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15/06/2015

Quatre mythes « fondateurs » de l’europhobie contemporaine

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europh.jpegL’Union Européenne est éminemment critiquable et ce avant tout parce qu’elle donne le sentiment qu’il y a tromperie sur la marchandise. Loin d’être l’embryon d’une véritable Europe politique au service des Européens, elle apparaît comme un organisme technocratique éloigné des citoyens, une gouvernance d’esprit mondialiste (ou globaliste) alignée sur les intérêts américains, brisant les anciennes nations d’un côté sans se doter des moyens d’être une nation de l’autre. Ainsi, si les pouvoirs nationaux sont affaiblis, ce n’est pas en faveur d’un pouvoir européen qui reste encore à bâtir. Au contraire, on assiste à une neutralisation mutuelle.

En réalité, l’Union Européenne est un nain politique, un alibi des gouvernements « nationaux » pour appliquer leur programme libéral et atlantiste mais sans l’assumer devant les peuples. Ils s’attribuent toute initiative communautaire qui irait dans le bon sens mais en revanche rejettent sur elle des politiques impopulaires dont pourtant ils sont les promoteurs zélés. L’Union Européenne n’est donc pas vraiment « européenne » et en tout cas elle n’est pas l’Union Européenne qu’elle aurait dû être, qu’elle devrait être et qu’il est bon qu’elle finisse par devenir.

Cette introduction est nécessaire pour bien faire comprendre que dénoncer les mythes europhobes ne signifie pas pour autant perdre tout sens critique sur l’actuelle construction européenne. Il convient d’en dénoncer les travers, non en fonction de fantasmes idéologiques, mais de faits.

Mythe n°1 : l’Union Européenne est la nouvelle Union Soviétique.

Il est assez drôle de voir des anti-libéraux dénoncer en l’UE une « UERSS », notamment lorsqu’ils se revendiquent du PCF. En réalité, le dernier Etat soviétique d’Europe est plutôt l’Etat français, avec sa bureaucratie tatillonne et ses apparatchiki d’ENA. L’URSS était un régime totalitaire centralisé où tout le pouvoir était détenu par un politburo et qui envoyait ses opposants dans des camps puis dans des asiles. Ses dirigeants avaient un réel pouvoir, alors qu’un Van Rompuy hier ou un Tusk aujourd’hui n’en ont aucun. Quant aux commissaires, ils sont choisis par chaque Etat membre de manière souveraine, même si le parlement européen a en théorie le pouvoir d’en refuser certains. En réalité, comme ce parlement est tenu par les grands partis nationaux au sein de coalitions fictives, les députés se couchent systématiquement devant les décisions des chefs d’Etat. Hollande a ainsi pu imposer Moscovici malgré les fortes réticences de Strasbourg.

Pour renforcer leur équation, certains souverainistes et/ou europhobes font appel aux « prédictions » d’un ancien dissident soviétique en la personne de Boukovski, qui est un atlantiste acharné et un ennemi déclaré de Poutine, que ces mêmes europhobes souvent adulent de manière parfois excessivement servile.

L’UE est accusée d’ultra-libéralisme alors que l’URSS était communiste. L’UE finance ses opposants, ainsi les députés européens du FN ou de UKIP, alors que l’URSS les enfermait. La direction de l’UE n’a aucun pouvoir alors que celle de l’URSS était dictatoriale. Par ailleurs, si les adversaires de l’UE se réclament souvent du nationalisme, ils oublient que l’URSS était dès Staline sur une ligne nationaliste grand-russe, réprimant les minorités linguistiques, dont les Ukrainiens. Là encore l’URSS rappelle davantage le centralisme jacobin à la française, avec les Bretons ou les Corses dans le rôle des Ukrainiens ou des Biélorusses.

Mythe n°2 : l’Union Européenne est un IVème Reich.

L’Union Européenne serait une création « nazie », affirment sans rire certains souverainistes. Le nazisme était pourtant une synthèse de socialisme et de nationalisme, deux idéologies qu’ils chérissent à leur manière. L’UE est au contraire à la fois libérale et internationaliste. Ses dirigeants prônent l’ouverture des frontières notamment à une immigration incontrôlée.

Pour appuyer cette comparaison sans fondement, certains évoquent la figure de Walter Hallstein, un président de la commission parmi d’autres, sous le prétexte qu’il a été membre de la NSDAP à une époque où en Allemagne à peu près tout le monde en était membre. Il n’y a pourtant eu aucune responsabilité de premier plan ni même de second plan. Dans ce cas là, on peut aussi bien affirmer que Boris Eltsine était un communiste. Rien par ailleurs ne laisse penser qu’il soit arrivé à la place de président par le biais d’une internationale noire qui œuvrerait dans l’ombre.

Et puis ceux qui affirment que l’UE serait nazie sont aussi ceux qui la comparent à l’URSS et/ou dénoncent une « Europe » américaine, les deux puissances qui ont justement écrasé sous les bombes le dit Reich. Tout cela n’est guère sérieux et cette dénonciation n’est qu’un postulat de principe à base complotiste et non une critique fondées sur une analyse sérieuse.

Mythe n°3 : les Français ont voté non à la construction européenne en 2005.

Avec près de 56% des voix, les électeurs français ont refusé le projet de « traité constitutionnel » soumis à leur vote par décision de Jacques Chirac, alors président de la république. Les raisons de ce refus sont multiples, à l’issue d’une campagne efficace des opposants – refus de l’adhésion turque, refus de la concurrence déloyale intra-européenne symbolisée par la directive Bolkestein, rejet du gouvernement et d’un président usé par dix ans de pouvoir, et rejet de la construction européenne, mais ce pour une toute petite partie des électeurs. Les Français ont répondu à la question posée, qui était oui ou non, à un texte médiocre, technocratique, et qui n’était constitutionnel que par son nom, ceci pour flatter la « convention » Giscard. En réalité, le « TCE » corrigeait légèrement Nice et synthétisait le droit communautaire de plusieurs décennies. C’était donc un document technique, fondamentalement illisible, qui ne pouvait que susciter le rejet par les électeurs.

Les Français ont voté non au TCE. Ils n’ont pas voté non à la construction européenne, non à l’idée même de « constitution » européenne. Ils n’ont pas voté contre l’euro ou contre l’UE. J’ajoute pour être clair avoir fait partie des votants « non » car souhaitant une véritable constitution européenne, issue d’une assemblée constituante européenne élue en ce sens, je ne voulais pas que le terme soit usurpé et il l’était.

Mythe n°4 : l’Union Européenne est responsable de l’immigration.

Alors que l’Europe subit depuis plusieurs mois un flux massif et ininterrompu de migrants clandestins venus notamment d’Afrique, il est de bon ton d’en accuser Schengen et l’UE. Il est clair que l’actuelle UE ne nous protège en rien contre ces flux mais, comme toutes les autorités « morales », y compris le Vatican, elle encourage l’accueil des migrants. Mais à part la Hongrie d’Orban, quel gouvernement prône leur rejet ?

Schengen a aboli les frontières à l’intérieur de l’Union Européenne. La Roumanie et la Bulgarie ne font d’ailleurs toujours pas partie de son espace, à la différence de l’Islande, qui n’est même pas dans l’UE. A l’exception du cas « rom », qui n’est pas nouveau en France et n’a pas attendu l’ouverture des frontières (leur première arrivée en France date de 1340), l’immigration en Europe est due à la volonté des gouvernements nationaux. Les travailleurs turcs sont arrivés en Allemagne en 1963 suite à un accord bilatéral Allemagne-Turquie. Dès 1946, la France a fait appel à des travailleurs issus de son ancien empire colonial, et notamment maghrébins, malgré l’opposition de De Gaulle. De la même façon, le Royaume-Uni a ouvert dès les années 50 sa porte à des immigrés venus du Commonwealth, ce qui a amené un célèbre conservateur du nom de Powell à s’en émouvoir et à être alors marginalisé de la scène politique pour cette raison.

Il est d’ailleurs assez ironique d’entendre le premier ministre britannique David Cameron s’émouvoir de l’immigration, essentiellement européenne (polonaise notamment), alors que son parti n’a jamais rien fait contre l’immigration extra-européenne issue de l’ancien empire, et continue de ne rien faire contre. De même, la France s’est faite une spécialité de reconduire à la frontière des Russes ou des Moldaves, alors qu’elle ne fait rien (ou en tout cas pas grand-chose) contre les migrants clandestins venus de son ancien espace colonial.

Il faut savoir que la loi française permet par exemple à tout algérien né avant 1962 de bénéficier de la nationalité française au titre de la « réintégration ». C’est l’Etat français qui est aussi responsable de l’appel d’air migratoire par son assistanat de masse doublé d’un égalitarisme lui interdisant de réserver ses aides à ses seuls concitoyens. L’Allemagne et le Royaume-Uni sont beaucoup plus raisonnables en la matière. C’est la propre constitution de la France qui lui interdit de s’opposer efficacement à ces flux, pas des directives européennes, alors que la gestion de l’immigration est une compétence nationale. Et enfin, nous devons la départementalisation de Mayotte au seul Etat français, sans que l’UE ait eu la moindre influence en ce sens.

Thomas FERRIER

27/04/2015

Lexique du partisan européen - "Europhobie"

EUROPHOBIE

ID1.png1. L’europhobie est en premier lieu l’expression de la haine à l’égard des Européens (toutes confessions confondues) popularisée de manière maladroite sous le terme de « racisme anti-blancs ». Cette hostilité de principe est notamment répandue dans les banlieues allogénisées de nombreuses villes d'Europe mais aussi dans les pays d’Afrique et d’Asie, voire même d’Amérique centrale et méridionale. Certains européens expriment également une forme d’auto-racisme à l’encontre de leur propre ethnie, notamment sous l’effet d’une repentance excessive, les amenant à l’adoption de coutumes extra-européennes et jusqu’à la conversion à l’islam. Le soutien de certains hommes politiques, notamment à l’extrême-gauche, à une immigration sans restriction ou à l’apologie du métissage relève également d’une démarche europhobe.

2. L’europhobie est en second lieu la négation de la profonde parenté entre Européens ou en tout cas une relativisation excessive. Cette idéologie est dominante chez les souverainistes, notamment français, allant de Jean-Pierre Chevènement à Marine Le Pen, de François Asselineau à Florian Philippot. Selon eux, les Européens sont trop différents entre eux, l’Europe n’existe simplement pas, et nous serions plus proches de populations aneuropéennes, notamment celles  de nos anciennes colonies, que de nos voisins européens. Ils font preuve de réductionnisme linguistique, défendant une francophonie qui dans la plupart des pays africains est en outre totalement superficielle. Ils oublient en revanche que 96% au moins des Européens parlent une langue indo-européenne. Ils défendent les « confetti de l’empire », c'est-à-dire les territoires d’outre-mer conservés par la France à l’issue du processus de décolonisation, y compris une île comme Mayotte, à 99% afro-musulmane, mais refusent en revanche l’idée que les Européens aient un destin commun.

