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12/05/2013

Elections législatives bulgares : le GERB triomphe de la nausée

BULGARIE

élections législatives bulgares,ataka,gerb,psb,bulgarie,thomas ferrierC’est dans une Bulgarie désespérée que les électeurs se sont rendus ce dimanche aux urnes mais sans conviction. A 17h30 à Sofia, seulement 41,3% des électeurs avaient fait le déplacement. Encore une fois, en Europe centrale, le parti de l’abstention est le grand vainqueur. Il l’est d’autant plus que la corruption endémique de la classe politique bulgare a fait des ravages dans l’opinion.

En l’absence même de résultats préliminaires, nous devons pour le moment nous contenter des différents sondages sortis des urnes. La hiérarchie entre les partis politiques semble à peu près déterminée à cette heure.

Le GERB, parti de droite libérale et conservatrice, et actuellement au pouvoir à Sofia, semblerait demeurer le premier parti du pays, avec entre 30,4% et 34% des voix, loin devant le PSB (socialistes bulgares), qui n’obtiendrait qu’entre 25,3% et 28,7%.

Le mouvement de défense de la minorité turque connaît également un résultat plus qu’honorable avec près de 10% des voix, et même 10,9% dans le sondage le plus favorable. Il a su ratisser et même assécher le vote de sa communauté, afin de peser au parlement comme troisième force du pays.

La droite nationaliste et eurosceptique, représentée par Ataka de Volen Siderov mais aussi par le Front National pour le Salut de la Bulgarie (NFSB) de Valeri Simeonov, s’en sort plutôt bien, alors que les sondages d’il y a encore un moins l’annonçaient comme l’une des grandes perdantes du scrutin. Mais les derniers scandales politiques lui ont permis de relever la tête.

Créditée d’entre 7,5 et 9%, Ataka réussit un score honorable, alors même que le parti était en perte de vitesse, depuis notamment le score extrêmement médiocre de Siderov aux dernières élections présidentielles, score qui avait amené, en plus de problèmes matrimoniaux, à une scission menée par son ancien beau-fils Dimitar Stoyanov, député européen et fondateur du « Parti National-Démocrate », structure totalement absente à ce scrutin. En revanche, le NFSB rate de peu l’entrée au parlement, avec 3,3% des voix environ. Il fait jeu égal avec le DSB (Démocrates pour une Bulgarie Forte), de droite conservatrice, et qui ne rentrera pas non plus au parlement, au grand dam du GERB, mais aussi avec le DBG (« Bulgarie des citoyens »).

Le VMRO (nationalistes macédoniens), avec environ 2,1% des voix, et le P3C (mouvement populiste « Ordre, loi et justice ») avec entre 1,5 et 2,1%, complètent la marche.

En résumé, la droite conservatrice, bien que divisée en plusieurs factions, domine au niveau électoral, mais seul le GERB entre au parlement et se retrouve ainsi sans alliés. Le PSB a échoué à proposer une alternative crédible au GERB mais pourrait compter sur l’appui de la communauté turque (DPS). Le pays risque donc d’être sans majorité parlementaire, ce qui pourrait conduire à de nouvelles élections. Les nationalistes, Ataka en tête, capitalisent quant à eux un peu moins de 15% des voix, ce qui est un score plutôt élevé. Siderov apparaît comme l’un des gagnants de ce scrutin, ayant réussi à digérer sa scission interne et contenir la concurrence du NFSB.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

Mise à jour: à 22h50, à 86% du dépouillement, l'organisme NTSIOM nous donne les résultats provisoires suivants: GERB 32,04%, BSP 26,22%, DPS (turcs) 9,93%, ATAKA 8,5%, NFSB 4,11%. Cela signifie que, contrairement aux prévisions, les nationalistes du NFSB rentreraient également au parlement de Sofia.

28/04/2013

Brèves européennes… (19)

Bjarni_Benediktsson.jpgISLANDE

Des élections législatives se déroulaient ce samedi en Islande, dans un contexte de rigueur économique, conséquence naturelle de la crise budgétaire. Alors qu’aux élections précédentes, le Parti de l’Indépendance, parti principal du pays depuis 1946, avait été durement sanctionné par les électeurs, tombant à 23,7% des voix, c’était au tour de la coalition de gauche de subir la colère des citoyens.

Dans cette joute électorale, trois partis aspiraient à la première place dans les urnes, même si le Parti du Progrès devait selon les sondages d’imposer et au Parti de l’Indépendance et à l’Alliance sociale-démocrate.

Or, déjouant les sondages, c’est bien la droite conservatrice, menée par Bjarni Benediktsson, qui s’impose sur la ligne d’arrivée, avec 26,7%, soit trois points de mieux qu’en 2009, ce qui représente malgré tout un score très médiocre pour ce parti. Il domine le Parti du Progrès, présidé par Sigmundur Gunnlaugsson, qui n’obtient que 24,3% des voix, progressant néanmoins de 9,5% en quatre ans mais de manière insuffisante pour prendre la tête de l’assemblée. Enfin, l’Alliance sociale-démocrate de Arni Arnason, avec 12,9% des voix, s’effondre littéralement, perdant près de 17 points et dix sièges.

Le premier ministre sortant, qui ne se représentait pas, est ainsi sévèrement sanctionné. Comme il s’agissait en outre du principal parti favorable à l’adhésion à l’Union Européenne de son pays, ce résultat constitue un coup dur pour ses partisans. Son allié, le Mouvement vert de gauche, représenté par la jeune Katrin Jakobsdottir, avec 10,9% des voix, perd la moitié de son score de 2009 (21,7%) et quatre sièges. Les sondages annonçaient une chute pourtant bien plus forte encore.

Parmi les autres vainqueurs de cette élection, dépassant les 5% fatidiques qui impliquent d’obtenir des élus, il y a le « Futur Brillant » (Björt Framtid), un mouvement libéral et même libertaire, qui réussit avec 8,4% des voix à obtenir six sièges, ce qui pour un parti récent est un excellent résultat. De même, le Parti Pirate (Pirataflokurinn) de la députée sortante Birgitta Jonsdottir, obtient 5,1% des voix et trois sièges. Pour la première fois, en Europe, un mouvement « pirate » accède au parlement national.

Les autres partis, exclus du parlement, sont l’Aurore (Dogun), un mouvement écologiste, avec 3,1% des voix, score identique pour le Parti des Propriétaires (Flokkur Heimilanna), le Parti Démocrate Islandais n’obtenant que 2,5% des suffrages. Les écologistes de droite doivent se contenter de 1,7%, alors que la coalition de gauche « arc-en-ciel » (Regnboginn) n’obtient qu’1%.

Fort de ce succès très relatif, même si son avance n’est que de 2,4% des voix, Bjarni Benediktsson est pressenti comme le nouveau premier ministre islandais. Conservateur et libéral, il est hostile au processus d’adhésion de l’Islande à l’UE mais est en revanche proche des positions atlantistes.

ITALIE

Letta.jpgDepuis plusieurs semaines, l’Italie était à la recherche d’un nouveau gouvernement pour rassurer les marchés et éviter de nouvelles élections dans quelques mois. Les cocus semblent désormais deux, à savoir la Ligue du Nord et le Mouvement 5 Etoiles de Beppe Grillo, représentant réunis plus de 30% des voix.

Les électeurs qui en effet souhaitaient un véritable renouveau de la classe politique en sont en effet pour leurs frais. C’est même pire que ce qu’ils pouvaient redouter. Le premier drame c’est la réélection, sous la pression, de l’actuel président de la république, l’ancien communiste Giorgio Napolitano, âgé de près de 88 ans, et qui finirait donc son mandat à 95 ans. Alors que la démocrate Bersani, intransigeant vis-à-vis de Berlusconi, était contraint de se retirer après avoir échoué à faire élire Romano Prodi comme président, Napolitano a fini par proposer à un autre démocrate, Enrico Letta, la présidence du conseil.

Berlusconi, afin de se prémunir contre ses démêlés judiciaires, a adoubé le nouveau premier ministre à la condition qu’il accorde la vice-présidence du conseil, et le ministère de l’intérieur, à un proche en la personne d’Angelino Alfano.

Letta a choisi Enzo Milanesi, un proche de la commission de Bruxelles, comme ministre des affaires européennes. En tout, il a choisi cinq personnalités indépendantes, 11 membres du Parti Démocrate, dont la nouvelle ministre de l’intégration, Cecile Kyenge, première africaine à occuper un poste de ministre, et partisane acharnée du droit du sol et de l’ouverture à l’immigration. C’est en ce sens que la Ligue du Nord, qui a fait de la lutte contre l’immigration un thème majeur, est trahie par la droite libérale et conservatrice. 6 ministres, dont Alfano, sont issus du PDL de Berlusconi, en plus d’un démocrate chrétien (UDC), d’un partisan de Monti (Mario Mauro) et de la radicale Emma Bonino, plus connue à Strasbourg qu’à Rome. Aucun ne provient de la Ligue ou du M5S.

Ce gouvernement d’union nationale à dominante démocrate (12 ministres dont le premier ministre sur 24 ministres en tout) a été mis en place à l’initiative du président italien (à nouveau) en exercice Napolitano. Il va de soi que les premières mesures seront certainement en faveur des lobbies communautaires, comme il en est de même en France. Il faut que les Italiens s’attendent à l’introduction du droit du sol et peut-être au mariage homosexuel. Même si Gianfranco Fini a été écarté du parlement, les nouvelles idées qu’il défendait y sont majoritaires. En tout état de cause, Hollande semble disposer d’un nouvel allié pour faire « payer l’Allemagne ».

En maintenant sa ligne courageuse et intransigeante, Beppe Grillo a cru pouvoir fragiliser le Système en place mais celui-ci s’est au contraire renforcé autour du président sortant et réélu. Qu’un vieillard de 88 ans ait eu un rôle déterminant à jouer afin qu’il y ait un nouveau gouvernement en dit long sur l’état de décrépitude de la politique italienne, et d’une manière générale, de la politique européenne.

Berlusconi a quant à lui choisi la conciliation plutôt que l’affrontement, et ce pour ses intérêts personnels et non le salut de son pays. S’il a réussi à avoir la tête de Bersani, alors même que les sondages prédisaient au PDL une probable victoire en cas de nouvelles élections, ramenant l’industriel milliardaire à la tête de l’Etat, il a en revanche accepté Letta, comme il avait accepté Monti. Ses électeurs sont eux aussi poignardés dans le dos.

Face à une coalition « gauche »-droite, Beppe Grillo n’a qu’un seul choix, dénoncer la collusion entre les deux grands partis italiens, mais il peut aussi être sanctionné dans les urnes, car au final il aura réussi à faire gagner ceux là même dont il espérait la chute. Il se contentera d’avoir débarrassé (provisoirement) la classe politique italienne d’un Di Pietro ou d’un Fini, et d’avoir contribué à la chute inévitable de Monti. Il est toutefois difficile de savoir si les Italiens n’auront pas un gouvernement encore plus nocif que le précédent, car on sait ce que l’on quitte mais jamais ce qui nous attend.

Et lorsqu’on lit que 78% des Français souhaiteraient un gouvernement de coalition nationale, ce qui est incompatible avec le scrutin majoritaire, comme le souligne à juste titre Michel Sapin, on se dit qu’ils n’ont pas bien conscience de ce que cela signifie. Réunir les bras cassés de la fausse « gauche » et de la vraie « droite », le tout autour par exemple d’un Bayrou, qui n’est pas moins mou que le président français actuel, ce n’est vraiment pas la clé du salut.

15/04/2013

Premières élections européennes en Croatie

élections européennes croates 2013,hdz,sdp,hsp,hcsp,tomislav sunicLa Croatie rejoignant l’Union Européenne au 1er juillet 2013, les électeurs croates devaient élire pour un an leurs représentants au parlement de Strasbourg. Dans un contexte où le sentiment europhile a considérablement régressé lorsque la perspective d’adhésion est devenue réelle, ses élections permettent de tester l’opinion croate.

Et comme habituellement, le principal vainqueur est… l’abstention. 21% seulement des électeurs se sont déplacés pour une élection sans véritable enjeu et alors qu’ils savent qu’ils vont devoir revoter dans moins d’un an et dans le contexte des élections européennes générales, tous pays confondus. La mobilisation n’était donc pas du tout au rendez-vous.

A près de 97% du dépouillement à cette heure, les résultats quasi définitifs sont désormais connus et ne devraient plus évoluer qu’à la marge.

Avec 33% environ des voix, la coalition de centre-droit autour du HDZ de l’ancien président Tudjman est le vainqueur de ces élections, devançant avec un peu moins de 32% la coalition de centre-gauche, actuellement au pouvoir, autour du SDP (sociaux-démocrates). Autant dire que les deux grands partis se valent mais il faut noter toutefois le score plus que satisfaisant du principal mouvement d’opposition. L’information est toutefois à relativiser vue la faible participation.

Troisième et dernier parti à obtenir des élus, les travaillistes croates, proches de la gauche radicale, obtiennent environ 5,75% des voix, ce qui est un résultat plutôt correct, qui s’explique certainement par la déception d’une partie des électeurs de gauche dans le contexte d’une crise économique et politique qui affaiblit le SDP.

Avec un peu moins de 4% des voix, la coalition de paysans et de libéraux échoue à obtenir des élus. C’est aussi le cas de la coalition istrienne autour d’Ivan Jakovcic avec environ 3,8% des voix. Enfin le HDSSB, réunissant des conservateurs et des modérés, avec un peu plus de 3,1% des voix, échoue également. Ils ne sont pas tant victimes d’un vote utile en faveur du HDZ mais surtout d’un manque de mobilisation de leurs électeurs.

