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12/09/2016

Elections législatives croates 2016 : une gauche annoncée triomphante mais finalement battue.

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élections parlementaires croates 2016,HDZ,SDP,HSPAvec un peu moins de 35% des voix (34.97) et 61 sièges, la droite croate (HDZ), séparée de ses alliés les plus à droite, comme le HSP-AS qui lui était auparavant associé, remporte les élections parlementaires croates à la surprise générale. Le parti d’Andrej Jandrokovic, fondé à l’origine par Tudjman, malgré des scandales, se maintient.

Le SDP (sociaux-démocrates) de Zoran Milanovic, qui espérait emporter ces élections anticipées, connait en conséquence une sévère déconvenue. Avec 34,6% des voix et 51 sièges, il progresse certes mais est loin d’être en mesure de gouverner, surtout sans alliés en mesure de le renforcer.

En effet, la liste libérale MOST, sous réserve d’une libéralisation accrue de l’économie, est prête à s’associer au HDZ fort de ses 9,5% des voix et de ses 13 sièges, lui offrant alors une majorité au parlement de Zagreb. De même la liste Ziva Zid (« Mur vivant »), populiste et modérément eurosceptique, connait une nette progression, passant de 4,3% en novembre 2015 à 6,4% en septembre 2016 et obtenant 8 sièges.

La coalition « Bandic Milan 365 » sociale-démocrate obtient quant à elle 4,3% des voix environ et 2 sièges. C’est bien insuffisant pour pouvoir amener le SDP au pouvoir.

Le grand perdant de ces élections est le nationalisme croate, divisé en quatre chapelles  se revendiquant toutes de l’héritage du HSP. Le HSP stricto sensu, associé à son ancien concurrent HCSP, obtient seulement 0,71% des voix, tandis que le HSP tendance Ante Starcevic n’obtient que 0,56% des voix. Le HSP « autochtone » (A-HSP) doit se contenter de 0,32% des voix et le HSP 1861 de Paraga de 0,4% dans le district X uniquement. Le HSP est désormais devenu une force marginale, le HDZ évitant comme jadis la CDU allemande d’avoir une concurrence à droite.

Enfin la coalition réformiste Pametno Za Grad obtient 2,15% des voix mais aucun siège, alors que la liste régionale HDSSB, de sensibilité nationaliste, parvient à obtenir un siège unique.  L’opposition gauche/droite a surtout créé un fort vote utile en faveur du HDZ afin de garantir son maintien au pouvoir. Dans un contexte européen de forte pression migratoire, beaucoup de Croates semblent avoir eu peur de fragiliser le HDZ, malgré les scandales financiers.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

09/11/2015

Elections croates : victoire du HDZ à la Pyrrhus

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élections parlementaires 2015,croatie,hdz,hspHier soir, on annonçait la victoire de la droite conservatrice aux élections parlementaires croates qui se déroulaient ce dimanche, bien que sans majorité parlementaire. En réalité, le HDZ ne domine le SDP (sociaux-démocrates) que de 1.27 points, ce qui est dérisoire. Par ailleurs le scrutin se déroulait dans 10 régions, en plus d’une « région » pour les Croates de l’étranger et d’une « région » pour les minorités ethniques (Serbes…) avec répartition des sièges en fonction de ces dernières. Il fallait en effet dépasser 5% dans une région pour y avoir des élus.

Le HDZ, autour de la coalition « Alliance Patriotique », allant du centre-droit à l’extrême-droite (HSP-AS), a obtenu 34.64% des voix au niveau national et est en tête dans cinq régions (et chez les Croates de l’étranger). Le SDP (gauche) autour de la coalition « La Croatie avance » obtient 33.37% des voix et remporte également cinq régions. Ces deux partis sont donc dans un mouchoir de poches et ne devraient différer que très légèrement en nombre de sièges. Les autres partis feront donc la différence sans qu’il soit à cette heure établi qu’une coalition majoritaire pourra se mettre en place.

Le HDZ peut compter comme alliés les élus de la liste conservatrice et régionale HDSSB qui obtient des sièges dans la région IV mais c’est bien peu. Il peut néanmoins espérer le soutien déterminant de la liste MOST, un mouvement de centristes libéraux, qui a obtenu 13.64% des voix, devenant ainsi le troisième parti du pays, et fait rentrer des députés dans les dix régions croates. Son rôle sera déterminant pour toute majorité, de gauche comme de droite, et sera donc férocement courtisé.

Le SDP a en revanche de nombreux alliés au sein de la nouvelle assemblée. Il peut espérer le soutien de la liste Zivi Zid (humanistes/pacifistes) qui n’a obtenu que 4.26% des voix mais a réussi à faire rentrer des députés dans quatre régions. En outre, la liste de gauche unie (Coalition Travail et Solidarité) autour de Milan Bandic avec 3.39% des voix parvient néanmoins à passer la barre des 5% dans trois régions (II, VI et VII). Les progressistes/réformistes  (« Croatie qui réussit ») de centre-gauche n’obtiennent que 1.57% mais dépassent les 5% dans la région III. En revanche, la liste OraH (centre-gauche et écologistes) avec 1.74% des voix n’aura pas d’élus dans la future assemblée. Enfin, une liste istrienne (« Notre propre droit ») avec 1.9% au niveau national mais 19.8% dans la région VIII (Istrie) aura aussi quelques élus en renfort pour la gauche.