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Il ne faudrait néanmoins pas confondre sous le même terme le refus de principe de toute Europe politique et le scepticisme vis-à-vis de l’idée d’une Europe unie. Est eurosceptique celui qui reconnaît la parenté entre Européens mais considère que bâtir une Europe politique n’est pas possible ou n’est plus possible. Lorsque Jean-Marie Le Pen parle d’ « Europe boréale » tout en refusant l’idée d’une Europe politique unitaire au nom d’une « Europe des nations », il fait preuve d’euroscepticisme. Il reconnaît la réalité européenne mais ne croit pas en une organisation politique prenant appui sur cette réalité. Là est une vraie différence entre le père et la fille. Cette dernière fait de la lutte contre l’euro et du refus de toute Europe politique son principal cheval de bataille, accusant la construction européenne de tous les maux et notamment d’un déclin français que son père attribuait au contraire principalement à l’immigration aneuropéenne. De la même façon, lorsqu’un mouvement comme l’UKip britannique s’oppose à l’immigration issue de l’Europe centrale et orientale alors qu’il ne dit rien contre celle issue du Commonwealth, ce dernier fait preuve d’europhobie et non d’euroscepticisme. Les eurosceptiques peuvent se rallier à l’idée européenne si celle-ci émerge sur une base identitaire crédible. Les europhobes la combattront en revanche sous toutes ses formes, mêmes les plus heureuses et salvatrices.

En conclusion, et ce n’est pas le moindre des paradoxes, les souverainistes, aussi bien à Debout la France qu’au Front National, et les populations issues des flux migratoires post-coloniaux, partagent le même rejet de l’Europe, les uns en raison de leur origine, les autres en raison de leur idéologie. Quant au PS, il unit en lui ces deux formes d’europhobie, en soutenant simultanément la culpabilisation collective des Européens et une forme de chauvinisme universalisé, à savoir la défense d’une expression française irréductible et en même temps sa négation au nom de valeurs universelles. C’est un « mondialisme à la française ».

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

03/03/2015

Les trois visages du mondialisme politique

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mondialisation.jpgEn politique, le mondialisme est la traduction d’une pensée universaliste, qui s’attache à nier tous les particularismes. Cependant cette pensée est déguisée, la plupart du temps, sous des dénominations qui semblent s’y opposer. Nous en décrirons trois versions. Il se trouve qu’en France, plus encore qu’ailleurs, ces trois versions recouvrent la totalité des formations politiques ayant pignon sur rue, qu’elles soient représentées ou non dans les assemblées. Ainsi toute la politique accueillie dans les médias est-elle d’inspiration mondialiste.

Il y a d’abord l’universalisme assumé. Par exception celui-ci n’a pas besoin de déguisement. Mais il n’est représenté qu’à la marge et rarement identifié. Son modèle serait celui d’un état mondial. Jusqu’ici aucun projet précis n’a été élaboré dans ce sens. Comme des pays tels que l’Inde ou la Chine, à la fois homogènes et très peuplés, n’ont aucune chance d’entrer dans un tel schéma, un état mondial ne peut être envisagé qu’autour d’une sorte d’Eurafrique, laquelle pourrait voir le jour quand l’Europe serait suffisamment africanisée. Le choix d’une religion universelle se porterait évidemment vers l’Islam.

Les tenants de cet universalisme assumé sont à chercher du côté d’une certaine extrême gauche antisioniste, celle qui se cache, par exemple, derrière le bouffon Dieudonné. Ils ont deux pays principaux comme bêtes noires, qui sont la Russie et Israël. Ce dernier s’oppose, par nature, au projet universaliste.

S’il n’existe ni projet cohérent, ni formation explicite pour le porter, cet universalisme imprègne, malgré tout, le monde occidental. On retrouve sa philosophie dans les organisations non gouvernementales, ou dans l’alter mondialisme. Surtout le monde politique et médiatique ne peut s’y opposer, puisqu’en en partageant les principes. Par exemple, on a institué un devoir de repentance envers les peuples ayant subi la colonisation ou souffert de l’esclavage, lequel doit moins à la recherche de la vérité quant aux responsabilités qu’à la soumission au poids démographique de ces peuples dans cet état mondial virtuel.

Il y a, à l’opposé, l’universalisme impérialiste. Ce dernier est paradoxal puisqu’il se définit dans le cadre d’un état tel qu’il en existe aujourd’hui, de la France par exemple. C’est autrement qu’on le dénomme, parlant de nationalisme ou de souverainisme. Des partis comme le Front national ou UKip en sont des exemples.

Le paradoxe vient de la cohabitation entre une vision universaliste d’une part et la prétendue défense d’un état-nation de l’autre. Cela ne semble pas gêner ses défenseurs. C’est ainsi qu’on « définit » la France par des valeurs universelles, absurdité s’il en est pourtant.

Le fait que la France et le Royaume Uni soient deux pays concernés par cette version du mondialisme ne doit rien au hasard. Ce sont deux pays ayant eu un empire colonial, qui se sont senti une vocation à diriger le monde comme leur propre empire, et qui en conservent la nostalgie.

De nos jours, l’universalisme mondialiste est porté par un autre pays, les Etats-Unis d’Amérique. Ces derniers veulent toujours régenter le monde, y faire notamment régner une « démocratie » conforme à leur modèle, comme Jules Ferry parlait de la responsabilité des races supérieures envers les races inférieures. Le racisme suprématiste n’est pas absent de cette vision, mais celui-là personne ne le dénonce.

Entre les deux, il y a l’universalisme prétendument européen. Cette version est née de la volonté d’en finir avec les états-nations identitaires de la vieille Europe, accusés d’être responsables des guerres que le continent a connues. On a donc saisi l’occasion de la « construction européenne », dont la conséquence la plus visible a été de retirer aux démocraties nationales une partie de leur pouvoir, au bénéfice d’une superstructure non étatique, l’actuelle Union "Européenne".

Certains, peut-être plus lucides que d’autres, ont compris que l’Europe était le cadre naturel d’une véritable nation, ce dont, précisément, ils ne voulaient pas. Aussi ont-ils réussi à empêcher que la construction ne parvienne à son terme, qui serait la création d’un Etat européen souverain.

A part quelques symboles, comme l’hymne et le drapeau, et quelques réalisations utiles, comme la monnaie unique et l’union bancaire, l’actuelle Union "Européenne" est tout sauf européenne. Dans le conflit en Ukraine, ceux que l'on appelle "pro-européens" prennent directement leurs ordres de Washington. De façon générale, les dirigeants de l’Union s’appuient sur l’organisation militaire de l’OTAN, sur le FMI et sur la banque mondiale. Ils s’apprêtent à instaurer une zone de libre échange avec les Etats-Unis.

Il y a, entre les trois versions, quelque chose de remarquable. C’est leur parfaite complémentarité. Les impérialistes peuvent critiquer, à juste titre, l’échec de l’Europe des prétendus "européistes", lesquels peuvent leur renvoyer à la figure ces valeurs universelles que tous partagent. Et les universalistes assumés n’ont qu’à se féliciter de voir les autres travailler pour eux.

Rares sont ceux qui, comme Eric Zemmour ou Alain Finkelkraut, ne tombent pas dans le piège mondialiste. Malheureusement ceux-là n’ont pas vu que la seule façon de s’en protéger était d’assumer le cadre européen, en oubliant le cadre dit national. Si l’Union européenne peut être critiquée avec autant de pertinence, c’est bien parce que l’Europe est le cadre où la vision universaliste est la plus déplacée.

Peter EISNER (PSUNE/LBTF)

28/05/2014

Elections européennes 2014. Succès du souverainisme, échec du nationalisme ?

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1195901.jpgLe Front National a obtenu 24.85% des voix aux élections européennes, avec un taux de participation d’environ 43%, légèrement meilleur qu’en 2009 mais tout de même très faible. Alors que 88% de ses électeurs ont fait le choix de ce vote à cause de l’immigration, sous-entendue non-européenne, la direction du FN a considéré au contraire que le peuple avait validé ses options UE-phobes et €urophobes, ce qui n’était pas du tout le cas.

A chaque victoire de ce parti, à cause du ras le bol croissant de plus en plus d’électeurs français face à la problématique migratoire, Marine Le Pen y voit un succès de son nouveau positionnement souverainiste. C’est une erreur, une erreur qui aurait été sanctionnée dans les urnes si les media avaient fait un véritable travail d’information en révélant la vérité sur ce parti, au lieu de continuer de le diaboliser et de dramatiser sa récente réussite. Car enfin, si les électeurs du FN découvraient que le positionnement « nouveau » de ce parti sur cette question qui les taraude reposait sur la même utopie universaliste suicidaire que partage toute la classe politique, sans doute chercheraient-ils ailleurs une solution politique.

Même si le FN progresse, il ne faut pas oublier que le camp souverainiste et nationaliste a souvent été aux alentours de 23% aux européennes. Malgré la présence de Dupont-Aignan, qui obtient 3,82%, ce qui n’est pas si mal, le FN a bénéficié du report de voix des électeurs du RPF et du MPF, orphelins cette année. Cette progression n’est donc pas au final si spectaculaire, même si le camp eurosceptique (FN+DLR) obtient sept points de plus que son niveau le plus élevé.

Néanmoins, il faut reconnaître que les partis souverainistes ou post-nationalistes ont réussi à s’imposer au détriment d’un nationalisme ethnique plus classique, et en l’absence de candidats européistes identitaires, seule véritable réponse politique à la crise de civilisation que connaît l’Europe.

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18/05/2014

Il n'y a personne pour défendre l'Europe !

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Tunisia.jpgA quelques jours des élections européennes, aucune formation grande, moyenne ou petite ne prend la défense de l'Europe. La seule liste qui tiendrait un discours favorable en apparence est celle de l'UDI-Modem. François Bayrou ne plaide-t-il pas pour une Europe plus unie?