A droite, les autres formations connaissent un désaveu certain. Le HRAST (centre-droit) n’obtient que 2,5% des voix environ, le A-HSS (paysans dissidents) 0,9%, alors que les démocrates centristes n’obtiennent que 0,75% des voix. Les retraités plafonnent à 1,48%, alors que les différentes formations écologistes sont réduites au minimum (1,5% pour l’Action de Jeunesse, proche des Verts européens, 1,15% pour la Coalition des Verts).

Les nationalistes et eurosceptiques sont les principaux perdants de cette élection. Contrairement à ce qui se passe dans les autres états membres, la Croatie n’a pas eu à faire l’expérience de son intégration à l’Union Européenne, puisqu’elle attendait depuis plusieurs années à ses portes. Si l’adhésion suscite un enthousiasme très mitigé, l’europhobie reste minimale. Elle est essentiellement incarnée par plusieurs mouvements « du droit », issus de la filiation des « ustasi ». Cette division ne profite à aucun d’entre eux. Le HSP historique, loin des 6% obtenus il y a quelques années, tombe à 1,4% des voix, alors que le HCSP, scission qui présentait une dynamique certaine et tendait à rivaliser avec son ancien parti, mené par une figure du nationalisme européen en la personne de Tomislav Sunic, n’obtient qu’un insignifiant 0,7%. Les dissidents du A-HSP quant à eux doivent se contenter de 0,32% finissant avant-dernier de la vingtaine de listes présentes.

Enfin, l’extrême-gauche communiste, victime du vote en faveur des travaillistes, et d’une manière générale fort peu populaire en Croatie, se limite à un peu moins de 0,5% des suffrages.

Cette élection est donc à retenir par le taux absolument médiocre de la participation, qui atteint un record, mais aussi par la nette victoire dans ce contexte des deux principales coalitions (HDZ et SDP), qui raflent l’écrasante majorité des sièges de député européen, et atteignent ensemble les 65% des voix. Il est toutefois vraisemblable qu’en 2014, un an après l’adhésion, lors des nouvelles élections européennes, la participation soit bien supérieure, redistribuant alors les cartes.

Thomas FERRIER (PSUNE)

01/04/2013

Leçon de contre-europhobie n°1 : Schengen

schengen,europhobie,clandestinsLes europhobes, eurosceptiques et autres souverainistes (Le Pen, Wilders, Ganley, Klaus, Farage, Dupont-Aignan ... etc) attaquent systématiquement et de manière quasi obsessionnelle l’Union Européenne, ne se limitant pas à dénoncer les travers réels dont cette institution souffre en vérité. Pour eux, hors de question de vouloir réformer ou refonder l’Union Européenne. Il faudrait l’abattre. L'idée même d'une Europe politique unie leur fait horreur. Pour ce faire, quoi de mieux que de raconter n’importe quoi à nos compatriotes européens, accusant l’€ d’être responsable d’une crise économique pour laquelle il n’est pour rien, l’Islande ou le Royaume-Uni n’en ayant pas été spécialement épargnés.

Parlons donc de Schengen.

Le principe de Schengen c’est la suppression des frontières internes à l’Union Européenne, défendant ainsi le principe de la liberté de circulation des Européens en Europe. Même s’il existe des flux migratoires intra-européens, qui ne sont pas problématiques mais qui pourraient être néanmoins limités par la mise en place d’une véritable harmonisation sociale européenne, le reproche fait à Schengen concerne l’immigration clandestine, généralement en provenance d’Afrique.

Schengen supprime certes les frontières internes à l’Union Européenne mais ne supprime pas en revanche les frontières extérieures. Si elles sont mal protégées, c’est de la faute des Etats « nationaux » qui se trouvent aux frontières de l’UE, à savoir par exemple l’Espagne (notamment via Ceuta et Melilla, mais aussi via les Açores et les Canaries), l’Italie (Lampedusa) ou la Grèce (qui a pour cette raison construit un mur en Thrace afin d’y faire face).

La solution pour empêcher cette immigration clandestine, ce n’est pas le souverainisme, mais c’est la réalité de frontières européennes, avec un corps de douaniers européens pour les faire respecter, avec une force de police européenne pour arrêter les contrevenants et s’assurer de leur éloignement en dehors de l’Union Européenne. Pour que les frontières de l’Europe soient protégées, il faut un Etat européen pour mettre en œuvre cette politique. C’est parce que les Etats européens jouent les uns contre les autres, souhaitant que les migrants clandestins aillent chez le voisin, qu’il y a un problème.

La solution contre l’immigration clandestine, ce n’est pas « moins d’Europe » mais bien « plus d’Europe », à savoir que, quel soit le lieu d’arrivée du clandestin sur le continent, il doit être pris en charge de la même manière et a vocation à être rapidement relocalisé dans son pays.

L'Europe face à la Turquie

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King Jan III Sobieski of Poland.jpgS’il est un exemple particulièrement significatif de l’impuissance de l’Europe actuelle, rien ne l’illustre mieux que sa relation avec la Turquie et son arrogant premier ministre. C’est aux frontières de l’Europe, pas seulement de l’Union Européenne d’ailleurs, qu’elle est en conflit, certes en conflit gelé, avec la Turquie.

En effet, cette dernière occupe illégalement depuis 1974 la zone nord-est de Chypre, au mépris des conventions internationales, cette occupation ne s’étant pas limitée à la présence de troupes mais s’accompagnant aussi de l’implantation de colons turcs. Sa frontière avec l’Arménie est gelée, alors même qu’Ankara soutient les revendications azéries, conformément à l’idéologie pantouranienne consistant à aider les autres turcophones, et en conséquence dénonce la sécession du Haut-Karabagh, peuplé depuis toujours d’Arméniens. Elle continue par ailleurs de nier la réalité des crimes commis par l’empire ottoman en 1915 à l’égard de cette communauté. Enfin, la Turquie revendique les îles grecques de sa côte et en particulier les zones maritimes associées, alors que tout semble indiquer que le sous-sol marin de la Méditerranée serait riche en pétrole et en gaz.

La Turquie, sous l’influence de son ministre des affaires étrangères Ahmed Davutoglu, met en place une géopolitique dite néo-ottomane qui consiste à s’intéresser aux problèmes des Balkans, apportant son aide aux mouvements islamiques au Kosovo ou en Bosnie, et bien sûr aux communautés turcophones de Macédoine ou de Bulgarie. A sa façon, elle remet en cause ce mouvement de recul de la « sublime porte » pendant tout le XIXème siècle et jusqu’au traité de Sèvres. Mettant en parenthèses la période kémaliste, en s’attaquant à ce symbole de l’état laïc qu’est l’armée, en remettant en cause l’interdiction du voile dans les universités et les services publics, avec en outre la mise en examen de nombreux chefs militaires mais aussi de journalistes, la Turquie d’Erdogan tourne le dos à la civilisation européenne tout en prônant dans le même temps l’adhésion à l’Union Européenne, une Union qui avec la Turquie en son sein cesserait définitivement d’être européenne et surtout deviendrait une pure coquille vide.

Alors qu’elle s’était un temps éloignée de la stratégie de l’OTAN, pilotée par les USA, refusant même l’accès à son ciel aérien pendant la seconde guerre en Irak, la problématique syrienne a changé la donne. La relation avec l’Iran voisin s’est même dégradée, puisque ce dernier soutient le régime de Bachar El Assad. C’est là où le jeu américain et le jeu turc se sont à nouveau rencontrés. Obama a contraint Netanyahu à faire reconnaître à l’état hébreu sa responsabilité dans le drame du Mavi-Marmara, ce qu’il se refusait à faire à juste titre depuis plusieurs années. Dans le jeu américain, il est important que la Turquie joue son rôle contre l’Europe, et la rupture entre Israël et la Turquie n’arrangeait pas les affaires de Washington.

Cet épisode est d’ailleurs une excellente illustration du mensonge des obsessionnels du complot « sioniste », qui prétendent que les USA seraient soumis aux intérêts de cet état. On voit bien qu’il n’en est rien, et que ce n’est pas Netanyahu qui tient le manche mais bien Obama. Cette « alliance éternelle » entre les USA et Israël, que prône Obama à nouveau, est un trompe l’œil. C’est bien pour cela que Lieberman était méfiant et prônait un repositionnement diplomatique pro-russe, mais empêtré dans ses affaires judiciaires, il a dû renoncer à toute fonction au sein du gouvernement israélien.

L’administration américaine a deux enjeux majeurs – encercler la Russie et l’isoler, ce que certaines dérives autoritaires en Russie facilitent d’ailleurs, et surtout empêcher la mise en place de toute Europe politique. Pour cela, elle a à sa botte le gouvernement britannique de Cameron, qui aliène les intérêts britanniques, qui sont les mêmes que ceux des autres européens, en faveur des USA, et bien sûr l’allié turc. Force est de constater que les partisans d’un Royaume-Uni souverain, par exemple UKiP, qui prônent la fin de l’Union Européenne, ne remettent pas en cause cette sujétion au grand voisin outre-atlantique. Ce n’est pas un hasard. Quant à Erdogan, il a beau ne pas cacher sa phobie du « sionisme », cela ne dérange pas Obama, bien au contraire. Si les USA doivent choisir entre la défense d’Israël, ou de l’Europe, et la paix avec l’islam, ils finiront pas choisir le second.

Face à la Turquie, une Grèce « souveraine » ou une Chypre « indépendante », seraient démunies. Les prétendus nationalistes hellénophones, Aube Dorée et ELAM en tête, en attisant la haine contre l’Union Européenne, certains ayant même brulé il y a quelques jours des drapeaux de l’UE, ne péseraient rien. Le seul bouclier en mesure de défendre les intérêts grecs, chypriotes ou arméniens, c’est l’Europe. Et ce qui l’empêche d’agir aujourd’hui et de se faire respecter du voisin turc, c’est l’absence d’institutions politiques à sa tête, en clair d’un Etat européen. On sait que la Commission et les deux Conseils représentent les oligarchies à la tête des Etats dits « nationaux », qui servent le libéralisme mondialisé et l’atlantisme, et le parlement européen, pourtant seul démocratiquement légitime, n’a pas de pouvoirs et surtout ses membres actuels n’ont pas le courage politique de les exiger. Mais c’est bien au niveau européen, et on le constate avec la crise de l’€, et la faillite bancaire de Chypre, à laquelle la Russie n’a pu apporter son aide tant la russophobie est forte au niveau de Bruxelles, que se trouve la solution et pas dans un suicidaire repli identitaire.

La russophobie amène d’ailleurs à la mise en place d’une alliance contre-nature Géorgie/Turquie contre l’ours russe. Dans ce cadre, la Géorgie joue le même jeu que François Ier et se trompe de camp. Elle devrait au contraire œuvrer à la réconciliation avec la Russie tout en se choisissant un avenir européen. L’Arménie, elle, ne commet pas la même erreur géopolitique. Il faut dire qu’elle est confrontée en direct au monde asiato-musulman à ses portes. Rempart du Caucase et de l’Anatolie du temps de l’empire byzantin, elle sait que sa place est aux côtés des autres Européens depuis toujours.

Heureusement, pour le moment, les dirigeants de ces deux Etats, Grèce et Chypre, ne s’alignent pas sur les positions les plus europhobes de certains partis, de « gauche » radicale (Syriza) comme de droite radicale (Hrisi Avgi), et ne remettent en cause ni l’UE ni l’€. Mais ils n’ont pas non plus la force de s’opposer aux dérives mondialistes et libérales de leurs partenaires.

Face à la Turquie, une Europe politique digne de ce nom ferait entendre un autre son de cloche. Vis-à-vis de la Grèce et de Chypre, elle ne se contenterait pas d’exiger toujours plus d’efforts d’une population ruinée par le mondialisme économique et financier. Elle apporterait un soutien clair et net aux revendications légitimes de ces peuples face à son voisin. L’Etat européen, qui aurait naturellement mis fin à tout processus d’adhésion de la Turquie à son espace politique, exigerait l’évacuation de Chypre par la Turquie et mettrait fin à ce rôle de plaque migratoire que joue Ankara, la Turquie se refusant pour le moment à limiter les flux migratoires vers notre continent. Pour commencer.

Dans ses relations avec la Turquie, l’Europe actuelle n’est pas capable de se faire respecter, et n’est donc pas capable d’offrir aux Grecs ce que la « Grande Idée » (Μεγάλη Ιδέα) des patriotes grecs, avait échoué à leur apporter, à savoir un véritable bouclier. Un bouclier économique contre les appétits d’une finance internationale avide. Un bouclier militaire contre un voisin redevenu bien inquiétant. Elle exige d’elle-même un repentir permanent, lequel favorise là encore des intérêts étrangers à l’Europe, et la désarme moralement, mais abandonne les Arméniens lorsqu’il s’agit de réclamer en leur nom que la Turquie reconnaisse ses fautes.

D’ailleurs, la fameuse loi contre la négation du génocide arménien promise par Hollande continue d’être lettre morte. Il faut dire que comme tous les prétendus sociaux-démocrates et « européens », le président PS a décidé de se réconcilier avec la Turquie après les années Sarkozy et de relancer le processus d’adhésion, auparavant au point mort. Comble du scandale, la Turquie va beaucoup plus loin que la Russie dans l’autoritarisme, et ce qui plus est au service d’une idéologie islamiste, tournant le dos aux valeurs européennes les plus ancestrales. Mais, alliés ou plutôt vassaux des USA, les gouvernements d’Europe occidentale lui pardonnent tout. Et face à cela, la petite Grèce, Chypre ou l’Arménie ne comptent guère.

