite toute.

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800px-Kurz2017.jpgAvec 31,36% (+ 7,37) des voix et 61 sièges (+14), l’ÖVP de Sebastian Kurz réussit son pari de renforcer sa formation politique et maintient le FPÖ de Hans-Christian Strache à bonne distance. Ce dernier, qui avait atteint parfois jusqu’à 37% des voix dans certains sondages, n’a cessé de reculer depuis l’ascension médiatique du ministre Kurz. Le FPÖ néanmoins obtient dans ce contexte 27,35% des voix (+ 6,85) et 53 sièges, ce qui est le meilleur résultat de son histoire, légèrement supérieur à celui obtenu par Jörg Haider en 2000.

Le SPÖ, à la différence de la SPD allemande voisine, ne s’effondre pas. Il obtient 26,75% des voix et 52 sièges, soit le même résultat qu’en 2013. Son électorat se maintient dans un contexte où les formations écologistes reculent de cinq points en tout.

La formation d’Alexander van der Bellen, président autrichien actuel, élu pour faire barrage au candidat du FPÖ Norbert Hofer, s’effondre avec 3,32% des voix (- 9.1) et perd toute représentation parlementaire (-24 sièges). Les Verts (Grüne) ont été victimes également de la concurrence d’une scission, le mouvement Pilz, du nom de son fondateur, qui obtient 4,13% des voix et 8 sièges.

Avec 4,96% des voix et 9 sièges, la liste NEOS, de centre-droit et en faveur de la construction européenne, maintient son résultat de 2013. Le fort tripartisme autrichien a empêché cette formation d’accroître son audience mais elle a su fidéliser son électorat.

Les autres formations politiques populistes sont réduites à la portion incongrue. La liste FLÖ issue d’une scission du FPÖ menée notamment par Barbara Rosenkranz obtient 0,18% des voix. La liste ultra-anti-européenne EUAUS, qui prône une sortie de l’Autriche de l’UE, 0,01%. Les communistes du KPÖ obtiennent 0,73% des voix (- 0,29), récupérant le vote gauchiste. Enfin la liste représentant les minorités musulmanes, liste pro-Erdogan, à savoir le NBZ, obtient 0,06% des voix soit à peine 2600 électeurs. C’est l’échec également pour la formation populiste GILT, qui n’obtient que 0,92% des voix. Les listes divers (Sonstige) sont donc laminées, perdant près de sept points en tout par rapport à 2013.

Le SPÖ a immédiatement proposé une alliance avec l’ÖVP mais Sebastian Kurz va devoir rapidement faire un choix déterminant. Ou bien il peut imiter Sarkozy, et après avoir tenu une ligne droitière pendant la campagne, faire l’ouverture à gauche une fois au pouvoir. Mais ce serait tactiquement maladroit, surtout en Autriche. Ou bien il peut proposer une coalition avec Strache et le FPÖ, au risque de susciter en Europe occidentale une campagne de dénigrement, et c’est probablement le choix qui sera le sien.

Pour le FPÖ, ce résultat est paradoxal. C’est certes son meilleur score mais il est très en-dessous des espérances que Strache pouvait avoir il y a encore quelques mois. Il a été incapable de freiner l’ascension de Kurz qui a su convaincre d’anciens électeurs ÖVP, tentés par le FPÖ, de retourner au bercail. Les perspectives de devenir chancelier s’évanouissent donc.

Si le FPÖ accepte de rejoindre une coalition autour de l’ÖVP, le risque est fort que le parti connaisse une hémorragie électorale à terme, comme cela avait été le cas en 2000. Mais si le FPÖ reste dans l’opposition, on lui reprochera de ne pas vouloir participer au pouvoir et de ne pas être un parti de gouvernement. Il est donc là encore probable que Strache accepte de rejoindre une coalition, à la condition d’obtenir au moins le ministère de l’intérieur.