Hélas, on s'aperçoit tout de suite que le propos est biaisé. De quoi Bayrou se félicite-t-il? D'avoir auprès de lui l'Ukraine "en lutte" et la Tunisie. Or la Tunisie n'est pas européenne et, si l'Ukraine l'est, sa lutte est soutenue par les USA, par leur diplomatie et leurs services spéciaux. Et pourquoi faudrait-il tendre vers une Europe plus unie ? Parce que Monsieur Poutine la souhaiterait désunie. D'abord rien ne dit que la désunion des Européens soit dans l'intérêt des Russes : une Europe unie aurait chassé les Américains du jeu. Ensuite la Russie est européenne et une Europe unie ne chercherait pas à s'en faire un ennemi.

Il est possible de chercher à renforcer l'union entre les peuples européens. Il n'y a guère que deux façons pour cela. La première est révolutionnaire et définitive : elle consiste à réaliser la fusion des Etats actuels de tout le continent un peu à la manière de la première république française. La seconde est plus modeste : elle consiste à renforcer les liens entre quelques états un peu comme Wauquiez le propose. On peut toujours espérer que cela engendre un processus s'étendant et s'approfondissant. La difficulté est que le démarrage est de plus en plus ardu.

Il faudrait commencer par rapprocher la France et l'Allemagne. C'était encore envisageable il y a deux ans. Depuis la politique de Hollande a placé des obstacles infranchissables. C'est l'affirmation d'une politique européenne opposée à celle de notre voisin. C'est l'écart qui s'est creusé entre les performances de nos pays. C'est notre incapacité à tenir nos engagements. Le dernier geste en date, le patriotisme industriel de Montebourg, s'ajoute à tout cela. Personne n'a fait remarquer qu'un pays qui inclurait la France et l'Allemagne pratiquerait un aménagement du territoire, ne laissant pas les activités se concentrer en un seul endroit.

Or Bayrou, en faisant voter pour Hollande, est l'un des responsables de ces obstacles. Il ne peut prôner aujourd'hui ce qu'il a rendu impossible par son action d'hier.

Peter Eisner (LBTF/PSUNE)

10/11/2013

Snowpiercer ou l'europhobie en action

Notre camarade européen Christophe nous a transmis une excellente analyse du film Snowpiercer (2013). Je vous la livre.

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snowpiercer,europhobie,chris evans,ed harrisJ'ai été voir Snowpiercer (2013) au cinéma, le concept me paraissant intéressant, à savoir une planète congelée et invivable après une boulette militaro-scientifique visant à endiguer le réchauffement climatique. Ce qu’il reste de survivants sont dans une sorte de train-obus géant (la Machine), voué à rouler sans fin sur une ligne de chemin de fer planétaire, sans autre but que de survivre dans ce système écologique clos. Outre que la salle m’ait paru très peu remplie, que le film est un peu longuet (plus de 2h00), et qu’il semblerait que la garniture chocolat ne tienne pas bien sur la glace framboise, le fait est que la bonne impression du début laisse vite place à un arrière-goût amer... Car ce qui devait être une allégorie politique intéressante se révèle être en fait un mélange de critique sociale (stupidement) simpliste et de masochisme europhobe à outrance.

Analyse rapide.

Le wagon de queue, c’est Germinal de Zola: c’est sombre, sale, bordélique, la bouffe c'est de la protéine en barre gélatineuse, on s'habille de guenilles, et on se fait rosser sévère au moindre faux pas. Donc il y a révolte, normal... La Kapo de service, qui vient pour mater tout ça, est une sorte de psycho-rigide acariâtre sans pitié, d’une mocheté absolue, diablement intelligente et calculatrice, et au discours fascistoïde bien rôdé. Après s'être faite neutralisée, la révolte suit son court, et nous découvrons petit à petit les autres wagons. Là où c'est beau et lumineux, où les gens sont propres, bien habillés et repus, nous y trouvons pêle-mêle: les incontournables soldats fascisants au style GIPN avec hache ensanglantée ; l’institutrice des écoles (une jolie blonde enceinte, mais visiblement coconne) qui transforme les gosses en robots dociles voués au culte du Chef et de la Machine; des fashion victims complétement camées en night-club ; des bourgeois tranquilles préservés des horreurs du monde dans leur petite bulle aseptisée… Sans oublier bien sur le tueur-à-gages blond, charismatique, et insensible à la douleur, l’homme de main au crâne rasé et à la politesse suspecte, etc. Et il n'y a là quasiment que des européens…

Parmi les rares qui ne le sont pas, citons l’éternelle « mama » black, battante et pleine d’empathie (variante féminine de Will Smith), et le technicien asiatique surdoué, sans qui l'histoire ne peut pas avancer... Omniprésents, comme souvent… Bref, il semblerait que la diversité n'ait que du bon, et, excepté le leader de la révolte (un type bien, qui inspire la sympathie), avouons que, pour un Européen, tout cela n'est pas très engageant...

Quant au Boss, The Master of The Machine, quasi Dieu himself, c’est Ed Harris, dans son habituel rôle mi-ange mi-démon « à la Stalingrad ». « Ne l’écoutez surtout pas, coupez lui la langue », entend-on… Un ascète, un fasciste, un vrai de vrai, Lucifer en personne ! Et c’est ainsi qu’on apprend que le vieux du wagon de queue (allez, disons-le, le grand sage des gauches) et le vieux de la locomotive (disons-le aussi, le leader maximo des fascistoïdes droitards…) sont en fait complices pour susciter et canaliser les révoltes, afin de réduire la population et préserver la vie: Ordo ab Chaos... Le but étant de donner les commandes du train au jeune leader de la révolte, la seule ayant réussi jusqu’ici, et qui, par cette sorte de sélection naturelle, leur semble le seul capable de prendre les rênes…

Mais là, vous n’y êtes pas tout à fait quand même : car c’est sans compter l’œil vif de notre ami d’Asie qui, bien entendu, a remarqué depuis plusieurs années un recul progressif des neiges et donc un hypothétique réchauffement des températures. C’est ainsi qu’on pourrait enfin sortir du train et survivre à l’extérieur… Hourrah ! Que du bonheur ! La Liberté approche, tout s'accélère, la révolte part en live sévère, le Führer est tué, on fait péter la seule porte qui donne vers l'extérieur, le train déraille emporté par une coulée de neige, c’est la fin de l’horreur, les gentils vont être libérés, les méchants éliminés, et une nouvelle ère, probablement pleine d’amour et de steaks, va pouvoir commencer… Enfin pas pour tout le monde, car il s'avère que les deux seuls survivants sont une ado asiatique maline et un gamin black libéré de l’esclavage… Le seul blanc restant, si l’on peut dire, étant un ours polaire qui passait par là, les regardant d’un air pataud…

Qu'en conclure? Eh bien, que le spectateur sort de la salle avec l'impression désagréable que les Européens sont tous plus ou moins repoussants et méprisables (même le leader de la révolte a eu son heure cannibale avant de se racheter, ainsi qu’il le confie, larmoyant), que la méchanceté, la bêtise, et l'ingratitude les caractérisent, qu'il n'en restera plus un seul à la fin, et que, finalement, « moins il y en a, mieux ce sera pour tout le monde, et bon débarras ! » Car à la fin de l'histoire, tout recommence au paléolithique, l’humanité nouvelle est asiatique et africaine, et on se dit que désormais, tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles... La messe est dite ! Amen ! Bref, dans le genre caricature, et surtout en ces temps d'auto-culpabilisation systématique et d’ouverture inconsidérée à l’Autre, Snowpiercer est un cas d’école, un film de propagande de merde, qui à mon sens a toute sa place dans les poubelles de l’histoire du cinéma !

Finalement, pour rétablir la balance, allez voir Gravity en 3D (2013), avec Ed Harris aussi d'ailleurs, George Clooney et la magnifique Sandra Bullock, et vous repartirez du bon pied. Il ne s’agit pas de nier les problèmes, comme les excès de la stratification sociale, ou le fait que l’espace soit aussi en train de devenir une poubelle, mais simplement de savoir faire la part des choses, loin des pleurnicheries misérabilistes à deux balles et de la haine de soi… Et en cela, Gravity est un film magnifique, qui ne vous fera pas regretter de lâcher 10€ pour "seulement" 1h30 de cinéma... Vous en sortirez grandis, fascinés par le spectacle du cosmos et les prouesses de la technologie, mais aussi questionnés sur les notions de solidarité et de sacrifice, interrogés sur le désespoir, la solitude, la volonté de vivre, sans oublier la part de tragique inhérente à toute aventure humaine.

Christophe (LBTF)

04/08/2013

Qu’est-ce qui fait monter le FN ?

Qu’est-ce qui fait monter le FN ?

fnuf.jpgMême s’il est désolant qu’un parti europhobe comme le FN soit extrêmement haut dans les enquêtes d’opinion, on ne saurait plus nier la réalité d’un vote de plus en plus significatif en sa faveur. Un sondage pour les élections européennes le place même à 18% des voix, ce qui est considérable pour ce type d’élection. Rappelons qu’en 2009, alors qu’il avait pourtant digéré la scission du MNR et remonté déjà la pente par rapport à son effondrement à 4,3% aux législatives, le FN ne fit que 6,34% des voix. En clair, avec 18% des voix, il progresserait en cinq ans de 185%. Mais un sondage IFOP de fin mai le place même à 21%, et à 20% en juin selon l’institut CSA. C’est dire qu’il faut s’attendre pour juin 2014 à un résultat très élevé pour ce parti. De plus, il conserverait en points voire dépasserait le score de Marine Le Pen aux présidentielles de 2012. Comment expliquer une telle progression dans l’opinion publique de ce parti ?

Le PS, allié de fait du FN

On se souviendra que François Mitterrand avait joué la carte du FN pour diviser la droite. Ce jeu machiavélien avait consisté d’abord à encourager les media à inviter l’outsider Le Pen puis à introduire une part de proportionnelle en 1986, offrant au FN un groupe parlementaire pendant deux ans. On sait en outre que l’anti-racisme que le PS mettra en avant était destiné en partie à empêcher toute fusion des droites, fusion qui aurait anéanti tout l’intérêt de la manœuvre.

Mais aujourd’hui, alors que le FN a éliminé le PS d’un second tour dans plusieurs législatives partielles, il est bien évident que cette stratégie a été abandonnée. Désormais, le PS cherche par tous les moyens à faire baisser le FN mais il s’y prend si mal qu’il fait son jeu. Et les résultats du gouvernement sont, en matière d’immigration et d’insécurité, si désastreux, par une sorte d’effet « Taubira », malgré les formules choc du ministre de l’intérieur, qu’il ne peut en être autrement.

L’UMP est divisée en deux lignes quasi incompatibles, entre les européistes timides lorgnant sur le centre de François Fillon, et une droite populiste et davantage eurosceptique autour de Jean-François Copé. Une ligne européiste et populiste à la fois pourrait réussir. C’était la ligne de Nicolas Sarkozy, mais cette synthèse a explosé. Elle n’est donc pas en mesure d’empêcher la fuite d’électeurs populaires vers le FN.