Bien au contraire, en dotant l’Europe d’un Etat politique unitaire et souverain, qui parle d’une seule voix, nous pourrions exploiter ses richesses qui tapissent le fond de la Méditerranée, et ainsi aider au relèvement du peuple grec et du peuple chypriote, un relèvement reposant sur du concret et non sur la finance vagabonde. Nous pourrions faire reculer la politique néo-ottomane d’Erdogan. Et enfin, les USA seraient contraints de tenir compte d’une puissance économique qui leur serait supérieure, en attendant que l’armée européenne voie le jour et que l’Europe redevienne une puissance militaire qui en impose.

Ευρωπαϊκό κράτος ή θανάτος !

Thomas FERRIER (PSUNE)

27/03/2013

Faire entendre la voix de l’Europe !

Bretagne_euro.jpgAyant répondu à l’invitation qui m’avait été faite de débattre avec un défenseur de l’identité bretonne et avec un souverainiste laïciste, ce qui m’a été reproché par certains mouvements de « gauche radicale », j’ai eu l’occasion le week-end dernier d’exposer brièvement ce qu’était l’européisme authentique, en insistant sur la nécessité historique pour les Européens, et en particulier pour ceux qui sont attachés à cette européanité que nous défendons, de s’approprier l’Union Européenne, au lieu d’en dénoncer les travers, de la reprendre à ces technocrates et ces idéologues mondialistes qui président pour le moment à ses destinées, à nos destinées.

Faire entendre la voix de l’Europe, y compris auprès de ceux qui sont rétifs à cette nécessité historique qu’est l’unification politique de la civilisation européenne, du continent européen, telle était la mission qui m’était confiée. A la surprise des nombreux participants de ces assises sur la crise sociale européenne, ils ont pu entendre un discours nouveau, cohérent et déterminé en faveur de l’Europe unie, de l’Europe envisagée comme une république, comme une véritable nation, seule forme possible de salut pour notre terre au XXIème siècle.

Certains se sont émus d’entendre prôner la disparition pure et simple de l’Etat français, et en particulier de sa nationalité, en raison du dévoiement de cette dernière depuis des décennies, et son remplacement par un Etat européen avec sa nationalité, cette dernière reposant sur le principe de Périclès, le ius sanguinis, nationalité indépendante de celles des Etats actuels et reposant sur des critères de convergence objectifs. Le temps ne m’a pas permis d’exposer plus précisément le cheminement intellectuel et les raisons stratégiques objectives qui ont amené notre modeste formation à cette conclusion proprement révolutionnaire. Cela a même amené une figure du nationalisme hexagonal à prendre position contre notre démarche, affirmant qu’en trente secondes il pourrait dénoncer la contre-vérité dont nous aurions été prétendument les vecteurs, alors qu’il faut en vérité au moins un quart d’heure pour expliquer précisément pourquoi nous avons raison et pourquoi il a tort.

Il était aisé de constater que les « nationaux » dans leur version française sont incapables de distinguer l’Etat et la nation. Pour eux, la disparition de l’Etat « national » signifie la disparition de la nation. Or la Bretagne est une nation, même si elle est sans état, comme l’étaient l’Italie avant 1860 et l’Allemagne avant 1870. Et l’Europe aussi est une nation sans état et qui attend son Cavour ou son Bismarck pour s’en doter. Dans l’Europe unie, Bretagne et France seront des nations au sein de la grande nation, mais des nations d’identité et non de souveraineté. Seul l’Etat européen, démocratique et subsidiaire, sera souverain.

Le discours souverainiste qui nous a été opposé repose sur des sentiments et non sur la raison, sur une nostalgie d’une époque dont on prête des vertus immenses parce qu’on les oppose à la situation actuelle, à savoir ces années 60 mythifiées, période de plein emploi, mais germes de cet avenir désastreux que nous constatons tous les jours. La France du franc fort contre l’Europe de l’euro fort. La France du plein emploi certes, mais sans ouverture des frontières en dehors du cadre d’une CEE (qui date de 1957) que seuls les extrêmes contestaient alors. Mais aussi la France des conflits coloniaux (1946-1962), une France qui certes se dote de l’arme nucléaire mais qui est contrainte à céder, tout comme le Royaume-Uni, à Suez.

A cette idée que « la France, c’était mieux avant », nous opposerons celle d’une Europe qui sera « mieux après ». Dans le cadre d’une Europe unie, l’identité française sera bien mieux protégée qu’elle ne l’aura été dans le cadre « national », car force est de constater que c’est l’Etat français, et ses gouvernements depuis trois décennies, qui ont mis en danger cette même identité, et non l’Union Européenne. Il ne faut pas se tromper d’ennemi. Vouloir unifier l’Europe, ce n’est pas faire le jeu du mondialisme, c’est mal l’unifier qui le serait.

L’Union Européenne n’est pas ce qu’elle aurait dû être, mais elle le deviendra. Car face aux mêmes périls, les Européens doivent opposer une action commune, concertée et pilotée par une seule structure. Le « parti européiste » a comme mission historique de forger l’Etat européen, en s’appuyant sur ses régions, et la Bretagne est particulièrement en pointe dans ce combat, et sur l’Union Européenne, dans la mesure où celle-ci n’est considérée que comme le réceptacle naturel de l’expression populaire de l’européisme politique. L’enjeu est au parlement européen et c’est là que l’avenir de notre continent se jouera.

La voix de l’Europe s’exprimera partout où cela sera nécessaire. Elle n’acceptera d’oukazes d’aucune mouvance, qu’elle soit des extrêmes (gauche ou droite) ou des formations « mainstream ». Je répondrai aux invitations sincères d’où qu’elles proviennent mais sans renoncer à ce que je suis et au devoir qui est le mien de défendre l’Europe et les Européens le mieux possible. Je pense avoir modestement, dans le cadre de ce débat, fait réfléchir le public et fait reculer cet euroscepticisme mortifère dans une terre amie, une terre de Bretagne qui a toujours été européenne de cœur et de raison, qui n’a jamais considéré qu’un mariage entre princes pouvait justifier une annexion, qui n’a pas oublié le roi Nominoë ni Arthur Pendragon, et qui pense avec tristesse à ces si nombreuses victimes bretonnes d’une guerre absurde mais à mort entre une France nationaliste et une Allemagne nationaliste.

La Bretagne a payé le prix du sang parce que l’Europe était divisée, parce que les appétits « nationaux » de son grand voisin étouffaient sa soif de liberté. Dans une Europe unie, la Bretagne ne sera pas plus souveraine que dans une France unie, mais en revanche son identité sera respectée, son histoire sera aimée, sa langue sera enseignée. Aux côtés d’un Pays de Galles, d’une Ecosse, d’une Irlande, d’une île de Man et même d’une Cornouaille reconnus, la Bretagne représentera au sein de la grande Europe les peuples celtes et l’héritage des druides.

L’organisateur, que je tiens par ailleurs à remercier, a osé dire en introduction de cette journée, « vive la Bretagne et vive l’Europe ». Cette provocation ultime, mais si vraie, a heurté certains défenseurs d’une France repliée sur son hexagone. Mais ce ne sont pas les régions qui affirment leur identité, ce n’est pas une Europe qui fait de même, qui seraient les vecteurs du mondialisme. C’est l’Etat « national », qui n’a plus de « national » que le nom qui est le geôlier des peuples, et la courroie de transmission de l’internationalisme désincarné.

Thomas FERRIER, secrétaire général du PSUNE

03/03/2013

Notre Union Européenne ! (partie II)

notre europe,institutions européennes,union européenne,nationalité européenne,etat européen,nation européenne,psune,thomas ferrierAprès avoir analysé toutes les manifestations du dévoiement de l’idée Européenne que l’on constate dans l’actuelle UE, détournée de son véritable destin par des politiciens nationaux sans foi ni loi, et surtout sans vision de l’avenir, il est temps d’évoquer la nécessaire « reconstruction européenne », afin de remédier en profondeur aux égarements de l’ancienne UE, à savoir les moyens à mettre en œuvre pour passer de l’une à l’autre, et ensuite le résultat espéré et attendu.

La « révolution européenne ».

De toutes les institutions de l’actuelle UE, la seule à disposer d’une relative légitimité démocratique reste le parlement européen. Si les élections européennes se caractérisent par un taux record d’abstention dans les différents états membres, c’est parce qu’il n’y a pas d’enjeu. Le député élu ne rend aucun compte à ses administrés de la politique qu’il mène à Strasbourg et tout se déroule dans l’opacité. Et de toute façon, pour défendre un bilan devant des électeurs, il faudrait déjà avoir du pouvoir. Il pourrait certes signaler son vote sur les différentes directives qui lui ont été proposées, mais étant donné que celles-ci concernent des domaines qui n’intéressent pas du tout les citoyens, il s’en garderait bien.

Néanmoins, les élections européennes se déroulent avec un mode de scrutin à la proportionnelle, même si la barre pour avoir des élus diffère selon les pays (de 1% à 5% en moyenne), sans oublier le vote à l’échelle nationale ou bien à l’échelle de circonscriptions régionales (France, Royaume-Uni). A la différence des élections nationales françaises, qui reposent sur un scrutin majoritaire à deux tours, ou des élections britanniques (majorité relative à un tour), modes d’élection qui défavorisent les petits candidats et les nouvelles listes, et créent un fort effet de vote utile, les élections européennes peuvent permettre à des formations nouvelles de se faire connaître. Le FN en 1984, la liste Pasqua-Villiers en 1994, les Verts, la liste Tapie, constituent dans le cas français des exemples de l’émergence de partis inconnus ou marginaux aux élections européennes.

Si le cadre national est verrouillé, par exemple les Pirates ont fait 0,09% des voix en France, mais en Allemagne pourraient en revanche avoir des députés, ce n’est pas le cas du cadre européen. Une liste européiste pourrait être en mesure de s’y faire entendre ou du moins d’émerger, alors qu’elle serait très handicapée dans le cadre d’une élection nationale. C’est donc une révolution par les urnes, au niveau de l’Union Européenne, et par le biais du parlement européen, qui permettrait de débloquer la situation.

Cette « révolution européenne » passe par une évolution des mentalités, mais surtout par un travail d’explication consistant à montrer en quoi la mise en place d’un Etat européen permettra de résoudre concrètement les problèmes mortifères que dénoncent les citoyens et pour lesquels aucune réponse crédible n’est apportée, à part les non-solutions démagogiques des populistes de gauche et de droite qui capitalisent sur l’impuissance de l’Union Européenne.

Cohn-Bendit, en associant sa vision de l’Union « européenne » avec ses lubies libertaires (mariage gay, apologie du métissage), est le meilleur allié que pourraient avoir les souverainistes, puisqu’il donne de l’Europe une vision décadente. Or, si on veut montrer aux citoyens européens que l’Europe comme état-nation réussira là où la France, l’Italie et le Royaume-Uni sont impuissants, c’est en proposant à l’échelle de l’UE une politique radicalement différente de la politique des actuels Etats membres, à savoir une politique de défense des valeurs européennes, et non des valeurs mondialistes en Europe, de revalorisation du mariage traditionnel, de lutte contre le chômage dont sont victimes les travailleurs européens, d’harmonisation sociale (et fiscale), et de mise en place d’une politique remigrationniste. Si la rigueur budgétaire au niveau des Etats est calamiteuse, l’Etat européen sera un modèle de gestion équilibrée, luttant contre les abus réels, contre l’assistanat de masse, contre tout encouragement à un appel d’air migratoire, et ce en appliquant le principe d’exclusivité européenne en matière d’accès aux différentes allocations disponibles (chômage, familiales… etc).

Plus concrètement, la révolution européenne commencera par une révolution par les urnes, avec l’émergence d’un courant européiste (authentique) qui représentera un pôle de rassemblement (aux alentours de 30% des députés) au sein du parlement européen. Avec des alliés issus des autres formations politiques, qui viendront à la victoire, le parlement sera auto-proclamé assemblée européenne constituante. De par cette seule proclamation, naîtra l’Etat européen, avec son gouvernement provisoire, ce dernier ayant en charge l’organisation d’une très large consultation populaire en vue de l’élaboration d’une constitution européenne digne de ce nom, bâtie sur des principes exclusivement européens et ne s’adressant qu’aux européens.

L’Europe de demain, la nation des Européens.

L’Europe, envisagée ainsi comme un Etat et même comme un Etat-nation, sera vierge juridiquement. Elle ne sera contrainte par aucun traité, par aucune convention internationale. Par sa seule naissance, les Etats nationaux cesseront automatiquement d’exister, ainsi que leurs constitutions, exactement comme les provinces en 1789. C’est ce que l’on peut appeler une table rase juridique. Ainsi, les citoyens européens seront-ils libérés du carcan d’Etats dévoyés qui oppriment de fait leur propre population. Ils pourront enfin voir mise en œuvre la politique qu’ils souhaitent, sans être contraints par un droit devenu fou et même totalitaire, leur disant quoi dire et quoi penser. Aucun conseil constitutionnel de prétendus sages pour barrer la route à la volonté populaire. Aucune loi fondamentale pour brider le choix des citoyens.