Une coalition ÖVP/FPÖ avec Sebastian Kurz comme chancelier, est donc vraisemblable. Elle ne suscitera sans doute pas les cris d’orfraie de la coalition précédente ÖVP/FPÖ de 2000. Strache n’est pas Haider et il a su éviter tout le long de sa carrière à la tête du FPÖ les déclarations provocatrices qui inquiéteraient une partie notable de ses propres électeurs.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

02/10/2017

Elections parlementaires en Allemagne : le Bundesrat sans majorité.

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cdu-og-image-1200x630.jpgAngela Merkel a gagné mais en version Pyrrhus. Avec 33% des voix (26,8% pour la CDU et 6,2% pour le CSU, sa variante bavaroise), obtenant 246 députés (sur 709), la démocratie chrétienne réalise son plus mauvais score de l’après-guerre. C’est dire si la chancelière est devenue impopulaire en quelques années, et une CDU plus courageuse aurait déjà changé de dirigeante, faisant avec elle ce que cette dernière avait fait avec Helmut Kohl.

Son seul motif de satisfaction est d’avoir amené la SPD, avec laquelle elle formait une grande coalition depuis plusieurs années, au plus bas à son tour. Avec 20,5% des voix et 153 députés, la SPD connaît l’un des résultats les plus médiocres de son histoire. Son candidat, l’ancien président du parlement européen Schulz, restera finalement à la tête du parti, au prix du refus de participer à une nouvelle coalition avec la CDU. Cette dernière doit donc se trouver de nouveaux alliés.

Le grand vainqueur de cette élection, par sa marge de progression (+ 7.9 points), est l’AfD dont la campagne fut menée sur un ton identitaire par le tandem gagnant Gauland/Weidel. Même si l’ancienne dirigeante Frauke Petry, à peine élue, claquait la porte du parti en emmenant son député européen de mari, l’AfD est renforcée, avec ses 12,6% des voix et ses 94, et donc désormais 93, sièges. L’extrême-droite classique est laminée, la NPD ne faisant que 0,4% des voix (- 0.9 points) et les REP étant simplement absents, la plupart de leurs adhérents ayant rejoint l’AfD.

Avec 10,7% des voix et 80 sièges, le FDP (libéraux) revient en fanfare au Bundestag. Son jeune dirigeant dynamique, Christian Lindner, qui revendique le ministère de l’économie, a su dynamiser son parti sur une ligne libérale et identitaire, limitant sans doute la marge de progression de l’AfD. Il est devenu faiseur de roi et allié indispensable de Merkel. Mais il va certainement négocier très chèrement sa place.

Les Verts (Grünen) avec 8.9% (+0.5 points) des voix et 67 sièges (+4) sortent également renforcés de ce scrutin, au détriment des sociaux-démocrates. Merkel souhaiterait sans doute les associer au pouvoir pour bâtir sa nouvelle coalition, mais les options très à gauche du parti rendent l’alliance avec la FDP et même avec la CSU très hypothétique. Si elle échoue à bâtir ce que la presse appelle une coalition « jamaïque », elle devra se tourner à nouveau vers les urnes, ce qui serait inédit en Allemagne depuis 1933.

Mais le regroupement de partis aux options antagonistes est très aléatoire et surtout sans stabilité. La CSU pourrait choisir de passer dans l’opposition afin de redorer son blason. De même la CDU pourrait être tentée en cours de mandature de faire tomber Merkel et de changer de dirigeant. Son résultat médiocre ne peut que les y inciter, surtout si l’AfD continue d’accroître son audience à droite.

La gauche radicale de « Die Linke » avec 69 sièges (+5) et 9.2% (+ 0.6 points) se maintient à un niveau élevé. Exclue depuis toujours du pouvoir, même à gauche, son rôle sera le même que celui de l’AfD, faire de la figuration. L’AfD néanmoins pourrait, en cas de coalition minoritaire CDU-CSU-FDP, peser sur la politique du gouvernement, comme le fait le DFP au Danemark.

Dans tous les cas, Angela Merkel a en même temps gagné et perdu les élections. Le désaveu est cuisant. Otage de ses alliés potentiels (Verts et FDP) auxquels elle devra beaucoup céder, au point d’irriter son propre parti, son destin ne lui appartient plus vraiment. Elle ne pourra pas non plus donner suite aux propositions de Macron de refonder l’Union Européenne, certes sur des bases pas plus satisfaisantes que les actuelles.