Mais c’est pourtant bien le PS qui est le principal responsable de ce vent d’europhobie qui souffle sur notre pays et profite au Front. Alors que l’UMP met en avant une « histoire de la nation européenne », écrite par le député européen Philippe Juvin, le gouvernement PS a vis-à-vis de l’Europe une attitude contradictoire et souvent hostile. François Hollande ne parle d’ailleurs quasiment jamais d’une manière positive de l’Europe, ayant prétendu pendant sa campagne que la France seule pourrait la réorienter dans le sens de la croissance. Quant à Jean-Luc Mélenchon, qui tape beaucoup sur l’UE, sans remettre en cause pour autant l’€uro, et en soutenant d’une manière caricaturale l’immigration, il favorise là encore le FN en orientant l’électorat populaire qui lui reste vers des thématiques eurosceptiques, le FN ayant acquis une légitimité sur ces questions, d’où le positionnement très ambigu vis-à-vis de lui d’un Dupont-Aignan.

Qu’oppose le PS au FN de Marine Le Pen ? Il tente à nouveau la vieille ficelle complètement usée de l’antiracisme et de l’antifascisme, de l’indignation exacerbée pour tel ou tel propos relativement anodin d’un des dirigeants de ce parti. On reprochera à Marine Le Pen d’avoir comparé l’occupation des rues par la prière musulmane à l’occupation allemande, alors qu’on reprochait a contrario à son père d’avoir sous-estimé la nocivité de la seconde. Cette attitude ne paie pas. Ce n’est pas en dissolvant quelques partis extrémistes, en les reliant plus ou moins implicitement au FN, ou en arrêtant un norvégien radical, qui avait appelé à voter pour Marine Le Pen en 2012, qu’il arrivera à le faire baisser.

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20/05/2013

Hollande, l'homme pour qui les mots n’ont pas de sens

 
pictoroutier_c7.jpgJeudi 16 mai, à l’émission « C’est dans l’air » d’Yves Calvi, le politologue Dominique Reynié, commentant l’annonce faite par Hollande d’instaurer avec les pays de la zone euro un gouvernement économique qui se réunirait tous les mois autour d'un président et qui notamment débattrait des principales décisions de politique économique à prendre par les Etats-membres, harmoniserait la fiscalité, commencerait à faire acte de convergence sur le plan social, note que c’est un pas important vers le fédéralisme qui allait être opéré. Il se fondait également sur la promesse de réaliser une union politique européenne dans les deux ans.

Bruno Le Maire a trouvé que le discours sonnait faux. Ce n’est pas cela. Précisément, chez Hollande, les mots n’ont pas de sens. N’a-t-il, au début de son discours, expliqué qu’il oeuvrait avec succès depuis un an pour la souveraineté de la France ? Ne continue-t-il pas, en matière économique, de proposer aux Français des propositions aussi mesquines que détaillées, s’éloignant des solutions retenues par tous nos voisins ? Comment cela serait-il compatible avec davantage de fédéralisme ? Au moins son prédécesseur Nicolas Sarkozy osait-il parler de souveraineté partagée, ce qui était à la fois cohérent et honnête, même s’il n’est pas allé assez tôt et assez loin dans ce domaine : il est bien dommage qu’il n’ait pas converti la proposition faite en août 2011, en pleine crise de la zone euro, avec Angela Merkel .

D’ailleurs Hollande voit la France comme un trait d’union entre une Europe du Nord et une Europe du Sud. Or s’il faut un trait d’union, s’il faut jouer les pays du Sud contre les pays du Nord, c’est qu’il n’y a pas d’Europe.

Que faut-il comprendre quand notre président répond, à tout propos, qu’il décidera ? Nous sommes, en théorie, en démocratie, même si notre régime est présidentiel. Le président ne vote pas les lois. Par ailleurs, s’il voulait vraiment ouvrir une perspective européenne, il parlerait au moins de décisions partagées. Peut-être les mots n’ont-ils pas de sens et veut-il dire par là qu’il décidera tout seul pour ne rien décider, qu’il laissera ses ministres se complaire dans la cacophonie pour ensuite s’en féliciter.

Une seule chose est sûre. Le président est heureux dans son job. Il est fier de lui. Mais chacun sait que les heureux au travail sont les incapables.

Il y a quand même un point sur lequel les mots creux qui succèdent aux mots creux finissent par inquiéter. Cette absence de référence à la démocratie dans le discours se retrouve, notamment, quand il parle de l’Europe. Il envisage un gouvernement économique avec un président nommé. Il considère que la France est honorée par son dialogue avec le collège des commissaires. Où est la représentation populaire dans tout cela ?

Mais on peut encore une fois se rassurer car les mots n’ont toujours pas de sens. Il n’y a aucune chance pour que l’Allemagne s’intéresse à des propositions aussi mal formulées, aussi peu empreintes de démocratie. Le journal Ouest-France cite Michael Stübgen, membre de la CDU d’Angela Merkel et porte-parole des affaires européennes au Bundestag, lequel les critique sans ménagement : « il s'agit d'une tentative, avec de grands discours européens, de faire diversion face aux efforts insuffisants de réformes au niveau national ».

En mettant la condition absurde d’une harmonisation sociale par le haut, Hollande sait qu’il apporte une fin de non-recevoir à la main que les autres lui tendent. Paradoxalement, il ne voit dans sa prétendue « gouvernance économique » qu’un moyen pour les états de renforcer leur souveraineté, de se dégager des contraintes communes, celles de la Banque centrale et celles de la commission, ce qui ferait presque passer, par comparaison, Manuel Barroso pour un sage. Ce faisant, il feint d’ignorer que ces contraintes ont été acceptées ou voulues par les états en question. De fait il voit la zone Euro comme une manne dans laquelle chacun pourrait puiser, sans qu’aucune règle ne soit imposée à personne. C’est la raison pour laquelle la zone Euro devrait, selon lui, être dotée d'une capacité budgétaire et pouvoir lever des emprunts.

Le journal Die Welt l’a bien compris : « Hollande continue à ne pas montrer le moindre appétit pour la réduction des dépenses de l'État». De son côté, le site du Spiegel ironise, quand il entend Hollande «se féliciter de quelques uns de ses succès … en grande pompe monarchique». Les Anglais ne sont pas plus tendres avec lui. Le Guardian, qui compare sa prestation au célèbre « En attendant Godot » de Beckett, retient qu’ « il existe de forts doutes sur sa capacité à nager contre les courants qui le tirent vers le fond ».

Quand Hollande parle d’offensive, d’initiative européenne, de sortir l’Europe de sa langueur, cela ne veut simplement rien dire.
 
Peter Eisner (PSUNE/LBTF)

07/04/2013

Une Alsace alsacienne dans une Europe européenne

Quand le souverainisme trahit le peuple.

Une élection alsacienne qui déchaîne les passions.

europhobie,alsace,fusion des départements,référendum,marine le pen,nicolas dupont-aignan,psune,thomas ferrierCe dimanche, les électeurs alsaciens étaient consultés par référendum sur l’avenir administratif de leur région, un projet de fusion du conseil régional et des deux conseils départementaux (ou « généraux ») leur étant proposé. Il permettrait des économies de gestion, en plus d’une simplification administrative, avec la mise en place comme en Corse d’un Conseil Territorial. Cette initiative, qui pourrait être étendue aux autres régions, a été soutenue par la droite alsacienne, une partie de la gauche et par les autonomistes et régionalistes.

Cette élection, qui ne semble pas déchaîner les passions en Alsace même, et les premiers taux de participation indiquent un risque d’échec par manque de mobilisation des citoyens, dans un contexte économique dramatique en plus d’une crise politique liée à la faible popularité du chef de l’état et à l’affaire Cahuzac, a en revanche rendu fou les souverainistes de toutes obédiences. Alors que le FN local avait pris position au départ pour le « oui », rejoignant alors la position des régionalistes identitaires d’Alsace d’Abord, suite à un violent rappel à l’ordre orchestré par Marine Le Pen elle-même, venue spécialement à Mulhouse pour donner ses consignes, il a retourné sa veste à 180°.

Le Front National, tout comme Debout La République, est désormais à fond contre ce projet local aux enjeux très limités, et ils ont été rejoints pour des raisons plus opportunistes par le Front de Gauche. A les lire, on a l’impression que le « oui » signifierait l’indépendance pure et simple de l’Alsace voire le rattachement à l’Allemagne. Le slogan du FN est « pour une Alsace française », comme si la suppression de deux conseils généraux allait changer le monde.

Les slogans germanophobes, jusqu’à un certain Emmanuel Todd affirmant que les Alsaciens seraient « des allemands de langue française », se généralisent au niveau national, suscitant une bien légitime incompréhension des alsaciens. Même les électeurs FN de la région sont très majoritairement (à plus de 70%) en faveur du oui. C’est bien l’Etat jacobin et « parisien » qui s’exprime par la voix de Marine Le Pen ou de Nicolas Dupont-Aignan, un Etat « parisien » arrogant, qui met sur le même plan les légitimes revendications identitaires des régionaux et le communautarisme des banlieues.

Cela permet aussi à ces souverainistes et autres europhobes extrêmes d’hurler leur haine de l’Union Européenne, l’accusant d’être, tout comme l’Allemagne, derrière ce référendum, alors qu’ils n’y sont pour rien et ne se sont pas mêlés de la campagne référendaire.

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01/04/2013

Leçon de contre-europhobie n°1 : Schengen

schengen,europhobie,clandestinsLes europhobes, eurosceptiques et autres souverainistes (Le Pen, Wilders, Ganley, Klaus, Farage, Dupont-Aignan ... etc) attaquent systématiquement et de manière quasi obsessionnelle l’Union Européenne, ne se limitant pas à dénoncer les travers réels dont cette institution souffre en vérité. Pour eux, hors de question de vouloir réformer ou refonder l’Union Européenne. Il faudrait l’abattre. L'idée même d'une Europe politique unie leur fait horreur. Pour ce faire, quoi de mieux que de raconter n’importe quoi à nos compatriotes européens, accusant l’€ d’être responsable d’une crise économique pour laquelle il n’est pour rien, l’Islande ou le Royaume-Uni n’en ayant pas été spécialement épargnés.

Parlons donc de Schengen.