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Leur « Union Européenne » (partie I)

union européenne,barroso,schulz,europhobie,faux nez,bouc émissaire,mondialisme,psune,thomas ferrierAprès avoir consacré plusieurs articles à dénoncer la nocivité absolue et les divers mensonges des europhobes, eurosceptiques, populistes  et autres souverainistes, il paraît indispensable de distinguer l’UE telle qu’elle est pensée et voulue par les mondialistes, c’est leur « Union Européenne », mais c’est surtout la seule à exister actuellement, et notre Union Européenne, celle des pères fondateurs mais surtout celle des européistes authentiques d’aujourd’hui. Il y a l’UE telle qu’elle est, impuissante et corrompue, et l’UE telle qu’elle aurait dû être, telle qu’elle devrait être et telle qu’elle devra être. Ce dernier point fera l’objet d’une seconde partie.

Une Europe contrôlée par les Etats.

Certains dénoncent dans l’UE une Europe fédérale en gestation. Elle est en réalité une Europe des Etats, Etats qui acceptent de mutualiser certaines politiques, surtout impopulaires, d’essence libérale, ne remettant pas en cause les principes fondamentaux de leur souveraineté. Depuis l’échec de la CED en 1954, seule tentative sérieuse de bâtir un embryon d’Europe politique, les éléments clé que sont la police, la justice et l’armée mais aussi la diplomatie et la gestion du budget, relèvent du pouvoir exclusif des Etats. Si les directives communautaires sont supérieures aux lois nationales, ce n’est que conformément à des traités signés entre Etats souverains et dans le cadre très restreint des attributions de l’actuelle UE.

L’Union Européenne elle-même est composée de quatre institutions principales, dont deux seulement sont (bien) connus des citoyens européens. Il y a en premier lieu deux conseils des représentants des chefs d’état et de gouvernement, et des ministres de chaque domaine spécifique, à savoir le Conseil Européen et le Conseil de l’Union Européenne. Il y a ensuite la Commission, qui siège à Bruxelles, et est composée de 27 représentants des gouvernements nationaux. Elle est dirigée par un président non élu qui est choisi par consensus par les chefs d’état et de gouvernement des Etats membres. Gustavo Barroso, formé aux Etats-Unis, ancien gauchiste reconverti en apôtre du libéralisme outrancier, est l’actuel président et a entamé il y a trois ans son second mandat. Très impopulaire, mais particulièrement silencieux depuis la crise, il n’a jamais eu à se confronter à ses « administrés ».

Un parlement européen croupion.

La dernière institution est le parlement européen. Il n’est pas élu à l’échelle de l’UE mais est composé de députés élus dans chaque pays d’Europe, et dont le nombre par pays a été décidé lors du traité de Nice. Chaque pays choisit dans sa « circonscription » le mode de scrutin de ces élus, même si les instances communautaires préconisent un scrutin à la proportionnelle. S’il existe de manière publicitaire des partis « européens », il s’agit en fait d’alliances entre partis nationaux de même sensibilité. Le PPE et le PSE (devenu ASDE), qui constituent les deux groupes parlementaires principaux au parlement de Strasbourg, ne sont pas de vrais partis mais regroupent les partis conservateurs d’une part et les partis sociaux-démocrates de l’autre. Si la « gauche » et la droite s’opposent lors des scrutins nationaux (par exemple, UMP contre PS en France, PDL contre PD en Italie, CDU contre SPD en Allemagne), ce n’est pas le cas au sein du parlement. Au contraire, ils se partagent les meilleures places, et notamment celle de président du parlement européen.

En effet, alors que le mandat de président est prévu pour durer cinq ans, PPE et ASDE se le partagent 2 ans ½ chacun. C’était de 2009 à 2012 le conservateur polonais Jerzy Busek et c’est désormais le social-démocrate allemand Martin Schulz. Il n’existe pas en effet de majorité parlementaire, comme dans les parlements nationaux, proposant une politique spécifique. La raison en est que le parlement européen n’a pas le pouvoir de proposer des lois et s’apparente donc à une chambre d’enregistrement. Par ailleurs, les parlementaires sont tenus par leur parti politique « national », qui impose une discipline de parti, et non par leur groupe. Quand David Cameron l’a exigé, tous les élus du PPE issus du parti des Tories ont claqué la porte du groupe pour en fonder un nouveau.

Le parlement européen en outre a l’étrangeté d’accueillir en son sein les élus les plus europhobes, souvent incapables de se faire élire dans leur propre pays, à l’instar des députés FN et BNP. En ce sens, il bénéficie de modes de scrutin plus démocratiques et donc d’une représentation plus objective des différents courants d’opinion nationaux, mais étant donné qu’il n’a aucun pouvoir, cela n’a aucun impact sur l’opinion publique. Les élus sans groupe apparenté sont inaudibles. Par ailleurs, les partis politiques nationaux ne composent leur liste et n’envoient comme députés que des seconds couteaux ou des candidats incapables d’être élus par le scrutin majoritaire. En France, si un notable de l’UMP ou du PS n’arrive pas à se faire élire à l’Assemblée et au Sénat, ou à se faire nommer au Conseil Economique et Social, il sera mis en position éligible aux élections européennes. C’est ainsi que Rachida Dati s’est retrouvée députée européenne alors qu’elle n’avait aucun intérêt pour les questions communautaires et n’aspirait qu’à retourner à Paris.

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24/02/2013

L’europhobie (II), comment la combattre ?

1. Un contexte europhobe mais funeste aux partis régionalistes qui s’y rallient.

europhobie,euroscepticisme,souverainisme,Marine Le Pen,Cambridge,David PujadasAnnoncée à plus de 17% des voix dans les derniers sondages, la surprise électorale de ce week-end de 2013 pourrait bien être le succès du populiste revendiqué, le trublion italien Beppe Grillo, qui prône un référendum sur l’€uro, alors même que Silvio Berlusconi flirte avec les thèmes eurosceptiques sans jamais franchir ce Rubicon que serait l’abandon de la monnaie unique. Toutefois, son éventuel succès, et en tout cas sa capacité de nuisance, est considéré comme une réelle possibilité qui inquiète les responsables de l’Union Européenne.

Certains craignent même une coalition peu probable entre le Parti de la Liberté et le Mouvement Cinq Etoiles. L’un comme l’autre en effet attisent la germanophobie, qui n’est pas seulement la manifestation d’hostilité envers le gouvernement allemand, mais une xénophobie de base. En exonérant le régime fasciste de sa politique antisémite, attribuée à tort à une pression allemande, Berlusconi n’a pas simplement provoqué le « politiquement correct ». Il a aussi implicitement accusé les allemands des maux économiques actuels. Quant à Grillo, ce dernier n’hésite pas à dire tout le bien qu’il pense d’organisations de tendance néo-fasciste comme Casapound.

La Ligue du Nord, en plein effondrement électoral, et qui a finalement accepté de se rallier à la bannière de Berlusconi, a résolument choisi de défendre une ligne anti-€. Il est vrai que le nationalisme europhobe du FN, qui n’est pas le signe d’une guérison prochaine mais un symptôme de la maladie, a réussi à contaminer les mouvements voisins pour leur malheur. Le Vlaams Belang, qui tombe à 6,5% des voix environ dans le dernier sondage (contre 40% pour le NVA non europhobe de Bart De Wever), s’écroule avant tout parce qu’il reprend les antiennes anti-UE du FN. Et de même, le mouvement catalan PxC (Plataforma y Catalunya) a perdu près de 50% de ses électeurs parce qu’il s’est associé aux conservateurs et nationaux-jacobins de la droite espagnole contre les nationalistes catalans de « gauche ». Sa progression s’était faite auparavant en se distançant radicalement des différentes phalanges de nostalgiques de la plus grande España, et en tenant en revanche une ligne dure vis-à-vis de l’immigration non-européenne. Désormais allié du néo-FN, il est obligé de taire ses revendications régionalistes, provoquant ainsi son effondrement dans l’opinion catalane. Alors que les mouvements nationaux écossais, catalans ou flamands sont en pleine expansion, mais sans jamais tomber dans l’europhobie, ceux qui au contraire choisissent une ligne souverainiste s’effondrent. C’est l’effet « Marine ».

Il y a un énorme travail de décontamination idéologique de pans entiers de l’opinion populaire européenne auquel il faudrait procéder. C’est aussi un travail d’explication du pourquoi nous en sommes arrivés là et du comment nous pourrons nous en sortir… ensemble, entre européens unis par un même idéal et conscients d’appartenir au même peuple, d’être détenteurs d’un même héritage civilisationnel. Ce n’est pas en dénonçant l’Allemagne dont nous serions prétendument les obligés, et encore moins en dénonçant le frère polonais ou bulgare (comme le fait UKiP), que nous arriverons à relever notre continent de sa ruine morale et de sa faillite économique.

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23/02/2013

La Turquie aux portes de l’Europe

turquie,europe,non,erdogan,psune,thomas ferrierLorsqu’en 1963 De Gaulle et Adenauer laissèrent entendre au gouvernement turc que la Turquie avait vocation à rejoindre la Communauté Economique Européenne alors naissante, il ne s’agissait pas pour eux de faire rentrer un pays à l’européanité fort peu évidente dans une construction politique mais dans le cadre d’une structure favorisant le libre échange. Néanmoins, dans leur esprit, la Turquie sous l’impulsion d’Atatürk puis d’Inönü, s’était mise à l’école de l’Europe. C’était la Türkiye des beyaz Türkler, ou « turcs blancs », cette élite politique et économique qui dominait le pays depuis les années 20, une élite laïque et moderne, bien représentée au sein de l’armée.

Depuis 2000, la Turquie est dirigée par un parti issu de l’islamisme radical, l’AKP du président Abdullah Gül et du premier ministre Recep Erdogan. Ce dernier a réussi là où Erbakan, son ancien mentor, avait échoué, se heurtant à l’armée. En engageant des poursuites judiciaires contre des centaines d’officiers de l’armée, au motif de leur implication supposée dans le désormais fameux complot Ergenekon, il a étêté son principal adversaire. La dernière ligne de résistance aura été celle des juges constitutionnels en juillet 2008, qui finalement cèderont d’une seule voix.

En avril 2005, dans des conditions maintes fois répétées, l’Autriche et Chypre furent la seule ligne de défense contre le démarrage du processus d’adhésion d’un pays touranien et islamique à l’Union Européenne. L’Autriche troqua son honneur contre une promesse de ses partenaires en faveur de la Croatie voisine, et la Chypre grecque acceptant alors de jouer le jeu de pourparlers en vue d’une éventuelle réunification de l’île.

En 2012, cela fait désormais plus d’une décennie que les islamistes auto-proclamés modérés de l’AKP sont aux affaires. Ils ont profité d’une embellie économique pour laquelle ils ne sont pour rien, et ont surtout considérablement renforcé leur pouvoir au détriment de la société civile. Journalistes, intellectuels et militaires sont désormais sous contrôle. Une organisation islamique comme Fetullah Gülen se charge d’encourager les municipalités à interdire la vente d’alcool et favorise la multiplication des voiles féminins dans la rue. Le plus étonnant c’est que l’un des pôles électoraux de l’AKP est Istanbul, en Thrace. C’est la conséquence d’un flux migratoire intérieur amenant les populations de l’Anatolie, plus conservatrices, dans les grands centres urbains.

La désislamisation mise en place par Mustafa Kemal doit être considéré comme un échec. Même les nationalistes, plutôt laïcs à l’origine, du MHP se sont engagés dans une démarche national-islamique. Lorsque Kemal a voulu moderniser son pays, il a pris modèle sur l’Europe voisine, à l’époque phare civilisationnel et non continent en crise. Mais l’Europe n’est plus l’Europe, et la Turquie se tourne naturellement vers l’orient. Le paradoxe apparent, c’est qu’au nom du processus d’adhésion à l’Union Européenne, le gouvernement turc a réussi à réorientaliser le pays. La stratégie néo-ottomane de Davutoglu a piégé des dirigeants européens incapables de se faire respecter et indignes de leurs fonctions.

Après plusieurs années où Nicolas Sarkozy a bloqué concrètement le processus d’adhésion, renforcé en ce sens par la politique de la Turquie à l’égard de Chypre, le nouveau président français revient en arrière. Par le biais du ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, il annonce la reprise des négociations et l’ouverture d’un quatorzième chapitre, l’un de ceux qui en outre impliquent l’adhésion.

Selon Laurent Fabius en effet, « la France va renforcer son soutien aux négociations d’adhésion de la Turquie » et ajoute que « nous souhaitons avoir des relations très positives avec la Turquie ». Malgré l’affaire de cette jeune franco-kurde Sevil Sevimli condamnée pour avoir participé en Turquie à des manifestations d’extrême-gauche, mais qui a été autorisée à revenir en France après avoir fait appel de sa condamnation, Hollande est devenu le nouvel ami d’Erdogan. Cette amitié nouvelle nécessite surtout des efforts français, car le gouvernement turc dicte ses ordres aux chancelleries occidentales. Il n’est plus question d’une loi pour condamner le négationnisme du génocide arménien, même si certains travaillent encore en ce sens.

Pourtant, le 11 février dernier, Erdogan s’en était pris durement à l’Union Européenne, dénonçant une organisation refusant depuis près de cinquante ans l’adhésion turque. Mais à chaque fois qu’il vitupère, à Paris on obtempère.

Or, la stratégie de Sarkozy, qui était celle de l’écœurement, commençait à porter ses fruits. Dans un sondage de janvier 2013, 59,5% des Turcs estiment qu’il faut abandonner toute perspective européenne (contre 33,3% qui estiment le contraire). Mais sans relâche les Etats-Unis, Obama en tête, poussent à cette adhésion, qui fragiliserait fondamentalement l’équilibre européen et interdirait toute volonté politique à l’Union Européenne. Erdogan le sait et joue cette carte, par le biais de l’OTAN, en acceptant des éléments du bouclier anti-missiles américain sur son sol, casus belli pour l’Iran voisin mais aussi pour la Russie.

