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20/10/2019

Elections législatives en Autriche du 29 septembre 2019

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Kurz.jpgDans un contexte particulier qui est celui de l’Autriche en 2019, sans surprise, le parti gouvernemental conservateur de Sebastian Kurz (ÖVP) l’a emporté, en réalisant 37% des voix contre 31,47% en 2017.

Le parti souverainiste de coalition de Nobert Hofer (FPÖ), qui avait le vent en poupe avant mai dernier, date du « Ibizagate » (impliquant l’ancien dirigeant Strache et un de ses partisans, Johann Gudenus, concernant le financement russe de campagne avec une usurpatrice dudit pays, affaire remontant à l’été 2017 et révélé par le Spiegel), est tombé à la 3e place avec 16% contre 26% en 2017.

Cela a profité aux sociaux-démocrates du SPÖ qui ont obtenus 22% mais sont paradoxalement sur la pente descendante contre 26,86% en 2017.

Désormais, Sebastian Kurz a 3 possibilités qui s’offrent à lui, quant à la future coalition.

Soit il va rééditer son partenariat avec le FPÖ. Compte tenu du contexte pour ce parti avec cette affaire, et l’image que ce choix impliquerait pour le chancelier trentenaire, c’est peu probable.

Soit, il va rééditer une ancienne alliance, celle avec le SPÖ, qui est désormais 2ème. Et finalement rejoindre ce qui commence à être une fâcheuse « tradition » en Europe occidentale, celle d’un gouvernement centre-droit/centre-gauche ("grande coalition"). Et finalement "rentrer dans le rang" après avoir mené une politique, grâce au FPÖ, identitaire.

La 3ème possibilité étant une coalition inédite, celle avec les écologistes qui ont fait une percée, atteignant plus de 10% des voix, se plaçant 4èmes et symbole de la « fièvre verte » que constitue cette nouvelle tendance politique et donc qui renverrait une meilleure image pour le jeune chancelier.

Ce dont on peut être sûr c’est que la future coalition ne se fera pas tout de suite.

Les deux choses à retenir de ces législatives autrichiennes en 2019, c’est la (nouvelle) débâcle du FPÖ, suite à l’Ibizagate, payée déjà aux Européennes il y a quelques mois mais qui n’est pas si inédite que ça si on se souvient de l’époque de Jörg Haider et plus largement qui par cette affaire, symbolise l’amateurisme des « droites nationales » européennes, tant en France qu’en Italie. Reste à connaître la capacité dans les autres pays à gérer professionnellement une fois au pouvoir (que ça soit Vox en Espagne, l’AfD en Allemagne, les Démocrates Suédois). L’autre élément, c’est l’aspect profitable de la situation pour le parti du gouvernement, qui s’est renforcée, atteignant presque la barre électorale symbolique des 40%.

Eugène Guyenne (Le Parti des Européens)

16/10/2017

Elections autrichiennes : la barre à droite toute.

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800px-Kurz2017.jpgAvec 31,36% (+ 7,37) des voix et 61 sièges (+14), l’ÖVP de Sebastian Kurz réussit son pari de renforcer sa formation politique et maintient le FPÖ de Hans-Christian Strache à bonne distance. Ce dernier, qui avait atteint parfois jusqu’à 37% des voix dans certains sondages, n’a cessé de reculer depuis l’ascension médiatique du ministre Kurz. Le FPÖ néanmoins obtient dans ce contexte 27,35% des voix (+ 6,85) et 53 sièges, ce qui est le meilleur résultat de son histoire, légèrement supérieur à celui obtenu par Jörg Haider en 2000.

Le SPÖ, à la différence de la SPD allemande voisine, ne s’effondre pas. Il obtient 26,75% des voix et 52 sièges, soit le même résultat qu’en 2013. Son électorat se maintient dans un contexte où les formations écologistes reculent de cinq points en tout.