Le principe de Schengen c’est la suppression des frontières internes à l’Union Européenne, défendant ainsi le principe de la liberté de circulation des Européens en Europe. Même s’il existe des flux migratoires intra-européens, qui ne sont pas problématiques mais qui pourraient être néanmoins limités par la mise en place d’une véritable harmonisation sociale européenne, le reproche fait à Schengen concerne l’immigration clandestine, généralement en provenance d’Afrique.

Schengen supprime certes les frontières internes à l’Union Européenne mais ne supprime pas en revanche les frontières extérieures. Si elles sont mal protégées, c’est de la faute des Etats « nationaux » qui se trouvent aux frontières de l’UE, à savoir par exemple l’Espagne (notamment via Ceuta et Melilla, mais aussi via les Açores et les Canaries), l’Italie (Lampedusa) ou la Grèce (qui a pour cette raison construit un mur en Thrace afin d’y faire face).

La solution pour empêcher cette immigration clandestine, ce n’est pas le souverainisme, mais c’est la réalité de frontières européennes, avec un corps de douaniers européens pour les faire respecter, avec une force de police européenne pour arrêter les contrevenants et s’assurer de leur éloignement en dehors de l’Union Européenne. Pour que les frontières de l’Europe soient protégées, il faut un Etat européen pour mettre en œuvre cette politique. C’est parce que les Etats européens jouent les uns contre les autres, souhaitant que les migrants clandestins aillent chez le voisin, qu’il y a un problème.

La solution contre l’immigration clandestine, ce n’est pas « moins d’Europe » mais bien « plus d’Europe », à savoir que, quel soit le lieu d’arrivée du clandestin sur le continent, il doit être pris en charge de la même manière et a vocation à être rapidement relocalisé dans son pays.

Brèves européennes… (18)

ferage.jpgITALIE

Et le gagnant, provisoire, est Mario Monti. Malgré son score désastreux (8% pour la liste Monti, et 2,5% en plus avec ses alliés), il va demeurer premier ministre jusqu’en mai 2013. La liste Grillo a beau avoir fait plus de 25% des voix en ayant eu notamment comme axe principal de discours la dénonciation du gouvernement technocratique et « goldman-sachsien » de Monti, cela ne change rien. Bersani (PD) a été incapable de proposer une coalition avec la droite du PDL de Berlusconi. Et le président et ancien communiste Napolitano n’a pas eu le courage politique de démissionner. En réalité, président élu par les assemblées, et non par le peuple italien, sa légitimité est fondamentalement nulle.

Le fait est que Berlusconi est en train de reprendre l’avantage dans les sondages. Ayant été ouvert à une négociation que Bersani a refusée, celui-ci s’imaginant manipuler des nouveaux élus de la liste de Grillo pour obtenir sa majorité au sénat, il apparaît à nouveau comme une alternative crédible aux yeux d’italiens de plus en plus nombreux.

En cas de nouvelles élections, qui seront nécessairement repoussées à de nombreux mois en raison de l’action de Napolitano, qui ne peut pas dissoudre l’assemblée selon la constitution à deux mois de la fin de son mandat, et qui auront besoin d’être précédées d’une réforme du mode de scrutin, il est probable que la liste Grillo perdra quelques points, car sa capacité de blocage cache mal une incapacité de fond à gouverner, et un vote populiste à la Uomo Qualunque reste nécessairement un feu de paille. Mais c’est surtout la droite qui pourrait nettement profiter de cette occasion pour retrouver le pouvoir, malgré une image berlusconienne extrêmement entamée et surtout victime d’une perte de crédit au niveau international. Or la crise budgétaire touche de plein fouet l’Italie.

Cela pose une véritable question de démocratie. Dans le cas d’une économie mondialisée, un gouvernement issu d’un scrutin démocratique peut-il vraiment gouverner ? Le cas de Chypre laisse pantois, car on a vraiment affaire à une dictature des marchés, et des agences de notation et autres organisations mondialistes. Même si des réformes et des sacrifices sont nécessaires, seuls des dirigeants démocratiquement élus, et ayant un programme politique transparent, pourraient les mettre en œuvre. La « troïka » n’a aucune légitimité démocratique, et on comprend bien que sans un gouvernement européen légitime, aucune politique européenne ou même de la zone euro n’est vraiment possible et surtout efficace. La première chose serait d’écarter purement et simplement le FMI des problèmes internes à l’Europe et de régler ces derniers en famille.

TCHEQUIE, ROYAUME-UNI, FRANCE

Vaclav Klaus, modèle des souverainistes, était accusé d’avoir purement et simplement trahi les intérêts nationaux en amnistiant, pendant les derniers mois de son mandat, un certain nombre de riches et puissants amis qui étaient mis en examen. Le Sénat a en conséquence demandé à la cour constitutionnelle d’engager des poursuites à son encontre. Celle-ci a refusé d’y donner suite. On se doute bien que les amis de Klaus y sont fortement représentés. Désormais, Vaclav Klaus veut se consacrer aux questions européennes et piloter une coalition de mouvements souverainistes pour les élections de 2014. Voilà un « magnifique » exemple de ce que sont ces souverainistes qui prétendent redonner au peuple la maîtrise de son destin.

Dans le même style, le dirigeant de UKiP, le désormais fameux Nigel Farage, pourfendeur de la technocratie bruxelloise, ce en quoi il n’aurait pas nécessairement complètement tort s’il agissait dans l’intérêt de l’Europe et des Européens, et non d’un Royaume-Uni maintenu sous le diktat de Washington, a décidé qu’il faudrait rejeter la candidature de la Serbie à l’Union Européenne. On ne voit pas pourquoi on devrait fermer la porte à un pays parfaitement européen à tous points de vue. Il se fait également le défenseur d’un Royaume-Uni potentiellement assiégé de travailleurs européens venant de Roumanie ou de Bulgarie. Mais ce ne sont pas des Roumains qui ont mis l’Angleterre à feu en 2010, ni des Bulgares qui ont piégé le métro de Londres en 2005.

Le problème migratoire du Royaume-Uni n’est pas avec les autres pays européens, même s’il est vrai qu’il faudrait encourager par le biais d’une harmonisation sociale européenne le maintien de préférence des européens sur leur terre ancestrale, mais bien avec les populations issues de son ancien empire colonial. La souveraineté britannique devrait davantage s’exercer par rapport aux USA et au Commonwealth, et l’ennemi des Britanniques c’est bien plus la City, dont ils ne profitent guère de la réussite, que l’UE.

C’est la même chose en France avec le discours populiste du FN de Marine Le Pen qui souhaite instaurer une « priorité nationale » (alors qu’il faudrait instaurer une « exclusivité européenne ») dont bénéficieraient, au détriment des autres européens qui souhaiteraient vivre et travailler en France, les migrants naturalisés et leurs descendants.

En clair, c’est l’europhobie d’abord ! Alors que le problème est ailleurs…

L'Europe face à la Turquie

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King Jan III Sobieski of Poland.jpgS’il est un exemple particulièrement significatif de l’impuissance de l’Europe actuelle, rien ne l’illustre mieux que sa relation avec la Turquie et son arrogant premier ministre. C’est aux frontières de l’Europe, pas seulement de l’Union Européenne d’ailleurs, qu’elle est en conflit, certes en conflit gelé, avec la Turquie.

En effet, cette dernière occupe illégalement depuis 1974 la zone nord-est de Chypre, au mépris des conventions internationales, cette occupation ne s’étant pas limitée à la présence de troupes mais s’accompagnant aussi de l’implantation de colons turcs. Sa frontière avec l’Arménie est gelée, alors même qu’Ankara soutient les revendications azéries, conformément à l’idéologie pantouranienne consistant à aider les autres turcophones, et en conséquence dénonce la sécession du Haut-Karabagh, peuplé depuis toujours d’Arméniens. Elle continue par ailleurs de nier la réalité des crimes commis par l’empire ottoman en 1915 à l’égard de cette communauté. Enfin, la Turquie revendique les îles grecques de sa côte et en particulier les zones maritimes associées, alors que tout semble indiquer que le sous-sol marin de la Méditerranée serait riche en pétrole et en gaz.

La Turquie, sous l’influence de son ministre des affaires étrangères Ahmed Davutoglu, met en place une géopolitique dite néo-ottomane qui consiste à s’intéresser aux problèmes des Balkans, apportant son aide aux mouvements islamiques au Kosovo ou en Bosnie, et bien sûr aux communautés turcophones de Macédoine ou de Bulgarie. A sa façon, elle remet en cause ce mouvement de recul de la « sublime porte » pendant tout le XIXème siècle et jusqu’au traité de Sèvres. Mettant en parenthèses la période kémaliste, en s’attaquant à ce symbole de l’état laïc qu’est l’armée, en remettant en cause l’interdiction du voile dans les universités et les services publics, avec en outre la mise en examen de nombreux chefs militaires mais aussi de journalistes, la Turquie d’Erdogan tourne le dos à la civilisation européenne tout en prônant dans le même temps l’adhésion à l’Union Européenne, une Union qui avec la Turquie en son sein cesserait définitivement d’être européenne et surtout deviendrait une pure coquille vide.

Alors qu’elle s’était un temps éloignée de la stratégie de l’OTAN, pilotée par les USA, refusant même l’accès à son ciel aérien pendant la seconde guerre en Irak, la problématique syrienne a changé la donne. La relation avec l’Iran voisin s’est même dégradée, puisque ce dernier soutient le régime de Bachar El Assad. C’est là où le jeu américain et le jeu turc se sont à nouveau rencontrés. Obama a contraint Netanyahu à faire reconnaître à l’état hébreu sa responsabilité dans le drame du Mavi-Marmara, ce qu’il se refusait à faire à juste titre depuis plusieurs années. Dans le jeu américain, il est important que la Turquie joue son rôle contre l’Europe, et la rupture entre Israël et la Turquie n’arrangeait pas les affaires de Washington.

Cet épisode est d’ailleurs une excellente illustration du mensonge des obsessionnels du complot « sioniste », qui prétendent que les USA seraient soumis aux intérêts de cet état. On voit bien qu’il n’en est rien, et que ce n’est pas Netanyahu qui tient le manche mais bien Obama. Cette « alliance éternelle » entre les USA et Israël, que prône Obama à nouveau, est un trompe l’œil. C’est bien pour cela que Lieberman était méfiant et prônait un repositionnement diplomatique pro-russe, mais empêtré dans ses affaires judiciaires, il a dû renoncer à toute fonction au sein du gouvernement israélien.