28/04/2013

Brèves européennes… (19)

Bjarni_Benediktsson.jpgISLANDE

Des élections législatives se déroulaient ce samedi en Islande, dans un contexte de rigueur économique, conséquence naturelle de la crise budgétaire. Alors qu’aux élections précédentes, le Parti de l’Indépendance, parti principal du pays depuis 1946, avait été durement sanctionné par les électeurs, tombant à 23,7% des voix, c’était au tour de la coalition de gauche de subir la colère des citoyens.

Dans cette joute électorale, trois partis aspiraient à la première place dans les urnes, même si le Parti du Progrès devait selon les sondages d’imposer et au Parti de l’Indépendance et à l’Alliance sociale-démocrate.

Or, déjouant les sondages, c’est bien la droite conservatrice, menée par Bjarni Benediktsson, qui s’impose sur la ligne d’arrivée, avec 26,7%, soit trois points de mieux qu’en 2009, ce qui représente malgré tout un score très médiocre pour ce parti. Il domine le Parti du Progrès, présidé par Sigmundur Gunnlaugsson, qui n’obtient que 24,3% des voix, progressant néanmoins de 9,5% en quatre ans mais de manière insuffisante pour prendre la tête de l’assemblée. Enfin, l’Alliance sociale-démocrate de Arni Arnason, avec 12,9% des voix, s’effondre littéralement, perdant près de 17 points et dix sièges.

Le premier ministre sortant, qui ne se représentait pas, est ainsi sévèrement sanctionné. Comme il s’agissait en outre du principal parti favorable à l’adhésion à l’Union Européenne de son pays, ce résultat constitue un coup dur pour ses partisans. Son allié, le Mouvement vert de gauche, représenté par la jeune Katrin Jakobsdottir, avec 10,9% des voix, perd la moitié de son score de 2009 (21,7%) et quatre sièges. Les sondages annonçaient une chute pourtant bien plus forte encore.

Parmi les autres vainqueurs de cette élection, dépassant les 5% fatidiques qui impliquent d’obtenir des élus, il y a le « Futur Brillant » (Björt Framtid), un mouvement libéral et même libertaire, qui réussit avec 8,4% des voix à obtenir six sièges, ce qui pour un parti récent est un excellent résultat. De même, le Parti Pirate (Pirataflokurinn) de la députée sortante Birgitta Jonsdottir, obtient 5,1% des voix et trois sièges. Pour la première fois, en Europe, un mouvement « pirate » accède au parlement national.

Les autres partis, exclus du parlement, sont l’Aurore (Dogun), un mouvement écologiste, avec 3,1% des voix, score identique pour le Parti des Propriétaires (Flokkur Heimilanna), le Parti Démocrate Islandais n’obtenant que 2,5% des suffrages. Les écologistes de droite doivent se contenter de 1,7%, alors que la coalition de gauche « arc-en-ciel » (Regnboginn) n’obtient qu’1%.

Fort de ce succès très relatif, même si son avance n’est que de 2,4% des voix, Bjarni Benediktsson est pressenti comme le nouveau premier ministre islandais. Conservateur et libéral, il est hostile au processus d’adhésion de l’Islande à l’UE mais est en revanche proche des positions atlantistes.

ITALIE

Letta.jpgDepuis plusieurs semaines, l’Italie était à la recherche d’un nouveau gouvernement pour rassurer les marchés et éviter de nouvelles élections dans quelques mois. Les cocus semblent désormais deux, à savoir la Ligue du Nord et le Mouvement 5 Etoiles de Beppe Grillo, représentant réunis plus de 30% des voix.

Les électeurs qui en effet souhaitaient un véritable renouveau de la classe politique en sont en effet pour leurs frais. C’est même pire que ce qu’ils pouvaient redouter. Le premier drame c’est la réélection, sous la pression, de l’actuel président de la république, l’ancien communiste Giorgio Napolitano, âgé de près de 88 ans, et qui finirait donc son mandat à 95 ans. Alors que la démocrate Bersani, intransigeant vis-à-vis de Berlusconi, était contraint de se retirer après avoir échoué à faire élire Romano Prodi comme président, Napolitano a fini par proposer à un autre démocrate, Enrico Letta, la présidence du conseil.