La formation d’Alexander van der Bellen, président autrichien actuel, élu pour faire barrage au candidat du FPÖ Norbert Hofer, s’effondre avec 3,32% des voix (- 9.1) et perd toute représentation parlementaire (-24 sièges). Les Verts (Grüne) ont été victimes également de la concurrence d’une scission, le mouvement Pilz, du nom de son fondateur, qui obtient 4,13% des voix et 8 sièges.

Avec 4,96% des voix et 9 sièges, la liste NEOS, de centre-droit et en faveur de la construction européenne, maintient son résultat de 2013. Le fort tripartisme autrichien a empêché cette formation d’accroître son audience mais elle a su fidéliser son électorat.

Les autres formations politiques populistes sont réduites à la portion incongrue. La liste FLÖ issue d’une scission du FPÖ menée notamment par Barbara Rosenkranz obtient 0,18% des voix. La liste ultra-anti-européenne EUAUS, qui prône une sortie de l’Autriche de l’UE, 0,01%. Les communistes du KPÖ obtiennent 0,73% des voix (- 0,29), récupérant le vote gauchiste. Enfin la liste représentant les minorités musulmanes, liste pro-Erdogan, à savoir le NBZ, obtient 0,06% des voix soit à peine 2600 électeurs. C’est l’échec également pour la formation populiste GILT, qui n’obtient que 0,92% des voix. Les listes divers (Sonstige) sont donc laminées, perdant près de sept points en tout par rapport à 2013.

Le SPÖ a immédiatement proposé une alliance avec l’ÖVP mais Sebastian Kurz va devoir rapidement faire un choix déterminant. Ou bien il peut imiter Sarkozy, et après avoir tenu une ligne droitière pendant la campagne, faire l’ouverture à gauche une fois au pouvoir. Mais ce serait tactiquement maladroit, surtout en Autriche. Ou bien il peut proposer une coalition avec Strache et le FPÖ, au risque de susciter en Europe occidentale une campagne de dénigrement, et c’est probablement le choix qui sera le sien.

Pour le FPÖ, ce résultat est paradoxal. C’est certes son meilleur score mais il est très en-dessous des espérances que Strache pouvait avoir il y a encore quelques mois. Il a été incapable de freiner l’ascension de Kurz qui a su convaincre d’anciens électeurs ÖVP, tentés par le FPÖ, de retourner au bercail. Les perspectives de devenir chancelier s’évanouissent donc.

Si le FPÖ accepte de rejoindre une coalition autour de l’ÖVP, le risque est fort que le parti connaisse une hémorragie électorale à terme, comme cela avait été le cas en 2000. Mais si le FPÖ reste dans l’opposition, on lui reprochera de ne pas vouloir participer au pouvoir et de ne pas être un parti de gouvernement. Il est donc là encore probable que Strache accepte de rejoindre une coalition, à la condition d’obtenir au moins le ministère de l’intérieur.

Une coalition ÖVP/FPÖ avec Sebastian Kurz comme chancelier, est donc vraisemblable. Elle ne suscitera sans doute pas les cris d’orfraie de la coalition précédente ÖVP/FPÖ de 2000. Strache n’est pas Haider et il a su éviter tout le long de sa carrière à la tête du FPÖ les déclarations provocatrices qui inquiéteraient une partie notable de ses propres électeurs.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

29/09/2013

"Victoire" à la Pyrrhus de la grande coalition en Autriche

carte-autriche.jpgUne semaine après les électeurs allemands, les électeurs autrichiens devaient se prononcer ce dimanche pour renouveler les 183 sièges de député de leur parlement. Et une fois de plus, les sondages de fin de campagne se sont révélés très proches du résultat final.

Les populistes eurosceptiques réussissent un score sans précédent avec près de 30,8% des suffrages, ce qui est largement supérieur au score du parti vainqueur, le SPÖ (sociaux-démocrates), qui n’obtient que 27,1% (-2,2%, - 4 sièges), mais ils sont divisés en trois mouvements, à savoir le FPÖ de Hans-Christian Strache, le BZÖ fondé par feu Jörg Haider et un nouveau venu piloté par le milliardaire Frank Stronach.