L’administration américaine a deux enjeux majeurs – encercler la Russie et l’isoler, ce que certaines dérives autoritaires en Russie facilitent d’ailleurs, et surtout empêcher la mise en place de toute Europe politique. Pour cela, elle a à sa botte le gouvernement britannique de Cameron, qui aliène les intérêts britanniques, qui sont les mêmes que ceux des autres européens, en faveur des USA, et bien sûr l’allié turc. Force est de constater que les partisans d’un Royaume-Uni souverain, par exemple UKiP, qui prônent la fin de l’Union Européenne, ne remettent pas en cause cette sujétion au grand voisin outre-atlantique. Ce n’est pas un hasard. Quant à Erdogan, il a beau ne pas cacher sa phobie du « sionisme », cela ne dérange pas Obama, bien au contraire. Si les USA doivent choisir entre la défense d’Israël, ou de l’Europe, et la paix avec l’islam, ils finiront pas choisir le second.

Face à la Turquie, une Grèce « souveraine » ou une Chypre « indépendante », seraient démunies. Les prétendus nationalistes hellénophones, Aube Dorée et ELAM en tête, en attisant la haine contre l’Union Européenne, certains ayant même brulé il y a quelques jours des drapeaux de l’UE, ne péseraient rien. Le seul bouclier en mesure de défendre les intérêts grecs, chypriotes ou arméniens, c’est l’Europe. Et ce qui l’empêche d’agir aujourd’hui et de se faire respecter du voisin turc, c’est l’absence d’institutions politiques à sa tête, en clair d’un Etat européen. On sait que la Commission et les deux Conseils représentent les oligarchies à la tête des Etats dits « nationaux », qui servent le libéralisme mondialisé et l’atlantisme, et le parlement européen, pourtant seul démocratiquement légitime, n’a pas de pouvoirs et surtout ses membres actuels n’ont pas le courage politique de les exiger. Mais c’est bien au niveau européen, et on le constate avec la crise de l’€, et la faillite bancaire de Chypre, à laquelle la Russie n’a pu apporter son aide tant la russophobie est forte au niveau de Bruxelles, que se trouve la solution et pas dans un suicidaire repli identitaire.

La russophobie amène d’ailleurs à la mise en place d’une alliance contre-nature Géorgie/Turquie contre l’ours russe. Dans ce cadre, la Géorgie joue le même jeu que François Ier et se trompe de camp. Elle devrait au contraire œuvrer à la réconciliation avec la Russie tout en se choisissant un avenir européen. L’Arménie, elle, ne commet pas la même erreur géopolitique. Il faut dire qu’elle est confrontée en direct au monde asiato-musulman à ses portes. Rempart du Caucase et de l’Anatolie du temps de l’empire byzantin, elle sait que sa place est aux côtés des autres Européens depuis toujours.

Heureusement, pour le moment, les dirigeants de ces deux Etats, Grèce et Chypre, ne s’alignent pas sur les positions les plus europhobes de certains partis, de « gauche » radicale (Syriza) comme de droite radicale (Hrisi Avgi), et ne remettent en cause ni l’UE ni l’€. Mais ils n’ont pas non plus la force de s’opposer aux dérives mondialistes et libérales de leurs partenaires.

Face à la Turquie, une Europe politique digne de ce nom ferait entendre un autre son de cloche. Vis-à-vis de la Grèce et de Chypre, elle ne se contenterait pas d’exiger toujours plus d’efforts d’une population ruinée par le mondialisme économique et financier. Elle apporterait un soutien clair et net aux revendications légitimes de ces peuples face à son voisin. L’Etat européen, qui aurait naturellement mis fin à tout processus d’adhésion de la Turquie à son espace politique, exigerait l’évacuation de Chypre par la Turquie et mettrait fin à ce rôle de plaque migratoire que joue Ankara, la Turquie se refusant pour le moment à limiter les flux migratoires vers notre continent. Pour commencer.

Dans ses relations avec la Turquie, l’Europe actuelle n’est pas capable de se faire respecter, et n’est donc pas capable d’offrir aux Grecs ce que la « Grande Idée » (Μεγάλη Ιδέα) des patriotes grecs, avait échoué à leur apporter, à savoir un véritable bouclier. Un bouclier économique contre les appétits d’une finance internationale avide. Un bouclier militaire contre un voisin redevenu bien inquiétant. Elle exige d’elle-même un repentir permanent, lequel favorise là encore des intérêts étrangers à l’Europe, et la désarme moralement, mais abandonne les Arméniens lorsqu’il s’agit de réclamer en leur nom que la Turquie reconnaisse ses fautes.

D’ailleurs, la fameuse loi contre la négation du génocide arménien promise par Hollande continue d’être lettre morte. Il faut dire que comme tous les prétendus sociaux-démocrates et « européens », le président PS a décidé de se réconcilier avec la Turquie après les années Sarkozy et de relancer le processus d’adhésion, auparavant au point mort. Comble du scandale, la Turquie va beaucoup plus loin que la Russie dans l’autoritarisme, et ce qui plus est au service d’une idéologie islamiste, tournant le dos aux valeurs européennes les plus ancestrales. Mais, alliés ou plutôt vassaux des USA, les gouvernements d’Europe occidentale lui pardonnent tout. Et face à cela, la petite Grèce, Chypre ou l’Arménie ne comptent guère.

Bien au contraire, en dotant l’Europe d’un Etat politique unitaire et souverain, qui parle d’une seule voix, nous pourrions exploiter ses richesses qui tapissent le fond de la Méditerranée, et ainsi aider au relèvement du peuple grec et du peuple chypriote, un relèvement reposant sur du concret et non sur la finance vagabonde. Nous pourrions faire reculer la politique néo-ottomane d’Erdogan. Et enfin, les USA seraient contraints de tenir compte d’une puissance économique qui leur serait supérieure, en attendant que l’armée européenne voie le jour et que l’Europe redevienne une puissance militaire qui en impose.

Ευρωπαϊκό κράτος ή θανάτος !

Thomas FERRIER (PSUNE)

03/03/2013

Leur « Union Européenne » (partie I)

union européenne,barroso,schulz,europhobie,faux nez,bouc émissaire,mondialisme,psune,thomas ferrierAprès avoir consacré plusieurs articles à dénoncer la nocivité absolue et les divers mensonges des europhobes, eurosceptiques, populistes  et autres souverainistes, il paraît indispensable de distinguer l’UE telle qu’elle est pensée et voulue par les mondialistes, c’est leur « Union Européenne », mais c’est surtout la seule à exister actuellement, et notre Union Européenne, celle des pères fondateurs mais surtout celle des européistes authentiques d’aujourd’hui. Il y a l’UE telle qu’elle est, impuissante et corrompue, et l’UE telle qu’elle aurait dû être, telle qu’elle devrait être et telle qu’elle devra être. Ce dernier point fera l’objet d’une seconde partie.

Une Europe contrôlée par les Etats.

Certains dénoncent dans l’UE une Europe fédérale en gestation. Elle est en réalité une Europe des Etats, Etats qui acceptent de mutualiser certaines politiques, surtout impopulaires, d’essence libérale, ne remettant pas en cause les principes fondamentaux de leur souveraineté. Depuis l’échec de la CED en 1954, seule tentative sérieuse de bâtir un embryon d’Europe politique, les éléments clé que sont la police, la justice et l’armée mais aussi la diplomatie et la gestion du budget, relèvent du pouvoir exclusif des Etats. Si les directives communautaires sont supérieures aux lois nationales, ce n’est que conformément à des traités signés entre Etats souverains et dans le cadre très restreint des attributions de l’actuelle UE.

L’Union Européenne elle-même est composée de quatre institutions principales, dont deux seulement sont (bien) connus des citoyens européens. Il y a en premier lieu deux conseils des représentants des chefs d’état et de gouvernement, et des ministres de chaque domaine spécifique, à savoir le Conseil Européen et le Conseil de l’Union Européenne. Il y a ensuite la Commission, qui siège à Bruxelles, et est composée de 27 représentants des gouvernements nationaux. Elle est dirigée par un président non élu qui est choisi par consensus par les chefs d’état et de gouvernement des Etats membres. Gustavo Barroso, formé aux Etats-Unis, ancien gauchiste reconverti en apôtre du libéralisme outrancier, est l’actuel président et a entamé il y a trois ans son second mandat. Très impopulaire, mais particulièrement silencieux depuis la crise, il n’a jamais eu à se confronter à ses « administrés ».

Un parlement européen croupion.

La dernière institution est le parlement européen. Il n’est pas élu à l’échelle de l’UE mais est composé de députés élus dans chaque pays d’Europe, et dont le nombre par pays a été décidé lors du traité de Nice. Chaque pays choisit dans sa « circonscription » le mode de scrutin de ces élus, même si les instances communautaires préconisent un scrutin à la proportionnelle. S’il existe de manière publicitaire des partis « européens », il s’agit en fait d’alliances entre partis nationaux de même sensibilité. Le PPE et le PSE (devenu ASDE), qui constituent les deux groupes parlementaires principaux au parlement de Strasbourg, ne sont pas de vrais partis mais regroupent les partis conservateurs d’une part et les partis sociaux-démocrates de l’autre. Si la « gauche » et la droite s’opposent lors des scrutins nationaux (par exemple, UMP contre PS en France, PDL contre PD en Italie, CDU contre SPD en Allemagne), ce n’est pas le cas au sein du parlement. Au contraire, ils se partagent les meilleures places, et notamment celle de président du parlement européen.

En effet, alors que le mandat de président est prévu pour durer cinq ans, PPE et ASDE se le partagent 2 ans ½ chacun. C’était de 2009 à 2012 le conservateur polonais Jerzy Busek et c’est désormais le social-démocrate allemand Martin Schulz. Il n’existe pas en effet de majorité parlementaire, comme dans les parlements nationaux, proposant une politique spécifique. La raison en est que le parlement européen n’a pas le pouvoir de proposer des lois et s’apparente donc à une chambre d’enregistrement. Par ailleurs, les parlementaires sont tenus par leur parti politique « national », qui impose une discipline de parti, et non par leur groupe. Quand David Cameron l’a exigé, tous les élus du PPE issus du parti des Tories ont claqué la porte du groupe pour en fonder un nouveau.

Le parlement européen en outre a l’étrangeté d’accueillir en son sein les élus les plus europhobes, souvent incapables de se faire élire dans leur propre pays, à l’instar des députés FN et BNP. En ce sens, il bénéficie de modes de scrutin plus démocratiques et donc d’une représentation plus objective des différents courants d’opinion nationaux, mais étant donné qu’il n’a aucun pouvoir, cela n’a aucun impact sur l’opinion publique. Les élus sans groupe apparenté sont inaudibles. Par ailleurs, les partis politiques nationaux ne composent leur liste et n’envoient comme députés que des seconds couteaux ou des candidats incapables d’être élus par le scrutin majoritaire. En France, si un notable de l’UMP ou du PS n’arrive pas à se faire élire à l’Assemblée et au Sénat, ou à se faire nommer au Conseil Economique et Social, il sera mis en position éligible aux élections européennes. C’est ainsi que Rachida Dati s’est retrouvée députée européenne alors qu’elle n’avait aucun intérêt pour les questions communautaires et n’aspirait qu’à retourner à Paris.