Berlusconi, afin de se prémunir contre ses démêlés judiciaires, a adoubé le nouveau premier ministre à la condition qu’il accorde la vice-présidence du conseil, et le ministère de l’intérieur, à un proche en la personne d’Angelino Alfano.

Letta a choisi Enzo Milanesi, un proche de la commission de Bruxelles, comme ministre des affaires européennes. En tout, il a choisi cinq personnalités indépendantes, 11 membres du Parti Démocrate, dont la nouvelle ministre de l’intégration, Cecile Kyenge, première africaine à occuper un poste de ministre, et partisane acharnée du droit du sol et de l’ouverture à l’immigration. C’est en ce sens que la Ligue du Nord, qui a fait de la lutte contre l’immigration un thème majeur, est trahie par la droite libérale et conservatrice. 6 ministres, dont Alfano, sont issus du PDL de Berlusconi, en plus d’un démocrate chrétien (UDC), d’un partisan de Monti (Mario Mauro) et de la radicale Emma Bonino, plus connue à Strasbourg qu’à Rome. Aucun ne provient de la Ligue ou du M5S.

Ce gouvernement d’union nationale à dominante démocrate (12 ministres dont le premier ministre sur 24 ministres en tout) a été mis en place à l’initiative du président italien (à nouveau) en exercice Napolitano. Il va de soi que les premières mesures seront certainement en faveur des lobbies communautaires, comme il en est de même en France. Il faut que les Italiens s’attendent à l’introduction du droit du sol et peut-être au mariage homosexuel. Même si Gianfranco Fini a été écarté du parlement, les nouvelles idées qu’il défendait y sont majoritaires. En tout état de cause, Hollande semble disposer d’un nouvel allié pour faire « payer l’Allemagne ».

En maintenant sa ligne courageuse et intransigeante, Beppe Grillo a cru pouvoir fragiliser le Système en place mais celui-ci s’est au contraire renforcé autour du président sortant et réélu. Qu’un vieillard de 88 ans ait eu un rôle déterminant à jouer afin qu’il y ait un nouveau gouvernement en dit long sur l’état de décrépitude de la politique italienne, et d’une manière générale, de la politique européenne.

Berlusconi a quant à lui choisi la conciliation plutôt que l’affrontement, et ce pour ses intérêts personnels et non le salut de son pays. S’il a réussi à avoir la tête de Bersani, alors même que les sondages prédisaient au PDL une probable victoire en cas de nouvelles élections, ramenant l’industriel milliardaire à la tête de l’Etat, il a en revanche accepté Letta, comme il avait accepté Monti. Ses électeurs sont eux aussi poignardés dans le dos.

Face à une coalition « gauche »-droite, Beppe Grillo n’a qu’un seul choix, dénoncer la collusion entre les deux grands partis italiens, mais il peut aussi être sanctionné dans les urnes, car au final il aura réussi à faire gagner ceux là même dont il espérait la chute. Il se contentera d’avoir débarrassé (provisoirement) la classe politique italienne d’un Di Pietro ou d’un Fini, et d’avoir contribué à la chute inévitable de Monti. Il est toutefois difficile de savoir si les Italiens n’auront pas un gouvernement encore plus nocif que le précédent, car on sait ce que l’on quitte mais jamais ce qui nous attend.

Et lorsqu’on lit que 78% des Français souhaiteraient un gouvernement de coalition nationale, ce qui est incompatible avec le scrutin majoritaire, comme le souligne à juste titre Michel Sapin, on se dit qu’ils n’ont pas bien conscience de ce que cela signifie. Réunir les bras cassés de la fausse « gauche » et de la vraie « droite », le tout autour par exemple d’un Bayrou, qui n’est pas moins mou que le président français actuel, ce n’est vraiment pas la clé du salut.