Une véritable Europe politique passe par des frontières cohérentes et par l’adhésion uniquement de pays indiscutablement européens, comme l’Ukraine et la Russie, mais aussi comme la Géorgie et l’Arménie. Dans ce dernier cas, il faut soutenir ce pays dans sa lutte pour la mémoire mais aussi dans ce conflit qu’il a avec l’Azerbaïdjan turcophone voisin, soutenu par Ankara.

Le PSUNE rappelle sa position à l’égard de la Turquie, qui est « Turquie, non ! Russie, oui ! ». Si la Turquie n’était composée que de cette frange moderne et laïque qui a présidé à l’avenir de son pays pendant sept décennies, le débat serait certainement autre. Mais la situation est telle qu’elle est, et nous avons le devoir, en tant qu’européens, d’en prendre acte. Même si l’AKP perdait demain le pouvoir, la Turquie n’a pas sa place dans l’Union Européenne, tout simplement parce qu’elle n’est pas un pays européen. De plus, l’occupation illégale d’une partie de Chypre depuis 1974 est simplement inacceptable et devrait être une raison suffisante pour refuser cette adhésion. En outre, ce serait sans doute le plus grand service qu’on pourrait rendre au peuple turc que de lui opposer un non explicite et sans ambiguïté.

Thomas FERRIER (PSUNE)

17/02/2013

L’europhobie, le nationalisme des imbéciles.

ue.jpgCrise de la zone €uro, effondrement des économies grecque et chypriote, annonce par le premier ministre britannique David Cameron d’un référendum sur l’Union Européenne pour 2016, une vague d’euro-scepticisme s’abat sur le vieux continent. Le bouc émissaire « UE » fonctionne à plein régime afin que les gouvernements se maintiennent au pouvoir sans que le peuple ne les désigne comme les principaux responsables de la crise et n’exige de manière musclée des explications.

On ne voit pas en quoi l’€uro aurait été responsable en 2010 de la ruine de l’Islande. On ne voit pas non plus en quoi l’€uro obligerait le gouvernement Cameron à mettre en place une politique de rigueur budgétaire extrême, alors que le Royaume-Uni a conservé la £ivre. Pourtant, aux yeux d’un marxiste comme Jacques Sapir, désormais principal soutien de Nicolas Dupont-Aignan, l’€uro est responsable de tout. Il est certes indéniable que l’€uro est la seule monnaie qui ne soit pas pilotée par un gouvernement et c’est son principal défaut. La monnaie unique implique la mise en place d’une gouvernance économique de la zone €uro qui, si on la souhaite démocratique, et elle ne peut que l’être si elle veut être pérenne, passe en réalité par la création d’un Etat européen unitaire, qu’on l’appelle « fédération européenne »,  « république européenne » ou « nation européenne ». Ainsi, le renforcement de l’€uro passe nécessairement par une Europe politique digne de ce nom.

Les souverainistes, europhobes par principe, profitent de cette instabilité monétaire, pour attaquer à nouveau la monnaie unique. Ils y sont opposés car ils ne veulent pas d’Europe politique, car ils veulent que l’Etat « national » conserve l’intégralité de ses anciens pouvoirs et parce qu’ils dotent la monnaie d’un pouvoir quasi magique. Ainsi, selon Marine Le Pen, seule la « dévaluation compétitive » permettrait de réindustrialiser le pays et de relancer la croissance. En fait, une monnaie ne peut plus être dévaluée, mais elle peut en revanche se déprécier. Les premiers perdants d’une dépréciation monétaire qui résulterait de l’abandon de l’€uro, ce sont les épargnants. Ceux-ci verraient la valeur et donc le pouvoir d’achat de leurs économies diminués de plus de 30% minimum, alors que dans le même temps les prix augmenteront de manière conséquente, la dette en montant sera considérablement augmentée, et le coût de l’essence également. Voilà la politique prétendument sociale que la droite nationale propose pour sortir le pays de la crise.

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20/01/2013

Le véritable visage du souverainisme

Merkel.jpgVaclav Klaus, président tchèque sortant, quittera officiellement ses fonctions le soir du 6 mars, même si le nom de son remplaçant est encore inconnu, soit le socialiste Milos Zeman soit le conservateur modéré Karel Schwarzenberg, l’un comme l’autre partisans de la construction européenne, selon son modèle actuellement dominant.

Vaclav Klaus préconisait « le démontage de l’Union européenne » et le retour « au marché commun d’avant le traité de Maastricht », tout en soutenant par ailleurs l’adhésion de la Turquie à l’Union, de son propre aveu pour « affaiblir l’intégration européenne ». Il faut reconnaître cependant qu’il est plus cohérent que les souverainistes français, opposés à cette adhésion alors qu’ils sont dans le même temps opposés à l’UE et à l’€uro.

Il s’agit ni plus ni moins de la seule « Europe » envisagée par les américains, un grand marché libre sans structure fédérale ou unitaire, en clair sans institutions politiques propres à un Etat souverain. C’est avoir les inconvénients de l’ouverture des frontières sans les avantages de l’unité politique. En quoi l’Etat national, redevenu prétendument « souverain », mais allant dans le sens prôné par l’idéologie mondialiste, défendrait-il les intérêts des citoyens ?

Par ailleurs, qui est un partisan acharné de l’adhésion turque, outre Erdogan lui-même ? Le président américain Obama.

Il est ainsi démontré que ceux qui, tout comme Klaus, comparent l’Union européenne à l’Union soviétique, n’ont en revanche pas d’état d’âme pour aliéner leur liberté politique au service des intérêts américains. Les souverainistes ne cherchent pas à libérer leur pays d’une tutelle qui serait oppressante, mais simplement à le soumettre aux intérêts d’une puissance étrangère.

En vérité, la souveraineté des Européens ne peut être préservée que par un Etat européen unitaire souverain. Ceux qui bien au contraire prônent le retour à l’Etat national ne sont pas sincères ou ne sont simplement pas lucides. Les USA agissent vis-à-vis des états d’Europe comme la Perse agissait vis-à-vis des cités grecques. Ainsi, les partisans par exemple de la « France seule » sont-ils de fait les meilleurs alliés de Washington.

Ce n’est pas non plus un hasard si les souverainistes britanniques (UkiP) sont des partisans déclarés de l’alliance atlantique, donc de l’inféodation du Royaume-Uni à leur ancienne colonie, au point de déstabiliser paradoxalement la stratégie américaine, qui est d’avoir à ses pieds une Europe divisée et affaiblie, dans laquelle le Royaume-Uni de David Cameron a une mission de surveillance et de fragilisation qu’il ne peut remplir qu’en restant au sein des institutions communautaires.

Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)

02/01/2013

Philippe Migault défend la nation Europe

Enseignant-chercheur, historien spécialiste des questions militaires et politiques, Philippe Migault, membre de l’IRIS et doctorant à l’EHESS, répondait à un entretien avec La Voix de la Russie. Il y expose sa vision des relations qui devraient exister entre l’Union Européenne et la Russie. J’ai été particulièrement sensible à une partie de son exposé particulièrement brillante et consacrée à ce qu’il a appelé la « nation européenne ». Extraits. (Thomas Ferrier).

Source: La Voix de la Russie.

C'est quoi le rôle de la Russie au 21 siècle ?

philippe migault,la voix de la russie,nation européenne,europe nation,russie,maison communePhilippe MIGAULT: Je pense que la Russie et la France ont une vision assez similaire du monde et des relations internationales. Nous sommes partisans d'un monde multipolaire avec des centres de puissance qui ne se limitent pas seulement à la Chine ou aux Etats-Unis. Nous devons avoir d'autres puissances qui soient là pour donner la réplique à ces autres puissances. Dans ce cas, la Russie a un rôle extrêmement important à jouer que cela soit dans l'espace post-soviétique mais aussi éventuellement au niveau européen. Il n'y a pas si longtemps de ça, en 1989 et en 1990, Helmut Kohl et François Mitterrand et Mikhaïl Gorbatchev ont parlé de la Maison Commune européenne. On parlait d'adosser la Communauté des Etats indépendants (CEI) à la Communauté européenne. Pourquoi cet avenir commun ne pourrait pas être envisagé ?

(...)

Pouvez-vous expliquer ce terme de Maison Commune européenne aux lecteurs qui ne le connaissent pas ?

(...) Il me semble que les Européens et les Russes partagent un même héritage historique et culturel. Selon la Nation de Fichte, la Russie fait partie de la Nation européenne. Nous avons deux notions de la Nation, la Nation de Ernest Renan qui dit que ce sont des gens qui veulent vivre ensemble. Et nous avons la version de Fichte, avec la notion de la Nation allemande, qui dit que ce sont des gens qui partagent une même culture, des mêmes legs historiques, des références identiques. Il me semble que les Européens et les Russes partagent un même héritage historique, un même héritage culturel, et du point de vue de la Nation de Fichte, il y a une nation européenne. La Russie en fait partie. Je pense que dans ce vent d'optimisme qui a suivi la fin de la Guerre froide, c'est exprimé dans cette notion de la Nation la volonté de vivre ensemble. Je ne vois pas pourquoi, il faudrait cesser d'y rêver. A moins que cela soit pour faire plaisir aux Etats Unis qui n'ont certainement pas envie qu'un jour un tel ensemble politique puisse voir le jour.

02/12/2012

Brandir le drapeau européen, une nécessité historique !

UE_flag.jpgFace à l’armée prussienne, les troupes de Napoléon III n’ont pas pu faire le poids. Sedan solde la fin de l’aventure impériale et le début d’une république dont la majorité parlementaire est monarchiste. La France aurait pu devenir à nouveau une monarchie constitutionnelle si l’héritier des Bourbons l’avait souhaité. Or le comte de Chambord n’aurait pu accéder au trône qu’en acceptant de reconnaître le drapeau tricolore de la patrie, en renonçant au drapeau d’avant 1789. C’est parfois pour une simple question de drapeau que le pouvoir peut échapper à un de ses prétendants.

Il ne faut pas oublier qu’un drapeau n’est pas qu’un simple symbole, un identifiant, mais c’est avant tout un signe de ralliement, un étendard de combat. C’est parce que le drapeau tricolore a arpenté l’Europe sous la Révolution et l’Empire, c’est parce qu’il a représenté la liberté d’un peuple se soulevant contre son roi, en 1830 comme en 1848, c’est parce que de nombreuses personnes sont mortes en son nom ou en le brandissant, qu’il a acquis ses lettres de noblesse. Il en a été de même du drapeau rouge, à l’origine étendard de l’armée romaine, symbole du dieu Mars, et désormais drapeau de la révolution et du socialisme.

Ainsi l’Europe dispose-t-elle d’un drapeau, certes récent mais porteur d’une longue histoire. Ce drapeau, d’abord choisi par le Conseil de l’Europe puis adopté par l’Union Européenne, est d’un bleu royal et souverain, constellé de douze étoiles d’or. On a dit de ces étoiles qu’elle formait la couronne de la Vierge Marie, telle qu’elle est représentée à Strasbourg. Mais ce chiffre douze, symbole de concorde, rappelle aussi la tradition classique, et le bleu, couleur aussi de l’anneau olympique représentant notre continent, fait penser à la couleur des yeux de Zeus, le dieu du ciel, qui s’unit à la princesse crétoise Europê, en qui certains virent une phénicienne. Douze comme les douze signes du zodiaque, douze comme les douze tribus d’Israël, mais douze comme les douze travaux d’Héraclès, le premier héros européen de notre histoire, et douze comme les douze dieux de l’Olympe.

Ce drapeau, qu’on peut ainsi interpréter tant comme un étendard païen que comme fanion chrétien, ne représente pas seulement l’Union Européenne, pas seulement la construction européenne mise en place depuis l’après-guerre, mais l’Europe toute entière, même si tous les européens n’en ont pas encore conscience. Certains voudront à tout prix l’interpréter comme l’étendard de la technocratie bruxelloise. Il est vrai qu’on le retrouve sur tous les bâtiments institutionnels de l’actuelle UE. Mais ces mêmes technocrates s’en revendiquent-ils ? Ils ne chantent pas l’hymne européen et ils ne lèvent pas bien haut ce drapeau bleu étoilé.

Un drapeau a la valeur que le peuple lui confère, et ce drapeau européen, qui est désormais connu et reconnu par de plus en plus d’Européens, doit devenir ce qu’il est, à savoir un drapeau de résistance, un drapeau de combat, celui d’une Europe unie et qui ne veut pas périr. Face à la crise économique que nous subissons, face aux périls qui s’amoncèlent et qui menacent tout le continent, de l’Islande à la Russie, face à l’influence grandissante des Etats-Unis, du monde islamique ou de la Chine au cœur même de notre société, et pour son plus grand malheur, l’Europe doit se réveiller. Elle doit s’unir. Elle ne peut le faire que derrière des hommes, et des femmes, de bonne volonté, qui devront la doter d’institutions solides et légitimes. Mais une nation, une patrie, se doit d’être incarnée, d’être reconnue. Elle a besoin d’être identifiée.