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24/02/2013

L’europhobie (II), comment la combattre ?

1. Un contexte europhobe mais funeste aux partis régionalistes qui s’y rallient.

europhobie,euroscepticisme,souverainisme,Marine Le Pen,Cambridge,David PujadasAnnoncée à plus de 17% des voix dans les derniers sondages, la surprise électorale de ce week-end de 2013 pourrait bien être le succès du populiste revendiqué, le trublion italien Beppe Grillo, qui prône un référendum sur l’€uro, alors même que Silvio Berlusconi flirte avec les thèmes eurosceptiques sans jamais franchir ce Rubicon que serait l’abandon de la monnaie unique. Toutefois, son éventuel succès, et en tout cas sa capacité de nuisance, est considéré comme une réelle possibilité qui inquiète les responsables de l’Union Européenne.

Certains craignent même une coalition peu probable entre le Parti de la Liberté et le Mouvement Cinq Etoiles. L’un comme l’autre en effet attisent la germanophobie, qui n’est pas seulement la manifestation d’hostilité envers le gouvernement allemand, mais une xénophobie de base. En exonérant le régime fasciste de sa politique antisémite, attribuée à tort à une pression allemande, Berlusconi n’a pas simplement provoqué le « politiquement correct ». Il a aussi implicitement accusé les allemands des maux économiques actuels. Quant à Grillo, ce dernier n’hésite pas à dire tout le bien qu’il pense d’organisations de tendance néo-fasciste comme Casapound.

La Ligue du Nord, en plein effondrement électoral, et qui a finalement accepté de se rallier à la bannière de Berlusconi, a résolument choisi de défendre une ligne anti-€. Il est vrai que le nationalisme europhobe du FN, qui n’est pas le signe d’une guérison prochaine mais un symptôme de la maladie, a réussi à contaminer les mouvements voisins pour leur malheur. Le Vlaams Belang, qui tombe à 6,5% des voix environ dans le dernier sondage (contre 40% pour le NVA non europhobe de Bart De Wever), s’écroule avant tout parce qu’il reprend les antiennes anti-UE du FN. Et de même, le mouvement catalan PxC (Plataforma y Catalunya) a perdu près de 50% de ses électeurs parce qu’il s’est associé aux conservateurs et nationaux-jacobins de la droite espagnole contre les nationalistes catalans de « gauche ». Sa progression s’était faite auparavant en se distançant radicalement des différentes phalanges de nostalgiques de la plus grande España, et en tenant en revanche une ligne dure vis-à-vis de l’immigration non-européenne. Désormais allié du néo-FN, il est obligé de taire ses revendications régionalistes, provoquant ainsi son effondrement dans l’opinion catalane. Alors que les mouvements nationaux écossais, catalans ou flamands sont en pleine expansion, mais sans jamais tomber dans l’europhobie, ceux qui au contraire choisissent une ligne souverainiste s’effondrent. C’est l’effet « Marine ».

Il y a un énorme travail de décontamination idéologique de pans entiers de l’opinion populaire européenne auquel il faudrait procéder. C’est aussi un travail d’explication du pourquoi nous en sommes arrivés là et du comment nous pourrons nous en sortir… ensemble, entre européens unis par un même idéal et conscients d’appartenir au même peuple, d’être détenteurs d’un même héritage civilisationnel. Ce n’est pas en dénonçant l’Allemagne dont nous serions prétendument les obligés, et encore moins en dénonçant le frère polonais ou bulgare (comme le fait UKiP), que nous arriverons à relever notre continent de sa ruine morale et de sa faillite économique.

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17/02/2013

L’europhobie, le nationalisme des imbéciles.

ue.jpgCrise de la zone €uro, effondrement des économies grecque et chypriote, annonce par le premier ministre britannique David Cameron d’un référendum sur l’Union Européenne pour 2016, une vague d’euro-scepticisme s’abat sur le vieux continent. Le bouc émissaire « UE » fonctionne à plein régime afin que les gouvernements se maintiennent au pouvoir sans que le peuple ne les désigne comme les principaux responsables de la crise et n’exige de manière musclée des explications.

On ne voit pas en quoi l’€uro aurait été responsable en 2010 de la ruine de l’Islande. On ne voit pas non plus en quoi l’€uro obligerait le gouvernement Cameron à mettre en place une politique de rigueur budgétaire extrême, alors que le Royaume-Uni a conservé la £ivre. Pourtant, aux yeux d’un marxiste comme Jacques Sapir, désormais principal soutien de Nicolas Dupont-Aignan, l’€uro est responsable de tout. Il est certes indéniable que l’€uro est la seule monnaie qui ne soit pas pilotée par un gouvernement et c’est son principal défaut. La monnaie unique implique la mise en place d’une gouvernance économique de la zone €uro qui, si on la souhaite démocratique, et elle ne peut que l’être si elle veut être pérenne, passe en réalité par la création d’un Etat européen unitaire, qu’on l’appelle « fédération européenne »,  « république européenne » ou « nation européenne ». Ainsi, le renforcement de l’€uro passe nécessairement par une Europe politique digne de ce nom.

Les souverainistes, europhobes par principe, profitent de cette instabilité monétaire, pour attaquer à nouveau la monnaie unique. Ils y sont opposés car ils ne veulent pas d’Europe politique, car ils veulent que l’Etat « national » conserve l’intégralité de ses anciens pouvoirs et parce qu’ils dotent la monnaie d’un pouvoir quasi magique. Ainsi, selon Marine Le Pen, seule la « dévaluation compétitive » permettrait de réindustrialiser le pays et de relancer la croissance. En fait, une monnaie ne peut plus être dévaluée, mais elle peut en revanche se déprécier. Les premiers perdants d’une dépréciation monétaire qui résulterait de l’abandon de l’€uro, ce sont les épargnants. Ceux-ci verraient la valeur et donc le pouvoir d’achat de leurs économies diminués de plus de 30% minimum, alors que dans le même temps les prix augmenteront de manière conséquente, la dette en montant sera considérablement augmentée, et le coût de l’essence également. Voilà la politique prétendument sociale que la droite nationale propose pour sortir le pays de la crise.

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Hollande nous éloigne de l’Europe !

eurogrece.jpgIci le pronom « nous » ne s’adresse pas aux seuls Français, mais à tous les Européens bien sûr. L’europhobie ne date pas d’hier. Il y a quelques années, Elie Barnavi notait que tous les dirigeants politiques européens, sans exception, détestaient l’Europe, ce qui ne manquait pas de le surprendre, lui qui, tout en ayant opté pour le destin d’Israël, continue à s’intéresser de près à l’avenir de notre continent. En France, cela fait pas mal d’années aussi que toute la classe politique est europhobe, y compris un « centre » qui n'avait pourtant juré que par l’Europe à une époque. Cela fait longtemps encore que technocratie européenne fait beaucoup de mal à l’idée européenne ; mais ce n’est que très normal puisque le « gouvernement » de l’union n’est qu’un club de dirigeants nationaux.

Dans ce décor sinistre, un élément nouveau est apparu il y a quelques mois. Ce n’est pas la sortie de David Cameron ; sa position est connue depuis longtemps, comme celle du Royaume uni. Cet élément est le changement politique en France, avec l’arrivée au pouvoir de François Hollande et du parti socialiste.

Un élu est toujours un peu prisonnier de ses électeurs. C’est d’ailleurs a priori une bonne chose, du moins s’il s’agit bien de l’ensemble de ses électeurs. Dans le cas qui nous occupe, l’électorat de François Hollande à la présidentielle était suffisamment varié pour représenter, même imparfaitement, le pays. Ce qui pose problème est que le président n’est prisonnier que de la petite frange constituée par les groupes l’ayant très massivement soutenu. Dans cette analyse, j’écarte les états-majors, les responsables verts à qui l’on a généreusement offert des sièges ou la présidente du FN à qui les médias font des sourires en remerciement de son choix public. Je parle des électeurs. On ne peut pas dire que la politique actuelle rende justice aux fonctionnaires, aux écologistes sincères ou aux rares ouvriers attirés par Jean-Luc Mélenchon. Cette politique est tout entière orientée vers deux catégories d’électeurs : les bourgeois bohêmes libertaires et les immigrés ou issus de l’immigration en provenance des anciennes colonies. Leur vote a été aussi massif que déterminant.

Les premiers, les bourgeois bohêmes, ont été récompensés par le mariage homosexuel et tout ce qui ira avec, jusqu’à la procréation pour autrui.

Les seconds l’ont été, du moins dans la vision du pouvoir socialiste, par un laxisme judiciaire, partant de l’idée, insultante dans son principe, qu’un enfant d’immigré a plus à craindre la justice qu’un autre. On a relancé le vote des étrangers, autres que les ressortissants de l’Union, aux élections municipales. Surtout on ne veut pas toucher à un assistanat économiquement désastreux, dans le même genre de vision qu’en matière de justice. On comprend déjà que la politique française sera tournée vers ses anciennes colonies plutôt que vers l’Europe. Ce faisant, les socialistes rejoignent les priorités des souverainistes les plus radicaux : reconstruire l’Empire plutôt que construire l’Europe.

Ce tropisme s’aggrave d’un fait qui concerne la personne du président. Apparemment François Hollande a dû longtemps rêver d’exercer la fonction. Quand il a vu sa précédente compagne toucher presque le but, il a dû vraiment y croire. D’ailleurs il s’est lancé assez tôt, à un moment où ses chances paraissaient faibles. Aujourd’hui en poste, il prend des postures sans équivoque. On avait raillé l’ambition infantile de Sarkozy, après l’affairisme de Chirac et le cynisme de Mitterand. Au moins François Hollande aime-t-il la flatterie. N’a-t-il pas dit que sa visite éclair au Mali était le plus beau jour de sa vie de président ? Dans ces conditions, comment pourrait-il accepter de transférer un bout de son petit pouvoir au profit d’une concertation européenne ? D’autant plus que cette concertation impliquerait des économies sur le train de vie de l’état, donc sur toutes les aides qui font d’une partie des résidents ses obligés.