Le FPÖ, réconcilié avec sa branche carinthienne du FPK, réussit avec 21,4% des voix un score très positif, progressant de 3,9 points et obtenant 42 sièges (+8). On est toutefois loin de sondages de 2012 mettant le FPÖ en deuxième position face à la SPÖ. On est également loin du score d’Haider en 2000 (27%). L’avenir néanmoins semble rose pour ce parti, car son frère ennemi, le BZÖ de Buchner, sombre avec 3,6% des voix seulement (- 7.1%) et perd toute représentation parlementaire. Il a été notamment victime d’un basculement de certains de ses électeurs vers le FPÖ mais surtout vers la liste de Stronach. Avec 5,8% des voix, ce dernier obtient pour son parti 11 sièges, mais son score est très inférieur à ce que certains sondages lui prédisaient il y a plusieurs semaines. La droite nationale se contentera donc de 53 sièges, soit autant que le SPÖ.

Néanmoins, la chute de Stronach et la disparition du BZÖ offrent à terme à Strache la perspective de rassembler par la suite sous son égide l’ensemble du « camp national ». Malgré un bon résultat, mais qui n’est pas non plus remarquable, la défaite du BZÖ et de Stronach, défaite relative dans son dernier cas, doit lui faire plaisir.

Le SPÖ n’est pas le seul à reculer, puisque les conservateurs de l’ÖVP sont également sanctionnés, n’obtenant que 23,8% des voix et 46 sièges (- 2,2%, - 5 sièges). C’est la sanction logique d’une grande coalition, même si « gauche » et droite réunis obtiennent réunis le plus mauvais score de l’après-guerre.

D’autres formations ont en effet profité du désaveu par une partie de l’électorat du gouvernement sortant. Les Verts (Grüne) avec 11,5% (+ 1%) et 22 sièges (+2) obtiennent un résultat honorable et une légère progression, mais moindre par rapport à ce que présidaient certains sondages qui les voyaient à 14 et même à 15%. En revanche, un nouveau venu, le NEOS, mouvement libéral et pro-européen, semble avoir réussi à tirer sa carte du jeu. Avec 4,8% des voix, le NEOS obtient neuf sièges. C’est un très bon résultat pour une formation récente. En Autriche, dépasser les 4% donne des sièges, ce qui n’est pas le cas chez le voisin allemand, l’AfD ayant ainsi été exclue tout comme le FDP pour ne pas avoir atteint 5%.

Pour les petits partis, les résultats sont conformes aux habitudes. Le KPÖ avec 1% des voix progresse très modestement (+0,2%), le CPÖ (chrétiens) régresse et tombe à 0,1% (-0,5% par rapport à 2008), ce qui annonce la fin probable de leur existence politique. Les Piraten, avec 0,8% des voix, échouent tout comme leurs homologues allemands. Les électeurs autrichiens sont restés sages. Notons toutefois que le parti des Pirates est de fait le premier mouvement transnational, même si ses résultats sont très modestes.

La (future) grande coalition, inévitable au vu des résultats, se dessine avec un SPÖ toujours dominant son partenaire. Avec 99 sièges sur 183, l’union SPÖ/ÖVP est majoritaire et pourrait proposer de s’ouvrir aux Verts et à NEOS. Le FPÖ restera aux portes du pouvoir, en sachant qu’en plus une union avec l’ÖVP n’aurait pas permis de dégager une majorité parlementaire. Sur le papier, toutefois, une union ÖVP/FPÖ/Stronach est pensable, mais l’ÖVP a fait le choix du refus de toute coalition de droite. Strache inquiète davantage qu’Haider, notamment en raison de sa ligne eurosceptique et de sa volonté de travailler avec Marine Le Pen et Geert Wilders.

Thomas FERRIER (PSUNE)