L’Europe a son drapeau. Ce n’est pas le drapeau de ceux là même qui l’ont choisi pour représenter leur institution technocratique. C’est le drapeau de tous les Européens, car l’œuvre échappe à son créateur, et c’est aux véritables européistes que nous sommes, défenseurs de nos traditions, de notre culture ancestrale, de notre héritage commun, de s’en emparer. Ne laissons pas ce magnifique emblème dépérir dans les mains de ceux qui ne sont pas dignes de l’utiliser. Prenons le avec nous, levons le droit devant le soleil éternel, plantons le tout en haut de l’Acropole d’Athènes et de tous les hauts lieux de notre terre de lumière. Défilons derrière lui, tel un bouclier nous protégeant des coups de l’ennemi.

Le drapeau européen doit être face à la Chine de l’autre côté du fleuve Amour. Il doit aussi reposer aux bords de l’Evros, face à ces héritiers islamiques de l’empire ottoman qui nous narguent depuis près d’une décennie et exigent qu’on leur ouvre la porte. Il doit être aux côtés des Arméniens dans le Haut Karabagh et des Chypriotes grecs à Nicosie. Partout où est l’homme européen, partout doit être son drapeau.

Ceux qui refusent de brandir le drapeau de l’Europe, préférant par exemple la cocarde tricolore, se sont trompés d’époque. Ils ne servent pas les intérêts du peuple, ne comprennent pas que l’avenir des Européens est dans l’unité, facteur de paix et de prospérité, facteur aussi de préservation d’une identité plurimillénaire.

Le drapeau européen est couvert de la sueur des millions de travailleurs européens qui ont rebâti notre continent au sortir de deux guerres civiles meurtrières. Il est le fruit d’un patient travail de réconciliation engagé par les pères fondateurs de la construction européenne d’après 1945. Le nationalisme allemand dans son expression hitlérienne ayant ruiné l’économie du continent, et alors que le nationalisme russe assurait sa domination sur la moitié orientale du continent, sous les traits de l’URSS, l’idée d’une Europe unie, qui avait été promue par le premier socialiste, Saint-Simon, comme par le patriote italien Mazzini, redevenait une évidence. Napoléon n’avait entrevu l’Europe comme république unitaire qu’à Sainte-Hélène, alors même que son nationalisme français avait déçu les Italiens et les Allemands et lui avait mis à dos la fierté espagnole et l’honneur russe.

800px-European_Army_Flag_svg.pngLes souverainistes prétendent que la construction européenne a mis fin aux souverainetés nationales, prétendument protectrices. En réalité, c’est bien l’absence d’Europe qui a permis aux américains de mettre nos pays sous tutelle. Et lorsque le maître a brièvement relâché la laisse, lorsque l’occasion historique aurait pu permettre dès les années 50 de disposer d’un Etat européen, avec la Communauté Politique Européenne (CPE) associée à la Communauté Européenne de Défense (CED), gaullistes et communistes, socialistes tièdes et poujadistes, ont voté non.

Il n’y a pas de souveraineté sans puissance, sinon elle n’est qu’une indépendance factice, une liberté de papier, un esclavage déguisé. Seule l’Europe unie dispose de la puissance nécessaire pour se faire respecter et craindre du monde entier. L’Europe de la CEE est encore trop limitée pour permettre à ce potentiel de s’exprimer pleinement. L’Union Européenne a besoin de s’élargir à l’Europe de l’Est, d’incorporer en son sein une Russie affaiblie, mais dont le peuple aspire à un grand destin aux côtés de leurs frères européens. Une telle Europe sera alors invincible.

Et le drapeau bleu étoilé, celui de notre nation en devenir, sera levé d’une manière souveraine. Il conservera les âmes de tous ceux qui ont combattu, de tous ceux qui sont morts, de tous ceux qui ont œuvré à son unité. Alors assumons ce que ce drapeau contient de potentialités. Soyons en fiers. Brandissons-le aux yeux du monde. Qu’il soit le signal que l’Europe ne veut pas disparaître, que bien au contraire elle est prête à renaître.

Ce drapeau, qui fait peur à ces technocrates de Bruxelles et de Strasbourg, qui pourtant devraient le défendre, n’est pas un simple morceau de tissu coloré. Il incarne à lui seul la résistance au mondialisme destructeur et au nationalisme centrifuge, qui ne sont que les deux faces d’un même mal.

Qui vive ? Europa !

Thomas FERRIER
Secrétaire général du PSUNE

04/11/2012

Pour une géopolitique (vraiment) européenne !

 
insigne%20Eurocorps;maxh=150,maxw=150.jpgSortie d’une époque troublée, la géopolitique est redevenue une discipline fondamentale de l’analyse des faits contemporains et la base de stratégies d’alliance. Mais elle n’a pas pour autant cessé d’être la manifestation de la « volonté de puissance » des Etats. C’est ainsi qu’elle reste fondamentalement nationale, même si elle se place dans un cadre mondialisé. Le géopoliticien Aymeric Chauprade, qui refuse ce qu’il appelle les « pan-ismes », comme l’est par exemple le paneuropéanisme, reste ainsi dans une démarche nationale. Et un ouvrage récent d’un autre géopolitologue, Pascal Gauchon, s’intitule même « Géopolitique de la France ». En revanche, la « géopolitique de l’Union Européenne » sortie chez Ellipses paraît d’un poids bien modeste, par rapport aux ouvrages de la même collection consacrés à la Russie, à la Chine, à l’Inde et aux Etats-Unis. Enfin, seule exception à la règle, Yves Lacoste a consacré un numéro complet de la revue Hérodote à « l’Europe et ses limites ».

Or, le choix d’une géopolitique nationale n’est pas sans impact quant à l’avenir du continent européen puisqu’il implique des stratégies diplomatiques particulièrement centrifuges, tel pays jouant de ses liens avec tel ou tel ensemble linguistique, tel pays jouant de son positionnement géographique, tel pays conservant des liens avec un ancien empire colonial, tel pays enfin cherchant à maintenir une diplomatie dite « traditionnelle ». Cela amène à des alliances contre-nature dites de « revers », et surtout ces divisions favorisent des puissances extra-européennes qui raisonnent à l’échelle continentale, comme les Etats-Unis par exemple, la Chine ou le monde islamique.

La géopolitique « nationale » est devenue le pire ennemi du peuple européen, puisqu’au nom d’une diplomatie qu’on ne peut pas qualifier de « démocratique », les choix en la matière étant strictement ceux de nos dirigeants, cela amène à « vendre le pays » aux intérêts de telle ou telle puissance amie. Il suffit de songer au renforcement croissant des positions économiques du Qatar en France depuis plusieurs années.

Une géopolitique « nationale » qui trahit les intérêts du peuple.

La géopolitique française est essentiellement afrotrope, arabotrope et islamotrope. Cela tient aux liens conservés avec les anciennes colonies françaises, dont la langue française est bien souvent restée langue officielle, permettant de regrouper tous ces états au sein de la francophonie, et avec notamment les pays du Maghreb, dont l’islam est une composante « identitaire » essentielle. La décolonisation accomplie, on aurait pu penser que la stratégie de De Gaulle d’une réconciliation franco-allemande comme axe de base d’une unification politique du continent européen serait restée seule en piste. Or, même si le thème européen est demeuré fort, les dirigeants français ont maintenu les liens avec les anciennes colonies, encourageant même un fort flux migratoire venant de ces pays, au prix de déstabiliser profondément la société française. Présente encore sur les autres continents, par le biais de colonies redéfinies comme départements et territoires d’outre mer, la France conserve une vocation mondiale, voulant « jouer » dans la cour des grands.

Le danger d’une telle géopolitique, et on l’a vu avec les déclarations néfastes de François Hollande à Dakar il y a quelques semaines, c’est qu’elle amène les gouvernements français à pratiquer l’ingérence dans les affaires africaines, hier en Côte d’Ivoire et aujourd’hui au Mali, et surtout à faire preuve d’un laxisme coupable en matière migratoire. Tout cela éloigne la France de l’Europe alors que la crise de l’€uro devrait au contraire l’en rapprocher, et cela met la France en porte à faux vis-à-vis d’une Allemagne qui, à raison, se désintéresse des affaires africaines.

Enfin, l’islamotropie du gouvernement français amène à la mise en avant d’un discours antisioniste dominant, malgré des déclarations pro-israéliennes hypocrites, comme celles de François Hollande à l’égard de Benyamin Netanyahu, l’Etat cédant toujours davantage à des revendications communautaires islamiques et passant sous silence l’antisémitisme nouveau qui émerge des banlieues concernées. Une géopolitique européenne digne de ce nom aurait au contraire à cœur d’assurer la pérennité de l’Etat hébreu.

De même, le Royaume-Uni est prisonnier de sa diplomatie, qui est doublement coloniale, puisqu’elle entretient à la fois une relation de soumission à l’ancienne colonie de peuplement britannique que sont les Etats-Unis, et une relation de dépendance réciproque avec ses colonies africaines et asiatiques par le biais du Commonwealth. On notera ainsi que Londres a privilégié le soutien aux populations africaines de son ancien empire colonial, au détriment des européens installés en Afrique du Sud et au Zimbabwe. Comme dans le cas français, cette diplomatie a amené le Royaume-Uni à accepter sur son sol plusieurs millions d’antillais, de pakistanais, d’égyptiens, d’indiens ou d’africains, déstabilisant dès les années 60 la société britannique. Des déclarations tonitruantes du conservateur Enoch Powell à l’émergence du « National Front », et jusqu’aux attentats islamistes de Londres, tout cela illustre le fait que cette diplomatie souveraine ne s’est pas faite au service des intérêts du peuple britannique, bien au contraire.

L’Espagne joue la carte de l’Amérique centrale et méridionale, par ces liens que sont la langue espagnole et l’ancienne sujétion coloniale, et enfin la carte géographique en entretenant une relation ambigüe avec le Maroc. Elle subit en retour ces dernières années une forte immigration en provenance de ces deux ensembles. Il ne s’agit pas de sud-américains d’origine espagnole souhaitant retourner au pays des pères, puisque généralement ceux-ci constituent l’élite politique et économique de leur pays de substitution, mais au contraire des anciennes populations soumises issues des civilisations précolombiennes. Et de même, alors que l’histoire de l’Espagne est celle d’une reconquista de huit siècles, suivie de l’expulsion des « Maures » en 1609, la question musulmane est revenue par le biais de l’immigration, au point où certaines organisations radicales se revendiquent d’Al-Andalus, mythe d’un âge d’or islamique, d’une « Espagne » tolérante, vue de l’esprit de doctrinaires mondialistes du XXIème siècle.

L’Allemagne a conservé sa diplomatie traditionnelle, celle déjà en vigueur sous Guillaume II. Elle a cultivé ses liens avec la Mitteleuropa, selon la théorie de Franz Neumann voulant que l’Allemagne ait vocation à unir autour d’elle l’Europe centrale et orientale. Elle a cultivé sous Schröder son amitié avec la Russie voisine, comme du temps de Bismarck. L’amitié française a malgré tout pu subsister, malgré les méfiances d’un Mitterrand face à la réunification allemande. Mais elle a aussi maintenu son turcotropisme, ce qui a amené dès les années 60 plusieurs millions de Turcs et de Kurdes musulmans à s’installer en Allemagne même, avec les conséquences identiques à celles que j’ai évoquées pour la France et le Royaume-Uni. Néanmoins, il faut reconnaître que la géopolitique allemande est pour le moment la plus européenne, parce que sa géopolitique traditionnelle a été considérablement fragilisée par l’usage qui en a été fait sous le régime national-socialiste.

La Russie quant à elle a toujours oscillé entre occidentalisme et slavophilie, entre l’Europe et l’Asie. La géopolitique « nationale » est eurasiatique, à l’instar des théories de Douguine, c'est-à-dire qu’elle présente la Russie comme un espace intermédiaire entre les deux continents et non comme un pays strictement européen. En réalité, l’occidentalisation comme l’affirmation du caractère slave de la Russie sont toutes deux pleinement compatibles avec l’européisme. Le fait que la Russie se soit rattachée la Sibérie à partir de 1589 ne change rien à sa nature européenne. Mais la géopolitique « nationale » nie ce fait, et amène un Poutine à s’allier à la Chine ou à l’Iran, mais aussi à tourner le dos à l’Union Européenne.

Le cas ukrainien l’illustre remarquablement, puisque le pays est tiraillé entre le Parti des Régions, russotrope, et le mouvement « Patrie » de Timochenko, américanotrope. On notera que le parti nationaliste « Svoboda » est à la fois hostile à l’Union Européenne et à la Russie, mais souhaite l’intégration de l’Ukraine à l’OTAN. La Russie, par crainte de l’Occident, au lieu de dissocier le reste de l’Europe des Etats-Unis, soutient des régimes rétrogrades comme celui de Loukachenko au Belarus, comme du semi-autocrate ukrainien Yanoukovitch. L’Ukraine, pays européen par excellence, pourrait au contraire servir de pont entre l’UE et la Russie, et ne remplit pas sa vocation naturelle. Elle est victime de deux géopolitiques contradictoires.

Ces exemples se retrouvent chez les autres pays européens, même si le poids de ces derniers rend leur géopolitique moins nocive. La Hongrie, sous l’influence des nationalistes du Jobbik, pratique ainsi une diplomatique nostalgique et parfois même fondée sur une histoire fantaisiste. Le lien forcé entre la Hongrie et les Huns amène Budapest à soutenir l’adhésion de la Turquie à l’UE, au nom d’une parenté imaginaire. En outre, elle reprend la vocation impériale d’une Hongrie amputée de son empire, du temps de la double monarchie austro-hongroise, et attise les revendications identitaires des Hongrois de Slovaquie et de Roumanie.