De l’autre côté du Rhin, l’Allemagne s’inquiète, à juste titre et par un égoïsme bien placé, de la situation désastreuse de la France, de son déficit, de la tendance à la récession qui l’accompagne, du déséquilibre de son commerce extérieur : il s’agit de l’un de ses clients. Depuis que le Général De Gaulle a été accueilli par le chancelier Konrad Adenauer avec des pancartes « Ein Bundestag für Europa », l’Allemagne a tendu la main à la France pour plus d’intégration européenne. En 2012 Angela Merkel et surtout Wolfgang Schaüble ont proposé une sorte de gouvernement économique européen. Entendons-nous bien ! il ne s’agissait pas d’une avancée structurelle, juste d’une convergence politique entre états, dans un cadre, la zone €uro, qui échappe au contrôle du Parlement européen. Mais, une fois de plus, la France de Hollande n’a pas saisi cette main.

Il y a quelque temps encore, on entendait parler d’une gouvernance la zone €uro, d’une union à plusieurs vitesses. On donnait clairement la priorité à l’approfondissement de la construction européenne sur élargissement. Aujourd’hui l’Allemagne semble avoir compris qu’elle ne pouvait plus rien espérer de la France. Aussi tout se passe comme si elle avait décidé de se défendre seule, en renonçant à l’idée européenne. Elle cède à David Cameron, accueille positivement un projet d’une zone de libre échange avec les Etats-Unis.

Que va-t-il se passer dans les mois et les années qui viennent ? En France, le tissu industriel, faute de compétitivité, va achever de se déliter, la dette va croître, la récession va s’installer et surtout le chômage va prendre une ampleur insoupçonnée. Cela n’arrangera pas les affaires de l’Espagne et de l’Italie et le mal va finir par atteindre l’Allemagne. Au moins les Allemands auront-il la possibilité de revenir au Deutsche Mark et tiendront-ils un peu plus longtemps que les autres. A moins que, tout simplement, ils ne fassent alliance avec la Russie pour former une Mittel-Ost-Europa.

Pour éviter ce scénario catastrophe, la France aurait dû faire deux choses. D’une part répondre positivement à l’Allemagne quand cette dernière était encore dans de bonnes dispositions. D’autre part et en même temps, elle aurait dû remettre de l’ordre chez elle. Il aurait fallu augmenter la TVA principale à quelques 25%, tout en diminuant de façon significative les impôts sur les entreprises, en revoyant encore le code du travail pour plus de flexibilité, en recentrant le service public, en simplifiant drastiquement les instances locales et réduisant leurs exécutifs, en revoyant les aides dans leur ensemble pour éviter les cumuls et en supprimant les pompes aspirantes de l’immigration illégale assistée. Pour cela il suffit de prendre exemple sur les pays voisins. Or jamais le pouvoir socialiste ne pourra proposer de telles réformes.

Les états actuels ne peuvent plus résister isolément à la pression des pays émergents ou déjà émergés. Nous avons tous l’incendie dans notre dos. Nous avions commencé la traversée du fleuve qui doit nous mener à l’intégration totale de l’Europe. Alors que nous n’étions pas parvenus bien loin, depuis quelques mois, nous reculons vers la rive d’où nous sommes partis. Peut-être allons-nous au moins sentir plus fort le brasier et prendrons-nous, enfin, les mesures qui s’imposent.

Peter EISNER (LBTF/PSUNE)

16/02/2013

Présidence d’Hollande : nos craintes de 2012 étaient justifiées

hollande,europhobie,mariage pour tous,vote des étrangers,mali,fn,ps,turquieEn mai 2012, le PSUNE avait alerté les électeurs au sujet des dangers qu’il y avait à faire élire le candidat du Parti « Socialiste », François Hollande. J’avais même annoncé qu’Hollande était Sarkozy en pire et qu’il fallait privilégier le moindre mal, car sur des points essentiels, le programme du candidat PS était calamiteux, et qu’on devait s’attendre s’il était élu à la mise en place du pire gouvernement de l’histoire de la cinquième république.

Mais entre de nombreux électeurs votant contre Sarkozy (et non « pour » Hollande) et l’électorat des banlieues votant en masse pour le candidat en chef de l’assistanat et du « multikulti », malgré une campagne de plus en plus musclée du président sortant, Hollande est devenu président. Il faut dire que son ex-concubine Royal, aux présidentielles de 2007, avait quand même réussi à obtenir, malgré une campagne absolument pathétique, près de 47% des voix.

Le président « normal », à peine élu, commença très vite à dévisser dans les sondages, pour tomber à un niveau extrêmement bas d’opinions favorables. Dans un tel contexte, j’ai cru que le pire n’était pas certain et que finalement il renoncerait à la plupart de ses propositions. J’étais incité à le croire lorsque le projet de vote des étrangers non-européens aux élections locales semblait abandonné.

Face à la droite « la plus bête du monde », incapable de se serrer les coudes face au gouvernement, mais préférant se diviser entre le pseudo-dur Copé et le (très) mou Fillon, la fausse « gauche » a pu reprendre des couleurs. Hollande s’est même senti pousser des ailes, alors qu’il est rejeté par de plus en plus de français. Mais la « démocratie » à la française a ce charme propre au règne de Louis XVI, à savoir qu’une fois à son siège, le monarque ne s’occupe plus de l’avis du peuple. Hollande gouverne avec le PS aux affaires et fera tout ce qu’un conseil constitutionnel fondamentalement dévoyé et sénescent l’autorisera à faire.

Ainsi, il a mis en place le « mariage pour tous », c'est-à-dire le blanc seing accordé à une minorité au sein d’une minorité, pour plaire aux bobos parisiens. Il relance cette proposition de vote des étrangers extra-communautaires, qu’il avait mis sous le boisseau car cette mesure impliquerait une réforme constitutionnelle qu’il n’est pas sûr de pouvoir mener à son terme. Il ouvre cette semaine à nouveau les pourparlers d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, malgré la dérive autocratique et islamiste indéniable de ce pays.

Pire encore, une chose que je n’avais pas même imaginée, Hollande nous lance dans une nouvelle aventure coloniale, avec cette intervention au Mali contre tous bon sens, se mêlant d’un conflit millénaire entre populations nomades afrasiennes au nord et populations sédentaires noires au sud, des gens réunis dans un seul Etat par l’arbitraire colonial et décolonial et qui ne souhaitent pas vivre ensemble.

Enfin, une évidente collusion entre le PS et le FN est apparue. On sait qu’en interne, en 2012, le FN a incité ses membres à choisir la politique du pire et à voter pour Hollande contre Sarkozy. « Marine » sait gré à Hollande de rétablir l’ancien mode de suffrage aux élections régionales, alors que la réforme territoriale de Sarkozy risquait de la priver d’au moins 80% de ses conseillers régionaux sortants. Elle a apporté son soutien à l’action militaire de la France au Mali. Elle ne s’est opposée que très mollement au mariage gay, envoyant des signaux contradictoires à son électorat. L’existence même d’un lobby gay au sein du FN a ainsi été mise en avant par certains journaux, dont VSD pour s’en réjouir et Minute pour s’en inquiéter. Et Florian Philippot, ancien chevènementiste, n’aurait pas dépareillé au PS, même s’il parle a minima d’immigration et d’islam pour neutraliser ses ennemis internes.

Hollande et son gouvernement ont également adopté de fait une approche parfaitement europhobe. L’intervention au Mali s’est faite sans la moindre concertation avec les autres pays européens, ceux-ci s’abstenant d’y participer même s’ils soutiennent officiellement cette action. Les relations entre Hollande et Merkel ont atteint le degré le plus bas. Et on apprenait cette semaine que la France ne respecterait pas son engagement de réduction du déficit budgétaire de 3%, ce qui est un très mauvais signe envoyé aux agences internationales de notation. Il faut bien continuer d’alimenter financièrement à coups de subventions les banlieues afin d’y maintenir un semblant de paix civile.

Thomas FERRIER (PSUNE)

20/01/2013

Le véritable visage du souverainisme

Merkel.jpgVaclav Klaus, président tchèque sortant, quittera officiellement ses fonctions le soir du 6 mars, même si le nom de son remplaçant est encore inconnu, soit le socialiste Milos Zeman soit le conservateur modéré Karel Schwarzenberg, l’un comme l’autre partisans de la construction européenne, selon son modèle actuellement dominant.

Vaclav Klaus préconisait « le démontage de l’Union européenne » et le retour « au marché commun d’avant le traité de Maastricht », tout en soutenant par ailleurs l’adhésion de la Turquie à l’Union, de son propre aveu pour « affaiblir l’intégration européenne ». Il faut reconnaître cependant qu’il est plus cohérent que les souverainistes français, opposés à cette adhésion alors qu’ils sont dans le même temps opposés à l’UE et à l’€uro.

Il s’agit ni plus ni moins de la seule « Europe » envisagée par les américains, un grand marché libre sans structure fédérale ou unitaire, en clair sans institutions politiques propres à un Etat souverain. C’est avoir les inconvénients de l’ouverture des frontières sans les avantages de l’unité politique. En quoi l’Etat national, redevenu prétendument « souverain », mais allant dans le sens prôné par l’idéologie mondialiste, défendrait-il les intérêts des citoyens ?

Par ailleurs, qui est un partisan acharné de l’adhésion turque, outre Erdogan lui-même ? Le président américain Obama.

Il est ainsi démontré que ceux qui, tout comme Klaus, comparent l’Union européenne à l’Union soviétique, n’ont en revanche pas d’état d’âme pour aliéner leur liberté politique au service des intérêts américains. Les souverainistes ne cherchent pas à libérer leur pays d’une tutelle qui serait oppressante, mais simplement à le soumettre aux intérêts d’une puissance étrangère.

En vérité, la souveraineté des Européens ne peut être préservée que par un Etat européen unitaire souverain. Ceux qui bien au contraire prônent le retour à l’Etat national ne sont pas sincères ou ne sont simplement pas lucides. Les USA agissent vis-à-vis des états d’Europe comme la Perse agissait vis-à-vis des cités grecques. Ainsi, les partisans par exemple de la « France seule » sont-ils de fait les meilleurs alliés de Washington.

Ce n’est pas non plus un hasard si les souverainistes britanniques (UkiP) sont des partisans déclarés de l’alliance atlantique, donc de l’inféodation du Royaume-Uni à leur ancienne colonie, au point de déstabiliser paradoxalement la stratégie américaine, qui est d’avoir à ses pieds une Europe divisée et affaiblie, dans laquelle le Royaume-Uni de David Cameron a une mission de surveillance et de fragilisation qu’il ne peut remplir qu’en restant au sein des institutions communautaires.

Thomas FERRIER (LBTF/PSUNE)