La droite nationaliste, hors coalition autour du HDZ (avec le soutien du HSP Ante Starčevic), est en revanche laminée. La coalition droitière « Prêts », composée des ultra-conservateurs du HKS, des défenseurs de la famille du OS et du HSP (Parti croate du droit), n’obtient que 0.63% des voix sur l’ensemble du pays, alors que la scission HSP Autochtone (A-HSP) sous ses propres couleurs n’obtient que 0.54%. L’extrême-droite indépendante (et divisée) en est donc réduite à 1.17% des voix.

Dans l’assemblée 2015, et en partant du principe que de nouvelles élections ne seront pas rapidement organisées, la gauche est donc en position de force par rapport à la droite, qui ne pourra espérer gouverner qu’avec le soutien du MOST, en espérant que cela soit suffisant pour former une majorité. Difficile en conséquence de parler de victoire des conservateurs.

[Méthodologie : Les résultats des élections croates ne sont fournis que par région. J’ai donc dû ajouter l’ensemble des voix de chaque parti dans chaque région par rapport à l’ensemble des personnes ayant voté pour un parti, hors vote blanc donc, pour déterminer les résultats nationaux.]

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

15/04/2013

Premières élections européennes en Croatie

élections européennes croates 2013,hdz,sdp,hsp,hcsp,tomislav sunicLa Croatie rejoignant l’Union Européenne au 1er juillet 2013, les électeurs croates devaient élire pour un an leurs représentants au parlement de Strasbourg. Dans un contexte où le sentiment europhile a considérablement régressé lorsque la perspective d’adhésion est devenue réelle, ses élections permettent de tester l’opinion croate.

Et comme habituellement, le principal vainqueur est… l’abstention. 21% seulement des électeurs se sont déplacés pour une élection sans véritable enjeu et alors qu’ils savent qu’ils vont devoir revoter dans moins d’un an et dans le contexte des élections européennes générales, tous pays confondus. La mobilisation n’était donc pas du tout au rendez-vous.

A près de 97% du dépouillement à cette heure, les résultats quasi définitifs sont désormais connus et ne devraient plus évoluer qu’à la marge.

Avec 33% environ des voix, la coalition de centre-droit autour du HDZ de l’ancien président Tudjman est le vainqueur de ces élections, devançant avec un peu moins de 32% la coalition de centre-gauche, actuellement au pouvoir, autour du SDP (sociaux-démocrates). Autant dire que les deux grands partis se valent mais il faut noter toutefois le score plus que satisfaisant du principal mouvement d’opposition. L’information est toutefois à relativiser vue la faible participation.

Troisième et dernier parti à obtenir des élus, les travaillistes croates, proches de la gauche radicale, obtiennent environ 5,75% des voix, ce qui est un résultat plutôt correct, qui s’explique certainement par la déception d’une partie des électeurs de gauche dans le contexte d’une crise économique et politique qui affaiblit le SDP.

Avec un peu moins de 4% des voix, la coalition de paysans et de libéraux échoue à obtenir des élus. C’est aussi le cas de la coalition istrienne autour d’Ivan Jakovcic avec environ 3,8% des voix. Enfin le HDSSB, réunissant des conservateurs et des modérés, avec un peu plus de 3,1% des voix, échoue également. Ils ne sont pas tant victimes d’un vote utile en faveur du HDZ mais surtout d’un manque de mobilisation de leurs électeurs.

A droite, les autres formations connaissent un désaveu certain. Le HRAST (centre-droit) n’obtient que 2,5% des voix environ, le A-HSS (paysans dissidents) 0,9%, alors que les démocrates centristes n’obtiennent que 0,75% des voix. Les retraités plafonnent à 1,48%, alors que les différentes formations écologistes sont réduites au minimum (1,5% pour l’Action de Jeunesse, proche des Verts européens, 1,15% pour la Coalition des Verts).

Les nationalistes et eurosceptiques sont les principaux perdants de cette élection. Contrairement à ce qui se passe dans les autres états membres, la Croatie n’a pas eu à faire l’expérience de son intégration à l’Union Européenne, puisqu’elle attendait depuis plusieurs années à ses portes. Si l’adhésion suscite un enthousiasme très mitigé, l’europhobie reste minimale. Elle est essentiellement incarnée par plusieurs mouvements « du droit », issus de la filiation des « ustasi ». Cette division ne profite à aucun d’entre eux. Le HSP historique, loin des 6% obtenus il y a quelques années, tombe à 1,4% des voix, alors que le HCSP, scission qui présentait une dynamique certaine et tendait à rivaliser avec son ancien parti, mené par une figure du nationalisme européen en la personne de Tomislav Sunic, n’obtient qu’un insignifiant 0,7%. Les dissidents du A-HSP quant à eux doivent se contenter de 0,32% finissant avant-dernier de la vingtaine de listes présentes.

Enfin, l’extrême-gauche communiste, victime du vote en faveur des travaillistes, et d’une manière générale fort peu populaire en Croatie, se limite à un peu moins de 0,5% des suffrages.

Cette élection est donc à retenir par le taux absolument médiocre de la participation, qui atteint un record, mais aussi par la nette victoire dans ce contexte des deux principales coalitions (HDZ et SDP), qui raflent l’écrasante majorité des sièges de député européen, et atteignent ensemble les 65% des voix. Il est toutefois vraisemblable qu’en 2014, un an après l’adhésion, lors des nouvelles élections européennes, la participation soit bien supérieure, redistribuant alors les cartes.

Thomas FERRIER (PSUNE)