La Belgique maintient ses liens avec l’ancien Congo belge, les Pays-Bas avec le Surinam et l’Indonésie, le Portugal avec le Brésil, la Chine (via Macao), l’Angola et le Mozambique, l’Italie joue à nouveau la carte africaine comme sous Mussolini, et cela amène là encore à une immigration indésirable aux yeux de beaucoup de citoyens.

En conséquence, la géopolitique en Europe a deux résultats :

1. l’encouragement à une immigration extra-européenne non désirée par les Européens, que ce soit l’immigration centre-asiatique en Russie, l’immigration afro-musulmane en France, l’immigration sud-américaine en Espagne, l’immigration indo-pakistanaise au Royaume-Uni. Cela crée un flux que subissent les autres pays européens, même ceux qui n’ont jamais eu de colonies, comme la Grèce, l’Irlande ou le Danemark.
2. l’influence politique oppressante des Etats-Unis sur l’Europe occidentale et centrale, un regain nationaliste en Russie comme réponse politique à cette influence, et en conséquence la division de l’Europe, incapable d’opposer un front commun, politique comme économique, à ses ennemis. La géopolitique « nationale » éloignant la Russie du reste de l’Europe, mais aussi le reste de l’Europe de la Russie, à cause des USA, nuit à l’Europe. C’est logique car par sa nature « nationale », elle sert les stratégies souverainistes et est donc un facteur d’europhobie.

Vers une géopolitique européenne ?

De tous les partis politiques en France et en Europe, seul le PSUNE est déterminé à rompre avec ces géopolitiques « nationales » suicidaires, avec ces diplomaties obsolètes et contraires aux intérêts populaires. Il s’agit ni plus ni moins que d’élaborer une diplomatie européenne fondée sur une géopolitique européenne.

Cela implique un certain nombre de grands principes qu’il conviendrait de mettre en place rapidement, à savoir :

- le refus explicite de toute tutelle américaine, la relation bilatérale entre l’Europe et les USA devant être fondée sur un principe d’égalité, d’amitié et de totale indépendance. Il s’agit de mettre en œuvre une forme de politique Monroe à l’européenne. Si l’objectif n’est pas une rupture totale avec les USA, il s’agit de se faire respecter par ces derniers, ce qui peut passer par une phase de dureté. La première mesure essentielle c’est de dénoncer le traité de l’Atlantique Nord et d’exiger le départ des bases américaines hors d’Europe.
- une décolonisation assumée et menée à son terme. Cela implique un détachement total de l’Europe des questions africaines, la fin de la Françafrique et du Commonwealth, l’indépendance des dernières colonies (« DOM-TOM » et équivalents).
- une ouverture très forte de l’Union Européenne en faveur de la Russie, avec à terme la reconnaissance de la vocation de cette dernière à rejoindre l’UE. Dans le même temps, la diplomatie européenne doit changer de ton vis-à-vis de la Turquie d’Erdogan, mettre fin au processus d’élargissement qui l’associe, et exiger le départ des troupes turques hors de Chypre. En ce sens, l’UE doit oser prôner l’adhésion de l’Ukraine, de la Moldavie et de la Géorgie, mais aussi du Belarus et de l’Arménie, et bien sûr, je l’ai dit, celle de la Russie.
- une politique remigrationniste afin de s’opposer au retour de la question coloniale, cette fois introduite au cœur même des anciennes métropoles. La « question (néo-)coloniale » est ce qui empêche la France et le Royaume-Uni notamment de jouer clairement la carte de l’Europe unie.

Enfin, en matière diplomatique et stratégique, l’euro-centrisme doit être la doctrine de base de toute politique européenne en la matière, et correspond à ce que fut l’isolationnisme en Amérique. Néanmoins, même si le refus de toute ingérence est affirmé, l’Europe aura besoin de fait d’alliés de revers face à certaines puissances qui peuvent menacer ses intérêts vitaux. Si elle parvient à établir une relation équilibrée avec les USA, tout en défendant âprement ses intérêts, elle doit vis-à-vis du monde islamique et de la Chine mettre en œuvre une diplomatie ambitieuse, et conforme à ses traditions les plus ancestrales. Quatre alliés se dégagent en Asie, à savoir l’Inde et l’Iran, et accessoirement l’Afghanistan et le Tadjikistan. Il s’agit pour l’Europe de maîtriser les ambitions turques, la Turquie étant alors coincée entre la Grande Europe et l’Iran, et de se protéger aussi du Pakistan, coincé entre l’Iran et l’Inde, mais facteur de déstabilisation de l’Asie Centrale et au-delà de la Russie.

Enfin, la frontière de l’Amour entre la Russie et la Chine va devenir la frontière entre l’Europe (élargie) et l’Asie. La géopolitique russe de Nicolas II doit devenir la géopolitique européenne de demain. On sait que la Chine cherche à développer ses relations avec l’Afghanistan, de même que l’Inde et la Russie. Il faut soutenir les secondes contre la première.

Le principal problème de cette alliance c’est que l’Iran et l’Afghanistan sont pour le moment soumis à des régimes islamistes, europhobes par nature. Il est bien évident que, pour des raisons totalement différentes de celles des Etats-Unis, l’Europe a intérêt à la chute de ces régimes et à la remise en avant des shahrs, c'est-à-dire des empires, traditionnels. Mohammed Reza Pahlavi et Zaher Shah étaient des europhiles patentés. Ils se souvenaient l’un comme l’autre des traditions ancestrales communes, indo-européennes, de cette parenté civilisationnelle pré-islamique si importante par ailleurs. Leur diplomatie aurait convergé naturellement avec celle d’une Europe européenne unie. C’est en ce sens qu’il faut encourager les populations iranophones notamment à reprendre leur destin en main et à revaloriser leur héritage ancestral au détriment d’un islam qui reste la religion d’un conquérant exogène.
 
Thomas FERRIER
Secrétaire général du PSUNE

21/10/2012

Ich stimme Merkel !

bundestag_(german_parliament).jpgQuand je dis que je vote Merkel, il faut comprendre que ma déclaration est purement métaphorique. En effet je ne suis pas citoyen allemand et je n’ai pas de dérogation spéciale me permettant de participer aux élections allemandes. De plus je pourrais aussi bien dire que j’ai voté Schröder. Par ailleurs je n’ai pas de sympathie particulière pour Angela Merkel. Je préfère son bras droit Wolfgang Schäuble. Pour finir, la politique allemande ne m’enthousiasme pas plus que cela. Dans le passé, l’égoïsme allemand, parfaitement personnifié par Die Grünen, a été responsable des conflits en ex-Yougoslavie. Aujourd’hui il est le grand responsable du déséquilibre énergétique en Europe, du renoncement aux promesses sur le climat.

Si je dis que je vote Merkel, c’est parce que la chancelière cherche à faire avancer l’intégration européenne et parce que le parlement allemand joue pleinement son rôle. Je me sens mieux représenté par les députés allemands que par leurs homologues français. Grâce à eux, je participe, par procuration, au contrôle démocratique de l’Europe, contrôle que le club des dirigeants des Etats membres est incapable d’exercer. C’est un peu comme lorsque les agents de la fonction publique font grève pour le compte des travailleurs du privé. C’est très insuffisant, mais c’est mieux que rien.

La télévision nous a passé récemment des images du rapprochement franco-allemand initié par le général de Gaulle. On y voit le général s’adresser à notre ancien ennemi, dans sa langue, avec une chaleur et un naturel qui tranchent avec les quelques mots hachés sortis de la bouche d’un ridicule François Hollande. On y voit surtout la ferveur de la réaction à ses propos. Des panneaux portent l’inscription Ein Bundestag für Europa. C’est exactement ce que je souhaite: un vrai Bundestag à la tête de l’Europe, pas un parlement de planqués et fiers de l’être, tous europhobes par ailleurs.

La préparation du prochain sommet bruxellois montre pour une fois clairement les divergences abyssales entre Hollande et Merkel et je suis meurtri d’être représenté, comme le citoyen français que je suis en attendant que se réalise le rêve européen, par celui qui nous gouverne.

Ce que Wolfgang Schäuble propose n’est rien de moins qu’un ministre des Finances de fait pour la zone €uro, avec des pouvoirs étendus et notamment la possibilité de retoquer les budgets nationaux, de demander des « améliorations » comme on dit. L’Allemagne voudrait que cette intégration budgétaire soit mise en place dès 2013. Forte de cette avancée, l’Europe, c’est-à-dire d’abord l’Allemagne, pourrait exercer utilement sa solidarité avec les états de l’Union qui connaissent des problèmes. La visite d’Angela Merkel à Athènes prouve sa sincérité.

Il est bien clair que François Hollande, qui tient à faire semblant de gouverner alors que son navire n’a pas de barre à bord et qui tient surtout à rassurer ses troupes en dépensant toujours plus en faveur d'un assistanat improductif et d'une aide somptuaire à quelques amis, ne peut l’accepter. Il demande tout de suite une mutualisation partielle de la dette sous la forme d’€uro-obligations. Quant aux réformes de fond, ce ne sera qu’après 2014, quand la crise sera terminée … Bref il renvoie tout cela aux calendes grecques, sans mauvais jeu de mots. Autrement dit, il demande de mettre en commun le remboursement sans mettre en commun la décision de la dépense. Ce faisant, il se fait le porte-drapeau du laxisme. Contrairement à ce qu’on dit, il ne porte pas les aspirations des pays du Sud : l’Italie et l’Espagne font de réelles réformes structurelles qui justifient qu’on cherche à les aider, pas la France.

Evidemment l’Allemagne, quel que soit le vainqueur des prochaines élections, n’acceptera jamais de suivre Hollande. D’ailleurs la mise en place des fameux eurobonds y nécessiterait une réforme de la constitution.

L’Allemagne a donc fait un pas vers l’Europe. La France, par la voix de son président, lui renvoie une fin de non-recevoir, comme elle l’a déjà fait par deux fois. Alain Minc a raison de dire qu’une quatrième fois ne se présentera pas.

Cette responsabilité historique se double d’une autre, celle de voir l’Europe sombrer de nouveau dans la crise. « Elle est finie », dit notre "président". Il aurait presque raison s’il voulait bien répondre positivement à l’Allemagne, au moins la prendre au mot sur ses propositions. A défaut, il fait tout ce qu’il faut pour que la crise ignorée perdure, jusqu’à la catastrophe.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, un accord entre Européens a pu être arraché à propos des banques. Il s’agissait d’une part de mettre en place une assistance aux banques en difficulté et d’autre part d’instaurer une supervision bancaire par la Banque centrale européenne. Evidemment, François Hollande s’intéressait d’abord à la première partie et c’est la raison pour laquelle il tenait à accélérer le processus. A l’inverse, Angela Merkel n’était pas disposée à financer sans garantie. De plus, elle aurait voulu que la supervision des budgets soit abordée en même temps. Il s’en est suivi une querelle de calendrier. Cette dernière a été résolue par un compromis dont le détail importe peu. La seule chose à retenir, sur laquelle l’Allemagne ne pouvait pas reculer, est que l’assistance ne pourra être opérée qu’une fois la supervision installée, c’est-à-dire pas tout de suite. Par ailleurs l’assistance ne sera que partielle, faute d’avoir voulu parler des budgets. Le journal L’expansion ne se trompe pas quand il dit que Madame Merkel, soucieuse de ne pas paraître trop généreuse avant les élections de septembre prochain, est sortie gagnante du bras de fer.

Sur cette question comme sur les autres, étant donné que c’est l’Allemagne seule qui dispose du pouvoir d’assistance, pourquoi Hollande s’obstine-t-il en permanence à tenter de faire avaliser une attitude de laxisme à l’état pur, au risque de retarder sinon d’hypothéquer le relèvement de l’Europe, juste pour le petit plaisir d’avoir fait reconnaître son propre rôle ? Jusqu’où cette gloriole misérable nous conduira-t-elle ?

Peter Eisner (LBTF/PSUNE)

07/10/2012

Abu Hamza, symbole de la permissivité maladive de l’Europe

Hamza.jpgAprès huit ans de procédure, le « citoyen britannique » Abu Hamza a enfin été envoyé aux Etats-Unis pour y être jugé. Abu Hamza, cet égyptien naturalisé britannique par on ne sait quel délire, était bien connu comme prêcheur de haine dans ce qu’il est convenu d’appeler le « Londonistan ». Ce n’est qu’avec les évènements du 11 septembre 2001 que la presse commence à s’intéresser à ce sinistre personnage, puisque ce dernier a approuvé l’action des islamistes.

Son cas est intéressant car il représente bien la permissivité de l’Europe, et le Royaume-Uni, membre un peu à part au sein de l’Union Européenne, et référence des souverainistes, n’échappe pas du tout à la règle. Cet islamiste, qui prônait l’instauration de la sharia en Grande-Bretagne, est même devenu citoyen britannique, une « citoyenneté » qu’il décrivait de manière très objective comme, je cite, une « identité superficielle », une commodité lui permettant de voyager, et qu’il réduisait à des simples « papiers » bien utiles.

Alors que les sociétés démocratiques anciennes, et les sociétés européennes modernes jusqu’il y a quelques décennies, étaient économes en naturalisation, considérant cette dernière comme un acte exceptionnel, elles ont depuis largement ouvert les vannes des naturalisations de masse, offrant sa nationalité à n’importe qui. En France 120.000 personnes par an en moyenne sont naturalisées pour des motifs les plus variés mais se résumant généralement à un temps de présence « suffisant » sur notre territoire. Le PS, à peine en place depuis quelques mois, a d’ailleurs à nouveau assoupli les règles de naturalisation, la droite ayant introduit quelques légers freins par le biais d’un questionnaire de culture générale sur notre pays. Il faut dire que cela lui procure des électeurs supplémentaires, même si on naturalise des gens qui ne parlent même pas français, qui sont entrés illégalement sur notre territoire ou des musulmans fondamentalistes. Ce fut le cas au Royaume-Uni d’Abu Hamza.

Non content de cracher sur son pays d’adoption à chaque allocution, ce personnage n’a jamais manifesté la moindre compatibilité avec la civilisation européenne, qu’il méprise de toute son âme. Et pourtant, lorsque les Etats-Unis le réclament, il faut huit ans de procédure pour pouvoir enfin le faire partir de ce pays. Il a utilisé tous les recours possibles, nationaux et internationaux, en appelant même à la CEDH. Il faut toutefois noter que bien que « citoyen britannique », le gouvernement a pu au final l’extrader, preuve qu’il ne l’a jamais vraiment considéré comme tel d’ailleurs. On apprend par ailleurs par la presse britannique que la reine d’Angleterre elle-même était contrariée par la présence de cet extrémiste.

Parce que le droit est devenu fou, parce que les procédures de recours sont bien trop nombreuses et surtout accessibles à n’importe qui, la civilisation européenne n’est plus capable de se faire respecter sur son propre sol. Elle confère la nationalité des états à n’importe qui, elle donne des droits à des gens qui n’ont jamais rien fait pour les mériter. Il faut donc huit ans pour qu’un fanatique puisse être expulsé. Mais combien d’années ont en revanche été nécessaires pour le naturaliser ? Qui a pris cette décision ? Qui a signé le décret de naturalisation ?

Theresa May, le ministre conservateur de l’Intérieur, a déclaré que ce délai trop long était frustrant. Cela veut bien dire que, UE ou pas, l’Etat britannique n’est plus depuis longtemps un état souverain, et ce même si David Cameron lance une croisade aussi excessive qu’injuste contre le fédéralisme européen. Est-ce l’Union Européenne qui a fait naturaliser Abu Hamza ? Est-ce que l’Union Européenne qui a inventé la CEDH, née à Londres au sortir de la seconde guerre mondiale, CEDH qu’a utilisée Abu Hamza pour retarder pendant des années son extradition ?

Et même quand enfin le gouvernement britannique peut l’envoyer aux Etats-Unis, il le fait en exigeant des Américains qu’il n’envoie pas en détention Abu Hamza à Guantanamo et qu’il ne le condamne pas à la peine capitale. Le « Capitaine Crochet » a enfin quitté le navire de sa majesté mais visiblement le Royaume-Uni continue de le choyer au-delà de l’Atlantique.

Combien cette procédure a-t’elle coûté au contribuable britannique ? Et aux autres européens qui financent par leurs impôts la CEDH et autres institutions du même style, dont la tâche principale est de nous désarmer juridiquement contre des individus de ce genre ? Et qui se soucie des droits que les Européens devraient avoir sur leur sol ?

L’exemple d’Abu Hamza nous montre que l’Europe actuelle est enchaînée par les propres traités et conventions d’ordre juridique qu’elle a signée. Il faut que l’Europe s’unisse mais il faut aussi que l’Europe se refonde sur une base juridique plus saine, moins laxiste, moins permissive, et qui permette aux Européens de se faire respecter chez eux !

Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)

23/09/2012

Entre euroscepticisme et eurofuturisme…

sondage,IFOP,Le Figaro,euroscepticisme,européisme,opinion,Union Européenne,euroAlors que 76% des membres du conseil fédéral d’ « Europe » Ecologie – Les Verts ont voté contre le traité budgétaire européen promu par François Hollande et Angela Merkel, au grand dam d’un Cohn-Bendit qui en profite pour prendre ses distances avec ce mouvement, le thème européen n’apparaît décidément plus comme un élément fédérateur.

Un sondage IFOP, commandé par Le Figaro et consacré à la question européenne, de septembre 2012, matérialise ce désaveu dont l’idée européenne semble souffrir de la part du peuple français.

En premier lieu, le sentiment d’européanité, qui est ainsi confondu avec celui d’appartenance à l’Union Européenne, est au plus bas, puisque 7% seulement des personnes interrogées se considèrent comme européennes avant tout, et 9% de plus se considèrent comme européens parmi d’autres référents identitaires. Néanmoins, le fait d’être membre de l’UE reste intéressant pour 49% des français, contre 27% qui pensent le contraire. Cela ne signifie pas que pour autant l’UE reste crédible puisque sa gestion de la crise économique ne convient qu’à 24% des sondés, contre 76% qui l’estiment peu ou pas efficace. L’€, principal élément tangible de la construction européenne, n’est plus un atout que pour 23% des gens, 45% estimant au contraire qu’elle est un élément de handicap. Il l’est selon la majorité des sondés en matière de compétitivité de l’économie française (négatif pour 61% d’entre eux), de chômage (63%) et surtout en matière de niveau des prix, ce vieux mythe eurosceptique, l’€uro étant négatif à 89%. Néanmoins, aussi négatif soit l’€uro à leurs yeux, ils ne sont que 35% pour penser qu’il faudrait revenir au franc (l’expression adaptée aurait dû être de « retrouver une monnaie nationale ») contre 65% qui estiment le contraire. L’€-phobie reste néanmoins à un niveau assez haut, même s’il est inférieur à septembre 2011 et plus encore à mai 2010, mais elle n’a pas progressé d’une manière déterminante pour autant.

Le manque de solidarité européenne s’exprime nettement lorsque le cas grec est évoqué, l’idée d’une exclusion d’Athènes si elle ne parvient pas à réduire sa dette et son déficit, étant soutenue par 65% des personnes interrogées.

Enfin, en interrogeant les seules personnes en âge de voter en 1992, lors du référendum sur le traité de Maastricht, le non aurait été de 64% (contre 49% dans la réalité) et le oui aurait été largement dominé avec seulement 36% des voix (contre 51% dans la réalité). Ce résultat témoigne que parmi les partisans de l’Europe politique en 1992, beaucoup sont désabusés et regrettent l’introduction de l’€uro, même si les partisans d’un retour au franc demeurent minoritaires.

Toutefois, même si ces résultats ne sont pas encourageants, les citoyens ne sont néanmoins pas nécessairement cohérents. Le fédéralisme européen séduit encore 40% des sondés, contre 60% qui souhaitent au contraire moins d’intégration européenne. C’est le score le plus bas pour cette question, mais cela reste une option crédible. L’idée d’une politique économique et budgétaire unique n’est pas repoussée, même si elle est minoritaire. Et on peut même parler d’ « eurofuturisme » pour 44% des français, qui estiment probable la mise en place d’un état européen unique, tel que le prône par exemple le PSUNE. Et c’est même le cas pour 46% des sympathisants du Front National, alors que 40% de ceux du Front de Gauche partagent leur avis.

Quant à la question de l’appartenance de la Turquie à l’Union Européenne, le rejet des citoyens n’a jamais été aussi fort. 84% des personnes interrogées sont opposées à l’adhésion turque. La politique intérieure turque, avec la réislamisation de plus en plus évidente de la rue turque, mais aussi avec l’autoritarisme accru de Recep Erdogan, rentre sans doute en ligne de compte. Mais c’est au moins une bonne nouvelle car toute initiative du gouvernement « socialiste » en faveur de cette option ne peut qu’être refroidie par cette opinion si hostile. Néanmoins 37% des sympathisants du Front de Gauche restent favorables à cette adhésion, sans doute et on le verra dans d’autres sondages, parce qu’il a en son sein le plus grand nombre d’islamotropes.

Ce sondage n’illustre pas seulement un clivage entre eurosceptiques et européistes, mais divise les familles politiques et même les genres. Ainsi, les hommes sont les plus favorables à l’Europe politique. 10% se sentent d’abord européens, 54% estiment que l’appartenance à l’UE est intéressante, 31% que l’€ est un atout, 40% auraient voté oui à Maastricht (contre 33% des femmes), 47% souhaiteraient une Europe plus intégrée (mais seulement 33% des femmes) et ils sont même 54% à croire à un état européen unique pour l’avenir.
Le sentiment d’européanité est le plus fort au MODEM et à Europe-Ecologie, en revanche il est inexistant au FN, preuve que la propagande europhobe de Marine Le Pen en a écarté les éléments pro-européens (Nouvelle Droite et autres), et faible au Front de Gauche (4%). En revanche, le Front de Gauche reste moins défavorable à l’UE (47% sont pour) alors que le FN y est très hostile (21% seulement des sympathisants FN considèrent l’UE d’une manière favorable).

Concernant le « retour au Franc », 37% des partisans du Front de Gauche le souhaitent, ce qui est à peine plus élevé que la moyenne, alors que 78% des partisans du FN y sont favorables. L’€uro est d’ailleurs un point de clivage entre l’UMP (20% d’anti-€) et le FN (80% d’anti-€).

Alors que les sympathisants FN semblent les plus opposés à l’UE, ils souhaitent pourtant l’exclusion de la Grèce de la zone €uro, à laquelle ils disent ne pas croire, à 81% et même à 85% si on ne compte que les électeurs FN. Le Front de Gauche est en revanche solidaire des Grecs à 54%.

Parmi ceux qui souhaitent une intégration européenne accrue, 15% des partisans du FN et 28% des partisans du FG s’y montrent favorables, ce qui monte que même au sein d’une mouvance europhobe, comme le FN, il reste malgré tout des partisans de l’idée européenne. 55% des partisans de l’UMP comme du PS sont également favorables à cette intégration. Enfin, parmi les 44% des français pronostiquant un état européen unique à terme, on retrouve ce pourcentage aussi bien à gauche qu’à droite, au Front de Gauche comme au Front National, mais c’est une idée surtout masculine.

La tradition politologique classique a toujours considéré l’électorat féminin comme davantage conservateur, et c’est pourquoi la République n’a instauré le vote des femmes qu’en 1946, ce qui est très tardif. Elle avait craint un temps que les femmes favorisent la victoire des monarchistes ou des cléricaux. Force est de constater que ce sondage IFOP renforce cette idée, même si demeure un socle solide de citoyennes favorables à l’Europe politique. Toutefois, l’exclusion de la Grèce si nécessaire est soutenue majoritairement par des hommes (à 69%), les femmes étant légèrement plus modérées (62%), et surtout par ceux pour qui l’esprit de solidarité aurait dû être le plus fort, ouvriers (72%), employés (69%) et professions intermédiaires (70%).

Un autre sondage IFOP pour Atlantico, consacré à la question du vote des étrangers aux élections locales est également intéressant à analyser. Rappelons que les citoyens des états membres de l’Union Européenne disposent déjà du droit de vote aux élections municipales et européennes en France. 61% des français s’opposent à l’attribution de ce vote aux étrangers « non européens », l’expression « non européens » pouvant d’ailleurs être comprise par certains sondés comme un synonyme d’« allogènes ». 41% sont même farouchement opposés à cette idée. Ils n’étaient que 45% en décembre 2011 à le refuser. De quoi faire réfléchir le PS alors que plus de soixante-dix de ses députés poussent le gouvernement à instaurer ce droit de vote.

Sur cette question, hommes et femmes sont à égalité dans leur refus d’un tel vote, le clivage étant essentiellement entre la gauche et la droite. 72% des électeurs de gauche souhaitent une telle innovation mais seulement 31% y sont très favorables. En revanche, 89% des électeurs de droite refusent cet élargissement du droit de vote, dont 89% des électeurs UMP et 92% des électeurs FN. Enfin, le MD de Bayrou est favorable au droit de vote des étrangers extra-communautaires à 53%, alors qu’une telle mesure, mettant citoyens de l’UE et étrangers hors UE à égalité est fondamentalement la négation de l’idée européenne. Autre clivage, l’âge. 45% des moins de 35 ans sont pour le vote des étrangers contre 37% des plus de 35 ans. Cela illustre aussi la montée en puissance du vote d’origine immigrée. Gauchistes et écologistes sont en pointe dans ce combat (à 76%), le PS étant légèrement plus prudent (71%), mais les plus acharnés sont clairement les Verts (41% de très favorable).

En conclusion, ces sondages montrent que si l’opinion majoritaire est plutôt dans le camp des eurosceptiques à court terme, cela ne va pas jusqu’à remettre en cause majoritairement la monnaie unique et cela n’implique pas véritablement un refus d’une Europe politique pour l’avenir, en tout cas un refus définitif. Même au sein de la formation la plus europhobe, on constate qu’entre 15 et 20% de ses partisans ne sont pas opposés à l’idée européenne, même si le sentiment d’européanité semble pourtant absent.

Si l’Union Européenne telle qu’elle est actuellement gouvernée déplaît et nuit fondamentalement à l’idée européenne, l’idée qu’une autre Europe est possible, et même l’idée qu’une autre Europe verra nécessairement le jour, avec un état européen unitaire à la tête du continent. L’esprit prométhéen des Européens n’est pas encore mort. En revanche, les français sont déterminés, et de plus en plus, à préserver leur identité, en disant non à la Turquie et non au vote des « étrangers non-européens » et c’est plutôt rassurant. Il reste à leur faire comprendre que c’est dans une Europe politique forte que cette identité sera la mieux préservée et que l’Etat français est leur principal adversaire en vérité, alors que les eurosceptiques leur font croire qu’il est leur protecteur. Confondre un bourreau avec un protecteur, voilà le mensonge naïf que Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen en tête voudraient nous faire avaler.

Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)